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Les restrictions nécessaires

Question : Quel est le comble pour une internetophile ?

(Il faut comprendre, dans ce terme pour le moins barbare et plus ou moins valise, qu’il s’agit d’une personne qui utilise quotidiennement Internet, aussi bien dans un cadre professionnel que personnel, qui laisse des traces numériques visibles et qui n’est pas réfractaire, loin de là, à l’usage pédagogique d’Internet et de ses multiples outils)

Réponse : C’est de devoir, pour des raisons pratiques et de santé mentale, restreindre l’accès de ces chers petits digital natives qui forment son public.

Utiliser Internet dans le cadre de pratiques pédagogiques, c’est désormais recommandé, voire même nécessaire, lorsque l’on ne veut pas se déconnecter – c’est le cas de le dire – des usages des élèves. Et lorsque l’on se déconnecte de leurs pratiques, on est entraîné dans un cycle infernal qui, selon moi, nous conduit de l’incompréhension à la désaffection et de la désaffection à l’amertume. La question se pose cependant dans le cadre d’un usage libre d’Internet pour des élèves de collège.

Mon prédécesseur observait des règles très strictes concernant l’utilisation des ordinateurs au CDI. La première semaine, j’ai voulu tenter l’expérience d’autoriser Internet pour deux usages :

  • les recherches demandées par les enseignants des autres disciplines – cela incluant, malheureusement pour mon imprimante, les immanquables recherches d’images pour décorer les premières pages de cahier ;
  • les jeux éducatifs, bien que j’ai dû sur le tas trouver des sites adéquats pour les matières scientifiques.

Malgré ces restrictions, qui m’ont épargné les questions habituelles du type : « On peut aller sur Facebook ? », j’ai été confrontée à deux problèmes : le temps limite de consultation et le comportement appelé communément « je-vais-profiter-que-la-dame-a-le-dos-tourné-pour-jouer-à-Angry-Birds« , et que j’appellerais « l’extension du domaine de recherche ». Pour le premier problème, je me suis souvenu que dans certaines bibliothèques, les ordinateurs s’éteignent automatiquement au bout d’un certain temps d’utilisation. Pour le second, une extinction manuelle et immédiate de l’ordinateur incriminé est requise, en l’absence de logiciel de surveillance (type ITALC), qui, tel l’oeil de Moscou, coupe court aux vagabondages numériques.

La solution que j’ai finalement choisie s’élabore au fil du temps. Primo, je restreins l’accès aux jeux éducatifs aux semaines avant et après les vacances. Secundo, je prévois d’amener un compte-minute pour effectuer un roulement entre les chanceux qui font des maths sur l’ordi et les envieux qui salivent sur les chaises en attendant. Tertio, pour les recherches, en attendant mieux, je propose en priorité un livre. Si je n’ai pas de ressources sur le sujet, j’autorise la recherche en ligne.

Ai-je freiné une addiction ? Ai-je créé un manque ? Je prive les élèves d’un outil dont j’aurais moi-même du mal à me passer : je consulte régulièrement mes mails, j’essaye de me tenir informée de l’actualité en général et de celle de ma profession, quand on me parle d’un sujet, je ne résiste pas à l’envie d’en savoir plus, et je pousse même le vice jusqu’à écrire sur ces pratiques. Si je lis cet article paru sur Internet Actu et le rapport vers lequel il renvoie (en anglais) :

Associating Depressive Symptoms in College Students with Internet Usage Using Real Internet Data

dois-je me faire des cheveux blancs, m’inquiéter pour ma santé mentale, ou tout simplement assumer ?

Restreindre l’accès à Internet est pour moi tout sauf une solution idéale, mais avant de le rendre à nouveau accessible aux élèves, j’ai besoin de cadrer cet accès à la fois par des apprentissages – une progression à l’année dans des connaissances et des compétences info-documentaires – et par des pratiques numériques qui ne sont pas encore clairement établies : communication interne et externe systématique, veille professionnelle, mise en place d’outils numériques à destination des élèves.

Patience et longueur de temps…

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  1. Et puis avoir assez d’ordinateurs qui s’allument (oui, on a tous connu les CDI où 3 ordinateurs sur 5 sont inutilisables parce qu’ils datent de la 1ère guerre mondiale), say cool. De mon côté je pense qu’il faut ouvrir un maximum internet et laisser les élèves trainer leurs petons sur la toile, du moment qu’ils ont des chaussettes. Du coup, la meilleure solution à mes yeux, c’est la limite de temps selon le nombre d’élèves. Peut être que y’a des logiciels chronos, comme dans les cybercafé, pour arrêter la session quand le temps est fini. Dans ce cas, faudra que les élèves puissent le voir pour se préparer, et toi, que tu puisse avoir le même logiciel sur ton ordi pour gérer leurs temps. Je sais pas comment ça peut fonctionner, mais quand toi tu le sauras, dis le moi ^^

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