Après un petit intermède de lectures historiques, voici le deuxième hors-série de l’été de Cinephiledoc. Après le cinéma hispanique traité dans l’article précédent (et qui était surtout l’occasion de parler de Pedro Almodóvar), ce nouvel article sera consacré, vous l’aurez compris, au cinéma asiatique.

HORS-SÉRIE

Comme pour le cinéma espagnol, je proposerai un certain nombre de références principales :

  • livres (ceux que j’ai choisis et ceux que j’aurais pu choisir) ;
  • sites internet, articles et classements.

Enfin, à chaque fin d’article, je donnerai trois suggestions de films sur le sujet, en tentant également de proposer un film ayant un regard extérieur sur le sujet, à savoir l’Asie vu par l’œil d’un cinéaste d’un autre continent.

Cinéma asiatique

Évidemment, lorsque l’on me parle de cinéma asiatique, la première image qui me vient en tête, c’est – en plus des anime japonais que je regardais à la télévision étant petite :

le seul film chinois (ou pour être exacte, américano-taiwanais) que je suis allée voir au cinéma à l’époque, Tigre et dragon. En effet, comme l’explique la référence principale que j’ai choisie pour cet article :

Détesté ou aimé, Tigre et dragon est souvent le seul film « chinois » que le grand public cite. Il symbolise l’entrée de la tradition chinoise dans le cinéma commercial international.

J’avais adoré la délicatesse de ce film, ses décors, les guerriers virevoltants, et les deux acteurs principaux, Chow Yun-fat et Michelle Yeoh.

Je n’ai pas retrouvé mes scènes préférées sur YouTube, je me contente donc de l’extrait ci-dessus.

Depuis ces premiers souvenirs, ma vision du cinéma asiatique s’est quelque peu enrichie, même s’il reste, bien entendu, de nombreux manques. L’ouvrage principal que j’ai choisi pour cet article permet au néophyte ou à l’amoureux du cinéma asiatique une très bonne vision d’ensemble bien qu’il date déjà de 2008.

Quel livre choisir ?

Cela fait plusieurs mois que je recherchais une référence sur le sujet : soit un livre sur le cinéma japonais (c’était ma première idée, et le livre recherché était le suivant :

Le_cinema_japonais

soit un livre plus précisément sur Hayao Miyazaki :

miyazaki

Finalement, n’ayant pas réussi à me procurer le premier, et m’étant arrêté sur un sujet beaucoup plus large que le second, à savoir le cinéma asiatique, c’est le livre ci-dessous que j’ai choisi :

dictionnaire cinéma asiatique

Il s’agit du Dictionnaire du cinéma asiatique, publié aux éditions Nouveau monde sous la direction d’Adrien Gombaud : une somme de plus de 600 pages (une belle bête qui, certes, ne rentrera pas dans votre sac de plage, mais vous fera agréablement voyager si vous restez chez vous).

En effet, comme le précise la quatrième de couverture, en plus de 400 entrées et 600 photos, ce dictionnaire propose un tour d’horizon de cet univers cinématographique des plus riches que constitue le continent asiatique dans son ensemble.

Des pays, des formes et des visages

Dans son introduction, Adrien Gombaud rappelle la complexité et la diversité de ce cinéma par le seul titre qu’il lui donne : « Cinéma asiatique / Cinémas d’Asie », mais également par ces quelques lignes :

Nous ne sommes pas géographes et nous n’avons pas voulu dresser une carte d’état-major. Ce parcours est beaucoup plus buissonnier. Il épouse un large espace qu’en Occident nous désignons couramment par « cinéma asiatique ». Ce champ s’étend de l’Inde au Japon à l’est et à l’Indonésie au sud. Une approche plus rigoureusement scientifique du mot « Asie » nous aurait valu d’inclure des pays aussi essentiels que la Turque, l’Iran ou Israël. Mais avouez qu’au check-in un tel livre n’aurait pas été admis dans la soute à bagages.

Un peu plus loin, il rappelle :

Sans être exhaustif, ce livre se veut juste une sorte de fil d’Ariane dans l’immensité, un phare à l’horizon. À vous désormais de mettre cap à l’est, par le chemin qu’il vous plaira.

Buissonnier, fil d’Ariane, cap à l’est, et j’en choisis le chemin, tout évoque l’invitation au voyage, et ce dictionnaire tient ses promesses. Bien qu’il ne soit pas géographe, il propose tout de même en fin d’ouvrage une carte du continent, et pour chaque pays, une entrée résumant l’essentiel de son histoire et de son industrie cinématographiques.

On s’en voudrait de reprocher à un tel livre de ne pas être exhaustif, tant son propos est riche, foisonnant et captivant : on y retrouve aussi bien des réalisateurs et des acteurs, que des films, des techniques et des objets déterminants de la culture asiatique.

Le lecteur se familiarisera avec les plus grands films de ce cinéma – le premier mentionné est À l’ouest des rails de Wang Bing, le dernier Voyage à Tokyo d’Ozu Yazujiro. Il découvrira les filmographies d’Akira Kurosawa, d’Ang Lee, de Wong Kar-Wai. Il croisera les stars de Bollywood, Chow Yun-fat, Jackie Chan, Michelle Yeoh, Bruce Lee ou encore Jet Li.

Il apprendra également une foule de détails sur cette culture : l’action director (chorégraphie des scènes d’action), les anime, l’importance des câbles et des trampolines, la représentation des castes indiennes, le chambara (film de samouraï), les studios Ghibli, Godzilla, Hiroshima, les sabres, le sari, le shaolin, les Triades, le wu xia pian (film mêlant action, aventure, suspense, bravoure, romance et fantastique comme Tigre et Dragon) ou enfin les yakuza.

Il oubliera vite qu’il n’y a pas trouvé une entrée consacrée à son film préféré et se laissera guider par le fil d’Ariane, dans un univers tout en couleurs et en contrastes.

Suivre Chihiro dans son voyage

Après mes premiers souvenirs liés aux dessins animés et à Tigre et dragon, l’unique nom qui me vient à l’esprit lorsqu’on m’évoque le cinéma asiatique, c’est celui de Hayao Miyazaki. C’est celui, en tout cas, qui est le plus présent dans ma DVDthèque.

Le premier film que j’ai vu de ce réalisateur était le Château ambulant, dont j’avais adoré les incroyables mécaniques, les décors soignés, et les personnages secondaires irrésistibles – dont le génie du feu, Calcifère :

J’en ai vu bien d’autres depuis, du naturel Princesse Mononoké à l’enfantin Ponyo sur la falaise, jusqu’au dernier, mélancolique et contemplatif Le vent se lève. Hayao Miyazaki nous entraine toujours dans des incroyables voyages, et deux d’entre eux, avec le Château ambulant, complètent mon panthéon personnel. Il s’agit du Voyage de Chihiro, bien entendu :

Le second, que j’ai revu juste avant d’aller au cinéma voir Le Vent se lève, était Porco Rosso :

Partant d’un pays ou d’une culture cinématographique, j’ai une fois de plus digressé vers un réalisateur. M’étant je pense suffisamment arrêté sur ce très beau Dictionnaire du cinéma asiatique, je passe sans tarder aux ressources en ligne que j’ai pu trouver.

Sites, articles et classements

Cinemasie propose une base de données très riche consacrée au cinéma asiatique : 10000 œuvres, 11000 personnalités, l’actualité, des fiches, des revues et des ouvrages sur le sujet, entre autres. http://www.cinemasie.com/fr/

Ciné-Asie est un blog personnel sur l’actualité du cinéma asiatique, disponible à cette adresse : http://www.cine-asie.fr/ Il propose notamment des Top sur le sujet, notamment celui-ci, les 50 films asiatiques qu’il faut avoir vu avant la fin du monde : http://www.cine-asie.fr/2012/06/21/les-50-films-asiatiques-quil-faut-avoir-vu-avant-la-fin-du-monde-15/

Asia-Film.fr est un site dédié à la découverte du cinéma asiatique, proposant des sous-rubriques par pays (et l’une d’elles exclusivement sur le cinéma d’animation), des trailers, des critiques… Bien que le site semble rencontrer quelques problèmes d’accessibilité, j’en donne tout de même l’adresse : http://www.asiafilm.fr/

Wikipédia propose une catégorie consacrée au cinéma asiatique, dans laquelle on peut retrouver les différentes industries et histoires cinématographiques, par sous-continents puis par pays. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cin%C3%A9ma_asiatique

Enfin les sites Vodkaster et Sens critique proposent tous deux un classement des meilleurs films asiatiques :

Pour ma part, il est temps de donner les trois films qui m’ont fait faire le plus beau voyage, hormis ceux de Hayao Miyazaki.

Trois chemins vers l’est

Tout d’abord je tiens à m’excuser de présenter quasi exclusivement des films soit chinois, soit japonais, que je connais beaucoup mieux, au détriment d’un cinéma tel que celui de Bollywood. Je profiterai également de cette petite sélection pour évoquer, comme promis, un film proposant un regard extérieur sur l’Asie, et pour ajouter, opportunément, à la suite de cette liste, deux exemples d’anime qui m’ont particulièrement plu dernièrement.

  • Je commence par un film que j’ai déjà évoqué l’an dernier, mais qui m’a résolument marquée par sa beauté, son histoire, ses décors et le jeu de ses acteurs. Il s’agit d’Après la pluie, film de 1999 réalisé par Takashi Koizumi d’après un scénario écrit par Akira Kurosawa, l’histoire captivante d’un samouraï sans maître, dans le Japon du XVIIIe siècle.
  • Le second film, c’est celui que j’ai retenu pour un « regard extérieur », Anna et le roi, d’Andy Tennant avec Jodie Foster et Chow Yun-fat. Ce n’est sans doute pas celui que quelqu’un d’autre aurait retenu, mais je me souviens surtout des couleurs et du choc des cultures, entre Occident et Orient, avec cette rencontre entre une professeur d’anglais et le roi de Siam.
  • Le troisième est mon film d’animation préféré après les films de Miyazaki, Paprika de Satoshi Kon, qui raconte l’invention de machines permettant d’entrer dans les rêves des gens et dont les dessins sont juste magnifiques :

Pour finir, comme promis, voici les deux anime qui me plaisent particulièrement, tant pour leur histoire que pour leur qualité visuelle :

Voilà pour ce petit voyage vers l’est… à très bientôt pour une autre destination !