Voici déjà le dernier hors-série de l’été de Cinephiledoc qui arrive avec un peu d’avance. J’ai choisi pour ce dernier article une destination qui fera, je l’espère, s’attarder un petit peu le soleil durant ces dernières semaines d’août. J’en profiterai pour évoquer brièvement en fin d’article l’exposition Gaumont, « 120 ans de cinéma » que j’ai pu découvrir alors qu’elle se terminait, début août.

HORS-SÉRIE

J’ai déjà abordé le cinéma italien sur ce blog,

Je m’excuse d’ailleurs par avance si j’aborde dans cet article un certain nombre de films dont j’ai déjà parlé, mais qui font vraiment partie de mes premiers souvenirs en tant que spectatrice et en tant que cinéphile.

Cinéma Paradiso

Ainsi, le film qui a, à jamais, un parfum d’enfance à mes yeux, est Cinema Paradiso, de Giuseppe Tornatore, version longue, enregistré sur une cassette vidéo, et qui n’a d’abord, malgré les lieux, malgré le titre, malgré les films dont il se souvient avec nostalgie, pas eu l’air d’être un film italien, puisqu’il y avait la voix et la présence de Philippe Noiret, celle de Jacques Perrin, et dans cette fameuse version longue, celle de Brigitte Fossey.

J’y adorais cette évocation de l’enfance à la fin des années quarante, avec le cinéma encore très dépendant de l’église, et représentant pour un petit village de Sicile, la seule distraction. J’aimais ce petit diablotin de Toto, qui se glissait derrière le rideau de la salle pour voir les scènes de baiser censurées impitoyablement par le curé, le cancre à qui l’on demande « Combien font 5 fois 5 ? » et qui, interprétant mal les réponses soufflées par ses camarades, répond joyeusement « Noël ! ».

Mais c’était les scènes de projection qui me captivaient le plus et j’aurais voulu voir – ce que je n’ai pas encore réalisé – chacune des scènes aperçues : des films de Visconti, mais aussi des westerns, des films français avec Jouvet, Bardot, entre autres. Le film étant une véritable déclaration d’amour au cinéma, il ne se passe pas une minute sans qu’il y ait une référence à saisir ou à laisser s’échapper…

On peut penser ce que l’on veut de cette version longue, mais c’est vraiment à elle, n’ayant jamais vu la version « officielle », que je dois inconsciemment cette réaction en chaîne qui depuis m’a fait aller d’un film à l’autre, même si cette réaction n’a eu lieu que quelques années après.

J’en décèle d’ailleurs toujours quelques réflexes, qui font qu’il y a quelques temps, visionnant un épisode des Sopranos, et écoutant les personnages mentionner une scène du Parrain, celle-ci est venue immédiatement se loger dans ma mémoire avec quasiment la même nostalgie (enfance, bonheur, petit village) que celles de Cinéma Paradiso

Mais l’un de mes regrets, c’est de ne pas parvenir à me souvenir d’un film que je sais être italien, que j’ai vu étant enfant, dont je me souviens par bribes et détails, dont les couleurs et certaines scènes se sont figées en moi, et dont je n’ai jusqu’ici jamais pu retrouver le titre. Alors si jamais une famille de saltimbanques avec un orgue de barbarie, un volcan, un soldat s’arrêtant pour figurer sa propre mort, si tout cela rappelle quelque chose à quelqu’un, qu’il me fasse signe, je lui en serai des plus reconnaissantes !!!

Traversée du cinéma italien

Si le livre que j’ai choisi pour ce dernier hors-série ne m’a pas donné la réponse, il m’a néanmoins rappelé de très bons souvenirs cinématographiques.

Il s’agit d’un magnifique ouvrage de Jean Gili, sobrement intitulé Le Cinéma italien, préfacé par le réalisateur Ettore Scola, et publié en 2011 aux éditions de La Martinière.

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L’ouvrage propose à la fois un panorama historique du cinéma italien par grandes périodes (cinéma muet, époque fasciste, néoréalisme, âge d’or (1960-1980), et enfin, de la crise au renouveau) et l’analyse des plus grands chefs d’œuvre issus de cette culture cinématographique, depuis Inferno en 1911 jusqu’à Habemus Papam en 2011…

Soit cent ans de cinéma, du film muet à l’œuvre pleine d’ironie, en passant par le mélodrame ou, plus inattendu, par le western spaghetti – car évidemment, si l’on sait très bien que Le Bon, la brute et le truand est l’œuvre de Sergio Leone avec la musique d’Ennio Morricone, le western et la figure de Clint Eastwood nous ont fait douter l’espace d’un quart de seconde…

Chaque grande période de l’histoire cinématographique italienne s’ouvre donc par l’analyse de Jean Gili, qui nous en explique le contexte, les genres et les réalisateurs marquants, en quelques pages. Puis, pour chaque période, suit un certain nombre de films, avec fiche technique, résumé, photos, et quelques paragraphes sur les traits spécifiques du film.

J’ai retrouvé évidemment dans ce livre la plupart de mes films préférés : Voyage en Italie de Roberto Rossellini, Senso de Luchino Visconti, Padre Padrone des frères Taviani, Cinéma Paradiso, La Vie est belle de Roberto Benigni, ou enfin, l’autre film italien qui m’a autant marquée que Cinéma Paradiso, Nos meilleures années.

Traversée de l’histoire italienne

Si Cinéma Paradiso est une déclaration d’amour au cinéma et offre au spectateur un panorama de son histoire depuis le cinéma muet jusqu’à la fin des années 80, Nos meilleures années offre quant à lui, un panorama de l’histoire italienne de 1966 aux années 2000.

Le spectateur suit avec émotion l’évolution de deux frères et des personnes de leur entourage, familles et amis, depuis la fin de leurs études jusqu’à leur maturité : voyage initiatique, choix d’une université, révolte étudiante ou engagement dans la police, aventures sentimentales, construction d’une famille et d’un patrimoine. En arrière plan, les inondations de Florence, les mouvements étudiants de 1968, la mafia ou encore les brigades rouges.

Ce même spectateur ne peut rester indifférent aux évolutions, aux émotions et aux décisions de ces personnages, il s’identifiera tantôt à l’un, tantôt à l’autre, au gré de ses humeurs, choisira les yeux rieurs de Nicola ou l’âme tourmentée de Matteo. Une chose est sûre, si cette famille lui tient à cœur, s’il s’attache au destin de l’un des personnages, les six heures que dure cette magnifique traversée ne lui paraîtront rien.

Jean Gili l’exprime cependant beaucoup mieux que moi :

Entreprise exceptionnelle compte tenu de sa durée – plus de six heures – Nos meilleures années (le titre original, La meglio gioventù, reprend le titre d’un recueil de poèmes en frioulan publié par Pasolini en 1954) déploie au long de près de quarante ans une saga romanesque qui englobe tous les membres d’une famille et qui traduit avec virtuosité, au-delà des destinées individuelles, les soubresauts de la vie politique et sociale de l’Italie.

Il y rappelle enfin que l’œuvre, d’abord destinée à la télévision, puis présentée à Cannes, a fait une telle impression qu’elle est sortie en salles et est restée à l’affiche pendant de nombreux mois, signe que l’attachement du spectateur à cette famille et à cette histoire, individuelle et collective, était réel.

M’étant déjà attardée sur deux œuvres de manière détaillée, je ne reprendrai pas cette fois-ci la structure des articles précédents, dans lesquels je me focalisais sur un réalisateur en particulier.

En effet, je serai bien en peine d’en choisir un : je n’ai pas encore eu le temps de fouiller une filmographie autant que j’ai pu le faire avec Almodovar pour le cinéma espagnol, Miyazaki pour l’animation japonaise ou Hitchcock pour le cinéma américain.

Mes découvertes du cinéma italien sont encore le fruit d’une curiosité erratique et non systématique : de Rossellini j’aime Stromboli et Voyage en Italie, de Visconti, Senso, Ludwig, Le Guépard et Mort à Venise, de Fellini, Fellini Roma, de Pasolini, Médée, de Vittorio de Sica, Mariage à l’italienne, de Dino Risi, Parfum de femme, de Zeffirelli, Roméo et Juliette, ou de Bertolucci, Innocents

Je passe donc directement à la sélection de ressources en ligne que j’ai pu trouver sur le sujet.

 Sites, articles et classements

  • Sites et articles

Je n’ai trouvé que 3 sites Internet exclusivement dédiés au cinéma italien, dont deux s’intéressent plus particulièrement à son actualité : http://www.caro-cinema.com/ (le seul en français) et http://www.cinemaitaliano.info/ (en italien). Le troisième, lui, est consacré aux archives du cinéma italien, en italien et en anglais : http://www.archiviodelcinemaitaliano.it/

J’ai pu cependant constater l’existence d’un grand nombre de festivals consacrés à ce cinéma. En ce qui concerne les articles, j’ai retrouvé, évidemment, ceux du Ciné-club de Caen : http://www.cineclubdecaen.com/analyse/cinemaitalien.htm, ainsi qu’une page dédiée, sur le même site, aux réalisateurs et films italiens : http://www.cineclubdecaen.com/analyse/filmsitaliens.htm

J’ai également trouvé un article sur le cinéma italien sur le site de l’encyclopédie Larousse en ligne : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Italie_cin%C3%A9ma_italien/185395

  • Sur Wikipédia

L’encyclopédie en ligne consacre un article assez détaillé au cinéma italien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cin%C3%A9ma_italien

deux catégories, l’une sur le cinéma italien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9gorie:Cin%C3%A9ma_italien ; l’autre sur le cinéma en Italie : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9gorie:Cin%C3%A9ma_en_Italie

et un portail : https://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Cin%C3%A9ma_italien

  • Classements

Je n’ai par contre retenu qu’un classement cette fois-ci, celui de Vodkaster : http://www.vodkaster.com/listes-de-films/le-cinema-italien/720938

  • Vidéos

Je n’ai pas eu beaucoup plus de chances du côté des vidéos, à l’exclusion d’une interview de Jean Gili, l’auteur de notre ouvrage sur Le Cinéma italien :

le C’était quoi de Blow Up consacré à Luchino Visconti :

ou encore un Michelangelo Antonioni en 5 minutes :

J’en arrive maintenant à ma sélection habituelle de trois films italiens ou évoquant l’Italie. J’ai choisi pour cette sélection 3 films dont je n’ai pas parlé précédemment.

Trois Voyages en Italie

  • Je commence par le film évoquant l’Italie, puisqu’il s’agit d’un film culte, et le plus ancien des trois que j’ai choisis. Ce film, c’est Vacances Romaines (Roman Holiday), avec Audrey Hepburn et Gregory Peck, réalisé par William Wyler et sorti en 1953. On y suit Audrey Hepburn, jeune princesse en voyage diplomatique, qui échappe pour quelques heures aux rigueurs du protocole et visite Rome en compagnie d’un journaliste, incarné par Gregory Peck. C’est le premier grand rôle d’Audrey Hepburn au cinéma et qui lui vaudra un Oscar, avec un rôle d’une fraîcheur qu’elle ne cessera jamais d’incarner.
  • Le second film, c’est une œuvre qui m’a particulièrement marquée, une fois encore lorsque j’étais enfant : il s’agit du film Le Bal, d’Ettore Scola, sorti en 1983. On y suit l’histoire du 20ème siècle en France, du Front populaire aux années 80 dans une salle de danses de salon. Un seul lieu, pas de dialogues, juste des couples qui dansent, et une histoire en arrière-plan, dont on suit les évolutions à travers l’histoire de la musique et de la danse, ainsi que quelques indices (unes de journaux, mode, uniformes et sirènes d’alerte…)
  • Le dernier, c’est La Chambre du fils de Nanni Moretti, sorti en 2001, l’histoire bouleversante d’une famille dont le fils ainé est victime d’un accident de plongée. Le film évoque la douleur et le deuil et, en particulier la façon dont le père, psychologue, incarné par Nanni Moretti, supporte la perte de son fils tout en exerçant son métier, et dont le spectateur, à travers ses yeux, tente de retenir le disparu dans une vie personnelle et familiale.

Pour finir, comme promis, voici quelques impressions de l’exposition Gaumont, « 120 ans de cinéma ».

120 ans de cinéma

Cette exposition se tenait au Cent quatre, dans le 19ème arrondissement de Paris (pas très loin de la Villette), jusqu’au 5 août 2015.

On y voyait une rétrospective chronologique des plus grands succès Gaumont, une salle où l’on pouvait, à l’aide d’un miroir, voir se refléter les stars qui ont fait la gloire de Gaumont, une autre présentant extraits et costumes.

Il y avait aussi des objets exposés : caméras, dioramas, livrets, affiches et autres exemples liés à la promotion des films…

J’ai pris quelques photos :

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Globalement c’était une exposition intéressante, tant pour son contenu que pour la façon dont celui-ci était présenté, et gratuite de surcroit. Elle m’a également permis de découvrir le 104, un lieu que je ne connaissais absolument pas et qui est à la fois un centre culturel, de commerces, de spectacles et de divertissements dont on peut envier le dynamisme et l’éclectisme.

Voilà pour ce dernier hors-série, profitez-bien de cette fin d’août. À très bientôt !