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On prend les mêmes…

…Et on recommence.

Voici un début d’article peu commun et peu dans mes habitudes.

Quoique, si je me réfère à je ne sais plus quel article cinéphile où j’évoque la façon dont « j’accouche » de mes articles, on peut voir une similitude dans la manière dont celui-ci a commencé à faire son chemin dans ma tête :

épiphanie à telle page (non, c’était bien après ma lecture), association d’idées avec tel et tel élément, cinéphile ou non, et enfin le moment opportun où je m’assois devant l’ordi pour poser les mots les uns après les autres, une fois le titre de l’article trouvé.

Lorsque j’ouvre d’ailleurs le tableau de bord de mon site, je me souviens qu’il faut aussi que j’ajoute la réponse d’Eurêkoi à mon précédent article cinéphile et que j’avance dans la rédaction du 5e épisode de mes notes de lecture sur l’intelligence artificielle… mais ceci est une autre histoire.

Revenons-en aux mêmes qui recommencent…

Toujours les mêmes…

Il y a une certaine récurrence sur ce site, c’est un fait établi. À intervalles plus ou moins réguliers, ils réapparaissent. Cette fois-ci, ce n’est pas François Truffaut, ce n’est pas Alfred Hitchcock ni Charles Chaplin (quoique très prochainement…), ce n’est pas non plus Romy Schneider.

Pour ce nouvel article, après quelques mois d’absence, c’est à nouveau l’ami Philippe Lombard qui revient sur Cinéphiledoc.

Et paf, j’ai en tête une vidéo vue il y a quelques mois sur Instagram d’un compte que je suis avec juste le début de la chanson de Joe Dassin « Salut, c’est encore moi… », j’en glisserai le lien un peu plus bas.

Je ne vais pas à nouveau glisser ici la liste non exhaustive des ouvrages qu’il a à son actif, sachant que j’ai toujours quelques mois de décalages entre leurs publications, mes lectures et la rédaction de mes articles.

En 2023, j’ai consacré deux articles à cet hyperactif graphomane sur trois ouvrages différents publiés entre 2022 et 2023.

Et je sais qu’il sait que je sais qu’il sait que je sais qu’il sait (et je pourrais continuer longtemps) qu’il y a toujours ce délai entre le moment où l’ouvrage arrive dans ma boîte aux lettres, ce qui est réconfortant, elle qui est toujours habituée aux factures et aux publicités, et le moment où je lis et où je publie l’article.

En février, j’annonce donc que je suis en pleine lecture « ah quand même ! », tiens revoilà ce mot… quand même

Bref !

Un nouvel épisode…

Pour ce (presque) dernier né des productions Lombard, il s’agit d’un nouvel opus de la série / saga / collection publiée chez La Tengo :

Je glisse ici malicieusement le petit clin d’oeil qu’a suscité chez moi le titre de cet article… on prend les mêmes / on prend les mèmes (et tant pis pour ceux qui ne trouvent pas ça drôle).

La collection comprend déjà quatre ouvrages, tous chroniqués avec délectation sur ce site :

  • Ça tourne mal
  • Ça tourne mal… à Hollywood
  • Ça s’est tourné près de chez vous
  • Ça tourne mal… à la télé !

Après ces cocktails déjà bien explosifs, le sieur Lombard est retourné à ses fourneaux pour nous concocter un nouveau numéro consacré aux suites, prequels, reboots, cross-overs… recettes quelquefois heureuses mais pas toujours fabuleuses :

Avec Ça RE Tourne ! : La folle histoire des sagas, suites et remakes du cinéma, publié en novembre 2023, il nous rappelle que si parfois les aventures d’Astérix se terminent en banquet final et que si le Tour de Gaule permet de rapporter toutes les spécialités de chaque province gauloise, il suffit d’avoir la main un peu lourde pour transformer le tout en pudding à l’arsenic.

Bref, avec beaucoup de chance on a Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre et avec moins de chance on se retrouve aux jeux olympiques avec Francis Lalanne. Et non, je ne fais pas référence aux jeux olympiques de Paris 2024. Quoique, là encore.

Sagas, suites, remakes

J’ai un rapport un peu particulier, empreint de mauvaise foi et de ronchonnerie, aux suites, réécritures et adaptations.

Je les considère généralement avec un mélange de fascination et de méfiance, gardant dans un coin de ma tête la locution italienne Traduttore, traditore (Traduire, c’est trahir) qui, je trouve, s’applique aussi aux remakes et aux différents épisodes de sagas.

Je préfère la trilogie à la prélogie de Star Wars, je me lasse très rapidement des croisements des univers Marvel, préférant généralement le tout premier film où l’on voit la métamorphose de Captain America ou d’Iron Man en super-héros.

Et pourtant mon Indiana Jones préféré est le troisième (La dernière croisade), j’ai savouré jusqu’au bout les films Harry Potter (sans jamais apprécier de la même manière Les Animaux fantastiques) et Le Seigneur des anneaux (idem avec Le Hobbit), et j’ai quelques trilogies qui font partie de mon panthéon cinéphile comme Le Parrain ou The Dark Knight.

Je pourrais voir n’importe quel film mettant en scène le personnage de Robin des Bois, que ce soit la version avec Errol Flynn, celle de Disney, celle de Kevin Costner (en plus il y a Alan Rickman en sheriff) et même celle de Ridley Scott trouve grâce à mes yeux, surtout grâce à Russell Crowe et Cate Blanchett…

Et je n’ai jamais vu, malgré tout ce que j’ai pu voir de la filmographie d’Hitchcock ou lire sur son cinéma, sa première version de L’Homme qui en savait trop.

C’est donc avec ces pensées et ces souvenirs cinéphiles quelque peu désordonnés, papillonnants et euphoriques que j’ai accueilli la lecture de Ça RE Tourne, que je persiste à écrire de cette manière pour mieux mettre en évidence la relation de cette suite avec les numéros précédents.

Ça RE Tourne

L’ouvrage de Philippe Lombard revient en cinq chapitres sur ces madeleines de Proust pas toujours ratées ni toujours réussies d’ailleurs dont on reprend souvent un morceau… ou que cinéastes ou producteurs veulent nous voir parfois ingurgiter ad nauseam parce que justement on a eu l’air d’aimer la première bouchée.

Et pourtant, dès le début, c’est une histoire à épisodes, avec ses personnages récurrents – dont Charlot est emblématique – et ses suites. Et de nous remettre en mémoire tout aussi bien Antoine Doinel que Le Gendarme de Saint-Tropez, auxquels je voue un similaire attachement (bon sauf Le Gendarme et les gendarmettes qui est nullissime).

Dans le deuxième chapitre, Philippe Lombard revient sur les cinéastes qui inspirent les autres ou vont jusqu’à retourner leurs propres films : on y retrouve dans la première catégorie Pagnol, Kurosawa et Tarantino qui s’inspire de partout et fait de chacun de ses films des incroyables bouillons de culture cinéphiles (voir d’ailleurs à ce sujet l’ouvrage du même Lombard, Tarantino reservoir films, à mon sens l’un des meilleurs crus).

Et évidemment parmi les auto-remakeurs (deux fois sur le métier remettez votre ouvrage) Leo McCarey et son Love Affair / An Affair to Remember  – dont je n’ai vu que le deuxième, préparez vos mouchoirs… oups un titre de Blier qui n’a rien à faire ici ! et Alfred Hitchcock avec son déjà cité Homme qui en savait trop.

Le troisième chapitre revient sur les films dont on a fait des suites, et des suites, et encore des suites : les Dracula de la Hammer, les Panthère rose, les Emmanuelle et les Freddy…

Viennent ensuite les réécritures pas toujours heureuses d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique et jusqu’aux films qui se révèlent des clones et des rejetons fabriqués, comme la créature du docteur Frankenstein, avec des bouts de ci et de ça, et surtout avec les moyens du bord, mais où parfois la copie est proche de dépasser l’original, comme lorsque trois amis d’enfance décident de refaire plan par plan Indiana Jones : Les aventuriers de l’Arche perdue.

Ce qui a donné lieu en 2015 à un film documentaire sur cette aventure de 35 ans, Raiders !: The Story of the Greatest Fan Film Ever Made. 

Finalement, si l’on voulait retenir une chose de cette folle équipée que nous propose encore une fois Philippe Lombard en cinq chapitres lancés à toute allure, c’est bien celle-ci : les suites, les remakes, les sagas, ce sont bien à chaque fois le même refus de quitter l’aventure qui les motive.

Et même si c’est parfois un peu too much, et même si on a eu notre dose, rien n’empêche d’autres d’en reprendre une part.

Et même, et mème

Je le disais au moment du départ, comme à l’accoutumée la lecture et la préparation de cet article a suscité dans ma caboche une foule de petites étincelles…

Partir du titre « On prend les mêmes… » m’a fait tour à tour me promener dans ces quelques détours :

  • j’ai feuilleté le deuxième livre qui se trouve dans ma bibliothèque sur Les Remakes, un ouvrage de Laurent Bourdon (auteur d’un fabuleux Dictionnaire Hitchcock) publié en 2012 ;
  • je suis allée revoir une vidéo du Fossoyeur de films sur le cri de Wilhelm parce que ça m’a fait sourire de penser aux éléments répétitifs des films, aux effets d’échos et de résonances et que le premier qui m’est revenu en tête, c’était ce cri ;
  • j’ai papoté avec un ami, Cyril, qui adore faire des mèmes en utilisant le site Imgflip, avec une certaine virtuosité. Cyril a été mon tuteur lorsque j’étais stagiaire profdoc, et avec mes petites tentatives, j’essaye à nouveau d’égaler mon maître Jedi…
  • parlons profdoc, je recommande d’ailleurs le compte Instagram Le Mec du CDI avec ses reels, j’indiquais justement plus haut sa réutilisation drôlissime de la chanson de Joe Dassin pour évoquer les habitués du CDI ;
  • enfin cela m’a permis d’enrichir ma culture numérique avec l’incroyable article de Wikipédia sur le Mème Internet, et son illustration :

By That’s Pretty Good – Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=71808738

Cela nous a encore amené loin toutes ces histoires… et cela risque de continuer.

Pour la faire courte… la suite au prochain épisode, sur Cinéphiledoc !

Imaginaires cinéphiles : déambulations rêveuses et intelligence artificielle

J’avais l’habitude depuis quelques années, pour cet article cinéphile du mois de mars, d’essayer le plus possible de mettre à l’honneur les femmes, qu’elles soient actrices, réalisatrices, scénaristes ou youtubeuses.

J’ai donc regardé vers début janvier et jusqu’à la mi février ce qui était en tête de gondole dans les ouvrages sur le cinéma… cependant, rien parmi les biographies et les autres documentaires n’a pu retenir mon attention. Rien non plus du côté des romans ou des bandes-dessinées, qui aurait pu convenir.

Comme cette idée me tenait tout de même à coeur, je me suis retrouvée bien embarrassée, et début mars approchant, je n’avais toujours pas commencé ni à lire ce qui pouvait rentrer dans ce cadre, et encore moins à l’écrire.

Au moment où j’écris ces premières lignes, nous sommes le 3 mars, et j’ai décidé de consacrer cet article à une petite promenade parmi plusieurs thématiques et ouvrages, pour en venir à un sujet qui m’accapare ces derniers temps sur le plan professionnel mais aussi personnel.

Si l’article déroge à son intention annuelle, je me raccroche au fait que je lui cède mes préoccupations et envies du moment, et c’est déjà suffisant…

Cinéma : Vers des mondes imaginaires

Le point de départ de mes déambulations reste tout de même un ouvrage : une publication relativement récente de Christophe Lemaire, que j’ai trouvé par hasard en librairie.

Il s’agit d’un petit ouvrage qui a été édité en exclusivité par la FNAC, et qui était offert en fin d’année dernière lorsque l’on allait en magasin.

Ce n’est pas la première fois que la FNAC prend ce type d’initiative, puisqu’elle est également à l’origine de guides avec des incontournables en bandes-dessinées par exemple.

Ce guide « Cinéma : Vers des mondes imaginaires » est donc un petit condensé très bien pensé, et avec une écriture complice, voire parfois impertinente. L’auteur s’amuse avec son lecteur, à coups d’aparté, de traits d’humour, d’autres références et de parenthèses.

Trois formes d’itinéraires sont proposées, déclinées à leur tour en trois suggestions de voyages :

  • du réel à l’imaginaire ;
  • visions du futur ;
  • mondes imaginaires

Pour le lecteur qui ne s’est jamais risqué dans ce type d’aventures, ce petit ouvrage sympathique fait office de mise en bouche (ou de pied à l’étrier), avec une perspective historique du genre ou des genres explorés, et des pistes d’exploration.

Ainsi la partie « Du réel à l’imaginaire », et son chapitre « Voyages dans le temps » évoquent tout autant les incontournables La Planète des singes, Retour vers le futur, Un jour sans fin, Edge of tomorrow et Interstellar.

Dans la partie « Mondes imaginaire », l’auteur accorde une brève sous-partie aux « Jeux vidéos et internet en folie ».

Évidemment, on retrouve dans cet ouvrage l’évocation en pointillés de l’intelligence artificielle, que ce soit avec des créatures et des ordinateurs (de Metropolis à Terminator en passant par HAL dans 2001 : l’odyssée de l’espace) ou avec l’évocation d’uchronies et de dystopies comme 1984 ou Matrix.

Le jeu vidéo est mentionné notamment avec le film Ready player one de Spielberg, même si ce dernier ne vaut pas le roman dont il est adapté (même pour une fan de Spielberg comme moi).

Bref, vous me voyez venir, cet ouvrage m’a donné envie de relier intelligence artificielle et cinéma, et pour cela, mes déambulations m’ont conduites vers différents ouvrages, films, séries télévisées et recherches sur Internet.

Intelligence artificielle au cinéma

Après cette évocation en pointillés dans le guide de Christophe Lemaire, je me suis demandé si cette question brûlante de l’intelligence artificielle avait suscité quelques publications récentes, non pas comme d’habitude dans le rayon 000 si l’on reprend notre classification décimale de Dewey (et plus précisément le rayon dédié à tout ce qui concerne l’algorithmie et la programmation), mais si par hasard un cinéphile avait décidé de consacrer un ouvrage entier à cette question.

Le seul ouvrage relativement récent, et sur lequel je n’ai pour l’instant pas pu mettre la main (ce qui m’attriste parce qu’il correspondait exactement à ce que je recherche) est : Génération I.A. : 80 films et séries pour décrypter l’intelligence artificielle, d’Alexandre Pachulski, et j’ose espérer que prochainement cet auteur, ou quelqu’un d’autre, aura l’idée d’actualiser cette initiative avec des éléments plus récents. 

Du coup, j’en ai été réduite à reprendre des ouvrages bien plus anciens et qui figuraient déjà dans ma bibliothèque (et qui restent des références, bien que certainement indisponibles désormais).

Parmi eux : Science et science-fiction, publié en 2010 (il s’agissait du catalogue d’une exposition proposée par la Cité des sciences), évidemment le pavé 100 de cinéma fantastique et de science-fiction de Jean-Pierre Andrevon, ou encore Rêves et séries américaines de Sarah Hatchuel.

J’ai également repris mes lectures sur l’intelligence artificielle et me suis replongée dans cette chronologie de la revue Le 1 :

Et je me suis aussi souvenue de la façon dont Laurence Devillers dressait le panorama des origines littéraires et cinématographiques de la robotique dans son ouvrage passionnant Des robots et des hommes : Mythes, fantasmes et réalités, publié en 2017.

Évidemment, j’ai aussi repris quelques-uns des ouvrages de SNT (Sciences numériques et technologie) en format papier et numérique, que j’avais déjà consultés pour préparer mes séances sur l’intelligence artificielle avec mes classes.

Et puis j’ai eu l’idée de consulter quatre outils sur la question, et je reproduis donc ci-dessous mes quatre itinéraires de recherche.

Intelligence artificielle et cinéma : 4 itinéraires de recherche

Itinéraire 1 : demander à une i.A.

J’ai tourné et retourné la question dans ma tête, et c’est (je le montrerai plus loin) l’humain qui m’a indiqué qu’une formulation trop large pouvait permettre évidemment d’aborder la question sous deux aspects, surtout si l’on s’intéresse aux applications les plus actuels de la question.

Mais j’ai aussi voulu comparer deux outils différents, et j’ai donc utilisé dans un premier temps le plus connu, à savoir Chat GPT.

Voici la réponse qu’il m’a apportée :

Je donne ci-dessous le lien de la réponse complète :

https://chat.openai.com/share/c36a3c3f-7824-4848-a3a5-a072bca699e8

itinéraire 2 : demander à une i.A. qui cite ses sources

En parallèle de Chat GPT, j’ai voulu tester l’outil Perplexity en lui posant rigoureusement la même question. La réponse apportée était plus concise mais me renvoyait vers cinq sources à consulter :

Par ailleurs, l’outil me renvoyait vers d’autres questions précédemment posées et pouvant compléter la question telle que je l’avais formulée :

Les questions connexes proposées (et indiquées ci-dessous en capture d’écran) ont fait le lien avec les deux autres outils de recherche que j’ai utilisés.

itinéraire 3 : se promener dans wikipédia

Ayant utilisé ces deux outils, je me suis dit que la question avait certainement été abordée dans un article de Wikipédia. J’ai cherché du coup un article dédié aux représentation de l’intelligence artificielle au cinéma, et je suis directement tombée sur le film de Spielberg : A.I. Intelligence artificielle.

Cela ne me convenait pas, je suis donc allée directement sur l’article consacré à l’intelligence artificielle, en utilisant l’outil Wikiwand (extension installée sur mon ordinateur) :

Cela m’a amenée à la catégorie connexe « Intelligence artificielle dans l’art et la culture », puis aux sous-catégories « Intelligence artificielle dans la fiction » et « Film sur l’intelligence artificielle ».

Je me suis souvenue que Wikiwand propose des outils d’intelligence artificielle justement pour résumer les articles de Wikipédia, et je suis donc retournée à mon point de départ :

Mais l’outil ne m’a pas proposé de me résumer la partie sur l’intelligence artificielle dans la science fiction, j’en donne donc directement le lien direct, cette partie étant finalement relativement synthétique…

itinéraire 4 : et si j’allais plutôt embêter un humain ?

Récemment dans le cadre de ma veille et de la préparation de mes formations, j’ai remis le nez dans un outil que j’avais utilisé de temps en temps, et je me suis souvenue de sa richesse et de son efficacité.

Le parallèle avec Chat GPT m’a d’ailleurs amusée, puisqu’il s’agit cette fois de poser une ou des questions à un humain. Certes, la réponse n’est pas automatique, mais elle reste rapide, et elle nous est donnée par un expert de la question.

Il s’agit du service Eurêkoi proposé par la BPI, et à qui j’ai posé la question : « Je cherche des informations sur l’intelligence artificielle au cinéma »

Moins de 24h après, j’ai reçu une réponse, dont je donne ici les premiers éléments, puisque cette réponse était assez détaillée et approfondie :

Bonsoir,

Vous avez fait au service de questions/réponses Eurêkoi la demande suivante :  » Je cherche des informations sur l’intelligence artificielle au cinéma », sans plus de précision, c’est-à-dire sans que l’on sache si vous voulez des informations sur l’exploitation de l’IA par l’industrie cinématographique, ou si vous souhaitez des informations sur la manière dont l’IA apparaît, est présentée au cinéma, différents films (c’est un thème de science-fiction assez récurrent).
=> Vu le contexte actuel, je vais supposer que c’est la première interprétation qui est la bonne, à savoir que vous voulez des informations sur l’exploitation de l’IA par l’industrie cinématographique.
C’est visiblement tout le secteur qui se sent menacé, en tout cas remis en question, par l’explosion de l’IA, et notamment de l’IA générative dans la production de contenus. Les impacts de l’IA apparaissent sur différents secteurs : l’écriture du scénario, les effets spéciaux, la création d’image de synthèse d’acteurs ..
Sur l’exploitation de l’IA au service des effets spéciaux, vous pouvez consulter le dossier en plusieurs articles de Futura sciences, intitulé Effets spéciaux et intelligence artificielle, par Floriane Boyer (date ?).
Extrait : « Comme on vient de le voir, l’IA pourrait remplacer la technique de motion-capture pour créer des personnages virtuels. […] es progrès exponentiels des ordinateurs remettent-ils donc en question le rôle futur des acteurs au cinéma et celui des animateurs humains qui conçoivent les films d’animation ? L’IA saura-t-elle un jour fabriquer toute seule des images de synthèse ? Ou créer un être humain virtuel de toutes pièces pour en faire l’acteur principal de son film ? Depuis peu, elle s’essaie même à la rédaction. Peut-être pourra-t-elle un jour réaliser un film en entier, scénario compris, sans assistance humaine ? « 
Ou encore, sur le même site, cet article : Cette IA qui va révolutionner les effets spéciaux dans les vidéos, par Edward Back, 10/02/2023.
Extrait :   » Runway est connu pour son IA Stable Diffusion capable de générer des images à partir d’une phrase, à l’instar de Dall-E ou Midjourney. Gen-1 fonctionne un peu comme un filtre Snapchat, mais d’une manière beaucoup plus évoluée. Il faut partir d’une vidéo de base qui servira à fournir à l’IA les éléments de la scène, et les mouvements à reproduire. Indiquez-lui alors le style à utiliser, ou fournissez une image d’exemple, et elle va l’appliquer sur toute la vidéo.

Je pourrais reproduire le reste de la réponse qui est tout aussi pertinent et intéressant.

Ce qui m’a amusée en premier lieu, c’est que la bibliothécaire qui m’a fourni la réponse a directement pointé ce que l’on peut désigner comme la « faiblesse de mon prompt ».

Et cela m’a ramenée à la réalité que l’on constate, quel que soit l’outil ou la personne que l’on interroge : une question, lorsqu’elle n’est pas correctement formulée, ne nous apporte pas (toujours) la réponse pertinente, c’est-à-dire celle qui répond à notre besoin d’information.

En l’occurrence, concernant les liens entre intelligence artificielle et cinéma, les deux aspects de la question m’intéressent tout autant… et d’ailleurs, alors que j’indique le service Eurêkoi comme mon quatrième itinéraire, c’est celui que j’ai utilisé en premier.

Mais il me révèle bien, à moi aussi, en tant qu’usager peut-être un peu paresseux des outils de recherche d’information, à quel point même en essayant de tourner et de retourner dans ma tête la formulation de ma question (ce que j’avais fait trois fois avant de l’envoyer), elle persistait à manquer de précision pour le service humain que j’interrogeais.

Je suis donc retourné vers le service et j’ai demandé quelques approfondissements sur le sujet, en complément de ceux que j’avais déjà pu trouver par moi-même :

  • d’autres éléments sur la façon dont on représente l’intelligence artificielle au cinéma ou dans les séries télévisées (et ce avec des exemples récents autres que peut-être les traditionnels HAL de 2001 l’odyssée de l’espace ou Terminator ou encore Her)
  • des titres d’ouvrages sur le cinéma et les séries télévisées où la question est abordée (je n’en ai trouvé qu’un : Génération IA, publié en 2020, et qui ne semble plus édité).

Le service permettant (comme Perplexity mentionné plus haut) de retrouver les autres questions posées par les usagers, j’ai pu consulter également une question qui traitait de la façon dont l’intelligence artificielle apparaît dans les films et séries télévisées.

Cependant, la question posée par l’usager remontant à 2018, j’espère avoir prochainement des éléments de réponses actualisées fournies par Eurêkoi, et je les ajouterai éventuellement à la fin de cet article.

D’ici là, je vous donne rendez-vous prochainement pour l’article #profdoc du mois de mars ou un autre article sur l’intelligence artificielle, et vous dis à très bientôt sur Cinéphiledoc.

2023 : Palmarès de lecture

Pour ce dixième palmarès de lecture (le premier remontant, comme j’ai pu le constater, à décembre 2013, déjà !), je pourrai reprendre de manière quasiment identique l’introduction de mon palmarès de lecture de l’an passé…

En effet, en ce qui concerne mes lectures cinéphiles, il s’est passé rigoureusement la même chose en 2022 qu’en 2023.

Dans ces lectures de l’année, j’ai par deux fois convoqué un hyperactif du livre cinéphile, qui lui aussi a dû supporter de fêter un dixième anniversaire sur ce site et j’ai pu constater également par deux fois que quelqu’un avait décidé de publier un ouvrage sur Truffaut qui ne figurait pas encore dans ma bibliothèque et qu’il me fallait absolument lire… le terme absolument étant ici totalement partial, puisque concernant Truffaut j’en fais quasiment un impératif catégorique.

Comme à mon habitude, cet article s’articulera en trois temps :

  • la présentation du palmarès
  • le palmarès 2023
  • bilan et projets

ainsi qu’un petit retour sur deux expériences cinéphiles de cette année.

Présentation du palmarès

Comme chaque année depuis 2013, je finis le mois de décembre ou commence le mois de janvier par un palmarès de lecture de l’année passée.

Je vous glisse ici les liens des éditions précédentes :

Comme chaque année lorsque j’ajoute cette succession de liens, je m’agace de voir le lien de l’année précédente figurer juste après les deux points… mais je sais que, comme d’habitude, je n’y changerai rien !

Pour 2023, mes lectures ont commencé en novembre 2022, et j’ai réussi à terminer ces lectures et la rédaction des articles début octobre.

Cette année, mon bilan de lecture est un peu moins catastrophique que l’an dernier, et les lectures ont été à la fois plus régulières, et bien réparties entre lectures professionnelles, lectures cinéphiles et lectures plaisirs (même si ces deux dernières catégories se mélangent allègrement).

J’ai tout de même eu un démarrage un peu lent, étant donné que j’ai passé le tout début d’année en janvier sur une seule lecture, et ayant entrepris de relire certains volumes de la Recherche en février, je n’ai lu en février que le tome 3 du Château des animaux.

Ma relecture s’est poursuivie jusqu’en avril, puis j’ai profité des vacances pour me plonger dans d’autres univers littéraires et thématiques : six lectures en mai, trois lectures en juin et en juillet, sept lectures en août, deux en septembre, deux en octobre.

Concernant mes lectures cinéphiles, en voici un petit bilan :

  • Lino Ventura : le livre coup de poing !, Philippe Lombard (lu en 2022)
  • Ça tourne mal… à la télé !, Philippe Lombard (lu en 2022)
  • T’as la Réf ?, Mélanie Toubeau (lu en 2022)
  • François Truffaut en 24 images / secondes, Anne Terral (lu en 2022)
  • En cuisine avec Louis de Funès, chez Ynnis Éditions (lu en 2022)
  • C’est un scandale !, Guillaume Evin (lu en 2023)
  • C’est pour la vie ou pour un moment ?, Nadine Trintignant (lu en 2023)
  • Ciné Pop-corn 1975-1995, Philippe Lombard (lu en 2023)
  • Top secret : Cinéma et espionnage, chez Flammarion (lu en 2023)
  • Mon petit Truffe, ma grande Scottie, François Truffaut et Helen Scott (lu en 2023)

Palmarès 2023

Chaque année, j’essaye de regrouper ces quelques lectures en catégories plus ou moins signifiantes. Cette année je distingue quatre catégories, pour les dix lectures cinéphiles mentionnées ci-dessus : Pop-Corn, Acteurs / actrices, les bibles thématiques et François Truffaut.

Philippe Lombard ayant été bien à l’honneur cette année avec trois lectures, j’ose espérer qu’il ne m’en voudra pas de ne pas lui accorder une catégorie spécifique, mais de partager son cru 2022-2023 dans différentes catégories – mais il faut voir ça comme une façon d’avoir plus de chances de figurer au palmarès, comme les films sélectionnés aux festivals.

Et je commence justement par la catégorie Pop-Corn.

Pop-Corn

Dans cette catégorie, je regroupe trois ouvrages qui permettent de se plonger avec délectation soit dans les affres des tournages, soit dans les associations d’idées qui nous font passer d’un souvenir cinéphile à un autre.

  • Ça tourne mal… à la télé !, Philippe Lombard, La Tengo éditions, 2022
  • T’as la Réf ?, Mélanie Toubeau, Hors Collection, 2022
  • Ciné Pop-corn 1975-1995, Philippe Lombard, Hugo Images, 2023

Et pour cette catégorie je choisis donc l’ouvrage Ciné Pop-Corn de Philippe Lombard, qui m’a permis de voir à quel moment précis j’avais le déclic pour écrire un article cinéphile et qui m’a donné l’occasion de retourner sur le site Pop Corn Garage.

Acteurs / actrices

Dans cette catégorie, je place deux ouvrages dont j’ai fait le compte-rendu de lecture et un invité surprise… Je triche donc puisque c’est à cet ouvrage que je n’avais pas mentionné cette année sur mon site que va ma préférence.

  • Lino Ventura : le livre coup de poing !, Philippe Lombard, Hugo Images, 2022
  • En cuisine avec Louis de Funès, chez Ynnis Éditions, 2022
  • C’est pour la vie ou pour un moment ?, Nadine Trintignant, Bouquins éditions, 2021

J’ai lu ce livre cet été et j’ai été frappée par son élégance, son incroyable délicatesse, sa pudeur et sa retenue.

Je ne l’avais pas lu au moment de sa publication, et je ne serai pas forcément allée vers lui naturellement – j’ai eu l’opportunité de le lire parce qu’on me l’avait prêté – mais l’écriture de Nadine Trintignant, et les deux voix mêlées de Nadine et de Jean-Louis Trintignant, leur histoire, leurs lettres qu’elle reproduit dans ce livre, tout cela a fait de cette lecture estivale l’une des plus belles lectures cinéphiles de cette année.

Je vous encourage donc vivement à le découvrir.

Les bibles thématiques

Dans cette catégorie, deux ouvrages qui se sont penchés avec érudition sur un aspect bien spécifique du cinéma :

  • C’est un scandale !, Guillaume Evin, Casa éditions, 2022
  • Top secret : Cinéma et espionnage, chez Flammarion, 2022

C’est à l’ouvrage de Guillaume Evin que va cette fois ma préférence, puisqu’il a titillé chez moi l’envie de me plonger dans d’autres ouvrages compilant notamment les plus grands films historiques.

François Truffaut

La dernières catégorie donne l’impression que justement, dans la réalisation de ce palmarès, c’est le souvenir le plus récent qui prime forcément.

J’ai donc gardé pour la fin les deux ouvrages consacrés à / de François Truffaut :

  • François Truffaut en 24 images / secondes, Anne Terral, Mediapop éditions, 2022
  • Mon petit Truffe, ma grande Scottie, François Truffaut et Helen Scott, éditions Denoël, 2023

Je prends donc le parti de ne pas trancher puisque d’un ouvrage à l’autre, côté coulisses et côté spectateur, l’un porté par les voix de François Truffaut et d’Helen Scott, l’autre porté par les images de ses films, c’est la même citation de Fanny Ardant qui m’est venue à l’esprit, et que je ne répéterai pas une nouvelle fois dans cet article, puisqu’on serait tenté de croire que j’ai décidé de faire apprendre par coeur à tout le monde ces quelques mots…

Bilan et projets

Voilà pour ce palmarès et ces lectures cinéphiles de 2023, qui ont tout de même été assez variées.

Concernant mes lectures de 2024, ma liste est déjà assez conséquente et elle entremêle cette fois-ci les lectures scientifiques et professionnelles (vu que j’ai cédé une petite place sur ce site à des notes de lecture, en 2023 principalement autour de l’intelligence artificielle, mais d’autres sujets suivront), les lectures cinéphiles et les lectures plaisirs.

Pour les lectures cinéphiles, j’ai déjà au programme un petit ouvrage sur le cinéma de science-fiction et un roman.

J’en termine avec trois escapades que j’ai eues l’occasion de faire cette année, qui, une fois n’est pas coutume, a été exempte d’exposition à la cinémathèque…

La première escapade est purement cinéphile, la seconde l’est indirectement, mais ça me donnera l’occasion d’en garder une trace sur ce site, la troisième également.

  • Ciné-concert Les Lumières de la ville

En avril dernier j’ai eu la chance d’assister à ce concert programmé à Montereau.

C’était la première fois que j’assistais à un ciné-concert, et même si je trouve justement l’expérience quelque peu déconcertante (j’ai eu l’impression d’hésiter chaque seconde entre le son et l’image), elle n’en m’en a pas moins parue magnifique.

  • Exposition Titanic, Porte de Versailles

En août, je suis allée à cette exposition en compagnie d’une amie, ce qui a donné l’occasion de revoir le film de James Cameron.

  • Maison Cocteau, Milly La Forêt

Également au mois d’août, avec la même amie je suis allée visiter la maison de Jean Cocteau à Milly La Forêt.

Voilà pour ces lectures et ces découvertes.

Vous retrouverez les suivantes dès février 2024, après le traditionnel article de janvier sur le bullet journal.

D’ici là, je vous souhaite à nouveau de très belles fêtes de fin d’année, et je vous mitonne pour très prochainement le dernier article #profdoc de 2023.

À très bientôt sur #Cinephiledoc !

Plaisirs régressifs et gourmandises cinéphiles

J’aimerais donner à ce nouveau compte-rendu de lecture la légèreté d’un grain de maïs soufflé, et sautiller tranquillement, comme à mon habitude, d’une référence cinéphile à l’autre.

L’ouvrage auquel cet article est consacré se prête parfaitement à cet exercice, mais avant toute chose, je voulais revenir au point de départ.

POP !

Le point de départ est quelque chose que j’ai déjà eu l’occasion d’aborder sur ce site, sous des formes plus ou moins sérieuses.

Je reviens en général sur le choix du livre, sur la façon dont mon regard est happé dans une librairie par tel ou tel ouvrage, et sur les différents prétextes d’écriture que ce dernier me donne.

Pour certains livres, le prétexte est vite trouvé.

Un énième travail sur François Truffaut va me permettre de céder à mon plaisir de parler une fois de plus de Truffaut sur Cinephiledoc (voir l’article précédent – ou suivant – ou l’article de tel ou tel mois passé ou à venir).

Pour d’autres, l’accouchement est plus compliqué. Je sais que je veux écrire dessus, mais comment, c’est autre chose.

Alors je patiente, et j’avance dans ma lecture. Et puis, la plupart du temps, au détour d’une page, ça arrive. Reconstitution en temps réel de l’événement dans une conversation :

Je suis en pleine lecture de Ciné Pop-corn, qui se déguste comme un seau de pop-corn… 🍿 J’étais tranquillement sur mon canapé, et comme d’habitude, pop !

l’idée et la structure de l’article ont surgi à la page 90… 

Comme dirait Annie Cordy dans « Le crime est notre affaire », laissez un message après le Pop… Pop !

De ce que j’indique ici, on peut tirer plusieurs observations :

  1. Je suis en général effectivement plongée dans ma lecture quand l’idée globale de l’article m’apparaît, et que, pour ne pas la perdre, je me lève du canapé (ou en tout cas je pose le livre) pour noter rapidement sur mon bullet journal la structure du compte-rendu à venir. D’ailleurs, ceci est une note pour le prochain BuJo : laisser plus de place pour l’ébauche des articles, parce que là c’était un peu serré
  2. Tous les prétextes sont bons pour citer Mon petit doigt m’a dit et Le Crime est notre affaire dans une conversation… ici le message vocal d’Annie Cordy, et encore je ne suis pas allée jusqu’au léopard tacheté ! Comme dirait Boby Lapointe dans une de ses chansons, comprend qui peut !

Bref, au détour de la page 90, une épiphanie (« Épipha… quoi ? » référence à la version française de Hook, Steven Spielberg), je savais comment parler du livre de Philippe Lombard, cru 2023 n°1 : Ciné Pop-Corn : 1975-1995. Les vingt glorieuses de Hollywood.

Un livre comme un seau de Pop-corn

J’étais tentée lorsque j’ai écrit cette phrase d’écrire « seau » comme un « saut », c’était d’ailleurs ainsi que je l’avais épelé dans ma tête dans un premier temps, surtout parce que je ne savais pas comment désigner le contenant du pop-corn… pot ? gobelet ? pas le sachet qui est trop souple, pas la boîte qui est fermée, bref seau comme un seau et pas saut comme un saut.

L’ouvrage de Philippe Lombard publié en mars 2023 aux éditions Hugo Image serait donc l’occasion de plonger la main dans le seau de pop-corn et de piocher tel ou tel grain, en le faisant bien croustiller sous la dent.

Si l’on veut parodier Rimbaud, c’est un ouvrage qui se lit « littéralement et dans tous les sens ». Dans sa structure, on peut certes l’aborder chronologiquement comme le propose le titre avec cette période délimitée sur vingt ans : 1975-1995.

Mais l’on peut tout aussi bien ouvrir Ciné Pop-corn au hasard, et comme moi s’arrêter peut-être pas à la page 90, mais à la celle qui nous apprend comme la voix d’ET a été choisie, celle qui fait le compte du « F word » dans les films de cette période, la réplique culte d’un incontournable, ou le témoignage nostalgique (ou le plus souvent un peu plus vachard) d’un acteur ou d’un réalisateur. À moins que l’on ne veuille tester ses connaissances sur Retour vers le futur ou sur Rocky.

En effet, et là convoquons Forrest Gump, en version originale s’il vous plait :

Mama always said life was like a box of chocolates, you never know what you’re gonna get

L’ouvrage de Philippe Lombard ressemble à la vie dans Forrest Gump, on ne sait pas au fil des pages sur quel chocolat (ou plutôt sur quel pop-corn) on va tomber, même si passée la page 90, et même avant, on est confortablement assis dans notre fauteuil et paré pour la projection.

On y retrouvera donc pêle-mêle :

  • la réplique culte comme dans Les Dents de la mer « Il nous faudrait un plus gros bateau. »
  • Silence… on tourne sur les anecdotes de tournage
  • Ça balance pas mal, lorsqu’une star en stress post-traumatique se venge en interview sur son réalisateur, ou lorsqu’un réalisateur épuisé raconte les caprices de sa star
  • Yoda a dit : la voix de la sagesse généralement, qui révèle les secrets de fabrication ou est rétrospectivement prophétique

Ce sont les rubriques que l’on retrouve le plus souvent, mais il y en a d’autres tout aussi jubilatoires : les Quiz qui testent notre culture, les statistiques déjà mentionnés plus haut qui font le compte des femmes séduites par James Bond (trop) ou du F… word, les VF vs VO avec les bizarreries de la traduction française (Chewie qui devient Chico) ou encore des questionnements sur les titres et les slogans promotionnels choisis…

Pop culture

En parcourant l’ouvrage de Philippe Lombard, je me suis rendue compte d’ailleurs que ce que l’on désigne sous le terme de « Pop culture » et que les personnes de ma génération ont pu voir alors qu’ils étaient enfants ou adolescents, je n’ai pu le voir qu’entre ma vingtaine et ma trentaine…

Exception faite des films de Spielberg, qui faisaient l’unanimité à la maison, je n’ai pu voir la plupart de ces films que lorsque mes amis me les ont montrés dans des séances de rattrapage : Star Wars, Retour vers le futur, Blade Runner se sont ajoutés tardivement à mon panthéon cinéphile (et ne parlons pas de Rocky, que j’ai décidé de voir de ma propre initiative en 2021 et parce que je voulais me défouler à ce moment-là).

Au-delà de ces références, ce que m’a rappelé Ciné Pop-corn, ce sont finalement tous ces films qui vont faire partie de notre propre panthéon cinématographique personnel (j’insiste sur la redondance du propre et du personnel) et que l’on va vouloir voir et revoir, même si cet été j’ai appris avec un peu de perplexité que certaines personnes ne revoient jamais un film plus d’une fois…

Dans mon cas, il y aura (et ce n’est pas exhaustif) :

  • les déjà cités Mon petit doigt m’a dit et Le Crime est notre affaire,
  • La Nuit américaine de Truffaut,
  • Hook, de Steven Spielberg,
  • Cinema Paradiso et Le Cercle des poètes disparus (qui sont mes madeleines de Proust)
  • Leçons de séduction de Barbra Streisand,
  • La Grande vadrouille et La Folie des grandeurs,
  • Astérix et Obélix Mission Cléopâtre,
  • Les Tontons flingueurs,
  • Imogène McCarthery,
  • Kaamelott,
  • et plus récemment Mamma Mia !

Je vais m’arrêter là, même si je me rends compte plus tard d’un oubli impardonnable, car la liste risque de s’allonger indéfiniment. Oui je vois, je revois et je revois encore sans me lasser ces films, et de nombreux autres, et c’est avec plaisir que le livre de Philippe Lombard m’a rappelé cette information.

Mais aussi, surtout et enfin, ce que cette lecture m’a apporté, c’est un questionnement tout en légèreté sur le pop-corn, et ce questionnement m’a conduite à sautiller d’un grain de maïs à un autre, à me promener d’un lien hypertexte à un autre pour une petite balade digestive.

Du Pop-corn au cinéma

J’aurais pu à nouveau me rappeler les anecdotes de tournage et l’excellente série de François Theurel alias le Fossoyeur de films, Film wars, sur les tournages apocalyptiques.

Mais après avoir vu un épisode de la saison 2 de Heartstopper, dans lequel Tao emmène Elle au cinéma voir Moonrise Kingdom et où les deux sont installés confortablement dans leurs fauteuils avec deux énormes seaux de pop-corn, deux plateaux repas et deux gobelets de soda, je me suis souvenue d’une autre vidéo du Fossoyeur de films, tout aussi jouissive :

Cette première vidéo m’a rappelée la non moins excellente série de Fabrice de Boni, Axel Lattuada et Marc de Boni : Une séance presque parfaite. Série dont je glisse ici l’épisode 1 :

Cela a poussé mes cogitations sur mais pourquoi les gens ils mangent des trucs au cinéma et non, ne fais pas ton asociale misanthrope et pourquoi le spectateur à côté de mon fauteuil va forcément faire du bruit…

et j’ai retrouvé la vidéo de Mélanie Toubeau sur sa chaîne, La Manie du cinéma, chaîne que j’ai découverte cette année :

Une amie m’avait offert une machine à pop-corn quand ma cinéphilie a commencé à s’exprimer pleinement (je crois même que c’était pour mon vingtième ou mon 25e anniversaire).

Je n’ai pas dû beaucoup l’utiliser, parce que je fais quand même partie, vous l’aurez compris, de ces intransigeants puristes qui veulent que tout le monde reste comme eux en apnée pendant les trois heures quatorze que dure Titanic (même si bon, dans ce cas là, pour l’apnée on repassera, et en plus l’eau est froide…).

Fun fact : cette intransigeance est valable au cinéma, lorsque je suis dans mon canapé à revoir un film vu de multiples fois, j’ai tendance à dire les répliques avant le personnage qui les prononce (ou en même temps).

Je terminerai donc sur une note plus positive qu’un autoportrait en spectatrice grincheuse, avec un autre souvenir suscité par la lecture du Ciné Pop-corn de Philippe Lombard (qui a depuis publié l’ouvrage Paris Pop Culture, plaçant définitivement 2023 comme l’année du « pop »), celle du jeu Pop-corn Garage, dont je glisse ici une capture d’écran :

Le but du jeu : retrouver sur l’image les 66 références cinématographiques. Vous voulez jouer ? C’est par ici :

https://popcorngarage.com/

Bon jeu, bonne séance de ciné et à très bientôt pour un nouvel article sur Cinephiledoc !

Espionnage et cinéma, espionnage au cinéma

Pour cet article de rentrée et ce nouveau compte-rendu de lecture cinéphile, je vais revenir sur une exposition de la Cinémathèque française qu’une fois n’est pas coutume, je n’ai pas pu visiter.

Il s’agissait de l’exposition organisée entre octobre 2022 et mai 2023 : « Top secret : cinéma et espionnage ». Généralement, ces expositions thématiques et transversales, propices aux associations d’idées et à la convocation des références cinématographiques les plus diverses font mes délices.

Cependant, cette fois-ci, l’occasion ne s’est tout simplement pas présentée. Néanmoins, j’avais vu sur la page dédiée à l’exposition un descriptif de son catalogue qui m’a pour le moins alléchée :

Sous la forme d’un abécédaire thématique, le livre interroge la relation entre le cinéma et l’espionnage, des années 1920 à aujourd’hui, en faisant appel à des spécialistes des deux univers.

J’ai pu feuilleter le catalogue et c’est cette forme d’abécédaire thématique, ainsi qu’une mise en page soignée et très largement illustrée qui m’a décidée à en faire la lecture, et globalement, je n’ai pas regretté le voyage.

Couverture

Je choisis à dessein le terme « couverture » qui m’amuse dans cet article précis pour sa polysémie. Voulant vérifier cette polysémie, j’ai cherché simplement le mot sur un moteur de recherche, et je me suis vue proposer tous les sites commerciaux vendant des plaids et autres couettes…

Un petit tour sur Wiktionnaire et je me suis davantage sentie dans mon élément :

  1. Grande pièce d’étoffe épaisse couvrant le lit, se plaçant au-dessus des draps.
  2. (Imprimerie) Première page d’un ouvrage imprimé.
  3. (Sens figuré) Ce qui sert à cacher ou à dissimuler.
  4. (Par extension) Fausse identité endossée ponctuellement par un agent secret ou un policier en mission d’infiltration.

Je ne donne ici que les définitions les plus significatives, puisque le Wiktionnaire en relève plus d’une vingtaine. Mais revenons à la deuxième d’entre elles.

Ce qui m’a happée (et ce qui avait attiré mon regard lorsque je voulais aller visiter cette exposition sans jamais réussir à bloquer une date pour le faire) c’est l’affiche de l’exposition, qui se décline sur la couverture du catalogue d’exposition :

Les deux silhouettes de Jean Dujardin dans OSS 117 et de Eva Marie Saint dans La Mort aux trousses avaient effectivement tout pour me séduire.

La quatrième de couverture m’a confortée dans mon choix : en effet, comme souvent avec les ouvrages proposés par la Cinémathèque française dans le cadre de ses expositions, le catalogue ne se réduit pas à une recension en images des objets et des films présentés.

Certes, voir l’exposition aurait pu mettre ma lecture en perspective. Mais le propos de l’ouvrage est suffisamment riche et évocateur pour rappeler cette exposition tout en laissant le lecteur cinéphile y injecter ses propres références cinématographiques.

La perspective de retrouver la filmographie d’Hitchcock aux côtés des films des franchises comme James Bond, Jason Bourne ou Mission impossible, de la série Le Bureau des légendes et quelques-unes des icônes du cinéma telles que Marlene Dietrich, Greta Garbo ou Hedy Lamarr a achevé de me convaincre.

Missions

Ce livre ressemble à la panoplie du parfait espion, et dès le sommaire, le lecteur aura l’impression de se retrouver dans l’atelier de Q, responsable de la division recherche et développement du MI6 dans la série des James Bond.

On y côtoie de manière hétéroclite et sous la forme promise de l’Abecedarium (pourquoi avoir choisi le terme latin ?) des rôles, des films, des personnages, des noms et des objets.

Alphabétiquement l’ouvrage nous conduit de A comme Argo à Z comme Zero dark thirty en passant par C comme Cicéron , F comme Farewell, ou M comme Mata Hari.

Numériquement, il s’ouvre en toute logique avec 007.

007 fonctionne comme le produit d’appel : le placer en premier est stratégiquement idéal, et il en remplit presque parfaitement la mission.

Le court texte de l’article, proposé par l’un des contributeurs de l’ouvrage, Léo Soesanto, est efficace et les pages suivantes reviennent en images (photos et affiches) sur quelques moments clés de la franchise.

À la suite de ces photos, le premier entretien de l’ouvrage, ce qui opère pour le lecteur un premier changement de rythme : c’est l’interview de Léa Seydoux, dernière James Bond girl en date.

Si l’un des objectifs affichés de l’exposition et du catalogue est de redonner toute leur place et leur valeur aux rôles que jouent les femmes dans l’espionnage, on aura rarement vu une interview plus contre-productive, tant elle est creuse et narcissique.

Heureusement, dès la page suivante, l’entretien avec le réalisateur Olivier Assayas relève à nouveau le niveau et le lecteur y retrouve son compte.

De manière générale, les contributeurs de l’ouvrage donnent un éclairage des plus passionnants à la question. Ils réussissent à intéresser, même lorsque l’on a pas (encore) vu les films qu’ils évoquent.

On peut les ranger en deux catégories : les professionnels du cinéma (acteurs et réalisateurs) et les cinéphiles professionnels (commissaires d’exposition, collaborateurs artistiques, auteurs et journalistes).

Les seconds vont se pencher sur certains films, certaines séries, et parmi eux, quatre ont retenu mon attention : Léo Soesanto que j’ai déjà mentionné et qui va proposer généralement sur une page le résumé d’un film et la plongée dans son univers ; Alexandra Midal et Mathieu Orléan, et Chloé Aeberhardt.

Les premiers vont donner un tour plus personnel à la question, et vont évoquer des souvenirs de tournage – voire pour certains des souvenirs tout court.

Le déguisement dans le déguisement

Le pari le plus réussi de l’ouvrage, c’est d’expliquer au lecteur cinéphile la manière dont espionnage et cinéma s’entrecroisent constamment.

Ainsi, si l’on songe évidemment au costume de l’espion, au rôle qu’il incarne, et au fait qu’il soit sous couverture, si l’on a en tête le smoking de James Bond et les postiches d’Ethan Hunt dans Mission Impossible, c’est à travers les objets, mais également à travers le film que l’ouvrage explore cette thématique…

Ou plutôt à travers les films, puisque l’une des entrées de l’Abecedarium est le nombre  et on y retrouve les films avec lesquels la Stasi formait ses agents à leurs différentes missions.

Parfois, avec une mise en abîme ingénieuse et vertigineuse, on ne parvient pas à démêler le faux du vrai, la réalité de la fiction – et les contributeurs ne le peuvent pas davantage.

À la lettre K comme Kaplan, le réalisateur Nicolas Saada nous raconte l’aventure qui lui est survenue lors d’un contrôle dans un aéroport, où un homonyme était recherché par la police.

L’occasion pour lui de convoquer avec virtuosité le personnage de George Kaplan / Roger Thornhill / Cary Grant / Archibald Leach dans La Mort aux trousses, les figures des doubles dans le cinéma d’Hitchcock, et de finir sur cette question quelque peu angoissante :

Et si ce Nicolas Saada était mon George Kaplan ? De qui suis-je le George Kaplan ? Affaire à suivre.

Spectateur espion

J’ai parcouru cet ouvrage avec une attention parfois quelque peu distraite, quand certains articles évoquaient des films, des séries ou des personnages qui ne m’évoquaient pas grand chose… mais souvent mon intérêt était à nouveau éveillé par l’article suivant.

L’article E comme Enigma rédigé par Alexandra Midal et qui venait faire s’entrelacer espionnage, intelligence artificielle et cinéma, avec ses références au film Imitation Game, et en toile de fond au moment de ma lecture la grève des scénaristes et des acteurs à Hollywood en raison de l’utilisation par les industries cinématographiques de l’intelligence artificielle, m’a hameçonnée.

L’article H comme Hitchcock m’a définitivement emportée. Pas seulement parce qu’il s’agissait d’Hitchcock, pas seulement pour cette envie quasiment irrépressible de revoir La Mort aux trousses ou L’Étau, qui même s’il ne fait pas l’unanimité, reste pour moi l’un des meilleurs films d’espionnage.

Pas seulement parce retrouver un article H comme Hitchcock m’a aussi donné envie de me replonger dans le brillant Dictionnaire Hitchcock de Laurent Bourdon, où j’étais sûre de retrouver des articles sur le MacGuffin ou sur le George Kaplan déjà cité.

Mais aussi parce qu’à la suite de cet article est reproduit l’intégralité du roman-photo d’Alfred Hitchcock « Have you heard ? The story of Wartime Rumors », publié dans Life le 13 juillet 1942, et dont la chaîne Blow Up d’Arte avait proposé le récit en vidéo, ce qui reste l’un de mes épisodes préférés de cette chaîne :

S’il me manquait une raison de lire ce livre, je l’ai trouvée à ce moment, et j’ai poursuivi ma lecture, bondissant d’une référence à l’autre…

Je me suis dit qu’il fallait absolument que je relise le livre de Guillaume Evin, L’Histoire fait son cinéma, qui doit évoquer quelques films ayant la Guerre froide comme toile de fond, ou celui consacré à la série James Bond, Bons baisers du monde, co-écrit avec Laurent Periot et même me plonger dans l’un des derniers livres de Guillaume Evin, Les 101 meilleurs films historiques, même si d’ailleurs j’ai déjà parlé d’un de ses livres les plus récents, C’est un scandale, dans mon article de juin dernier

Je me suis dit qu’il fallait que je revois des films sur la Guerre froide, que j’avais adoré le film La Vie des autres, pour moi l’un des meilleurs films autour du mur de Berlin avec Goodbye Lenin, sur ce capitaine de la Stasi qui se trouble progressivement en surveillant un auteur de théâtre est-allemand soupçonné de dissidence.

Je me suis dit qu’il fallait que je revois aussi Le Bureau des légendes, qui constitue l’un de ces miracles de séries télévisées françaises, et que je redonne une chance peut-être à Homeland et à la série The Americans que j’avais commencée.

Je me suis dit que j’avais aussi envie de revoir OSS 117 (au moins les deux premiers) et ce malgré la petite erreur présente dans l’article de l’ouvrage qui lui est consacré, et qui lui fait porter un costume de Peter Pan, alors qu’il se grime en Robin des Bois / Errol Flynn.

Au féminin

Enfin, et c’est parce que je les ai évoquées plus haut, et qu’elles ont dans le livre une place de choix, notamment grâce à Chloé Aeberhardt, cette lecture m’a donné envie de voir avec un autre oeil les figures féminines du cinéma d’espionnage (et de l’espionnage en général) :

celles que l’on cantonne comme on l’a longtemps déploré, au rôle de « piège à miel » (mais qui m’ont aussi donné envie de revoir tous ces films peuplés de femmes fatales) ;

celles que l’on surnomme de manière involontairement péjorative, les nouvelles Mata-Hari ;

celles qui ont été victimes des opérations Roméo organisées par la Stasi, les comédiennes qui se sont faites espionnes, les espionnes qui ont joué un double rôle, et celles à qui justement Chloé Aeberhardt donne justement la parole dans son ouvrage et dans sa série documentaire Les espionnes racontent :

Mission accomplie donc pour cet ouvrage de la Cinémathèque, qui suscite bien des images et révèle bien des secrets !

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