cinephiledoc

Blog pour cinéphiles et profs docs

Cinecitta Felicita

Hier soir, sur Arte, était diffusé un film qui m’avait beaucoup frappée lorsque je l’avais vu pour la première fois. Il s’agit de Parfum de femme, un film italien réalisé par Dino Risi en 1974, et qui doit être l’un des premiers films italiens que j’ai pu voir. C’était lorsque j’enregistrais encore – ou plutôt faisait enregistrer par mes parents – les films du Cinéma de minuit, émission diffusée tous les dimanches soir sur France 3. Pour les passionnés, je recommande le générique, qui est un petit bijou, et vous pouvez retrouver une présentation de cette émission juste ici.

Pour en revenir à Parfum de femme, le film était malheureusement diffusé en VF, ce que je trouve à chaque fois dommage lorsque je veux me plonger dans l’atmosphère d’un film, à plus forte raison lorsque les personnages voyagent de Turin jusqu’à Naples. Cette petite immersion m’a donné envie d’évoquer quelques-uns des films italiens que je préfère.

D’abord, il y a Voyage en Italie, de Roberto Rossellini (1954). Un couple britannique, formé par une lumineuse Ingrid Bergman et un George Sanders beaucoup moins canaille qu’à son habitude (il joue également le cousin Favell, dans Rebecca, d’Alfred Hitchcock, un rôle de fripouille invétérée), voyage en Italie. Lorsqu’ils arrivent à Naples, leur relation devient de plus en plus distante et ils décident de divorcer. La femme visite la ville seule – dans mon souvenir, je vois une scène où elle voit toute une foule de femmes enceintes et de poussettes. Le mari retrouve sa maîtresse à Capri. Ils se croisent entre deux escapades et deux découvertes… sans vouloir s’avouer qu’ils s’aiment toujours et s’égarent pour mieux s’éprouver.

Ensuite, il y a un film que j’ai mis beaucoup de temps à apprécier, moins pour son histoire ou la manière dont il est filmé que pour ses personnages. Il s’agit de Senso, de Visconti ( 1954). Certains cinéphiles détestent Visconti, je dois avouer que je n’ai jamais vraiment compris pourquoi. L’histoire se passe à Venise, en 1866, à l’époque où l’Italie n’est pas encore unifiée, et où la Vénétie est encore occupée par l’empire austro-hongrois. La comtesse Livia Serpieri (Alida Valli), proche des révolutionnaire, tombe amoureuse d’un officier autrichien, Franz Mahler, et devient sa maîtresse, trahissant son mari et ses convictions. J’aime beaucoup les décors et les costumes, l’histoire est très belle, mais les personnages sont méprisables. On ne parvient jamais ni à les admirer, ni même à éprouver une quelconque sympathie pour eux, tellement leurs défauts sont flagrants. C’est aussi pour cela que j’aime davantage un autre film de Visconti, beaucoup moins « italien », sur Louis II de Bavière, Ludwig (1972).

De Fellini, mon film préféré est Fellini Roma (1972) où le réalisateur évoque des souvenirs d’enfance et de jeunesse dans la Rome du début du siècle. On découvre la ville avec son regard revendiqué de réalisateur. La scène que je préfère est celle des travaux de construction du métro, lorsque les ouvriers découvrent des fresques de l’époque romaine, préservées par l’obscurité, et vouées à disparaître à la lumière.

Parfum de femme de Dino Risi (1974) est une histoire très poignante d’un officier italien devenu aveugle. Il est accompagné d’un jeune soldat en permission, qui lui sert d’ordonnance et de guide, et qui devient régulièrement narrateur. L’officier (Vittorio Gassman) se montre souvent irascible et sarcastique pour cacher son désespoir et décèle la présence d’une femme à son parfum. Connaître les motivations de cet être mystérieux et amer est l’un des enjeux de ce film.

En 1977, les frères Taviani ont réalisé Padre padrone, d’après l’histoire vraie de Gavino Ledda, enfant sarde poussé à abandonner l’école par son père pour devenir berger. Grâce au service militaire, il va sortir de l’isolement des montagnes de Sardaigne, pour apprendre à lire, devenir linguiste, puis finalement écrivain. Les paysages et les personnes sont rudes, violents, presque à l’état naturel, et l’on voit progressivement le personnage prendre de la hauteur par rapport à eux, et devenir un étranger par sa manière de penser et de considérer les choses.

Dans la même veine, mais beaucoup moins dur, il y a Cinema Paradiso (1989) de Giuseppe Tornatore. C’est un film fleuve fabuleux et un hommage au cinéma. A la fin des années 80, Salvatore, un cinéaste reconnu, apprend la mort de son ami d’enfance, un projectionniste nommé Alfredo (Philippe Noiret). C’est grâce à Alfredo, qu’enfant, dans un petit village de Sicile, il avait découvert le cinéma. Il existe deux versions de ce film : une version « officielle », et une version longue, qui est celle que j’ai toujours connue. Cinema Paradiso n’est pas seulement l’histoire d’une vocation, c’est aussi un échantillon de l’histoire du cinéma entre 1950 et 1980.

Enfin, plus récemment, le film italien que j’ai préféré est Nos meilleures années (2003) de Marco Tullio Giordana. C’est également un film fleuve, qui, à travers l’histoire de deux frères, revient sur plus de trente ans d’histoire italienne, depuis les inondations de Florence jusqu’à l’an 2000, en passant par les brigades rouges et la mafia. On y découvre Florence, Turin, Rome et la Sicile, mais on y voyage aussi jusqu’en Norvège. Les personnages sont captivants, l’histoire est émouvante, et le film dure six heures. Oui, vous avez bien lu, six heures. Sur six heures, pas une minute d’ennui ou de trop. Juste une histoire familiale et d’amitié, entremêlée à l’histoire italienne, à l’évolution des mentalités et des habitudes…

Voilà pour ce petit panorama, à déguster accompagné de spaghetti et de tiramisu…

Précédent

Moteur, ça tourne, action !

Suivant

Le rire intemporel

Répondre à modrone Annuler la réponse.

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén