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Blog pour cinéphiles et profs docs

Auteur : juliettefiliol (Page 4 sur 86)

Notes de lecture sur l’intelligence artificielle (épisode 4)

Pour ce quatrième (et peut-être dernier) épisode de mes notes de lecture sur l’intelligence artificielle, j’ai choisi des ouvrages et des articles qui permettent de susciter le débat sur la question.

En effet, les lectures que j’ai retenues peuvent être mobilisées dans des disciplines principalement associées aux sciences humaines : enseignement moral et civique, philosophie, HLP…

Je précise qu’il s’agit là potentiellement du dernier épisode, car je pense pour l’instant avoir à titre personnel fait le tour de la question, même si je n’exclus pas de prendre à nouveau des notes sur des ouvrages ou des articles qui attireraient mon attention et proposeraient un éclairage d’actualité sur le sujet (je pense en particulier aux ouvrages publiés très récemment sur ChatGPT).

Mais d’ici là, je m’octroie une petite pause sur l’intelligence artificielle (sauf pour avancer dans mes conceptions de séances) et vais plancher sur d’autres lectures scientifiques.

Dans cet épisode :

  1. un aperçu de deux ouvrages que j’ai parcouru et qui abordent la question d’un point de vue philosophique et social : Les Robots font-ils l’amour ? et Des Robots et des hommes
  2. revue de presse avec les numéros 1700 du Courrier international et 432 du Un
  3. sélection de ressources

Les Robots font-ils l’amour : Le transhumanisme en 12 questions, de Laurent Alexandre et Jean-Michel Besnier

Cet ouvrage, publié en 2016, figurait déjà depuis un certain temps dans le rayon philosophie du CDI, et déjà à l’époque, le titre avait retenu mon attention, en me rappelant celui du roman de Philip K. Dick Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, porté à l’écran sous le titre Blade Runner.

Contrairement à mes notes de lecture précédentes, je ne vais pas tenter de faire un résumé de chaque chapitre, le titre étant suffisamment parlant. Je vais me contenter de relever ce qui m’a intéressée dans cet ouvrage et de quelle manière il peut permettre de nourrir un débat sur la question.

L’ouvrage prend la forme d’une discussion (relativement animée) entre les deux auteurs, Laurent Alexandre, médecin et entrepreneur, et Jean-Michel Besnier, philosophe, et cette discussion s’articule autour des 12 questions du sous-titre :

  1. Faut-il améliorer l’espèce humaine ? (implants, détection de la trisomie 21)
  2. L’humanité doit-elle changer sa reproduction ? (fécondation in vitro, manipulations génétiques)
  3. La technologie peut-elle tout réparer ? (thérapie, implants, rôle et déontologie d’un médecin supplanté par les technologies)
  4. Demain, tous cyborgs ? (le chapitre revient sur les craintes soulevées à l’époque par Elon Musk autour de l’intelligence artificielle, et sur la question du libre arbitre au sein d’un corps livré à la technique)
  5. Peut-on faire l’amour avec un robot ? (évocation du film Her, cybersexualité)
  6. Est-il désirable de vivre 1000 ans ? : la lecture de ce chapitre m’a rappelé le roman Tous les hommes sont mortels de Simone de Beauvoir
  7. Le transhumanisme est-il un eugénisme ? (est-il légitime d’utiliser toutes les possibilités de transformation offertes par la science ? rappel du mythe de la singularité, c’est-à-dire le moment où l’esprit humain est dépassé par l’intelligence artificielle)
  8. L’intelligence artificielle va-t-elle tuer l’homme ? (retour sur la lettre ouverte sur l’intelligence artificielle signée en 2015 entre autres par Stephen Hawking, Bill Gates, Elon Musk…) *
  9. Quels sont les enjeux économiques ? (retour sur l’implication des géants du numériques, en particulier Google, le lien entre Big data et IA)
  10. Faut-il légiférer ? (de quelle manière encadrer législativement et de manière éthique les innovations technologiques ? quelles interventions de l’état – ou inter-étatiques – possibles ? nécessaire évolution de l’école)
  11. Doit-on craindre un « meilleur des mondes » ? (risques totalitaires du transhumanisme ou renouveau démocratique ? proposition d’un serment d’Hippocrate pour les scientifiques spécialistes des NBIC)
  12. Jusqu’où pousser la recherche ? (le transhumanisme comme nouvelle religion)

J’ai indiqué par un * les chapitres sur lesquels je me suis davantage attardée. Le chapitre 8 fait un rapide historique de l’intelligence artificielle, sur la définition de l’intelligence, sur la difficulté de l’école à s’adapter aux problématiques actuelles de l’IA, sur les risques de l’intelligence artificielle pour l’emploi, sur la distinction entre IA faible et IA forte et sur la loi de Moore.

Mon avis sur l’ouvrage

Le caractère souvent décomplexé de la conversation m’a parfois quelque peu désarçonnée, mais j’ai trouvé la structure très fluide et intéressante, et avec un recul sur ces différentes questions, je pense qu’elles peuvent être reprises presqu’à l’identique dans le cadre de débats menés en classe avec les élèves.


Des robots et des hommes : Mythes, fantasmes et réalités, de Laurence Devillers

Là encore, il s’agit d’une publication sur la question qui remonte à quelques années (2017).

L’ouvrage s’ouvre par une fiction « LILY, ma robote assistante de santé » où l’auteur imagine un futur désormais proche, en 2025, avec des robots compagnons de vie ayant trois niveaux d’adaptation : le niveau 1 sans adaptation, le niveau 2 où le robot peut apprendre certaines tâches, et le niveau 3 où il s’adapte aux habitudes de l’humain.

L’auteure propose des allers-retours entre cette fiction et les avancées de la robotique et de l’intelligence artificielle au moment où cet ouvrage est publié ainsi que les questionnements qu’elles soulevaient : les agents conversationnels, les capacités propres à l’homme et celles propres aux robots, le traitement des données personnelles.

Dans son avant-propos, Laurence Devillers évoque déjà les expériences menées avec les robots japonais Pepper et Paro (et l’utilisation de ce dernier dans l’accompagnement des personnes âgées), des robots Keepon et Nao pour les enfants souffrant de troubles du spectre autistique.

Principalement, elle pose la question de l’intégration des robots sociaux dans notre vie quotidienne, avec les problématiques de la morale, de l’éthique, de l’empathie, du respect de la vie privée. Elle indique 4 leviers à prendre en compte :

  • éduquer à l’éthique des robots
  • expliciter des règles de bonne conduite à coder sur le robot
  • mettre en oeuvre des outils pour vérifier le respect de ces règles
  • adopter une règlementation juridique en cas de non respect

en s’appuyant sur les lois de la robotique d’Asimov.

L’ouvrage se décline ensuite en deux parties.

Dans la première partie « Les robots : science-fiction, mythes et fantasmes », l’auteure revient aux origines littéraires et cinématographiques de la robotique :

  • Frankenstein ou le Prométhée moderne, de Mary Shelley
  • le mot ROBOT qui trouve son origine chez Karel Capek
  • et évidemment Asimov pour la littérature

Concernant les mythes et fantasmes cinématographiques, elle les fait remonter à Prométhée, Pygmalion, à Faust et au Golem, aux questionnements philosophiques de Descartes (qui dissocie corps et esprit) et aux différences culturelles de perception des robots entre l’Occident et le Japon.

S’ensuivent les références cinématographiques de Metropolis, 2001, Star Wars, A.I., WALL-E., Her, et les séries Real Humans et Westworld, qui posent d’un point de vue fictionnel les problématiques soulevées dans l’avant-propos.

Dans le troisième chapitre de cette première partie « L’intelligence des machines : halte aux fantasmes ! », l’auteure revient sur la définition de l’intelligence et fait un rappel historique de ce que recouvre l’intelligence artificielle (Turing, modes d’apprentissage, hivers de l’IA, recherches menées par les GAFAM et transhumanisme, mythe de la singularité et lettre ouverte de 2015 alertant sur les dangers de l’IA).

Quelques points de réflexion :

  • Tay, l’intelligence artificielle de Microsoft entraîné par les utilisateurs à tenir des propos racistes et antiféministes
  • les failles de la technologie de reconnaissance faciale de Google Photos
  • citation mentionnée de Gérard Berry, informaticien et professeur au Collège de France

L’homme est lent, peu rigoureux et très intuitif. L’ordinateur est super rapide, très rigoureux et complètement con.

L’auteure rappelle l’urgence d’aller au-delà du test de Turing pour prendre en compte les nouvelles capacités de l’I.A.

Dans la deuxième partie « Les robots : aujourd’hui et demain », l’auteure s’intéresse à ce qui lie robotique, intelligence artificielle et problématiques sociales et morales.

Dans le chapitre « Qu’est-ce qu’un robot social ? », elle évoque les fonctionnalités les plus récentes des robots, avec les dimensions développées : autonomie, apprentissage et empathie.

Elle définit selon différents critère la robotique sociale : le robot perçoit ce qui l’entoure, peut apprendre et interagir avec nous, et ces différents enjeux dans les chapitres suivants :

  • un robot doit-il le plus possible ressembler à un humain ? va-t-on faire plus confiance à un robot humanoïde ?
  • un robot peut-il manifester de l’empathie ou en susciter ? qu’est-ce qui distingue l’homme du robot dans l’expression des émotions ? une machine peut-elle apprendre à détecter les émotions et adapter sa réponse en conséquence ?
  • comment intégrer aux innovations technologiques la morale et le respect de la vie privée et des données personnelles ?

Pour illustrer cette dernière question, l’auteure cite la nouvelle de John McCarthy, Le Robot et le bébé, où le robot doit déroger à une première règle de fonctionnement pour respecter la deuxième.

Elle soulève également la question de la responsabilité en matière d’intelligence artificielle : qui est responsable entre le concepteur du programme, l’ingénieur, l’opérateur et l’utilisateur ?

Règles et responsabilités interviennent dans les champs suivants :

  1. sécurité civile,
  2. opérations militaires,
  3. voitures autonomes (Moral Machine)

Concernant les relations que les humains peuvent avoir avec un robot social, l’auteure rappelle le rôle chez l’enfant du doudou comme objet transitionnel (note personnelle : ce que constitue déjà le smartphone pour un certain nombre de personnes – voir nomophobie) avec les risques que cela induit : addiction, confusion, repli sur soi.

Les deux derniers chapitres évoquent les peurs suscitées par les robots (piratage, surveillance, risques économiques) et la nécessité d’éviter les deux écueils que sont les craintes irrationnelles et le trop plein de confiance, ce qui amène naturellement à l’épilogue de l’ouvrage, une proposition de onze commandements pour les applications sociales de la robotique, où figurent en premier lieu les données privées et le droit à l’oubli.

Mon avis sur l’ouvrage

Parmi les ouvrages traitant de la question de l’intelligence artificielle par le biais des sciences humaines et en particulier de la philosophie, des émotions et de la morale, cet ouvrage est le plus intéressant que j’ai pu lire jusqu’ici.

La porte d’entrée de la fiction, avec les robots compagnons et les allers-retours avec les questionnements actuels sont assez vertigineux et captivants, surtout lorsqu’on lit aujourd’hui cet ouvrage publié en 2017.

Il complète de manière plus posée le premier ouvrage, et permet d’assoir les arguments qui pourraient survenir dans un débat sur l’intelligence artificielle en classe.


Revue de presse

Pour cette revue de presse, j’ai décidé de ne pas trop détaillé le contenu des périodiques concernés et de me concentrer sur ce que j’ai pu trouver de plus récent – hors quotidiens, sur les aspects sociaux, philosophiques et artistiques de l’intelligence artificielle. J’ai donc retenu deux documents :

Naomi Klein : « Les IA organisent le plus grand pillage de l’histoire de l’humanité ». Courrier international n°1700, 01/06/2023, p.44-45

Dans cette tribune publiée dans The Guardian, Naomi Klein revient sur les « hallucinations » autour des dernières innovations de l’intelligence artificielle et fait se confronter certaines utopies (utiliser l’IA pour prendre des décisions, pour transformer le monde du travail, pour améliorer l’accès à l’information) et leurs revers (consommations, crise climatique, dérives politiques et économiques.

L’IA va-t-elle nous remplacer ?. Le 1 n°432, 01/02/2023, p.1-6

Dans le numéro de cette revue hebdomadaire, j’ai retenu :

  • les Repères en page 5 « Rêves prométhéens » qui proposent une chronologie littéraire et cinématographique de l’IA.
  • dans le Zoom en page 6 « À quand un ChatGPT français ? », Isabelle Ryl évoque le supercalculateur Jean-Zay et le modèle de langage Bloom, un modèle de langage ouvert, responsable et explicable.
  • dans « L’art au temps de l’intelligence artificielle » Marion Carré revient sur les questionnements récents (et qui font écho à la grève des scénaristes et des acteurs à Hollywood) : l’IA peut-elle être artiste ? quels risques dans l’uniformisation des goûts ? quels sont les droits concernant une oeuvre générée par l’intelligence artificielle ?
  • enfin dans son enquête « Le défi de l’éducation », Manon Paulic revient sur la nécessite de repenser l’enseignement : évalue-t-on la capacité des élèves à emmagasiner et restituer des connaissances ou son raisonnement critique et sa créativité ?

Ce dernier débat me renvoie à l’opposition entre les sophistes et Socrate dans les dialogues platoniciens… et ouvre sur l’une de mes prochaines lectures, que j’évoque dans la partie Ressources.

Ressources

J’avais songé à l’origine faire le compte-rendu dans cette note d’un troisième ouvrage : Data-Philosophie de Sonia Bressler, en y abordant uniquement ce qui a trait à l’intelligence artificielle, mais l’ouvrage opte visiblement pour un questionnement plus large et qui m’intéresse, j’en ferai donc le compte-rendu dans un article ultérieur.

Octobre 2023 : séances et animations du CDI

Pour ce deuxième article de l’année scolaire 2023-2024, je reviendrai plus en détails sur les activités professionnelles menées entre le 27 septembre et le 20 octobre.

Dans l’article du mois de septembre, je suis surtout revenue sur les actions de communication et les sélections thématiques proposées.

Ce mois-ci, je vais davantage aborder les séances pédagogiques menées, en particulier les visites des élèves de secondes.

Séances et actions pédagogiques

Dans un premier temps, voici les séances menées entre le 28 septembre et le 20 octobre :

  • visites de seconde : nous avons cette année 14 classes, que nous accueillons en demi-groupe. Nous avons terminé ces séances le 19 octobre avec la dernière classe.
  • EMC (seconde) : une collègue m’a sollicitée pour suivre ses élèves dans le cadre de recherche au CDI. Sont prévues trois séances au CDI et une séance de présentation orale.
  • visites des 1STMG : l’an dernier nous avions accueilli 6 groupes des 4 classes de 1STMG, pour l’instant nous avons vu trois groupes.
  • EMC (première) : deux classes travaillent sur le thème du lien social en s’appuyant sur les ressources du CDI, avec les mêmes modalités d’organisation que les classes de seconde en EMC.
  • EMC (TSTMG) : je travaille en collaboration avec un collègue avec cette classe sur les controverses scientifiques.
  • spécialité HGGSP (terminale) : deux groupes sont venus pour commencer des recherches dans le cadre de la préparation du grand oral
Identité visuelle des séances pédagogiques

Je l’avais indiqué dans l’article du mois de septembre, j’ai commencé à retravailler la manière dont je conçois mes scénarios pédagogiques et mes fiches d’activités à destination des élèves cet été.

L’idée à l’origine me venait de deux collègues (et amies) professeures documentalistes en collège avec qui j’ai l’habitude d’échanger : Camille Sapina qui est dans l’académie de Bordeaux et Floriane Sallé, avec qui j’ai travaillé un an et qui est presque ma voisine, puisqu’elle exerce dans un collège à Étampes.

Les deux ont dernièrement utilisé soit pour des voyages scolaires, soit au quotidien au sein du CDI une mascotte : Marcus le lapin qui part en voyage avec les élèves latinistes pour Camille, Guigui le perroquet pour Floriane. Je me suis aussi souvenu de la mascotte de la classe médias de Lionel Vighier il y a quelques années.

Vous me direz, une mascotte au lycée, est-ce vraiment pertinent ? Et je me posais la même question…

Mais j’ai voulu aller plus loin dans ma réflexion, et comme j’étais en train de reprendre mes séances en SNT pour leur donner plus de cohérence, je me suis dit qu’il faudrait faire correspondre une version numérique dans le rendu visuel de la séance – certains collègues utilisent bien un avatar – à une mascotte physique que les élèves retrouveraient au CDI.

En gros, il s’agirait d’un rituel d’enseignement mis en place avec les élèves qui leur permettrait d’identifier directement les séances qu’ils font soit au CDI, soit avec la professeure documentaliste.

Cette version numérique de la mascotte pourrait apparaître sur les fiches élèves à deux occasions :

  • soit pour rappeler les objectifs de la séance
  • soit pour solliciter la parole des élèves au lieu de la mienne (littéralement, remplacer les moments où je jacte de manière descendante par une interaction avec eux)

J’ai commencé à réaliser les fiches élèves de mes séances avec Canva, et j’ai trouvé dans un premier temps la version numérique de cette mascotte, que j’ai baptisée Chat Bla-bla.

Il ne me restait plus qu’à lui trouver un équivalent physique, en deux exemplaires sur les conseils de plusieurs personnes (parce que les doudous il les faut en double), et cet équivalent physique a dépassé mes espérances (et mes intentions) lorsque je l’ai présentée à une amie qui se reconnaitra et qui m’a dit :

Il est arc en ciel 🌈 cha-bla-bla ! J’adore ! Et les yeux vairons pour lutter contre les discriminations … et des oreilles avec des paillettes : un peu trans !

Je n’avais pas réfléchi jusque-là, je l’avais juste choisi pour son côté un peu original et anticonformiste en mode « soyez vous-mêmes », et grâce à cette amie j’en faisais aussi un compagnon de l’apaisement du climat scolaire et du bien-être des élèves !

Et du coup concrètement, comment ça se passe ?

Voici Chat Bla-bla avant son installation au CDI.

Il est arrivé au CDI peu après la rentrée, et a été assez rapidement remarqué par certains habitués (dont l’une régulièrement l’appelle juste Bla-bla). Il n’est là que quand je suis au CDI, il rentre avec moi le week-end, et il vient avec moi lorsque je pars pour des activités extérieures à l’établissement.

Il m’accompagne donc en formation, et il a eu droit à son premier post sur le compte Instagram du CDI le 29 septembre dernier.

J’en profitais pour présenter sa version numérique (moins colorée) aux élèves :

Outre cette identité visuelle qui fera partie intégrante désormais de mes séances pédagogiques, j’ai repensé l’organisation de la visite de mes classes de seconde en essayant de renforcer les notions à retenir à l’intérieur des temps ludiques de la séance.

Visites du CDI : l’enrobage de l’escape game

L’an dernier, j’avais inauguré pour la première fois ce nouvel escape game « La quête du savoir » où je souhaitais que les élèves découvrent le CDI de manière ludique en étant par équipes, et en utilisant à la fois des ressources papier et numériques.

J’avais tout de même l’impression de beaucoup trop parler au début et de les noyer d’informations, et aussi qu’ils participaient à cet escape game sans forcément en retenir grand chose (mon objectif principal étant de les faire revenir au CDI).

J’ai donc tâcher de travailler sur ces deux impressions, et j’ai produit pour chaque équipe une fiche supplémentaire recto-verso. Sur le recto, un rappel des objectifs, de l’activité de l’escape game et des trois équipes :

Sur le verso, des questions propres à l’équipe mais également sur le fonctionnement du CDI. Voici un exemple avec l’équipe des archivistes :

À la fin de la séance, j’ouvre un Digiscreen où j’utilise :

  • la fonction de tirage au sort qui me permet de demander à l’une des trois équipes de répondre
  • le dé qui détermine de façon totalement aléatoire combien de points vaut la question

Une fois la séance lancée, je n’y pense pas forcément, mais je rajoute un nombre de points aléatoires à l’équipe qui trouve en premier Chat Blabla sur le bureau…

J’aurai l’occasion de revenir un peu plus tard dans l’année sur les modifications apportées aux autres séances menées et sur les conceptions de nouveaux scénarios.

J’en profite aussi pour ajouter ici un post Instagram publié fin septembre et expliquant aux élèves pourquoi le CDI est souvent réservé à des classes :

Valorisation du fonds

Dans cette rubrique, j’indique à la fois la réorganisation des espaces (et la mise à jour de la réflexion sur cet aménagement), les sélections thématiques et les animations proposées.

Réflexion sur l’organisation des espaces

Fin septembre, Roman a eu l’idée de réorganiser le coin lecture pour qu’il soit plus aéré et plus agréable pour les élèves, et pour mieux mettre en valeur également le rayon Généralités et le rayon Langues.

Voilà le résultat en images :

J’ai posté le visuel dans la foulée sur Instagram avec un petit sondage, et ce nouvel aménagement a fait la quasi unanimité (moins une voix) :

Cela m’a aussi permis de mettre à jour une présentation sur l’aménagement des espaces que je propose aux étudiants de Master 2 de Montpellier :

Sélections thématiques

Voici les sélections thématiques proposées entre le 27 septembre et le 20 octobre.

  • toujours installée : la sélection sur la Coupe du Monde de rugby
  • sélection : journée mondiale de la non-violence

Affiche réalisée sur Canva

Sélection proposée du 2 au 12 octobre.

  • sélection Fête de la science

Présentation cliquable réalisée sur Genial.ly

Sélection mise à disposition le 6 octobre, avec un article publié le même jour sur le blog du CDI.

  • sélection Octobre rose

Affiche réalisée sur Canva

Sélection proposée du 6 au 17 octobre, et inspirée par les actions de différents profs docs, dont Corentine qui est au lycée Michelet d’Arpajon.

  • nouveautés documentaires

Affiche réalisée sur Canva

Sélection proposée à partir du 12 octobre.

  • nouveautés fictions + sélection arc-en-ciel

Parmi ces nouveautés, il y avait beaucoup de sélections faites par des élèves, ce qui m’a permis de les valoriser sur le compte Instagram du CDI :

J’ai ensuite proposé une sélection arc-en-ciel en m’appuyant sur leurs recommandations :

Cette sélection a été installée le 13 octobre au CDI :

  • puzzle collaboratif

Suite à la demande d’une élève de terminale, j’ai attendu que la quasi totalité des classes de seconde ait visité le CDI pour lui faire choisir le premier puzzle collaboratif de l’année.

Il a été installé le 16 octobre, avec le défi un peu ambitieux de le terminer le vendredi des vacances :

Communication

Ce mois-ci, les actions de communication m’ont permis de valoriser des actions sur le compte Instagram du CDI, qui poursuit sa lancée. Je n’en ai pas pour autant délaissé les autres canaux de communication…

Bulletin de veille E-INSTANT CDI

Concernant ce bulletin de veille que j’essaye d’envoyer à peu près régulièrement aux enseignants, je l’ai mis à jour tout début octobre, mais les aléas du numérique au lycée (et plus généralement en région Ile de France) et de l’ENT ne m’ont pas permis de l’envoyer immédiatement. Je ne l’ai donc envoyé que le 17 octobre sur l’ENT.

Blog du CDI

Durant cette période, j’ai publié les articles suivants :

  • 30 septembre : la présentation de la sélection sur la non violence
  • 2 octobre : un Zoom Actu sur les conflits, les migrations et le droit d’asile

  • 6 octobre : la présentation sur la Fête de la science et la sélection Octobre rose
  • 12 octobre : les nouveautés documentaires et la sélection arc-en-ciel
  • 16 octobre : le partage d’une affiche d’information sur les ateliers « apprendre à apprendre » proposés par des collègues
Blog sur l’orientation

J’ai publié deux articles le 6 octobre : l’un sur le salon Post-bac, l’autre présentant la newsletter du CIO.

Blog sur les ressources numériques

Pour ce blog à destination des enseignants, je n’ai ce mois-ci publié aucun article. J’avais prévu de présenter l’abonnement via le Mediacentre à la version en ligne du Monde, auquel le lycée est abonné… je me suis fait couper l’herbe sous le pied par un collègue qui a donné l’information sur le groupe Whatsapp de la salle des profs…

Compte Instagram du CDI

Le compte Instagram du CDI arrive quasiment à 100 abonnés au bout de son mois et demi d’existence, je suis donc ravie !

J’essaye d’y poster au moins 2 publications par semaine et de les mettre en story pour qu’elles soient plus visibles, et j’alterne les photos postées directement et les publications sur lesquelles je vais prendre un peu plus de temps pour soigner le visuel…

J’ai pu ainsi poster directement le carton de la commande reçue fin septembre, les nouveautés, les ouvrages prêtés en consultation sur place par un collègue d’histoire-géo, et de temps en temps je reprends la série des « Le saviez-vous ? » sur Canva et j’y ajoute une nouvelle page :

La semaine avant les vacances, le compte était un peu plus actif, puisque je prévenais les élèves de l’absence de Roman, parti en voyage scolaire en Angleterre :

Je tentais de stimuler ce compte pour qu’il atteigne ses 100 premiers abonnés :

et je partageais la suite des aventures de Chat Bla-bla :

Activités de gestion

Ce mois-ci les activités de gestion se sont concentrées sur

  1. le traitement des deux commandes arrivées fin septembre,
  2. la préparation de deux autres commandes transmises à l’intendance mi octobre
  3. et pour moi le suivi de l’attribution des licences numériques dans le médiacentre

Autres activités

Enfin j’en termine comme à mon habitude par les autres activités professionnelles de la période, et avec la mini-rubrique des mercredis studieux.

Réunions, stages, déplacements
  • 2 octobre : formation de formateurs à Marly-Le-Roi sur les modalités d’organisation de la formation continue dans l’académie de Versailles…
  • 5 octobre : le deuxième cours pour les étudiants de Master 2 de l’université de Montpellier, en collaboration avec mon ancienne proviseure, sur l’arrivée dans un établissement et sur son fonctionnement
  • 18 octobre : le troisième cours sur le projet d’établissement et la politique documentaire
Les mercredis studieux

Comme je l’avais annoncé au mois de juin et de juillet, j’ai arrêté en fin d’année scolaire dernière la mission que j’exerçais depuis 8 ans tous les mercredis auprès de la Direction du Numérique pour l’Éducation.

Voici donc un petit aperçu de ce à quoi j’occupe désormais mon temps le mercredi, puisque j’arrive à m’y tenir et à avoir des journées de travail assez fournies…

  • 27 septembre : le matin, attribution des licences numériques. Le midi, récréatif : déjeuner avec mon ex-binôme de la DNE au 122. L’après-midi, lecture de deux chapitres d’un ouvrage sur l’intelligence artificielle pour les prochaines notes de lecture.
  • 4 octobre : finalisation de la préparation du cours de M2 du lendemain, préparation du cours des TSTMG du lendemain sur les controverses scientifiques, lectures des ouvrages et des articles sur l’intelligence artificielle.
  • 11 octobre : préparation du cours de M2 du 18 octobre, mise à jour du déroulé de cours (sur l’année) et du contenu du cours du 18 en fonction des besoins des étudiants. Travail sur la compétence « Partager et publier » de PIX. Réalisation du parcours d’auto-positionnement de PIX+édu

  • 18 octobre : le 3e cours des M2, la finalisation de cet article, l’envoi de mails, la suite de mes lectures sur les data et ma lecture en retard du numéro d’InterCDI sur la photographie de presse

Voilà pour ces activités du mois d’octobre, je m’arrête pour cet article et publierai pendant les vacances l’épisode 4 de mes notes de lecture sur l’intelligence artificielle.

D’ici là, je vous souhaite à toutes et tous de bonnes vacances et vous dis à très bientôt sur Cinephiledoc !

D’une Helen(e) à l’autre, en passant par Fanny et Alma

Au moment où je commence la rédaction de cet article, je pose sur mon temps libre mes lectures pour visionner en boucle deux documentaires de la chaîne YouTube Arte Cinéma (et j’en profite jusqu’au bout avant qu’ils ne soient plus disponibles, et je suis sur le point de me renseigner pour continuer à les regarder).

Les documentaires Arte cinéma sont des bijoux

Ces deux documentaires, ce sont :

Mon mois d’octobre (voire mon mois de novembre parfois, c’est comme la semaine de la presse, ça ne dure jamais qu’une semaine) est souvent – toujours, généralement, immanquablement – truffaldien.

Mon mois de février souvent aussi, mais c’est régulièrement à l’automne que je lis Truffaut, que je pense Truffaut et que je revois Truffaut.

Visionner en boucle ces deux documentaires a prolongé l’une des deux lectures qui font l’objet de cet article.

Quant à l’autre, elle m’a simplement donné l’inspiration pour son titre, mais évidemment je n’y reviendrai que plus loin, tout à mon plaisir de digresser dans un premier temps sur Fanny et sur Alma, Helen viendra après.

Fanny Ardant et moi

Concernant Fanny Ardant : Naissance d’une passion, je l’ai découvert un vendredi soir sur YouTube, ayant laissé passer une soirée consacrée à Fanny Ardant et diffusée sur Arte au mois de septembre.

J’emprunte à Vincent Delerm le titre de sa chanson, qui était contemporaine, en 2002 de ma découverte du cinéma de Truffaut et donc de Fanny Ardant. Je l’avais certes aperçue dans d’autres films, mais c’est avec Truffaut que j’ai appris à aimer son jeu, sa silhouette et sa voix.

J’avais réussi à me procurer à l’époque Les Dames de la côte en cassette vidéo, et j’étais parvenue à aller la voir au théâtre Edouard VII jouer Sarah avec Robert Hirsch (il va sans dire que je l’avais trouvée magnifique en Sarah Bernhardt), puis La Maladie de la mort au théâtre de la Madeleine.

Je l’ai adorée dans 8 Femmes, mais je ne suis pas non plus une inconditionnelle qui scrute aujourd’hui la moindre de ses apparitions.

En revanche, ce documentaire qui explore Fanny Ardant à travers François Truffaut, et qui est ponctuée de phrases envoûtantes – « J’aime ceux que j’agace, parce que je me dis que j’arriverai peut-être à les convaincre », je l’ai regardé comme si je cherchais à en imprimer la moindre inflexion de voix en moi.

Dans l’ombre d’Hitchcock : Alma et Hitch

Après mon troisième visionnage du documentaire sur Fanny Ardant, la lecture automatique sur YouTube m’a proposé de revoir un documentaire que j’avais vu un peu plus tôt au mois de septembre, et qui fait partie selon moi de certains indispensables pour mieux appréhender le cinéma d’Hitchcock.

Pour comprendre Hitchcock, il y a évidemment une littérature assez imposante, des ouvrages absolument passionnants comme les entretiens Hitchcock / Truffaut,  le Dictionnaire Hitchcock de Laurent Bourdon, ou encore le Hitchcock de Patrick Brion.

Côté documentaires et films, il y a :

  • le film Hitchcock avec Anthony Hopkins et Helen Mirren, qui revient sur le tournage de Psychose
  • l’excellent documentaire 78/52 qui fait l’analyse de la scène de la douche dans le même Psychose
  • le documentaire Hitchcock / Truffaut réalisé en 2015
  • et ce documentaire Dans l’ombre d’Hitchcock… mais cette liste est loin d’être exhaustive, et j’adore également une vidéo YouTube qui montrait toutes les apparitions d’Hitchcock dans ses films (il en existe d’ailleurs plusieurs, en voici un exemple)

Dans le documentaire consacré plus spécifiquement au couple Alma et Hitch, on entend évidemment la voix de Truffaut, enregistrée durant les fameux entretiens avec la collaboration précieuse d’Helen Scott.

Helen Scott est la deuxième Helen du titre de mon article, mais si elle arrive en deuxième, c’est tout de même à elle que je dois le déclic qui m’a fait réaliser que je parlerai d’elle (et d’une autre Helen) pour ce compte-rendu de lecture du mois d’octobre.

Have you heard… of Helene Hanff ?

Ma rencontre avec la première Helene remonte à mai 2023, et nous nous serions rencontrées avant, puisque son nom d’auteur figurait dans ma liste de lecture depuis l’été 2022.

J’avais lu à l’époque L’Infini dans un roseau, d’Irène Vallejo.

Dans ce livre foisonnant qui revient sur l’invention du livre et des bibliothèques, tout en proposant un itinéraire de lectrice, l’auteur évoquait au détour d’une page (et en note de bas de page) un autre texte, qui avait immédiatement retenu mon attention : 84, Charing Cross Road, de Helene Hanff.

J’ai ajouté ce livre dans ma liseuse, mais je ne l’ai ouvert qu’au mois de mai suivant, et j’ai eu un tel coup de foudre pour ce texte, dévoré en moins de deux heures, que je l’ai immédiatement commandé à ma librairie en 5 exemplaires, en en laissant un au passage à ma libraire qui ne le connaissait pas.

Je me suis fait l’effet d’être une lectrice qui n’aurait pas démérité aux yeux du lecteur François Truffaut, qui était lui aussi capable d’acheter les livres qu’il aimait en plusieurs exemplaires pour les offrir à son entourage.

Dans ce texte fulgurant, lumineux, drôle et touchant, Helene Hanff, une New-Yorkaise fauchée, entretient une correspondance avec Frank Doel, un libraire londonien.

Je dois à Laura Truffaut d’avoir appris que ce texte avait été porté à l’écran avec Anne Bancroft et Anthony Hopkins, et voir ce film était encore dans ma to do list, jusqu’au 1er octobre, où j’ai sauté le pas, l’ayant trouvé sur Amazon Prime.

Cette adaptation, où Anne Bancroft est parfaite, m’a fait me souvenir d’un film que j’avais adoré la seule et unique fois où j’ai pu le voir dans un cycle Sidney Lumet à la cinémathèque : À la recherche de Garbo. On connaît généralement Anne Bancroft pour son rôle de Mrs Robinson dans Le Lauréat, mais elle est à la fois drôlissime et touchante (en tout cas dans mon souvenir) dans ce film et dans le rôle d’Helene Hanff.

Dans cette adaptation, j’ai aussi découvert Judi Dench, et cela m’a fait tout drôle de la voir dans des rôles avant celui de M. dans James Bond.

Reverrai-je un jour le film de Sidney Lumet ? Je l’espère !

Dans tous les cas, Helene Hanff est une correspondante irrésistible, extravagante, qui s’enflamme et se révolte, tantôt attachante, tantôt agaçante.

J’ai rangé ce livre dans l’écrin des favoris de ma bibliothèque, et lorsque j’ai abordé ma seconde lecture (et ma seconde Helen), la première Helene m’est revenue en mémoire.

Les deux Helen(e) n’ont cessé de se mélanger et de s’alimenter l’une l’autre dans mon esprit, et c’est en empruntant le titre du roman photo d’Hitchcock, « Have you heard ? » que j’évoque la première, quand c’est la même manie d’entretenir une correspondance qui a fait surgir la seconde.

Les Helen sont des épistolières redoutables

La seconde, c’est Helen Scott.

Helen Scott, les admirateurs de François Truffaut la connaissent bien. C’est elle qui accueille Truffaut à New York en pleine promotion des Quatre cents coups.

Elle participe à l’aventure des entretiens avec Hitchcock, permettant la publication simultanée en anglais et en français. Elle assiste au tournage de Fahrenheit 451, et elle s’installe à Paris à la fin des années 60.

Suite à leur rencontre en 1960, Helen Scott et François Truffaut commencent à correspondre, et si ses lettres sont bien plus nombreuses (et bien plus longues) que celles de Helen Hanff, elle y fait montre de tout autant d’exubérance et d’humour.

Cette relation amicale et fusionnelle, Serge Toubiana l’avait merveilleusement racontée en 2020, avec L’Amie américaine publié aux éditions Stock.

Cette fois, pour le plus grand bonheur des cinéphiles, ce qu’il nous offre, c’est la correspondance entre le « petit Truffe » et la « grande Scottie » entre 1960 et 1965.

Évidemment, comme pour chaque ouvrage s’intéressant à Truffaut (et dans une moindre mesure à Hitchcock), je n’ai pas pu résister et je l’ai immédiatement ajouté à ma bibliothèque.

Sa lecture cet été a fait mes délices.

Dans sa préface, Serge Toubiana rappelle qu’à plusieurs lettres écrites par semaine par Helen, Truffaut ne répond qu’une lettre tous les deux ou trois mois… elle est exigeante, ses lettres débordent d’anecdotes, d’esprit et d’affection.

Lire une correspondance n’est pas toujours quelque chose d’aisé, en tout cas de mon point de vue. Il faut au-delà de la relation entre les correspondants, que le lecteur puisse créer une certaine connivence avec eux, pour avoir envie d’entrer dans cette relation.

Cette connivence, même subjective et acquise de mon point de vue, est immédiate lorsqu’on lit les lettres échangées entre Helen Scott et François Truffaut.

Côté Truffaut, on assiste (en coulisses) à la maturation de son oeuvre durant cette période, qu’il s’agisse de ses films comme des entretiens avec Hitchcock et la préparation de Fahrenheit 451.

Côté Helen, on est tour à tour amusé et ému par cette femme pleine de tendresse et d’esprit, qui tourne ses lettres avec virtuosité. En témoignent ces quelques pages qui m’ont frappée…

Un poème en réponse à celui envoyé par Truffaut :

Un dialogue avec elle-même :

Ou bien un dialogue imaginaire avec François Truffaut :

Excessive et attendrissante, c’est avec cette citation qu’elle m’a définitivement bouleversée :

L’amour maternel est possessif et inquiet, l’amour sexuel – n’en parlons pas ! Alors que la relation que j’ai avec vous est complètement rassurante et de tout repos. Il y a plus de hauts que de bas, et il n’y a jamais de crises. Si je ne suis pas aimée, dans le sens généralement accepté, je joue, en tout cas, un rôle dans votre vie. Et ce qui est bien plus important, je trouve en vous l’objet idéal d’une affection qui a été bafouée dans mon enfance ainsi que dans ma vie sentimentale.

À la fin de l’ouvrage figurent une note sur l’édition expliquant les choix opérés dans la retranscription de cette correspondance, et une notice biographique sur Helen Scott, à laquelle on préférera de beaucoup lire, relire et relire encore L’Amie américaine.

Elle se termine néanmoins sur une phrase qu’on ne lit pas sans sentir une certaine émotion monter au coeur en même temps qu’une larme monter aux yeux :

François Truffaut est mort le 21 octobre 1984, à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine. Helen Scott est morte trois ans plus tard, dans la nuit du 20 octobre 1987. Lui avait 52 ans. Elle en avait 72.

Et lorsque l’on finit sur cette phrase, on est tenté de reprendre le livre à son commencement (comme j’ai repris les images cinéphiles des documentaires Arte) pour suivre à nouveau leurs voix.

Je renvoie pour la énième fois et comme une boucle à cette citation de Fanny Ardant :

On ne rencontre jamais quelqu’un qu’on a aimé impunément. Aimer quelqu’un, ce n’est pas forcément le voir ou le toucher, c’est d’avoir changé quelque chose de soi, pas parce qu’on a abandonné, mais parce qu’on a été impressionnée au sens fort du terme – imprégnée – par des façons de penser, par des façons d’agir, par des façons de raisonner, qui fait qu’on ne sera plus jamais la même. Alors la véritable impression, c’est ce qui fait que comme sur un tableau, la couleur ne peut plus changer.

Et je laisse ces silhouettes féminines imprégner la pellicule : Helene Hanff, Helen Scott, Alma Hitchcock, Fanny Ardant.

Septembre 2023 : séances et animations du CDI

Voici un premier article pour cette nouvelle rentrée scolaire, que j’ai mis un peu de temps à écrire… ceux qui fréquentent ce site et ont parcouru les précédents articles (notes de lecture) auront compris pourquoi !

Ce mois de septembre aura été tout en effervescence et en ébullition et je vais tâcher, du coup, d’en donner un aperçu quelque peu ordonné…

Je me concentrerai sur les activités menées entre le 31 août et le 27 septembre, même si j’aurais pu inclure dedans ce que j’ai fait pour préparer cette rentrée depuis le 16 août.

J’inaugurerai également une nouvelle partie : les mercredis studieux, où j’indiquerai quelques activités menées durant ce temps retrouvé (expression que la proustienne que je suis savoure…)

Préparation de la rentrée

Pour cette nouvelle rentrée, comme j’ai cette fois à mes côtés un collègue titulaire du poste (mais c’est le même depuis 3 ans, puisqu’il s’agit de Roman qui a obtenu le poste au mois de juin), j’ai pu préparer sereinement des animations, des présentations et des scénarios pédagogiques.

  • sur le bullet journal

J’avais déjà partagé au mois de juin un petit aperçu de cette préparation, avec mon fidèle bullet journal, et ce dernier m’a donc accompagné dans la poursuite de ces activités.

J’ai donc rempli scrupuleusement une première double-page en juin, avec surtout la préparation des sélections thématiques de septembre, la mise à jour de scénarios existants et la réalisation de présentations à des fins de communication aux équipes.

J’ai également anticipé avec une double-page consacrée aux animations prévues jusqu’au mois de décembre.

Enfin une troisième double-page, partagée entre gestion / communication, formations / autoformation et pédagogie m’a permis d’avancer à partir de la mi-août.

  • juin / juillet / août

Voici donc une énumération des activités menées entre la fin des cours au lycée et la reprise.

En juin : mise à jour des scénarios de visites des élèves entrant au lycée, conception de séances en SNT (internet et web) préparation des sélections thématiques de septembre, lectures sur l’intelligence artificielle, présentation des ressources numériques du lycée.

En juillet : mise à jour de mon cours de Master 2 sur la veille, suite des lectures sur l’intelligence artificielle, mise à jour de mon CV sur Iprof (en vue de mon rendez-vous de carrière).

En août : mise à jour de l’escape game des secondes, élaboration de l’identité visuelle de mes séances pédagogiques, participation à Ludovia, suite des lectures sur l’intelligence artificielle et réalisation d’un jeu sur l’IA.


J’ai indiqué en gras ci-dessus les éléments que je vais présenter dans cet article, et je présenterai progressivement les autres pendant l’année dans les articles suivants, sachant que d’autres activités se sont ajoutées et que je vais également les détailler ci-dessous.

Une fois n’est pas coutume, je commencerai par la communication, puisqu’il y a une petite nouveauté cette année, parmi d’autres actions menées.

Communication

Chaque année, je fais en sorte de présenter l’ensemble des actions du CDI pour l’équipe éducative du lycée, afin qu’ils en aient une vision à la fois claire et globale, et pour donner aux personnes arrivant dans l’établissement des outils.

Ressources du lycée

L’an dernier, j’avais proposé un dossier partagé sur l’ENT que j’avais appelé « Kit de survie », cette année j’ai rassemblé l’ensemble des ressources disponibles sur une seule présentation :

Une fois l’ensemble de ces ressources présentées, j’ai pu pratiquement une par une les mettre à jour.

Bulletin de veille E-INSTANT CDI

Concernant ce bulletin de veille que j’essaye d’envoyer à peu près régulièrement aux enseignants, je l’ai mis à jour dès la mi-août en ce qui concerne son contenu, j’ai proposé un focus justement sur les ressources numériques du lycée, et j’ai changé son logo de page d’accueil tout début septembre en utilisant l’avatar du compte Instagram tout nouvellement créé, et sur lequel je reviendrai plus bas :

Blog du CDI

Ce blog a repris du service dès le 5 septembre avec un visuel rappelant également aux élèves les outils de communication du CDI :

J’ai ensuite réussi à publier assez régulièrement d’autres articles :

  • 3 articles le 7 septembre avec les premières sélections thématiques de l’année (11 septembre, les journées du patrimoine et la coupe du monde de rugby)
  • une première revue de presse le 9 septembre sur la coupe du monde
  • le 14 septembre, une affiche présentant la sélection sur Picasso et une seconde revue de presse sur le tremblement de terre au Maroc
  • le 21 septembre, une présentation des nouveautés du rayon cuisine
  • le 25 septembre, une sélection Bibliodiversité
Blog sur l’orientation

Ce blog a également repris du service avec 7 articles publiés présentant les salons de l’étudiant organisés au mois d’octobre, et un article consacré au salon Your Future qui se tient également en octobre au stade Roland Garros.

Blog sur les ressources numériques

Pour ce blog à destination des enseignants, j’ai mis à jour un visuel réalisé sur Canva et proposant des focus sur les certaines ressources numériques mises à disposition dans le mediacentre.

Ce mois-ci, c’est donc une nouvelle ressource, Mathlive, que j’ai présentée :

Zoom Actu CDI

Comme je l’ai indiqué plus haut, c’est sur le blog du CDI que je tente de poster, plus ou moins régulièrement, cette revue de presse qui s’intéresse à un sujet d’actualité (idéalement une fois par semaine, plus généralement tous les 15 jours et en essayant de ne pas reprendre systématiquement les mêmes sujets).

J’ai donc quelque peu levé le pied l’an dernier à voir s’éterniser la guerre en Ukraine, et après avoir traité du réchauffement climatique pour la énième fois… mais le but étant d’inciter les élèves à s’intéresser à l’actualité et aux abonnements du CDI, j’essaie de reprendre cette année de bonnes habitudes.

Donc ce mois-ci, comme je l’ai dit :

  • la coupe du monde de rugby

  • le tremblement de terre au Maroc

Sur le site du lycée

L’une de mes dernières actions du mois de septembre a été de proposer sur le site du lycée une présentation des projets qui seront menés cette année :

Je dois l’idée de cette présentation à Sandrine Duquenne, professeure documentaliste au lycée Émilie de Breteuil à Montigny-Le-Bretonneux, puisqu’elle a proposé une présentation (sous forme de bilan) des projets menés dans son lycée en 2022-2023, ce que j’ai trouvé particulièrement inspirant !

Compte Instagram du CDI

Enfin j’en termine avec le gros chantier du mois, qui me titillait depuis un moment : la création d’un compte Instagram pour le CDI.

J’ai créé ce compte dès le 4 septembre (après y avoir été autorisée par mon chef d’établissement), j’ai proposé dès le 4 septembre les premiers posts sur ce compte afin de lui donner une identité visuelle, et je fais depuis le va-et-vient entre lui et le blog du CDI sur l’ENT pour relayer nos actions.

Je poste ci-dessous certaines réalisations (principalement sur Canva).

  • avatar du compte

  • vidéo de présentation
  • visite virtuelle du CDI mise à jour (réalisée sur Genially)
  • l’affiche avec le QR-code du compte

  • un visuel que j’utilise en story pour présenter certaines actions

  • une vidéo de présentation des nouveautés
  • un visuel lorsque je veux raconter les coulisses du CDI (et amuser les élèves)

  • un visuel pour présenter le blog sur l’orientation de l’ENT au moment de sa remise en service

Pour les autres posts, je vous laisse aller consulter directement le compte sur Instagram, puisque j’y fais la présentation des différentes actions menées au CDI, principalement les sélections thématiques.


Voilà pour ces principales activités de communication qui, je m’en rends compte, ont bien occupé mon mois de septembre.

C’est aussi pour cette raison que je présenterai aussi les séances pédagogiques menées durant la période principalement au mois d’octobre, puisque j’indiquerai à ce moment là les mises à jour effectuées dans les scénarios de visites du CDI et ce que j’ai désigné sous le terme d’identité visuelle de mes séances.

Sélections thématiques / valorisation du fonds

Pour cette période, comme je l’ai indiqué plus haut, j’avais préparé la majorité des sélections au mois de juin.

Pour chacune de ces sélections, je partage ci-dessous l’affiche de présentation et la photo de l’exposition une fois installée.

  • 11 septembre

Affiche réalisée sur Canva

Sélection installée du 31 août au 14 septembre.

  • Journées du patrimoine

Affiche réalisée sur Canva

Sélection proposée du 7 au 21 septembre.

  • Sélection Coupe du monde de rugby

Affiche réalisée sur Canva, exposition toujours en cours.

  • Sélection Picasso

Affiche réalisée sur Canva

Sélection proposée du 14 au 25 septembre.

  • Nouveautés du rayon cuisine (sur la base d’une commande reçue début juillet)

Affiche réalisée sur Canva

Sélection installée le 21 septembre.

  • Sélection Bibliodiversité

Affiche réalisée sur Canva

Sélection installée le 25 septembre.


Ces petites sélections, relayées sur le compte Instagram, permettent de faire découvrir le fond aux élèves. Comme je l’indiquais plus haut, j’ai essayé d’anticiper et j’ai déjà en tête les premières sélections thématiques que je proposerai pour le mois d’octobre.

À ces sélections s’ajoutent aussi deux espaces dédiés aux nouveautés à l’entrée du CDI, et sur lesquels nous avons mis en avant les documents reçus en juillet, en attendant nos prochaines (et dernières) commandes.

Séances et actions pédagogiques

Pour cet article, je reviendrai sur les séances menées entre le 5 et le 26 septembre, sans forcément entrer dans les détails, puisque j’ai indiqué que j’y reviendrai davantage dans l’article du mois d’octobre.

  • visites de seconde : nous avons cette année 14 classes, que nous accueillons en demi-groupe. Entre le 5 et le 29 septembre, nous aurons vu dix classes sur quatorze.
  • EMC (seconde) : une collègue m’a sollicitée pour suivre ses élèves dans le cadre de recherche au CDI.
  • visites des 1STMG : l’an dernier nous avions accueilli 6 groupes des 4 classes de 1STMG, pour l’instant nous avons vu deux groupes.
  • EMC (première) : deux classes travaillent sur le thème du lien social en s’appuyant sur les ressources du CDI
  • enseignement scientifique (terminale) : les collègues en charge de cet enseignement nous sollicite en début d’année pour un rappel de l’utilisation du portail E-SIDOC. Nous avons vu 4 classes de terminale.
  • spécialité HGGSP (terminale) : un groupe est venu pour commencer des recherches dans le cadre de la préparation du grand oral
  • EMC (TSTMG) : une classe vient au CDI pour travailler sur la presse

Activités de gestion

Ce mois-ci les activités de gestion se sont concentrées sur

  1. le traitement des deux commandes arrivées en juillet,
  2. la préparation de deux autres commandes transmises à l’intendance courant septembre
  3. et évidemment pour moi l’attribution des licences numériques dans le médiacentre

Autres activités

Enfin j’en termine comme à mon habitude par les autres activités professionnelles de la période, et avec une nouvelle mini-rubrique annoncée en début d’article

Réunions, stages, déplacements
  • 1er septembre : pré-rentrée
  • 20 septembre : mon premier cours auprès des étudiants de Master 2 de l’université de Montpellier consacré à la présentation de l’épreuve disciplinaire appliquée et à la veille
  • 21 septembre : un premier conseil pédagogique (au menu : le pacte, le calendrier pédagogique de l’année, l’évaluation externe du lycée)
Les mercredis studieux

Comme je l’avais annoncé au mois de juin et de juillet, j’ai arrêté en fin d’année scolaire dernière la mission que j’exerçais depuis 8 ans tous les mercredis auprès de la Direction du Numérique pour l’Éducation.

Voici donc un petit aperçu de ce à quoi j’occupe désormais mon temps le mercredi.

  • 6 septembre : j’ai fait plusieurs activités du parcours d’autoformation au concours de personnel de direction de l’IHEEF. L’après-midi, je suis allée à la réunion de présentation de la formation à ce concours, qui avait lieu au lycée Hoche de Versailles.

C’était l’une de mes pistes de réflexion pour de nouvelles activités professionnelles. Cette réunion m’a permis de constater que je n’étais pas du tout prête à sauter le pas, j’aime pour l’instant trop être professeure documentaliste ^^

  • 13 septembre : j’ai néanmoins continué le matin le parcours d’autoformation que je trouve très intéressant et qui permet de rafraichir ses connaissances sur l’institution. L’après-midi, j’ai avancé sur un quatrième épisode de mes notes de lecture sur l’intelligence artificielle.

Je suis également retournée sur PIX, afin de consolider mes compétences numériques, puisque (plutôt que passer le concours de perdir) je suis plus tentée par la certification PIX+ÉDU. J’ai donc travaillé ce jour-là sur deux compétences du domaine 1.

  • 20 septembre : cours avec les master 2 le matin, l’après-midi j’ai travaillé sur la compétence « Interagir » du domaine 2 et j’ai avancé mes lectures sur l’intelligence artificielle.

Voilà pour ces activités du mois de septembre, je m’arrête pour cet article et reviendrai sur le reste des activités dans l’article du mois d’octobre.

D’ici là, je vous souhaite une nouvelle fois à toutes et tous une excellente reprise et vous dis à très bientôt sur Cinephiledoc !

Notes de lecture sur l’intelligence artificielle (épisode 3)

Voici un troisième épisode de mes notes de lecture sur l’intelligence artificielle, où je commence à cerner l’objectif de ces notes :

avoir une vision d’ensemble sur la question et qui me permette de proposer ou de concevoir des séances pédagogiques sur l’IA, aussi bien dans des disciplines associées aux sciences pures (SNT, enseignement scientifique, mathématiques) que dans les sciences humaines (SES, éco-gestion, EMC, HGGSP, HLP…).

Ce troisième épisode abordera donc la question sous l’angle des sciences humaines avec un premier focus sur les aspects économiques et géopolitiques de l’intelligence artificielle.

Dans cet épisode :

  1. les ouvrages Intelligence artificielle, l’affaire de tous et Géopolitique de l’intelligence artificielle
  2. revue de presse avec les numéros de la revue Le Monde diplomatique n° 829 et du Courrier international n°1685, 1695 et 1704
  3. une sélection de ressources

Intelligence artificielle, l’affaire de tous : de la science au business, Thierry Bouron

Il s’agit donc pour moi d’un quatrième ouvrage sur l’intelligence artificielle, après une première lecture à coloration davantage scientifique, et deux lectures de vulgarisation qui tendaient à proposer une vision d’ensemble de la question.

Cet ouvrage a été publié en juillet 2020 aux éditions Pearson et apporte un éclairage davantage professionnel : économie, business, management et marketing. 

Cela se remarque dans les exemples donnés et dès l’introduction, qui revient sur la révolution induite par les intelligences artificielles à la fois dans les différents secteurs économiques mais aussi dans les formations professionnelles.

Ainsi l’auteur rappelle que la Chine a été la première à expérimenter des cours sur l’intelligence artificielle dans une quarantaine de lycées. 

La coloration économique de l’ouvrage est visible aussi dans sa construction, puisqu’en introduction l’auteur souligne les impacts économiques de l’IA, et comment mettre en place une stratégie d’entreprise en en tenant compte.

Deux chapitres rappelant l’essentiel par des exemples et une base historique et scientifique. 

Le chapitre 1 « L’observation d’IA » fait un top 10 des IA impressionnantes, et explique en quoi elles le sont : une IA capable de créer un morceau de musique ou un texte littéraire, les robots Kiva d’Amazon capables d’aller chercher les produits dans les étagères où ils sont stockés, les boutiques Go store, AlphaGo, l’assistant Google qui prend un rendez-vous à notre place. 

Le chapitre 2 « L’IA est plurielle » fait un rappel historique de l’IA qui était déjà abordé dans les ouvrages des précédentes notes de lecture : test de Turing, conférence de Dartmouth, hivers de l’IA. Il revient également sur les notions de machine learning, deep learning et sur les différents courants de pensées liés à l’IA.

  • Le business de l’intelligence artificielle : innovations, investissements économiques et politiques

Dans le chapitre 3 « Un business démesuré », l’auteur s’intéresse aux évolutions induites par l’IA dans l’entreprise, avec le phénomène d’innovations disruptives (ruptures qui peuvent provenir de la création d’un nouveau service, d’un élargissement de l’accessibilité, d’un nouveau modèle de business ou de nouveaux systèmes opératoires). 

Pour ces derniers est convoqué l’exemple du système de recommandation de produits par Amazon. 

L’auteur revient ensuite sur les perspectives de marché de l’IA (impact sur la croissance mondiale par une augmentation de la productivité, la proposition de nouveaux services et un gain de temps), sur les investissements en IA (notamment distribution de contenus sur les réseaux sociaux) et sur les politiques gouvernementales. Pour la France : rapport Villani publié en 2018, prévision d’investir 1,5 Milliards sur cinq ans, sélection de 4 pôles de recherche régionaux. 

Dans le domaine de l’industrie. Les GAFAM ont investi dans l’IA : Alphabet est le premier acteur dans l’acquisition de sociétés d’IA. 

Définition d’une IA COMPAGNY

  1. Stratégie d’acquisition de données
  2. Regroupement et centralisation des données dans des entrepôts
  3. Mise en place de procédures contrôlant le respect des données privées
  4. Automatisation des procédures
  5. Création de nouveaux métiers autour des data sciences

Description des différentes stratégies des GAFAM en IA. Google : agents conversationnels. Facebook : recherche et analyse semantique de textes, images et vidéos (détection de contenus / de faux comptes). Amazon : robots. Apple : Siri. 

Pour soutenir ces évolutions : développement des compétences et des formations universitaires dans ce domaine.

  • Risques de l’intelligence artificielle dans le secteur économique

Dans le chapitre 4, « Les risques effectifs », l’auteur revient sur plusieurs risques soulevés par l’IA. La question des systèmes autonomes permet de traiter le domaine de l’armement et de la défense militaire. 

La partie la plus éclairante concerne les risques propres aux machines apprenantes, notamment à travers la question des corrélations de données (voir l’étude mentionnée de Tyler Vigen : Spurious Correlations et celle sur les fausses corrélations dans un contexte politique : Hack your way to scientific glory) et celle de la généralisation induite par un jeu de données (un outil de recrutement qui élimine certains profils parce qu’ils sont au départ peu représentés). 

Les autres risques mentionnés sont les usages abusifs (exemple de Compas) et les risques liés aux données personnelles avec l’exemple de l’affaire Cambridge Analytica. 

Le dernier risque évoqué est l’impact de l’IA sur l’emploi.

  • Fonctionnement de l’intelligence artificielle

Les 3 chapitres suivants reviennent sur le fonctionnement de l’intelligence artificielle, déjà abordé dans d’autres ouvrages à coloration plus scientifique : « machines apprenantes », « réseaux de neurones artificiels » et « systèmes autonomes » avec des apartés mathématiques pour creuser la question. 

J’ai quelque peu survolé ces chapitres parce qu’ils sont un peu trop mathématiques pour moi, même si dans celui consacré aux systèmes autonomes, une sous-partie « Simulation multi-agents » a retenu mon attention. L’auteur y étudie le renforcement des comportements de consommateurs via l’IA, illustré par le schéma suivant :

Il propose également un jeu de rôles sur les comportements de consommateur, pour manipuler des agents intelligents et se mettre dans la peau d’une IA.

Ce jeu pourrait éventuellement être réutilisé en SNT ou en éco-gestion. Certaines indications sur le nombre de cartes et leur répartition ne sont pas très claires, aussi j’ai essayé de l’adapter de mon mieux dans un jeu que j’ai intégré à une séance de SNT, et que je compte tester prochainement. 

Enfin le dernier chapitre de l’ouvrage « Études de cas » revient sur différentes applications d’intelligence artificielle dont Internet et les agents conversationnels.

Concernant Internet, sont abordés la recommandation et le ciblage : de quelle manière Amazon influence les achats par le système de recommandation personnalisée (un quart des achats sur le site), la suggestion de vidéos sur YouTube et Netflix, la publicité ciblée via les cookies et l’historique de navigation.

Concernant les agents conversationnels, l’auteur fait un rappel du test de Turing, et étudie quelques applications : Siri, Alexa, les chatbots et les enceintes connectées.

En conclusion l’auteur rappelle l’importance de se tenir au courant de l’actualité dans le domaine de l’intelligence artificielle, pour le secteur économique mais cela peut être élargi. Il fait un récapitulatif par un exercice de questions / réponses des différents points abordés dans l’ouvrage.

Mon avis sur l’ouvrage :

Le plus : un véritable éclairage thématique de l’intelligence artificielle. J’ai certes laissé de côté les aspects les plus mathématiques, mais l’ensemble du propos est très éclairant, et peut interroger même sur des domaines comme différents secteurs économiques (immobilier, ressources humaines, entreprise) ou les formations professionnelles, ce qui peut permettre de lier aussi la thématique aux filières d’études des élèves et à leur choix d’orientation.

Par ailleurs, l’auteur a une posture véritablement pédagogique, avec des moments de questions / réponses qui peuvent être réutilisés en classe.


Géopolitique de l’intelligence artificielle, Pascal Boniface

Cet ouvrage a été publié aux éditions Eyrolles en janvier 2021, et il fait partie de la bibliographie très prolifique de Pascal Boniface, spécialiste de géopolitique.

On lui doit des ouvrages plusieurs fois réédités sur les relations internationales (Comprendre le monde) et qui relient la géopolitique à certaines thématiques (le sport, les jeux olympiques, le Covid…).

L’ouvrage consacré à l’intelligence artificielle se décline en sept chapitres, après une introduction où l’auteur rappelle son parcours littéraire malgré son intérêt pour la question, ce qui sera éclairant pour la suite de l’ouvrage.

Le premier chapitre « Intelligence artificielle, histoire et définition » revient de manière succincte sur des éléments déjà abordés dans les ouvrages abordés précédemment : le test de Turing, la conférence de Dartmouth, les hivers de l’IA, deep learning et machine learning, traitement des données.

Un encart revient sur le rôle de la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) créée en 1958 qui finance aux États-Unis la recherche et le développement dans le domaine des technologies militaires, avec un département dédié à l’innovation et à l’information créé en 2005.

Dans le deuxième chapitre « Corne d’abondance ou machine à exclure ? », l’auteur revient sur la vision que la société a généralement des innovations techniques et des craintes qu’elles suscitent, largement relayées par Pascal Boniface (inégalités, chômage, accès à la santé et transhumanisme, relations des états avec les géants du numérique).

Le troisième chapitre « Les GAFAM vont-ils tuer l’État ? » accentue ces craintes, en faisant notamment un tableau comparatif entre les fortunes des dirigeants et le PIB de certains pays (Amazon / Bezos en 2020 = Qatar en 2019, Elon Musk = Maroc).

Il étudie de quelle manière ces dirigeants s’emparent de domaines jusqu’ici régaliens (la conquête spatiale pour Musk) et affaiblissent les institutions, et leurs arrangements avec la fiscalité, malgré les tentatives de régulation étatiques ou inter-étatiques.

Dans le quatrième chapitre, « Printemps des libertés ou hiver totalitaire ? », Pascal Boniface revient sur le risque d’une surveillance absolue induite par le Big data, en s’appuyant notamment sur l’affaire Cambridge Analytica.

Pour contrebalancer, il rappelle également le rôle des réseaux sociaux notamment dans les mobilisations populaires (printemps arabe, mouvement #MeToo), et relativise le lien entre réseaux sociaux et bulle de filtres, rappelant qu’un lecteur de Libération ira rarement lire Le Figaro.

Le point le plus intéressant du chapitre est l’encart consacré au contrôle social en Chine, et à la façon dont les citoyens chinois sont classés, de AAA (citoyen exemplaire) à D (citoyen malhonnête).

Le chapitre 5 revient d’ailleurs sur « Le duel Chine / États-Unis ». En effet, la Chine concentre ses dépenses non dans le domaine militaire, mais dans le domaine technologique, surtout depuis qu’elle a connu son « moment Spoutnik » avec la défaite de son champion contre AlphaGo.

Elle conjugue depuis croissance économique, montée en puissance technologique et patriotisme, ce qui lui donne un avantage considérable par rapport aux GAFAM, dont les dirigeants n’ont pas les mêmes relations aux institutions gouvernementales. Elle dépasse les États-Unis en publications scientifiques et en dépôt de brevets. Le chapitre revient sur les tentatives américaines pour juguler certaines entreprises chinoises (Huawei et plus récemment l’application TikTok).

Face aux deux géants, le chapitre 6 « Quo vadis, Europa ? » rappelle le retard européen en matière d’investissements. Le RGPD adopté en 2016 peut-être perçu à la fois comme un frein et comme un modèle attractif. Une stratégie européenne a été proposée en 2018 pour rattraper ce retard, en finançant la recherche et l’innovation.

Le dernier chapitre « La France dépassée ? » revient sur les initiatives françaises en matière d’informatique et d’intelligence artificielle :

  • 1966 : Plan calcul et création de l’IRIA (Institut de Recherche, d’informatique et d’automatisme) ancienne INRIA
  • 2018 : lancement des quatre instituts interdisciplinaires de l’IA  (3IA)
  • 2019 : plan de 1.5 milliard d’euros d’investissement dans l’IA jusqu’en 2022 ; supercalculateur installé sur le plateau de Saclay
  • projet d’un cloud souverain et appels d’offres sur la protection des données

En 2019, un tableau recense les pays et régions du monde ayant déposé le plus de brevets IA dans le monde. Rang 1 : USA, rang 2 : Chine. La France arrive au rang 14.

Mon avis sur l’ouvrage :

L’ouvrage de Pascal Boniface était celui que je souhaite le plus lire dans la sélection que je m’étais faite sur la question, et c’est également ce qui m’avait attiré dans son introduction : le fait qu’il s’agisse d’un littéraire se questionnant sur une problématique scientifique.

Cependant, j’ai eu l’impression durant ma lecture que, malgré les éléments de définition du premier chapitre, il traite de l’intelligence artificielle quasiment exclusivement avec la perspective des géants du numérique, même en considérant les aspects qui y sont corrélées (contrôle social, traitement des données).

En gros, j’aurais lu ce livre en premier, il m’aurait servi de porte d’entrée. L’avoir lu en dernier m’a laissé quelque peu sur ma faim. Au lieu d’un auteur spécialiste de géopolitique qui s’intéresse à l’intelligence artificielle, j’aurais eu besoin (à titre personnelle) d’un spécialiste de l’intelligence artificielle qui s’intéresse à la géopolitique.

Revue de presse

Pour cette revue de presse, contrairement aux épisodes précédents, j’ai décidé de ne pas trop détaillé le contenu des périodiques concernés et de me concentrer sur ce que j’ai pu trouver de plus récent – hors quotidiens.

Le Monde diplomatique n°829

Je l’ai retenu parce qu’il propose un éclairage sur l’intelligence artificielle en Chine : «La Chine entravée dans la bataille de l’intelligence artificielle » (p.12-13).

La Chine a porté ce secteur comme priorité nationale dès 2017 et dispose de différents atouts : précurseur dans le paiement via smartphone, le recours aux robots dans les services publics, l’association étroite entre entreprises, chercheurs et administrations.

Elle bénéficie de travailleurs qualifiés et ses applications sont reconnues (TikTok, cloud d’Alibaba, chatbots, système de circulation automobile, reconnaissance faciale, service de robots taxis, générateur d’images).

Plusieurs freins viennent gêner ces progrès : la fuite des cerveaux chinois, le retard et le blocage des investissements notamment dans le secteur des semi-conducteurs (et du coup le risque de pénurie qu’ils suscitent), la mainmise de l’État, les sanctions des États-Unis à l’encontre de la Chine.

Un encart revient sur l’application TikTok et les pressions et initiatives pour l’interdire en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest.

Courrier international n°1685 (16-22 février 2023)

C’est le premier de l’année, pour ce périodique, à s’intéresser en Une à ChatGPT, avec un article publié dans The Sunday Times du 5 février. Il revient sur les « exploits » de l’outil depuis son lancement en novembre 2022, l’utilisation de ChatGPT par les étudiants britanniques (et les réactions des universités), par les employés pour rédiger des lettres de motivation, dans le milieu du journalisme ou de la programmation.

Le numéro de The Economist du 30 janvier propose lui un retour sur les centres de recherche privés et les entreprises qui ont favorisé la montée en puissance de l’intelligence artificielle, avec d’un côté les géants OpenAI, Amazon, Google et Meta, et de l’autre les organismes chinois financés par l’État comme la Beijing Academy of AI.

Un entretien publié dans le New York Times en décembre 2022 avec Yejin Choi, scientifique et informaticienne, revient enfin sur les idées reçues concernant l’intelligence artificielle.

Le dossier propose en outre :

  • une chronologie de la genèse de ChatGPT
  • une revue de presse revenant sur les réactions suscitées par l’outil (éducation, emploi, recherche, sécurité)
  • ses principaux exploits

Courrier international n°1695 (27 avril – 3 mai 2023)

Le dossier proposé dans ce numéro « Intelligence artificielle : fini de rire » est un peu plus conséquent et propose une vision plus pessimiste, étayée par des articles de la presse américaine, suisse et tchèque.

Il revient sur les risques suscités par le développement des modèles de langue : fuite d’informations, réponses biaisées, hameçonnage, tentatives d’arnaques, qui passent par l’injection dans l’outil de prompts (consignes) pour obtenir des informations personnelles de la part de l’internaute.  (MIT Technology Review)

Un extrait du Temps est consacré au double jeu d’Elon Musk en matière d’IA : signataire d’une pétition demandant une pause de la recherche tout en créant une start-up spécialisée sur la question.

Un entretien avec Niels Ackermann, photojournaliste, revient sur les prouesses des IA génératives dans la création d’images et l’utilisation de ces images et de deepfakes dans les médias. (Heidi news)

La revue de presse du dossier revient sur certaines mesures de régulation prises au moment où paraissait ce numéro : suspension de ChatGPT en Italie, censure en Chine.


Courrier international n°1704 (29 juin – 5 juillet 2023)

Il s’agit ici d’une controverse proposée sur une seule page : « IA : L’Europe fait-elle bien de légiférer ? » avec

  • côté POUR un article du Süddeutsche Zeitung (Allemagne) : publication du IA ACT le 14 juin par le Parlement européen avec l’accent mis sur la protection des données personnelles et le respect de la vie privée, ainsi que la lutte contre la désinformation ;
  • côté CONTRE un article de Rzeczpospolita (Pologne) : l’excès de réglementation européenne comme frein à l’essor économique et le fait pour l’Europe de rester à la traîne dans la course technologique.

En deux mots, d’un côté sécurité, de l’autre liberté.

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