cinephiledoc

Blog pour cinéphiles et profs docs

Mois : avril 2015

Un livre IFTTT pour accros aux séries

Voici le compte-rendu de lecture, en temps et en heure, du mois d’avril. Petite explication préalable sur le titre, même si j’aurai l’occasion d’y revenir plus en détail tout au long de l’article.

If this then that… sur le web

IFTTT signifie en anglais « If this then that » (Si ceci, alors cela), c’est un acronyme qui désigne sur le Web l’assistant permettant à un internaute d’automatiser des tâches répétitives entre les différents services qu’il utilise (voir aussi ici pour plus de détails).

Par extension, lorsque je publie un article sur Cinephiledoc, celui-ci est automatiquement publié sur mon fil Twitter et sur ma page Facebook, ce qui correspond aussi à une forme de IFTTT, à la différence qu’avec le site IFTTT, tous les réglages sont centralisés à un seul endroit.

Pourquoi ai-je décidé d’associer un service de réglages automatiques  à un livre, vous allez le comprendre dans quelques instants.

Le quotidien d’un/d’une accro aux séries

À chaque fois que j’ai voulu faire le compte de toutes les séries que j’ai regardé, que je suis en train de regarder, ou que j’attends avec impatience de retrouver, j’en ai toujours oublié une ou deux dans le lot. Je vais cependant essayer de faire le compte à un instant T, à savoir maintenant :

rome

  • Les séries que j’ai vues en entier, que je peux voir et revoir sans me lasser, et dont je me souviens (presque) toujours avec bonheur : Friends, Kaamelott, Un gars et une fille, Six Feet Under, Rome, The Borgias, Les Tudors, Les Piliers de la terre, Les Revenants, Tunnel ;
  • Les séries que je regarde en ce moment, presque au fur et à mesure de leur diffusion : Arrow, The Flash, Game of thrones, Vikings ;
  • Les séries dont j’attends la suite avec impatience : House of cards, Sherlock, Broadchurch, Turn, Bates Motel ;
  • Les séries que j’aime même si je n’ai pas vu les dernières saisons : Doctor Who, The Big bang theory, Homeland, American Horror Story ;
  • Les séries que j’ai commencées à regarder et qu’il faut que je reprenne : Downton Abbey, Mad Men, Boardwalk Empire, True Detective, Master of Sex, ou de plus anciennes : The Avengers, Hercule Poirot ;
  • Les séries qu’il faut que je vois en attendant d’autres séries et pour enrichir ma culture : Lost, Breaking bad, Les Sopranos…

J’en profite pour partager mon dernier coup de coeur : Turn, une série produite par AMC (qui produit également The Walking dead), avec Jamie Bell dans le rôle principal. Turn raconte les débuts de l’espionnage durant la guerre d’indépendance américaine.

Jamie Bell joue avec brio un apprenti espion anti-héros, les autres personnages sont interprétés de manière magistrale, les décors sont superbes et l’ambiance rappelle quelque peu Assassin’s Creed III.

La première saison vient de sortir en DVD et Bluray, et la deuxième saison est en ce moment en cours de diffusion.

Un livre IFTTT pour accros aux séries

Dans ce tour d’horizon des séries, j’en oublie sans doute malgré tous mes efforts. Mais je suppose que cela suffit à montrer à quel point je suis à l’affût de nouvelles séries et à quel point mes goûts sont éclectiques en la matière.

J’ai d’ailleurs publié plusieurs articles sur ce blog, que ce soit sur les séries elles-mêmes, ou sur des livres qui les évoquent, que ce soit Friends, il y a deux mois, ou Game of thrones il y a un peu plus longtemps.

Dernièrement, j’ai essayé de trouver des livres sur le sujet, qui avaient une vue d’ensemble sur la question. J’étais très déçue que le Dictionnaire des séries télévisées, de Nils Ahl et Benjamin Fau, paru en 2011 aux éditions Philippe Rey, soit vendu à un prix aussi dément. On m’a offert il n’y a pas longtemps L’art des séries télé de Vincent Colonna, que j’ai commencé.

livre charlotte blum

Mais ma plainte intérieure a dû être suffisamment audible pour que ce mois-ci, les éditions de La Martinière décident de publier un livre consacré aux séries télévisées contemporaines : Vous aimez les séries, ce livre est pour vous (niveau titre, on peut difficilement faire plus alléchant) de Charlotte Blum, journaliste spécialiste des séries – elle a d’ailleurs publié un autre ouvrage sur le sujet en 2011, Séries : une addiction planétaire.

Attention cependant, son livre s’intéresse aux séries diffusées entre 1997 et 2015, et encore en cours de production (même si le livre s’ouvre et se referme sur ce qui est pour elle la série de référence : Twin Peaks – fichtre, encore une à ajouter à ma liste), et à des séries presque exclusivement américaines.

Pourquoi est-ce qu’il s’agit d’un livre IFTTT écrit par une amoureuse des séries ? Parce que Charlotte Blum cerne très bien la psychologie et la frustration propre à l’amateur de séries télé : elle sait qu’une fois la série terminée, arrêtée, ou en attente de diffusion de la prochaine saison, celui-ci guettera, désoeuvré, autre chose à se mettre sous la dent.

Son livre est donc construit de la manière suivante : chaque chapitre est consacré à une série principale, qu’elle décrit et analyse en détail. Puis vient le IFTTT : si vous avez aimez cette série, vous aimerez sans doute telle ou telle série pour telle ou telle raison, avec la description un peu plus succincte des trois ou quatre séries conseillées. Des exemples concrets ?

220px-Soprano_logo

Vous avez aimé Les Sopranos ? => Vous aimerez Lilyhammer et son personnage principal de mafieux. Ou => Vous aimerez Boardwalk Empire qui évoque le crime organisé.

Vous avez aimé Homeland ? => Vous aimerez House of cards, qui décrit le fonctionnement de la Maison Blanche.

Simple et efficace.

Une exception qui me rend l’auteur d’autant plus sympathique ? Game of thrones, évidemment :

Avec son monde imaginaire ultrariche et ses décors d’une envergure inégalée à la télévision, Game of thrones est absolument unique.Impossible, donc, de lui attribuer des séries similaires.

Na ! C’est clair non ?

Les qualités de ce livre

  •  le principe du IFTTT que je viens d’évoquer ;
  • le choix des séries, éclectique : vous trouverez aussi bien des séries politiques, policières, historiques (un peu moins), sociales, féministes… il y en a pour tous les goûts ;
  • l’analyse des séries proposée : l’auteur parvient à aborder les choix scénaristiques et de réalisation des « showrunners » – créateurs de séries – sans jamais (trop) spoiler l’intrigue. Elle rapporte les propos de ces derniers, et donne à chaque série un éclairage qui allèche son lecteur / spectateur. Rien de tel, au fil des pages, pour voir ou revoir des épisodes de Breaking Bad, Rectify ou Orange is the new black.
  • à la fin du livre, le lecteur trouvera un petit guide sur : des séries plus anciennes, le lexique de la série télévisée, les étapes du storytelling, les chaînes de télévision américaines, les séries historiques, des sites internet et des lectures de référence, entre autres.

Spectateur simple amateur ou averti, ce livre met en appétit. À  ceux qui guettent leur prochain épisode, en lisant cet ouvrage, vous n’êtes pas prêts d’être sevrés !

Petits bémols pour les fines bouches

  • je l’ai dit, Charlotte Blum s’intéresse quasi exclusivement aux séries télévisées américaines des années 1997-2015. Amateurs de séries anglaises, vous trouverez certes votre bonheur avec Downton Abbey. Broadchurch est évoqué très rapidement. Par contre, il ne me semble pas avoir vu de mention de Sherlock… Quant aux fans de Fais pas ci, fais pas ça et autres séries françaises de plus ou moins bonne qualité… comment dire, c’est un livre sérieux, non mais !
  • j’ai trouvé tout de même dommage que justement, pour certaines séries, il n’y ait qu’une petite citation en fin d’ouvrage, ou qu’elles ne fassent l’objet que d’un sous-sous-chapitre. Que par exemple, Doctor Who ne soit cité que comme faisant partie des ancêtres (incontournables) de la série, alors que ce cher docteur est encore en activité, ou que l’auteur ne fasse qu’une liste des séries historiques par périodes en fin d’ouvrage.

Certes, là encore, pour les fans d’histoire, consolez-vous avec Mad Men ou Downton Abbey. Mais n’y avait-il pas la possibilité de prendre une série historique de référence (Rome, pour ne citer qu’elle) et lui appliquer le IFTTT, un peu comme ceci :

Vous avez aimé Rome => Regardez The Borgias, ça se passe aussi en Italie, mais à la Renaissance, et en plus, Jeremy Irons joue le pape !!!

  • Même chose pour les séries de science-fiction, parmi lesquelles Doctor Who. Pas de chapitre dédié, rien sur les dernières initiatives de DC Comics avec Arrow et The Flash, pas de chapitre sur les zombies, les vampires, les super-héros, alors qu’un certain nombre de geeks auraient certainement apprécié – l’auteur n’aurait eu qu’à prêcher des convertis.

Comme d’habitude, je pinaille, mais un chapitre dédié aux séries historiques et un dédié aux séries de SF, ça aurait été sympa (pas de chapitre non plus sur les séries « familiales » ou « médicales »). D’ailleurs je me doute que ce qui n’apparaît pas dans cet ouvrage a sûrement dû être évoqué dans l’ouvrage précédent de Charlotte Blum mentionné plus haut.

Malgré tout, ce livre réussit son pari : donner envie de voir des séries et d’en revoir.

Petite sélection de séries à découvrir ou à redécouvrir

J’ai déjà parlé de Turn, mais voici 4 autres séries que je recommande vivement ! Une politique, une cinéphile/angoissante, une historique, et une… parce que c’est comme ça et que j’en veux une quatrième.

  • House of cards : la série politique du moment, celle que suit assidûment Barack Obama, paraît-il, même si c’est aussi un très grand fan de Game of thrones. Avec Kevin Spacey en génial ambition, politicien véreux, qui ne rêve que d’une chose, accéder à la Maison Blanche. L’intrigue est haletante, les acteurs sont géniaux… le tout est d’un cynisme jubilatoire. House of cards, c’est Valmont et Madame de Merteuil en politique, et (presque) toujours triomphants, c’est un monde où rien ne sert d’être gentil et où les méchants sont fascinants.
  • Bates Motel : j’avoue que j’ai eu d’abord du mal à adhérer au principe, mais les deux premières saisons étaient surprenantes. Prenez le Norman Bates de Psychose, placez-le dans l’Amérique contemporaine, faites-le retourner en adolescence (prenez l’acteur de Charlie et la chocolaterie) et regardez-le devenir progressivement un psychopathe, avec des rapports très très sains (si si !) avec sa môman !
  • Vikings : pas besoin d’en dire plus, le titre parle de lui-même. Malgré les inexactitudes historiques et la figure du viking qui reste mythique, c’est une série d’une qualité incroyable, avec des acteurs très attachants, qu’il s’agisse du chef viking, du constructeur de drakkars, de la guerrière, ou du moine qui hésite entre christianisme et paganisme. Chaque saison est un peu lente à démarrer et se mérite, mais c’est pour nous plonger d’autant mieux dans cette atmosphère brumeuse et mystérieuse.
  • Au moment où se tient au musée du Luxembourg une exposition sur les Tudors, j’ai à nouveau envie de regarder la série que Showtime leur a consacrée il y a quelques années, avec certes un Henry VIII filiforme par rapport à la réalité, mais ce qui n’empêche pas de suivre la trajectoire captivante de ce roi…

et pour ceux qui préfèreraient sa fille cadette, vous n’avez qu’à regarder les films avec Cate Blanchett sur Elizabeth, ou mieux encore, la mini série Elizabeth I, avec Helen Mirren et Jeremy Irons.

Quant à moi, en attendant d’aller voir cette exposition, et après ces lectures cinéphiles, je me plongerai dans un livre sur les Tudors, là encore, avant de regarder Breaking Bad, les Sopranos, Mad Men ou Downton Abbey

Avril 2015 : séances et animations du CDI

Malgré le titre de cet article, je commencerai par revenir dans un premier temps sur deux journées de formation que j’ai suivie fin mars et début avril.

Formations

J’avais évoqué ces formations dans l’article du mois de janvier. Pour rappel, ce sont deux formations que j’ai demandées en début d’année, les deux ayant comme particularités d’être assurées par la même formatrice, Annie di Martino, et de se dérouler à chaque fois sur deux jours.

Capture d’écran 2015-04-14 à 17.26.18

Ces formations s’intitulent : « Enseigner autrement : le jeu en classe » et « Enseigner autrement : la démarche heuristique » et sont interdisciplinaires. Je reviendrai brièvement sur ce qui m’a marquée durant ces deux derniers jours pour chacune de ces formations.

Durant la deuxième partie de « La démarche heuristique », nous sommes revenus sur l’utilisation des pictogrammes dans la réalisation des cartes heuristiques, la réalisation de ces cartes, et, en salle informatique, nous nous sommes familiarisés avec quelques logiciels de mindmap – certains connus (je connaissais notamment Freemind que j’ai tendance à trouver beaucoup trop austère et peu intuitif), d’autres nouveaux pour moi, comme Coggle.

Durant la deuxième partie du stage « Le jeu en classe », ce qui m’a surtout frappée, c’est d’avoir eu à fabriquer des jeux sur 6 modèles différents : le Jeu de l’oie, le Monopoly, les 7 familles, le Cluedo, le Pictionary et le Petit bac ou l’amnésie (jeu du post-it). Nous étions par groupe, devions lancer un dé et en fonction du chiffre sur lequel nous tombions, imaginer un jeu sur ce modèle en 2 minutes. Si j’ai déjà réalisé un jeu de l’oie et un Trivial Pursuit pour les CM2 dans le cadre de la liaison CM2-6E, j’ai été quelque peu désarçonnée de tomber sur le Pictionary, puis sur les 7 familles.

  • Pour le Pictionary, j’ai imaginé un jeu appelé « Dessindoc » où les élèves doivent dessiner les différents médias d’information et les différents objets qu’on peut trouver dans un CDI. Les élèves sont par deux, l’un a une carte avec le mot et sa définition et doit la faire deviner à son camarade.
  • Pour les 7 familles, j’ai imaginé le « Comm’families », où les élèves doivent retrouver les 7 familles de l’information et de la communication (voir fabriquer et imaginer eux-mêmes les familles et leurs membres), avec comme familles incontournables : la télévision, la radio, la presse, les livres, internet, l’oral et les expositions. Mon idée était en effet de partir de la source de l’information et d’aller jusqu’au moyen de communication et aux publications que les élèves peuvent eux-mêmes produire.

Enfin, durant cette deuxième journée, nous avons abordé la question du jeu de rôle et celle de la simulation globale (ce qui a apporté tout son sens, pour moi, au travail de mon collègue référent des élèves UPE2A, qui fait vivre à ces derniers un tremblement de terre dans un village).

Si j’ai rendu compte dans un premier temps, de ces deux derniers jours de stage, et si j’en profite pour redonner l’adresse du blog d’Annie di Martino « Pédagogies et apprentissages« , c’est parce qu’ils m’ont, bien plus vite que les deux premiers, inspiré des actions et des pistes pour renouveler celles que je mène déjà, ce que j’aborderai dans la suite de cet article.

Séances

Pour cette période de fin mars – début avril, peu de séances, et principalement des projets en cours.

  • Avec ma collègue de SVT, nous avons fini nos séances sur l’opération « petit déjeuner » (voir article de mars) : nous avons eu plus de mal que les années passées pour récolter les productions des élèves, mais nous en avons obtenu la plupart, que nous avons affiché dans le réfectoire. Deux groupes d’élèves volontaires ont présenté leur production à l’oral devant les autres classes de 5e.

Les fiches de recherche que je propose durant cette séance ne me satisfont plus. Je pense mettre à contribution l’an prochain ce que j’ai appris durant la formation sur la démarche heuristique et faire réaliser aux élèves une carte sur le pain, en utilisant comme point de départ les copier-coller de Wikipédia.

  • J’ai mené la 3e séance de liaison CM2-6E avec les 6 classes de CM2 qui dépendent du collège. Ces séances sont la poursuite du travail amorcé avec les élèves en février.

Même chose que pour l’opération petit-déjeuner, le projet est trop long et ne me satisfait plus en l’état. J’ai déjà discuté avec mes collègues professeurs des écoles pour le réduire à 2h-3h maximum à l’année par classe (sachant qu’il y a d’autres projets – dont en français – dans le cadre desquels ces élèves viennent au collège).

jean mermoz01

Je ne veux pas céder aux sirènes du tout heuristique, mais là encore, je veux faire réaliser aux élèves des arbres heuristiques sur le collège Jean Mermoz, avec pour chaque groupe de 4-5 élèves, une branche, à présenter aux autres élèves de la classe :

– Une branche Jean Mermoz, avec sa naissance, sa mort, les circonstances de sa mort, son métier, ses escales, le nom de son avion, le titre d’un de ses livres ;

– Une branche Voyages, avec à retrouver pour chaque pays ou région (Espagne, Maroc, Sénégal, Brésil, Argentine, Cordillère des Andes, Atlantique sud) son continent, ses caractéristiques, son drapeau et sa capitale ;

– Une branche Avions, avec les constructeurs du premier avion, trois noms d’aviateurs, différents types d’avions et le vocabulaire de l’aviation ;

– Enfin, une branche Collège, avec l’adresse, les classes, les lieux et les personnes du collège, une devise et un logo.

Les travaux réalisés pourront être affichés dans le hall du collège et valoriseront ainsi le travail de chaque classe de CM2.

  • Le 14 avril, j’ai participé en tant que jury aux oraux de stage des élèves de 3e.

J’ai corrigé à l’écrit deux rapports de stage en entreprise d’élèves de 3e. Avec mon collègue référent des élèves UPE2A, j’ai évalué 6 élèves qui ont présenté à l’oral leur expérience de stage.

  • Également au programme, en ce mois d’avril, le défi lecture des élèves de 6e, sur l’ouvrage Le Messager d’Athènes.

Les collègues de français font venir les classes de sixième une à deux heures au CDI pour un défi lecture. Les années précédentes, le défi lecture portait sur Ariane contre le Minotaure, ce qui dans la précipitation, m’a induite en erreur. En effet, face à la disparition de l’outil Jog the web (que j’utilisais les années passées), j’ai d’abord réalisé un Padlet sur Ariane… Il m’a suffi de peu de temps pour corriger mon erreur, avec cet outil hyper intuitif qu’est Padlet. Voici le résultat :

padlet athènes

Voir la version en ligne : http://fr.padlet.com/jfiliol_pro/defilecture

Animations et expositions

Petit aparté avant d’aborder les animations et les expositions : depuis le 3 avril, j’accueille au CDI Isabelle, qui effectue un stage d’observation 3 demi-journées par semaine au CDI. Motivée et très curieuse, je lui ai demandé de me donner des idées d’expositions pour avril, n’ayant pas trop d’idées après la semaine de la presse. Elle m’a fait une petite liste, et nous avons décidé d’exploiter l’une de ses idées, ce qui nous a mené assez loin.

Photo 10-04-2015 14 30 05

J’ai d’abord réduit mon exposition sur la semaine de la presse, que j’ai laissée à disposition des élèves jusqu’aux vacances d’avril, afin d’organiser l’exposition suggérée dans des conditions optimales :

  • Exposition « enquêtes et romans policiers »

Nous avons choisi cette thématique, pour laquelle je n’avais jamais fait d’exposition. Isabelle a choisi une sélection de romans policiers, j’ai ajouté quelques documentaires sur l’espionnage, la police scientifique, ainsi que des brochures Onisep, et quelques bandes-dessinées.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Nous avons également décidé de miser sur le décor pour attirer l’œil des élèves, avec des silhouettes de personnages de polars, la fameuse bande jaune « crime scene – do not cross« , des empreintes de pas au sol, et la trace d’un cadavre, ce qui a marché du tonnerre, les élèves et les professeurs nous demandant qui était mort.

Dans la foulée, j’ai réalisé un petit quizz sur le roman policier :

Quizz Romans policiers

J’ai également fait de ce petit quiz une Learning Apps, disponible à cette adresse :

http://LearningApps.org/watch?v=prncdw0a201

et que je mettrai prochainement en ligne sur le portail esidoc du collège, dans la rubrique « Sélections thématiques ».

learning app romans policiers

  • Cluedo du collège

Pour couronner le tout, j’ai décidé d’organiser un Cluedo grandeur nature au collège. J’ai créé un plateau de jeu – qui resservira lorsque les élèves voudront y jouer calmement au CDI.

cluedoMais j’ai surtout choisi :

– 11 lieux du collège : cluedo lieux

– 11 armes très spécifiques à notre établissement 😉 : cluedo armes

– et 11 suspects de la mort d’Oscar le squelette : cluedo personnages anonymés

J’ai distribué les enveloppes à mes collègues suspects, gardant la dernière qui révèlera le nom du meurtrier, son arme et l’endroit où il a commis son noir forfait. J’ai fabriqué une grille pour les élèves :

cluedo grille

et collé des affiches (avec une jolie faute cachée) promettant aux trois premiers super-détectives une sélection de BD, de documentaires et de romans à faire froid dans le dos.

affiche cluedo

J’ai eu 28 participants, de tous niveaux. Finalement, j’avais 6 personnes ayant trouvé le meurtrier, son arme et le lieu de son crime, et comme j’avais acheté 6 livres, j’ai pu récompenser tous les gagnants, et j’ai offert des petits sachets de bonbons aux autres participants m’ayant rendu la grille le soir à 17h, correctement remplie ou non. Les élèves étaient assez enthousiastes et m’ont demandé de faire une nouvelle session de cluedo, ce que je pense organiser au mois de juin.

  • Exposition des travaux des élèves de 6e

Comme en février, ma collègue de français m’a apporté les travaux réalisés par l’une de ses classes avec Céline Cristini, illustratrice qui était déjà intervenue auprès des quatre classes de sixième au mois de décembre.

Cette fois-ci, elle a fait réaliser aux élèves ce que nous avons appelé des « boites à merveilles », sur le principe de la lanterne magique ou du kaléidoscope – ou de tout autre appareil d’optique permettant de voir de jolies choses en regardant à l’intérieur d’une boite.

Les boites ont pour thématiques les contes, dont les élèves ont fabriqué les décors et les personnages. Lorsque l’on ouvre la boite par le haut, on se rend compte du processus de fabrication. Mais lorsqu’on regarde par « le trou de la serrure », on voit la composition de la scène, qui apparaît sous nos yeux comme par magie. Voici l’exposition et quelques exemples de travaux réalisés par les élèves sur Les Fées, Le Petit chaperon rouge ou encore La Barbe bleue :

Ce diaporama nécessite JavaScript.

  • Atelier journal : petite note

Ça y est, le soleil commence à me faire concurrence, même avec mes plus assidus ! J’ai tout de même trouvé le temps d’exporter complètement le blog du Mermoz News, jusque-là hébergé par le Web pédagogique, sur WordPress, parce que j’en avais ras-le-bol des problèmes de connexion. Du coup, les élèves ne soumettent plus directement leur article à la relecture, ils écrivent leurs articles sur Open Office, et c’est moi qui me charge de les publier sur le blog. J’y perds en interactivité mais je pense, à long terme, y gagner pour l’étape de publication.

Nouvelle adresse : https://mermoznews.wordpress.com/

  • Jeux, learning apps et autres bidouillages numériques

Pour prolonger nos réflexions communes déjà engagées en mars, ma collègue – et copine – Sandrine Duquenne et moi, avons décidé de travailler sur d’autres logiciels sympathiques et sur d’autres usages du numériques.

Nous avons donc réalisé ensemble un jeu sur les romans adaptés au cinéma. Pour ma part, j’avais déjà consacré une exposition à ce sujet en début d’année – je n’allais donc pas réitérer la chose – mais j’ai quand même décidé de mettre en ligne ce jeu dans la rubrique « Sélections thématiques » de mon portail esidoc.

Capture d’écran 2015-04-14 à 17.08.34

J’ai également voulu rendre plus « numérique » mon jeu « Et si tu te Googlais ? » mais je ne pouvais pas utiliser le même mode de fonctionnement : avec un QCM à réponse correcte unique, l’élève ne peut pas choisir ce qu’il veut, avec un QCM avec plusieurs réponses correctes possibles, il faut qu’il coche les 3 réponses pour que le jeu considère qu’il a répondu correctement.

Je me suis donc orientée vers un Google Formulaire. Évidemment, je ne regarderai d’aucune manière les réponses, le but de la manœuvre étant de rendre simplement le jeu cliquable, comme n’importe quel test psychologique en ligne.

Capture d’écran 2015-04-14 à 17.14.22

Je réfléchis à d’autres usages et d’autres projets à mettre en place… même si l’année avançant, il faut déjà songer aux statistiques, récolement, bilan d’activités et autres réjouissances. Qu’à cela ne tienne, j’irai de mon infographie par ci, de mon infographie par là, ça sera beaucoup plus sympa, youpi !

D’ici là, bonnes vacances de printemps !

Enquêtes, eaux troubles et cinéma

Encore une fois avec retard, voici le compte-rendu de lecture que j’aurais dû publier en mars. Comme généralement j’attends avec impatience une publication qui retiendra mon attention jusqu’au 15 ou au 20 du mois, lorsque finalement je me retrouve le bec dans l’eau, je fais le tour des publications un peu moins récentes, et parfois – parfois seulement – je trouve quelques pépites…

Adhésion sans conditions

Le choix sur lequel je me suis arrêtée plaira à tous, cinéphiles ou non, tant son intrigue est foisonnante. C’est un roman, pour la deuxième fois de l’année, dans lequel je me suis plongée avec beaucoup plus de plaisir – même si ma lecture a été souvent interrompue, faute de temps – que le roman biographique sur James Dean, dont j’ai fait le compte-rendu en janvier.

Il s’agit de Londres après minuit, d’Augusto Cruz, publié en février 2015 chez Christian Bourgeois.

Londres-après-minuit

Autant le dire tout de suite, ce livre est un véritable coup de cœur : rien n’est à ajouter, rien n’est à enlever. Je ne suis d’ailleurs pas la seule à avoir eu cette réaction à sa lecture, ayant vu circuler avis et critiques dithyrambiques.

J’ai ressenti un vrai bonheur à le lire, principalement parce que l’auteur m’a entraînée et perdue dans une intrigue sans pour autant se moquer de moi. Son histoire, complexe et foisonnante ne cède jamais ni à la facilité, ni au deus ex machina de dernière minute.

Dans un premier temps, et d’une manière quelque peu systématique, je vais lister les nombreuses qualités de cet ouvrage, puis je reviendrai plus en détails sur certaines d’entre elles dans un second temps.

  • L’ouvrage mélange savamment la réalité et la fiction, les personnages ayant réellement existé et des personnages inventés dans une intrigue qui s’étale, si l’on considère les événements rapportés et ceux vécus, sur environ 80 ans ;
  • Le roman est construit comme un roman policier incroyablement efficace, à l’histoire et aux péripéties haletantes, ce qui rend difficile de lâcher le livre lorsqu’on l’a en mains ;
  • Il évoque avec érudition le cinéma d’horreur, de science-fiction et l’univers du film noir, et crée une cinémathèque imaginaire, à moitié réelle, à moitié fantasmée, à couper le souffle pour le cinéphile amateur ou averti ;
  • Il évoque également l’univers du FBI et le personnage de son directeur à la longévité exceptionnelle et à la toute-puissance redoutable, John Edgar Hoover, le lecteur a donc en toile de fond l’histoire des États-Unis, mafia, prohibition, assassinats et chasses aux sorcières compris ;
  • L’intrigue fait voyager le lecteur à Londres (évoqué simplement par le titre du livre), aux États-Unis et au Mexique, en évoquant pour ce dernier un certain nombre de spécialités culinaires et de paysages luxuriants, dépaysement garanti ! ;
  • Enfin – mais je pourrais continuer, en cherchant bien, à allonger cette liste – c’est un livre superbement bien écrit (en tout cas très bien traduit) et d’une qualité rare !

Maintenant que j’espère vous avoir alléché à la perspective de cette lecture, avec cette succession d’arguments tous plus objectifs les uns que les autres, revenons au livre en lui-même.

Londres après minuit : première rencontre

Lorsque j’ai décidé de lire ce livre, je suis partie avec une idée fausse, l’idée que son titre me donnerait le cadre, le contexte, le décor de son intrigue. J’ai imaginé dans ma tête une histoire de cinéma, avec en arrière plan les rues de Londres, le métro, Saint Paul, Hyde Park, les taxis, et une ambiance à la Jack l’éventreur.

Il y a certes une ambiance à la Jack l’éventreur dans ce livre, qu’on doit tout autant à ce que cherche le héros, qu’aux êtres qui le poursuivent et le hantent.

London_After_Midnight_Poster_1927_MGM

McKenzie est un ancien agent du FBI, ayant fait partie de la garde rapprochée de Hoover, et ayant recueilli ses dernières confidences. Il est contacté par un collectionneur fantasque, passionné du cinéma d’horreur et de science-fiction, et souffrant des premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer, Forrest J. Ackerman. Ce dernier souhaite qu’il retrouve un film muet, Londres après minuit, l’un des films déclarés perdus  et recherché le plus désespérément par les cinéphiles. Cette quête le conduira dans les abysses du cinéma mondial et des studios hollywoodiens aux fin-fonds de la brousse mexicaine.

Ajoutez à cela que tous ceux ayant participé de près ou de loin au tournage du film et à sa mythologie, et tous ceux qui ont eu la chance de le voir, ont également disparu dans des circonstances pour le moins mystérieuses.

Entrainant à leur suite le lecteur, McKenzie et Augusto Cruz tissent une tapisserie sans cesse en péril où se mêlent Nosferatu et Frankenstein, Metropolis et La Momie, Le Grand sommeil et Le Trésor de la Sierra Madre.

Cinéma et roman noir

Quand le cinéma maudit rencontre le roman noir, il suffit que le tout soit bien écrit et bien mené pour que le cocktail soit détonnant ! C’est évidemment le cas pour Londres après minuit.

Le lecteur embarque pour une aventure qui, par ses dédales, n’est pas éloignée d’un film comme Le Grand sommeil, et d’ailleurs, quelle que soit l’époque que le romancier nous restitue, on s’attend à chaque instant à croiser Humphrey Bogart, Lauren Bacall, Edward G Robinson, Rita Hayworth, ou Orson Welles.

banner

Quelques éléments de l’intrigue restent dans l’ombre… le lecteur n’aura jamais de réponses à certaines de ses interrogations. Je ne dirai pas lesquelles.

Tout se bouscule, les personnages de détectives privés, leur cigarette et leur borsalino, les monstres et les serial killers à l’ancienne.

Lorsque je lis un roman, et d’autant plus lorsque ce dernier évoque le cinéma, je m’attends à quelque chose de foisonnant, de mystérieux, tout en plis et en replis, et le plus souvent, c’est le roman noir qui y excelle et m’apporte le plus de satisfaction.

J’avais déjà évoqué dans plusieurs articles le roman que je place au panthéon de l’évocation cinéphile et de l’intrigue policière : Le Livre des illusions, de Paul Auster. Il y a aussi L’Homme intérieur, de Jonathan Rabb, un roman noir qui vous plonge dans le cinéma allemand des années 30, avec parmi la grande galerie de personnages fictifs et réels, Fritz Lang.

Mais parmi mes lectures cinéphiles et mes autres lectures, dernièrement, aucune ne m’a apporté autant de plaisir que celle de Londres après minuit.

Une ode au cinéma

Je ne chercherai pas ici à démêler l’habile tissage de l’auteur entre le vrai et le faux, l’imaginaire et la réalité, les événements ayant réellement survenus et ceux propres à l’intrigue. N’est-ce pas le propre de toute fiction, et en particulier du cinéma, de vouloir nous faire croire à une invention et de faire de la réalité une illusion ?

Cependant un scénariste et un cinéaste seraient bien en peine s’ils devaient adapter cette histoire à l’écran, et il est vain pour moi de tenter de la résumer.

L’auteur alterne l’histoire présente et les flashbacks, l’intrigue policière et l’évocation cinéphile, d’un chapitre à l’autre. Mais à chaque instant où le cinéma revient au premier plan, c’est avec la même magie, et une passion inaltérable.

BDC18

Certes, c’est le cinéma d’horreur qui reste omniprésent dans toute cette affaire, Londres après minuit étant un film d’horreur disparu. Des créatures surgissent et hantent les lieux comme il se doit : celles déjà évoquées de Frankenstein et de Nosferatu, celles qui les ont incarnés comme Bela Lugosi et Boris Karloff, celles du robot de Metropolis et du gorille de King Kong. Monstres presque humains qui passent de l’écran au monde réel, et qui côtoient les humains monstrueux – ou presque – que rencontre le héros.

Si j’ai déjà évoqué cette atmosphère du film noir qui rappelle l’intrigue si particulière du Grand Sommeil, sous la caméra de Howard Hawks, c’est toute une galerie de films et de personnages que le lecteur, s’il est un cinéphile averti, reconnaîtra : les films de John Huston, Le Trésor de la Sierra Madre, Key Largo, Les Désaxés, mais aussi Boulevard du crépuscule, La Comtesse aux pieds nus, Les Passagers de la nuit, tous ces films avec Bogart et Bacall, et plus généralement, tout ce cinéma des années 50, tous les Hitchcock, et pour finir, tout le cinéma depuis les premiers temps du muet jusqu’aux déclins des studios.

Collectionner : redonner vie aux objets

Enfin, la dernière chose que j’évoquerai de ce livre, mais non la moindre, sera celle qui parlera peut-être aux documentalistes, en tout cas à tous ceux qui se prennent de passion – pas toujours documentalistes donc – pour collectionner, trier, archiver et recenser tout le savoir et tous les trésors de l’humanité (à l’heure où certains s’emploient, quant à eux, à détruire les vestiges de la civilisation) : archéologues, conservateurs, chercheurs, ou simples curieux.

Citizen Kane

Le livre abonde de ces personnages obsédés rien qu’à l’idée d’acquérir, pour le mal ou pour le bien, une œuvre unique, de rassembler ce savoir en un lieu lui aussi unique et d’en donner ou d’en interdire l’accès. Des êtres semblables au Charles Foster Kane du Citizen Kane d’Orson Welles (encore une évocation cinéphile) ou à Henri Langlois, fondateur de la Cinémathèque française, auquel j’avais consacré un article il y a quelques mois.

Au premier rang de ces personnages figure le collectionneur Forrest Ackerman, qui charge McKenzie de son enquête. Citer quelques lignes le mettant en scène permettra de donner une idée du cinéma et du collectionneur dans ce livre, et de rendre hommage à la qualité de ce roman. Voici donc l’incipit de ce texte :

Forrest Ackerman vivait pour les monstres et certains d’entre eux, les plus légendaires, survivaient grâce à lui. (…) Dans son dos s’empilaient des tours de DVD, de beta vidéo-cassettes et de VHS, de films super 8 ou de 16 mm et de boîtes en fer-blanc dans lesquelles il rangeait des négatifs. Chaque centimètre de mur était recouvert de photos où des dinosaures, des extraterrestres et d’autres êtres étranges l’étreignaient et saluaient avec enthousiasme l’appareil. Les rayonnages, bourrés de livres, menaçaient à tout moment de s’écrouler tandis que trois meubles pour archives qu’il était impossible de fermer semblaient prêts à cracher de leurs entrailles des centaines de documents : si les monstres logés dans son bureau ne l’avalaient pas, ce seraient sans doute ces montagnes de papier qui le feraient.

le-nom-de-la-rose-bibliotheque-enfer

Que vous soyez profs docs, bibliothécaire, cinéphile, simplement curieux, humaniste exaltant avec ferveur le savoir et la mémoire des civilisations, ou juste adepte des intrigues policières à couper le souffle, Londres après minuit est fait pour vous. Il est, à sa mesure, l’équivalent du Nom de la rose d’Umberto Eco, avec la même érudition, le même suspense qui se mérite et qui se donne, et le même amour de l’art, qu’il provienne d’une bibliothèque du Moyen-âge ou de l’arrière-salle d’un cinéma.

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén