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Les vérités bonnes à lire

Suite à l’article que j’avais publié il y a un peu moins d’un mois sur l’interprétation d’une information sur Facebook, à partir d’une expérience personnelle, les réactions suscitées par cet article m’ont amenée à m’interroger, avec l’une des amies qui avaient participé directement à cette expérience, sur la place de la vérité sur Internet, et sur Internet comme source d’informations.

L’article d’aujourd’hui ne sera pas des plus originaux – cette question a suscité déjà de nombreuses publications, beaucoup plus étayées et approfondies que ce que je pourrais publier sur le sujet sur Cinephiledoc. Ce que je propose donc ici, c’est justement le cheminement de ma réflexion, relié directement aux sites Internet et aux articles qui en constituent les étapes.

L’humour et la vérité, de Rabelais au point Godwin

Je me souviens que, lorsque je faisais mes études, une de nos enseignantes nous faisait étudier Le Quart livre de Rabelais. Je ne saurais plus donner les détails de ces cours, mais ce qui m’est restée en mémoire, c’est qu’elle nous signalait l’humour de Rabelais, comme un humour qui paraîtrait déplacé de nos jours, au même titre qu’un humour d’il y a vingt ou trente ans. On ne peut plus rire des mêmes choses aujourd’hui, qu’il y a quelques années et, par conformisme ou par peur, on n’en est désormais réduit à marcher sur des oeufs.

Pantagruel dans Le Quart livre, illustré par Gustave Doré

Pantagruel dans Le Quart livre, illustré par Gustave Doré

La même chose intervient lorsque l’on utilise les réseaux sociaux, et cela pour deux choses :

  • d’une part, on se rend compte que toute vérité n’est pas bonne à dire, et qu’il faut, justement, sur ces réseaux sociaux, maintenir des « apparences sociales ou sociables » ;
  • d’autre part, l’usage du second degré, de l’ironie, ou d’un humour qui devrait se mesurer comme les ondes sismographiques ou l’intensité du vent, d’un peu déplacé à très déplacé, doit, lorsque l’on se revendique comme personne civilisée, s’accompagner d’une mention « troll », « lol », « mdr » et autres efforts de traduction qui rendent ce mode d’expression perceptible à ceux qui nous lisent.
Do not feed troll. Source : Wikipédia. Auteur : Sam Fentress

Do not feed troll. Source : Wikipédia. Auteur : Sam Fentress

Que ce soit l’humour ou la vérité – et je ne rentrerai pas dans des définitions de la vérité qui ferait ressembler cet article à un cours de philo – ces deux modes d’expression sont tantôt édulcorés, affadis, tantôt complètement à vif.

Dans le premier cas, on évite de heurter la sensibilité des autres, en vertu d’une nétiquette non formulée – une sorte d’auto-censure. Dans le second, si jamais on manifeste une vérité ou une critique, ou si l’on pousse l’humour un peu trop loin – volontairement ou involontairement, en fonction du public qui nous lit, on glisse sur la pente fatale qui mène inévitablement de l’incompréhension jusqu’au point Godwin, si le site ne dispose pas de modérateurs vigilants.

Sarcasim mark : le symbole assumé de l'ironie sur Internet

Sarcasim mark : le symbole assumé de l’ironie sur Internet

Ainsi, comme je l’avais brièvement abordé dans l’article sur l’interprétation de l’information, l’expérience soit disant tentée par un internaute de dire toute la vérité – et cela jusqu’à l’insulte, sans souci des convenances ou de la sensibilité d’autrui, était forcément vouée à l’échec, car elle vérifiait l’idée bien connue de « dire tout haut ce que l’on pense tout bas ».

Cette expérience, si elle avait été vraie, aurait-elle eu le même impact ? Un véritable internaute, exaspéré par le consensus social qui nous pousse à forcément « aimer » le statut d’untel ou à ne pas réagir aux commentaires d’untel, aurait-il adopté la même virulence dans la critique ?

Il lui aurait fallu dans ce cas renoncer à tout un attirail de règles de comportements que l’on intègre inconsciemment lorsque l’on s’inscrit sur un réseau social, et du coup s’exposer à un inévitable ostracisme. Pour résumer rapidement : sur Facebook, tu aimes ou tu le quittes.

La vérité brute est tue, et l’humour assez mal accepté, puisqu’il y a quasiment autant de formes d’humour qu’il y a d’individus. Mon humour a peu de chance de ne blesser personne, et l’humour d’autrui peut à tout moment me heurter, que je n’y sois pas réceptive ou que je sois tout simplement mal disposée.

Splendeurs et misères du canular

Vrai ou faux, humour ou sérieux, peu importe de toute façon. Un article construit, fouillé, étayé de sources et d’arguments peut autant susciter la polémique qu’un fake. Il n’y a qu’à comparer les articles plus ou moins approfondis parus suite à la fameuse affaire du bijoutier de Marseille qui avait désarmé son braqueur – fait divers réel ayant suscité la polémique et des commentaires passionnés sur la meilleure façon de se faire justice – et cet article paru sur Darons.net, sur un bébé ayant été mis en garde à vue pour tapage nocturne. Les deux suscitent le même débordement enflammé.

Bon nombre d’internautes tombent têtes baissées dans le panneau – et même un internaute averti, voire un professionnel de l’information, peut, par négligence, ou par manque de temps, se faire avoir. Mais une fois son erreur constatée, grâce aux « A propos », « Qui sommes-nous ? » ou simplement grâce au sous-titre du site, son exploration d’internet n’en sera que plus riche, puisqu’il savourera d’autant plus l’information fausse en la sachant fausse.

Le Courrier des échos

Le Courrier des échos

Il trouvera notamment son bonheur sur :

Le Gorafi

Le Gorafi

Une source inépuisable de surinformation

Encore une fois, vraie ou fausse, cette information foisonnante concentrée sur Internet, et plus encore sur les réseaux sociaux, se substitue de plus en plus aux autres moyens de s’informer. En 2010, cinq journalistes ont participé à l’opération « Huis clos sur le Net » : enfermés pendant cinq jours avec seulement Facebook et Twitter pour s’informer. Et aujourd’hui, je n’ai pas besoin de regarder un match de foot alors que je peux en avoir un compte-rendu minute par minute sur Twitter.

J’ai accès à une information instantanée, mise à jour en temps réel, et que je peux contribuer à transmettre et à fabriquer. Je participe à son éternelle « rafraîchissement », et là encore, je suis confrontée aux réactions qu’elle suscite – enflammées, passionnées, polémiques, spontanées. A moi de faire le tri, et de prendre le recul nécessaire face à cette surinformation.

Sources et pour aller plus loin…

  • Le point culture : l’humour au 16e siècle, Rabelais et Montaigne, sur Fabula.org et la définition de Rabelaisien sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.

Méfiez-vous du chat qui dort… sur Internet.

Pourquoi les chats sur Internet suscitent-ils l’enthousiasme ? Pourquoi on ne lit jamais les « commentaires précédents » sur Facebook ? Pourquoi notre voisin ne voit pas l’image de la même manière que nous ? Pourquoi le terme « officiel » fait polémique ? Peut-on atteindre le point Godwin en publiant une photo de chat qui dort sur un réseau social ? Toutes ces questions m’ont obsédée ces dernières 48 heures, tout cela à cause d’une banale anecdote, et voilà pourquoi !

Les littéraires et les amateurs de mythologie antique connaissent bien les deux monstres marins Charybde et Scylla, Charybde étant un gouffre marin qui engloutit eau, navires et poissons, Scylla une créature monstrueuse vivant sur un rocher. Les deux, tourbillon et récif, vivent de part et d’autre d’un détroit maritime que doit notamment franchir le héros Ulysse. Ils ont donné lieu à une expression : « tomber de Charybde en Scylla« , que l’on peut traduire par « de mal en pis », ou « d’un péril vers un autre plus grand encore ».

De Charybde en Scylla appliqué à l’identité numérique…

Voici une introduction bien spectaculaire pour évoquer une anecdote, ma foi, bien ordinaire. Il y a quelques jours, je discutais avec une amie sur Facebook. Au détour de la conversation, je lui affirme « demain, c’est officiel, je dors ». L’amie en question, taquine, veut me mettre face à mes contradictions : « si c’est officiel, publie-le sur ton mur ».

Mon mur sur Facebook n’est pas une coquille vide : je partage des photos, des articles de ce blog ou d’autres blogs, mais je n’aime ni les statuts qui évoquent le déroulement d’une journée du type :

  • j’ouvre la fenêtre et je découvre le temps qu’il fait
  • je compte les pas qu’arrive à faire mon bébé avant de se retrouver sur les fesses
  • je fais étalage de mes humeurs successives

ni publier des photos de moi. J’ai donc cru que je m’en tirerais à bon compte en envoyant à cette amie une photo par MMS, où je pose baillant, et un post-it sur le front « Demain, je dors ». À raison, un MMS n’était pas assez officiel pour elle.

Sleeping_baby_cat

J’ai donc publié les simples mots « C’est officiel », avec cette photo, prise sur l’article « Sommeil » de Wikipédia, et utilisée par la page « Dormir » (centre d’intérêt) de Facebook. Et voici ce qui a suivi (je restitue les grandes lignes des commentaires qui ont suivi, évidemment sans mention du nom des personnes) :

A : C’est moins drôle qu’avec le post-it, mais d’accord, on va dire que ça officialise la chose (…)

B : Tu prends un chaton et tu ne me le dis même pas ?

A : Tu vois, Juliette, je te l’avais dit, que ce n’était pas terrible comme officialisation. La preuve, les gens ne comprennent pas !

C : Le suspense est horrible, je ne comprend pas, je ne comprend pas !

A : Et moi je me marre, parce que je sais, mais c’est à Juliette de l’annoncer « officiellement » (j’adore rajouter du suspense).

D : Si c’est pas un chaton, c’est quoi ? Un bébé ? Vous allez vous marier ? Et non, en effet, on ne comprend pas trop à quoi tu fais allusion mis à part cet adorable petit chaton sur la photo.

Possibilités d’interprétation du texte et de l’image

Voilà donc la première partie de cette conversation, sans véritable intervention de ma part (j’ai découvert ça le lendemain matin). On peut constater que :

  1. je n’étais pas vraiment aidée par la copine qui était complice de cette expérience (figurée par la lettre A) – quoique ! et qui a joué sur le terme « officiel » et ses dérivés avec délectation…
  2. le dit terme « officiel » bouleverse tout le monde ;
  3. ce terme associé à un chat qui dort va susciter toutes les hypothèses, des plus cohérentes (l’adoption d’un chaton) aux plus inattendues, en tout cas pour moi (mariage, bébé…)

J’ai donc décidé au plus vite d’intervenir, histoire de remettre de l’ordre là-dedans et de calmer les imaginations les plus débridées, quitte à décevoir, soutenue par A !

J (Moi, en somme) : aujourd’hui je dors ! (on ne peut plus explicite, non ?)

A : Fallait juste comprendre que ce matin elle dormait (…)

E : Vive les vacances !

C : Tu dors, mais poilue, c’est ça?

F : Vous allez vous marier !!! Génial !

J (encore moi) : mais non !

F : un  bébé ou un petit chat ?

A : Mais il faut lire les commentaires d’avant !

Donc je reprends : je révèle le pot-aux-roses (sensationnel, il faut le rappeler, l’activité de dormir étant un événement en soi, on s’en doute), persuadée d’arrêter la chaîne de commentaires. Ma complice dans l’affaire me soutient, et une nouvelle venue dans la conversation, E., semble avoir compris, puisqu’elle associe le sommeil aux vacances.

C’est compter sans une autre personne, qui, n’ayant pas lu les commentaires précédents (défaut très répandu chez les utilisateurs de Facebook, moi la première), reprend à son compte les hypothèses inattendues. Déjà, en voyant tout ce tintouin, je me dis que tout un jargon professionnel peut être mobilisé : économie de l’attention, flux d’information, utilisation des réseaux sociaux… et je suis tentée par une action radicale : supprimer la photo.

Gestion de son profil Facebook

Evidemment, certains de mes amis, s’amusant beaucoup de cette situation, ne sont pas d’accord. Je laisse donc la photo, et s’en suit un débat passionné sur la gestion de l’identité numérique :

A (complice n°1) : C’est dommage, moi aussi je trouvais ça drôle l’imagination très fertile des gens…

C (complice n°2, qui trouve tout cela très drôle depuis le début) : Imagination fertile? Ils parlent tous de bébé ou de chat, c’est pas très fertile… Et mon dieu que c’est sexiste, en plus !

A : Je veux dire par là qu’ils extrapolent, même si c’est fait sans grande originalité…

J (toujours moi) : tu es la voix de la raison, C., et à peu près la seule personne sensée de la conversation… tu me connais assez pour savoir que je n’annoncerais jamais un mariage ou le fait d’être enceinte sur facebook… déjà une photo de chat qui dort sort complètement de l’ordinaire quand on connaît mon profil…

C : N’empêche faire le lien entre un chat et un bébé. . Je ne sais pas pour qui c’est le plus offensant, le chat, le bébé ou les parents… Tu serais plus du genre à faire une citation littéraire ou cinematographique.

J : Ou juste à prévenir les gens en privé.

À ce stade, j’ai déjà vexé les gens qui ne sont pas très familiers de ma manière de fonctionner sur Facebook et ceux qui associent le terme « officiel » et le « chat qui dort » à un mariage ou à un bébé sont partis bouder, taxés par mes copines de manque d’originalité. On en tire tout de même une conclusion : je n’annonce pas les événements importants et privés sur un réseau social.

Et nous nous orientons alors vers quelque chose de plus proche de ma personnalité, à savoir les références littéraires, cinématographiques et numériques (blogs, comportements geeks, séries télévisées, etc.) : C., qui a pointé du doigt ma passion pour les citations, s’émerveille de ce « bruit » inhabituel sur mon mur – assez calme généralement, peu commenté, en tout cas moins commenté quand je mets le lien vers un de mes articles que quand je partage une photo de chat qui dort !

C : C’est un vrai roman cette publication. A quand des livres épistolaires du 21 ieme siècle, qui relatent les conversations facebook ? Parce que tu tiens un nouveau « À la recherche du temps perdu » là. Avec cela dit, beaucoup plus d’action que dans l’original. Et des chats. Beaucoup de chats. Les chats, c’est le web. Et le porno aussi. Voir les deux en même temps.

Et si j’écrivais un article sur les chats ?

C’est donc C., la première, qui m’a donné cette idée d’article, car si j’ai abandonné l’idée de littérature épistolaire, j’ai aussitôt rebondi sur l’idée d’écriture, et un panneau lumineux dans ma tête – type néon de grande enseigne – m’a alertée : « BLOG BLOG BLOG !!! » J’en ai profité, puisqu’on parlait de chat sur Internet, pour faire de la pub à Eva, prodigieuse auteure du blog Thèse antithèse foutaises, et grande amatrice de lol cats et de chat de Schrödinger.

Du coup, la question se posait : un article d’accord, mais sur quoi et dans quelle rubrique ?

  • la capacité des gens à extrapoler à partir des photos de chats…
  • la capacité à extrapoler tout court (une rose aurait-elle eu le même effet ?)
  • la gestion de l’identité numérique

Chat, officiel, point Godwin et Radio Londres…

Et là, comme un dernier sursaut, une des participantes à la conversation qui ne s’était plus manifestée, a voulu donner son avis, tout à fait légitimement, sur notre manière de railler les amateurs de chatons qui dorment :

E : L’extrapolation ne vient pas seulement de la photo. S’il n’y avait pas eu le statut personne n’y aurait fait attention et cela restait une belle photo de chaton ! Les écrits sont plus fautifs que l’image.

C’est donc mon « C’est officiel » qui fait polémique, tout autant que la photo du chat ! Et j’ai un instant craint que la conversation, sur un sujet à la base si anodin, ne tourne au vinaigre, voire atteigne le fameux point Godwin ! Plus récemment, un internaute n’avait-il pas suscité la polémique, non pas en abordant le sujet des nazis ou de Hitler, mais en déclarant purement et simplement la guerre à ses contacts sur Facebook, et en leur crachant au visage des vérités blessantes, méchantes et gratuites – expérience risquée et totalement fausse à retrouver ici.

Pour finir sur une note plus joyeuse – et tout en m’excusant, telle les transports en communs, de la gêne occasionnée, auprès de mes contacts éventuels lecteurs de cet article – je propose de publier la première photo venue associée à un message de Radio Londres. J’attends vos interprétations, des plus sages aux plus farfelues, lâchez-vous !

Fromages

« Les fraises sont dans leur jus »

Rentrée du CDI

En attendant l’article de Sky, de Rainbow Berlin, sur Cinephiledoc, voici un petit aperçu de ce qu’ont été mes premiers jours de rentrée, beaucoup moins stressants que ceux de l’année dernière. En effet, pour la première fois de ma jeune carrière, je ne suis plus la « petite nouvelle ». Je connais les trois quart des élèves et j’arrive en territoire connu. Ma priorité cette année, c’est donc de mieux encadrer la formation des élèves de sixième au CDI et de renforcer sa visibilité sur l’extérieur.

rentrée

Visibilité du CDI sur l’extérieur

Cette année, j’ai voulu entreprendre différentes actions qui permettront aux élèves, aux professeurs et aux autres membres de la communauté éducative, parents compris, de mieux cerner l’activité du CDI.

  • Pour les professeurs, j’ai choisi de poursuivre ma veille sur l’éducation et l’actualité culturelle (avec le Buzz de Mermoz), mais également de leur donner accès à mon outil de veille, un portail Netvibes, dont voici le lien :

Veille professionnelle Juliette Filiol

  • Pour les parents, professeurs et les élèves étant inscrits sur Facebook (bien que certains soient en-dessous de l’âge légal), j’ai décidé de créer une page Facebook du CDI, qui me permet d’indiquer les actualités du CDI, les fermetures exceptionnelles, et les nouveautés…

Page Facebook CDI du collège Jean Mermoz

  • Enfin, à destination des élèves de sixième et de leurs parents, j’ai fait distribuer le jour de la rentrée une petite brochure de présentation du CDI, la plus succincte possible, avant les séances d’Initiation à la recherche, afin de leur donner un premier aperçu. La brochure est construite comme ça :

Brochure CDI présentation

Et voici son contenu en format PDF : Brochure cdi

Formation des élèves de sixième

Cette brochure me permet un premier contact avec les élèves de sixième. L’année dernière, comme j’arrivais, mes séances d’initiation à la recherche ont été un peu « sportives » je dirais. Je n’étais pas contente des documents que j’avais réalisés, j’ai donc reconstruit complètement mes premières séances : la découverte du CDI et l’exploration du fond fiction.

Voilà le nouveau document pour la séance de découverte : Je découvre le CDI 2013 2014

Et voilà le document de recherche pour les fictions, recherche à la fois dans le fond physique du CDI et sur E-SIDOC : Je découvre les fictions au CDI 1

Evidemment, pour le fond physique, j’ai fait plusieurs fiches avec des cotes différentes, sinon ils sont tous les uns sur les autres ou se passent les réponses.

Questions de gestion

J’ai passé un certain temps en fin d’année à retirer les doublons et tout ce qui était trop vieux ou abîmé, du fond. J’ai aussi retiré quelques périodiques, dont certains dataient des années 60 et 70 et auraient fait les délices de collectionneurs (en tout cas ils ont fait les délices de quelques collègues).

J’ai essayé de ranger ma réserve, en particulier les spécimens de manuels scolaires et les séries étudiées par les professeurs de français, que j’ai pointées et étiquetées (les séries ne sont pour l’instant pas informatisées). Séries disponibles en français

Animations

Pour cette nouvelle année, je reconduis certains projets de l’an passé : atelier cinéma, atelier jeux, club journal. J’espère également arriver à mettre en place un atelier lecture avec des élèves motivés.

L’autre projet de l’année, c’est de remettre en place une liaison CM2 / 6e (mon prédécesseur avait instauré des activités que je n’ai pas pu poursuivre l’année dernière faute de temps. Pour l’instant, ce qui m’intéresse le plus est l’idée soufflée par une collègue : faire de certains élèves de sixième motivés des ambassadeurs auprès des CM2 et leur faire faire de la lecture à voix haute (avec au bout du projet la venue d’un conteur ou une visite au salon du livre de mars).

Enfin, bénéficiant toujours de l’argent du foyer, j’organise de nouveaux concours cette année, à commencer par un petit questionnaire thématique dès la semaine prochaine, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine :

Concours journées du patrimoine

Les trois premiers à me rapporter la feuille remplie et correcte gagneront un guide de Paris ou de l’Ile de France.

Voilà pour cette nouvelle année, que j’espère dynamique et pleine d’autres projets !

Dimension visuelle de Facebook

Aujourd’hui, pas de cinéma, et ce n’est pas non plus l’un des hors-séries promis pour cet été, mais simplement une petite réflexion personnelle, qui m’a été soufflée par l’une de mes amies sur Facebook. Cette réflexion, que j’ai intitulée « Dimension visuelle de Facebook » vient aussi d’une habitude tenace chez moi : Facebook est l’un des premiers sites auxquels je me connecte le matin, et l’un des derniers dont je me déconnecte le soir. C’est dire si je suis sensible à ses effets visuels…

Un échantillon de dépendance numérique

On peut aborder Facebook sous différents angles, de diverses façons – l’année où j’ai passé le CAPES de documentation était d’ailleurs celle durant laquelle est sorti au cinéma The Social network, film que je recommande à ceux qui ne l’auraient pas vu :

  • Réseau social avec la mise en question de la gestion des données personnelles et, justement, de la sociabilité de l’internaute ;
  • Partage et mutualisation de l’information ;
  • Veille de l’actualité. De quelle manière y’a-t-il une particularité « Facebook » dans le suivi de l’actualité (sélection de l’information par l’internaute) ?
  • Profilage des publicités en fonction du sexe et de l’âge de l’abonné (bandeau de droite) ;
  • Ou encore, question qui se pose de manière plus générale sur l’ensemble des sites internet, droit à l’image et droit de l’image.

Ce qui m’intéresse – et cela, complètement en amateur – ce sont les effets visuels de Facebook. Les stimuli, ce qui attire l’oeil lorsqu’on se connecte. Au-delà de la prédominance bleue, une fois que je me retrouve sur la page d’accueil, les premières choses que je regarde, ce sont :

Capture d’écran 2013-06-26 à 10.02.42

  1. les notifications, messages et demandes d’ajout en haut à gauche – en rouge, un chiffre. Le rouge capte directement l’attention.
  2. le bandeau de gauche : y’a-t-il de nouvelles infos sur lesquelles cliquer ? Nouveaux messages, informations classées par listes et par groupes auxquels je suis abonnée.
  3. le fil central d’actualité. Qu’est-ce qui s’est passé depuis les cinq dernières minutes où j’étais dans la cuisine / dans la salle de bain / le dos tourné, et qui serait miraculeusement apparu entre temps ?
  4. la traque des petits points verts. Qui est connecté en même temps que moi ?

Capture d’écran 2013-06-26 à 10.02.51

La lecture visuelle de Facebook n’est pas plus originale, et pas moins, que celle de n’importe quel site Internet. Une lecture d’informations de gauche à droite et de haut en bas. En revanche, dans le cas de la lecture d’images, cela peut donner parfois des petites choses intéressantes.

Je ne m’avancerai pas à faire de grandes théories sur le conditionnement du regard par le réseau social, ou sur la comparaison d’une image lue sur un site de presse en ligne ou sur Facebook, même si je suis convaincue que ce serait passionnant. Je me contenterai d’évoquer un petit cas particulier.

Photographie et réseau social

Hier, je me suis connectée sur Facebook. Après la traque aux petits points rouges, la première chose qui m’a attiré l’oeil, c’est une photo publiée par une amie. Cette amie, passionnée de photographie, publie une fois par semaine (et parfois plus souvent) ses productions. Vous pouvez retrouver différents exemples de son travail sur son espace Flickr.

Sandrine aime les petites choses, les contrastes entre ombres et lumières, les instantanés qu’elle capture, les moments fugitifs. J’adore les photos qu’elle a prises cet hiver, de flocons et de glaces ; ses images d’insectes en gros plan, de nervures de feuilles d’arbre…

Chaque semaine, elle publie une photo en relation avec un thème choisi par l’administrateur d’un groupe Facebook dont elle est membre. Cette semaine, le thème était : « Faire deviner une odeur ».

Capture d’écran 2013-06-25 à 22.04.18

La photo était à ce moment-là la première information affichée dans le fil d’actualité, et la lumière a tout de suite attiré mon attention. Il s’agit d’un mouvement pris sur le vif, celui de la flamme et de la fumée – Sandrine m’a expliqué qu’il s’agissait d’une photo réalisée avec un retardateur et en mode rafale.

La lumière s’étale sur la main qui tient l’allumette, se propage. On a l’impression d’une flamme en suspension dans l’air, d’une goutte de lumière qui vivrait par elle-même, presque générée par la personne qui se tient à l’arrière-plan.

Retour aux origines

Ce qui rend la lecture de cette image particulière, c’est que, pour une fois, il faudrait la lire de droite à gauche pour suivre le mouvement. Et cependant, lorsqu’elle apparaît sur la page d’accueil de Facebook, notre oeil va de gauche à droite et de haut en bas, et il suit un mouvement anté-chronologique.

La photo se déplie progressivement, à mesure que nous faisons glisser les informations et voilà le sentiment qui s’en dégage : celui d’un retour en arrière. La conséquence (la flamme) avant la cause (utiliser une allumette) ; la lumière avant le mouvement qui l’a suscitée. L’être avant le devenir.

Une fois ce premier mouvement du regard achevé, une fois qu’on a lu, à l’envers, cette photo, l’oeil peut alors reconstituer le véritable mouvement logique, il peut le revivre, et replacer à l’endroit la cause et la conséquence.

Sandrine Leroy

Sandrine Leroy

Tout cela pour dire quoi ? Avec une simple photo, j’ai eu l’impression de revoir ces mouvements avant / arrière d’un cinéma au ralenti ou d’un magnétoscope en accéléré (pour les nostalgiques). J’ai eu le sentiment d’un flashback et d’une accélération du mouvement simultanés. J’ai senti qu’on m’offrait plus qu’un moment, qu’un instantané incroyablement fugitif : dans la fraction de seconde où mon regard est allé de gauche à droite, puis revenu de droite à gauche, j’ai participé au processus de création. J’ai moi-même suscité ce mouvement et fait de cette photo ce que son auteur voulait qu’elle soit, un instant étiré, une « minute affranchie de l’ordre du temps », et que l’on pourrait revivre à l’infini.

Quoi de neuf docteur ?

bip bip coyote

Ce matin, atelier bricolage en coproduction permanence / CDI : l’objectif, fabriquer un panneau réversible OUVERT / FERME pour les deux portes du CDI. En gros, un sens interdit d’un côté, un smiley de l’autre. Le tout découpé, cartonné et plastifié. Tout cela pour éviter que les élèves traînent dans les couloirs à la pause déjeuner avec pour prétexte de venir au CDI et pour qu’ils sachent clairement quand ils peuvent entrer. Du coup, j’ai un peu l’impression d’être Sophie Marceau dans La Boom, avec son sens interdit sur la porte de sa chambre, sauf que c’est moi, l’adulte, qui empêche ou autorise les ados à entrer ! Et voilà une fois de plus démontrés les bienfaits d’une signalétique claire et explicite !

Ce midi, j’organisais la troisième séance de l’atelier cinéma avec un dessin animé de Tex Avery, Le Voyage dans la lune de Méliès et deux courts métrages de Chaplin : « Charlot et le masque de fer » et « Jour de paye ». Les élèves commencent à s’habituer à mon organisation et à ce que je leur projette : ils réclament maintenant Tex Avery au début de la séance et, avec faiblesse, pour une fois j’ai cédé. J’avais tendance normalement à leur projeter le cartoon en guise de dessert, ce que je ferai à nouveau la prochaine fois. Mais il est vrai que, moi-même, j’ai toujours apprécié ces situations absurdes, ces chutes interminables et ces poursuites.

Je me souviens surtout des tentatives toujours vouées à l’échec du Coyote pour attraper Bip-Bip et des inévitables « What’s up, Doc ? » de Bugs Bunny. Généralement, les sons que produisent sur mon portable l’envoi d’un message ou la mise à jour de Tweeter me font penser à ces scènes et ces personnages de cartoon. Même la manière de s’informer devient parfois aussi absurde que les situations des dessins animés de Tex Avery. Au lieu de prendre quarante fois de suite le même couloir à la poursuite d’un fuyard insaisissable, on actualise quarante fois de suite en l’espace d’un quart d’heure la même page Facebook, Twitter ou notre boîte mail. Si l’on regroupait quarante personnes dans un lieu, on les verrait répéter le même geste de manière répétitive, avec ou sans entonnoir sur la tête… ou bien les smartphones s’animeraient, et hurleraient en sautillant « TWEET, TWEET, TWEET !!!!! »

Non, je ne pète pas les plombs. J’essaye simplement de voir comment une manière de s’informer peut devenir délirante. Et de confronter deux manières de s’informer : le push et le pull. Le push, c’est la démarche d’aller chercher l’information sur un site, par exemple, faire la démarche d’aller consulter Google actualités ou les rubriques flash d’un site de presse en ligne. Le pull, c’est recevoir l’information envoyée par un flux RSS ou à laquelle on est abonné (pages Facebook, comptes Twitter). D’un côté, on court à la poursuite de Bip-Bip, de l’autre, notre portable vivant nous crie : « TWEET, TWEET, TWEET !!!!! »

S’informer sur les réseaux sociaux est devenue en quelques années une manière à part entière de s’informer (ce qu’avaient déjà expérimentés cinq journalistes en 2010, avec l’expérience « Huis clos sur le net »), avec en plus la possibilité de personnaliser l’information reçue et recherchée (voir sur les évolutions de ces pratiques l’article d’Olivier Ertzscheid sur Affordance.info) .

Sur Facebook, on a donc différents types d’information : les informations personnelles (mises à jour de statuts, partages de photos, créations d’évènements), les relais d’informations (partages), et le suivi de l’actualité des pages que l’on aime. Sur Tweeter, tout est mis sur le même plan : tweet (infos personnelles), retweet (partage), abonnements et abonnés (suivi d’actualité). Non seulement, l’information m’est directement fournie, instantanément – on me donne la becquée – mais en plus, il n’y a plus aucune différence entre ce que je suis, ce que je publie et ce que je recueille comme information. Je suis acteur, auteur et censeur de l’information publiée.

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