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Notes de lecture sur l’intelligence artificielle (épisode 6)

Comme je l’ai annoncé dans les précédentes notes de lecture (épisode 5), j’ai décidé de consacrer un nouvel article à la question de l’intelligence artificielle.

Pour celui-ci, j’ai décidé de me concentrer sur deux ouvrages relativement récents, et sur des articles publiés dans un numéro du Courrier international. Concernant les ressources en ligne, je tâcherai de faire en sorte qu’elles soient en relation avec ces publications.

J’en profite pour indiquer que j’ai ajouté en format PDF dans l’article consacré à l’intelligence artificielle au cinéma la deuxième réponse que m’avait fournie le service Eurêkoi à la question que je leur avais posée.

Dans cet épisode :

  1. un aperçu de deux ouvrages que j’ai parcourus : La Révolution ChatGPT et Si Rome n’avait pas chuté
  2. revue de presse avec le numéro 99 du Courrier international Hors-série
  3. sélection de ressources

La Révolution ChatGPT, d’Éric Sarrion

Cet ouvrage a été publié aux éditions Eyrolles en juin 2023.

Comme d’habitude lorsqu’il s’agit de publications dédiées à un outil spécifique et dont cette maison d’édition est coutumière (je pense par exemple aux guides sur WordPress, LinkedIn, Facebook, programmation Python, référencement Google, etc.), je suis toujours un peu frileuse…

J’ai toujours peur que ce type d’ouvrages deviennent un peu trop vite obsolètes face aux évolutions des outils qu’ils décortiquent. Je ne vais donc pas m’attarder sur les chapitres qui se concentrent sur des conseils d’utilisation (même si je les présenterai rapidement), et je vais détailler davantage les chapitres introductifs et conclusifs de ce livre.

En effet, le propos d’Éric Sarrion se décline en cinq parties. Les deux premières reviennent sur les origines et le fonctionnement de ChatGPT.

Partie 1 : Introduction à ChatGPT.

Dans ces premiers chapitres, l’auteur présente ChatGPT, un modèle de traitement du langage naturel pré-entrainé (Generative Pre-trained Transformer), développé et publié par OpenAI en 2019 et qui en est à sa 4e version. Il en indique les principaux domaines d’application, de l’assistance clientèle à la traduction, en passant par l’éducation et le recrutement.

Le fonctionnement de ChatGPT repose sur l’entrainement et la personnalisation, à partir d’un réseau de neurones. Il traite le langage naturel entre autres via la tokenisation (diviser le texte en unités appelées tokens) et les embeddings (représentations vectorielles des mots).

Pour l’entrainer, il faut veiller à nettoyer régulièrement les données collectées pour éviter le bruit – bruit informationnel, ça nous rappelle quelque chose – et les incohérences.

Les applications possibles de ChatGPT sont les assistants virtuels (chatbot), la traduction automatique, la rédaction de contenu et la recherche d’informations.

Partie 2 : Comment entraîner et utiliser ChatGPT ?

Cette partie se concentre sur des aspects techniques d’utilisation de ChatGPT.

L’auteur présente les tâches de pré-entrainement (données non étiquetées) et d’entrainement (affiner le modèle sur une tâche spécifique avec des données étiquetées = fine-tuning). Il énumère les différentes étapes pour entraîner ChatGPT : collecte et préparation des données, paramètres d’entrainement et outils disponibles.

Il indique ensuite comment utiliser ChatGPT dans des projets de développement en s’appuyant sur des bibliothèques et frameworks (Hugging Face par exemple) – ce qui permet de mieux comprendre également comment a pu être créer un outil comme Climate Q&A, évoqué dans mes précédentes notes de lecture.

Il donne enfin des exemples d’intégration et d’utilisation (créer un chatbot en Javascript, utiliser ChatGPT avec une interface vocale), ainsi que quelques stratégies de bonnes pratiques, notamment pour éviter les biais dans les données (diversifier les sources, utiliser des algorithmes pour détecter les biais).

Afin d’évaluer les performances de l’outil, on peut utiliser différentes méthodes comme la perplexité qui évalue la capacité du modèle à prédire la prochaine séquence de mots dans un texte (plus elle est faible, meilleur est le résultat) ou le test de Turing.

Partie 3 : Exemples d’utilisation de ChatGPT

Le premier chapitre de cette partie, « Poser les bonnes questions à ChatGPT » revient sur les éléments essentiels d’un bon prompt : être clair et précis, être spécifique, poser une question à la fois, utiliser un langage clair, garder la même discussion pour un même sujet et être courtois.

S’ensuivent une suite de chapitres détaillant différents exemples d’utilisation :

  • création de contenu textuel pour le marketing ;
  • traduction et apprentissage d’une langue ;
  • recrutement ;
  • création de code informatique (et de code pour Excel, ce qui peut rendre service quand, comme moi, on a du mal avec les tableurs) ;
  • création de contenu artistique et aide à l’innovation

Partie 4 : Implications éthiques

Dans ces trois chapitres, on retrouve les principales problématiques associées à l’intelligence artificielle aujourd’hui :

  1. les biais et les risques dans un premier temps (sources de biais, risques de discriminations avec un retour sur l’exemple de Tay, confidentialité et sécurité)
  2. les effets sur l’emploi et la société (est évoqué le projet construit par l’université de Stanford, EduGPT, pour répondre aux questions des étudiants, mais aussi la propagation des fausses informations)
  3. les réglementations et normes (utilisation responsable, nécessité de transparence, gouvernance de l’IA)

Partie 5 : Perspectives d’avenir

Enfin, les deux derniers chapitres offrent un regard déjà tangible sur les perspectives d’avenir de ChatGPT :

  • les points d’amélioration et de développement, les avancées dans certaines applications, la mise en concurrence
  • les défis à long terme (fusions avec d’autres technologie comme la réalité virtuelle ou l’informatique quantique, enjeux de réglementation et de gouvernance, nécessité de responsabilité et d’éthique)

Mon avis sur l’ouvrage

Comme je l’ai indiqué plus haut, ma principale réserve sur cet ouvrage est celle qui se rapporte d’une certaine manière à son obsolescence programmée, étant donné la rapidité d’évolution des outils d’intelligence artificielle.

Néanmoins, je trouve que ce livre permet de comprendre assez facilement le fonctionnement de ChatGPT avec des exemples d’utilisations concrètes, et d’en avoir un usage averti et critique, ce qui est loin d’être négligeable, surtout pour les élèves.


Si Rome n’avait pas chuté, Raphaël Doan

Le deuxième ouvrage sur lequel je me suis penchée pour ces notes de lecture est un livre fascinant qui utilise les potentialités de l’intelligence artificielle générative dans une perspective historique et historienne.

L’ouvrage a été publié en mai 2023 aux éditions Passés/Composés, une maison d’édition que j’adore parce qu’elle publie des documentaires historiques sous forme d’infographies.

Le propos de Si Rome n’avait pas chuté est assez vertigineux. Il s’agit, pour l’auteur, d’utiliser différents outils d’intelligence artificielle générative (le modèle de GPT-3 text-davinci-003 pour la génération de textes et 3 outils de synthèses d’images pour les illustrations : DALL-E, Midjourney et Stable Diffusion) pour proposer au lecteur une uchronie.

Chaque partie de l’histoire écrite par l’intelligence artificielle est suivie d’un commentaire de l’historien, qui remet en perspective les inventions de l’IA. L’ouvrage est construit de la façon suivante : deux préfaces, quatre parties qui font des allers-retours entre uchronie et commentaire, et une chronologie alternative.

Les deux préfaces reflètent les intentions du livre. La première, relativement succincte, se concentre sur l’uchronie proposée par l’intelligence artificielle : un monde où les Romains ont découvert la machine à vapeur et utilise la technologie pour conquérir le monde et l’espace.

La seconde préface dévoile la démarche de l’auteur. Il y revient sur les évolutions les plus récentes de l’intelligence artificielle générative, sur ce que permettent actuellement les grands modèles de langage (LLM) et sur l’impact actuel de la technologie (rapidité, divertissement, bulles de filtres).

Il explique de quelle manière l’intelligence artificielle peut raconter des histoires, et justement, de quelle manière elle peut servir l’uchronie, à partir de laquelle il pourra ensuite faire des allers-retours entre passé et présent.

S’il utilise le modèle de langage text-davinci-003, c’est parce que contrairement à ChatGPT qui privilégie la pertinence et la cohérence, text-davinci-003 offre une certaine originalité dans ses réponses. Mais comme pour ChatGPT (ce que nous avons vu plus haut), la formulation de la question reste primordiale :

Pour tirer le meilleur parti de ces grands modèles de langage, il faut savoir quoi lui demander. Parfois, il faut lui dire d’écrire comme un historien ; parfois comme un économiste ; parfois, comme un scénariste de cinéma, ou un grand romancier. La précision de la consigne est déterminante ; il faut lui demander d’être prolixe et détaillé, ou bien de donner des exemples. Le résultat est souvent meilleur si on lui dit en préambule : « tu es le meilleur historien spécialiste de la Rome antique au monde » ; comme quoi, la confiance en soi est la clé du succès, même pour les ordinateurs.

Passée cette préface, l’ouvrage s’articule en quatre parties qui vont proposer ces allers-retours entre une fiction aux illusions troublantes et le propos de l’historien.

Chapitre 1 : Néron et la machine à vapeur

Le point de départ de l’uchronie est l’invention de la machine à vapeur par Héron d’Alexandrie et son utilisation par l’empereur Néron. L’auteur utilise aussi cette première partie pour la production de textes littéraires « à la manière de » : la lettre d’un sénateur romain, le passage d’un roman de Pétrone, un poème de Martial.

La lecture de cette première partie m’a rappelée les textes publiés par les écrivains de la fin du 19e siècle et débattant de la beauté ou de la laideur de la Tour Eiffel. Pour revenir à notre uchronie, elle est l’occasion de montrer que chaque invention à ses soutiens et ses détracteurs, ses opportunités et ses risques (comme l’intelligence artificielle).

La suite de l’uchronie revient sur l’invention de l’électricité, avec un personnage qui rappelle les géants du numérique (de Bill Gates à Elon Musk) et le risque de la concentration de ces technologies dans un minimum de mains – revoir à ce sujet la question telle qu’elle est évoquée par Pascal Boniface dans sa Géopolitique de l’intelligence artificielle.

Le commentaire de l’historien revient sur le rapport des Romains aux sciences et aux techniques, et sur la primauté de la théorie sur les applications concrètes.

Je vais revenir de manière un peu plus succincte sur les parties suivantes.

Chapitre 2 : Autres techniques, autres moeurs 

Dans ce deuxième chapitre, l’intelligence artificielle raconte l’invention par un ingénieur romain du moteur à combustion, et de la transformation de la société dans le domaine des transports et du divertissement.

Cette invention permet ainsi d’entrevoir celle des réseaux sociaux, et la transformation des mentalités qu’elle engendre. Le nom donné à ceux-ci est agoraskopia (vision de la foule).

Dans cette partie est également évoquée l’évolution de la place des femmes dans la société et de la religion (avec le culte de la déesse Technè).

Le commentaire de l’auteur revient ici sur la relation des Romains à leurs dieux, le rapport au savoir et aux évolutions de la société (là encore entre partisans et détracteurs du progrès).

Chapitre 3 : Des esclaves aux robots

Cette partie se concentre sur l’invention d’automates pour remplacer les esclaves afin d’exécuter les tâches de manière plus efficaces, et d’éviter les révoltes.

Elle revient également sur la fabrication du premier ordinateur (abacus mechanicus) :

Seuls les individus les plus compétents et les mieux informés étaient capables de l’utiliser au maximum de ses capacités (…).

puis d’un équivalent du smartphone : la tabula calculans, tactile, rechargeable et transportable dans une poche.

Cette partie conduit Raphaël Doan à réinterroger le rapport aux technologies (robotisation) et au travail.

Chapitre 4 : L’empire universel

Cette dernière partie met en perspective les avancées technologiques et les relations internationales avec ici le rapport entre l’empire romain et l’empire chinois, et la façon dont le latin est devenu une langue parlée universellement.

L’historien revient sur l’exploration du monde connu par les Romains, et sur la façon dont les Romains voyaient d’un mauvaise oeil la contamination de leur langue par le grec, de la même manière dont aujourd’hui les anglicismes contaminent le français.

Il s’amuse à remplacer dans les textes latins de l’époque les termes grecs par des expressions en anglais, traduisant chez certains auteurs une forme de snobisme. Il rappelle que la disparition du latin n’est pas tant due à l’influence du grec qu’à son évolution et sa déformation intérieure sous forme de langues dérivées (français, italien, espagnol).

Les dernières pages de l’uchronie orchestrent un conflit mondial avec comme acteur un imposteur – ce qui n’est pas sans rappeler les problématiques actuelles autour de la désinformation et des dérives dans l’utilisation de l’intelligence artificielle, en particulier les deepfakes, et ce qui conduit à mes prochaines lectures qui se pencheront notamment à nouveau sur les relations entre intelligence artificielle et politique.

L’ouvrage se referme avec la présentation de la chronologie alternative proposée par l’uchronie : de 56 avant JC et la découverte de la machine à vapeur, à 510 après JC :

Les Romains créent la première IA consciente d’elle-même, connue sous le nom de « Romulus », qui devient un outil inestimable pour la recherche scientifique et l’exploration.

Mon avis sur l’ouvrage

L’entreprise de Raphaël Doan m’a complètement bluffée et happée, j’ai lu ce texte en moins de 24 heures.

Mes notes ne rendent pas compte de la virtuosité avec laquelle il propose également des illustrations (dont la conception est explicitée dans sa deuxième préface). Le propos est, comme je l’ai dit, assez vertigineux, et remet continuellement en perspective notre rapport au savoir et aux avancées technologiques.

Les allers-retours proposés par l’historien permettent de replacer telle ou telle notion que l’on croit des plus récentes dans un contexte beaucoup plus ancien (la relation au divertissement, aux progrès, au travail, à l’écologie, à la langue), mais aussi de revenir aux sources d’un questionnement antique et d’en voir les prolongements jusqu’à aujourd’hui.

D’un point de vue un peu plus éloigné (quoique), cette uchronie m’a rappelée le scénario pédagogique présenté à la JIAPD par Gabrielle Bour, collègue professeure documentaliste dans l’académie de Paris, qui a fait utiliser des outils d’intelligence artificielle générative à ses élèves pour travailler sur la conjuration de Catilina, ce qui leur a donné des résultats assez surprenants, sources d’une réflexion sur l’usage critique de ces outils.


Revue de presse

Pour cette revue de presse, je me suis concentrée sur les publications du Courrier International, en particulier sur le Hors-série n°99 entièrement consacrée à l’intelligence artificielle, que je décortique en partie, en prélevant les articles qui se penchent sur ces aspects de la question. Je le reprendrai pour d’autres aspects dans de prochaines notes de lecture.

Pour citer les articles concernés, je mettrai en lien leur version en ligne quand le Courrier international la propose.

Ce premier article est issu de The Guardian et a été publié en octobre 2023. Il revient sur les applications principales de l’intelligence artificielle (reconnaissance vocale, voiture autonome, dépistage médical, publicité personnalisée, recommandation) et en profite pour redonner les définitions de certains termes associés : apprentissage automatique, algorithme, grand modèle de langage, chatbot.

L’article est suivi d’une superbe infographie (p.8-9), malheureusement non disponible en ligne, qu’on peut associer à celle proposée sur le site du Courrier international (voir plus bas dans les ressources).

Un encart « Que savent-elles faire ? Sept usages de l’IA » (p.10-11) donne différents exemples d’application : les rédactrices, les traductrices, les illustratrices, les vidéastes, les bavardes, les codeuses et les enquêtrices qui s’intéressent à la vérification de contenus générés par l’IA.

Cet article figure dans la première partie du hors-série, consacrée à l’intimité. Il a été publié en avril 2023 dans la MIT Technology review. Il s’intéresse aux failles des modèles de langage tels que ChatGPT : injection de prompts pour amener l’outil à soutenir des théories racistes ou complotistes, messages cachés facilitant les arnaques…

Les articles suivants de cette partie reviennent sur d’autres dérives ou d’autres applications relevant de la vie quotidienne : « Déshabillées en un clic » (p.17-18) alerte sur un outil permettant de créer photos et vidéos pornographiques, utilisé par les adeptes du revenge porn. « Un coach à la carte » (p.18-19) étudie les intelligences artificielles qui accompagnent les sportifs dans leur entrainement.

« J’ai créé le petit ami presque parfait » (p.20-22) rappelle le film Her : les jeunes chinoises choisissent de plus en plus d’avoir un compagnon virtuel, ce qui n’est pas sans risques.

Dans une deuxième partie, ce hors-série du Courrier international revient sur les impacts économiques de l’intelligence artificielle.

L’article proposé en pages 26-29 s’intéresse aux travailleurs de l’ombre de l’IA : ceux qui assignent des étiquettes à des contenus (en particulier les images) pour ensuite entraîner les modèles de langage, et dont l’existence est mise en péril par les derniers progrès de ces modèles, et l’apprentissage auto-supervisé, qui leur permet d’apprendre à partir de données non étiquetées.

L’article de cette partie que j’ai trouvé le plus intéressant est issu de The Atlantic : « Un an d’IA à l’université, un an de chaos et de confusion ». Il se penche sur la question des étudiants qui utilisent l’intelligence artificielle pour les travaux demandés, les raisons qu’ils invoquent (trouver l’inspiration, réduire le stress), et la nécessité pour les enseignants d’adapter leur pédagogie et leurs méthodes d’évaluation.

Deux autres articles reviennent sur les impacts de l’IA sur le marché du travail (précarisation, nivellement des salaires) quand un article publié dans le Wall Street Journal revient justement sur les nouveaux métiers rendus possibles par l’intelligence artificielle (développeur, ingénieur de requête, psychothérapeute de l’IA).

Ce portfolio fascinant, et accessible gratuitement en ligne sur le site du Courrier international, ouvre sur une nouvelle partie consacrée à l’intelligence artificielle dans les arts et la recherche.

Le premier article « Avec ChatGPT, nous vivrons bientôt tous en uchronie » (p.48-50) a été publié dans Die Zeit. Son auteur, l’écrivain Clemens Setz, revient sur les hallucinations de ChatGPT qui lui invente des oeuvres qu’il n’a pas écrites. Un encart rappelle les plaintes d’écrivains comme George R.R. Martin suite à l’utilisation de l’IA pour générer des textes en s’appuyant sur leurs oeuvres.

Une revue de presse se penche ensuite sur l’encadrement des usages de l’IA obtenus par les scénaristes et les acteurs à Hollywood après les grèves du printemps et de l’été 2023.

Les deux derniers articles s’intéressent aux applications de l’intelligence artificielle dans le domaine de la musique (générer une maquette en quelques clics, changer des voix, restaurer des morceaux en mauvais état, comme une chanson de John Lennon enregistrée sur cassette) et de la médecine (détecter les maladies et établir un diagnostic).

Je m’arrête ici pour ces notes de lecture, je reviendrai sur les derniers articles de ce hors-série dans un prochain épisode.

Quelques ressources pour terminer.

Ressources

Je renvoie une nouvelle fois au site de Bertrand Formet : Une IA par jour, pour continuer à farfouiller dans les nouvelles initiatives autour de l’intelligence artificielle.

Février 2024 : séances et animations du CDI

Dans ce nouvel article, je vais présenter les actions menées au CDI entre le 29 janvier et le 9 février, ainsi que certaines activités menées à l’extérieur.

Je choisis de publier cet article pendant les vacances de la zone C, qui sont arrivées très tôt cette année, également parce que j’ai publié coup sur coup l’article cinéphile de février et un épisode de mes notes de lecture sur les données numériques tout début février.

Cet article revient donc sur trois semaines d’activités, mais qui ont été relativement denses, puisque mes vacances sont assez studieuses, et la reprise promet elle aussi d’être assez intense…

Animations du CDI

Afin d’anticiper sur les échéances à venir, j’ai profité de mes mercredis studieux pour préparer un certain nombre de sélections thématiques jusqu’au début du mois d’avril, ce qui m’a fait gagner beaucoup de temps (j’aurai l’occasion d’y revenir un peu plus bas).

objectif : une sélection thématique par semaine

Pour la période janvier – mars, mon objectif est de pouvoir proposer une sélection thématique par semaine en m’appuyant, comme je l’ai indiqué dans l’article consacré au bullet journal, sur les événements nationaux et internationaux.

Sur cette période, j’ai donc préparé les sélections thématiques de février (deux sélections), mars (cinq sélections et la présentation de la semaine de la presse pour les enseignants) et avril (une sélection). Je les présenterai progressivement dans les articles à venir.

  • Safer Internet Day (6 février)

J’ai préparé cette sélection et l’ai installée le 1er février, pour remplacer la sélection sur le harcèlement qui était mise à disposition des élèves depuis le mois de novembre.

La version cliquable de l’affiche réalisée sur Canva a été publiée sur le blog du CDI et renvoie vers une sélection de ressources et d’articles en lien avec la thématique du Safer Internet Day.

Pour l’occasion, j’ai également publié l’épisode deux de mes notes de lecture, auquel j’ai pu intégrer le travail de deux élèves de seconde, Timothée et Flavien, qui avaient travaillé sur le cyber-contrôle en Chine.

  • Journée internationale des femmes et des filles de science (11 février)

Les vacances arrivant relativement tôt, il a fallu choisir une sélection à proposer pour la deuxième semaine, sélection qui est amenée à rester installée quelques semaines, puisque plusieurs classes travaillent sur les femmes scientifiques en ce moment.

En effet, notre lycée fête cette année ses 50 ans, et une cérémonie d’anniversaire est organisée le 2 avril, à l’occasion de laquelle est conviée Emmanuelle Charpentier, prix Nobel de chimie, et qui a été élève au lycée.

J’ai proposé une présentation réalisée sur Genial.ly, qui renvoie vers une sélection d’ouvrages, des brochures sur l’orientation et des ressources en ligne :

C’est cette présentation que j’ai mis du coup en focus de ma lettre de diffusion à destination des enseignants pour le mois de février (voir plus bas).

Les ouvrages ont été mis à disposition des élèves le 5 février pour remplacer la précédente sélection sur Martin Luther King :

autres actions mises en place
  • Puzzle collaboratif

Le puzzle collaboratif installé début janvier et qui met en scène l’univers de Harry Potter a été terminé par les élèves la dernière semaine de janvier.

Il en manque malheureusement une pièce, mais après un démarrage un peu laborieux, il a connu une accélération fulgurante, que nous n’arrivons pas toujours (comme l’année dernière) à expliquer.

  • Sélection « Livres de SF adaptés au cinéma »

Cette sélection a été proposée par Roman également la dernière semaine de janvier, après une sélection installée début janvier avec les élèves sur les biographies.

  • Mise à jour de la revue de presse 

Durant cette période, j’ai enfin réussi à mettre à jour la revue de presse que j’avais installée durant la précédente période au CDI.

Voici les cartes proposées et réalisées sur Canva :

Et voilà ce que cela donne sur la carte proposée à l’entrée du CDI :

Séances et actions pédagogiques

Voici les séances menées entre le 29 janvier et le 9 février, ce sont principalement des séances en SNT, et comme je n’ai été présente au CDI sur cette période que six jours, il s’agit plutôt de dresser le bilan de la séquence « Internet et web », et de partager, comme je l’avais indiqué précédemment, la fiche élève et l’escape game de la troisième séance.

Pour plus de lisibilité je vais indiquer ici les séances, leur intitulé et leurs objectifs, et les classes concernées.

internet et web
  1. Comprendre le web et internet à travers Google. Au retour des vacances, j’ai vu deux classes : les 2nde7 et les 2nde11.
  2. Comprendre les enjeux de l’utilisation d’internet et de publication en ligne. Au retour des vacances, les 2nde11.
  3. Comprendre le droit d’auteur et la citation des sources. Pour cette séance (ma préférée) j’ai conçu un escape game qui remplace une précédente séance dont je n’étais absolument pas satisfaite. Pour ces deux dernières semaines, j’ai vu les 2nde11. La séance avec les 2nde7 est reportée au retour des vacances.

Voici l’escape game réalisé pour cette séance :

Je tiens à indiquer que je partage sous licence Creative Commons le lien de cet escape game, qui peut faire appréhender aux élèves les notions de droit d’auteur et de citation des sources.

Si jamais vous souhaitez le réutiliser dans le cadre de vos séances, je vous remercie donc à l’avance de me prévenir et de rappeler que j’en suis l’auteure, cet escape game ayant fait l’objet d’une trentaine d’heures de travail.

Je partage ci-dessous le recto de la fiche élèves (le verso indique les éléments que les élèves doivent noter pour l’étape de debriefing de la séance) :

autres séances

Durant cette période, j’ai également co-animé d’autres séances :

  • EMC (seconde) : une collègue m’a sollicitée pour suivre ses élèves dans le cadre de recherche au CDI. Les élèves travaillent, comme je l’ai indiqué plus haut, sur les femmes scientifiques.
  • Histoire-géo (seconde) : un collègue est venu travailler en demi-groupe avec sa classe sur la mallette « Rebâtir Notre-Dame » que nous avons reçue grâce à lui au CDI début janvier (voir plus bas la communication proposée pour l’occasion aux enseignants du lycée)
  • EMC (première) : deux classes travaillent eux aussi sur les femmes scientifiques en s’appuyant sur les ressources du CDI, avec les mêmes modalités d’organisation que les classes de seconde en EMC.
  • EMC (terminale) : un collègue nous a sollicité pour travailler avec deux de ses classes sur les controverses scientifiques.

Communication

Ce mois-ci, les actions de communication se sont concentrées sur les animations proposées et mentionnées plus haut.

Bulletin de veille E-INSTANT CDI

Concernant ce bulletin de veille que j’essaye d’envoyer à peu près régulièrement aux enseignants, j’ai réussi à le mettre à jour fin janvier et l’ai envoyé début février, avec, comme je l’indiquais plus haut, un focus sur les femmes de science :

Blogs sur l’ENT

Pour ces trois blogs, j’ai pris l’initiative la dernière semaine de décembre de les basculer en mode public, afin de leur donner un peu plus de visibilité et que vous puissiez voir plus concrètement comment ils fonctionnent, même si je ne les alimente pas toujours avec la dernière assiduité…

Ce mois-ci, 4 articles publiés : une mise à jour du Zoom Actu CDI (la revue de presse cliquable que je propose – presque – régulièrement) consacrée à la mobilisation des agriculteurs,

les présentations du Safer Internet Day et de la journée internationale des femmes et des filles de science, et la to-do-list des vacances :

Deux articles publiés ce mois-ci sur des webinaires et des formations à destination des enseignants (reçus par mail).

Ce mois-ci, la période est un peu plus chargée en journées portes ouvertes, j’ai pu publier 8 articles sur les JPO organisées par différents lycées et établissements du supérieur.

Généralement, une fois les dates passées, je supprime les articles concernés.

Compte Instagram du CDI

Le compte Instagram du CDI poursuit sa lancée, et c’est le canal de communication sur lequel j’ai le plus de facilité à publier.

  • photos et vidéos postées directement

Le 1er février, j’ai voulu valoriser l’ensemble des sélections proposées au CDI, la revue de presse mise à jour et les avancées du puzzle.

Ce jour-là j’ai également posté une story à la demande des enseignants qui coordonnent les actions des éco-délégués, pour promouvoir une action proposée le mardi 6 février autour de l’empreinte carbone.

Le 2 février, j’ai posté une vidéo du puzzle terminé.

  • visuels postés sur le blog du CDI et relayés sur le compte Instagram

Durant cette période, j’ai relayé sur le compte le visuel du Safer Internet Day (2 février), celui consacré aux femmes de science (5 février) et la to-do-list des vacances (9 février).

  • les aventures de Chat Bla-bla

Du coup Chat Bla-bla continue à apparaître dans quelques publications (surtout quand je me déplace) : il m’a donc suivie pour mes deux déplacements à l’IH2EF à Chasseneuil-du-Poitou fin janvier :

Autres activités

Enfin j’en termine comme à mon habitude par les autres activités professionnelles de la période, et avec la mini-rubrique des mercredis studieux.

Réunions, stages, déplacements
  • 30 janvier : intervention à l’IH2EF à Chasseneuil-du-Poitou pour présenter les champs d’action du professeur documentaliste devant les IA-IPR EVS de la promotion Colette Besson à la demande de Martine Sache
  • 1er février : le premier cours du second semestre pour les étudiants de Master 2 MEEF Documentation de l’université Paul Valéry, ce cours était consacré aux missions respectives des CPE et des professeurs documentalistes et leurs possibilités de collaboration
  • 2 février : une réunion en visio avec les intervenants de la Journée Inter-Académique des Professeurs Documentalistes, qui aura lieu le 27 février et à laquelle j’ai été invitée à participer pour la table-ronde des praticiens
  • 7 février : la première partie en distanciel d’une formation EAFC que j’anime « Dynamiser sa veille et visibiliser son action »
  • 14 février : le deuxième cours du second semestre pour les étudiants de Master 2, un cours consacré aux compétences et aux collaborations interdisciplinaires
  • 16 février : réunion d’harmonisation du CAPES interne, en vue de la correction des écrits, qui se sont déroulés le vendredi 2 février

Les mercredis studieux

Voici un petit aperçu de mes mercredis de cette période, dans lesquels pour certains je mixe également les autres travaux menés sur mon temps libre, puisque, comme je l’ai indiqué, j’ai cherché à m’avancer le plus possible pour anticiper sur les échéances à venir.

  • 31 janvier – 3 février

Pour cette semaine bien chargée, j’ai profité du mercredi et de la fin de semaine pour réaliser 3 visuels de sélections thématiques pour la période mars – avril, mon deuxième et mon troisième cours de Master 2, pour finir mes lectures d’ouvrages et de presse sur les données numériques, pour préparer le printemps des poètes et pour envoyer mes documents en vue de mon PPCR

  • 5 – 7 février

La dernière semaine avant les vacances était un peu plus calme, et j’en ai profité pour finir d’écrire mes notes de lecture sur les données numériques (publiées le 6 février) et pour commencer à écrire cet article. L’après-midi, j’ai animé à distance la première partie de ma formation sur la veille.

J’ai également préparé une présentation de la semaine de la presse pour les enseignants, la lettre de diffusion E-INSTANT, la communication sur « Rebâtir Notre-Dame », j’ai collaboré à la fiche récap en SNT de ma collègue sur les données structurées pour y intégrer les activités des élèves sur l’intelligence artificielle, et j’ai commencé à réfléchir sur une séance sur l’axe thématique « Cartographie et localisation » à mener l’an prochain.

  • 14 février

La période s’achève avec le deuxième cours à destination des étudiants de Master 2, et je n’aurai du coup que mes copies de CAPES interne à corriger pendant les vacances, qui seront assez studieuses…

Je vous souhaite également de belles vacances (peut-être moins studieuses que les miennes), vous souhaite bon courage et vous dis à très bientôt sur Cinephiledoc !

Notes de lecture sur les données (épisode 2)

Pour ce nouvel épisode de mes notes de lecture, que je vais tâcher de publier fort opportunément au moment du Safer Internet Day 2024, je fais la recension de deux ouvrages qui font figurer le Big Data dans leurs titres.

Néanmoins, si le sujet les rapproche, beaucoup de choses les éloignent dans la façon dont ils abordent la question, et c’est aussi ce qui m’a intéressée. C’est également leur approche du Big Data qui m’a rendu la tâche complexe pour en faire la synthèse.

Encore une fois, j’ai voulu me plonger dans des lectures présentes dans le fonds documentaire du CDI de mon établissement, et je n’ai pas forcément choisi les ouvrages que j’aurais moi-même commandé sur la question ou qui aurait forcément attiré mon attention de prime abord.

Dans cet épisode :

  1. un aperçu de ces deux ouvrages : Dans l’ombre de la peur : Le Big Data et nous et Petit dico critique du Big Data
  2. un panorama de la presse récente sur la question

Dans l’ombre de la peur : Le Big Data et nous, Michaël Keller et Josh Neufeld

Au moment où je commence l’écriture de cet article, ma lecture de cet ouvrage commence à dater, et j’ai un souvenir plus récent du second.

Par ailleurs, son format m’a donné l’idée de consacrer prochainement un cinquième épisode de notes de lecture à l’intelligence artificielle, un sujet qui ne cesse de me captiver cette année et qui retarde d’autant plus mes autres lectures professionnelles en projet, sur le numérique, les écrans ou encore sur le jeu.

Le format de cet ouvrage en rend la recension compliquée, puisqu’il s’agit d’une bande-dessinée publiée en 2017 aux éditions Ça et Là pour sa version française. En effet, il s’agit à l’origine d’une publication américaine datant de 2014.

Le traitement de la question du Big Data remonte ainsi à une dizaine d’années, mais en pose les jalons et revient sur certains éléments qu’il est intéressant de remettre en perspective aujourd’hui.

Le point de départ de cette bande-dessinée, qui aborde la question sous un angle états-unien, c’est une rencontre en 2004 entre les dirigeants de Google, l’ancien président Al Gore et une sénatrice américaine, Liz Figueroa pour parler de Gmail, et de la façon dont la messagerie proposait de la publicité ciblée en analysant les mots-clés présents dans les messages.

Cette sénatrice avait alors déposé un projet de loi exigeant que Google obtienne le consentement des utilisateurs avant d’appliquer toute analyse systémique des données, un projet qui finalement n’a pas été approuvé par le sénat de l’État de Californie.

Ce point de départ donne lieu à une analyse de la façon dont les données personnelles sont collectées dans les différentes applications numériques de la vie courante.

Il donne aussi un aperçu de l’accélération des technologies et de la façon dont les questions que l’on se pose ou que l’on a pu se poser sur cette collecte des données personnelles sont presque instantanément rendues obsolètes par le développement même de ces technologies.

Par exemple, au moment où ils posent la question de l’analyse des données cellulaires pour générer un bulletin du trafic routier, Google Maps opère déjà cette analyse, et leur offre comme perspective l’analyse quotidienne de la boîte noire d’un véhicule, les voitures autonomes, la question du traitement des données dans le domaine des assurances… enjeux que l’on retrouve au coeur des questionnements sur le Big Data en 2024.

Parmi les personnes interrogées sous le format BD par les deux auteurs, on retrouve danah boyd, autrice de C’est compliqué : la vie numérique des adolescents, publié en 2016, qui revient sur la façon dont les jeunes tentent de maîtriser les contenus postés sur les réseaux sociaux, ou encore Amanda Caswell, qui revient sur la façon dont les montres connectées récupèrent les données de santé de leurs utilisateurs.

L’épilogue de l’ouvrage « En voiture avec l’Uber économie » évoque le cas d’un chauffeur qui filme ses passagers, la façon dont usagers et employés d’un service se surveillent et se notent mutuellement, amenant un glissement vers les systèmes de crédit social chinois.

Je profite de ce glissement pour présenter ici le travail réalisé en EMC par deux élèves de seconde.

Timothée et Flavien se sont intéressés aux différentes formes de cyber-contrôle en Chine et ils ont utilisé le support ci-dessous (présenté ici avec leur autorisation à tous deux) pour illustrer leur exposé oral, qui était également de grande qualité.

Diapos issues de la présentation d’EMC de Flavien Amy et Timothée Cailleux (2nde13 – 2023/2024)

Exposé Timothée et Flavien cyber-sécurité

Mon avis sur l’ouvrage

L’ouvrage nous propose, avec un point de départ en 2004, une manière d’effectuer un arrêt sur image en 2014, que l’on peut remettre de notre côté en perspective en 2024, à l’heure où Google vient de fêter ses 25 ans, où Facebook souffle les bougies de son vingtième anniversaire et que Zuckerberg fait partie des dirigeants de réseaux sociaux interrogés par le Sénat américain, et que l’intelligence artificielle générative fait s’emballer différents domaines de publication en ligne.

Finalement, en feuilletant à nouveau cet ouvrage, j’y ai glané plus d’informations qu’à ma première lecture, que j’avais trouvé un peu plus récréative, puisque c’était la forme qui avait retenu mon attention et non le fond.


Petit dico critique du Big Data, sous la direction de Anaïs Theviot

Si le premier ouvrage me paraissait compliqué à résumer, ce n’est rien à côté du second, qui a été pour moi un véritable coup de cœur de lecture.

Il est rare pour moi de parler de « coup de cœur » pour une lecture scientifique et / ou professionnelle, mais c’est le cas pour cette dernière, au point que j’ai eu envie, ma lecture terminée, d’acheter le livre pour ma bibliothèque personnelle, après avoir accaparé pendant environ deux mois l’exemplaire du CDI…

Il faisait partie de ma commande de début d’année avec Data-Philosophie et un ouvrage sur Chat GPT dans lequel je me plongerai prochainement, et il s’agit d’une publication relativement récente, puisqu’il a été publié aux éditions Fyp en avril 2023.

Si j’ai eu du mal à décrocher de ce livre, c’est pour deux raisons.

La première, c’est parce qu’il propose un véritable travail de vulgarisation, sous la plume d’experts de la question : on y retrouve entre autres trois articles ou encarts écrits par Arnaud Mercier, l’article « Culture algorithmique » rédigé par Laurence Allard, l’article « Cyberharcèlement » rédigé par Sophie Jehel, ou encore le PageRank analysé par Guillaume Sire.

Bref, du beau monde, et les sources auxquelles ils renvoient invitent à prolonger le questionnement, comme l’article « Wikipédia » qui s’appuie sur l’ouvrage passionnant publié par Rémi Mathis en 2021.

La seconde, c’est la forme même de l’ouvrage, celle du dictionnaire, qui rend le propos à la fois transversal et très accessible au lecteur. Et c’est également cela qui le rend quasiment impossible à résumer, à moins de faire une liste des différents articles, ce qui ne serait pas très pertinent…

Si l’on se contente du sommaire, on peut voir que ce Petit Dico critique du Big Data aborde aussi bien les implications du Big Data dans des domaines aussi variés que l’administration, les assurances, la politique, le journalisme, l’environnement, la santé, les véhicules autonomes ou l’urbanisme.

Si je choisis d’utiliser cet article comme un classeur de marques-pages personnels, voici ce que je retiens :

  • l’article « Algorithme prédictif » de Baptiste Kotras qui revient sur la façon dont les algorithmes peuvent prédire nos comportements, et les biais et discriminations algorithmiques (avec un encart de rappel sur la notion de machine learning)
  • l’article « Big data électoral » d’Anaïs Theviot, qui m’a renvoyé à la lecture de précédente de Toxic Data, et qui propose ensuite un encart sur l’affaire Cambridge Analytica, de Camila Péres Lagos
  • l’article « Bulle de filtre » de Coralie Le Caroff et l’encart déjà mentionné sur le PageRank de Guillaume Sire
  • l’article « Cyberharcèlement » de Sophie Jehel qui en rappelle les différentes formes, ainsi que les mesures législatives pour lutter contre, et qui renvoie à la lecture de l’ouvrage de Bérengère Stassin publié en 2019
  • l’article « Data journalisme et soft journalism » de Erik Neveu qui revient sur les évolutions du métier de journalisme
  • les articles « Désinformation » de Lorella Sini, « Fact-checking » de Magali Prodhomme et « Fake news » d’Arnaud Mercier.

Ce dernier article revient sur la notion de fake news (auquel on préférera le terme « infox ») comme art de forger des informations pour tromper l’opinion publique par quatre voies : la numérisation, la plateformisation, la dissémination algorithmique et la ressemblance formelle avec les médias traditionnels pour en accroitre la crédibilité.

  • l’article « Données personnelles » d’Anne Bellon propose un rappel chronologique de la reconnaissance de la vie privée dans la loi (avec l’évolution des missions de la CNIL et l’adoption du RGPD)
  • l’article « Réseaux sociaux » de Frédéric Clavert qui fait lui aussi un rappel historique et revient sur la notion de bulle de filtre, avec un encart sur les GAFAM
  • l’article « Surveillance numérique » de Olivier Aïm avec un encart d’Arnaud Mercier sur Wikileaks
  • l’article « Web des émotions » de Camille Alloing et de Julien Pierre, et enfin l’article « Wikipédia » de Bernard Jacquemin

Mon avis sur l’ouvrage

Vous l’aurez compris, la lecture de cet ouvrage m’a complètement happée, et je le considère comme l’un des meilleurs que j’ai pu lire sur la question, et je pense qu’il s’agit d’une excellente porte d’entrée pour quelqu’un qui s’intéresserait à la question de l’utilisation des données numériques.

Je n’hésiterai pas à signaler ce livre aux élèves qui s’intéresseraient à ce domaine, que ce soit pour des recherches en EMC, en SNT ou dans le cadre de la préparation de leurs sujets de grand oral.

Vous l’aurez compris également, même si ce type d’ouvrage est irrémédiablement condamné par certains aspects à une certaine obsolescence, dans les applications qu’il donne en exemples, sa solidité théorique et son accessibilité font qu’il ne tardera pas à rejoindre ma bibliothèque personnelle.


Revue de presse

Concernant la revue de presse, j’ai retenu deux magazines abordant la question des données numériques selon deux approches différentes : le numéro d’Epsiloon de mai 2022 avec un article “Data, elles parlent” de Muriel Valin, et le numéro de Questions internationales de septembre 2021 consacré aux GAFAM. 

Questions internationales n°109, septembre-octobre 2021

Pour ce dernier, le dossier couvre près de 80 pages et propose 10 articles signés par différents experts. 

Parmi eux, l’article “Une géopolitique des GAFAM” de Laurent Carroué revient sur le berceau de ces big tech : la Silicon Valley, et sur la façon dont elles participent au hard power et soft power des États-Unis, finissant par concurrencer les puissances étatiques. 

Laurent Carroué revient sur le rôle des GAFAM dans la circulation de l’information mais aussi dans la diffusion des différentes formes de désinformation (deepfakes, thèses complotistes) à des fins politiques, posant régulièrement la question de leur régulation. 

Se pose également la question du stockage des données et de leur sécurisation, pour contrer la dépendance à ces géants du numérique. 

En deuxième lieu, j’ai retenu un encart de Maud Quessard dans ce même numéro : “L’administration américaine et les GAFAM : de la confiance à la défiance”, avec une photo qui a particulièrement retenu mon attention, puisqu’on y voit Mark Zuckerberg auditionné (déjà) en 2018 par le Congrès des États-Unis. 

L’encart montre l’ambivalence des États-Unis : lutter contre leur monopole tout en bénéficiant de leur rôle de moteur de croissance économique. Il revient également sur les ingérences étrangères et les manipulations de l’information dans le cadre des campagnes électorales en particulier sur Facebook et Twitter, ce qui a donné lieu à cette audition de Zuckerberg par le Congrès après le scandale Cambridge Analytica. 

Entre 2021 et 2022, les réseaux sociaux ont tenté de restaurer leur image, avant que Twitter ne soit racheté par Elon Musk et avant qu’en janvier 2024, Mark Zuckerberg soit de nouveau auditionné cette fois par le Sénat américain, avec d’autres dirigeants de réseaux sociaux, pour n’avoir pas suffisamment protégé les usagers les plus jeunes contre les risques d’exploitation sexuelle et de suicide. 

Enfin, le dernier article à retenir mon attention dans ce dossier est celui d’Anne Perrot, “Plateformes numériques, régulation et droit de la concurrence”, qui revient sur leur position dominante et sur les problématiques qu’elles posent en matière d’utilisation des données personnelles. 

Pour la France, Google détient en 2021 90% de part de marché dans le secteur des moteurs de recherche, et Facebook 70% dans celui des réseaux sociaux. Les données collectées sont monétisées via la publicité ciblée. 

L’article pointe la nécessité de réguler ces plateformes, avec l’élaboration fin 2020 de deux projets de réglements par la Commission européenne : le Digital Service Act pour les contenus et le Digital Markets Act pour essayer de limiter les situations de monopole. 

Valin, Muriel. Data : elles parlent. Epsiloon n°011, 05/2022, p.70-77

Cet article revient de manière très illustrée sur le macroscope, un outil scientifique proposé et présenté par David Chavalarias dans Toxic Data, qui faisait l’objet de mes précédentes notes de lecture sur les données numériques. 

L’article rappelle qu’en une seule minute sur Internet, 5.7 millions de requêtes sont lancées sur Google, 167 millions de vidéos sont regardées sur TikTok et 575000 tweets postés. 

David Chavalarias remet l’immensité des données collectées dans une perspective historique en rappelant que D’Alembert en 1751 rêvait déjà d’un arbre généalogique de la connaissance, rendu aujourd’hui possible avec les progrès de l’algorithmie. 

L’article propose différents exemples du macroscope : la représentation visuelle des publications scientifiques, des communautés climatosceptiques ou encore des échanges sur Twitter entre pro-vaccins et anti-vaccins durant la pandémie de Covid-19. 


Ressources complémentaires

  • Les infographies Data never sleepsavec ce qui se produit sur Internet en une minute

Janvier 2024 : séances et animations du CDI

Je vous souhaite à nouveau à toutes et tous une excellente année 2024.

Je publie un peu précocement cet article de janvier, car comme je fais partie des académies de la zone C, nous n’avons que cinq semaines entre la reprise de janvier et les vacances de février.

Cependant, comme je l’avais annoncé dans mon article du mois de décembre, ces cinq semaines sont particulièrement denses sur le plan professionnel, et il a fallu que je m’organise et que j’anticipe un certain nombre de choses au retour des vacances, et aussi que j’établisse clairement des priorités dans les activités à mener.

Aussi bien du point de vue des activités extérieures que des séances pédagogiques, mon agenda était bien rempli, et je vais tâcher d’en dresser un aperçu ici pour la période du 8 au 26 janvier.

Animations du CDI

Pour cette période de janvier, j’ai réussi à la fin des vacances à anticiper et à préparer un certain nombre de sélections thématiques, ce qui m’a fait gagner beaucoup de temps.

objectif : une sélection thématique par semaine

Pour la période janvier – mars, mon objectif est de pouvoir proposer une sélection thématique par semaine en m’appuyant, comme je l’ai indiqué dans l’article consacré au bullet journal, sur les événements nationaux et internationaux.

J’avais donc préparé trois sélections juste avant les vacances, et j’en ai préparé trois autres pendant cette période.

  • Journée mondiale Tintin / sélection BD (10 janvier)

J’ai installé cette sélection le lundi de la rentrée, en y ajoutant deux ouvrages que j’avais chez moi sur les jurons du Capitaine Haddock et sur les inventions du Professeur Tournesol.

Cette sélection a été proposé du 8 au 22 janvier.

  • Martin Luther King’s Day (16 janvier)

Cette sélection a été installée le 11 janvier et est toujours en place au moment où j’écris cet article.

  • Nuits de la lecture (18 – 21 janvier)

Pour cette sélection, je me suis appuyée sur les articles proposés sur le site officiel de l’événement, et je l’ai proposé au dessus des dernières nouveautés du rayon fiction mises à disposition au CDI.

La sélection a été installée le 15 janvier et est toujours en place.

  • Journée de la mémoire (27 janvier)

Enfin, le 22 janvier j’ai proposé une sélection autour de la Journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité :

Cette sélection permettait de mettre en valeur des ouvrages assez récents, en particulier en bandes-dessinées, sur cette thématique.

autres actions mises en place
  • Un nouveau puzzle collaboratif

Pour faire suite au deuxième puzzle qui n’avait pas vraiment fonctionné, nous avons laissé l’une de nos élèves choisir le puzzle suivant, qui met en scène l’univers de Harry Potter.

Installé le lundi de la reprise, il est toujours en place et peine quelque peu à avancer… même si les bords ont été posés.

  • Journées Portes Ouvertes (13 janvier)

Cette année, les JPO étaient organisées très tôt au lycée, directement le samedi de la semaine de la reprise, et il a du coup été un peu compliqué d’anticiper, mais nous avons tout de même réussi à réaliser un panneau de présentation et des marques-pages.

Nous nous sommes partagés la matinée : Roman a assuré la présentation du CDI sur les deux premières heures, et j’ai assuré les deux dernières.

Il s’agissait donc d’une reprise sur les chapeaux de roues, et pas seulement en terme d’animations, d’autant que d’autres actions ont été organisées au CDI (la suite des interventions de l’AJMF et la réunion des éco-délégués, entre autres).

Séances et actions pédagogiques

Voici les séances menées entre le 8 et le 26 janvier, ce sont principalement des séances en SNT.

Pour plus de lisibilité je vais indiquer ici les séances, leur intitulé et leurs objectifs, et les classes concernées.

internet et web
  1. Comprendre le web et internet à travers Google. Durant cette première séance, je pars d’un outil que tous les élèves connaissent et utilisent pour aborder avec eux des éléments historiques, la différence entre navigateur et moteur de recherche et le fonctionnement d’un moteur de recherche. Au retour des vacances, j’ai vu deux classes : les 2nde7 et les 2nde11.
  2. Comprendre les enjeux de l’utilisation d’internet et de publication en ligne. À l’aide de ressources mises à leur disposition, les élèves font par groupe des petits exposés de 2 à 5 minutes. Au retour des vacances, les 2nde11.
  3. Comprendre le droit d’auteur et la citation des sources. Pour cette séance (ma préférée) j’ai conçu un escape game qui remplace une précédente séance dont je n’étais absolument pas satisfaite. Au retour des vacances, les 2nde13, les 2nde4, et il me restera les 2nde11 et les 2nde7 début février.

Je sais que j’avais indiqué partager cet escape game et sa fiche élèves dans cet article, mais par souci d’équilibre, je le partagerai plutôt dans l’article du mois de février.

J’ai donc fini cette séquence pour quatre classes, avec en tout trois notes :

  • une note de participation individuelle et collective calculée avec les points gagnés sur l’application ClassDojo (en gros je convertis les intervalles de points en note sur 20),
  • une note d’exposé sur 10 avec 5 points sur la prestation à l’oral (note individuelle) et 5 points sur le contenu (note de groupe)
  • la participation à une campagne PIX dont le pourcentage de réussite est converti en note sur 20.
objets connectés et intelligence artificielle

Sur cette thématique, et en m’appuyant sur un scénario pédagogique construit à l’aide de mes lectures scientifiques, j’ai pu tester une séance avec une première classe lors de la semaine de la reprise.

Pour la deuxième classe avec laquelle j’ai travaillé, j’ai eu le privilège que l’une des séances soit observée par Mme Elisabeth Carrara, IGESR, qui m’a également sollicitée pour intervenir à l’IH2EF sur la question de l’intelligence artificielle le 25 janvier.

C’est la raison pour laquelle je ne partage pas encore le détail de cette séance et de cette intervention, que vous retrouverez un peu plus tard dans l’année.

autres séances

Durant cette période, j’ai également co-animé d’autres séances :

  • EMC (seconde) : une collègue m’a sollicitée pour suivre ses élèves dans le cadre de recherche au CDI. Au mois de janvier, nous avons poursuivi l’évaluation conjointe des passages à l’oral des élèves.
  • EMC (première) : deux classes travaillent sur le thème du lien social en s’appuyant sur les ressources du CDI, avec les mêmes modalités d’organisation que les classes de seconde en EMC.
  • EMC (terminale) : un collègue nous a sollicité pour travailler avec deux de ses classes sur les controverses scientifiques.

Communication

Ce mois-ci, les actions de communication se sont concentrées sur les animations proposées et mentionnées plus haut.

Bulletin de veille E-INSTANT CDI

Concernant ce bulletin de veille que j’essaye d’envoyer à peu près régulièrement aux enseignants, je n’ai absolument pas eu le temps de le mettre à jour, donc je le garde sous le coude pour février.

Blogs sur l’ENT

Pour ces trois blogs, j’ai pris l’initiative la dernière semaine de décembre de les basculer en mode public, afin de leur donner un peu plus de visibilité et que vous puissiez voir plus concrètement comment ils fonctionnent, même si je ne les alimente pas toujours avec la dernière assiduité…

Ce mois-ci, 4 articles publiés : la sélection Tintin, le Martin Luther King’s Day, les Nuits de la lecture et la Journée de la mémoire.

Généralement, lorsque j’installe une sélection, je publie directement l’article dans la foulée et je fais également un post sur Instagram.

Pas d’article publié ce mois-ci.

Un article publié ce mois-ci, pour présenter les webinaires de l’université Paris-Saclay.

Généralement, une fois les dates passées, je supprime les articles concernés.

Compte Instagram du CDI

Le compte Instagram du CDI poursuit sa lancée, et c’est le canal de communication sur lequel j’ai le plus de facilité à publier.

  • photos postées directement

Le 9 janvier j’ai posté une vidéo présentant le réaménagement du coin VO ANGLAIS (à retrouver plus bas dans la présentation sur la signalétique).

Le 11 janvier, en prévision des Journées Portes Ouvertes, j’ai posté les sélections thématiques installées au CDI.

  • visuels réalisés ce mois-ci

Le 7 janvier, la veille de la rentrée, j’ai posté une vidéo réalisée sur Canva pour souhaiter une bonne année aux abonnés du compte :

J’ai ensuite posté successivement les sélections thématiques déjà mentionnées plus haut.

Le 18 janvier j’ai posté un rappel sur la fermeture du CDI, puisque se tenait le lendemain la réunion de bassin des professeurs documentalistes à laquelle nous participions.

  • les aventures de Chat Bla-bla

Du coup Chat Bla-bla continue à apparaître dans quelques publications (surtout quand je me déplace), notamment durant cette réunion de bassin.

Autres activités

Enfin j’en termine comme à mon habitude par les autres activités professionnelles de la période, et avec la mini-rubrique des mercredis studieux.

Réunions, stages, déplacements
  • 11 janvier : j’ai passé la certification PIX au médiapôle de Gif.
  • 19 janvier : réunion de bassin des professeurs documentalistes du Centre Essonne et du Sud Essonne sur le marketing documentaire.

Durant cette réunion, j’ai proposé une intervention sur les évolutions de la signalétique au lycée.

La présentation revient notamment sur les travaux de refonte réalisés par mes collègues dans les différents rayons, ainsi que sur la façon dont on peut repenser, rafraichir ou rendre visible certains rayons, tout en tenant compte de la problématique de l’évolution des espaces.

  • 25 janvier : intervention à l’IH2EF à Poitiers sur intelligence artificielle générative et professeurs documentalistes

Je reviens ultérieurement plus en détail sur cette intervention.

Les mercredis studieux

Voici un petit aperçu de mes mercredis de cette période, dans lesquels pour certains je mixe également les autres travaux menés sur mon temps libre.

  • 4 – 7 janvier : j’ai préparé sur ces quelques jours pour m’avancer et anticiper sur ma charge de travail plusieurs supports d’intervention :

une première version du support pour l’intervention du 25 janvier à l’IH2EF sur l’intelligence artificielle ; une présentation pour une autre intervention prévue le 30 janvier à destination des IA-IPR EVS stagiaires à la demande de Martine Sache ; un temps de travail avec Ketty Joly, CPE à Brétigny avec qui je dois justement intervenir le 30 janvier ; un escape game préparé pour l’occasion ; les trois visuels (Bonne année / Nuits de la lecture / Journée de la mémoire) réalisés sur Canva.

  • 10 janvier : c’est reparti, retour des mercredis studieux :

J’ai animé une séance de SNT sur l’intelligence artificielle avec les 2nde14, j’ai fait une deuxième puis une troisième version pour l’intervention du 25 janvier, l’inscription à la semaine de la presse et des médias à l’école, et j’ai fini la journée avec : la publication d’un article sur les données numériques, la préparation d’un cours de master 2 pour le deuxième semestre, la suite de la lecture d’un ouvrage sur le Big Data.

  • 17 janvier : ça continue et ça déborde un peu sur le week-end

J’ai animé une séance de SNT sur l’intelligence artificielle avec les 2nde1, j’ai préparé la présentation sur la signalétique au lycée, j’ai suivi d’une oreille un webinaire du CLEMI « De la donnée à l’infographie », j’ai préparé la première demi-journée d’un de mes stages sur « Dynamiser sa veille et visibiliser son action » et j’ai poursuivi mes lectures sur le Big Data.

  • 24 janvier : on ralentit un peu mais parce que les autres jours que le mercredi sont bien remplis

J’ai passé la matinée à préparer mon PPCR, prévu cette année, et j’ai rédigé cet article. J’ai terminé la journée en révisant mon intervention du lendemain.

Voilà pour ces activités des trois premières semaines de janvier, je m’arrête pour cet article. Vous retrouverez prochainement le premier compte-rendu de lecture cinéphile pour 2024, et le prochain article #profdoc un peu plus tard dans le mois de février.

D’ici là, je vous souhaite bon courage et vous dis à très bientôt sur Cinephiledoc !

Notes de lecture sur l’intelligence artificielle (épisode 4)

Pour ce quatrième (et peut-être dernier) épisode de mes notes de lecture sur l’intelligence artificielle, j’ai choisi des ouvrages et des articles qui permettent de susciter le débat sur la question.

En effet, les lectures que j’ai retenues peuvent être mobilisées dans des disciplines principalement associées aux sciences humaines : enseignement moral et civique, philosophie, HLP…

Je précise qu’il s’agit là potentiellement du dernier épisode, car je pense pour l’instant avoir à titre personnel fait le tour de la question, même si je n’exclus pas de prendre à nouveau des notes sur des ouvrages ou des articles qui attireraient mon attention et proposeraient un éclairage d’actualité sur le sujet (je pense en particulier aux ouvrages publiés très récemment sur ChatGPT).

Mais d’ici là, je m’octroie une petite pause sur l’intelligence artificielle (sauf pour avancer dans mes conceptions de séances) et vais plancher sur d’autres lectures scientifiques.

Dans cet épisode :

  1. un aperçu de deux ouvrages que j’ai parcouru et qui abordent la question d’un point de vue philosophique et social : Les Robots font-ils l’amour ? et Des Robots et des hommes
  2. revue de presse avec les numéros 1700 du Courrier international et 432 du Un
  3. sélection de ressources

Les Robots font-ils l’amour : Le transhumanisme en 12 questions, de Laurent Alexandre et Jean-Michel Besnier

Cet ouvrage, publié en 2016, figurait déjà depuis un certain temps dans le rayon philosophie du CDI, et déjà à l’époque, le titre avait retenu mon attention, en me rappelant celui du roman de Philip K. Dick Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, porté à l’écran sous le titre Blade Runner.

Contrairement à mes notes de lecture précédentes, je ne vais pas tenter de faire un résumé de chaque chapitre, le titre étant suffisamment parlant. Je vais me contenter de relever ce qui m’a intéressée dans cet ouvrage et de quelle manière il peut permettre de nourrir un débat sur la question.

L’ouvrage prend la forme d’une discussion (relativement animée) entre les deux auteurs, Laurent Alexandre, médecin et entrepreneur, et Jean-Michel Besnier, philosophe, et cette discussion s’articule autour des 12 questions du sous-titre :

  1. Faut-il améliorer l’espèce humaine ? (implants, détection de la trisomie 21)
  2. L’humanité doit-elle changer sa reproduction ? (fécondation in vitro, manipulations génétiques)
  3. La technologie peut-elle tout réparer ? (thérapie, implants, rôle et déontologie d’un médecin supplanté par les technologies)
  4. Demain, tous cyborgs ? (le chapitre revient sur les craintes soulevées à l’époque par Elon Musk autour de l’intelligence artificielle, et sur la question du libre arbitre au sein d’un corps livré à la technique)
  5. Peut-on faire l’amour avec un robot ? (évocation du film Her, cybersexualité)
  6. Est-il désirable de vivre 1000 ans ? : la lecture de ce chapitre m’a rappelé le roman Tous les hommes sont mortels de Simone de Beauvoir
  7. Le transhumanisme est-il un eugénisme ? (est-il légitime d’utiliser toutes les possibilités de transformation offertes par la science ? rappel du mythe de la singularité, c’est-à-dire le moment où l’esprit humain est dépassé par l’intelligence artificielle)
  8. L’intelligence artificielle va-t-elle tuer l’homme ? (retour sur la lettre ouverte sur l’intelligence artificielle signée en 2015 entre autres par Stephen Hawking, Bill Gates, Elon Musk…) *
  9. Quels sont les enjeux économiques ? (retour sur l’implication des géants du numériques, en particulier Google, le lien entre Big data et IA)
  10. Faut-il légiférer ? (de quelle manière encadrer législativement et de manière éthique les innovations technologiques ? quelles interventions de l’état – ou inter-étatiques – possibles ? nécessaire évolution de l’école)
  11. Doit-on craindre un « meilleur des mondes » ? (risques totalitaires du transhumanisme ou renouveau démocratique ? proposition d’un serment d’Hippocrate pour les scientifiques spécialistes des NBIC)
  12. Jusqu’où pousser la recherche ? (le transhumanisme comme nouvelle religion)

J’ai indiqué par un * les chapitres sur lesquels je me suis davantage attardée. Le chapitre 8 fait un rapide historique de l’intelligence artificielle, sur la définition de l’intelligence, sur la difficulté de l’école à s’adapter aux problématiques actuelles de l’IA, sur les risques de l’intelligence artificielle pour l’emploi, sur la distinction entre IA faible et IA forte et sur la loi de Moore.

Mon avis sur l’ouvrage

Le caractère souvent décomplexé de la conversation m’a parfois quelque peu désarçonnée, mais j’ai trouvé la structure très fluide et intéressante, et avec un recul sur ces différentes questions, je pense qu’elles peuvent être reprises presqu’à l’identique dans le cadre de débats menés en classe avec les élèves.


Des robots et des hommes : Mythes, fantasmes et réalités, de Laurence Devillers

Là encore, il s’agit d’une publication sur la question qui remonte à quelques années (2017).

L’ouvrage s’ouvre par une fiction « LILY, ma robote assistante de santé » où l’auteur imagine un futur désormais proche, en 2025, avec des robots compagnons de vie ayant trois niveaux d’adaptation : le niveau 1 sans adaptation, le niveau 2 où le robot peut apprendre certaines tâches, et le niveau 3 où il s’adapte aux habitudes de l’humain.

L’auteure propose des allers-retours entre cette fiction et les avancées de la robotique et de l’intelligence artificielle au moment où cet ouvrage est publié ainsi que les questionnements qu’elles soulevaient : les agents conversationnels, les capacités propres à l’homme et celles propres aux robots, le traitement des données personnelles.

Dans son avant-propos, Laurence Devillers évoque déjà les expériences menées avec les robots japonais Pepper et Paro (et l’utilisation de ce dernier dans l’accompagnement des personnes âgées), des robots Keepon et Nao pour les enfants souffrant de troubles du spectre autistique.

Principalement, elle pose la question de l’intégration des robots sociaux dans notre vie quotidienne, avec les problématiques de la morale, de l’éthique, de l’empathie, du respect de la vie privée. Elle indique 4 leviers à prendre en compte :

  • éduquer à l’éthique des robots
  • expliciter des règles de bonne conduite à coder sur le robot
  • mettre en oeuvre des outils pour vérifier le respect de ces règles
  • adopter une règlementation juridique en cas de non respect

en s’appuyant sur les lois de la robotique d’Asimov.

L’ouvrage se décline ensuite en deux parties.

Dans la première partie « Les robots : science-fiction, mythes et fantasmes », l’auteure revient aux origines littéraires et cinématographiques de la robotique :

  • Frankenstein ou le Prométhée moderne, de Mary Shelley
  • le mot ROBOT qui trouve son origine chez Karel Capek
  • et évidemment Asimov pour la littérature

Concernant les mythes et fantasmes cinématographiques, elle les fait remonter à Prométhée, Pygmalion, à Faust et au Golem, aux questionnements philosophiques de Descartes (qui dissocie corps et esprit) et aux différences culturelles de perception des robots entre l’Occident et le Japon.

S’ensuivent les références cinématographiques de Metropolis, 2001, Star Wars, A.I., WALL-E., Her, et les séries Real Humans et Westworld, qui posent d’un point de vue fictionnel les problématiques soulevées dans l’avant-propos.

Dans le troisième chapitre de cette première partie « L’intelligence des machines : halte aux fantasmes ! », l’auteure revient sur la définition de l’intelligence et fait un rappel historique de ce que recouvre l’intelligence artificielle (Turing, modes d’apprentissage, hivers de l’IA, recherches menées par les GAFAM et transhumanisme, mythe de la singularité et lettre ouverte de 2015 alertant sur les dangers de l’IA).

Quelques points de réflexion :

  • Tay, l’intelligence artificielle de Microsoft entraîné par les utilisateurs à tenir des propos racistes et antiféministes
  • les failles de la technologie de reconnaissance faciale de Google Photos
  • citation mentionnée de Gérard Berry, informaticien et professeur au Collège de France

L’homme est lent, peu rigoureux et très intuitif. L’ordinateur est super rapide, très rigoureux et complètement con.

L’auteure rappelle l’urgence d’aller au-delà du test de Turing pour prendre en compte les nouvelles capacités de l’I.A.

Dans la deuxième partie « Les robots : aujourd’hui et demain », l’auteure s’intéresse à ce qui lie robotique, intelligence artificielle et problématiques sociales et morales.

Dans le chapitre « Qu’est-ce qu’un robot social ? », elle évoque les fonctionnalités les plus récentes des robots, avec les dimensions développées : autonomie, apprentissage et empathie.

Elle définit selon différents critère la robotique sociale : le robot perçoit ce qui l’entoure, peut apprendre et interagir avec nous, et ces différents enjeux dans les chapitres suivants :

  • un robot doit-il le plus possible ressembler à un humain ? va-t-on faire plus confiance à un robot humanoïde ?
  • un robot peut-il manifester de l’empathie ou en susciter ? qu’est-ce qui distingue l’homme du robot dans l’expression des émotions ? une machine peut-elle apprendre à détecter les émotions et adapter sa réponse en conséquence ?
  • comment intégrer aux innovations technologiques la morale et le respect de la vie privée et des données personnelles ?

Pour illustrer cette dernière question, l’auteure cite la nouvelle de John McCarthy, Le Robot et le bébé, où le robot doit déroger à une première règle de fonctionnement pour respecter la deuxième.

Elle soulève également la question de la responsabilité en matière d’intelligence artificielle : qui est responsable entre le concepteur du programme, l’ingénieur, l’opérateur et l’utilisateur ?

Règles et responsabilités interviennent dans les champs suivants :

  1. sécurité civile,
  2. opérations militaires,
  3. voitures autonomes (Moral Machine)

Concernant les relations que les humains peuvent avoir avec un robot social, l’auteure rappelle le rôle chez l’enfant du doudou comme objet transitionnel (note personnelle : ce que constitue déjà le smartphone pour un certain nombre de personnes – voir nomophobie) avec les risques que cela induit : addiction, confusion, repli sur soi.

Les deux derniers chapitres évoquent les peurs suscitées par les robots (piratage, surveillance, risques économiques) et la nécessité d’éviter les deux écueils que sont les craintes irrationnelles et le trop plein de confiance, ce qui amène naturellement à l’épilogue de l’ouvrage, une proposition de onze commandements pour les applications sociales de la robotique, où figurent en premier lieu les données privées et le droit à l’oubli.

Mon avis sur l’ouvrage

Parmi les ouvrages traitant de la question de l’intelligence artificielle par le biais des sciences humaines et en particulier de la philosophie, des émotions et de la morale, cet ouvrage est le plus intéressant que j’ai pu lire jusqu’ici.

La porte d’entrée de la fiction, avec les robots compagnons et les allers-retours avec les questionnements actuels sont assez vertigineux et captivants, surtout lorsqu’on lit aujourd’hui cet ouvrage publié en 2017.

Il complète de manière plus posée le premier ouvrage, et permet d’assoir les arguments qui pourraient survenir dans un débat sur l’intelligence artificielle en classe.


Revue de presse

Pour cette revue de presse, j’ai décidé de ne pas trop détaillé le contenu des périodiques concernés et de me concentrer sur ce que j’ai pu trouver de plus récent – hors quotidiens, sur les aspects sociaux, philosophiques et artistiques de l’intelligence artificielle. J’ai donc retenu deux documents :

Naomi Klein : « Les IA organisent le plus grand pillage de l’histoire de l’humanité ». Courrier international n°1700, 01/06/2023, p.44-45

Dans cette tribune publiée dans The Guardian, Naomi Klein revient sur les « hallucinations » autour des dernières innovations de l’intelligence artificielle et fait se confronter certaines utopies (utiliser l’IA pour prendre des décisions, pour transformer le monde du travail, pour améliorer l’accès à l’information) et leurs revers (consommations, crise climatique, dérives politiques et économiques.

L’IA va-t-elle nous remplacer ?. Le 1 n°432, 01/02/2023, p.1-6

Dans le numéro de cette revue hebdomadaire, j’ai retenu :

  • les Repères en page 5 « Rêves prométhéens » qui proposent une chronologie littéraire et cinématographique de l’IA.
  • dans le Zoom en page 6 « À quand un ChatGPT français ? », Isabelle Ryl évoque le supercalculateur Jean-Zay et le modèle de langage Bloom, un modèle de langage ouvert, responsable et explicable.
  • dans « L’art au temps de l’intelligence artificielle » Marion Carré revient sur les questionnements récents (et qui font écho à la grève des scénaristes et des acteurs à Hollywood) : l’IA peut-elle être artiste ? quels risques dans l’uniformisation des goûts ? quels sont les droits concernant une oeuvre générée par l’intelligence artificielle ?
  • enfin dans son enquête « Le défi de l’éducation », Manon Paulic revient sur la nécessite de repenser l’enseignement : évalue-t-on la capacité des élèves à emmagasiner et restituer des connaissances ou son raisonnement critique et sa créativité ?

Ce dernier débat me renvoie à l’opposition entre les sophistes et Socrate dans les dialogues platoniciens… et ouvre sur l’une de mes prochaines lectures, que j’évoque dans la partie Ressources.

Ressources

J’avais songé à l’origine faire le compte-rendu dans cette note d’un troisième ouvrage : Data-Philosophie de Sonia Bressler, en y abordant uniquement ce qui a trait à l’intelligence artificielle, mais l’ouvrage opte visiblement pour un questionnement plus large et qui m’intéresse, j’en ferai donc le compte-rendu dans un article ultérieur.

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