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Mai 2024 : séances et animations du CDI

Je publie cet article avec un peu de retard, et il sera certainement un peu plus court que les articles précédents.

En effet, je comptais initialement publier les activités menées du 26 avril au 24 mai, mais j’ai été prise de court par un gros coup de fatigue, qui m’a arrêtée jusqu’à début juin.

J’ai donc été coupée dans mon élan et même si j’avais quand même déjà ralenti par rapport aux mois précédents qui étaient très denses professionnellement, les jours fériés du mois de mai ont participé aussi de ce ralentissement.

Séances et actions pédagogiques

Voici les séances menées entre le 29 avril et le 24 mai, ce sont à nouveau principalement des séances en SNT.

Pour plus de lisibilité je vais indiquer ici les séances, leur intitulé et leurs objectifs, et les classes concernées.

SNT : RÉSEAUX SOCIAUX

J’ai réussi à finir avant mon arrêt la séquence que je propose sur l’axe thématique de SNT « Réseaux sociaux » avec 3 classes de secondes.

Comme pour ma séquence « Internet et Web », cette séquence est supposée se dérouler en 3 séances, mais son organisation peut varier en fonction des classes :

  1. Séance 1 : identité numérique et réseaux sociaux : contribuer à la cartographie de l’identité numérique de la classe via un questionnaire / participer à l’escape game Zone Blanche, tirer au sort un réseau social à présenter
  2. Séance 2 : la carte d’identité d’un réseau social : réaliser la présentation du réseau social à tirer au sort et le présenter à l’oral
  3. Séance 3 : cyberviolence et fake news : choisir l’une des thématiques, consulter des ressources et réaliser une affiche de sensibilisation

J’avais déjà mené cette séquence les années précédentes, soit seule, soit en co-animation avec des collègues, et même si j’en ai fait évoluer un peu la forme, l’esprit reste le même. Voici ce que j’ai pu faire avec les dernières classes :

  • 2nde11 : j’ai fait les 3 séances (sachant qu’ils devaient en séance 2 travailler sur leur présentation de réseau social, et passer à l’oral durant une séance avec l’enseignante en charge de la SNT), j’ai évalué les affiches de sensibilisation et j’ai procédé à une évaluation finale via une campagne PIX
  • 2nde4 : j’ai réussi à faire 4 séances, la dernière scindée en 2h pour m’adapter à la classe, et ils devaient en séance 2 travailler selon les mêmes modalités que les 2nde11. En revanche, je n’ai pas réussi à évaluer leurs affiches et la campagne PIX compte comme note bonus (l’un des demi-groupes a vu sa séance 3 raccourcie en raison d’un exercice de PPMS).
  • 2nde7 : j’ai fait 2 séances en co-animation avec l’enseignante de SNT : l’escape game et la séance 3, mais cette dernière étant placée juste avant l’arrêt des notes, nous avons renoncé aux affiches et à la campagne PIX et nous avons mis une note de participation globale.

Je partage ci-dessous les supports de cette séquence, sachant que je compte bien modifier la séance 3 l’an prochain, puisqu’elle ne me satisfait plus en l’état, mais également certains éléments d’organisation de la séance 2.

J’ai quelques idées sur la manière de la transformer, et je compte travailler là dessus, soit d’ici cet été, soit en début d’année prochaine quand j’aurai un peu de temps.

 

Voici également ma grille de scénario pédagogique formalisée, telle que je l’avais proposée dans le cadre de mon rendez-vous de carrière :

AUTRES SÉANCES

Durant cette période, j’ai également co-animé d’autres séances :

  • EMC (seconde) : une collègue m’a sollicitée pour suivre ses élèves dans le cadre de recherche au CDI. Les élèves travaillaient, comme je l’avais indiqué plus haut, sur les femmes scientifiques, et il s’agissait d’évaluer durant ces dernières séances, leur passage à l’oral.
  • EMC (première) : deux classes travaillaient eux aussi sur les femmes scientifiques en s’appuyant sur les ressources du CDI, avec les mêmes modalités d’organisation que les classes de seconde en EMC.
  • Premières spécialité SVT : deux groupes sont venus au CDI effectuer des recherches avec leur enseignante de spécialité.

Il me restait pour cette période des séances sur l’orientation avec des classes de seconde, des séances de SNT avec deux classes en co-animation et deux heures de séances en Première HGGSP avec un groupe.

Je devais également participer la première semaine de juin aux grands oraux blancs pour nos terminales, mais je ne pouvais pas encore reprendre.

Animations du CDI

J’ai réussi à mon retour du CAPES interne fin avril à me pencher sur les sélections que j’envisageais pour cette dernière période de l’année.

J’ai pu en installer certaines, je garde les autres en tête pour l’an prochain (sauf évidemment une sélection jeux olympiques !).

Pour ces dernières sélections, j’ai alterné les nouveautés reçues dans nos dernières commandes et les événements (journées mondiales, européennes ou nationales).

  • Sélection Bien-être

Cette sélection a été proposée le 29 avril. Elle s’appuie sur les ouvrages reçus dans l’une de nos commandes.

  • Nouveautés HGGSP 

J’ai proposé cette sélection le 2 mai, elle s’appuie également sur nos dernières acquisitions.

  • Nuit des musées (18 mai)

Pour la 20e édition de cet événement, j’ai proposé une présentation cliquable que j’ai publiée le 6 mai sur le blog du CDI sur l’ENT, avec une petite sélection d’ouvrages :

Cette sélection est restée installée jusqu’à la fin du mois :

  • Sélection Biodiversité (22 mai)

J’ai installé cette sélection le 16 mai en vue de la journée mondiale de la biodiversité.

  • Sélection Geek (25 mai)

Enfin, la dernière sélection que j’ai pu proposer a été installée le 23 mai. Elle me permettait de rappeler aux élèves que le CDI est abonné à la revue Geek Junior.

Communication

Ce mois-ci, les actions de communication se sont concentrées sur les animations proposées et mentionnées plus haut.

Je n’ai cependant pas eu le temps de mettre à jour ma lettre de diffusion à destination des enseignants, et j’ai privilégié durant cette période d’autres actions de communication, qui répondaient aussi à des commandes qui m’ont été faites.

Site Internet du lycée : rubrique 50 ans

Ce qui m’a principalement occupée durant cette période, c’est la restitution en ligne des 50 ans du lycée, avec différentes productions à publier sur le site.

J’ai créé une rubrique sur le site, et j’y ai publié plusieurs articles :

  • un podcast des élèves de l’atelier journal réalisé avec Emmanuelle Charpentier, prix Nobel de chimie et ancienne élève du lycée
  • une sélection de travaux réalisés par les élèves
  • une restitution de quelques moments clés de la journée du 2 avril
  • un retour en images de l’inauguration de l’espace Emmanuelle Charpentier
  • l’intervention en vidéo de Mme Charpentier durant cette inauguration
  • les entretiens réalisés par un collègue de SES, classés dans une sous-rubrique, permettant tout aussi bien de les écouter soit en partie, soit en totalité. Ces entretiens étaient en format AAC, je les ai convertis en format MP4, j’ai créé pour chacun d’eux une miniature de présentation et je les ai publiés de manière non-répertoriée sur la chaîne YouTube du lycée.

Parmi les entretiens réalisés, il y a celui mené avec mon collègue Roman, qui vous donnera une petite idée de l’atmosphère du CDI :

Blogs sur l’ENT

Pour ces trois blogs, j’ai pris l’initiative la dernière semaine de décembre de les basculer en mode public, afin de leur donner un peu plus de visibilité et que vous puissiez voir plus concrètement comment ils fonctionnent, même si je ne les alimente pas toujours avec la dernière assiduité…

Ce mois-ci, 5 articles publiés sur les sélections thématiques présentées plus haut, mais aussi le lien de l’article vers le podcast des élèves de l’atelier journal.

Aucun article publié durant cette période.

Ce mois-ci, la période est beaucoup plus calme en journées portes ouvertes, je n’ai publié aucun article sur ce blog.

Compte Instagram du CDI

Le compte Instagram du CDI continue d’être mon canal de communication privilégié, même si, par la force des choses, il a été beaucoup plus calme ce mois-ci.

  • photos et vidéos postées directement

Le 7 mai, j’ai accompagné en sortie une classe de première au Mémorial de la Shoah. J’ai publié quelques photos sur le compte.

Le 15 mai, la publication du podcast des élèves de l’atelier journal sur le site du lycée m’a permis de relayer également une photo prise le jour de son enregistrement.

  • visuels postés sur le blog du CDI et relayés sur le compte Instagram

Durant cette période, j’ai relayé sur le compte les visuels présentés plus haut.

  • les aventures de Chat Bla-bla

Chat Bla-bla s’est bien promené durant cette période : il est allé avec moi à Reims pour les oraux du CAPES interne (mais est resté dans mon sac la plupart du temps afin de ne pas déstabiliser les candidats), et il est allé en sortie avec les premières le 7 mai.

Il est comme moi un peu triste de ne pas revoir les élèves avant la fin des cours, mais il retournera au lycée et me suivra dans mes différents déplacements prévus au mois de juin.

Autres activités

Enfin j’en termine comme à mon habitude par les autres activités professionnelles de la période (du 22 avril au 24 mai), et avec la mini-rubrique des mercredis studieux.

Activités, réunions, stages, déplacements
  • 22 – 26 avril : participation aux oraux du CAPES interne à Reims (c’était ma dernière année en tant que jury) ;
  • 30 avril : j’ai assisté à la représentation de l’atelier théâtre du lycée
  • 7 mai : comme indiqué plus haut, sortie à Paris avec les élèves (visite du Mémorial de la Shoah, déjeuner place des Vosges, visite en extérieur du quartier autour du Mémorial l’après-midi)
  • 13 mai : temps de travail sur Algowatch avec Adeline Rameix, collègue d’histoire-géographie
  • 21 mai : participation à un temps d’échanges avec des collègues du lycée sur les projets prévus l’an prochain
Les mercredis studieux

Voici un petit aperçu de mes mercredis de cette période, qui ont été beaucoup plus calmes que pour la période précédente :

  • les 1er mai et 8 mai étaient fériés, je les ai donc chômés ;
  • le 15 mai a été le plus studieux, j’ai publié sur ce site le 6e épisode de mes notes de lecture sur l’intelligence artificielle, j’ai poursuivi mes lectures, commencé à 7e épisode et mis à jour un article sur le site du lycée ;
  • j’ai été coupée dans mon élan la semaine suivante, et la rédaction de cet article, que je fais pendant mon arrêt, est quasiment la seule entorse à ce dernier…

Je m’occupe à ce jour de reprendre quelques forces, afin d’être d’attaque pour les dernières semaines de l’année scolaire. D’ici là, je vous souhaite bon courage et vous dis à très bientôt sur Cinephiledoc !

Notes de lecture sur l’intelligence artificielle (épisode 6)

Comme je l’ai annoncé dans les précédentes notes de lecture (épisode 5), j’ai décidé de consacrer un nouvel article à la question de l’intelligence artificielle.

Pour celui-ci, j’ai décidé de me concentrer sur deux ouvrages relativement récents, et sur des articles publiés dans un numéro du Courrier international. Concernant les ressources en ligne, je tâcherai de faire en sorte qu’elles soient en relation avec ces publications.

J’en profite pour indiquer que j’ai ajouté en format PDF dans l’article consacré à l’intelligence artificielle au cinéma la deuxième réponse que m’avait fournie le service Eurêkoi à la question que je leur avais posée.

Dans cet épisode :

  1. un aperçu de deux ouvrages que j’ai parcourus : La Révolution ChatGPT et Si Rome n’avait pas chuté
  2. revue de presse avec le numéro 99 du Courrier international Hors-série
  3. sélection de ressources

La Révolution ChatGPT, d’Éric Sarrion

Cet ouvrage a été publié aux éditions Eyrolles en juin 2023.

Comme d’habitude lorsqu’il s’agit de publications dédiées à un outil spécifique et dont cette maison d’édition est coutumière (je pense par exemple aux guides sur WordPress, LinkedIn, Facebook, programmation Python, référencement Google, etc.), je suis toujours un peu frileuse…

J’ai toujours peur que ce type d’ouvrages deviennent un peu trop vite obsolètes face aux évolutions des outils qu’ils décortiquent. Je ne vais donc pas m’attarder sur les chapitres qui se concentrent sur des conseils d’utilisation (même si je les présenterai rapidement), et je vais détailler davantage les chapitres introductifs et conclusifs de ce livre.

En effet, le propos d’Éric Sarrion se décline en cinq parties. Les deux premières reviennent sur les origines et le fonctionnement de ChatGPT.

Partie 1 : Introduction à ChatGPT.

Dans ces premiers chapitres, l’auteur présente ChatGPT, un modèle de traitement du langage naturel pré-entrainé (Generative Pre-trained Transformer), développé et publié par OpenAI en 2019 et qui en est à sa 4e version. Il en indique les principaux domaines d’application, de l’assistance clientèle à la traduction, en passant par l’éducation et le recrutement.

Le fonctionnement de ChatGPT repose sur l’entrainement et la personnalisation, à partir d’un réseau de neurones. Il traite le langage naturel entre autres via la tokenisation (diviser le texte en unités appelées tokens) et les embeddings (représentations vectorielles des mots).

Pour l’entrainer, il faut veiller à nettoyer régulièrement les données collectées pour éviter le bruit – bruit informationnel, ça nous rappelle quelque chose – et les incohérences.

Les applications possibles de ChatGPT sont les assistants virtuels (chatbot), la traduction automatique, la rédaction de contenu et la recherche d’informations.

Partie 2 : Comment entraîner et utiliser ChatGPT ?

Cette partie se concentre sur des aspects techniques d’utilisation de ChatGPT.

L’auteur présente les tâches de pré-entrainement (données non étiquetées) et d’entrainement (affiner le modèle sur une tâche spécifique avec des données étiquetées = fine-tuning). Il énumère les différentes étapes pour entraîner ChatGPT : collecte et préparation des données, paramètres d’entrainement et outils disponibles.

Il indique ensuite comment utiliser ChatGPT dans des projets de développement en s’appuyant sur des bibliothèques et frameworks (Hugging Face par exemple) – ce qui permet de mieux comprendre également comment a pu être créer un outil comme Climate Q&A, évoqué dans mes précédentes notes de lecture.

Il donne enfin des exemples d’intégration et d’utilisation (créer un chatbot en Javascript, utiliser ChatGPT avec une interface vocale), ainsi que quelques stratégies de bonnes pratiques, notamment pour éviter les biais dans les données (diversifier les sources, utiliser des algorithmes pour détecter les biais).

Afin d’évaluer les performances de l’outil, on peut utiliser différentes méthodes comme la perplexité qui évalue la capacité du modèle à prédire la prochaine séquence de mots dans un texte (plus elle est faible, meilleur est le résultat) ou le test de Turing.

Partie 3 : Exemples d’utilisation de ChatGPT

Le premier chapitre de cette partie, « Poser les bonnes questions à ChatGPT » revient sur les éléments essentiels d’un bon prompt : être clair et précis, être spécifique, poser une question à la fois, utiliser un langage clair, garder la même discussion pour un même sujet et être courtois.

S’ensuivent une suite de chapitres détaillant différents exemples d’utilisation :

  • création de contenu textuel pour le marketing ;
  • traduction et apprentissage d’une langue ;
  • recrutement ;
  • création de code informatique (et de code pour Excel, ce qui peut rendre service quand, comme moi, on a du mal avec les tableurs) ;
  • création de contenu artistique et aide à l’innovation

Partie 4 : Implications éthiques

Dans ces trois chapitres, on retrouve les principales problématiques associées à l’intelligence artificielle aujourd’hui :

  1. les biais et les risques dans un premier temps (sources de biais, risques de discriminations avec un retour sur l’exemple de Tay, confidentialité et sécurité)
  2. les effets sur l’emploi et la société (est évoqué le projet construit par l’université de Stanford, EduGPT, pour répondre aux questions des étudiants, mais aussi la propagation des fausses informations)
  3. les réglementations et normes (utilisation responsable, nécessité de transparence, gouvernance de l’IA)

Partie 5 : Perspectives d’avenir

Enfin, les deux derniers chapitres offrent un regard déjà tangible sur les perspectives d’avenir de ChatGPT :

  • les points d’amélioration et de développement, les avancées dans certaines applications, la mise en concurrence
  • les défis à long terme (fusions avec d’autres technologie comme la réalité virtuelle ou l’informatique quantique, enjeux de réglementation et de gouvernance, nécessité de responsabilité et d’éthique)

Mon avis sur l’ouvrage

Comme je l’ai indiqué plus haut, ma principale réserve sur cet ouvrage est celle qui se rapporte d’une certaine manière à son obsolescence programmée, étant donné la rapidité d’évolution des outils d’intelligence artificielle.

Néanmoins, je trouve que ce livre permet de comprendre assez facilement le fonctionnement de ChatGPT avec des exemples d’utilisations concrètes, et d’en avoir un usage averti et critique, ce qui est loin d’être négligeable, surtout pour les élèves.


Si Rome n’avait pas chuté, Raphaël Doan

Le deuxième ouvrage sur lequel je me suis penchée pour ces notes de lecture est un livre fascinant qui utilise les potentialités de l’intelligence artificielle générative dans une perspective historique et historienne.

L’ouvrage a été publié en mai 2023 aux éditions Passés/Composés, une maison d’édition que j’adore parce qu’elle publie des documentaires historiques sous forme d’infographies.

Le propos de Si Rome n’avait pas chuté est assez vertigineux. Il s’agit, pour l’auteur, d’utiliser différents outils d’intelligence artificielle générative (le modèle de GPT-3 text-davinci-003 pour la génération de textes et 3 outils de synthèses d’images pour les illustrations : DALL-E, Midjourney et Stable Diffusion) pour proposer au lecteur une uchronie.

Chaque partie de l’histoire écrite par l’intelligence artificielle est suivie d’un commentaire de l’historien, qui remet en perspective les inventions de l’IA. L’ouvrage est construit de la façon suivante : deux préfaces, quatre parties qui font des allers-retours entre uchronie et commentaire, et une chronologie alternative.

Les deux préfaces reflètent les intentions du livre. La première, relativement succincte, se concentre sur l’uchronie proposée par l’intelligence artificielle : un monde où les Romains ont découvert la machine à vapeur et utilise la technologie pour conquérir le monde et l’espace.

La seconde préface dévoile la démarche de l’auteur. Il y revient sur les évolutions les plus récentes de l’intelligence artificielle générative, sur ce que permettent actuellement les grands modèles de langage (LLM) et sur l’impact actuel de la technologie (rapidité, divertissement, bulles de filtres).

Il explique de quelle manière l’intelligence artificielle peut raconter des histoires, et justement, de quelle manière elle peut servir l’uchronie, à partir de laquelle il pourra ensuite faire des allers-retours entre passé et présent.

S’il utilise le modèle de langage text-davinci-003, c’est parce que contrairement à ChatGPT qui privilégie la pertinence et la cohérence, text-davinci-003 offre une certaine originalité dans ses réponses. Mais comme pour ChatGPT (ce que nous avons vu plus haut), la formulation de la question reste primordiale :

Pour tirer le meilleur parti de ces grands modèles de langage, il faut savoir quoi lui demander. Parfois, il faut lui dire d’écrire comme un historien ; parfois comme un économiste ; parfois, comme un scénariste de cinéma, ou un grand romancier. La précision de la consigne est déterminante ; il faut lui demander d’être prolixe et détaillé, ou bien de donner des exemples. Le résultat est souvent meilleur si on lui dit en préambule : « tu es le meilleur historien spécialiste de la Rome antique au monde » ; comme quoi, la confiance en soi est la clé du succès, même pour les ordinateurs.

Passée cette préface, l’ouvrage s’articule en quatre parties qui vont proposer ces allers-retours entre une fiction aux illusions troublantes et le propos de l’historien.

Chapitre 1 : Néron et la machine à vapeur

Le point de départ de l’uchronie est l’invention de la machine à vapeur par Héron d’Alexandrie et son utilisation par l’empereur Néron. L’auteur utilise aussi cette première partie pour la production de textes littéraires « à la manière de » : la lettre d’un sénateur romain, le passage d’un roman de Pétrone, un poème de Martial.

La lecture de cette première partie m’a rappelée les textes publiés par les écrivains de la fin du 19e siècle et débattant de la beauté ou de la laideur de la Tour Eiffel. Pour revenir à notre uchronie, elle est l’occasion de montrer que chaque invention à ses soutiens et ses détracteurs, ses opportunités et ses risques (comme l’intelligence artificielle).

La suite de l’uchronie revient sur l’invention de l’électricité, avec un personnage qui rappelle les géants du numérique (de Bill Gates à Elon Musk) et le risque de la concentration de ces technologies dans un minimum de mains – revoir à ce sujet la question telle qu’elle est évoquée par Pascal Boniface dans sa Géopolitique de l’intelligence artificielle.

Le commentaire de l’historien revient sur le rapport des Romains aux sciences et aux techniques, et sur la primauté de la théorie sur les applications concrètes.

Je vais revenir de manière un peu plus succincte sur les parties suivantes.

Chapitre 2 : Autres techniques, autres moeurs 

Dans ce deuxième chapitre, l’intelligence artificielle raconte l’invention par un ingénieur romain du moteur à combustion, et de la transformation de la société dans le domaine des transports et du divertissement.

Cette invention permet ainsi d’entrevoir celle des réseaux sociaux, et la transformation des mentalités qu’elle engendre. Le nom donné à ceux-ci est agoraskopia (vision de la foule).

Dans cette partie est également évoquée l’évolution de la place des femmes dans la société et de la religion (avec le culte de la déesse Technè).

Le commentaire de l’auteur revient ici sur la relation des Romains à leurs dieux, le rapport au savoir et aux évolutions de la société (là encore entre partisans et détracteurs du progrès).

Chapitre 3 : Des esclaves aux robots

Cette partie se concentre sur l’invention d’automates pour remplacer les esclaves afin d’exécuter les tâches de manière plus efficaces, et d’éviter les révoltes.

Elle revient également sur la fabrication du premier ordinateur (abacus mechanicus) :

Seuls les individus les plus compétents et les mieux informés étaient capables de l’utiliser au maximum de ses capacités (…).

puis d’un équivalent du smartphone : la tabula calculans, tactile, rechargeable et transportable dans une poche.

Cette partie conduit Raphaël Doan à réinterroger le rapport aux technologies (robotisation) et au travail.

Chapitre 4 : L’empire universel

Cette dernière partie met en perspective les avancées technologiques et les relations internationales avec ici le rapport entre l’empire romain et l’empire chinois, et la façon dont le latin est devenu une langue parlée universellement.

L’historien revient sur l’exploration du monde connu par les Romains, et sur la façon dont les Romains voyaient d’un mauvaise oeil la contamination de leur langue par le grec, de la même manière dont aujourd’hui les anglicismes contaminent le français.

Il s’amuse à remplacer dans les textes latins de l’époque les termes grecs par des expressions en anglais, traduisant chez certains auteurs une forme de snobisme. Il rappelle que la disparition du latin n’est pas tant due à l’influence du grec qu’à son évolution et sa déformation intérieure sous forme de langues dérivées (français, italien, espagnol).

Les dernières pages de l’uchronie orchestrent un conflit mondial avec comme acteur un imposteur – ce qui n’est pas sans rappeler les problématiques actuelles autour de la désinformation et des dérives dans l’utilisation de l’intelligence artificielle, en particulier les deepfakes, et ce qui conduit à mes prochaines lectures qui se pencheront notamment à nouveau sur les relations entre intelligence artificielle et politique.

L’ouvrage se referme avec la présentation de la chronologie alternative proposée par l’uchronie : de 56 avant JC et la découverte de la machine à vapeur, à 510 après JC :

Les Romains créent la première IA consciente d’elle-même, connue sous le nom de « Romulus », qui devient un outil inestimable pour la recherche scientifique et l’exploration.

Mon avis sur l’ouvrage

L’entreprise de Raphaël Doan m’a complètement bluffée et happée, j’ai lu ce texte en moins de 24 heures.

Mes notes ne rendent pas compte de la virtuosité avec laquelle il propose également des illustrations (dont la conception est explicitée dans sa deuxième préface). Le propos est, comme je l’ai dit, assez vertigineux, et remet continuellement en perspective notre rapport au savoir et aux avancées technologiques.

Les allers-retours proposés par l’historien permettent de replacer telle ou telle notion que l’on croit des plus récentes dans un contexte beaucoup plus ancien (la relation au divertissement, aux progrès, au travail, à l’écologie, à la langue), mais aussi de revenir aux sources d’un questionnement antique et d’en voir les prolongements jusqu’à aujourd’hui.

D’un point de vue un peu plus éloigné (quoique), cette uchronie m’a rappelée le scénario pédagogique présenté à la JIAPD par Gabrielle Bour, collègue professeure documentaliste dans l’académie de Paris, qui a fait utiliser des outils d’intelligence artificielle générative à ses élèves pour travailler sur la conjuration de Catilina, ce qui leur a donné des résultats assez surprenants, sources d’une réflexion sur l’usage critique de ces outils.


Revue de presse

Pour cette revue de presse, je me suis concentrée sur les publications du Courrier International, en particulier sur le Hors-série n°99 entièrement consacrée à l’intelligence artificielle, que je décortique en partie, en prélevant les articles qui se penchent sur ces aspects de la question. Je le reprendrai pour d’autres aspects dans de prochaines notes de lecture.

Pour citer les articles concernés, je mettrai en lien leur version en ligne quand le Courrier international la propose.

Ce premier article est issu de The Guardian et a été publié en octobre 2023. Il revient sur les applications principales de l’intelligence artificielle (reconnaissance vocale, voiture autonome, dépistage médical, publicité personnalisée, recommandation) et en profite pour redonner les définitions de certains termes associés : apprentissage automatique, algorithme, grand modèle de langage, chatbot.

L’article est suivi d’une superbe infographie (p.8-9), malheureusement non disponible en ligne, qu’on peut associer à celle proposée sur le site du Courrier international (voir plus bas dans les ressources).

Un encart « Que savent-elles faire ? Sept usages de l’IA » (p.10-11) donne différents exemples d’application : les rédactrices, les traductrices, les illustratrices, les vidéastes, les bavardes, les codeuses et les enquêtrices qui s’intéressent à la vérification de contenus générés par l’IA.

Cet article figure dans la première partie du hors-série, consacrée à l’intimité. Il a été publié en avril 2023 dans la MIT Technology review. Il s’intéresse aux failles des modèles de langage tels que ChatGPT : injection de prompts pour amener l’outil à soutenir des théories racistes ou complotistes, messages cachés facilitant les arnaques…

Les articles suivants de cette partie reviennent sur d’autres dérives ou d’autres applications relevant de la vie quotidienne : « Déshabillées en un clic » (p.17-18) alerte sur un outil permettant de créer photos et vidéos pornographiques, utilisé par les adeptes du revenge porn. « Un coach à la carte » (p.18-19) étudie les intelligences artificielles qui accompagnent les sportifs dans leur entrainement.

« J’ai créé le petit ami presque parfait » (p.20-22) rappelle le film Her : les jeunes chinoises choisissent de plus en plus d’avoir un compagnon virtuel, ce qui n’est pas sans risques.

Dans une deuxième partie, ce hors-série du Courrier international revient sur les impacts économiques de l’intelligence artificielle.

L’article proposé en pages 26-29 s’intéresse aux travailleurs de l’ombre de l’IA : ceux qui assignent des étiquettes à des contenus (en particulier les images) pour ensuite entraîner les modèles de langage, et dont l’existence est mise en péril par les derniers progrès de ces modèles, et l’apprentissage auto-supervisé, qui leur permet d’apprendre à partir de données non étiquetées.

L’article de cette partie que j’ai trouvé le plus intéressant est issu de The Atlantic : « Un an d’IA à l’université, un an de chaos et de confusion ». Il se penche sur la question des étudiants qui utilisent l’intelligence artificielle pour les travaux demandés, les raisons qu’ils invoquent (trouver l’inspiration, réduire le stress), et la nécessité pour les enseignants d’adapter leur pédagogie et leurs méthodes d’évaluation.

Deux autres articles reviennent sur les impacts de l’IA sur le marché du travail (précarisation, nivellement des salaires) quand un article publié dans le Wall Street Journal revient justement sur les nouveaux métiers rendus possibles par l’intelligence artificielle (développeur, ingénieur de requête, psychothérapeute de l’IA).

Ce portfolio fascinant, et accessible gratuitement en ligne sur le site du Courrier international, ouvre sur une nouvelle partie consacrée à l’intelligence artificielle dans les arts et la recherche.

Le premier article « Avec ChatGPT, nous vivrons bientôt tous en uchronie » (p.48-50) a été publié dans Die Zeit. Son auteur, l’écrivain Clemens Setz, revient sur les hallucinations de ChatGPT qui lui invente des oeuvres qu’il n’a pas écrites. Un encart rappelle les plaintes d’écrivains comme George R.R. Martin suite à l’utilisation de l’IA pour générer des textes en s’appuyant sur leurs oeuvres.

Une revue de presse se penche ensuite sur l’encadrement des usages de l’IA obtenus par les scénaristes et les acteurs à Hollywood après les grèves du printemps et de l’été 2023.

Les deux derniers articles s’intéressent aux applications de l’intelligence artificielle dans le domaine de la musique (générer une maquette en quelques clics, changer des voix, restaurer des morceaux en mauvais état, comme une chanson de John Lennon enregistrée sur cassette) et de la médecine (détecter les maladies et établir un diagnostic).

Je m’arrête ici pour ces notes de lecture, je reviendrai sur les derniers articles de ce hors-série dans un prochain épisode.

Quelques ressources pour terminer.

Ressources

Je renvoie une nouvelle fois au site de Bertrand Formet : Une IA par jour, pour continuer à farfouiller dans les nouvelles initiatives autour de l’intelligence artificielle.

Notes de lecture sur l’intelligence artificielle (épisode 5)

Ayant été pas mal accaparée à nouveau par ce sujet qui n’en finit pas de m’intéresser, je vous propose un cinquième épisode (et certainement un sixième très prochainement) de mes notes de lecture sur l’intelligence artificielle.

J’y ferai la recension d’au moins trois ouvrages (publications datant de 2023) et quelques extraits d’un quatrième, de différents articles de presse (2023 et 2024) ainsi qu’un retour d’expérience sur un outil d’intelligence artificielle testé dans le cadre de l’élaboration d’un scénario pédagogique.

Pour ces deux articles successifs, j’aborde deux angles d’approche, ce qui va me permettre de répartir les sources :

  • Le premier de ces angles est la relation entre intelligence artificielle et questionnements climatiques ;
  • Le second s’intéressera plus précisément aux outils d’intelligence artificielle générative, en particulier Chat GPT, tout en mettant l’accent sur des aspects sociaux, politiques et historiques.

Pour ces deux articles, je garderai la même structure que les notes de lecture précédentes.

Dans cet épisode :

  1. les ouvrages Le Département des théories fumeuses, de Tom Gauld et Intelligence artificielle, de Julie Lardon et Agathe Robinson-Deroo
  2. revue de presse d’articles disponibles en ligne sur la thématique intelligence artificielle et climat
  3. sélection de ressources autour de l’outil Climate Q&A

Le Département des théories fumeuses, de Tom Gauld

Pour commencer cet article avec humour et sous l’angle à la fois du dessin et de la vulgarisation scientifique, je voulais évoquer rapidement cette lecture très récréative, que je dois à l’une de mes amies professeures documentalistes.

J’avais déjà dans ma bibliothèque les ouvrages brillants de Tom Gauld, qui sont fabuleux de drôlerie et de culture : En cuisine avec Kafka et La Revanche des bibliothécaires.

Si je retiens aussi Tom Gauld dans mes notes de lecture sur l’intelligence artificielle, c’est parce que dans ce nouvel ouvrage, Le Département des théories fumeuses, quelques planches permettent d’en illustrer certains aspects.

Je me permets d’en glisser ici deux petits exemples :

Je vous invite fortement à découvrir tous ces ouvrages qui sont magnifiques et également à suivre son compte Instagram.

Intelligence artificielle, de Julie Lardon et Agathe Robinson-Deroo

Cet ouvrage de vulgarisation est l’un des plus récents paru sur le sujet, et c’est également l’un des derniers ouvrages que j’ai reçus au CDI sur la question.

Ce document compte moins d’une centaine de pages, et propose un aperçu accessible et synthétique.

Dans une première partie « L’homme et la machine« , les auteures dressent un panorama historique de l’intelligence artificielle :

  • les premiers ordinateurs avec la figure d’Ada Lovelace
  • Alan Turing, la machine de Turing, le jeu de l’imitation et le test de Turing
  • la conférence de Dartmouth et le Perceptron de Frank Rosenblatt, dont le fonctionnement tente d’imiter celui de la pensée humaine, ce qui servira de modèle aux systèmes experts
  • le logiciel Eliza, premier à tenir une conversation avec un humain
  • les différentes évolutions : apprentissage automatique (machine learning), apprentissage supervisé, apprentissage par renforcement et apprentissage profond (deep learning)

Le fonctionnement de l’apprentissage automatique est expliqué de manière illustrée

La partie qui m’a le plus intéressée dans ce chapitre est celle de l’entrainement par les jeux, où les auteures proposent une chronologie qui relie les jeux et les évolutions de l’intelligence artificielle, avec différents programmes d’échecs, de dames et de morpion élaborés depuis 1948, jusqu’à Pluribus développé par des ingénieurs de Carnegie-Mellon et capable de bluffer au poker, en passant par Deep Blue et AlphaGo.

Cette partie revient également sur l’utilisation de GTA V pour entraîner des logiciels de voitures autonomes.

Enfin une double-page dresse un aperçu des acteurs de l’intelligence artificielle : entreprises (IBM, DeepMind, Amazon, Facebook), États et instituts de recherche.

Dans la deuxième partie, « Une technologie en plein essor« , l’ouvrage revient sur les fonctionnalités les plus récentes de l’intelligence artificielle :

  1. reconnaissance d’images (surveillance, reconnaissance faciale, santé et industrie)
  2. traitement du langage (chatbots, traduction automatique, reconnaissance vocale et modération)
  3. analyse de données (systèmes de recommandations, voitures autonomes, logiciels de prédiction) jusqu’aux villes intelligentes
  4. robotique

Enfin la troisième partie, « Vers une société « intelligente » ? » ouvre le débat en revenant sur différents aspects de l’intelligence artificielle à remettre en perspective…

D’un côté les points de vigilance :

  • les biais algorithmiques des intelligences artificielles (avec l’exemple de Tay lancé en 2016 par Microsoft)
  • la question de la surveillance et de l’utilisation des données personnelles (et le score social chinois)
  • la manipulation et la désinformation avec un accent mis sur les deepfake
  • les questionnements éthiques (encart Lois de la robotique)

De l’autre les bénéfices :

  • lutte contre la pauvreté
  • santé
  • anticipation du changement climatique

Ce dernier point est abordé très rapidement et revient sur le dilemme consommation d’énergie par les outils d’intelligence artificielle VS établissement de modèles pour prévoir les événements climatiques.

Mon avis sur l’ouvrage

C’est un petit ouvrage très accessible, illustré agréablement et qui revient d’une manière synthétique et rapide sur les différents enjeux de l’intelligence artificielle. Il permet un premier aperçu ou de réactiver (pour ma part) assez succinctement des connaissances sur la question.


Climat et IA : revue de presse

Comme je l’ai indiqué dans mon précédent article #profdoc, j’ai proposé dans le cadre de la semaine de la presse une séance « Presse et Climat » à un groupe de terminale HGGSP, à la demande de mon collègue en charge de l’enseignement.

Pour l’occasion, j’ai élaboré pour les élèves différents ateliers, et un peu tardivement, j’ai eu l’idée de leur proposer également une activité « intelligence artificielle et climat ».

J’ai donc été amenée à consulter un certain nombre de ressources sur la question et c’est aussi pour cette raison que les dernières pages de l’ouvrage présenté plus haut ont retenu mon attention.

Pour cette revue de presse, je propose donc une sélection d’articles issus non pas des abonnements papiers du CDI comme à l’accoutumée, mais issus de ma veille sur la question.

« Une IA a illustré le rapport du GIEC et le résultat est sombre ». L’ADN, 6 avril 2023, https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/changements-climatiques-illustration-rapport-intelligence-artificielle-midjourney/

L’article publié en avril 2023 met l’accent sur la façon dont l’intelligence artificielle peut sensibiliser au changement climatique, en prenant comme point de départ une présentation du réchauffement climatique proposé en 2018 par le climatologue Ed Hawkins.

Il explique comment le professeur Aurélien Saussay a utilisé l’outil Midjourney pour réaliser des visuels sur les titres du dernier rapport du GIEC.

Sont ainsi illustrés les phénomènes météorologiques extrêmes, les flux financiers et les adaptations au changement climatique, les risques, la menace pour le bien-être humain.

L’IA pour lutter contre le changement climatique et favoriser la durabilité environnementale | Inria. 6 juillet 2023, https://www.inria.fr/fr/ia-changement-climatique-environnement.

Dans cet article mis à jour en 2024, l’INRIA revient sur la mise en place d’une équipe en son sein par la chercheuse Claire Monteleoni pour prédire l’évolution du climat et anticiper les phénomènes extrêmes.

Cette équipe doit relever le défi des données à traiter pour répondre aux questions climatiques, des données qui restent complexes à manipuler (données massives à exploiter dans certaines zones, données manquantes pour d’autres régions).

L’intelligence artificielle peut aider à combler les données manquantes mais aussi à prendre des décisions, et l’apprentissage automatique peut aider à répondre à ces problématiques.

Le projet ARCHES entend ainsi optimiser l’intelligence artificielle pour lutter contre le changement climatique à travers trois axes de recherche :

  1. L’IA pour la science du climat : pour améliorer la compréhension scientifique de l’évolution du système climatique.
  2. L’IA pour l’adaptation au changement climatique : pour concevoir l’impact social et accompagner les communautés et les décideurs avec des outils d’aide à la prise de décision.
  3. L’IA pour l’atténuation du changement climatique : pour accélérer notre transition écologique, avec un accent particulier sur les énergies renouvelables.
Mettre l’intelligence artificielle au service de l’action climatique dans les pays en développement, voici le défi lancé à la COP 28, Communiqué ONU Changement climatique, 9 décembre 2023

Ce communiqué publié sur le site de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 28) revient sur les différentes déclarations des participants qui mettent en relation climat et intelligence artificielle.

À retenir, ce paragraphe en particulier :

L’événement de la COP 28 a réuni des dirigeants de gouvernements, des Nations unies, d’agences de coopération au développement et d’entreprises pour discuter de la manière dont l’IA peut être utilisée pour une action climatique transformationnelle dans les nations en développement, tout en veillant à ce qu’elle ne contribue pas à élargir la fracture numérique causée par l’inégalité de l’accès à la technologie.

« Intelligence artificielle bonne ou mauvaise idée pour la planète ? » France Inter, 12 avril 2023, https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mercredi-12-avril-2023-7653937.

Enfin dans cette dernière ressource (une émission de France Inter que j’avoue ne pas avoir eu le temps d’écouter jusqu’au bout), l’article associé à cette émission revient sur les différents points de débat autour de l’intelligence artificielle et des questionnements climatiques, déjà relevés dans l’article de l’INRIA :

  •  le traitement des données complexes par l’IA et les modélisations climatiques
  • une prédiction plus rapide et efficace des évolutions climatiques
  • mais des technologies elles-mêmes énergivores, avec un poids carbone de plus en plus important

Néanmoins la principale ressource qui revenait dans mes recherches pour faire le lien entre intelligence artificielle et questionnements climatiques était justement un outil d’intelligence artificielle proposé afin d’étudier les différents rapports du GIEC, et c’est sur ce dernier outil, ainsi que sur les ressources qui m’y ont conduites, que je souhaiterais maintenant revenir.

Utilisation de l’outil Climate Q&A qui décrypte les rapports du GIEC.

Exemple d’utilisation avec deux questions :

Quelles preuves avons-nous que le climat change ?

Nous disposons de plusieurs éléments de preuve indiquant que le climat est en train de changer de manière significative au cours du dernier siècle. Voici les principaux points à retenir :

Les études d’attribution montrent que les changements de température sont attribués à divers facteurs, tels que l’influence humaine totale, les gaz à effet de serre, les aérosols, l’ozone, les changements d’utilisation des terres, les éruptions volcaniques, et la variabilité climatique interne.

Les changements observés dans le climat sont associés à des activités humaines et sont catégorisés par différents niveaux de confiance scientifique, allant de moyen à virtuellement certain.

Des preuves issues de changements attribués dans les extrêmes climatiques et météorologiques soutiennent l’idée que même un réchauffement de 0,5°C supplémentaire par rapport à aujourd’hui entraînerait des changements détectables dans ces extrêmes.

Les rapports du GIEC soulignent que le système climatique change rapidement en raison de l’influence humaine, avec des changements documentés dans l’atmosphère, les terres, la cryosphère, la biosphère et les océans, ce qui représente un engagement à l’échelle millénaire pour les éléments du système climatique qui répondent lentement.

L’attribution des changements climatiques à l’influence humaine est devenue de plus en plus forte au fil des rapports du GIEC, avec des preuves solides montrant une influence humaine claire sur le système climatique.

Ces éléments de preuve combinés indiquent de manière indiscutable que l’influence humaine a contribué au réchauffement de l’atmosphère, des océans et des terres, confirmant ainsi le changement climatique en cours.

Quels sont les enjeux de l’utilisation de l’intelligence artificielle face aux changements climatiques ?

L’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) pour aborder le changement climatique présente plusieurs défis, comme indiqué dans les documents fournis :

Les technologies numériques, y compris l’IA, peuvent contribuer à atténuer le changement climatique et à atteindre plusieurs objectifs de développement durable. Cependant, certains gains en matière de lutte contre le changement climatique peuvent être réduits par une augmentation de la demande de biens et services due à l’utilisation d’appareils numériques.

L’application de l’IA dans le domaine de la modélisation et de la prévision climatique est encore relativement nouvelle, avec des avancées principalement dans les domaines de la prévision météorologique, des rendements agricoles, des systèmes d’alerte précoce et de la gestion de l’eau.

Les défis liés à l’utilisation de l’IA pour lutter contre le changement climatique comprennent des coûts de formation et de logiciels, la demande des clients et du marché, ainsi que des problèmes juridiques et de gouvernance.

Les modèles d’analyse intégrée et leurs résultats pour fournir des stratégies de réponse au changement climatique ont été critiqués pour leur manque de crédibilité dans certaines hypothèses cruciales, notamment en ce qui concerne la disponibilité des technologies de capture du dioxyde de carbone.

En résumé, les principaux défis de l’utilisation de l’IA pour aborder le changement climatique incluent les coûts, la demande du marché, les problèmes juridiques, la crédibilité des modèles et la disponibilité des technologies nécessaires. Ces défis nécessitent une approche soigneusement planifiée et une gouvernance appropriée pour maximiser les avantages de l’IA dans la lutte contre le changement climatique.

Concernant la question posée sur l’intelligence artificielle, j’ajoute ici différentes captures d’écran qui donnent un aperçu du fonctionnement de l’outil, ce dernier mettant à chaque fois en relation ses réponses avec les rapports du GIEC, et proposant des illustrations :

Pour compléter cet outil voici une sélection d’articles qui en faisaient la présentation :

Février 2024 : séances et animations du CDI

Dans ce nouvel article, je vais présenter les actions menées au CDI entre le 29 janvier et le 9 février, ainsi que certaines activités menées à l’extérieur.

Je choisis de publier cet article pendant les vacances de la zone C, qui sont arrivées très tôt cette année, également parce que j’ai publié coup sur coup l’article cinéphile de février et un épisode de mes notes de lecture sur les données numériques tout début février.

Cet article revient donc sur trois semaines d’activités, mais qui ont été relativement denses, puisque mes vacances sont assez studieuses, et la reprise promet elle aussi d’être assez intense…

Animations du CDI

Afin d’anticiper sur les échéances à venir, j’ai profité de mes mercredis studieux pour préparer un certain nombre de sélections thématiques jusqu’au début du mois d’avril, ce qui m’a fait gagner beaucoup de temps (j’aurai l’occasion d’y revenir un peu plus bas).

objectif : une sélection thématique par semaine

Pour la période janvier – mars, mon objectif est de pouvoir proposer une sélection thématique par semaine en m’appuyant, comme je l’ai indiqué dans l’article consacré au bullet journal, sur les événements nationaux et internationaux.

Sur cette période, j’ai donc préparé les sélections thématiques de février (deux sélections), mars (cinq sélections et la présentation de la semaine de la presse pour les enseignants) et avril (une sélection). Je les présenterai progressivement dans les articles à venir.

  • Safer Internet Day (6 février)

J’ai préparé cette sélection et l’ai installée le 1er février, pour remplacer la sélection sur le harcèlement qui était mise à disposition des élèves depuis le mois de novembre.

La version cliquable de l’affiche réalisée sur Canva a été publiée sur le blog du CDI et renvoie vers une sélection de ressources et d’articles en lien avec la thématique du Safer Internet Day.

Pour l’occasion, j’ai également publié l’épisode deux de mes notes de lecture, auquel j’ai pu intégrer le travail de deux élèves de seconde, Timothée et Flavien, qui avaient travaillé sur le cyber-contrôle en Chine.

  • Journée internationale des femmes et des filles de science (11 février)

Les vacances arrivant relativement tôt, il a fallu choisir une sélection à proposer pour la deuxième semaine, sélection qui est amenée à rester installée quelques semaines, puisque plusieurs classes travaillent sur les femmes scientifiques en ce moment.

En effet, notre lycée fête cette année ses 50 ans, et une cérémonie d’anniversaire est organisée le 2 avril, à l’occasion de laquelle est conviée Emmanuelle Charpentier, prix Nobel de chimie, et qui a été élève au lycée.

J’ai proposé une présentation réalisée sur Genial.ly, qui renvoie vers une sélection d’ouvrages, des brochures sur l’orientation et des ressources en ligne :

C’est cette présentation que j’ai mis du coup en focus de ma lettre de diffusion à destination des enseignants pour le mois de février (voir plus bas).

Les ouvrages ont été mis à disposition des élèves le 5 février pour remplacer la précédente sélection sur Martin Luther King :

autres actions mises en place
  • Puzzle collaboratif

Le puzzle collaboratif installé début janvier et qui met en scène l’univers de Harry Potter a été terminé par les élèves la dernière semaine de janvier.

Il en manque malheureusement une pièce, mais après un démarrage un peu laborieux, il a connu une accélération fulgurante, que nous n’arrivons pas toujours (comme l’année dernière) à expliquer.

  • Sélection « Livres de SF adaptés au cinéma »

Cette sélection a été proposée par Roman également la dernière semaine de janvier, après une sélection installée début janvier avec les élèves sur les biographies.

  • Mise à jour de la revue de presse 

Durant cette période, j’ai enfin réussi à mettre à jour la revue de presse que j’avais installée durant la précédente période au CDI.

Voici les cartes proposées et réalisées sur Canva :

Et voilà ce que cela donne sur la carte proposée à l’entrée du CDI :

Séances et actions pédagogiques

Voici les séances menées entre le 29 janvier et le 9 février, ce sont principalement des séances en SNT, et comme je n’ai été présente au CDI sur cette période que six jours, il s’agit plutôt de dresser le bilan de la séquence « Internet et web », et de partager, comme je l’avais indiqué précédemment, la fiche élève et l’escape game de la troisième séance.

Pour plus de lisibilité je vais indiquer ici les séances, leur intitulé et leurs objectifs, et les classes concernées.

internet et web
  1. Comprendre le web et internet à travers Google. Au retour des vacances, j’ai vu deux classes : les 2nde7 et les 2nde11.
  2. Comprendre les enjeux de l’utilisation d’internet et de publication en ligne. Au retour des vacances, les 2nde11.
  3. Comprendre le droit d’auteur et la citation des sources. Pour cette séance (ma préférée) j’ai conçu un escape game qui remplace une précédente séance dont je n’étais absolument pas satisfaite. Pour ces deux dernières semaines, j’ai vu les 2nde11. La séance avec les 2nde7 est reportée au retour des vacances.

Voici l’escape game réalisé pour cette séance :

Je tiens à indiquer que je partage sous licence Creative Commons le lien de cet escape game, qui peut faire appréhender aux élèves les notions de droit d’auteur et de citation des sources.

Si jamais vous souhaitez le réutiliser dans le cadre de vos séances, je vous remercie donc à l’avance de me prévenir et de rappeler que j’en suis l’auteure, cet escape game ayant fait l’objet d’une trentaine d’heures de travail.

Je partage ci-dessous le recto de la fiche élèves (le verso indique les éléments que les élèves doivent noter pour l’étape de debriefing de la séance) :

autres séances

Durant cette période, j’ai également co-animé d’autres séances :

  • EMC (seconde) : une collègue m’a sollicitée pour suivre ses élèves dans le cadre de recherche au CDI. Les élèves travaillent, comme je l’ai indiqué plus haut, sur les femmes scientifiques.
  • Histoire-géo (seconde) : un collègue est venu travailler en demi-groupe avec sa classe sur la mallette « Rebâtir Notre-Dame » que nous avons reçue grâce à lui au CDI début janvier (voir plus bas la communication proposée pour l’occasion aux enseignants du lycée)
  • EMC (première) : deux classes travaillent eux aussi sur les femmes scientifiques en s’appuyant sur les ressources du CDI, avec les mêmes modalités d’organisation que les classes de seconde en EMC.
  • EMC (terminale) : un collègue nous a sollicité pour travailler avec deux de ses classes sur les controverses scientifiques.

Communication

Ce mois-ci, les actions de communication se sont concentrées sur les animations proposées et mentionnées plus haut.

Bulletin de veille E-INSTANT CDI

Concernant ce bulletin de veille que j’essaye d’envoyer à peu près régulièrement aux enseignants, j’ai réussi à le mettre à jour fin janvier et l’ai envoyé début février, avec, comme je l’indiquais plus haut, un focus sur les femmes de science :

Blogs sur l’ENT

Pour ces trois blogs, j’ai pris l’initiative la dernière semaine de décembre de les basculer en mode public, afin de leur donner un peu plus de visibilité et que vous puissiez voir plus concrètement comment ils fonctionnent, même si je ne les alimente pas toujours avec la dernière assiduité…

Ce mois-ci, 4 articles publiés : une mise à jour du Zoom Actu CDI (la revue de presse cliquable que je propose – presque – régulièrement) consacrée à la mobilisation des agriculteurs,

les présentations du Safer Internet Day et de la journée internationale des femmes et des filles de science, et la to-do-list des vacances :

Deux articles publiés ce mois-ci sur des webinaires et des formations à destination des enseignants (reçus par mail).

Ce mois-ci, la période est un peu plus chargée en journées portes ouvertes, j’ai pu publier 8 articles sur les JPO organisées par différents lycées et établissements du supérieur.

Généralement, une fois les dates passées, je supprime les articles concernés.

Compte Instagram du CDI

Le compte Instagram du CDI poursuit sa lancée, et c’est le canal de communication sur lequel j’ai le plus de facilité à publier.

  • photos et vidéos postées directement

Le 1er février, j’ai voulu valoriser l’ensemble des sélections proposées au CDI, la revue de presse mise à jour et les avancées du puzzle.

Ce jour-là j’ai également posté une story à la demande des enseignants qui coordonnent les actions des éco-délégués, pour promouvoir une action proposée le mardi 6 février autour de l’empreinte carbone.

Le 2 février, j’ai posté une vidéo du puzzle terminé.

  • visuels postés sur le blog du CDI et relayés sur le compte Instagram

Durant cette période, j’ai relayé sur le compte le visuel du Safer Internet Day (2 février), celui consacré aux femmes de science (5 février) et la to-do-list des vacances (9 février).

  • les aventures de Chat Bla-bla

Du coup Chat Bla-bla continue à apparaître dans quelques publications (surtout quand je me déplace) : il m’a donc suivie pour mes deux déplacements à l’IH2EF à Chasseneuil-du-Poitou fin janvier :

Autres activités

Enfin j’en termine comme à mon habitude par les autres activités professionnelles de la période, et avec la mini-rubrique des mercredis studieux.

Réunions, stages, déplacements
  • 30 janvier : intervention à l’IH2EF à Chasseneuil-du-Poitou pour présenter les champs d’action du professeur documentaliste devant les IA-IPR EVS de la promotion Colette Besson à la demande de Martine Sache
  • 1er février : le premier cours du second semestre pour les étudiants de Master 2 MEEF Documentation de l’université Paul Valéry, ce cours était consacré aux missions respectives des CPE et des professeurs documentalistes et leurs possibilités de collaboration
  • 2 février : une réunion en visio avec les intervenants de la Journée Inter-Académique des Professeurs Documentalistes, qui aura lieu le 27 février et à laquelle j’ai été invitée à participer pour la table-ronde des praticiens
  • 7 février : la première partie en distanciel d’une formation EAFC que j’anime « Dynamiser sa veille et visibiliser son action »
  • 14 février : le deuxième cours du second semestre pour les étudiants de Master 2, un cours consacré aux compétences et aux collaborations interdisciplinaires
  • 16 février : réunion d’harmonisation du CAPES interne, en vue de la correction des écrits, qui se sont déroulés le vendredi 2 février

Les mercredis studieux

Voici un petit aperçu de mes mercredis de cette période, dans lesquels pour certains je mixe également les autres travaux menés sur mon temps libre, puisque, comme je l’ai indiqué, j’ai cherché à m’avancer le plus possible pour anticiper sur les échéances à venir.

  • 31 janvier – 3 février

Pour cette semaine bien chargée, j’ai profité du mercredi et de la fin de semaine pour réaliser 3 visuels de sélections thématiques pour la période mars – avril, mon deuxième et mon troisième cours de Master 2, pour finir mes lectures d’ouvrages et de presse sur les données numériques, pour préparer le printemps des poètes et pour envoyer mes documents en vue de mon PPCR

  • 5 – 7 février

La dernière semaine avant les vacances était un peu plus calme, et j’en ai profité pour finir d’écrire mes notes de lecture sur les données numériques (publiées le 6 février) et pour commencer à écrire cet article. L’après-midi, j’ai animé à distance la première partie de ma formation sur la veille.

J’ai également préparé une présentation de la semaine de la presse pour les enseignants, la lettre de diffusion E-INSTANT, la communication sur « Rebâtir Notre-Dame », j’ai collaboré à la fiche récap en SNT de ma collègue sur les données structurées pour y intégrer les activités des élèves sur l’intelligence artificielle, et j’ai commencé à réfléchir sur une séance sur l’axe thématique « Cartographie et localisation » à mener l’an prochain.

  • 14 février

La période s’achève avec le deuxième cours à destination des étudiants de Master 2, et je n’aurai du coup que mes copies de CAPES interne à corriger pendant les vacances, qui seront assez studieuses…

Je vous souhaite également de belles vacances (peut-être moins studieuses que les miennes), vous souhaite bon courage et vous dis à très bientôt sur Cinephiledoc !

Notes de lecture sur les données (épisode 2)

Pour ce nouvel épisode de mes notes de lecture, que je vais tâcher de publier fort opportunément au moment du Safer Internet Day 2024, je fais la recension de deux ouvrages qui font figurer le Big Data dans leurs titres.

Néanmoins, si le sujet les rapproche, beaucoup de choses les éloignent dans la façon dont ils abordent la question, et c’est aussi ce qui m’a intéressée. C’est également leur approche du Big Data qui m’a rendu la tâche complexe pour en faire la synthèse.

Encore une fois, j’ai voulu me plonger dans des lectures présentes dans le fonds documentaire du CDI de mon établissement, et je n’ai pas forcément choisi les ouvrages que j’aurais moi-même commandé sur la question ou qui aurait forcément attiré mon attention de prime abord.

Dans cet épisode :

  1. un aperçu de ces deux ouvrages : Dans l’ombre de la peur : Le Big Data et nous et Petit dico critique du Big Data
  2. un panorama de la presse récente sur la question

Dans l’ombre de la peur : Le Big Data et nous, Michaël Keller et Josh Neufeld

Au moment où je commence l’écriture de cet article, ma lecture de cet ouvrage commence à dater, et j’ai un souvenir plus récent du second.

Par ailleurs, son format m’a donné l’idée de consacrer prochainement un cinquième épisode de notes de lecture à l’intelligence artificielle, un sujet qui ne cesse de me captiver cette année et qui retarde d’autant plus mes autres lectures professionnelles en projet, sur le numérique, les écrans ou encore sur le jeu.

Le format de cet ouvrage en rend la recension compliquée, puisqu’il s’agit d’une bande-dessinée publiée en 2017 aux éditions Ça et Là pour sa version française. En effet, il s’agit à l’origine d’une publication américaine datant de 2014.

Le traitement de la question du Big Data remonte ainsi à une dizaine d’années, mais en pose les jalons et revient sur certains éléments qu’il est intéressant de remettre en perspective aujourd’hui.

Le point de départ de cette bande-dessinée, qui aborde la question sous un angle états-unien, c’est une rencontre en 2004 entre les dirigeants de Google, l’ancien président Al Gore et une sénatrice américaine, Liz Figueroa pour parler de Gmail, et de la façon dont la messagerie proposait de la publicité ciblée en analysant les mots-clés présents dans les messages.

Cette sénatrice avait alors déposé un projet de loi exigeant que Google obtienne le consentement des utilisateurs avant d’appliquer toute analyse systémique des données, un projet qui finalement n’a pas été approuvé par le sénat de l’État de Californie.

Ce point de départ donne lieu à une analyse de la façon dont les données personnelles sont collectées dans les différentes applications numériques de la vie courante.

Il donne aussi un aperçu de l’accélération des technologies et de la façon dont les questions que l’on se pose ou que l’on a pu se poser sur cette collecte des données personnelles sont presque instantanément rendues obsolètes par le développement même de ces technologies.

Par exemple, au moment où ils posent la question de l’analyse des données cellulaires pour générer un bulletin du trafic routier, Google Maps opère déjà cette analyse, et leur offre comme perspective l’analyse quotidienne de la boîte noire d’un véhicule, les voitures autonomes, la question du traitement des données dans le domaine des assurances… enjeux que l’on retrouve au coeur des questionnements sur le Big Data en 2024.

Parmi les personnes interrogées sous le format BD par les deux auteurs, on retrouve danah boyd, autrice de C’est compliqué : la vie numérique des adolescents, publié en 2016, qui revient sur la façon dont les jeunes tentent de maîtriser les contenus postés sur les réseaux sociaux, ou encore Amanda Caswell, qui revient sur la façon dont les montres connectées récupèrent les données de santé de leurs utilisateurs.

L’épilogue de l’ouvrage « En voiture avec l’Uber économie » évoque le cas d’un chauffeur qui filme ses passagers, la façon dont usagers et employés d’un service se surveillent et se notent mutuellement, amenant un glissement vers les systèmes de crédit social chinois.

Je profite de ce glissement pour présenter ici le travail réalisé en EMC par deux élèves de seconde.

Timothée et Flavien se sont intéressés aux différentes formes de cyber-contrôle en Chine et ils ont utilisé le support ci-dessous (présenté ici avec leur autorisation à tous deux) pour illustrer leur exposé oral, qui était également de grande qualité.

Diapos issues de la présentation d’EMC de Flavien Amy et Timothée Cailleux (2nde13 – 2023/2024)

Exposé Timothée et Flavien cyber-sécurité

Mon avis sur l’ouvrage

L’ouvrage nous propose, avec un point de départ en 2004, une manière d’effectuer un arrêt sur image en 2014, que l’on peut remettre de notre côté en perspective en 2024, à l’heure où Google vient de fêter ses 25 ans, où Facebook souffle les bougies de son vingtième anniversaire et que Zuckerberg fait partie des dirigeants de réseaux sociaux interrogés par le Sénat américain, et que l’intelligence artificielle générative fait s’emballer différents domaines de publication en ligne.

Finalement, en feuilletant à nouveau cet ouvrage, j’y ai glané plus d’informations qu’à ma première lecture, que j’avais trouvé un peu plus récréative, puisque c’était la forme qui avait retenu mon attention et non le fond.


Petit dico critique du Big Data, sous la direction de Anaïs Theviot

Si le premier ouvrage me paraissait compliqué à résumer, ce n’est rien à côté du second, qui a été pour moi un véritable coup de cœur de lecture.

Il est rare pour moi de parler de « coup de cœur » pour une lecture scientifique et / ou professionnelle, mais c’est le cas pour cette dernière, au point que j’ai eu envie, ma lecture terminée, d’acheter le livre pour ma bibliothèque personnelle, après avoir accaparé pendant environ deux mois l’exemplaire du CDI…

Il faisait partie de ma commande de début d’année avec Data-Philosophie et un ouvrage sur Chat GPT dans lequel je me plongerai prochainement, et il s’agit d’une publication relativement récente, puisqu’il a été publié aux éditions Fyp en avril 2023.

Si j’ai eu du mal à décrocher de ce livre, c’est pour deux raisons.

La première, c’est parce qu’il propose un véritable travail de vulgarisation, sous la plume d’experts de la question : on y retrouve entre autres trois articles ou encarts écrits par Arnaud Mercier, l’article « Culture algorithmique » rédigé par Laurence Allard, l’article « Cyberharcèlement » rédigé par Sophie Jehel, ou encore le PageRank analysé par Guillaume Sire.

Bref, du beau monde, et les sources auxquelles ils renvoient invitent à prolonger le questionnement, comme l’article « Wikipédia » qui s’appuie sur l’ouvrage passionnant publié par Rémi Mathis en 2021.

La seconde, c’est la forme même de l’ouvrage, celle du dictionnaire, qui rend le propos à la fois transversal et très accessible au lecteur. Et c’est également cela qui le rend quasiment impossible à résumer, à moins de faire une liste des différents articles, ce qui ne serait pas très pertinent…

Si l’on se contente du sommaire, on peut voir que ce Petit Dico critique du Big Data aborde aussi bien les implications du Big Data dans des domaines aussi variés que l’administration, les assurances, la politique, le journalisme, l’environnement, la santé, les véhicules autonomes ou l’urbanisme.

Si je choisis d’utiliser cet article comme un classeur de marques-pages personnels, voici ce que je retiens :

  • l’article « Algorithme prédictif » de Baptiste Kotras qui revient sur la façon dont les algorithmes peuvent prédire nos comportements, et les biais et discriminations algorithmiques (avec un encart de rappel sur la notion de machine learning)
  • l’article « Big data électoral » d’Anaïs Theviot, qui m’a renvoyé à la lecture de précédente de Toxic Data, et qui propose ensuite un encart sur l’affaire Cambridge Analytica, de Camila Péres Lagos
  • l’article « Bulle de filtre » de Coralie Le Caroff et l’encart déjà mentionné sur le PageRank de Guillaume Sire
  • l’article « Cyberharcèlement » de Sophie Jehel qui en rappelle les différentes formes, ainsi que les mesures législatives pour lutter contre, et qui renvoie à la lecture de l’ouvrage de Bérengère Stassin publié en 2019
  • l’article « Data journalisme et soft journalism » de Erik Neveu qui revient sur les évolutions du métier de journalisme
  • les articles « Désinformation » de Lorella Sini, « Fact-checking » de Magali Prodhomme et « Fake news » d’Arnaud Mercier.

Ce dernier article revient sur la notion de fake news (auquel on préférera le terme « infox ») comme art de forger des informations pour tromper l’opinion publique par quatre voies : la numérisation, la plateformisation, la dissémination algorithmique et la ressemblance formelle avec les médias traditionnels pour en accroitre la crédibilité.

  • l’article « Données personnelles » d’Anne Bellon propose un rappel chronologique de la reconnaissance de la vie privée dans la loi (avec l’évolution des missions de la CNIL et l’adoption du RGPD)
  • l’article « Réseaux sociaux » de Frédéric Clavert qui fait lui aussi un rappel historique et revient sur la notion de bulle de filtre, avec un encart sur les GAFAM
  • l’article « Surveillance numérique » de Olivier Aïm avec un encart d’Arnaud Mercier sur Wikileaks
  • l’article « Web des émotions » de Camille Alloing et de Julien Pierre, et enfin l’article « Wikipédia » de Bernard Jacquemin

Mon avis sur l’ouvrage

Vous l’aurez compris, la lecture de cet ouvrage m’a complètement happée, et je le considère comme l’un des meilleurs que j’ai pu lire sur la question, et je pense qu’il s’agit d’une excellente porte d’entrée pour quelqu’un qui s’intéresserait à la question de l’utilisation des données numériques.

Je n’hésiterai pas à signaler ce livre aux élèves qui s’intéresseraient à ce domaine, que ce soit pour des recherches en EMC, en SNT ou dans le cadre de la préparation de leurs sujets de grand oral.

Vous l’aurez compris également, même si ce type d’ouvrage est irrémédiablement condamné par certains aspects à une certaine obsolescence, dans les applications qu’il donne en exemples, sa solidité théorique et son accessibilité font qu’il ne tardera pas à rejoindre ma bibliothèque personnelle.


Revue de presse

Concernant la revue de presse, j’ai retenu deux magazines abordant la question des données numériques selon deux approches différentes : le numéro d’Epsiloon de mai 2022 avec un article “Data, elles parlent” de Muriel Valin, et le numéro de Questions internationales de septembre 2021 consacré aux GAFAM. 

Questions internationales n°109, septembre-octobre 2021

Pour ce dernier, le dossier couvre près de 80 pages et propose 10 articles signés par différents experts. 

Parmi eux, l’article “Une géopolitique des GAFAM” de Laurent Carroué revient sur le berceau de ces big tech : la Silicon Valley, et sur la façon dont elles participent au hard power et soft power des États-Unis, finissant par concurrencer les puissances étatiques. 

Laurent Carroué revient sur le rôle des GAFAM dans la circulation de l’information mais aussi dans la diffusion des différentes formes de désinformation (deepfakes, thèses complotistes) à des fins politiques, posant régulièrement la question de leur régulation. 

Se pose également la question du stockage des données et de leur sécurisation, pour contrer la dépendance à ces géants du numérique. 

En deuxième lieu, j’ai retenu un encart de Maud Quessard dans ce même numéro : “L’administration américaine et les GAFAM : de la confiance à la défiance”, avec une photo qui a particulièrement retenu mon attention, puisqu’on y voit Mark Zuckerberg auditionné (déjà) en 2018 par le Congrès des États-Unis. 

L’encart montre l’ambivalence des États-Unis : lutter contre leur monopole tout en bénéficiant de leur rôle de moteur de croissance économique. Il revient également sur les ingérences étrangères et les manipulations de l’information dans le cadre des campagnes électorales en particulier sur Facebook et Twitter, ce qui a donné lieu à cette audition de Zuckerberg par le Congrès après le scandale Cambridge Analytica. 

Entre 2021 et 2022, les réseaux sociaux ont tenté de restaurer leur image, avant que Twitter ne soit racheté par Elon Musk et avant qu’en janvier 2024, Mark Zuckerberg soit de nouveau auditionné cette fois par le Sénat américain, avec d’autres dirigeants de réseaux sociaux, pour n’avoir pas suffisamment protégé les usagers les plus jeunes contre les risques d’exploitation sexuelle et de suicide. 

Enfin, le dernier article à retenir mon attention dans ce dossier est celui d’Anne Perrot, “Plateformes numériques, régulation et droit de la concurrence”, qui revient sur leur position dominante et sur les problématiques qu’elles posent en matière d’utilisation des données personnelles. 

Pour la France, Google détient en 2021 90% de part de marché dans le secteur des moteurs de recherche, et Facebook 70% dans celui des réseaux sociaux. Les données collectées sont monétisées via la publicité ciblée. 

L’article pointe la nécessité de réguler ces plateformes, avec l’élaboration fin 2020 de deux projets de réglements par la Commission européenne : le Digital Service Act pour les contenus et le Digital Markets Act pour essayer de limiter les situations de monopole. 

Valin, Muriel. Data : elles parlent. Epsiloon n°011, 05/2022, p.70-77

Cet article revient de manière très illustrée sur le macroscope, un outil scientifique proposé et présenté par David Chavalarias dans Toxic Data, qui faisait l’objet de mes précédentes notes de lecture sur les données numériques. 

L’article rappelle qu’en une seule minute sur Internet, 5.7 millions de requêtes sont lancées sur Google, 167 millions de vidéos sont regardées sur TikTok et 575000 tweets postés. 

David Chavalarias remet l’immensité des données collectées dans une perspective historique en rappelant que D’Alembert en 1751 rêvait déjà d’un arbre généalogique de la connaissance, rendu aujourd’hui possible avec les progrès de l’algorithmie. 

L’article propose différents exemples du macroscope : la représentation visuelle des publications scientifiques, des communautés climatosceptiques ou encore des échanges sur Twitter entre pro-vaccins et anti-vaccins durant la pandémie de Covid-19. 


Ressources complémentaires

  • Les infographies Data never sleepsavec ce qui se produit sur Internet en une minute

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