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2023 : Palmarès de lecture

Pour ce dixième palmarès de lecture (le premier remontant, comme j’ai pu le constater, à décembre 2013, déjà !), je pourrai reprendre de manière quasiment identique l’introduction de mon palmarès de lecture de l’an passé…

En effet, en ce qui concerne mes lectures cinéphiles, il s’est passé rigoureusement la même chose en 2022 qu’en 2023.

Dans ces lectures de l’année, j’ai par deux fois convoqué un hyperactif du livre cinéphile, qui lui aussi a dû supporter de fêter un dixième anniversaire sur ce site et j’ai pu constater également par deux fois que quelqu’un avait décidé de publier un ouvrage sur Truffaut qui ne figurait pas encore dans ma bibliothèque et qu’il me fallait absolument lire… le terme absolument étant ici totalement partial, puisque concernant Truffaut j’en fais quasiment un impératif catégorique.

Comme à mon habitude, cet article s’articulera en trois temps :

  • la présentation du palmarès
  • le palmarès 2023
  • bilan et projets

ainsi qu’un petit retour sur deux expériences cinéphiles de cette année.

Présentation du palmarès

Comme chaque année depuis 2013, je finis le mois de décembre ou commence le mois de janvier par un palmarès de lecture de l’année passée.

Je vous glisse ici les liens des éditions précédentes :

Comme chaque année lorsque j’ajoute cette succession de liens, je m’agace de voir le lien de l’année précédente figurer juste après les deux points… mais je sais que, comme d’habitude, je n’y changerai rien !

Pour 2023, mes lectures ont commencé en novembre 2022, et j’ai réussi à terminer ces lectures et la rédaction des articles début octobre.

Cette année, mon bilan de lecture est un peu moins catastrophique que l’an dernier, et les lectures ont été à la fois plus régulières, et bien réparties entre lectures professionnelles, lectures cinéphiles et lectures plaisirs (même si ces deux dernières catégories se mélangent allègrement).

J’ai tout de même eu un démarrage un peu lent, étant donné que j’ai passé le tout début d’année en janvier sur une seule lecture, et ayant entrepris de relire certains volumes de la Recherche en février, je n’ai lu en février que le tome 3 du Château des animaux.

Ma relecture s’est poursuivie jusqu’en avril, puis j’ai profité des vacances pour me plonger dans d’autres univers littéraires et thématiques : six lectures en mai, trois lectures en juin et en juillet, sept lectures en août, deux en septembre, deux en octobre.

Concernant mes lectures cinéphiles, en voici un petit bilan :

  • Lino Ventura : le livre coup de poing !, Philippe Lombard (lu en 2022)
  • Ça tourne mal… à la télé !, Philippe Lombard (lu en 2022)
  • T’as la Réf ?, Mélanie Toubeau (lu en 2022)
  • François Truffaut en 24 images / secondes, Anne Terral (lu en 2022)
  • En cuisine avec Louis de Funès, chez Ynnis Éditions (lu en 2022)
  • C’est un scandale !, Guillaume Evin (lu en 2023)
  • C’est pour la vie ou pour un moment ?, Nadine Trintignant (lu en 2023)
  • Ciné Pop-corn 1975-1995, Philippe Lombard (lu en 2023)
  • Top secret : Cinéma et espionnage, chez Flammarion (lu en 2023)
  • Mon petit Truffe, ma grande Scottie, François Truffaut et Helen Scott (lu en 2023)

Palmarès 2023

Chaque année, j’essaye de regrouper ces quelques lectures en catégories plus ou moins signifiantes. Cette année je distingue quatre catégories, pour les dix lectures cinéphiles mentionnées ci-dessus : Pop-Corn, Acteurs / actrices, les bibles thématiques et François Truffaut.

Philippe Lombard ayant été bien à l’honneur cette année avec trois lectures, j’ose espérer qu’il ne m’en voudra pas de ne pas lui accorder une catégorie spécifique, mais de partager son cru 2022-2023 dans différentes catégories – mais il faut voir ça comme une façon d’avoir plus de chances de figurer au palmarès, comme les films sélectionnés aux festivals.

Et je commence justement par la catégorie Pop-Corn.

Pop-Corn

Dans cette catégorie, je regroupe trois ouvrages qui permettent de se plonger avec délectation soit dans les affres des tournages, soit dans les associations d’idées qui nous font passer d’un souvenir cinéphile à un autre.

  • Ça tourne mal… à la télé !, Philippe Lombard, La Tengo éditions, 2022
  • T’as la Réf ?, Mélanie Toubeau, Hors Collection, 2022
  • Ciné Pop-corn 1975-1995, Philippe Lombard, Hugo Images, 2023

Et pour cette catégorie je choisis donc l’ouvrage Ciné Pop-Corn de Philippe Lombard, qui m’a permis de voir à quel moment précis j’avais le déclic pour écrire un article cinéphile et qui m’a donné l’occasion de retourner sur le site Pop Corn Garage.

Acteurs / actrices

Dans cette catégorie, je place deux ouvrages dont j’ai fait le compte-rendu de lecture et un invité surprise… Je triche donc puisque c’est à cet ouvrage que je n’avais pas mentionné cette année sur mon site que va ma préférence.

  • Lino Ventura : le livre coup de poing !, Philippe Lombard, Hugo Images, 2022
  • En cuisine avec Louis de Funès, chez Ynnis Éditions, 2022
  • C’est pour la vie ou pour un moment ?, Nadine Trintignant, Bouquins éditions, 2021

J’ai lu ce livre cet été et j’ai été frappée par son élégance, son incroyable délicatesse, sa pudeur et sa retenue.

Je ne l’avais pas lu au moment de sa publication, et je ne serai pas forcément allée vers lui naturellement – j’ai eu l’opportunité de le lire parce qu’on me l’avait prêté – mais l’écriture de Nadine Trintignant, et les deux voix mêlées de Nadine et de Jean-Louis Trintignant, leur histoire, leurs lettres qu’elle reproduit dans ce livre, tout cela a fait de cette lecture estivale l’une des plus belles lectures cinéphiles de cette année.

Je vous encourage donc vivement à le découvrir.

Les bibles thématiques

Dans cette catégorie, deux ouvrages qui se sont penchés avec érudition sur un aspect bien spécifique du cinéma :

  • C’est un scandale !, Guillaume Evin, Casa éditions, 2022
  • Top secret : Cinéma et espionnage, chez Flammarion, 2022

C’est à l’ouvrage de Guillaume Evin que va cette fois ma préférence, puisqu’il a titillé chez moi l’envie de me plonger dans d’autres ouvrages compilant notamment les plus grands films historiques.

François Truffaut

La dernières catégorie donne l’impression que justement, dans la réalisation de ce palmarès, c’est le souvenir le plus récent qui prime forcément.

J’ai donc gardé pour la fin les deux ouvrages consacrés à / de François Truffaut :

  • François Truffaut en 24 images / secondes, Anne Terral, Mediapop éditions, 2022
  • Mon petit Truffe, ma grande Scottie, François Truffaut et Helen Scott, éditions Denoël, 2023

Je prends donc le parti de ne pas trancher puisque d’un ouvrage à l’autre, côté coulisses et côté spectateur, l’un porté par les voix de François Truffaut et d’Helen Scott, l’autre porté par les images de ses films, c’est la même citation de Fanny Ardant qui m’est venue à l’esprit, et que je ne répéterai pas une nouvelle fois dans cet article, puisqu’on serait tenté de croire que j’ai décidé de faire apprendre par coeur à tout le monde ces quelques mots…

Bilan et projets

Voilà pour ce palmarès et ces lectures cinéphiles de 2023, qui ont tout de même été assez variées.

Concernant mes lectures de 2024, ma liste est déjà assez conséquente et elle entremêle cette fois-ci les lectures scientifiques et professionnelles (vu que j’ai cédé une petite place sur ce site à des notes de lecture, en 2023 principalement autour de l’intelligence artificielle, mais d’autres sujets suivront), les lectures cinéphiles et les lectures plaisirs.

Pour les lectures cinéphiles, j’ai déjà au programme un petit ouvrage sur le cinéma de science-fiction et un roman.

J’en termine avec trois escapades que j’ai eues l’occasion de faire cette année, qui, une fois n’est pas coutume, a été exempte d’exposition à la cinémathèque…

La première escapade est purement cinéphile, la seconde l’est indirectement, mais ça me donnera l’occasion d’en garder une trace sur ce site, la troisième également.

  • Ciné-concert Les Lumières de la ville

En avril dernier j’ai eu la chance d’assister à ce concert programmé à Montereau.

C’était la première fois que j’assistais à un ciné-concert, et même si je trouve justement l’expérience quelque peu déconcertante (j’ai eu l’impression d’hésiter chaque seconde entre le son et l’image), elle n’en m’en a pas moins parue magnifique.

  • Exposition Titanic, Porte de Versailles

En août, je suis allée à cette exposition en compagnie d’une amie, ce qui a donné l’occasion de revoir le film de James Cameron.

  • Maison Cocteau, Milly La Forêt

Également au mois d’août, avec la même amie je suis allée visiter la maison de Jean Cocteau à Milly La Forêt.

Voilà pour ces lectures et ces découvertes.

Vous retrouverez les suivantes dès février 2024, après le traditionnel article de janvier sur le bullet journal.

D’ici là, je vous souhaite à nouveau de très belles fêtes de fin d’année, et je vous mitonne pour très prochainement le dernier article #profdoc de 2023.

À très bientôt sur #Cinephiledoc !

Trente, quarante, soixante

Nous passons notre temps à nous souvenir et à commémorer.

Lorsque j’ai commencé à envisager ce nouvel article cinéphile et son compte-rendu de lecture habituel, c’était en plein été, et deux constats me sont venus en tête.

Le premier, c’est qu’une nouvelle fois, je parlerai de Romy Schneider en septembre, fidèle à la chanson d’Hélène : « Ce soir, nous sommes septembre », sur laquelle j’ai eu plusieurs fois l’occasion de revenir.

Le second, je l’ai énoncé dès la première phrase de cet article.

En effet, lorsque l’on regarde certaines émissions télévisées, lorsque l’on feuillette la presse, ou même lorsque l’on consulte la page d’accueil de Wikipédia, il ne se passe pas un jour sans que l’on soit confronté, forcément, à ce qui s’est passé le même jour il y a un an, dix ans, cent ans…

Cet été, à quelques jours d’intervalles, ce sont trois de ces anniversaires qui sont venus se rappeler à moi.

Trente, quarante, soixante

Commençons par les deux extrémités, et gardons le milieu pour la fin.

  • Trente

Le premier de ces anniversaires pourrait paraître surprenant sur un site consacré principalement au cinéma, puisqu’il s’agit de la disparition, le 2 août 1992, de Michel Berger.

Au coeur de l’été, le 2 août, nous avons donc eu eu droit au lot habituel de reportages, de passants qui ânonnent des chansons de manière plus ou moins juste, et d’émissions hommages à l’artiste fauché en pleine gloire.

Ayant été bercée par les musiques de cette génération Berger et ayant écouté plus qu’à mon tour Starmania, Berger, Gall, Balavoine et Sanson, je n’ai alors pas été épargnée par l’envie moi aussi de réécouter La Groupie du pianiste ou Ella, elle l’a.

Par ailleurs, j’ai toujours trouvé un côté très cinématographique aux chansons de Michel Berger, et du coup, si je l’ajoute à cet article « célébrations », il ne fera pas figure d’intrus.

Quelques jours après, c’est un autre anniversaire que nous avons célébré.

  • Soixante

Le 5 août 1962 disparaissait Marilyn Monroe.

Le 5 août 2022 a donc vu son lot d’hommages, de passants croisés dans la rue qui évoquent la soirée d’anniversaire de John Fitzgerald Kennedy « Happy birthday Mr President » en lui associant le Poupoupidou de Certains l’aiment chaud.

Nous avons revu la robe blanche au dessus de la bouche de métro, et les reportages sont revenus à l’envi sur la comédienne incarnation du glamour, avec ses portraits réalisés par Andy Warhol, l’une des femmes les plus photographiées, et sur sa mort toujours sujet aux théories les plus fantasmées, à 36 ans.

Parmi les personnalités interrogées durant ces reportages, l’une des plus intéressantes reste Isabelle Danel, qui avait publié en 2012 (pour les cinquante ans de la disparition de la star, donc) un dictionnaire thématique : Marilyn Monroe de A à Z, un ouvrage qui, selon moi, reste la référence sur Marilyn.

Dans ces reportages, Isabelle Danel rappelait que Marilyn, au-delà de l’image du sex-symbol quelque peu écervelé, était aussi une femme passionnée de lectures et d’écritures, et qu’avaient été publiés pour la première fois en 2010 les Fragments :

des textes de Marilyn accompagnés de leurs fac-similés.

Si l’on veut poursuivre l’évocation de Marilyn, on se replongera dans sa filmographie (pour ma part, je reverrais bien Certains l’aiment chaud, qui reste mon préféré…), on relira le superbe Blonde, de James Carol Oates :

dont il me tarde de découvrir l’adaptation sur Netflix, et dont la sortie est prévue le 23 septembre…

  • Quarante

Nous avons passé les trente et les soixante en revue, arrêtons-nous maintenant sur les quarante.

En effet, le 29 mai 1982, une autre icône du cinéma disparaissait : Romy Schneider.

À nouveau, depuis le début de l’année, hommages et publications – certaines racoleuses, d’autres plus sérieuses – se sont succédés.

Les néophytes ont pu découvrir certains des films de Romy sur Netflix, la plateforme ayant mis en ligne pas moins de 8 films où elle apparait (vérification faite à la mi-août) : entre autres trois Claude Sautet, Les Choses de la vie, Max et les ferrailleurs et César et Rosalie, mais aussi Christine et La Piscine pour ne citer qu’eux.

Mais le plus bel hommage, c’est évidemment celui proposé par la Cinémathèque française, une exposition et une rétrospective qui ont été organisées entre le 16 mars et le 30 juillet 2022.

Exposition Romy Schneider – Cinémathèque française

Cette exposition, que j’ai découverte à ses tout derniers jours le 28 juillet, était magnifiquement orchestrée.

Jusqu’ici, il n’y a qu’une seule exposition proposée par la Cinémathèque qui m’a un petit peu déçue, celle proposée sur l’enfance au cinéma en 2017, qui était davantage une exposition d’ambiances – mais ce n’est que mon avis personnel.

Depuis, chacune des expositions proposées à laquelle j’ai pu me rendre n’a suscité chez moi que l’émerveillement, et celle consacrée à Romy Schneider n’a pas fait exception !

Retour en images et en quelques étapes…

La première rencontre que nous faisons à l’entrée de l’exposition est celle-ci, le regard de Romy Schneider, magnétique et hypnotique dans Les Choses de la vie, de Claude Sautet :

L’évocation est ensuite à la fois chronologique et thématique, associant les photographies, les extraits de films et d’archives, les ambiances, les objets et les costumes.

Période autrichienne avec Sissi (mais pas seulement) et pour l’occasion, un dais projetant des extraits des films et dans lequel on retrouve la fameuse perruque de 5 kilos que l’actrice devait supporter, un tableau en pied d’Elisabeth de Wittelsbach, une photo où Romy pose devant ce même tableau :

Période parisienne et la rencontre notamment avec Alain Delon, Coco Chanel et Luchino Visconti – qui lui fera ré-endosser le costume de l’impératrice dans son Ludwig :

L’exposition nous replonge ensuite dans les diverses aventures cinématographiques de Romy Schneider : les comédies américaines, la rencontre avec Orson Welles, le tournage interrompu de L’Enfer, d’Henri-Georges Clouzot, avant de revenir sur les retrouvailles avec Alain Delon dans La Piscine.

Les occasions manquées aussi, dont témoigne cette lettre de Truffaut, évoquant un projet avec Romy :

Suit la période Claude Sautet, où l’on retrouve les plans de travail hyper méticuleux du réalisateur, et les photographies issues de ses films, accompagnés du costume de Rosalie :

Les dernières parties de l’exposition sont consacrées aux différents projets « mémoriels » de la comédienne, et retrace cette volonté de travailler sur des films évoquant la seconde guerre mondiale (Le Train, Le Vieux fusil, La Passante du Sans-souci)

mais aussi de faire confiance à de jeunes réalisateurs, comme Andrzej Żuławski avec L’important c’est d’aimer, ou Francis Girod qui tourne Le Trio infernal et qu’elle retrouve en 1980 dans La Banquière (mon préféré) :

Enfin on retrouve à la fin de l’exposition une sélection de photographies, nous rappelant qu’avec Marilyn, Romy Schneider reste la comédienne dont le visage et la silhouette ont le plus impressionné la pellicule, qu’elle soit fixe ou en mouvement.

L’exposition proposait d’ailleurs une sélection en partenariat avec l’INA :

Un autre livre sur Romy Schneider

Sortie de cette exposition, comme toujours à la cinémathèque, l’arrêt à la librairie est un passage incontournable.

J’aurais pu, pour changer, me plonger dans le très bel ouvrage de Luc Larriba sur le tournage du film La Piscine, publié en février 2022 :

J’aurais pu tenter l’une ou l’autre des nouvelles biographies publiées cette année, ou rééditées en grand format, comme celle de David Lelait.

Mais ce que je voulais surtout, c’était pouvoir retrouver le cheminement de l’exposition, avec ses extraits d’interviews, ses citations, ses photographies, ses affiches et ses costumes.

Or, à la librairie de la Cinémathèque, le catalogue de l’exposition était introuvable, je ne l’ai retrouvé que quelques jours plus tard en librairie.

Il s’agit cependant d’un ouvrage magnifique, publié par Clémentine Deroudille, et doublement édité par la cinémathèque et Flammarion :

L’ouvrage revient en toute sobriété et élégance sur l’ensemble de l’exposition, le texte étant principalement composé d’interviews de Romy Schneider, d’extraits de ses journaux intimes et de ses lettres, ou de témoignages de ceux qui l’ont directement côtoyée.

Encore une fois, il s’agit donc d’un pari magistralement gagné par la Cinémathèque française, dont je guette avec impatience la prochaine exposition : « Top secret : cinéma et espionnage » qui sera proposée à partir d’octobre prochain !

Et même si le catalogue de l’exposition n’était pas disponible dans la librairie du 51 rue de Bercy, je n’ai pas pu résister à la tentation de rapporter de cette énième visite un petit souvenir : il s’agit de deux jeux de cartes réservés exclusivement aux cinéphiles, l’un reprenant les films d’Hitchcock, l’autre ceux de Charlie Chaplin.

Je vous en glisse ici un petit aperçu :

Ce que j’ai trouvé vraiment chouette avec ces deux jeux de cartes, c’est que contrairement à certains jeux de cartes thématiques que j’avais quand j’étais enfant, les images ne figurent pas seulement sur les figures (rois, dames, valets), mais bien sur la totalité des cartes, sur lesquelles on retrouve acteurs, scènes et affiches des films de Chaplin et d’Hitchcock.

Et cela ajoute à la panoplie d’objets et d’images dont j’ai pu parler dans mes deux hors-série de cet été, pour le prolonger un peu…

Voilà pour l’évocation de ces icônes du cinéma, au premier plan desquelles figure, comme à l’accoutumée en septembre, mélancolique et automnale, Romy Schneider, qui clôt l’article comme elle l’a ouvert, avec cette citation que je garde en mémoire :

Je vous souhaite un bon mois de septembre, et vous dis à très bientôt pour un nouvel article sur Cinephiledoc !

Hors-série 2 : dix images de cinéma qui sont chez moi

Comme à mon habitude, je vous propose deux hors-série estivaux sur ce blog.

Après un petit mois de déconnexion, voici le deuxième hors-série, qui sera tout aussi léger et, comme le promet le titre, tout aussi imagé que le premier.

Avec un peu de paresse, mais tout de même une pincée de réflexions, j’ai voulu vous partager dix images qui peuplent mon intérieur, et qui, pour certaines, m’accompagnent depuis un long moment.

Je ne vais pas forcément les présenter de manière chronologique, ni même faire une étude approfondie de leur composition, mais juste expliquer, en toute subjectivité, comment elles ont, elles aussi, construit ma cinéphilie.

Portraits en solo

  • Les Lumières de la ville

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours connu cette photographie de Charlot, descendant les escaliers dans Les Lumières de la ville.

Elle est d’une assez bonne taille (environ 90×75 cm) et elle était à l’origine accrochée dans la maison familiale sur un pallier donnant sur ma chambre et sur celle de mes parents.

Mon père était un fan de Chaplin, et quand j’étais petite, il m’invitait chaque soir à dire « Bonne nuit » à Charlot avant d’aller me coucher.

Malgré toute l’affection que j’ai eue depuis pour Charlot, le fait de lui dire « Bonne nuit » me terrifiait, j’étais persuadée que le bonhomme allait descendre durant la nuit de son affiche pour venir jouer les vampires dans ma chambre…

Depuis, évidemment, j’ai vu et revu les films de Chaplin, j’ai ajouté d’autres images des Temps modernes et du Kid et du Cirque à cette affiche, qui s’est déplacée plusieurs fois, que j’ai fait ré-encadrer et qui est désormais dans mon salon.

  • La Nuit américaine

Par comparaison à celle de Charlot, cette photographie de Truffaut paraît minuscule : elle est dans un cadre en bois posé sur l’une de mes bibliothèques (elle figure juste à côté du clap mentionné dans l’article précédent).

On reconnaît qu’il s’agit d’une photographie de tournage de La Nuit américaine, non seulement à la veste de cuir portée par le personnage de Ferrand dans le film, mais aussi, étant donné la façon dont la photo est découpée, à l’oreille droite de Nathalie Baye qui figure à gauche de Truffaut – et qui joue le rôle de la scripte Joëlle dans le film.

C’est aussi l’une des seules photographies que j’ai imprimée directement et que j’ai encadrée de manière quelque peu artisanale, et figurant ainsi à côté d’autres dont je parlerai un peu plus loin, elle me fait aussi l’effet d’une de ces photographies qui figurent dans la chapelle de Julien Davenne dans La Chambre verte

  • Bogie

Justement, pas très loin de Truffaut, on retrouve cette photographie d’Humphrey Bogart dans un beau cadre noir…

Cette photo m’a été offerte par mon père. Bogart, comme Marilyn Monroe ou Audrey Hepburn, faisait partie (et fait peut-être toujours partie) des acteurs qui sont le plus facile à trouver dans des magasins de décoration.

Vous voulez un décor d’intérieur de cinéma ? Vous trouverez forcément Marilyn et sa robe blanche dans Sept ans de réflexion (ou bien-sûr la série d’Andy Warhol), Audrey Hepburn et son fume-cigarettes dans Diamants sur canapé, et Bogart en évocation incontournable du film noir.

Couples mythiques

  • Bogie and The Look

Sur la même bibliothèque, entre Bogart et Truffaut, il y a cette photographie d’Humphrey Bogart et Lauren Bacall issue du Grand sommeil.

Le Grand sommeil est le deuxième film qui les réunit, après Le Port de l’angoisse, et avant Les Passagers de la nuit et Key Largo.

J’ai découvert le couple Bacall / Bogart peu après avoir vu La Nuit américaine, Howard Hawks faisant partie des cinéastes auxquels Truffaut rend hommage dans son film. Cherchant donc méthodiquement à construire ma culture cinématographique, j’ai découvert Le Port de l’angoisse dans l’un des cinémas parisiens qui a l’époque projetait les grands classiques, l’Action écoles.

Je suis allée ensuite farfouiller plusieurs fois dans la librairie Cinédoc qui était située passage Jouffroy à Paris, à côté du musée Grévin, et qui proposait, outre des ouvrages et des revues sur le cinéma, quantité d’affiches, photos de tournage et cartes postales… d’où provient entre autres cette photo du Grand sommeil.

  • La Belle et la Bête

C’est dans cette même librairie que j’avais trouvé nombre d’affiches de films, la plupart des affiches néerlandaises (je ne sais pas pourquoi). Je ne les ai pas toutes conservées, mais l’une de mes préférées reste cette affiche du film de Cocteau, avec Jean Marais et Josette Day, que j’ai fait depuis ré-encadrer.

On y retrouve la fameuse rose issue du conte – et que réutilisera Disney – et si je fais une entorse à ce que j’ai indiqué en introduction et m’intéresse brièvement à la composition, on retrouve sur cette affiche un élément fréquent, avec l’homme qui littéralement surplombe / domine la femme, cette dernière en posture de fragilité ou d’évanouissement, dans une position qui donnerait un torticolis à tout être humain normalement constitué…

  • Gone with the wind

Même composition pour cette affiche d’Autant en emporte le vent, qu’une amie m’avait offert dans une taille absolument gigantesque (si l’on mesure avec les images précédentes, je dirais que l’affiche faisait au moins deux Charlot et demi, soit environ 2m X 1,5m).

Pour les besoins de la photo, j’ai quelque peu tronqué la partie droite de l’affiche et le nom d’une des comédiennes, Olivia de Havilland, qui incarne cependant mon personnage préféré, avec celui de Clark Gable.

La version « géante » de cette affiche a d’abord trôné dans l’une de mes chambres d’étudiantes – il n’y avait quasiment pas de place pour autre chose. Puis dans l’une des pièces de mon appartement. Enfin, pour être un peu plus raisonnable sans forcément y renoncer, je lui ai trouvé une version « miniature » et j’ai roulé et rangé la grande soeur dans un placard.

  • It’s a wonderful life

Pour cette dernière image de couple, j’ai choisi cette affiche du film de Frank Capra, en français La Vie est belle.

J’ai toujours trouvé l’argument de ce film incroyable : un homme au bord du suicide reçoit la visite d’un ange qui lui fait découvrir ce qu’aurait été son environnement proche s’il n’avait pas existé, lui redonnant ainsi goût à la vie.

Sur ma photo vous pouvez voir en reflet comme cette affiche fait pendant à l’affiche de Charlot.

Je n’ai pas revu ce film depuis longtemps, mais je me souviens que dans un épisode de Friends, Monica le conseille à Phoebe, et l’affiche, il me semble, apparaît également dans le décor.

Ce serait d’ailleurs intéressant que quelqu’un se penche sur les références cinématographiques dans les séries télévisées, en particulier dans Friends, qui en abonde (la chambre de Joey étant, entre autres, tapissée d’affiches de cinéma).

Deux hommes, une femme

Attention, rien de tendancieux dans cette formulation. Il y a simplement chez moi, encadrées de manière rigoureusement similaire, deux photographies de cinéma.

  • Jules et Jim

La première est issue du film Jules et Jim, avec la fameuse course de Jeanne Moreau, Oskar Werner et Henri Serre sur le pont.

  • Fenêtre sur cour

La seconde est une photographie de tournage de Fenêtre sur cour où figurent James Stewart, Grace Kelly et Alfred Hitchcock.

Retour aux sources

Enfin pour la dernière des dix images, je vous propose un petit retour aux origines du cinéma :

avec cette affiche du Voyage dans la Lune de Georges Méliès. J’avais trouvé celle-ci lors d’une de mes nombreuses visites à la Cinémathèque, ce qui me donne une transition toute trouvée avec le prochain article cinéphile, dans lequel je reviendrai, entre autres, sur ma dernière visite à la Cinémathèque française.

D’ici là je vous souhaite une excellente fin d’été et je vous dis à très bientôt sur Cinephiledoc !

Le cinéphile adore les rumeurs

Pour ce nouveau compte-rendu de lecture, j’aimerais emprunter des chemins aussi hasardeux et aussi aléatoires qu’une rumeur, et avant d’en arriver au fait, c’est-à-dire au livre qui m’a conduit à écrire cet article, j’aimerais faire étape ici et là en vous proposant des itinéraires cinématographiques et télévisuels inattendus.

Chuchoter à l’oreille

En guise de point de départ de cette excursion, je vais revenir pour la énième fois à l’une des vidéos les plus réussies, à mon sens, de la chaîne Blow Up d’Arte : « Have you heard ? », vidéo que j’ai découverte il y a quelques années par hasard, et dont j’ai pu me servir dans des séances sur la désinformation avec des élèves :

Mais au-delà de l’utilisation professionnelle que j’ai faite de cette vidéo, ce qui m’a amusée, c’est de voir combien ce mécanisme de la rumeur (que j’avais à l’époque tenté de retranscrire sous forme d’infographie) se retrouvait dans un certain nombre de scénarios de films.

Sans chercher l’exhaustivité, quatre exemples plus ou moins récents me sont venus à l’esprit.

  • Lettres anonymes et faits divers

On peut naturellement penser au Corbeau d’Henri-Georges Clouzot, sorti en 1943. L’intrigue est ainsi conçue :

Dans une petite ville de province, un certain nombre de citoyens reçoivent des lettres anonymes qui contiennent des informations diffamatoires, en particulier en ce qui concerne un des médecins de la ville, le docteur Germain, soupçonné par l’auteur des lettres — qui les signe d’un mystérieux « Le Corbeau » — de pratiquer des avortements clandestins.

Le fait que le film s’appuie sur un fait divers bien réel, remontant à l’époque à une vingtaine d’année, et que le scénario fasse son miel de la pratique des lettres anonymes dans le contexte de l’Occupation, donne un sel bien particulier à cette intrigue.

  • Sur une fausse piste ?

Le deuxième exemple, un peu plus récent, qui m’est venu, ne tient pas tant à l’intrigue du film qu’à son titre : Mon petit doigt m’a dit…, de Pascal Thomas, sorti en 2005.

Il s’agit d’une adaptation du roman homonyme d’Agatha Christie, qui met en scène un couple de détectives incarné par Catherine Frot et André Dussolier (dans le roman, Tommy et Tuppence Beresford, dans le film Bélisaire et Prudence).

Le point de départ de l’enquête est la rencontre de Prudence avec une vieille dame dans une maison de retraite qui lui parle d’une enfant emmurée dans une cheminée…

J’ai vu ce film un nombre incalculable de fois et en connaît par coeur la plupart des répliques.

  • Les dîners qui tournent mal

Rumeurs et non-dits se retrouvent souvent dans les réunions familiales et les dîners, au point qu’Hitchcock (encore lui) ait utilisé quasiment au sens propre l’expression du squelette dans le placard dans l’un de ses films : La Corde.

Dans ce huis-clos oppressant, deux amis étranglent un de leur camarades de classe, puis préparent un dîner auquel sont conviés le soir même, sur le lieu du crime, la famille de la victime. Le cadavre est placé dans un coffre sur lequel est servi le buffet.

Moins macabres, les intrigues du Prénom (sorti en 2012) et du Jeu (sorti en 2018) utilisent les ressorts de la fausse nouvelle et des non-dits pour faire sortir un certain nombre de squelettes du placard.

Regarder par le trou de la serrure

Non content d’adorer les rumeurs, le spectateur est un voyeur, qui prend plaisir à espionner et à regarder ce qui se passe chez les autres par le trou de la serrure.

L’exemple le plus évident qui met le spectateur dans cette position parfois inconfortablement assumée est à nouveau l’oeuvre de sir Alfred, Fenêtre sur cour, sorti en 1954.

Jeff est un photographe qui, à la suite d’un accident, se retrouve en fauteuil roulant et passe son temps à observer ses voisins, dont un qu’il commence à soupçonner de meurtre.

Non seulement nous sommes spectateurs de l’histoire de Jeff, mais par son intermédiaire, nous savourons son propre voyeurisme.

On pourrait énumérer longtemps les films et les épisodes de séries télévisées qui se sont inspirés de Fenêtre sur cour.

Il y en a cependant qui m’a procuré la même impression à la fois de plaisir et de malaise ces dernières années.

Il s’agit du film de François Ozon sorti en 2012, Dans la maison, avec Fabrice Luchini et Ernst Umhauer.

Claude, un élève brillant, doué et manipulateur du lycée Gustave Flaubert, à tendance pervers narcissique, provoque l’enthousiasme de son professeur de français à qui il fait part de ses écrits voyeuristes, qu’il rédige au détriment d’un camarade de classe.

Avec Dans la maison, François Ozon nous met dans la posture de Fabrice Luchini, nous sommes les victimes consentantes de ce manège orchestré par Claude, et nous nous repaissons de l’histoire qu’il tisse pour nous, et tant pis pour les conséquences, réelles ou inventées.

Si cet exemple issu du cinéma d’Ozon est le plus flagrant selon moi, je n’en oublie pas une autre de ses oeuvres, Swimming Pool, sorti en 2003, qui manie avec tout autant de virtuosité la confusion entre l’intrigue du film et ce qui ressort de l’imagination des personnages.

Trouver le coupable

Nouvelle étape de mon itinéraire, tout aussi jubilatoire pour le spectateur, mais aussi plus facilement assumée, celle qui suit la découverte du cadavre.

Côté séries télévisées (et même côté films), j’ai déjà eu l’occasion de revenir abondamment sur les adaptations d’Agatha Christie, ayant vu à peu près l’intégralité des épisodes d’Hercule Poirot, et de ses diverses incarnations sous les traits de David Suchet, d’Albert Finney, de Peter Ustinov et de Kenneth Branagh – même si ma préférence va toujours au premier.

Si je suis moins amatrice de Miss Marple (et de ses différentes incarnations – sauf peut-être Angela Lansbury dans Le Miroir se brisa), il y a une série que j’adorerais revoir, et je céderai certainement un jour à la tentation d’acheter les DVD. Cette série, c’est Arabesque (Murder, she wrote) avec la même Angela Lansbury.

Je la regardais petite à la télévision chez ma grand-mère, et j’étais fascinée par ce personnage d’auteure de romans policiers qui enquête.

J’ai repensé assez récemment à cette série, et je dois ce souvenir, ainsi qu’une autre conséquence, au YouTubeur Damien Duvot, alias MrMeeea, qui avouait dans l’une de ses vidéos adorer la série Columbo.

Il a fallu que ce dernier fasse quelques analyses des premiers épisodes pour que je plonge tête baissée dans le binge watching de toute la série, disponible sur une plateforme de streaming qui s’occupe aussi de livraisons…

En en discutant avec une amie, je me suis également rendue compte que j’appréciais des personnalités aussi différentes que Columbo et Hercule Poirot, l’un se vantant continuellement de ses petites cellules grises, l’autre étant méprisé par le meurtrier jusqu’à ce que…, mais qui parviennent tous deux au même résultat : faire perdre sa superbe à un coupable qui croyait pourtant s’en tirer.

Bien évidemment, le plaisir à savourer Hercule Poirot n’est pas le même que celui qu’on a devant Columbo, et l’on peut y voir à nouveau la distinction que fait Hitchcock entre le suspense et la surprise.

Avec Hercule Poirot, nous ne connaissons l’identité du coupable que lorsqu’il nous la révèle à la fin de l’épisode. Avec Columbo, nous savons dès le début qui est le meurtrier, la question étant de savoir comment Columbo va le démasquer.

Dans le premier cas, nous sommes placés dans la posture du capitaine Hastings, ou du docteur Watson si nous décidons de changer d’univers, nous sommes le fidèle partenaire.

Dans le second, nous sommes Columbo lui-même.

Suivre l’enquête / mener l’enquête

À partir de ces deux postures : Hercule Poirot ou Columbo, j’en arrive à ma dernière étape et – enfin – à ma lecture du mois de mai.

Et c’est là que l’ami Philippe Lombard pousse un soupir de soulagement : enfin on y vient.

Enfin presque…

Ce que j’aime aussi dans le cinéma, c’est ce qui regroupe tous ces fils : rumeurs, observation (voire plus), traque, et enquête, et si possible, me demander durant tout le film s’il raconte une histoire vraie ou s’il est complètement inventé.

Dans le second cas, l’un de mes films préférés est Garde à vue, de Claude Miller, où Lino Ventura « cuisine » Michel Serrault, qu’il soupçonne du meurtre de deux fillettes.

Dans le premier cas, ce sont tous les films inspirés de faits divers, qu’il s’agisse d’une recension complète des événements ou de quelques allusions habilement glissées ici ou là – petites annonces, enquêtes, filatures…

C’est à ces faits divers, généralement macabres, que Philippe Lombard donne la part belle dans l’un de ses derniers ouvrages : Ça s’est tourné près de chez vous ! Une histoire des faits divers du cinéma français, publié comme à l’accoutumée aux éditions La Tengo en novembre 2021.

La galerie de portraits qu’il nous propose fait quelque peu froid dans le dos… on a l’impression d’une visite chez Madame Tussauds ou dans une maison hantée : tueurs en série, scènes de crimes, auteurs de casses mémorables et ennemis publics numéros 1 chacun leur tour… il n’y a bien que dans le dernier chapitre que l’on côtoie des personnages un peu plus fréquentables, et encore, ce n’est pas si sûr que ça !

Chacune de ces figures, au-delà des histoires qu’elles portent – meurtres, braquages, affaires louches et règlements de comptes – renvoie à un univers cinématographique que le lecteur peut allègrement convoquer.

À titre personnel, il me suffit de voir une évocation des soeurs Papin pour avoir envie de me replonger dans la lecture des Bonnes de Jean Genet ou pour avoir envie d’éplucher toute la presse disponible sur le site Retronews de la BnF.

De la même manière, tel ou tel tueur en série va irrémédiablement appeler chez moi le souvenir de Lacenaire dans Les Enfants du Paradis, et cette réplique culte, où transparait l’orgueil du personnage :

Quand j’étais enfant, j’étais déjà plus lucide, plus intelligent que les autres… « Ils » ne me l’ont pas pardonné, ils voulaient que je sois comme eux, que je dise comme eux. Levez la tête Pierre-François… regardez-moi… baissez les yeux… Et ils m’ont meublé l’esprit de force, avec des livres… de vieux livres… Tant de poussière dans une tête d’enfant ? Belle jeunesse, vraiment ! Ma mère, ma digne mère, qui préférait mon imbécile de frère et mon directeur de conscience qui me répétait sans cesse : « Vous êtes trop fier, Pierre-François, il faut rentrer en vous-même ! » Alors je suis rentré en moi-même… je n’ai jamais pu en sortir ! Les imprudents ! Me laisser tout seul avec moi-même… et ils me défendaient les mauvaises fréquentations…

Quant au seul nom de Landru, il évoque pour moi Barbe bleue, mais surtout le film de Chaplin Monsieur Verdoux, que j’adore :

C’est sur cette dernière évocation que je vous invite, une nouvelle fois, à lire ou relire les différents ouvrages de Philippe Lombard, et en particulier ce cru 2021, qui a été particulièrement riche !

La preuve :

La couverture de Ça s’est tourné près de chez vous – qui rappelle les deux précédents ouvrages également sortis chez La Tengo (Ça tourne mal / Ça tourne mal à Hollywood) me donne d’ailleurs l’espoir qu’un Ça s’est tourné près de chez vous à Hollywood pourrait peut-être être concocté ?

Oui ? Non ? Bientôt ? En tout cas, je guette le prochain !

Bonne(s) lecture(s) à toutes et tous et à très bientôt sur Cinephiledoc !

Hors-série 1 : dix lectures cinéma indispensables

Cet été j’ai décidé de vous proposer deux hors-série relativement simples, et qui n’exigent pas de moi, comme l’an dernier, une énorme pile de lectures.

L’an dernier je vous avais proposé un hors-série sur Daphné du Maurier et un hors-série sur Agatha Christie. À cette occasion, j’avais lu biographies et autobiographies, romans de ces deux auteures, et j’avais vu des films adaptés de leurs oeuvres et des documentaires qui leur étaient consacrés.

Cette année, j’ai profité du confinement pour réfléchir à ces deux hors-série, et j’ai donc commencé à les rédiger au mois d’avril – je me rends ainsi compte que je n’ai jamais été aussi en avance sur ce blog, car, exception faite des articles de profdoc, mes articles cinéphiles sont prêts parfois jusqu’à six mois à l’avance.

Deux hors-série palmarès

Donc pour cet été, deux hors-série qui vont être de tout repos, tant dans leur conception que dans le stock de livres qu’ils exigeront.

Pour ce premier article de juillet, je vous propose la liste de mes 10 indispensables en lectures sur le cinéma.

J’ai l’habitude de vous proposer à chaque fin d’année un palmarès de lectures de l’année passée, j’élargis aujourd’hui le concept et cède moi aussi aux « 10 livres [cinéma] à emporter sur une île déserte », déjà parce que j’aime les listes (sinon je ne serais pas abonnée à la chaîne Blow Up Arte et je ne ferais pas non plus un bullet journal) et ensuite parce que j’aime les palmarès, même si en fonction des époques ils peuvent être des plus changeants.

Voici donc le palmarès de mes lectures sur le cinéma, presque depuis que je suis cinéphile et presque aussi depuis que je tiens Cinephiledoc.

1/ Le classique

Pour moi le classique des classiques en terme de lecture sur le cinéma reste l’ouvrage Hitchcock/Truffaut, familièrement appelé le Hitchbook.

Publié pour la première fois en 1966 aux éditions Robert Laffont, il restitue l’entretien entre Alfred Hitchcock et François Truffaut, sur une idée originelle de ce dernier : décortiquer l’oeuvre d’Hitchcock en abordant pour chaque film sa naissance, l’écriture de son scénario, les circonstances du tournage et le regard qu’Hitchcock porte sur chaque film.

Pourquoi c’est un classique du livre de cinéma ? Parce qu’il confronte deux réalisateurs qui parlent de leur art, parce qu’il est abondamment illustré, et parce qu’il a lui-même suscité un certain nombre d’analyses, de livres et de films.

2/ L’autobiographie

S’il ne fallait retenir qu’une autobiographie de cinéma, étant donné le côté périlleux et narcissique de l’exercice, il faudrait délaisser les souvenirs de stars, les mémoires dont on ignore si la personne l’a rédigé elle-même ou s’est fait aider, et les textes inachevés retrouvés juste après un décès au fin fond d’un grenier.

L’autobiographie de cinéma par excellence, c’est celle de Charlie Chaplin : Histoire de ma vie.

Elle a été publiée pour la première fois en 1964, et elle revient donc de son vivant (Chaplin est né en 1889 et mort en 1977) sur la plus grande partie de la vie de Chaplin.

Pourquoi c’est un incontournable ? Parce qu’elle se lit comme un roman (au départ un roman de Dickens), depuis la naissance et l’enfance de Chaplin dans la misère londonienne, sa vie d’enfant artiste, sa découverte du cinéma, les studios hollywoodiens, ses voyages, jusqu’à sa gloire et son immense popularité qui ne se sont jamais démenties depuis.

M’étant attardée sur les deux premiers indispensables, je vais aller un peu plus rapidement pour les suivants.

3/ La biographie

Pour les mêmes raisons que l’autobiographie de Chaplin, je retiens comme biographie le François Truffaut de Serge Toubiana et Antoine de Baecque, une biographie de référence, publiée pour la première fois chez Gallimard en novembre 1996.

L’ouvrage a été revu en 2001, l’édition de poche est disponible chez Folio : c’est un livre de près de 900 pages qui a été rédigé à partir des multiples témoignages de ses proches et de ses amis et de ses archives personnelles, qui étaient foisonnantes, puisqu’elles regroupaient notamment ses textes critiques, ses scénarios et sa correspondance, entre autres.

Je lui adjoindrais Le Petit voisin de Jérôme Tonnerre, pour un regard extérieur et une touche romanesque.

4/ Le roman

Et puisque nous parlons de romanesque, venons-en au roman. J’ai beaucoup hésité avec Le Figurant de Didier Blonde, mais j’ai voulu m’écarter quelque peu de l’univers truffaldien. J’aurais aussi pu choisir le Livre des illusions de Paul Auster, dont j’ai déjà abondamment parlé sur ce site, et qui a été publié en 2003, mais je cherchais quelque chose de plus récent.

Je replace donc ici LE roman étourdissant et presque inégalé sur le cinéma : Londres après minuit, d’Augusto Cruz : c’est une enquête policière doublée d’un road movie captivant à la poursuite d’un film muet disparu. Un chef d’oeuvre !

5/ Le dictionnaire

Là encore, il y a foison, c’est un genre que les auteurs apprécient : il y a le Dictionnaire Truffaut, d’Arnaud Guigue et Antoine de Baecque, il y a le Dictionnaire Spielberg de Clément Safra paru chez Vendémiaire.

Et puis il y a le Dictionnaire Hitchcock de Laurent Bourdon, préfacé par Claude Chabrol (s’il vous plaît) publié chez Larousse en 2007.

Alors oui, ça parle encore d’Hitchcock (et je n’ai pas fini) mais ça parle d’Hitchcock avec une érudition étourdissante, et qui s’attarde sur le moindre détail, un peu à la Blow Up. Si l’on reprend le résumé :

TOUT sur Hitchcock, ses films (et téléfilms), ses acteurs et actrices, ses collaborateurs et collaboratrices, son père, sa mère, sa femme, sa fille, ses chiens, ses lubies, ses secrets, ses trucs de tournage…
Un dictionnaire exhaustif (4 millions de signes), comptant plus 1 500 entrées.

Plus de 1000 biographies consacrées aux hommes et femmes ayant travaillé avec le maître.

– De Ronald Adam (un aristocrate dans Les Amants du capricorne) à Peter von Zerneck (un pronazi dans Les Enchaînés), tous les comédiens et comédiennes dirigés par Hitchcock de son premier film (The Pleasure garden) à son dernier (Complot de famille).
– Les auteurs, adaptateurs, scénaristes ayant travaillé avec Hitchcock, ainsi que les directeurs de la photographie, les monteurs, les musiciens…
Chaque article est accompagné d’une présentation exhaustive de cette collaboration.

De nombreux thèmes sont traités (voyeurisme, culpabilité, homosexualité) et des personnages types (couples mariés, alcooliques, handicapés, logeuses…) des pays ou des monuments. Et également des objets « fétiches » (menottes, cabines téléphoniques, trains, etc…), des entrées variées

Chacun des 57 longs métrages d’Hitchcock est l’objet d’un développement in extenso, sur de nombreuses pages, par l’auteur.

6/ Un film

Pour un ouvrage consacré à un film précis, je remonte le temps et je prends l’un de mes tous premiers coups de coeur de lectrice cinéphile.

Il s’agit de 5e avenue, 5 heures du matin, un ouvrage consacré au tournage de Diamants sur canapé, écrit par Sam Wasson et publié chez Sonatine en 2012.

C’est une chronique du tournage, avec anecdotes, secrets et photos, et qui se laisse apprécier bien plus qu’Audrey Hepburn n’appréciait le croissant qu’elle devait manger dans la fameuse scène d’ouverture…

7/ Un réalisateur

Là encore, je vais essayer de sortir de mon panthéon habituel Truffaut – Hitchcock – Chaplin. Je sélectionne donc l’ouvrage déjà mentionné (et pas plus tard que le mois dernier) : Les archives Stanley Kubrick aux éditions Taschen.

Un ouvrage exhaustif et superbement illustré, qui met à la portée du cinéphile le plus modeste « une grande partie des images les plus mémorables extraites des films de Kubrick, des interviews éloquentes et de nombreux documents issus de ses archives personnelles tels que des éléments de conception de décor, des scénarios, des notes, des lettres et des plans de tournage ».

8/ L’archéologue

Là encore, pas de surprise, je cite à nouveau mon Simon Braund fétiche et son magnifique ouvrage : Les plus grands films que vous ne verrez jamais, publié en 2013 aux éditions Dunod

Simple, beau, efficace, et éclairant de manière émouvante les oeuvres qui n’ont pas pu voir le jour.

9/ Le culinaire

J’ai quelque peu hésité pour ces deux dernières rubriques : le culinaire et le vagabond.

Parce qu’à nouveau, j’aurais pu choisir de mettre à l’honneur Hitchcock avec l’ouvrage La Sauce était presque parfaite, ou Chaplin, avec À table avec Charlie Chaplin, qui m’a rappelé l’excellent site de Claire Dixhaut, Cinémiam.

Je choisis les ouvrages du Gastronogeek, que j’ai eu encore récemment l’occasion de feuilleter, et qui permettent de voyager, avec les papilles, dans un univers cinématographique des plus étendus, allant des dessins animés des années 80 aux banquets d’Astérix.

10/ Le vagabond

Je termine enfin ce palmarès par les livres qui nous font voyager au cinéma. Il y en a à foison : ceux qui se consacrent au cinéma étranger (cinéma japonais, cinéma italien, cinéma espagnol, cinéma américain), ceux qui s’attardent sur une ville (New York ou Paris) et qui me rappellent les virées cinéphiles du Fossoyeur…

Et puis il y a la série des ouvrages de Philippe Lombard publiés chez Parigramme, avec notamment Le Paris de François Truffaut (mais j’avais dit que je quittais mon panthéon) et Paris en 100 films de légende.

C’est donc avec ces promenades cinéphiles que je vous quitte, vous souhaitant un bel été et vous disant à bientôt sur Cinephiledoc !

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