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Espionnage et cinéma, espionnage au cinéma

Pour cet article de rentrée et ce nouveau compte-rendu de lecture cinéphile, je vais revenir sur une exposition de la Cinémathèque française qu’une fois n’est pas coutume, je n’ai pas pu visiter.

Il s’agissait de l’exposition organisée entre octobre 2022 et mai 2023 : « Top secret : cinéma et espionnage ». Généralement, ces expositions thématiques et transversales, propices aux associations d’idées et à la convocation des références cinématographiques les plus diverses font mes délices.

Cependant, cette fois-ci, l’occasion ne s’est tout simplement pas présentée. Néanmoins, j’avais vu sur la page dédiée à l’exposition un descriptif de son catalogue qui m’a pour le moins alléchée :

Sous la forme d’un abécédaire thématique, le livre interroge la relation entre le cinéma et l’espionnage, des années 1920 à aujourd’hui, en faisant appel à des spécialistes des deux univers.

J’ai pu feuilleter le catalogue et c’est cette forme d’abécédaire thématique, ainsi qu’une mise en page soignée et très largement illustrée qui m’a décidée à en faire la lecture, et globalement, je n’ai pas regretté le voyage.

Couverture

Je choisis à dessein le terme « couverture » qui m’amuse dans cet article précis pour sa polysémie. Voulant vérifier cette polysémie, j’ai cherché simplement le mot sur un moteur de recherche, et je me suis vue proposer tous les sites commerciaux vendant des plaids et autres couettes…

Un petit tour sur Wiktionnaire et je me suis davantage sentie dans mon élément :

  1. Grande pièce d’étoffe épaisse couvrant le lit, se plaçant au-dessus des draps.
  2. (Imprimerie) Première page d’un ouvrage imprimé.
  3. (Sens figuré) Ce qui sert à cacher ou à dissimuler.
  4. (Par extension) Fausse identité endossée ponctuellement par un agent secret ou un policier en mission d’infiltration.

Je ne donne ici que les définitions les plus significatives, puisque le Wiktionnaire en relève plus d’une vingtaine. Mais revenons à la deuxième d’entre elles.

Ce qui m’a happée (et ce qui avait attiré mon regard lorsque je voulais aller visiter cette exposition sans jamais réussir à bloquer une date pour le faire) c’est l’affiche de l’exposition, qui se décline sur la couverture du catalogue d’exposition :

Les deux silhouettes de Jean Dujardin dans OSS 117 et de Eva Marie Saint dans La Mort aux trousses avaient effectivement tout pour me séduire.

La quatrième de couverture m’a confortée dans mon choix : en effet, comme souvent avec les ouvrages proposés par la Cinémathèque française dans le cadre de ses expositions, le catalogue ne se réduit pas à une recension en images des objets et des films présentés.

Certes, voir l’exposition aurait pu mettre ma lecture en perspective. Mais le propos de l’ouvrage est suffisamment riche et évocateur pour rappeler cette exposition tout en laissant le lecteur cinéphile y injecter ses propres références cinématographiques.

La perspective de retrouver la filmographie d’Hitchcock aux côtés des films des franchises comme James Bond, Jason Bourne ou Mission impossible, de la série Le Bureau des légendes et quelques-unes des icônes du cinéma telles que Marlene Dietrich, Greta Garbo ou Hedy Lamarr a achevé de me convaincre.

Missions

Ce livre ressemble à la panoplie du parfait espion, et dès le sommaire, le lecteur aura l’impression de se retrouver dans l’atelier de Q, responsable de la division recherche et développement du MI6 dans la série des James Bond.

On y côtoie de manière hétéroclite et sous la forme promise de l’Abecedarium (pourquoi avoir choisi le terme latin ?) des rôles, des films, des personnages, des noms et des objets.

Alphabétiquement l’ouvrage nous conduit de A comme Argo à Z comme Zero dark thirty en passant par C comme Cicéron , F comme Farewell, ou M comme Mata Hari.

Numériquement, il s’ouvre en toute logique avec 007.

007 fonctionne comme le produit d’appel : le placer en premier est stratégiquement idéal, et il en remplit presque parfaitement la mission.

Le court texte de l’article, proposé par l’un des contributeurs de l’ouvrage, Léo Soesanto, est efficace et les pages suivantes reviennent en images (photos et affiches) sur quelques moments clés de la franchise.

À la suite de ces photos, le premier entretien de l’ouvrage, ce qui opère pour le lecteur un premier changement de rythme : c’est l’interview de Léa Seydoux, dernière James Bond girl en date.

Si l’un des objectifs affichés de l’exposition et du catalogue est de redonner toute leur place et leur valeur aux rôles que jouent les femmes dans l’espionnage, on aura rarement vu une interview plus contre-productive, tant elle est creuse et narcissique.

Heureusement, dès la page suivante, l’entretien avec le réalisateur Olivier Assayas relève à nouveau le niveau et le lecteur y retrouve son compte.

De manière générale, les contributeurs de l’ouvrage donnent un éclairage des plus passionnants à la question. Ils réussissent à intéresser, même lorsque l’on a pas (encore) vu les films qu’ils évoquent.

On peut les ranger en deux catégories : les professionnels du cinéma (acteurs et réalisateurs) et les cinéphiles professionnels (commissaires d’exposition, collaborateurs artistiques, auteurs et journalistes).

Les seconds vont se pencher sur certains films, certaines séries, et parmi eux, quatre ont retenu mon attention : Léo Soesanto que j’ai déjà mentionné et qui va proposer généralement sur une page le résumé d’un film et la plongée dans son univers ; Alexandra Midal et Mathieu Orléan, et Chloé Aeberhardt.

Les premiers vont donner un tour plus personnel à la question, et vont évoquer des souvenirs de tournage – voire pour certains des souvenirs tout court.

Le déguisement dans le déguisement

Le pari le plus réussi de l’ouvrage, c’est d’expliquer au lecteur cinéphile la manière dont espionnage et cinéma s’entrecroisent constamment.

Ainsi, si l’on songe évidemment au costume de l’espion, au rôle qu’il incarne, et au fait qu’il soit sous couverture, si l’on a en tête le smoking de James Bond et les postiches d’Ethan Hunt dans Mission Impossible, c’est à travers les objets, mais également à travers le film que l’ouvrage explore cette thématique…

Ou plutôt à travers les films, puisque l’une des entrées de l’Abecedarium est le nombre  et on y retrouve les films avec lesquels la Stasi formait ses agents à leurs différentes missions.

Parfois, avec une mise en abîme ingénieuse et vertigineuse, on ne parvient pas à démêler le faux du vrai, la réalité de la fiction – et les contributeurs ne le peuvent pas davantage.

À la lettre K comme Kaplan, le réalisateur Nicolas Saada nous raconte l’aventure qui lui est survenue lors d’un contrôle dans un aéroport, où un homonyme était recherché par la police.

L’occasion pour lui de convoquer avec virtuosité le personnage de George Kaplan / Roger Thornhill / Cary Grant / Archibald Leach dans La Mort aux trousses, les figures des doubles dans le cinéma d’Hitchcock, et de finir sur cette question quelque peu angoissante :

Et si ce Nicolas Saada était mon George Kaplan ? De qui suis-je le George Kaplan ? Affaire à suivre.

Spectateur espion

J’ai parcouru cet ouvrage avec une attention parfois quelque peu distraite, quand certains articles évoquaient des films, des séries ou des personnages qui ne m’évoquaient pas grand chose… mais souvent mon intérêt était à nouveau éveillé par l’article suivant.

L’article E comme Enigma rédigé par Alexandra Midal et qui venait faire s’entrelacer espionnage, intelligence artificielle et cinéma, avec ses références au film Imitation Game, et en toile de fond au moment de ma lecture la grève des scénaristes et des acteurs à Hollywood en raison de l’utilisation par les industries cinématographiques de l’intelligence artificielle, m’a hameçonnée.

L’article H comme Hitchcock m’a définitivement emportée. Pas seulement parce qu’il s’agissait d’Hitchcock, pas seulement pour cette envie quasiment irrépressible de revoir La Mort aux trousses ou L’Étau, qui même s’il ne fait pas l’unanimité, reste pour moi l’un des meilleurs films d’espionnage.

Pas seulement parce retrouver un article H comme Hitchcock m’a aussi donné envie de me replonger dans le brillant Dictionnaire Hitchcock de Laurent Bourdon, où j’étais sûre de retrouver des articles sur le MacGuffin ou sur le George Kaplan déjà cité.

Mais aussi parce qu’à la suite de cet article est reproduit l’intégralité du roman-photo d’Alfred Hitchcock « Have you heard ? The story of Wartime Rumors », publié dans Life le 13 juillet 1942, et dont la chaîne Blow Up d’Arte avait proposé le récit en vidéo, ce qui reste l’un de mes épisodes préférés de cette chaîne :

S’il me manquait une raison de lire ce livre, je l’ai trouvée à ce moment, et j’ai poursuivi ma lecture, bondissant d’une référence à l’autre…

Je me suis dit qu’il fallait absolument que je relise le livre de Guillaume Evin, L’Histoire fait son cinéma, qui doit évoquer quelques films ayant la Guerre froide comme toile de fond, ou celui consacré à la série James Bond, Bons baisers du monde, co-écrit avec Laurent Periot et même me plonger dans l’un des derniers livres de Guillaume Evin, Les 101 meilleurs films historiques, même si d’ailleurs j’ai déjà parlé d’un de ses livres les plus récents, C’est un scandale, dans mon article de juin dernier

Je me suis dit qu’il fallait que je revois des films sur la Guerre froide, que j’avais adoré le film La Vie des autres, pour moi l’un des meilleurs films autour du mur de Berlin avec Goodbye Lenin, sur ce capitaine de la Stasi qui se trouble progressivement en surveillant un auteur de théâtre est-allemand soupçonné de dissidence.

Je me suis dit qu’il fallait que je revois aussi Le Bureau des légendes, qui constitue l’un de ces miracles de séries télévisées françaises, et que je redonne une chance peut-être à Homeland et à la série The Americans que j’avais commencée.

Je me suis dit que j’avais aussi envie de revoir OSS 117 (au moins les deux premiers) et ce malgré la petite erreur présente dans l’article de l’ouvrage qui lui est consacré, et qui lui fait porter un costume de Peter Pan, alors qu’il se grime en Robin des Bois / Errol Flynn.

Au féminin

Enfin, et c’est parce que je les ai évoquées plus haut, et qu’elles ont dans le livre une place de choix, notamment grâce à Chloé Aeberhardt, cette lecture m’a donné envie de voir avec un autre oeil les figures féminines du cinéma d’espionnage (et de l’espionnage en général) :

celles que l’on cantonne comme on l’a longtemps déploré, au rôle de « piège à miel » (mais qui m’ont aussi donné envie de revoir tous ces films peuplés de femmes fatales) ;

celles que l’on surnomme de manière involontairement péjorative, les nouvelles Mata-Hari ;

celles qui ont été victimes des opérations Roméo organisées par la Stasi, les comédiennes qui se sont faites espionnes, les espionnes qui ont joué un double rôle, et celles à qui justement Chloé Aeberhardt donne justement la parole dans son ouvrage et dans sa série documentaire Les espionnes racontent :

Mission accomplie donc pour cet ouvrage de la Cinémathèque, qui suscite bien des images et révèle bien des secrets !

Celui par qui le scandale se projette

Lorsque j’ai commencé à feuilleter le livre qui m’intéresse dans cet article, c’est une scène de Cinema Paradiso qui m’est revenue en mémoire.

Flashback

L’une des premières scènes, au début du flashback.

Seul dans la salle de cinéma, le curé du village de Sicile fait projeter sur l’écran les films qui seront proposés aux spectateurs du cinéma.

À chaque scène tendancieuse, à chaque baiser sulfureux entre deux personnages, à chaque dévoilement érotique d’une forme féminine, ne serait-ce qu’entrevue, le même geste est répété d’une manière comique : le père Adelfio agite frénétiquement sa clochette avec réprobation et fait couper la scène par le projectionniste.

Caché derrière un rideau, Toto assiste à ce découpage systématique qui prive les spectateurs d’une partie du film.

Lui qui est le témoin des coulisses n’en est que amusé lorsqu’il observe les réactions de ses voisins de fauteuil une fois la projection lancée : sifflements, huées, et manifestations de désespoir, l’un d’eux commentant le fait que depuis tout le temps qu’il va au cinéma, « j’en n’ai jamais vu qui s’embrassent ».

Par Elena Green artist — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=85728347

Après l’incendie du cinéma, celui-ci est reconstruit grâce au millionnaire Spaccafico, et prend le nom de « Nuovo cinema paradiso ». Durant la projection organisée pour l’inauguration, la première scène de baiser non censurée est acclamée par les spectateurs, qui remercient le nouveau propriétaire, lequel se frotte les mains à la pensée de cette opportunité financière à venir, confirmée par la projection quelques années plus tard du film Et Dieu… créa la femme.

Mises en abyme et séries cinéphiles

Petit saut et allers-retours dans le temps puisque je profite de cette lecture, et de ces souvenirs qu’elle a suscités, pour en évoquer d’autres.

Cinema Paradiso reste encore aujourd’hui l’un de mes films préférés (avec La Nuit américaine), et s’il me permet d’aborder la thématique de la censure, il pourrait me permettre (ou m’a déjà permis) d’évoquer n’importe quel autre sujet, au choix : le cinéma en général, les histoires d’amour et d’amitié, l’Italie et la Sicile, Philippe Noiret, Jacques Perrin, les musiques d’Ennio Morricone, les affiches de cinéma et Autant en emporte le vent

Au moment où j’écris cet article, une série télévisée française sur Brigitte Bardot est diffusée, et j’y reviendrai dans un instant, puisque Bardot semble être devenue, un peu malgré moi et malgré elle, le fil conducteur de cet article.

J’ai eu plusieurs fois l’occasion d’y revenir : j’adore les mises en abyme.

C’est donc tout naturellement que je vais être attirée par Cinema Paradiso comme par La Nuit américaine (ou plus récemment par Once upon a time in Hollywood) et plus généralement par tout ce qui met en scène les coulisses de la création (artistique), que ce soit dans la peinture, la littérature, le cinéma ou les séries télévisées, au premier rang desquels en la matière je place :

  • The Newsroom : une série en trois saisons créée par Aaron Sorkin qui revient sur le quotidien d’une chaîne d’information en continu ;
  • Dix pour cent, qui reste pour moi l’une des meilleures séries télévisées françaises, avec la vie d’une agence artistique ;
  • Et tout en haut du podium à un niveau que je qualifierais de stratosphérique, la série Feud qui met en scène la rivalité de Bette Davis et Joan Crawford sur le tournage du film Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?

C’est donc à nouveau tout naturellement que la série Bardot aura titillé ma curiosité, ajoutant à cet intérêt pour la mise en abyme un intérêt pour l’histoire du cinéma, dont Bardot fait évidemment partie, et un intérêt pour la période historique évoquée par cette création.

Chapitre Bardot

Soyons honnête, je ne connais Bardot que de manière très rudimentaire, et même ce qui constitue les pièces maîtresses de son mythe, je ne les connais que par échos et par référence : les extraits projetés dans Cinema Paradiso et les évocations dans tel ou tel documentaires.

Je n’ai vu ni Et Dieu… créa la femme, ni Le Mépris, qui sont généralement les incontournables des cinéphiles en la matière. Le seul film que j’ai pu voir et revoir avec elle est Viva Maria ! avec Jeanne Moreau.

Finalement je connais mieux Bardot telle que l’a chantée et faite chanter Serge Gainsbourg, puisque pour moi elle reste indissociable de Bonnie and Clyde et Initials BB.

C’est tout de même avec curiosité que je me suis plongée dans la lecture du chapitre consacrée à Et Dieu… créa la femme, l’un des plus de 80 chapitres du l’ouvrage auquel s’intéresse cet article.

Pourquoi ça coupe ?

Il s’agit de l’ouvrage de Guillaume Evin, C’est un scandake ! Ces films qui ont choqué leur époque : de 1915 à nos jours, publié en mai 2022 chez Casa éditions.

Si je l’ai choisi, c’est pour deux raisons.

D’abord pour l’intérêt que l’on peut qualifier de professionnel qu’en tant que professeur documentaliste je porte au phénomène de censure.

En 2019, j’avais proposé une exposition thématique aux élèves sur les livres qui ont un jour été interdits (et sur les livres qui peuvent être interdits pour des raisons parfois surprenantes) :

Ensuite, en tant que cinéphile, pour la façon dont cette dernière s’est manifestée dans l’histoire du cinéma, notamment à travers le fameux Code Hays aux États-Unis :

  1. « Aucun film ne sera produit qui porterait atteinte aux valeurs morales des spectateurs. De la même manière la sympathie du spectateur ne doit jamais aller du côté du crime, des méfaits, du mal ou du péché ».
  2. « Des standards de vie corrects, soumis uniquement aux exigences du drame et du divertissement, doivent être montrés ».
  3. « La loi, naturelle ou humaine, ne sera pas ridiculisée et aucune sympathie ne sera accordée à ceux qui la violent »

mais surtout à travers la façon dont les cinéastes redoublaient de virtuosité et d’ingéniosité pour s’en affranchir ou le contourner, comme Hitchcock dans Les Enchaînés, La Main au collet ou La Mort aux trousses.

Pourquoi à un moment donné, pour tel ou tel film, il va y avoir un père Adelfio qui va agiter une clochette, et pourquoi quelques années plus tard, on se demandera, à la manière de Shakespeare, si tout cela n’était pas, finalement, beaucoup de bruit pour rien ?

C’est l’entreprise que propose de reconstituer Guillaume Evin dans son ouvrage : en se penchant sur un peu plus de 80 films, de Naissance d’une nation de Griffith (1915) à Grâce à Dieu de Ozon (2019), il étudie le contexte historique, politique, religieux et social qui fait que la sortie d’une oeuvre cinématographique va échauffer, voire enflammer les esprits, avant généralement un épilogue heureux, ou du moins apaisé qui voit le film reconnu, ou en tout cas accepté.

Le décryptage est passionnant, et l’on peut feuilleter le livre littéralement et dans tous les sens :

  • soit chronologiquement, ce qui permet en quelque sorte d’étudier l’évolution en parallèle du cinéma et de la société,
  • soit au hasard d’un film qui nous a marqué ou dont nous avons perçu, comme pour un séisme, les répliques de ce scandale qu’avait suscité sa sortie en salle… comme l’a fait pour moi la diffusion de la série Bardot, laquelle m’a donné envie de relire le chapitre dédié à Et Dieu… créa la femme.

Chaque chapitre s’ouvre de la même façon, et va mettre le lecteur / spectateur en appétit : le titre du film, son réalisateur et l’année de sa sortie. Puis un sous-titre qui donne très brièvement une clef de lecture, suivi d’un synopsis rappelant là aussi très succinctement l’intrigue.

Quelques exemples glanés au fil des pages :

  • Scarface, d’Howard Hawks (1932) : Les Borgia au temps de la prohibition
  • Le Corbeau, d’Henri-Georges Clouzot (1943) : Un volatile si encombrant : antifrançais sous Vichy, antipatriotique à la Libération
  • La Vie est belle, de Roberto Benigni (1998) : Peut-on rire avec la Shoah ?

Pour ne les avoir pas vus, ou pour qu’ils m’aient laissée indifférentes, je suis passée rapidement sur certains films, non sans en avoir retenu les arguments des censeurs : ces films choquant tel ou tel camp de tel ou tel conflit, ou les ligues de vertus de pour le regard porté sur un élément ou un autre de la religion…

Si d’autres m’ont intriguée ou amusée (de La Grande illusion à Tenue de soirée), le tour de force en revient très curieusement au film de Marcel Carné Drôle de drame, dont je n’aurai pas pu soupçonné qu’il ait pu prêter au scandale, et dont un détail, glané au cours de ma lecture, m’a donné l’envie immédiate de revoir le film :

L’image n’étant peut-être pas des plus parlantes, il faut que j’y ajoute une explication : cette page revient en détails sur ce qui a pu choquer dans le film Drôle de drame, et ce n’est pourtant pas ces informations qui ont mis ma lecture en pause.

En effet, dans ce film que je croyais connaître (pas forcément sur le bout des doigts), Guillaume Evin glissait quelque chose qui m’avait complètement échappé : le petit rôle de Jean Marais, une apparition des plus furtives qu’il m’a quand même fallu vérifier.

Et peut-être l’ai-je déjà dit un nombre incalculable de fois : ce qui fait d’un livre sur le cinéma, selon moi, un excellent livre sur le cinéma, ce n’est pas seulement de susciter chez le lecteur / spectateur le souvenir des scènes, et les allers-retours constants d’un film à l’autre ou d’une image à l’autre, c’est l’envie irrépressible de mettre la lecture en pause pour lancer le film.

Et cela, Guillaume Evin le réussit à la perfection dans C’est un scandale !


Voilà pour ce dernier article cinéphile de la période, avant le dernier article profdoc du mois de juin, et les hors-série de cet été. Belles lectures et beaux films à toutes et tous et à très bientôt sur Cinephiledoc !

YouTube et cinéma

Pour ce compte-rendu de lecture du mois de mars, j’avais pensé à deux angles d’attaque différents, que je vais finalement croiser.

En effet, je vais profiter de l’ouvrage qui m’intéresse aujourd’hui pour faire un petit point sur ma fréquentation et mes habitudes de la plateforme qui donne son titre à cet article.

Productrice ou consommatrice ?

Si je me penche sur les usages que je fais des réseaux sociaux sur lesquels je suis inscrite, je peux constater à chaque fois la même tendance : je m’inscris, je consomme, je produis, puis j’apprends à prendre de la distance, je redeviens spectatrice et je ne publie ou ne consulte que de manière très irrégulière…

Excepté Copains d’avant, ma première inscription sur un réseau social remonte à 2008 avec Facebook, je me suis ensuite inscrite sur Twitter en 2012, à peu près à la même époque j’ai commencé à consulter des vidéos sur YouTube et mon premier post sur Instagram remonte à 2019. 

Mon pic d’utilisation de Facebook remonte certainement à avant mon inscription sur Twitter, et si je continue à me connecter au moins une fois par jour, je ne poste plus grand chose, contrairement à Instagram que je lui préfère désormais, pour un usage exclusivement personnel, et où je ne poste que des photos de repas, de livres et de visites touristiques principalement. 

Concernant Twitter, c’est encore celui (malgré Elon Musk) que j’utilise le plus pour ma veille, puisque j’anime ou co-anime d’une manière plus ou moins suivie 4 comptes Twitter.

J’avais créé un compte sur Mastodon qui a vu son nombre d’abonnés frémir en octobre 2022, mais j’avoue ne pas y mettre les pieds, et je serais bien en peine d’en saisir à nouveau le fonctionnement si je devais m’y replonger. 

Néanmoins mon usage de Twitter est beaucoup moins compulsif qu’à une époque où j’y étais complètement accro…

Enfin concernant YouTube, j’ai commencé en 2012 par regarder les vidéos du Joueur du grenier (alors que je n’étais pas du tout gameuse) avec une préférence pour ses hors-série, je regardais des vidéos de vulgarisation qui touchaient à des domaines très divers, et j’ai brièvement publié des vidéos entre 2014 et 2016. 

Sur YouTube, comme sur les autres réseaux, j’ai commencé par tâtonner avant de trouver les vidéos et les chaînes que j’allais suivre avec assiduité, principalement des chaînes d’histoire, ce qui reste encore aujourd’hui les vidéos que je regarde le plus, et non des vidéos sur le cinéma comme on aurait pu s’y attendre.

YouTube cinéphile

Pendant très longtemps, les vidéos que je guettais dès leur sortie sur le cinéma étaient celles du Fossoyeur de films et celles de Blow Up, de la chaîne Arte, qui fait toujours mes délices à l’heure actuelle, et qui n’est pas sans rapport avec le livre qui m’intéresse aujourd’hui.

Il s’agissait vraiment très spécifiquement des deux chaînes ciné que je ne loupais pour rien au monde.

Les autres chaînes cinéma ne captaient pas aussi radicalement mon attention, je pouvais regarder quelques vidéos sans forcément en devenir une fidèle habituée.

D’autres chaînes dont la finalité première n’était pas forcément le cinéma l’abordaient cependant dans quelques vidéos pour mon plus grand plaisir, comme deux chaînes que je continue encore à suivre, celle de Nota Bene (histoire) et celle de Gastronogeek (cuisine).

De temps en temps, je tombais aussi sur quelques pépites isolées d’une chaîne YouTube trouvée au hasard, je guettais les vidéos suivantes, pour finalement découvrir qu’il faudrait savourer la rareté, voire se contenter des vidéos existantes quand elles sont toujours en ligne (c’est le cas de la chaîne de Ginger Force, celle de Fabien Campaner ou celle de Mr Meeea).

Comme tout abonné qui se respecte, j’ai de temps à autre accueilli avec plaisir les autres initiatives et travaux des YouTubeurs auxquels j’étais le plus attachée. Concernant le cinéma, c’est donc tout naturellement que T’as vu le plan ? de François Theurel figure dans ma bibliothèque.

On connaît les vidéos, on achète le livre. Concernant ma lecture de ce mois-ci, c’est cependant l’inverse qui s’est produit.

Le livre qui fait découvrir la chaîne

Lorsque j’ai terminé le livre dont je vais parler dans un instant, j’avais deux idées sur la façon dont je pourrais en parler.

La première, vous venez de la lire, c’était de questionner mon rapport à la plateforme de vidéos en ligne YouTube, et de voir dans quelle mesure le cinéma avait sa place dans mes abonnements à des chaînes… une place toute relative, comme vous avez pu le constater.

La seconde, c’était de faire en sorte d’écrire cet article pour le mois de mars, où j’ai souvent envie de mettre des femmes à l’honneur, qu’il s’agisse des autrices qui ont écrit les livres dont je parle, ou des actrices, réalisatrices, scénaristes auxquelles vont être consacrés mes articles.

Ce n’est pas forcément systématique : pour rédiger l’article de mars 2022, je me suis replongée dans les articles des mois de mars antérieurs, et je ne m’étais tenue à cette discipline (le terme est peut-être un peu trop fort) que deux fois sur les cinq dernières années… l’an dernier pour la BD de Catel et Bocquet consacrée à Alice Guy, et en 2018 avec l’article « Femmes au cinéma« .

Bref, j’avais tout de même envie d’en faire un nouveau rituel, et de m’efforcer sur Cinephiledoc de parler de livres écrits par des femmes ou consacrés à des femmes au mois de mars, et l’on verra l’an prochain si je m’y tiens.

D’autant que ce fameux livre qui tarde encore à arriver représentait pour moi un champ que je n’avais encore exploré : celui des YouTubeuses qui parlent de cinéma.

Je l’ai dit un peu plus tôt, parmi les YouTubeuses que je suivais, il n’y avait que Ginger Force (dont les vidéos ne sont désormais malheureusement plus disponibles en ligne) pour parler de cinéma.

Récemment, je n’avais pas pris la peine d’essayer de découvrir de nouvelles chaînes, même s’il est vrai que de nombreuses chaînes que j’avais plaisir à suivre ont depuis un moment déjà cessé leurs activités ou se sont tournées vers d’autres activités et d’autres formats… comme la cultissime Parlons peu, mais parlons ! des non moins fabuleuses Maud Bettina Marie et Juliette Tresanini.

C’est donc en fréquentant une librairie et non en naviguant sur YouTube que j’ai découvert le livre (et la chaîne) de Mélanie Toubeau.

T’as la Ref ? … et bien non !

En furetant dans le rayon cinéma de cette librairie, je suis tombée sur cet ouvrage, publié chez Hors collection en octobre 2022 : T’as la Ref ? : Un film peut en cacher un autre, de Mélanie Toubeau.

Après l’avoir pris en photo et posté sur Instagram au moment de ma lecture, c’est une amie qui m’a clairement fait comprendre que, si j’avais généralement les ref évoquées dans le livre, je n’avais pas la principale, et je ne connaissais absolument pas la chaîne de Mélanie Toubeau, La Manie du cinéma, ignorance que je me suis empressée de combler entretemps.

J’ai donc fait pendant quelques jours des allers-retours très sympathiques entre son ouvrage et sa chaîne, et ça ne faisait que rendre encore plus savoureux les allers-retours entre les films qu’elle évoquait et leurs sources d’inspiration.

Car c’est bien de cela qu’il est question dans son livre : les références entre les films, et les citations. Comment Blade Runner de Ridley Scott fait référence à Metropolis de Fritz Lang, comment Chicken Run propose une réécriture de La Grande évasion, comment La La Land rend hommage à Chantons sous la pluie, ou encore comment George Lucas est un fan absolu d’Akira Kurosawa.

Avec la chaîne YouTube et le livre de Mélanie Toubeau, on passe de l’agaçant « attends mais ça je l’ai déjà vu quelque part et je l’ai sur le bout de la langue » à l’inévitable « bon sang mais c’est bien sûr ».

J’ai retrouvé dans ce livre et dans cette chaîne le même petit bonheur des associations d’idées que j’affectionne dans Blow Up, où je scrute chaque semaine les films qui parlent de cheveux, d’escaliers ou de bowling… à la différence que l’association ne se fait plus en sautant d’un film à l’autre mais bien par les échos à l’intérieur d’un film.

Dans T’as la Ref ?, Mélanie Toubeau dissèque ainsi 40 films, leurs sources d’inspiration et les films qu’ils ont à leur tour inspirés, allant même jusqu’à glisser les épisodes des Simpsons où ces films apparaissent (Jurassic Park, Matrix, The Shining).

L’ouvrage est sacrément bien illustré avec affiches et plans, et donne pleinement à voir les jeux de miroirs entre deux films, voire plus.

À intervalles (presque) réguliers, elle glisse quelques pages consacrées aux références cinématographiques : la référence ou le plagiat, les clichés au cinéma, le cri de Wilhelm, les affiches du Festival de Cannes. Elle propose même deux petits jeux dans le livre que je ne spoilerai pas ici.

Lorsque l’on referme le livre, il nous reste deux petits regrets, l’un purement matériel – sur certaines pages partiellement imprimées en noir, l’encre blanche est illisible (petit défaut d’impression, qui pourra être corrigé, je l’espère, lors des rééditions éventuelles) – et l’un de lecteur : celui d’avoir fini le livre.

Mon livre rangé, je suis donc retournée sur YouTube pour voir les vidéos que je n’avais pas encore regardées, et j’ai lancé un film… histoire la prochaine fois d’avoir la ref…

2022 : Palmarès de lecture

Le voici comme chaque année, fidèle au rendez-vous, le palmarès des lectures cinéphiles de 2022.

Dans ce palmarès de l’année, je retrouve des visages familiers que je continuerai à fréquenter en 2023, puisqu’ils s’invitent régulièrement dans ma boîte aux lettres – ici clin d’oeil appuyé à un hyperactif du livre cinéphile – ou que bim bam boum quelqu’un décide de publier un ouvrage sur Truffaut qui ne figure pas encore dans ma bibliothèque.

Mais ne nous précipitons pas !

Présentation du palmarès

Comme chaque année depuis 2013, je finis le mois de décembre ou commence le mois de janvier par un palmarès de lecture de l’année passée.

Je vous glisse ici les liens des éditions précédentes :

Comme chaque année lorsque j’ajoute cette succession de liens, je m’agace de voir le lien de l’année précédente figurer juste après les deux points… mais je sais que, comme d’habitude, je n’y changerai rien !

Pour 2022, mes lectures ont commencé relativement tôt, à la faveur de l’été et j’ai réussi à terminer ces lectures et la rédaction des articles au mois de septembre.

Cependant, contrairement à l’année dernière, je n’avais pas fini ces lectures en avance : j’ai terminé ma dernière lecture cinéphile fin octobre pour un article que je comptais publier début novembre.

Ce sont ces lectures cinéphiles qui ont primé sur toute mon activité de lecture cette année, puisque, par rapport à 2021, mon rythme de lecture s’est encore ralenti : je suis ainsi passée en 2020 de 6 à 12 livres par mois, à 3 à 6 livres en 2021 pour une année 2022 où, quand j’arrivais à lire un livre dans le mois, c’était généralement celui auquel je souhaitais consacrer un article.

Le bilan est assez catastrophique, avec une embellie estivale cependant. Janvier : deux lectures, février : deux lectures, mars : zéro, avril : trois lectures, mai : une lecture, juin : zéro,  juillet : une lecture, août : six lectures ! septembre : une lecture, octobre : une lecture… allez je ferai mieux l’an prochain !

Concernant mes lectures cinéphiles, en voici un petit bilan :

  • Être Cary Grant, Martine Reid (lu en 2021)
  • Alice Guy, Catel & Bocquet (lu en février 2022)
  • Ridley Scott : rétrospective, Ian Nathan (lu en avril 2022)
  • Ça s’est tourné près de chez vous, Philippe Lombard (lu en avril 2022)
  • La Leçon de cinéma, François Truffaut (lu en mai 2022)
  • Numéro deux, David Foenkinos (lu en août 2022)
  • Voyage avec Chihiro, Marta Garcia Villar (lu en septembre 2022)

La pause estivale était cette année la bienvenue, elle m’a permis de prendre un peu d’avance sur la fin de l’année, et de reprendre les bonnes habitudes qui consistent à profiter des vacances de la Toussaint et des journées courtes de novembre et décembre pour avancer mes lectures et écrire mes prochains articles.

Palmarès 2022

Chaque année, j’essaye de regrouper ces quelques lectures en catégories plus ou moins signifiantes. Comme l’an dernier, trois catégories peuvent se distinguer : réalisateurs / réalisatrices, acteurs… et un inclassable qui commence à être habitué à être inclassable.

Réalisateurs / réalisatrice

Et pour le coup je laisse la réalisatrice singulière au singulier.

Dans cette catégorie, je regroupe :

  • Alice Guy, Catel & Bocquet, éditions Casterman, septembre 2021
  • Ridley Scott : rétrospective, Ian Nathan, éditions Gründ, octobre 2021
  • La Leçon de cinéma, François Truffaut, éditions Denoël, novembre 2021
  • Voyage avec Chihiro, Marta Garcia Villar, Ynnis éditions, avril 2022

Vous vous attendiez peut-être à ce qu’une nouvelle fois, je choisisse l’ouvrage consacré au cinéma de François Truffaut, qui effectivement, a tenu toutes ses promesses pour moi en matière à la fois de qualité, de satisfaction intellectuelle et cinéphile, et d’émotions.

Mais j’ai été bluffée à ma lecture de cette biographie d’Alice Guy, autant parce qu’elle me permettait de découvrir la figure d’une pionnière du cinéma à travers la bande-dessinée que parce qu’il s’agissait d’un travail de documentation sur le sujet d’une érudition complète.

Acteurs

Cette catégorie est un peu plus artificielle, j’y regroupe :

  • Être Cary Grant, Martine Reid, éditions Gallimard, mai 2021
  • Numéro Deux, David Foenkinos, éditions Gallimard, janvier 2022

Outre le fait d’être consacrées tous les deux à l’expérience de l’acteur, qu’elle soit considérée comme réussie ou comme manquée, ces livres sont aussi tous les deux des romans – ou des biographies plus ou moins romancées – qui font la part belle à la quête de l’identité.

Si je retiens Numéro deux, dont la lecture est plus récente, c’est justement parce qu’il s’intéresse à un rendez-vous manqué, dont l’exploration m’a réellement marquée, parce que j’ai eu le sentiment d’en être complice.

La trajectoire de Martin Hill, le garçon auquel on a préféré Daniel Radcliffe pour jouer Harry Potter dans la saga des huit films du même nom, c’est avec virtuosité que David Foenkinos la déroule sous nos yeux.

Et que l’on soit partie prenante ou seulement spectateur de la Pottermania, cette quête identitaire ne peut pas laisser indifférent.

L’inclassable

Pour cette dernière catégorie, il l’aura compris avant d’arriver à cette phrase si jamais il avait commencé à lire cet article, puisqu’il se fraye régulièrement un chemin à la fois dans mes lectures et dans ce palmarès annuel.

Il s’agit de Ça s’est tourné près de chez vous ! Une histoire des faits divers du cinéma français, de Philippe Lombard, publié aux éditions La Tengo en novembre 2021.

Cette lecture m’a permis de rédiger un article qui me faisait aussi bien évoquer Hitchcock, Clouzot, Pascal Thomas, Le Prénom, François Ozon, Hercule Poirot, Arabesque et Columbo, Garde à vue, le théâtre de Jean Genet, Les Enfants du paradis et Chaplin.

Plus j’avance dans mes lectures et plus ma cinéphilie se construit, plus j’ai cette impression d’être envahie d’images et de les susciter, de les convoquer, aussi bien dans mes autres lectures et lorsque je vois de nouveaux films, que dans mes rencontres, où derrière une personne, j’aperçois un poème, une chanson, un personnage de cinéma et une citation littéraire ou cinématographique.

C’est aussi ce que je recherche lorsque je lis un ouvrage sur le cinéma : ce pouvoir évocateur des images, ce feu d’artifices d’échos et de résonances entre les oeuvres mais également en moi. Et c’est ce qu’a admirablement réussi Philippe Lombard dans son histoire des faits divers.

Je l’annonce donc d’ores et déjà, les petits derniers de Philippe Lombard feront l’objet de l’un des premiers articles de 2023, d’une part parce que j’en ai reçu deux dans ma boite aux lettres et que j’ai dévorés cet automne, d’autre part parce que… vous verrez bien !

Bilan et projets

Voilà pour ce palmarès et ces lectures cinéphiles de 2022, qui ont tout de même été assez variées.

En 2022, j’ai également proposé cet été deux hors-série, notamment sur des objets en lien avec le cinéma, si jamais vous voulez offrir un cadeau de Noël à un cinéphile, vous y trouverez peut-être quelques idées !

Concernant mes lectures de 2023, ma liste est déjà assez conséquente, d’autant plus que j’ai pris du retard sur mes autres lectures, et plus que jamais je fais mienne cette phrase que l’on entend en anglais « So many books, so little time »

Comme je l’ai indiqué plus haut, il y aura déjà deux Lombard dans la liste, mais aussi l’ouvrage d’une YouTubeuse que j’ai découvert cette année, et certainement encore un livre consacré à Truffaut.

Vous retrouverez aussi, comme l’an passé, quelques escapades pour découvrir les expositions de la cinémathèque ou d’autres lieux appréciés des cinéphiles.

D’ici là, je vous souhaite à nouveau de très belles fêtes de fin d’année, et je vous mitonne pour très prochainement le dernier article #profdoc de 2022.

À très bientôt sur #Cinephiledoc !

Sur les traces de Harry Potter

Pour cet article #lecture du mois d’octobre, je reviens sur quelques promenades littéraires et cinéphiles que j’ai faites durant cet été.

En effet, le livre dont je vais vous parler dans quelques instants a été le très heureux préambule d’une de mes escapades estivales, et je l’ai dévoré en une poignée d’heures.

Cela faisait un moment qu’on me le recommandait, et j’ai attendu la fin de l’année (scolaire) pour me décider à arrêter de passer devant dans les librairies sans l’acheter. Je ne l’ai absolument pas regretté.

Relations personnelles à une saga

J’avais 11 ans quand le premier tome de Harry Potter a été publié dans sa langue originelle.

Donc, si l’on se plonge directement dans l’histoire du sorcier le plus connu au monde, je pourrais affirmer de manière très péremptoire que Harry Potter et moi avons le même âge et avons grandi ensemble – évidemment comme l’ensemble d’une génération.

Nous n’avons pas grandi ensemble, nous avons (au début) grandi côte à côte. La Chambre des secrets a été publiée en 1998, Le Prisonnier d’Azkaban en 1999, et La Coupe de feu en 2000.

Quant aux traductions françaises, si l’on reprend du début, cela donne : 1998 pour le premier, 1999 pour le deuxième, 1999 pour le troisième et 2000 pour le quatrième. Le léger décalage a vite été rattrapé par la suite compte tenu du succès de la saga. Les trois derniers tomes sont sortis respectivement en 2003, 2005 et 2007.

Concernant les adaptations cinématographiques, j’énumère rapidement les 8 années concernées : 2001, 2002, 2004, 2005, 2007, 2009, 2010 et 2011.

Harry Potter et moi avons donc au début grandi côte à côte. Lorsque le premier tome est traduit en français, je n’y prête pas attention. Pas plus pour les trois suivants.

C’est en 2001 que je découvre Harry Potter, non pas avec l’adaptation au cinéma mais à la faveur d’un petit séjour à l’hôpital, durant lequel on m’offre le premier tome pour occuper mes journées. Évidemment, je réclame directement la suite. Et c’est ainsi que je plonge tête baissée dans l’univers de J.K. Rowling.

Nous ferons alors ensemble la suite du parcours : en 2003, je guette la traduction française du cinquième tome (qui restera mon préféré), puis en 2006 celle du sixième tome. En 2007, je ne peux pas supporter d’attendre 4 mois pour découvrir le septième tome dans sa traduction, je le lis directement en anglais.

Je guette les adaptations cinématographiques, je rajoute à ma bibliothèque les ouvrages qui accompagnent la saga… et j’ai un bon nombre de produits dérivés qui meublent mon quotidien (vous en trouverez quelques-uns ici), et qui vont du pins au porte-clefs en passant par la baguette d’Hermione.

Mon addiction, si elle ne s’embarrasse pas des polémiques qui ont depuis entouré J.K. Rowling et ses personnages, ne s’étend pas cependant à l’univers des Animaux fantastiques, dont je n’ai vu pour l’instant que les deux premiers volets, sans forcément ressentir le même attachement.

Bref, pour résumer, j’ai grandi finalement avec Harry Potter et j’aime son univers, qui demeure pour moi une sorte de « doudou » affectif.

Dans l’ombre de Harry Potter

J’en reviens donc à ce livre, devant lequel je suis passée et repassée plusieurs fois avant de me décider 1/ à l’acheter 2/ à le lire.

Il s’agit de Numéro deux, de David Foenkinos, publié chez Gallimard en février 2022. De Foenkinos, j’avais déjà lu Charlotte, La Tête de l’emploi et Le Mystère Henri Pick, dont j’avais adoré l’adaptation au cinéma avec Luchini et Camille Cottin.

Associant le nom de l’auteur et la quatrième de couverture, je me suis plongée dans ce roman, mêlant faits réels et éléments imaginés, avec beaucoup de curiosité.

C’est à cette quatrième de couverture que je laisse la parole ici :

« En 1999 débutait le casting pour trouver le jeune garçon qui allait interpréter Harry Potter et qui, par la même occasion, deviendrait mondialement célèbre.
Des centaines d’acteurs furent auditionnés. Finalement, il n’en resta plus que deux. Ce roman raconte l’histoire de celui qui n’a pas été choisi. »

Si l’on s’attarde sur le titre et la fin de ce petit résumé, cela revient à mettre en parallèle les deux destins : celui qui dans les romans (dans leur version originale) est appelé « the chosen one », ou l’élu, d’un côté, et de l’autre, cet ironiquement fameux « numéro deux » (the second one en anglais), « celui qui n’a pas été choisi ».

C’est ce parcours que David Foenkinos nous invite à suivre : celui du garçon qui a failli être Harry Potter, une histoire poignante, troublante, parfois pleine d’ironie et parfois glaçante.

À l’une des étapes du roman, il compare cette trajectoire à celle de Pete Best qui fut le premier batteur des Beatles avant d’être remplacé par Ringo Starr.

Pour ma part, le livre m’a surtout rappelé un film sorti en 2011 : Killing Bono :

À Dublin, Neil McCormick et son jeune frère Ivan montent le groupe de rock Shook Up, avec l’ambition de devenir le plus grand groupe de rock du monde. Au même moment, Paul Hewson, leur camarade de classe, chante dans son propre groupe qui vient lui aussi de se former. Neil, persuadé que le sien est bien meilleur, ne se doute pas encore que le groupe qui le concurrence va bientôt sortir de l’ombre sous le nom de U2, et que Paul Hewson deviendra une star planétaire sous celui de Bono.

Ce film évoquait, comme Numéro deux, toute la difficulté de se construire une identité quand on a constamment sous les yeux l’identité encombrante de ce qu’on aurait pu être.

La difficulté principale du héros, Martin Hill, elle tient aussi à la proportion démesurée que prend l’engouement des lecteurs et des spectateurs pour l’univers de Harry Potter : durant ces années où la sortie des livres et celle des films sont quasiment simultanées, le nom de Harry Potter est sur toutes les lèvres, et il est de plus en plus difficile d’y échapper, d’en être en quelque sorte déconnecté.

Ce phénomène se rapproche à mon sens de l’usage que l’on fait du numérique ou des réseaux sociaux : nous avons presque tous côtoyé dans notre entourage cette personne qui, se défendant d’avoir un smartphone, d’être inscrit sur tel ou tel réseau social, finit par sauter le pas sous l’influence d’autrui ou pour pouvoir effectuer des démarches de la vie courante.

Alors certes, on ne devient pas du jour au lendemain fan absolu de Harry Potter si (et ici j’opère un raccourci quelque peu facile) l’on n’est pas tombé dedans étant petit. Mais cet univers s’est frayé un tel chemin jusque dans nos vies quotidiennes que même une personne complètement étrangère sera amenée à l’avoir sous les yeux.

Harry Potter à Londres

C’est suite à cette lecture que je suis allée à Londres au mois d’août dernier.

Comme je connaissais déjà la ville, j’avais déjà pu voir certains lieux emblématiques de la saga :

  • évidemment la fameuse voie 9 ¾ à la gare de King’s Cross – désormais prise d’assaut et absolument inaccessible, avec le chariot de Harry Potter (juste à côté il y a la boutique officielle Harry Potter, où il faut jouer des coudes et se frayer un chemin pour savoir si oui ou non on se décidera à acheter un retourneur de temps, une écharpe Gryffondor ou un plateau d’échecs…)
  • le Millenium Bridge qui apparaît au début du 6e film, Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé, pour être détruit par les Mangemorts
  • Piccadilly Circus que l’on retrouve dans le 7e film, Les Reliques de la Mort (Partie 1), lorsque Harry, Ron et Hermione s’enfuient du mariage du frère de Ron suite à une attaque des Mangemorts. C’est à Piccadilly Circus que Hermione les fait réapparaître, plus précisément sur Shaftesbury Avenue et ses nombreux théâtres, où elle leur explique qu’elle allait souvent avec ses parents.

L’application Visit London (et sûrement énormément d’autres applications et sites internet) recense les activités et les lieux associés à Harry Potter lorsqu’on se rend à Londres. Voici celles que je garde éventuellement pour un prochain séjour :

  • les studios de la Warner Bros (auxquels il faut réserver une journée entière)
  • le zoo de Londres
  • des parcours thématiques organisés dans la ville
  • le spectacle « Harry Potter and the cursed child » au Palace Theatre (en deux parties de 2h30 chacune)…

Et voici celles que j’ai pu mener :

  • la visite du Leadenhall Market, ayant inspiré le chemin de Traverse, et dont vous avez un petit aperçu ci-dessous :

J’y suis allée un dimanche matin, l’endroit était désert, mais donnait malgré tout une idée de son charme et de son effervescence habituelle.

  • durant une de mes balades, je suis passée devant le Palace Theatre où se joue le spectacle mentionné plus haut

J’aurais pu réserver une place, mais j’avoue que la durée et le fait de devoir réserver forcément les deux parties le même jour (à 13h la première et à 18h la deuxième) m’a un peu freinée… je garde donc l’idée pour une prochaine fois.

Mais l’activité principale en lien avec l’univers de J.K. Rowling et à laquelle j’ai consacré du temps était :

  • The Harry Potter Photographic Exhibition au London Film Museum

Le London Film Museum est situé non loin de Leicester Square et de Covent Garden, c’est un musée qui organise des expositions temporaires (durant mon séjour sur Harry Potter, mais précédemment sur la saga James Bond).

On y accède en réservation un billet en ligne, et l’exposition est vraiment immersive, tout en se concentrant sur les tournages des films.

On y retrouve donc quelques éléments de décors, des photos de tournage, ainsi que des vidéos de témoignages (producteurs, acteurs, décorateurs…).

On peut se faire prendre en photo sur un balai devant un fond vert, voir la moto d’Hagrid, le registre de Gringotts, la robe de sorcier de Voldemort…

En fin de parcours, il y a évidemment un café où déguster de la biéraubeurre (mais je n’ai pas testé) et une boutique où l’on retrouvera les mêmes produits dérivés qu’à King’s Cross.

La visite dure environ 1h30 et vaut le détour pour les fans de la saga, et elle est une excellente invitation à revoir les films ou à relire les livres, preuve supplémentaire de l’impact de l’univers de Harry Potter dans notre imaginaire collectif.

C’est sur cet univers et sur cet imaginaire que je vous laisse, et vous dis à très bientôt pour un nouvel article – et un tout autre univers – sur Cinephiledoc !

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