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Rétrospective Star Wars édition 2024

Pour ce nouveau compte-rendu de lecture, qui devrait être un peu plus succinct que les autres, j’ai choisi comme point de départ précisément l’ouvrage sur lequel je m’étais arrêtée le mois dernier.

En effet, dans Ça RE Tourne, Philippe Lombard évoque la saga Star Wars à plusieurs reprises.

Il y a tout d’abord le rappel de l’attaque en justice par la Fox d’Universal Pictures, accusé d’avoir plagié Star Wars avec la série Battlestar Galactica.

Il y a aussi l’évocation de ces films turcs qui s’ingénient à copier les productions américaines, dont Star Wars en dupliquant certaines scènes projetées derrière les acteurs.

Mais il y a aussi et surtout tout ce qui est sorti d’abord de Lucasfilm mais aussi des studios Disney pour alimenter l’univers Star Wars.

Tour d’horizon Star Wars côté spectateur

Personnellement, j’ai depuis longtemps perdu le fil de tout ce que cet univers compte de films et de séries…

Contrairement aux inconditionnels de la saga, je ne scrute pas tout ce qui apparaît désormais sur Disney Plus, et je n’ai jamais pris la peine de lire ce qui relève de l’univers étendu (romans et bandes dessinées).

Essayons tout de même :

  • j’avais tenté il y a quelques temps de faire un palmarès des trois trilogies, je n’en démords pas, je reste irrémédiablement attachée à la trilogie originelle, même si j’ai aussi un petit faible pour l’épisode III ;
  • concernant les films dérivés, j’ai adoré Rogue One (donc je ne me considère pas totalement comme un cas désespéré parmi les fans de la saga), mais je n’ai pas vu celui sur Han Solo ni The Clone wars ;
  • concernant les séries dérivés, là encore je n’ai pas été jusqu’au bout de l’aventure – qui continue certainement au moment où j’en parle. J’ai dû voir quelques épisodes de Star Wars : Clone wars, et peut-être la première et la deuxième saison de The Mandalorian, mais aucune idée du moment précis où je me suis arrêtée…

Bref, comme je l’indiquais dans mon article précédent, les suites et les sagas ne sont pas vraiment / toujours ma tasse de thé.

J’apprécie généralement les premiers éléments, la construction d’un univers, la découverte des histoires, mais il y a toujours un moment où je me lasse, et ce n’est pas propre à Star Wars.

J’ai adoré Harry Potter mais je n’ai jamais accroché aux Animaux fantastiques, j’ai suivi les différents films Marvel et DC Comics sans faire de préférence mais jusqu’à l’indigestion. Dans un tout autre style je n’ai raté aucun épisode de Downton Abbey mais je n’ai jamais vu les films dérivés de la série. Ça prend ou ça ne prend pas…

Il y a cependant quelque chose qui va généralement attirer mon attention, c’est le retour aux sources.

Panorama Star Wars côté lecteur

Bien qu’ayant décroché depuis un moment de tout cet univers, Star Wars fait tout de même partie de ma bibliothèque et d’une manière étonnamment envahissante depuis plusieurs années.

  • Beaux livres

Je regrette d’avoir ainsi laissé partir un élément de choix, qui faisait partie des plus beaux livres à mon sens sur la question :

En tout cas je n’ai pas réussi à remettre la main dessus… l’ai-je prêté et à qui, je ne me souviens plus ! Je me dis qu’il ressortira certainement dans 3 ans pour une nouvelle édition mise à jour.

J’en ai un deuxième heureusement, tout aussi beau, mais qui s’intéresse à une autre aspect (moins chronologique) de la question :

L’ouvrage s’intéresse aux aspects artistiques de la saga (décors, costumes, personnages).

  • Guides et manuels en tous genres

Pour le coup, j’ai une belle collection de ces petits ouvrages qui reviennent sur l’univers en général et tentent d’en faire la synthèse.

Le premier faisait partie de la collection BFI : les classiques du cinéma, publié chez Akileos et que j’achetais de manière compulsive à une époque.

Là encore, une collection, une suite d’ouvrages, je ne sais pas à quel numéro en est la collection, je me suis arrêtée au numéro 17 avec Terminator (encore une saga).

Le second est un de mes chouchous puisqu’il présente l’univers Star Wars sous forme d’infographies et j’adore les infographies ! Les deux suivants utilisent à peu près le même procédé, avec le Manuel du Jedi et Survivre dans la galaxie.

Enfin, les deux derniers sont un peu plus sérieux avec d’un côté les aspects mythiques et philosophiques, et de l’autre les aspects scientifiques.

  • Témoignages

Néanmoins, l’un de mes ouvrages préférés en lien avec cet univers c’est le livre Journal d’une princesse de Carrie Fisher, que j’avais trouvé d’une force et d’un humour irrésistibles.

Elle y revient sur le tournage des premiers Star Wars, en particulier le tout tout premier tournage dans les studios de Londres, et j’associe toujours depuis son écriture décalée et attachante à cette vidéo où elle s’adresse directement à George Lucas :

De la même manière j’adore voir et revoir son caméo dans la série Big bang theory où elle pète un câble face aux intrusions chez elle de James Earl Jones.

Et je renvoie à l’excellente vidéo de la chaîne de P.A.U.L. qui revient sur sa carrière. Et que je vais de ce pas retourner voir.

Un point reste indéniable : Carrie Fisher manque.

Fort heureusement, les deux ouvrages qui ont retenu mon attention pour cet article lui font la part belle.

Gloire aux éditions Taschen

Petite aparté ici. S’il y a quelque chose qui me console de ne plus mettre la main sur le magnifique livre Génération Star Wars mentionné plus haut, c’est parce j’ai dans ma bibliothèque un remplaçant petit mais costaud, dont je n’avais pas encore parlé sur ce site, mais qui nous replonge de manière captivante dans les origines de la saga.

J’adore les éditions Taschen. Ou plutôt soyons un peu plus enthousiaste… J’adooooooooore les éditions Taschen, qui font certains des plus beaux livres que je connaisse sur le cinéma.

Et quand vous ne voulez pas mettre dans un livre sur le cinéma le même prix qu’un livre des éditions Citadelle et Mazenod – donc clairement vous ne prenez pas les éditions de droite sur ma capture d’écran – vous pouvez toujours prendre les petites éditions de gauche qui restent tout à fait satisfaisantes visuellement.

Soyons même plus claire : elles seront tout aussi bluffantes, tout en restant à la fois accessibles pour le portefeuille et transportables.

J’ai régulièrement craqué pour ces ouvrages (ou j’ai eu la chance de me les faire offrir) et en voici quelques exemples :

Celui-ci est l’une des plus belles pièces de ma collection. Alors que l’édition plus accessible était déjà disponible, l’un de mes proches m’a tout de même offert la version lourde.

J’aurai l’occasion d’en reparler dans un prochain article (en juin ou en septembre) sur Chaplin, mais un couple d’amis m’avait également offert ce magnifique ouvrage (je précise que généralement, les ouvrages de ce format sont en anglais et accompagnés d’une notice en français qui traduit l’intégralité du texte).

Mais ce que j’aime aussi chez Taschen, c’est notre amour partagé visiblement pour le cinéma de Kubrick, et parmi les premiers ouvrages de cette maison d’édition qui ont rejoint ma bibliothèque, il y avait les Archives Kubrick et un livre format vinyle exclusivement consacré à Barry Lindon :

Mais revenons-en à Star Wars… à l’heure actuelle sont disponibles une version mastoc en français des archives de la prélogie, une version mastoc en allemand de la trilogie, et les deux versions plus accessibles de la trilogie et de la prélogie.

C’est évidemment celle consacrée à la trilogie que j’ai choisie, sous la plume de Paul Duncan et publiée en 2020.

Il s’agit d’une somme absolument fabuleuse et captivante sur ces trois premiers épisodes de la saga, où le lecteur est replongé dans la conception des décors et des costumes, et dans les tournages avec des photos de plateaux.

L’autre raison qui fait que j’adore aussi les éditions Taschen, c’est qu’elles permettent très généreusement de télécharger quelques pages de leurs ouvrages, ce qui me permet encore une fois d’illustrer cet article :

Rien de tel que ces quelques images pour donner directement envie d’avoir le livre entre les mains, et de revoir les films dans la foulée !

Star Wars en BD

Mon véritable coup de coeur cependant revient à une publication plus récente, que j’ai hésité à ajouter dans ma bibliothèque – je me suis contentée de la commander pour le CDI.

Dès réception, je l’ai mise de côté pour prendre le temps de m’y plonger, et franchement je n’ai pas regretté le voyage !

Il s’agit d’une bande-dessinée publiée en octobre 2023 aux éditions Deman : Les Guerres de Lucas, sous les plumes virtuoses de Renaud Roche et Laurent Hopman.

J’avais aperçu l’ouvrage en librairie, directement happée par la couverture, mais j’avais tout de même été arrêtée très brièvement par le format, et puis j’avais tergiversé, avant de la glisser dans mes commandes.

J’ai dévoré les quelques 200 pages en une heure, me délectant tout autant du dessin, qui est des plus immersifs et qui permet au lecteur de retrouver la force (justement) de l’univers Star Wars, que du scénario qui dresse un portrait de George Lucas et revient sur le tournage épique du premier épisode de la trilogie.

On y retrouve Lucas avant Star Wars : son parcours scolaire plus que chaotique, un accident de voiture qui le décide à entamer des études de cinéma, ses rencontres marquantes de l’époque avec Spielberg, Coppola et Marcia Lou Griffin qui deviendra sa femme jusqu’en 1983.

J’ai retrouvé également dans le récit du tournage le témoignage qu’en avait donné Carrie Fisher dans son Journal d’une princesse : le casting, les soirées londoniennes arrosées, la liaison avec Harrison Ford, et le fameux « pas de soutien-gorge dans l’espace ».

Le pari, finalement, de la bande-dessinée, est de nous raconter cette histoire presque comme si nous la découvrions et comme s’il s’agissait de l’épopée d’un de ces héros aux mille et un visages (l’une des lectures de chevet de George Lucas, l’oeuvre de Joseph Campbell) ou comment George Lucas est devenu le créateur de Star Wars.

Et cela, sans jeu de mots, c’est un beau tour de force.

2022 : Palmarès de lecture

Le voici comme chaque année, fidèle au rendez-vous, le palmarès des lectures cinéphiles de 2022.

Dans ce palmarès de l’année, je retrouve des visages familiers que je continuerai à fréquenter en 2023, puisqu’ils s’invitent régulièrement dans ma boîte aux lettres – ici clin d’oeil appuyé à un hyperactif du livre cinéphile – ou que bim bam boum quelqu’un décide de publier un ouvrage sur Truffaut qui ne figure pas encore dans ma bibliothèque.

Mais ne nous précipitons pas !

Présentation du palmarès

Comme chaque année depuis 2013, je finis le mois de décembre ou commence le mois de janvier par un palmarès de lecture de l’année passée.

Je vous glisse ici les liens des éditions précédentes :

Comme chaque année lorsque j’ajoute cette succession de liens, je m’agace de voir le lien de l’année précédente figurer juste après les deux points… mais je sais que, comme d’habitude, je n’y changerai rien !

Pour 2022, mes lectures ont commencé relativement tôt, à la faveur de l’été et j’ai réussi à terminer ces lectures et la rédaction des articles au mois de septembre.

Cependant, contrairement à l’année dernière, je n’avais pas fini ces lectures en avance : j’ai terminé ma dernière lecture cinéphile fin octobre pour un article que je comptais publier début novembre.

Ce sont ces lectures cinéphiles qui ont primé sur toute mon activité de lecture cette année, puisque, par rapport à 2021, mon rythme de lecture s’est encore ralenti : je suis ainsi passée en 2020 de 6 à 12 livres par mois, à 3 à 6 livres en 2021 pour une année 2022 où, quand j’arrivais à lire un livre dans le mois, c’était généralement celui auquel je souhaitais consacrer un article.

Le bilan est assez catastrophique, avec une embellie estivale cependant. Janvier : deux lectures, février : deux lectures, mars : zéro, avril : trois lectures, mai : une lecture, juin : zéro,  juillet : une lecture, août : six lectures ! septembre : une lecture, octobre : une lecture… allez je ferai mieux l’an prochain !

Concernant mes lectures cinéphiles, en voici un petit bilan :

  • Être Cary Grant, Martine Reid (lu en 2021)
  • Alice Guy, Catel & Bocquet (lu en février 2022)
  • Ridley Scott : rétrospective, Ian Nathan (lu en avril 2022)
  • Ça s’est tourné près de chez vous, Philippe Lombard (lu en avril 2022)
  • La Leçon de cinéma, François Truffaut (lu en mai 2022)
  • Numéro deux, David Foenkinos (lu en août 2022)
  • Voyage avec Chihiro, Marta Garcia Villar (lu en septembre 2022)

La pause estivale était cette année la bienvenue, elle m’a permis de prendre un peu d’avance sur la fin de l’année, et de reprendre les bonnes habitudes qui consistent à profiter des vacances de la Toussaint et des journées courtes de novembre et décembre pour avancer mes lectures et écrire mes prochains articles.

Palmarès 2022

Chaque année, j’essaye de regrouper ces quelques lectures en catégories plus ou moins signifiantes. Comme l’an dernier, trois catégories peuvent se distinguer : réalisateurs / réalisatrices, acteurs… et un inclassable qui commence à être habitué à être inclassable.

Réalisateurs / réalisatrice

Et pour le coup je laisse la réalisatrice singulière au singulier.

Dans cette catégorie, je regroupe :

  • Alice Guy, Catel & Bocquet, éditions Casterman, septembre 2021
  • Ridley Scott : rétrospective, Ian Nathan, éditions Gründ, octobre 2021
  • La Leçon de cinéma, François Truffaut, éditions Denoël, novembre 2021
  • Voyage avec Chihiro, Marta Garcia Villar, Ynnis éditions, avril 2022

Vous vous attendiez peut-être à ce qu’une nouvelle fois, je choisisse l’ouvrage consacré au cinéma de François Truffaut, qui effectivement, a tenu toutes ses promesses pour moi en matière à la fois de qualité, de satisfaction intellectuelle et cinéphile, et d’émotions.

Mais j’ai été bluffée à ma lecture de cette biographie d’Alice Guy, autant parce qu’elle me permettait de découvrir la figure d’une pionnière du cinéma à travers la bande-dessinée que parce qu’il s’agissait d’un travail de documentation sur le sujet d’une érudition complète.

Acteurs

Cette catégorie est un peu plus artificielle, j’y regroupe :

  • Être Cary Grant, Martine Reid, éditions Gallimard, mai 2021
  • Numéro Deux, David Foenkinos, éditions Gallimard, janvier 2022

Outre le fait d’être consacrées tous les deux à l’expérience de l’acteur, qu’elle soit considérée comme réussie ou comme manquée, ces livres sont aussi tous les deux des romans – ou des biographies plus ou moins romancées – qui font la part belle à la quête de l’identité.

Si je retiens Numéro deux, dont la lecture est plus récente, c’est justement parce qu’il s’intéresse à un rendez-vous manqué, dont l’exploration m’a réellement marquée, parce que j’ai eu le sentiment d’en être complice.

La trajectoire de Martin Hill, le garçon auquel on a préféré Daniel Radcliffe pour jouer Harry Potter dans la saga des huit films du même nom, c’est avec virtuosité que David Foenkinos la déroule sous nos yeux.

Et que l’on soit partie prenante ou seulement spectateur de la Pottermania, cette quête identitaire ne peut pas laisser indifférent.

L’inclassable

Pour cette dernière catégorie, il l’aura compris avant d’arriver à cette phrase si jamais il avait commencé à lire cet article, puisqu’il se fraye régulièrement un chemin à la fois dans mes lectures et dans ce palmarès annuel.

Il s’agit de Ça s’est tourné près de chez vous ! Une histoire des faits divers du cinéma français, de Philippe Lombard, publié aux éditions La Tengo en novembre 2021.

Cette lecture m’a permis de rédiger un article qui me faisait aussi bien évoquer Hitchcock, Clouzot, Pascal Thomas, Le Prénom, François Ozon, Hercule Poirot, Arabesque et Columbo, Garde à vue, le théâtre de Jean Genet, Les Enfants du paradis et Chaplin.

Plus j’avance dans mes lectures et plus ma cinéphilie se construit, plus j’ai cette impression d’être envahie d’images et de les susciter, de les convoquer, aussi bien dans mes autres lectures et lorsque je vois de nouveaux films, que dans mes rencontres, où derrière une personne, j’aperçois un poème, une chanson, un personnage de cinéma et une citation littéraire ou cinématographique.

C’est aussi ce que je recherche lorsque je lis un ouvrage sur le cinéma : ce pouvoir évocateur des images, ce feu d’artifices d’échos et de résonances entre les oeuvres mais également en moi. Et c’est ce qu’a admirablement réussi Philippe Lombard dans son histoire des faits divers.

Je l’annonce donc d’ores et déjà, les petits derniers de Philippe Lombard feront l’objet de l’un des premiers articles de 2023, d’une part parce que j’en ai reçu deux dans ma boite aux lettres et que j’ai dévorés cet automne, d’autre part parce que… vous verrez bien !

Bilan et projets

Voilà pour ce palmarès et ces lectures cinéphiles de 2022, qui ont tout de même été assez variées.

En 2022, j’ai également proposé cet été deux hors-série, notamment sur des objets en lien avec le cinéma, si jamais vous voulez offrir un cadeau de Noël à un cinéphile, vous y trouverez peut-être quelques idées !

Concernant mes lectures de 2023, ma liste est déjà assez conséquente, d’autant plus que j’ai pris du retard sur mes autres lectures, et plus que jamais je fais mienne cette phrase que l’on entend en anglais « So many books, so little time »

Comme je l’ai indiqué plus haut, il y aura déjà deux Lombard dans la liste, mais aussi l’ouvrage d’une YouTubeuse que j’ai découvert cette année, et certainement encore un livre consacré à Truffaut.

Vous retrouverez aussi, comme l’an passé, quelques escapades pour découvrir les expositions de la cinémathèque ou d’autres lieux appréciés des cinéphiles.

D’ici là, je vous souhaite à nouveau de très belles fêtes de fin d’année, et je vous mitonne pour très prochainement le dernier article #profdoc de 2022.

À très bientôt sur #Cinephiledoc !

Une pionnière du 7e art en 9e art

J’ai eu l’idée de publier cet article à l’instant de la publication de l’ouvrage qui m’intéresse. Je n’avais pas nécessairement prémédité de poster un article au moment de la journée internationale du droit des femmes, mais c’est un petit détail – qui n’en est pas forcément un – qui m’y a poussé.

Avant ma lecture, je ne connaissais pas grand chose d’Alice Guy. Je savais juste qu’il s’agissait d’une pionnière du cinéma : la première femme réalisatrice.

Où j’allie cinéphilie et culture professionnelle

L’origine de mon intérêt, et mon envie d’en savoir plus sur Alice Guy, vient d’un reportage de France télévisions qui, si mes souvenirs sont bons, avait été réalisé à l’occasion de la parution de la bande-dessinée : Alice Guy, de José-Louis Bocquet et de Catel Muller.

Le reportage annonce la sortie de la bande-dessinée, consacrée à cette figure pionnière du septième art. J’écoute avec attention. Et là mon sang ne fait qu’un tour. Une photographie en noir et blanc sert d’illustration au reportage. Une photographie d’Alice Guy ? Non, cette photo, je la reconnais, pour l’avoir utilisée pour un précédent article.

Cette photo, c’est celle de l’actrice américaine Mary Pickford.

Revenons-en, s’il vous plait, à quelques éléments de comparaisons biographiques, si l’on s’en réfère de manière assez succincte à Wikipédia :

  • Alice Guy, née le 1er juillet 1873 à Saint-Mandé et morte le 24 mars 1968 à Wayne dans l’État du New Jersey aux États-Unis, est une réalisatrice, scénariste et productrice de cinéma française, ayant travaillé à la fois en France et aux États-Unis.

Alice Guy :

  • Mary Pickford est une actrice, productrice et femme d’affaires canadienne née le 8 avril 1892 à Toronto (Ontario) et morte le 29 mai 1979 à Santa Monica (Californie).

Mary Pickford :

Je passe sur le fait que les deux femmes ont vingt ans d’écart, que l’une est née d’un côté de l’Atlantique et l’autre, de l’autre côté.

Que l’une est réalisatrice, auteure du premier film de fiction, du premier péplum et première femme à créer une maison de production, que l’autre est également l’une des premières stars hollywoodiennes, co-fondatrice avec Douglas Fairbanks, Charles Chaplin et D.W. Griffiths de la maison de production des Artistes associés.

Que s’est-il passé ? Visiblement l’auteur (ou les auteurs) du reportage consacré à la bande-dessinée a fait, comme je l’ai fait à sa suite, une recherche d’images sur un moteur de recherche, et qu’il a eu certainement ce genre de résultats :

Vous le constaterez aussi bien que moi : sur la première et la troisième photo (de gauche à droite), c’est bien Alice Guy qui est représentée. Sur la deuxième et la quatrième, c’est Mary Pickford.

Ce qui est plus triste, c’est que, sans chercher plus loin, et sans autre raison évidente que le côté « glamour » ou « en action », on ait choisi la photo de Mary Pickford pour parler de Alice Guy. Et encore, si la seule raison invoquée aurait été la présence de la caméra, on aurait pu choisir l’une des deux photos en bas à droite (en s’assurant bien qu’il s’agit d’Alice Guy) où l’on voit réellement une femme et une caméra.

Bref, en une phrase comme en cent, la pionnière du cinéma (tout court) aurait mérité mieux dans un reportage qui lui était consacré que d’être confondue avec la pionnière du cinéma hollywoodien.

Retour sur une lecture de 2018

La première trace que je trouve d’Alice Guy, sans forcément y porter davantage d’attention, date de 2018.

Dans l’ouvrage de Véronique Le Bris, 50 femmes de cinéma, que j’avais découvert à l’époque, elle apparaît en premier.

Et non seulement c’est la première de ces 50 femmes, mais c’est aussi la première du premier chapitre : « Les Pionnières ».

En deux double-pages, Véronique Le Bris revient sur les apports essentiels d’Alice Guy au cinéma :

  • en 1895, elle assiste à l’une des premières projections organisées par les frères Lumière ;
  • la première femme à réaliser des films de fiction ;
  • la première à réaliser un film parlant grâce au chronophone en 1900 ;
  • l’autrice du premier making-of ;
  • la première femme à construire son propre studio, à créer et diriger une société de production

Dans ce livre,  à la suite d’Alice Guy, on croise Frances Marion (première scénariste qui, elle, a côtoyé Mary Pickford de près, et à qui le beau livre Hollywood Boulevard, de Melanie Benjamin, était en partie consacrée), Olivia de Havilland, Tonie Marshall, Jane Campion…

Découpé en trois parties – Les pionnières, les passionnées, les engagées – la force de ce livre est de ne pas classer ces 50 femmes de manière forcément chronologique ou par profession : Olivia de Havilland, actrice, figure parmi les pionnières pour avoir gagné un procès contre les studios hollywoodiens ; Marlene Dietrich, Liz Taylor et Jane Fonda figurent elles parmi les engagées.

Dans les passionnées, on retrouve aussi bien Edith Head, costumière, que Marguerite Duras, Agnès Varda ou encore Marjane Satrapi.

Mais revenons-en à Alice Guy.

De France télévisions à Arte

Avec le reportage de France télévisions, ma curiosité s’était déjà éveillée, et j’ai, dans la foulée, commandé la bande-dessinée de Catel Muller et José-Louis Bocquet, dont je connaissais déjà la précédente publication sur Olympe de Gouges.

Quelques semaines après la parution de cet album BD, en septembre 2021 chez Casterman, j’ai découvert en parcourant la chaîne YouTube d’Arte (ce que j’ai souvent tendance à faire quand je ne sais pas trop quoi regarder), un documentaire, « Alice Guy, l’inconnue du 7e art« .

C’est ce documentaire (disponible sur Arte TV jusqu’au 12 mars) que j’ai donc regardé, avant même de me plonger dans la bande-dessinée de Catel & Bocquet.

J’ai laissé, là encore, son souvenir infuser, et ajouter à mon univers visuel familier du cinéma muet. Au moment de ce visionnage, j’étais plongée dans la lecture du Goncourt, La plus secrète mémoire des hommes, lecture qui était des plus prenantes, que je ne parvenais pas à délaisser pour une autre et qui m’a occupée tout le mois de janvier 2022 et jusqu’à la mi-février.

Hommage en BD

Posons les choses clairement d’emblée : cette bande-dessinée est un indispensable pour tout amoureux du cinéma, et pour tout amoureux de la BD.

Le dessin est magnifique, et l’histoire captivante.

On y suit les pas d’Alice Guy, ce qui nous conduit du Chili à la Suisse, de Paris à la Camargue, de la France aux États-Unis, en près d’un siècle qui voit toute l’éclosion de l’univers cinématographique.

On y croise figures et événements marquants : les frères Lumière, Léon Gaumont, Gustave Eiffel, l’exposition universelle de 1900, l’incendie du bazar de la charité, Méliès, Charlie Chaplin, les luttes féministes, la ségrégation aux États-Unis…

Au fil des pages et des planches, se dessinent les évolutions de la technique et de ce qui n’est pas encore considéré comme le septième art – photographie, chronophone, studios, star system – de la mode et des mentalités.

Le tout se dévore en un rien de temps, et l’énergie de cette pionnière nous emporte d’une décennie à l’autre, avec une curiosité contagieuse et insatiable.

En fin d’ouvrage, on retrouve une chronologie très détaillée qui suit en parallèle la vie d’Alice Guy et les progrès du cinéma.

Pour finir, cette somme d’une richesse incroyable nous propose une trentaine de notices biographiques des figures croisées par Alice Guy tout au long de sa vie, de ses parents jusqu’à son premier biographe, Francis Lacassin, ardent défenseur de la bande-dessinée et des pionniers du cinéma français, et à qui le livre est tout naturellement dédié.

La boucle est bouclée, l’hommage du neuvième art au septième art complet, et à travers cette bande-dessinée, Alice Guy retrouve sa juste place dans l’univers du cinéma : celle d’avoir été la première.

Belle journée internationale du droit des femmes, et à très bientôt pour un nouvel article sur Cinéphiledoc !

BD et cinéma (épisode 2)

Pourquoi « épisode 2 » ? J’avais déjà consacré il y a un petit moment un article à une bande-dessinée qui évoquait le cinéma : La Parole du muet.

En effet, les rencontres entre septième et neuvième arts, si elles restent relativement rares, n’en demeurent pas moins fascinantes. Et encore, relativement rares… seulement d’un côté : disons que chacun de ces deux arts a tendance à observer l’autre.

Bandes-dessinées et story-boards

La bande-dessinée emprunte au cinéma l’idée de scénario et de mouvements, ce dynamisme et cette énergie qui font passer d’une case à l’autre sans que le lecteur s’en rende compte.

Le cinéma emprunte à la bande-dessinée le story-board, qui permet de planifier l’ensemble des plans qui constitueront le film.

Je renvoie les intéressés à l’exposition en ligne de la Cinémathèque française consacrée au story-board.

Storyboard de Psychose, la scène de la douche, réalisé par Saul Bass, également auteur du générique

Voici en outre quelques petites pépites glanées dans mes recherches :

Si j’avais déjà évoqué BD et cinéma, il ne me semble pas avoir déjà parlé de storyboard, mais ce n’est cependant pas le sujet de cet article…

Reprenons : les BD empruntent au cinéma le mouvement, le cinéma emprunte à la bande-dessinée le découpage.

En revanche, si l’on retrouve un certain nombre d’adaptations (plus ou moins heureuses) de bandes-dessinées au cinéma, le cinéma est, à ma connaissance, encore relativement peu abordé dans la bande-dessinée.

Hormis les références proposées par le génial Gotlib dans ses Dingodossiers et autres albums, la première fois que j’ai pu lire un scénario de bande-dessinée consacrée au septième art, c’était avec cette fameuse Parole du muet que j’évoquais plus haut.

La collection 9 ½ de Glénat

Et puis j’ai vu apparaître cette collection chez Glénat : la collection 9 ½.

Sur le site de l’éditeur, elle est décrite comme suit :

Collection de romans graphiques consacrée aux grandes figures du cinéma : réalisateurs et acteurs. Co-dirigée par Noël Simsolo, éminent spécialiste du cinéma et auteur d’ouvrages de référence sur le sujet, cette collection offre à la fois un panorama large de l’histoire du cinéma aux lecteurs et une totale liberté de création aux auteurs qui y participent, puisque la pagination et le traitement graphique des ouvrages sont libres.

Les deux premiers ouvrages publiés n’ont pas vraiment retenu mon attention : il s’agissait d’albums sur Sergio Leone puis sur Lino Ventura.

Le troisième, consacré à Hitchcock, m’a presque tentée. Je me souviens l’avoir feuilleté, hésitant à l’acheter. J’avoue que c’est le style du dessin qui m’a freinée.

Quand je lis une bande-dessinée, hormis les « madeleines » de l’enfance que sont les classiques franco-belges (Astérix, Tintin, Lucky-Luke, Gaston Lagaffe, Blake et Mortimer…), j’ai besoin d’être attirée par le travail du dessinateur.

Pour Hitchcock, si le choix du noir et blanc m’avait séduite, il n’y avait pas eu de déclic supplémentaire  qui m’aurait convaincue. Cependant, j’avais constaté qu’enfin, une collection de bandes-dessinées (ou de romans graphiques si vous préférez) se consacrait exclusivement au septième art, co-dirigée par Noël Simsolo.

Le nom me disait quelque chose, je décidais d’aller à la pêche aux informations :

Né en 1944, le curriculum-vitae du monsieur est assez impressionnant. Critique cinématographique, scénariste de bande-dessinée (justement), auteur d’essais. C’est là que je le retrouve, notamment auteur d’un ouvrage sur Clint Eastwood paru aux éditions des Cahiers du cinéma, et d’un Dictionnaire de la Nouvelle vague publié en 2013 chez Flammarion.

Metteur en scène de théâtre (et acteur), intervenant à la radio (et producteur), également auteur de romans (avec une prédilection pour le polar), acteur pour le cinéma et la télévision, réalisateur et scénariste, bref Noël Simsolo est une espèce de touche-à-tout hyperactif.

De quoi susciter mon intérêt.

Et voilà qu’en août 2020, visitant l’exposition Louis de Funès à la Cinémathèque française, je tombe à la librairie devant le dernier ouvrage publié dans la collection 9 ½ de Glénat.

François Truffaut : personnage de bande-dessinée ?

Après Sergio Leone, Lino Ventura et Hitchcock, c’est à François Truffaut que cette collection avait décidé de consacrer un album.

Je guette régulièrement les ouvrages – fictions ou documentaires – qui décident d’aborder la vie ou l’oeuvre de François Truffaut, le dernier d’entre eux ayant fait l’objet d’un article sur ce site était L’Amie américaine de Serge Toubiana, qui reste l’un de mes meilleurs souvenirs de lecture pour l’année 2020.

En tenant entre les mains l’album publié chez Glénat, en le tournant et le retournant, je n’ai pas pu m’empêcher d’être quelque peu réticente. Néanmoins, ma collectionnite aiguë a eu le dernier mot, et je suis ressortie de la Cinémathèque avec le François Truffaut, signé Simsolo pour le scénario et Marek pour le dessin et paru le 19 août 2020.

Un mot tout d’abord sur la couverture : elle est assez synthétique et a le mérite de faire apparaître trois éléments significatifs du cinéma de Truffaut : déjà Truffaut lui-même (au second plan), les jambes des femmes (au premier) et une Tour Eiffel en arrière-plan.

Le cinéphile averti reconnaîtra ces trois éléments et saluera le pouvoir évocateur de cette couverture. Et ensuite ?

Eh bien j’avoue n’avoir été convaincue ni par le dessin ni par le scénario.

Rendez-vous manqué

Laissons de côté le dessin, qui est une affaire beaucoup trop subjective : on accroche ou non à un style, à un trait, au travail d’un dessinateur. Je ne remets absolument pas en question la qualité du travail de Marek, simplement je n’ai pas eu de coup de coeur pour son dessin.

Concernant le scénario, qu’est-ce qui m’a interpellé ?

L’ouvrage s’ouvre sur la fameuse cérémonie des Césars du 31 janvier 1981, un triomphe pour Truffaut, qui avait tout raflé pour son film Le Dernier métro : dix Césars, record toujours inégalé :

Fin de la cérémonie, Truffaut prend un taxi et demande au chauffeur de l’amener à la Tour Eiffel. Puis, flash-back en 1941, pendant l’Occupation et l’enfance de Truffaut.

Au fil des pages, le scénario multiplie les allers-retours entre l’enfance et la jeunesse de Truffaut, et la suite de sa carrière.

Autant le dire : pour quelqu’un pour qui la filmographie de Truffaut et sa carrière, justement, n’ont pas de secret, et qui s’est intéressé de près à sa vie, c’est déjà compliqué de suivre ces allers-retours.

Qu’importe, on suit, on se concentre sur l’évocation des différents personnages qui ont croisé sa route, on parvient vaille que vaille à raccrocher tel événement à telle année. On ressort de la lecture de l’album avec une synthèse très rapide (trop rapide ?) de la vie et de l’oeuvre du cinéaste.

Mais le néophyte ? Celui pour qui cette bande-dessinée est la première confrontation au cinéma de Truffaut. Vous me direz, il doit être rare. L’amateur de bande-dessinée ne va peut-être pas spontanément choisir une BD consacrée à un réalisateur qu’il ne connaît pas sur le bout des doigts sans se documenter un minimum en amont.

C’est pourtant cette impression qui a prédominé après ma lecture. Je me suis demandé ce que conserverait de cette lecture quelqu’un qui n’aurait pas la même connaissance que moi de l’univers de Truffaut. Ma réponse était malheureusement : pas grand chose.

La BD conviendra aux aficionados de Truffaut, et encore. Si l’on avait voulu dépasser ce cercle, on aurait éventuellement accompagné la filmographie, présente en fin d’ouvrage, d’une petite chronologie explicative à laquelle le lecteur aurait pu se référer…

Ce n’est cependant que mon impression, je vous laisse sur le site de Glénat découvrir les premières pages, et si le coeur vous en dit, vous faire votre propre opinion.

Du coq à l’âne (ou presque)

Refermant cette bande-dessinée et essayant de me plonger dans autre chose, j’ai attrapé l’un des ouvrages qui se trouvait sur ma pile de lectures.

Ouvrage n’est pas tout à fait le terme exact. Il s’agissait d’un numéro de la revue Schnock qui m’avait été envoyé par les éditions La Tengo.

La Tengo fait partie de ces maisons d’éditions que j’essaye de surveiller lorsque je suis en panne d’inspiration pour mes articles cinéphiles, et qui publie à intervalles réguliers certaines œuvres de Philippe Lombard.

J’ai découvert La Tengo avec Ça tourne mal ! et c’est avec cette lecture que j’ai fait le rapprochement avec Schnock, que je croisais déjà fréquemment en librairie, assez amusée par les couvertures et toujours à deux doigts d’être tentée de prendre un abonnement.

Quel rapport avec la BD ? Il est assez éloigné, je l’avoue. Je profite juste de cette occasion pour toucher deux mots de cet OVNI.

Donc Schnock, c’est une revue de cinéma/chanson/télévision/bande-dessinée. Une espèce de pot pourri assez jouissif (et jouisseur) qui a pour slogan « La revue des vieux de 27 à 87 ans ».

Avant de recevoir ce numéro 33 qui est en grande partie consacré à Lino Ventura (mais pas que), j’avais vu passer en librairie le numéro sur Jean-Pierre Marielle, celui sur Gainsbourg, et celui sur Depardieu.

J’ai depuis farfouillé pour comprendre un peu plus ce drôle de phénomène, et je suis tombée sur un article des Inrocks :

Fondée en mai 2011, la revue éditée par les éditions La Tengo bénéficie d’un accueil favorable, et rassemble plus de 10 000 lecteurs par numéro, un joli score pour un nouvel arrivant dans une économie de l’édition touchée par la crise. Comme un pied de nez à notre société bienséante, après Coluche, Jean Yanne et Serge Gainsbourg, le trimestriel Schnock affichait pour son douzième numéro l’humoriste Pierre Desproges en couverture. Un carton ! Quelques milliers d’exemplaires supplémentaires ont été réimprimés pour l’occasion…

Depuis son premier numéro sur Jean-Pierre Marielle publié en 2011, la revue est publiée dans son format mook (entre le livre et le magazine) quatre fois par an, chaque numéro coûtant une quinzaine d’euros. Le dernier en date de mars 2021 est consacré à Henri Salvador.

Dans mon fameux numéro 33, avec sa couverture tonton flingueur et ses articles illustrés qui, pour le coup, m’ont bien fait penser à un format BD, j’ai trouvé un panorama des publicités de cigarettes – bien après que Bogart les surnomme les clous du cercueil, mais bien avant les campagnes anti-tabac – un dico Schnock de Lino Ventura (bien chouette), des tops, des interviews, Yves Simon, Marcel Bluwal, Popeck… bref un vrai bain de nostalgie qui m’a donné la banane pour un petit moment.

Et une autre bande-dessinée sur le cinéma ? Et bien ça attendra !

BD et cinéma

Voici le compte-rendu de lecture du mois de mars.

Je profite pour rédiger cet article de mon regret présent, à savoir le 3e volume d’Enrico Giacovelli sur le cinéma comique américain, dont la sortie, initialement prévue pour février, est désormais annoncée pour la mi-avril.

J’avais réussi, prenant mon mal en patience, le mois dernier, à évoquer les deux petits livres sur Le Parrain et Les Sept samouraïs, mais j’ai été trop prise pour pouvoir fouiner dans les librairies ces derniers temps, du moins dans le rayon cinéma.

J’en profite donc, je le redis, pour rédiger cet article qui me faisait envie depuis longtemps, mais qui va encore susciter quelques regrets de ma part…

BD et cinéma, d’un côté mais pas de l’autre

En effet, cela fait longtemps que pour mes articles cinéphiles, je cherche non seulement dans les rayons documentaires, dans les romans (je ne désespère pas de trouver un bon roman de science-fiction sur le cinéma, je crois que Connie Willis l’a déjà écrit, mais il est pour l’heure introuvable*), mais aussi dans le rayon bandes-dessinées et mangas.

*pour les curieux de Connie Willis, l’auteur de Blitz, voici un résumé de son roman Remake, sorti en 1994, que je rêve de dénicher :

Alis rêve de danser. Elle rêve de devenir la reine des claquettes dans une vraie comédie musicale. « Mais réveille-toi, ma pauvre petite ! » lui dit Tom.
     Car à Hollywood, il y a longtemps qu’on ne tourne plus de films, qu’on n’emploie plus d’acteurs. Depuis la révolution infographique, on ne fait plus que des remakes. On prend les vieux films et on les censure, ou on les trafique. Et c’est ainsi que Marilyn donne la réplique à Tom Cruise ou que Charlie Chaplin tombe amoureux de Sharon Stone…
     En ce moment, le job de Tom consiste à « nettoyer » les classiques (c’est-à-dire visionner les versions originales et couper toute image où apparaissent alcool, tabac ou drogue). Travail de titan : c’est fou la quantité de bourbon ou de champagne que consommaient les héros des films d’antan ! Soudain, évoluant aux côtés de Fred Astaire, il reconnaît… Alis ! Mais non, voyons, ce n’est pas possible ! Ce film a été tourné en 1949 !
     A moins que…
Et voici la couverture, qui fait tout autant rêver, en tout cas moi :

Je suis souvent revenue sur mes méthodes pour trouver des livres, j’ai évoqué ma veille sur le sujet, les maisons d’éditions que j’affectionne, les moments où, en dernier recours, je me rabats sur internet et où je commande un livre sans l’avoir feuilleté avant, je n’ai pas besoin de m’étendre là-dessus à nouveau.

À moins d’être complètement passée à côté d’une pépite, jusque-là, je n’avais pas remarqué que la BD évoque beaucoup le cinéma.

L’inverse est évidemment vrai, la bande-dessinée inspire le cinéma, qui adapte tous les ans tout un stock de bandes-dessinées et de comics, jusqu’à saturation.

Je ne suis pas sectaire et je comprends qu’on souhaite rendre hommage à un univers graphique en l’adaptant à l’écran… mais Boule & Bill ? le Marsupilami ? Les Profs ? et dernièrement Gaston Lagaffe ? Évidemment ça n’exclut pas les réussites (critiques et/ou commerciales) mais parfois j’aimerais que certains héros restent sur le papier… et je me demande quel scénario on pourra tirer de l’humour tout « slapstickien » de Gaston Lagaffe…

Le papier, revenons-y. Si, en faisant quelques recherches, j’ai trouvé des films inspirés de la bande-dessinée, et si j’ai eu quelques infos sur Wikipédia, je n’ai pas toujours trouvé l’inverse, à savoir le cinéma qui inspire la bande-dessinée.

Il y a bien le divin et regretté Gotlib, et son Cinémastock en deux volumes, où il parodie avec délectation des univers cinématographiques connus (films d’aventures, de chevalerie, adaptations littéraires…)

 

Mais je lui préfère définitivement ses Dingodossiers, où il décortique davantage l’univers du cinéma, des acteurs, des réalisateurs, bref… le making of.

Voici donc ci-dessus ma planche préférée de Gotlib, consacrée au cinéma.

Et plus récemment ?

Et bien rien qui retienne mon attention. Mais peut-être me suggérerez-vous quelques titres.

J’ai néanmoins trouvé un article sur le sujet : http://www.comixtrip.fr/tops/top-10-bd-cinema/ et où le Cinémastock de Gotlib figure en bonne place.

Je n’ai trouvé que ce top, mais régulièrement je parcours encore les rayons BD des librairies, à la recherche d’une perle rare qui évoque l’univers du cinéma.

Hommage au cinéma

C’est au CDI que j’ai trouvé mon bonheur, avec l’une de nos acquisitions récentes : La Parole du muet : 1. Le géant et l’effeuilleuse, paru chez Grand Angle en avril 2016.

Je me souviens certes l’avoir aperçu dans les rayons au moment de sa sortie, mais sans doute prise par un autre ouvrage à ce moment, je ne lui avais pas donné sa chance.

À tort, car cette bande-dessinée répondait à toutes mes attentes. BD à six mains – Laurent Galandon pour le scénario, Frédéric Blier (Blier ? voilà un nom bien cinématographique) aux dessins, et Sébastien Bouet aux couleurs – elle rend hommage dès sa première de couverture au cinéma et ne le quitte plus.

Vous pouvez en suivant ce lien lire les premières pages.

L’histoire ?

Le lecteur suit les aventures de Célestin, un gentil géant naïf, lassé de décevoir son père comme clerc de notaire, qui quitte la Province et part s’installer à Paris pour faire du cinéma, avec pour tout bagage une cinéphilie de 1927 qui rappelle celle d’Henri Langlois, et une bonhomie qui ne le quitte pas.

Dans ces coulisses du cinéma encore muet, on croise bonimenteurs, projectionnistes, vedettes, accessoiristes, et les petites mains côtoient les grandes vedettes, que ce soit sur la pellicule ou dans les studios parisiens.

Au détour d’un hall de gare, on aperçoit Méliès dans son magasin de jouet, Méliès déjà sacralisé par Martin Scorsese dans Hugo Cabret, et remis à l’honneur, mais avec la douceur du clin d’oeil, dans cette jolie planche :

Les personnages, esquissés avec délicatesse, sont tous aussi attachants les uns que les autres, et sont tous inoubliables à leur manière : le « bon gros géant » qu’est Anatole, qui a des allures d’Hitchcock avant l’heure, le nain incollable en caméras et en techniques, le pianiste ancien combattant, le propriétaire de salle qui arrondit ses fins de mois avec des projections clandestines réservées aux adultes, et la petite effeuilleuse sourde et muettes qui lit sur les lèvres…

Des créatures fragiles, des freaks touchants de démesure, plongés dans une usine à rêves encore à son adolescence mais déjà impitoyable.

C’est simple, beau, et efficace.

Pour parachever ce beau moment de lecture, on trouve à la toute fin de l’album quelques planches documentées sur le cinéma :

Je vous laisse le soin de les découvrir par vous-même si le coeur vous en dit, je n’en ai mis qu’un extrait.

Même tardive, cette découverte m’a beaucoup plu, et je vous la recommande d’autant plus que le second tome est annoncé pour début avril.

Je ne lui consacrerai sans doute pas un article entier, mais j’en toucherai quelques mots avant ou après l’ouvrage d’Enrico Giacovelli, si celui-ci daigne sortir un jour !

Sinon, j’ai bien autre chose dans mes étagères, que j’ajouterai en fonction du temps que j’ai, soit à la fin de cet article d’ici la fin du mois, soit dans le prochain.

Avant de me plonger dans la semaine de la presse et ses multiples séances, je vous laisse confortablement installés en compagnie de Gaston, qui vous bercera jusqu’au prochain article #profdoc !

À bientôt !

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