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Blog pour cinéphiles et profs docs

Catégorie : L’usine à rêves (Page 1 sur 41)

Été anglais

Contrairement à mon habitude depuis plusieurs années, je n’ai pas fait de hors-séries estivaux cet été.

Ce n’est pourtant pas les idées qui me manquaient, j’en avais quelques-unes en tête, et je me disais que je trouverais bien à un moment donné, à la faveur d’une journée pluvieuse, la motivation pour me remettre à écrire.

Nous sommes bien un samedi pluvieux au moment où j’écris ces lignes, mais ce sont les premières lignes de mon article cinéphile de septembre, au moment où j’essaye tout doucement de remettre le cerveau en marche, après plusieurs semaines de déconnexion salutaire.

Histoire de prolonger un peu mon été, et non pour correspondre à la météo (puisque c’est tout autant un cliché de dire qu’il ne fait pas beau en Angleterre que de dire qu’il ne fait pas beau en Bretagne), je vous propose un petit itinéraire anglais dans cet article, tout en digressions et en étapes, ponctué de lectures et de films.

J’en profiterai pour l’illustrer avec quelques photos prises cet été, qui pourront peut-être plaire tout autant aux amateurs de littérature, de cinéma, qu’aux profs docs.

L’élégance à l’anglaise : Alan Rickman

Pour entamer mes lectures cinéphiles et plaisirs de l’été, je me suis plongée dans ce que je considérais comme un pavé : le Journal d’Alan Rickman, publié en janvier 2024 aux éditions Hachette Heroes dans sa traduction française et préfacé par Emma Thompson.

Cette publication en français m’a interpellée : quel acteur étranger – ou à la carrière internationale – est suffisamment populaire pour qu’une maison d’édition décide de proposer une traduction française de ses journaux intimes ?

En revenant à cette question, trois icônes me viennent en tête : Marilyn Monroe et ses Fragments, Romy Schneider et son Journal d’une vie (mais est-il encore disponible ?) et Carrie Fisher et son Journal d’une princesse.

Il n’est pas toujours fréquent de voir publiées des autobiographies ou des biographies de stars internationales. Alors comment expliquer le choix des éditions Hachette Heroes, sinon en s’attardant sur les mots de la quatrième de couverture : Love Actually, Piège de cristal, et évidemment Harry Potter.

Lorsque j’avais été stoppée net dans ma déambulation dans les rayons de ma librairie à la vue de ce livre, j’ai immédiatement ressenti un mélange de joie et d’impatience. Oui, c’était justice de trouver un livre sur Alan Rickman ou d’Alan Rickman. Et oui, il fallait que je le lise.

Pas seulement pour Harry Potter, pas seulement pour Piège de cristal, et pas seulement pour Love Actually. Mais aussi pour Robin des bois : Prince des voleurs, pour Galaxy Quest, pour Dogma, pour Le Parfum, pour Raison et sentiments, pour Sweeney Todd, pour Alice au pays des merveilles

Et aussi pour la façon hypnotique dont Alan Rickman lit les sonnets de Shakespeare, pour sa voix, et enfin pour tout ce que je ne connaissais pas de lui, tout ce que je n’avais fait que lire et apercevoir de loin, sa carrière au théâtre, son élégance et son érudition. Parce qu’Alan Rickman reste l’un de mes acteurs préférés.

Ce qui m’a ensuite interpelée, c’est très prosaïquement la taille de l’ouvrage. J’ai été impressionnée par la constance et la discipline avec laquelle Alan Rickman a tenu ses journaux et du coup, par le volume qu’ils constituent. Je me suis donnée l’été pour lire cet ouvrage, convaincue que j’y passerai une bonne partie de mon temps.

J’ai lu ce livre en moins d’une semaine.

J’ai eu l’impression d’y retrouver la voix d’Alan Rickman, cette voix dont il dit :

J’ai l’impression de n’avoir jamais utilisé ma voix naturelle, que ce son que je produis, que les gens imitent et qui me déprime constamment, n’a rien à voir avec moi.

C’est cela qui rend son écriture aussi touchante, non seulement cette vague tristesse, mais cette simplicité, cette humilité, sa délicatesse, son humour, cette exigence vis-à-vis de lui-même mais aussi des autres, et surtout sa capacité à s’émerveiller.

Célébrissime pour son rôle dans Harry Potter, Alan Rickman persiste à s’enchanter de déguster tel ou tel plat, de participer à une soirée où il croisera untel et untel, à être sollicité pour les discours d’obsèques de ses amis, à rapporter le coup de fil de JK Rowling qui lui indique comment jouer Severus Rogue dès le premier Harry Potter, ou à relater certains traits de caractère de ses comparses et certaines anecdotes de tournage.

J’ai dévoré ce livre sans forcément prendre en notes le moindre élément mais j’ai relevé quelques pages et cette citation :

J’aimerais que ces bars lounge ne soient pas si entièrement dédiés aux ennuyeux & ennuyés. Il pourrait y avoir une porte marquée « Réservé aux Excentriques et Zinzins. »

Mon seul regret, c’est de n’avoir qu’un maigre aperçu, avec le cahier central, de ce que pouvait donner le texte manuscrit, Alan Rickman étant également un fabuleux dessinateur (je reproduis ici les images mises à disposition sur le site des éditions Hachette) :

Chronologiquement, les dernières pages sont douloureuses à lire, puisqu’on assiste à sa maladie, et elles sont suivies de pages très touchantes sous la plume de son épouse Rima Horton, puis d’extraits de journaux de jeunesse.

Cette lecture m’a évidemment donné envie de revoir une bonne partie de la filmographie d’Alan Rickman. J’ai revu Love Actually et Raison et sentiments, et avant mon séjour anglais, j’étais prête à revoir l’intégralité de la saga Harry Potter.

Quand je vais en Angleterre, Harry Potter n’est jamais loin de mon esprit. Bien-sûr, j’ai appris depuis plusieurs années à dissocier l’autrice et son oeuvre.

Je serais bien incapable de retirer les livres et les films de mes bibliothèques, et je garde chez moi quelques éléments de décoration qui appartiennent à cet univers. Je ne les regarde jamais sans une pointe de tristesse et de déception, mais je ne suis pas prête à renoncer à une partie de mon enfance parce que cette femme que j’ai un temps admirée a désormais les mêmes discours qu’Elon Musk…

Itinéraire anglais, entre littérature et cinéma

À l’image de la traduction française du premier volume de la Saga des Cazalet, d’Elizabeth Jane Howard, je pourrais mettre au pluriel l’été du titre de cet article. Je vous recommande d’ailleurs cette superbe saga en cinq volumes, se déroulant juste avant la seconde guerre mondiale pour le premier d’entre eux.

C’est la deuxième fois en trois ans que je choisis l’Angleterre comme destination estivale.

En 2022, j’avais passé quelques jours à Londres au mois d’août et j’étais justement allée voir une exposition consacrée aux décors et aux accessoires de l’univers Harry Potter. Cette année, j’ai juste aperçu de loin l’entrée surpeuplée de la boutique de la voie 9 3/4 à la gare de King’s Cross.

  • Lectures en anglais, aller et retour

Dans mes bagages, j’avais pris la bonne résolution de n’emmener que des livres en anglais sur ma liseuse.

Outre quelques livres de Philippa Gregory (que je n’ai pas encore lu et qui risque de donner un peu de fil à retordre à l’amatrice de l’histoire anglaise que je suis) j’ai emmené avec moi le conseil de lecture d’une collègue d’anglais, The Rain before it falls, de Jonathan Coe, et un ouvrage que j’avais aperçu au CDI avant de partir en vacances : The Paris Bookseller, de Kerri Maher.

Le premier est un roman retraçant l’histoire de la vie d’une femme à travers une succession de photographies, le second raconte l’histoire de la fondatrice de la librairie Shakespeare and Company à Paris.

Leurs thématiques et la finesse de leur écriture m’ont quelque peu fait oublier mes désillusions quant à une certaine JK mentionnée plus haut, ce qui a été parachevé à la fin de mon séjour par la visite de la British Library, j’y reviendrai plus bas…

  • Les terres d’Agatha Christie

De Torquay à Greenway, j’ai savouré pendant quinze jours d’être immergée dans l’univers d’Agatha Christie.

À Torquay, sa ville natale, j’ai pu apercevoir quelques lieux de tournage de certains épisodes d’Hercule Poirot, et j’ai aussi visité le musée de Torquay, qui consacre une salle entière à la romancière et à ses détectives. On y voit notamment l’un des costumes d’Hercule Poirot et la reconstitution des décors de son bureau.

À la gare de Kingswear, en face de Dartmouth, part un train à vapeur qui relie Kingswear à Paignton.

Sur le quai on peut voir une affiche où figure Hercule Poirot.

Mais le lieu principalement dédié à Agatha Christie au coeur du Devon, c’est évidemment sa maison, Greenway, que j’ai eu la chance de visiter.

Greenway est accessible via le train (mais c’est compliqué) et via le ferry (mais c’est compliqué aussi). Le plus simple est de s’y rendre en voiture, et d’y passer une demi-journée, voire la journée entière.

La maison donne sur la rivière Dart, avec une vue magnifique. Le jardin est fabuleux. On peut aussi visiter la Boathouse en contrebas, qui sert de décor à l’une des enquêtes d’Hercule Poirot (Dead mans folly – Poirot joue le jeu). Et la bibliothèque vaut clairement le détour aussi, avec ses fresques aux murs.

  • Détour à la British Library

De retour à Londres, il me restait une matinée entière, un dimanche, à quelques pas de Saint Pancras, avant de reprendre l’Eurostar.

Je n’étais jamais allée à la British Library, que j’imaginais moins accessible, et surtout fermée le dimanche. J’ai donc profité de cette dernière matinée pour y déambuler.

Le lieu en lui-même est des plus impressionnants, mais le visiteur peut aussi découvrir les « trésors » de la bibliothèque : la Magna Carta, des textes religieux d’une belle diversité, des manuscrits qui vont d’Oscar Wilde aux Monty Python en passant par Mozart et les Beatles, et des éditions originales des pièces de Shakespeare.

Début août, au moment où j’y étais, il y avait enfin dans cette salle une petite sélection correspondant à l’exposition suivante : « Queer lives in Literature », rappelant les différentes occurrences des questionnements LGBTQ+ dans la littérature au fil des siècles.

Le lieu est magnifique et j’espère y retourner à une autre occasion – et un autre jour de la semaine – pour en découvrir les autres étages et espaces.

D’ici là, je vous souhaite à toutes et tous bon courage pour la reprise et pour ce mois de septembre, et vous donne rendez-vous très bientôt pour un nouvel article sur Cinéphiledoc !

D’une exposition à l’autre : en immersion cinéphile

Depuis août 2023, j’ai eu l’occasion de visiter des expositions qui rendaient hommage à différents univers cinématographiques, qui ont finalement constitué un fil conducteur dans mon année.

Je profite de cet article du mois de juin pour revenir sur ces belles expositions (les deux premières ne sont plus accessibles, mais on peut voir – et revoir – la dernière jusqu’en janvier prochain !), et pour évoquer deux ouvrages.

Août 2023 : Exposition Titanic, Porte de Versailles

Je suis allée admirer cette première exposition l’été dernier avec une amie, durant nos sorties parisiennes.

Pour l’occasion, le ticket d’entrée nous permettait de nous mettre dans la peau d’un des passagers du Titanic.

Certes, l’exposition revenait de manière tout à fait historique et scientifique sur le naufrage, et à quelques mois de l’accident du sous-marin Titan, survenu en juin 2023, visiter cette exposition était d’autant plus impressionnant.

Mais depuis 1997, lorsque l’on parle du Titanic, on pense immanquablement au film de James Cameron, et l’exposition ne faisait pas l’impasse dessus.

Je suis revenue très brièvement sur cette exposition en décembre dernier, ce nouvel article me donne l’occasion d’en proposer un nouvel aperçu.

Évidemment, suite à cette exposition, je n’ai pas pu m’empêcher de rouvrir les ouvrages que j’avais chez moi sur le Titanic, et que j’avais collecté à diverses occasions. J’avais 11 ans quand le film est sorti, et je me souviens encore du retentissement qu’il avait eu.

Je m’étais plongée dans des documentaires (un ouvrage magnifique qui à l’époque proposait des plans de coupes du paquebot) et dans des romans, dont Les Enfants du Titanic, d’Elisabeth Navratil, qui revient sur l’histoire de son père et de son oncle, rescapés du Titanic.

Aux alentours du centième anniversaire du naufrage, d’autres ouvrages ont été publiés, et ma curiosité s’est réveillée, entretenue par les premiers épisodes de Downton Abbey.

Février 2024 : Objectif Mer : l’océan filmé, Musée de la marine

En février dernier, une amie m’a proposé d’aller visiter avec sa fille l’exposition « Objectif Mer : l’océan filmé » au Musée de la marine.

Je ne connaissais pas le Musée de la marine, et cette exposition temporaire (qui s’est tenue jusqu’en mai dernier), était l’occasion de le découvrir.

Le lieu est absolument à couper le souffle, et l’exposition était magnifique – l’affiche était elle aussi magnifique d’ailleurs, et il était regrettable qu’on ne puisse pas en avoir un exemplaire à la boutique du musée.

Des plaques de lanterne magique qui évoquent la mer à Pirates des Caraïbes, elle dressait un panorama très impressionnant, qui venait constamment titiller la mémoire du cinéphile.

Parmi eux, Le Monde aquatique de Wes Anderson, et un de mes films préférés : Master and Commander, de Peter Weir.

Mais bien-sûr, une fois encore, qui dit filmer l’océan dit filmer le Titanic, et l’un des clous de l’exposition, c’était cela :

Même si, au moment où je publie cet article, l’exposition est terminée, n’hésitez pas à aller faire un tour au Musée de la marine, rien que pour voir les maquettes de bateau, les instruments de navigation, les reconstitutions et les gigantesques figures de proue, ça vaut le détour !

Avril 2024 : L’Art de James Cameron, Cinémathèque française

Enfin, la dernière exposition (au moment où j’écris cet article) que j’ai pu visiter quasiment dès son installation est celle consacrée au cinéma de James Cameron à la Cinémathèque française.

Et à nouveau, cette fois-ci ce n’est pas « Qui dit Titanic, dit forcément James Cameron » mais « Qui dit James Cameron, dit forcément Titanic ». La boucle était bouclée.

Encore une fois, j’ai été bluffée par les trouvailles de la Cinémathèque qui orchestre toujours (enfin presque toujours, je me souviens ne pas avoir été emballée par son exposition sur l’enfance au cinéma, mais ça doit remonter à un petit moment) admirablement l’hommage à un univers cinématographique.

Lorsque l’on entre dans l’exposition, on est accueilli par une vidéo de James Cameron qui nous invite à une plongée dans son imaginaire. Il faut dire que ce dernier est des plus foisonnants, et que l’exposition pourrait en convaincre même le plus réfractaire… d’ailleurs, moi qui y allait plus pour Terminator, Alien et Titanic, j’en suis ressortie en me disant que oui, je reverrais bien aussi Avatar.

Et si je parle de plongée, c’est à juste titre. Déjà parce que l’homme est un artiste, et que le spectateur de l’exposition est confronté à un bel ensemble de son oeuvre picturale, des dessins aux story-boards qui impressionnent par leur méticulosité.

Ensuite, parce que l’on retrouve dans cet imaginaire différents univers qui ne cessent de fasciner :

  • l’exploration de l’espace, notamment avec Alien ;
  • l’exploration des profondeurs (qui est une autre sorte d’espace) avec Abyss et avec Titanic ;
  • l’exploration de l’humain – déformé, transformé, augmenté, notamment avec la série Dark Angel (bon sang je ne me souvenais plus que James Cameron avait réalisé Dark Angel) mais évidemment aussi avec Terminator

Si je récapitule, je suis donc venue à cette exposition en ayant surtout ça en tête :

Je me suis ensuite retrouvée à être hypnotisée par ça :

Et pour finir, ce qui a achevé de me happer (et je n’en finis pas d’être constamment ramenée à l’intelligence artificielle cette année quoi que je fasse), c’est ça :

Je me suis également plongée, du coup, en sortant de l’exposition, dans la lecture de son catalogue, qui fait la part belle à tous les croquis et dessins de James Cameron :

Pour être plus précis, il s’agit d’un ouvrage publié initialement en anglais en 2021. On y retrouve les influences de James Cameron et l’ensemble des croquis, dessins, affiches, storyboards présentés dans l’exposition de la Cinémathèque.

Mais pour en revenir à ces histoires d’intelligence artificielle, et comme je déplorais en février dernier n’avoir pas forcément sous la main des ouvrages qui traitent de l’intelligence artificielle au cinéma, je me suis souvenue d’un ouvrage publié en 2019 : Histoire de la science-fiction, et dont l’auteur n’est autre que James Cameron.

Cet ouvrage n’est pas une histoire de la science-fiction à proprement parler. Il s’agit davantage d’un voyage de passionnés, proposant un itinéraire choisi, avec des étapes clés. Et l’éclairage donné est presqu’exclusivement américain, tant en ce qui concerne la littérature que le cinéma.

Ce qui rend en revanche l’ouvrage passionnant, ce sont deux choses. La première, c’est de reprendre en illustrations certaines des oeuvres de James Cameron, on peut donc considérer ce livre comme une très bonne introduction à l’exposition ou comme un très bon effet d’annonce.

La seconde, c’est la composition en elle-même de l’ouvrage.

Il s’ouvre sur une introduction de James Cameron, et sur la liste de ses films et de ses livres de science-fiction préférés. Suit une préface de Randall Frakes, ami de longue date de Cameron, et un entretien avec ce dernier.

Histoire de la science-fiction est ensuite construit en 6 parties qui s’articulent elles-mêmes en deux temps à chaque fois :

  • un focus thématique sur un aspect de l’univers de science-fiction, décortiqué par un spécialiste de la question : vies extraterrestres, dans l’espace lointain, les voyages dans le temps, les monstres, dystopies, machines intelligentes

  • un entretien de James Cameron avec un poids lourd du cinéma de science-fiction s’étant particulièrement illustré dans l’aspect concerné : Steven Spielberg pour les vies extraterrestres, George Lucas pour l’espace, Christopher Nolan pour les voyages temporels, Guillermo Del Toro pour les monstres, Ridley Scott pour les dystopies, et Arnold Schwarzenegger pour les machines intelligentes

Chaque focus thématique remet l’aspect en perspective, à travers la littérature de science-fiction et le cinéma, et en donnent des éléments fondamentaux, qui reviennent parfois périodiquement en échos dans les autres chapitres : on y retrouvera ainsi le rôle fondamental de 2001 : l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, ou du roman de H.G. Wells, La Guerre des mondes.

Chaque entretien offre la confrontation de deux univers d’artistes et de deux créateurs, et rappelle ainsi que lorsque deux interlocuteurs ont un regard passionné sur leur art, les réponses peuvent être plus courtes que les questions, comme c’était déjà le cas pour les entretiens Hitchcock / Truffaut.

D’ailleurs la comparaison ne s’arrête pas là : si les entretiens entre Alfred Hitchcock et François Truffaut ont d’abord été enregistrés sur magnétophone, les entretiens entre James Cameron et ses comparses étaient à l’origine une série documentaire, dont j’ai tenté de retrouver la trace (elle semble actuellement disponible sur Amazon Prime, et je pense ne pas tarder à la regarder, puisque les extraits que j’ai pu trouver montrent que les conversations sont ponctuées de scènes de films, ce qui doit rendre le tout particulièrement immersif !).

Il n’y a pas un chapitre moins réussi qu’un autre. L’ensemble est captivant, et encore une fois, les accélérations récentes de l’intelligence artificielle donnent un relief particulier à certains échanges :

  • Christopher Nolan qui implique des scientifiques dans chacun de ses projets et qui demande à James Cameron s’il a rencontré Elon Musk,
  • l’exploration spatiale et les questionnements autour du réchauffement climatique,
  • les dystopies qui nous promènent de Metropolis à Matrix,
  • les différentes incarnations de robots et d’humanoïdes au cinéma, avec des évocations qui vont de Blade Runner à Westworld, en passant par Alien,
  • et surtout la conversation savoureuse avec Schwarzenegger, une nouvelle fois sur les applications de l’intelligence artificielle et leurs répercussions dans le domaine militaire ou économique.

Cela m’a d’ailleurs rappelé un autre ouvrage dont j’ai déjà eu l’occasion de reparler dans mon article du mois de mai : le Terminator publié par les éditions Akileos dans la collection BFI : les classiques du cinéma, et dont j’avais fait le compte-rendu dans un article de mars 2020 consacré aux robots aux cinéma.

Comme quoi, moi qui râlait encore il y a deux mois sur le trop peu de littérature cinéphile consacrée à la question de l’intelligence artificielle au cinéma, il me suffisait de faire un retour aux sources et aux origines, à savoir de me replonger dans le cinéma (et l’oeuvre) de James Cameron, et de prendre conscience aussi que ma marotte sur l’intelligence artificielle ne date pas d’hier, mais qu’elle s’est auto-alimentée d’elle-même, avec en 2023 un livre que j’aurais pu lire bien plus tôt si j’en avais pris la peine.

Je rajoute d’ailleurs ici la réponse d’Eurêkoi à ma question sur l’intelligence artificielle comme thème traité au cinéma :

Réponse Eurêkoi cinéma : IA

Reste à me plonger dans cette série documentaire de James Cameron pour continuer à nourrir visuellement cette marotte, à voir et à revoir les films mentionnés dans ce magnifique ouvrage de James Cameron, et à guetter les livres qui ne manqueront pas de sortir sur la question !

D’ici là je vous souhaite de beaux rêves cinéphiles sans trop d’apocalypses et vous donne rendez-vous très vite pour un nouvel article sur Cinéphiledoc !

Rétrospective Star Wars édition 2024

Pour ce nouveau compte-rendu de lecture, qui devrait être un peu plus succinct que les autres, j’ai choisi comme point de départ précisément l’ouvrage sur lequel je m’étais arrêtée le mois dernier.

En effet, dans Ça RE Tourne, Philippe Lombard évoque la saga Star Wars à plusieurs reprises.

Il y a tout d’abord le rappel de l’attaque en justice par la Fox d’Universal Pictures, accusé d’avoir plagié Star Wars avec la série Battlestar Galactica.

Il y a aussi l’évocation de ces films turcs qui s’ingénient à copier les productions américaines, dont Star Wars en dupliquant certaines scènes projetées derrière les acteurs.

Mais il y a aussi et surtout tout ce qui est sorti d’abord de Lucasfilm mais aussi des studios Disney pour alimenter l’univers Star Wars.

Tour d’horizon Star Wars côté spectateur

Personnellement, j’ai depuis longtemps perdu le fil de tout ce que cet univers compte de films et de séries…

Contrairement aux inconditionnels de la saga, je ne scrute pas tout ce qui apparaît désormais sur Disney Plus, et je n’ai jamais pris la peine de lire ce qui relève de l’univers étendu (romans et bandes dessinées).

Essayons tout de même :

  • j’avais tenté il y a quelques temps de faire un palmarès des trois trilogies, je n’en démords pas, je reste irrémédiablement attachée à la trilogie originelle, même si j’ai aussi un petit faible pour l’épisode III ;
  • concernant les films dérivés, j’ai adoré Rogue One (donc je ne me considère pas totalement comme un cas désespéré parmi les fans de la saga), mais je n’ai pas vu celui sur Han Solo ni The Clone wars ;
  • concernant les séries dérivés, là encore je n’ai pas été jusqu’au bout de l’aventure – qui continue certainement au moment où j’en parle. J’ai dû voir quelques épisodes de Star Wars : Clone wars, et peut-être la première et la deuxième saison de The Mandalorian, mais aucune idée du moment précis où je me suis arrêtée…

Bref, comme je l’indiquais dans mon article précédent, les suites et les sagas ne sont pas vraiment / toujours ma tasse de thé.

J’apprécie généralement les premiers éléments, la construction d’un univers, la découverte des histoires, mais il y a toujours un moment où je me lasse, et ce n’est pas propre à Star Wars.

J’ai adoré Harry Potter mais je n’ai jamais accroché aux Animaux fantastiques, j’ai suivi les différents films Marvel et DC Comics sans faire de préférence mais jusqu’à l’indigestion. Dans un tout autre style je n’ai raté aucun épisode de Downton Abbey mais je n’ai jamais vu les films dérivés de la série. Ça prend ou ça ne prend pas…

Il y a cependant quelque chose qui va généralement attirer mon attention, c’est le retour aux sources.

Panorama Star Wars côté lecteur

Bien qu’ayant décroché depuis un moment de tout cet univers, Star Wars fait tout de même partie de ma bibliothèque et d’une manière étonnamment envahissante depuis plusieurs années.

  • Beaux livres

Je regrette d’avoir ainsi laissé partir un élément de choix, qui faisait partie des plus beaux livres à mon sens sur la question :

En tout cas je n’ai pas réussi à remettre la main dessus… l’ai-je prêté et à qui, je ne me souviens plus ! Je me dis qu’il ressortira certainement dans 3 ans pour une nouvelle édition mise à jour.

J’en ai un deuxième heureusement, tout aussi beau, mais qui s’intéresse à une autre aspect (moins chronologique) de la question :

L’ouvrage s’intéresse aux aspects artistiques de la saga (décors, costumes, personnages).

  • Guides et manuels en tous genres

Pour le coup, j’ai une belle collection de ces petits ouvrages qui reviennent sur l’univers en général et tentent d’en faire la synthèse.

Le premier faisait partie de la collection BFI : les classiques du cinéma, publié chez Akileos et que j’achetais de manière compulsive à une époque.

Là encore, une collection, une suite d’ouvrages, je ne sais pas à quel numéro en est la collection, je me suis arrêtée au numéro 17 avec Terminator (encore une saga).

Le second est un de mes chouchous puisqu’il présente l’univers Star Wars sous forme d’infographies et j’adore les infographies ! Les deux suivants utilisent à peu près le même procédé, avec le Manuel du Jedi et Survivre dans la galaxie.

Enfin, les deux derniers sont un peu plus sérieux avec d’un côté les aspects mythiques et philosophiques, et de l’autre les aspects scientifiques.

  • Témoignages

Néanmoins, l’un de mes ouvrages préférés en lien avec cet univers c’est le livre Journal d’une princesse de Carrie Fisher, que j’avais trouvé d’une force et d’un humour irrésistibles.

Elle y revient sur le tournage des premiers Star Wars, en particulier le tout tout premier tournage dans les studios de Londres, et j’associe toujours depuis son écriture décalée et attachante à cette vidéo où elle s’adresse directement à George Lucas :

De la même manière j’adore voir et revoir son caméo dans la série Big bang theory où elle pète un câble face aux intrusions chez elle de James Earl Jones.

Et je renvoie à l’excellente vidéo de la chaîne de P.A.U.L. qui revient sur sa carrière. Et que je vais de ce pas retourner voir.

Un point reste indéniable : Carrie Fisher manque.

Fort heureusement, les deux ouvrages qui ont retenu mon attention pour cet article lui font la part belle.

Gloire aux éditions Taschen

Petite aparté ici. S’il y a quelque chose qui me console de ne plus mettre la main sur le magnifique livre Génération Star Wars mentionné plus haut, c’est parce j’ai dans ma bibliothèque un remplaçant petit mais costaud, dont je n’avais pas encore parlé sur ce site, mais qui nous replonge de manière captivante dans les origines de la saga.

J’adore les éditions Taschen. Ou plutôt soyons un peu plus enthousiaste… J’adooooooooore les éditions Taschen, qui font certains des plus beaux livres que je connaisse sur le cinéma.

Et quand vous ne voulez pas mettre dans un livre sur le cinéma le même prix qu’un livre des éditions Citadelle et Mazenod – donc clairement vous ne prenez pas les éditions de droite sur ma capture d’écran – vous pouvez toujours prendre les petites éditions de gauche qui restent tout à fait satisfaisantes visuellement.

Soyons même plus claire : elles seront tout aussi bluffantes, tout en restant à la fois accessibles pour le portefeuille et transportables.

J’ai régulièrement craqué pour ces ouvrages (ou j’ai eu la chance de me les faire offrir) et en voici quelques exemples :

Celui-ci est l’une des plus belles pièces de ma collection. Alors que l’édition plus accessible était déjà disponible, l’un de mes proches m’a tout de même offert la version lourde.

J’aurai l’occasion d’en reparler dans un prochain article (en juin ou en septembre) sur Chaplin, mais un couple d’amis m’avait également offert ce magnifique ouvrage (je précise que généralement, les ouvrages de ce format sont en anglais et accompagnés d’une notice en français qui traduit l’intégralité du texte).

Mais ce que j’aime aussi chez Taschen, c’est notre amour partagé visiblement pour le cinéma de Kubrick, et parmi les premiers ouvrages de cette maison d’édition qui ont rejoint ma bibliothèque, il y avait les Archives Kubrick et un livre format vinyle exclusivement consacré à Barry Lindon :

Mais revenons-en à Star Wars… à l’heure actuelle sont disponibles une version mastoc en français des archives de la prélogie, une version mastoc en allemand de la trilogie, et les deux versions plus accessibles de la trilogie et de la prélogie.

C’est évidemment celle consacrée à la trilogie que j’ai choisie, sous la plume de Paul Duncan et publiée en 2020.

Il s’agit d’une somme absolument fabuleuse et captivante sur ces trois premiers épisodes de la saga, où le lecteur est replongé dans la conception des décors et des costumes, et dans les tournages avec des photos de plateaux.

L’autre raison qui fait que j’adore aussi les éditions Taschen, c’est qu’elles permettent très généreusement de télécharger quelques pages de leurs ouvrages, ce qui me permet encore une fois d’illustrer cet article :

Rien de tel que ces quelques images pour donner directement envie d’avoir le livre entre les mains, et de revoir les films dans la foulée !

Star Wars en BD

Mon véritable coup de coeur cependant revient à une publication plus récente, que j’ai hésité à ajouter dans ma bibliothèque – je me suis contentée de la commander pour le CDI.

Dès réception, je l’ai mise de côté pour prendre le temps de m’y plonger, et franchement je n’ai pas regretté le voyage !

Il s’agit d’une bande-dessinée publiée en octobre 2023 aux éditions Deman : Les Guerres de Lucas, sous les plumes virtuoses de Renaud Roche et Laurent Hopman.

J’avais aperçu l’ouvrage en librairie, directement happée par la couverture, mais j’avais tout de même été arrêtée très brièvement par le format, et puis j’avais tergiversé, avant de la glisser dans mes commandes.

J’ai dévoré les quelques 200 pages en une heure, me délectant tout autant du dessin, qui est des plus immersifs et qui permet au lecteur de retrouver la force (justement) de l’univers Star Wars, que du scénario qui dresse un portrait de George Lucas et revient sur le tournage épique du premier épisode de la trilogie.

On y retrouve Lucas avant Star Wars : son parcours scolaire plus que chaotique, un accident de voiture qui le décide à entamer des études de cinéma, ses rencontres marquantes de l’époque avec Spielberg, Coppola et Marcia Lou Griffin qui deviendra sa femme jusqu’en 1983.

J’ai retrouvé également dans le récit du tournage le témoignage qu’en avait donné Carrie Fisher dans son Journal d’une princesse : le casting, les soirées londoniennes arrosées, la liaison avec Harrison Ford, et le fameux « pas de soutien-gorge dans l’espace ».

Le pari, finalement, de la bande-dessinée, est de nous raconter cette histoire presque comme si nous la découvrions et comme s’il s’agissait de l’épopée d’un de ces héros aux mille et un visages (l’une des lectures de chevet de George Lucas, l’oeuvre de Joseph Campbell) ou comment George Lucas est devenu le créateur de Star Wars.

Et cela, sans jeu de mots, c’est un beau tour de force.

On prend les mêmes…

…Et on recommence.

Voici un début d’article peu commun et peu dans mes habitudes.

Quoique, si je me réfère à je ne sais plus quel article cinéphile où j’évoque la façon dont « j’accouche » de mes articles, on peut voir une similitude dans la manière dont celui-ci a commencé à faire son chemin dans ma tête :

épiphanie à telle page (non, c’était bien après ma lecture), association d’idées avec tel et tel élément, cinéphile ou non, et enfin le moment opportun où je m’assois devant l’ordi pour poser les mots les uns après les autres, une fois le titre de l’article trouvé.

Lorsque j’ouvre d’ailleurs le tableau de bord de mon site, je me souviens qu’il faut aussi que j’ajoute la réponse d’Eurêkoi à mon précédent article cinéphile et que j’avance dans la rédaction du 5e épisode de mes notes de lecture sur l’intelligence artificielle… mais ceci est une autre histoire.

Revenons-en aux mêmes qui recommencent…

Toujours les mêmes…

Il y a une certaine récurrence sur ce site, c’est un fait établi. À intervalles plus ou moins réguliers, ils réapparaissent. Cette fois-ci, ce n’est pas François Truffaut, ce n’est pas Alfred Hitchcock ni Charles Chaplin (quoique très prochainement…), ce n’est pas non plus Romy Schneider.

Pour ce nouvel article, après quelques mois d’absence, c’est à nouveau l’ami Philippe Lombard qui revient sur Cinéphiledoc.

Et paf, j’ai en tête une vidéo vue il y a quelques mois sur Instagram d’un compte que je suis avec juste le début de la chanson de Joe Dassin « Salut, c’est encore moi… », j’en glisserai le lien un peu plus bas.

Je ne vais pas à nouveau glisser ici la liste non exhaustive des ouvrages qu’il a à son actif, sachant que j’ai toujours quelques mois de décalages entre leurs publications, mes lectures et la rédaction de mes articles.

En 2023, j’ai consacré deux articles à cet hyperactif graphomane sur trois ouvrages différents publiés entre 2022 et 2023.

Et je sais qu’il sait que je sais qu’il sait que je sais qu’il sait (et je pourrais continuer longtemps) qu’il y a toujours ce délai entre le moment où l’ouvrage arrive dans ma boîte aux lettres, ce qui est réconfortant, elle qui est toujours habituée aux factures et aux publicités, et le moment où je lis et où je publie l’article.

En février, j’annonce donc que je suis en pleine lecture « ah quand même ! », tiens revoilà ce mot… quand même

Bref !

Un nouvel épisode…

Pour ce (presque) dernier né des productions Lombard, il s’agit d’un nouvel opus de la série / saga / collection publiée chez La Tengo :

Je glisse ici malicieusement le petit clin d’oeil qu’a suscité chez moi le titre de cet article… on prend les mêmes / on prend les mèmes (et tant pis pour ceux qui ne trouvent pas ça drôle).

La collection comprend déjà quatre ouvrages, tous chroniqués avec délectation sur ce site :

  • Ça tourne mal
  • Ça tourne mal… à Hollywood
  • Ça s’est tourné près de chez vous
  • Ça tourne mal… à la télé !

Après ces cocktails déjà bien explosifs, le sieur Lombard est retourné à ses fourneaux pour nous concocter un nouveau numéro consacré aux suites, prequels, reboots, cross-overs… recettes quelquefois heureuses mais pas toujours fabuleuses :

Avec Ça RE Tourne ! : La folle histoire des sagas, suites et remakes du cinéma, publié en novembre 2023, il nous rappelle que si parfois les aventures d’Astérix se terminent en banquet final et que si le Tour de Gaule permet de rapporter toutes les spécialités de chaque province gauloise, il suffit d’avoir la main un peu lourde pour transformer le tout en pudding à l’arsenic.

Bref, avec beaucoup de chance on a Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre et avec moins de chance on se retrouve aux jeux olympiques avec Francis Lalanne. Et non, je ne fais pas référence aux jeux olympiques de Paris 2024. Quoique, là encore.

Sagas, suites, remakes

J’ai un rapport un peu particulier, empreint de mauvaise foi et de ronchonnerie, aux suites, réécritures et adaptations.

Je les considère généralement avec un mélange de fascination et de méfiance, gardant dans un coin de ma tête la locution italienne Traduttore, traditore (Traduire, c’est trahir) qui, je trouve, s’applique aussi aux remakes et aux différents épisodes de sagas.

Je préfère la trilogie à la prélogie de Star Wars, je me lasse très rapidement des croisements des univers Marvel, préférant généralement le tout premier film où l’on voit la métamorphose de Captain America ou d’Iron Man en super-héros.

Et pourtant mon Indiana Jones préféré est le troisième (La dernière croisade), j’ai savouré jusqu’au bout les films Harry Potter (sans jamais apprécier de la même manière Les Animaux fantastiques) et Le Seigneur des anneaux (idem avec Le Hobbit), et j’ai quelques trilogies qui font partie de mon panthéon cinéphile comme Le Parrain ou The Dark Knight.

Je pourrais voir n’importe quel film mettant en scène le personnage de Robin des Bois, que ce soit la version avec Errol Flynn, celle de Disney, celle de Kevin Costner (en plus il y a Alan Rickman en sheriff) et même celle de Ridley Scott trouve grâce à mes yeux, surtout grâce à Russell Crowe et Cate Blanchett…

Et je n’ai jamais vu, malgré tout ce que j’ai pu voir de la filmographie d’Hitchcock ou lire sur son cinéma, sa première version de L’Homme qui en savait trop.

C’est donc avec ces pensées et ces souvenirs cinéphiles quelque peu désordonnés, papillonnants et euphoriques que j’ai accueilli la lecture de Ça RE Tourne, que je persiste à écrire de cette manière pour mieux mettre en évidence la relation de cette suite avec les numéros précédents.

Ça RE Tourne

L’ouvrage de Philippe Lombard revient en cinq chapitres sur ces madeleines de Proust pas toujours ratées ni toujours réussies d’ailleurs dont on reprend souvent un morceau… ou que cinéastes ou producteurs veulent nous voir parfois ingurgiter ad nauseam parce que justement on a eu l’air d’aimer la première bouchée.

Et pourtant, dès le début, c’est une histoire à épisodes, avec ses personnages récurrents – dont Charlot est emblématique – et ses suites. Et de nous remettre en mémoire tout aussi bien Antoine Doinel que Le Gendarme de Saint-Tropez, auxquels je voue un similaire attachement (bon sauf Le Gendarme et les gendarmettes qui est nullissime).

Dans le deuxième chapitre, Philippe Lombard revient sur les cinéastes qui inspirent les autres ou vont jusqu’à retourner leurs propres films : on y retrouve dans la première catégorie Pagnol, Kurosawa et Tarantino qui s’inspire de partout et fait de chacun de ses films des incroyables bouillons de culture cinéphiles (voir d’ailleurs à ce sujet l’ouvrage du même Lombard, Tarantino reservoir films, à mon sens l’un des meilleurs crus).

Et évidemment parmi les auto-remakeurs (deux fois sur le métier remettez votre ouvrage) Leo McCarey et son Love Affair / An Affair to Remember  – dont je n’ai vu que le deuxième, préparez vos mouchoirs… oups un titre de Blier qui n’a rien à faire ici ! et Alfred Hitchcock avec son déjà cité Homme qui en savait trop.

Le troisième chapitre revient sur les films dont on a fait des suites, et des suites, et encore des suites : les Dracula de la Hammer, les Panthère rose, les Emmanuelle et les Freddy…

Viennent ensuite les réécritures pas toujours heureuses d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique et jusqu’aux films qui se révèlent des clones et des rejetons fabriqués, comme la créature du docteur Frankenstein, avec des bouts de ci et de ça, et surtout avec les moyens du bord, mais où parfois la copie est proche de dépasser l’original, comme lorsque trois amis d’enfance décident de refaire plan par plan Indiana Jones : Les aventuriers de l’Arche perdue.

Ce qui a donné lieu en 2015 à un film documentaire sur cette aventure de 35 ans, Raiders !: The Story of the Greatest Fan Film Ever Made. 

Finalement, si l’on voulait retenir une chose de cette folle équipée que nous propose encore une fois Philippe Lombard en cinq chapitres lancés à toute allure, c’est bien celle-ci : les suites, les remakes, les sagas, ce sont bien à chaque fois le même refus de quitter l’aventure qui les motive.

Et même si c’est parfois un peu too much, et même si on a eu notre dose, rien n’empêche d’autres d’en reprendre une part.

Et même, et mème

Je le disais au moment du départ, comme à l’accoutumée la lecture et la préparation de cet article a suscité dans ma caboche une foule de petites étincelles…

Partir du titre « On prend les mêmes… » m’a fait tour à tour me promener dans ces quelques détours :

  • j’ai feuilleté le deuxième livre qui se trouve dans ma bibliothèque sur Les Remakes, un ouvrage de Laurent Bourdon (auteur d’un fabuleux Dictionnaire Hitchcock) publié en 2012 ;
  • je suis allée revoir une vidéo du Fossoyeur de films sur le cri de Wilhelm parce que ça m’a fait sourire de penser aux éléments répétitifs des films, aux effets d’échos et de résonances et que le premier qui m’est revenu en tête, c’était ce cri ;
  • j’ai papoté avec un ami, Cyril, qui adore faire des mèmes en utilisant le site Imgflip, avec une certaine virtuosité. Cyril a été mon tuteur lorsque j’étais stagiaire profdoc, et avec mes petites tentatives, j’essaye à nouveau d’égaler mon maître Jedi…
  • parlons profdoc, je recommande d’ailleurs le compte Instagram Le Mec du CDI avec ses reels, j’indiquais justement plus haut sa réutilisation drôlissime de la chanson de Joe Dassin pour évoquer les habitués du CDI ;
  • enfin cela m’a permis d’enrichir ma culture numérique avec l’incroyable article de Wikipédia sur le Mème Internet, et son illustration :

By That’s Pretty Good – Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=71808738

Cela nous a encore amené loin toutes ces histoires… et cela risque de continuer.

Pour la faire courte… la suite au prochain épisode, sur Cinéphiledoc !

Imaginaires cinéphiles : déambulations rêveuses et intelligence artificielle

J’avais l’habitude depuis quelques années, pour cet article cinéphile du mois de mars, d’essayer le plus possible de mettre à l’honneur les femmes, qu’elles soient actrices, réalisatrices, scénaristes ou youtubeuses.

J’ai donc regardé vers début janvier et jusqu’à la mi février ce qui était en tête de gondole dans les ouvrages sur le cinéma… cependant, rien parmi les biographies et les autres documentaires n’a pu retenir mon attention. Rien non plus du côté des romans ou des bandes-dessinées, qui aurait pu convenir.

Comme cette idée me tenait tout de même à coeur, je me suis retrouvée bien embarrassée, et début mars approchant, je n’avais toujours pas commencé ni à lire ce qui pouvait rentrer dans ce cadre, et encore moins à l’écrire.

Au moment où j’écris ces premières lignes, nous sommes le 3 mars, et j’ai décidé de consacrer cet article à une petite promenade parmi plusieurs thématiques et ouvrages, pour en venir à un sujet qui m’accapare ces derniers temps sur le plan professionnel mais aussi personnel.

Si l’article déroge à son intention annuelle, je me raccroche au fait que je lui cède mes préoccupations et envies du moment, et c’est déjà suffisant…

Cinéma : Vers des mondes imaginaires

Le point de départ de mes déambulations reste tout de même un ouvrage : une publication relativement récente de Christophe Lemaire, que j’ai trouvé par hasard en librairie.

Il s’agit d’un petit ouvrage qui a été édité en exclusivité par la FNAC, et qui était offert en fin d’année dernière lorsque l’on allait en magasin.

Ce n’est pas la première fois que la FNAC prend ce type d’initiative, puisqu’elle est également à l’origine de guides avec des incontournables en bandes-dessinées par exemple.

Ce guide « Cinéma : Vers des mondes imaginaires » est donc un petit condensé très bien pensé, et avec une écriture complice, voire parfois impertinente. L’auteur s’amuse avec son lecteur, à coups d’aparté, de traits d’humour, d’autres références et de parenthèses.

Trois formes d’itinéraires sont proposées, déclinées à leur tour en trois suggestions de voyages :

  • du réel à l’imaginaire ;
  • visions du futur ;
  • mondes imaginaires

Pour le lecteur qui ne s’est jamais risqué dans ce type d’aventures, ce petit ouvrage sympathique fait office de mise en bouche (ou de pied à l’étrier), avec une perspective historique du genre ou des genres explorés, et des pistes d’exploration.

Ainsi la partie « Du réel à l’imaginaire », et son chapitre « Voyages dans le temps » évoquent tout autant les incontournables La Planète des singes, Retour vers le futur, Un jour sans fin, Edge of tomorrow et Interstellar.

Dans la partie « Mondes imaginaire », l’auteur accorde une brève sous-partie aux « Jeux vidéos et internet en folie ».

Évidemment, on retrouve dans cet ouvrage l’évocation en pointillés de l’intelligence artificielle, que ce soit avec des créatures et des ordinateurs (de Metropolis à Terminator en passant par HAL dans 2001 : l’odyssée de l’espace) ou avec l’évocation d’uchronies et de dystopies comme 1984 ou Matrix.

Le jeu vidéo est mentionné notamment avec le film Ready player one de Spielberg, même si ce dernier ne vaut pas le roman dont il est adapté (même pour une fan de Spielberg comme moi).

Bref, vous me voyez venir, cet ouvrage m’a donné envie de relier intelligence artificielle et cinéma, et pour cela, mes déambulations m’ont conduites vers différents ouvrages, films, séries télévisées et recherches sur Internet.

Intelligence artificielle au cinéma

Après cette évocation en pointillés dans le guide de Christophe Lemaire, je me suis demandé si cette question brûlante de l’intelligence artificielle avait suscité quelques publications récentes, non pas comme d’habitude dans le rayon 000 si l’on reprend notre classification décimale de Dewey (et plus précisément le rayon dédié à tout ce qui concerne l’algorithmie et la programmation), mais si par hasard un cinéphile avait décidé de consacrer un ouvrage entier à cette question.

Le seul ouvrage relativement récent, et sur lequel je n’ai pour l’instant pas pu mettre la main (ce qui m’attriste parce qu’il correspondait exactement à ce que je recherche) est : Génération I.A. : 80 films et séries pour décrypter l’intelligence artificielle, d’Alexandre Pachulski, et j’ose espérer que prochainement cet auteur, ou quelqu’un d’autre, aura l’idée d’actualiser cette initiative avec des éléments plus récents. 

Du coup, j’en ai été réduite à reprendre des ouvrages bien plus anciens et qui figuraient déjà dans ma bibliothèque (et qui restent des références, bien que certainement indisponibles désormais).

Parmi eux : Science et science-fiction, publié en 2010 (il s’agissait du catalogue d’une exposition proposée par la Cité des sciences), évidemment le pavé 100 de cinéma fantastique et de science-fiction de Jean-Pierre Andrevon, ou encore Rêves et séries américaines de Sarah Hatchuel.

J’ai également repris mes lectures sur l’intelligence artificielle et me suis replongée dans cette chronologie de la revue Le 1 :

Et je me suis aussi souvenue de la façon dont Laurence Devillers dressait le panorama des origines littéraires et cinématographiques de la robotique dans son ouvrage passionnant Des robots et des hommes : Mythes, fantasmes et réalités, publié en 2017.

Évidemment, j’ai aussi repris quelques-uns des ouvrages de SNT (Sciences numériques et technologie) en format papier et numérique, que j’avais déjà consultés pour préparer mes séances sur l’intelligence artificielle avec mes classes.

Et puis j’ai eu l’idée de consulter quatre outils sur la question, et je reproduis donc ci-dessous mes quatre itinéraires de recherche.

Intelligence artificielle et cinéma : 4 itinéraires de recherche

Itinéraire 1 : demander à une i.A.

J’ai tourné et retourné la question dans ma tête, et c’est (je le montrerai plus loin) l’humain qui m’a indiqué qu’une formulation trop large pouvait permettre évidemment d’aborder la question sous deux aspects, surtout si l’on s’intéresse aux applications les plus actuels de la question.

Mais j’ai aussi voulu comparer deux outils différents, et j’ai donc utilisé dans un premier temps le plus connu, à savoir Chat GPT.

Voici la réponse qu’il m’a apportée :

Je donne ci-dessous le lien de la réponse complète :

https://chat.openai.com/share/c36a3c3f-7824-4848-a3a5-a072bca699e8

itinéraire 2 : demander à une i.A. qui cite ses sources

En parallèle de Chat GPT, j’ai voulu tester l’outil Perplexity en lui posant rigoureusement la même question. La réponse apportée était plus concise mais me renvoyait vers cinq sources à consulter :

Par ailleurs, l’outil me renvoyait vers d’autres questions précédemment posées et pouvant compléter la question telle que je l’avais formulée :

Les questions connexes proposées (et indiquées ci-dessous en capture d’écran) ont fait le lien avec les deux autres outils de recherche que j’ai utilisés.

itinéraire 3 : se promener dans wikipédia

Ayant utilisé ces deux outils, je me suis dit que la question avait certainement été abordée dans un article de Wikipédia. J’ai cherché du coup un article dédié aux représentation de l’intelligence artificielle au cinéma, et je suis directement tombée sur le film de Spielberg : A.I. Intelligence artificielle.

Cela ne me convenait pas, je suis donc allée directement sur l’article consacré à l’intelligence artificielle, en utilisant l’outil Wikiwand (extension installée sur mon ordinateur) :

Cela m’a amenée à la catégorie connexe « Intelligence artificielle dans l’art et la culture », puis aux sous-catégories « Intelligence artificielle dans la fiction » et « Film sur l’intelligence artificielle ».

Je me suis souvenue que Wikiwand propose des outils d’intelligence artificielle justement pour résumer les articles de Wikipédia, et je suis donc retournée à mon point de départ :

Mais l’outil ne m’a pas proposé de me résumer la partie sur l’intelligence artificielle dans la science fiction, j’en donne donc directement le lien direct, cette partie étant finalement relativement synthétique…

itinéraire 4 : et si j’allais plutôt embêter un humain ?

Récemment dans le cadre de ma veille et de la préparation de mes formations, j’ai remis le nez dans un outil que j’avais utilisé de temps en temps, et je me suis souvenue de sa richesse et de son efficacité.

Le parallèle avec Chat GPT m’a d’ailleurs amusée, puisqu’il s’agit cette fois de poser une ou des questions à un humain. Certes, la réponse n’est pas automatique, mais elle reste rapide, et elle nous est donnée par un expert de la question.

Il s’agit du service Eurêkoi proposé par la BPI, et à qui j’ai posé la question : « Je cherche des informations sur l’intelligence artificielle au cinéma »

Moins de 24h après, j’ai reçu une réponse, dont je donne ici les premiers éléments, puisque cette réponse était assez détaillée et approfondie :

Bonsoir,

Vous avez fait au service de questions/réponses Eurêkoi la demande suivante :  » Je cherche des informations sur l’intelligence artificielle au cinéma », sans plus de précision, c’est-à-dire sans que l’on sache si vous voulez des informations sur l’exploitation de l’IA par l’industrie cinématographique, ou si vous souhaitez des informations sur la manière dont l’IA apparaît, est présentée au cinéma, différents films (c’est un thème de science-fiction assez récurrent).
=> Vu le contexte actuel, je vais supposer que c’est la première interprétation qui est la bonne, à savoir que vous voulez des informations sur l’exploitation de l’IA par l’industrie cinématographique.
C’est visiblement tout le secteur qui se sent menacé, en tout cas remis en question, par l’explosion de l’IA, et notamment de l’IA générative dans la production de contenus. Les impacts de l’IA apparaissent sur différents secteurs : l’écriture du scénario, les effets spéciaux, la création d’image de synthèse d’acteurs ..
Sur l’exploitation de l’IA au service des effets spéciaux, vous pouvez consulter le dossier en plusieurs articles de Futura sciences, intitulé Effets spéciaux et intelligence artificielle, par Floriane Boyer (date ?).
Extrait : « Comme on vient de le voir, l’IA pourrait remplacer la technique de motion-capture pour créer des personnages virtuels. […] es progrès exponentiels des ordinateurs remettent-ils donc en question le rôle futur des acteurs au cinéma et celui des animateurs humains qui conçoivent les films d’animation ? L’IA saura-t-elle un jour fabriquer toute seule des images de synthèse ? Ou créer un être humain virtuel de toutes pièces pour en faire l’acteur principal de son film ? Depuis peu, elle s’essaie même à la rédaction. Peut-être pourra-t-elle un jour réaliser un film en entier, scénario compris, sans assistance humaine ? « 
Ou encore, sur le même site, cet article : Cette IA qui va révolutionner les effets spéciaux dans les vidéos, par Edward Back, 10/02/2023.
Extrait :   » Runway est connu pour son IA Stable Diffusion capable de générer des images à partir d’une phrase, à l’instar de Dall-E ou Midjourney. Gen-1 fonctionne un peu comme un filtre Snapchat, mais d’une manière beaucoup plus évoluée. Il faut partir d’une vidéo de base qui servira à fournir à l’IA les éléments de la scène, et les mouvements à reproduire. Indiquez-lui alors le style à utiliser, ou fournissez une image d’exemple, et elle va l’appliquer sur toute la vidéo.

Je pourrais reproduire le reste de la réponse qui est tout aussi pertinent et intéressant.

Ce qui m’a amusée en premier lieu, c’est que la bibliothécaire qui m’a fourni la réponse a directement pointé ce que l’on peut désigner comme la « faiblesse de mon prompt ».

Et cela m’a ramenée à la réalité que l’on constate, quel que soit l’outil ou la personne que l’on interroge : une question, lorsqu’elle n’est pas correctement formulée, ne nous apporte pas (toujours) la réponse pertinente, c’est-à-dire celle qui répond à notre besoin d’information.

En l’occurrence, concernant les liens entre intelligence artificielle et cinéma, les deux aspects de la question m’intéressent tout autant… et d’ailleurs, alors que j’indique le service Eurêkoi comme mon quatrième itinéraire, c’est celui que j’ai utilisé en premier.

Mais il me révèle bien, à moi aussi, en tant qu’usager peut-être un peu paresseux des outils de recherche d’information, à quel point même en essayant de tourner et de retourner dans ma tête la formulation de ma question (ce que j’avais fait trois fois avant de l’envoyer), elle persistait à manquer de précision pour le service humain que j’interrogeais.

Je suis donc retourné vers le service et j’ai demandé quelques approfondissements sur le sujet, en complément de ceux que j’avais déjà pu trouver par moi-même :

  • d’autres éléments sur la façon dont on représente l’intelligence artificielle au cinéma ou dans les séries télévisées (et ce avec des exemples récents autres que peut-être les traditionnels HAL de 2001 l’odyssée de l’espace ou Terminator ou encore Her)
  • des titres d’ouvrages sur le cinéma et les séries télévisées où la question est abordée (je n’en ai trouvé qu’un : Génération IA, publié en 2020, et qui ne semble plus édité).

Le service permettant (comme Perplexity mentionné plus haut) de retrouver les autres questions posées par les usagers, j’ai pu consulter également une question qui traitait de la façon dont l’intelligence artificielle apparaît dans les films et séries télévisées.

Cependant, la question posée par l’usager remontant à 2018, j’espère avoir prochainement des éléments de réponses actualisées fournies par Eurêkoi, et je les ajouterai éventuellement à la fin de cet article.

D’ici là, je vous donne rendez-vous prochainement pour l’article #profdoc du mois de mars ou un autre article sur l’intelligence artificielle, et vous dis à très bientôt sur Cinéphiledoc.

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