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Plaisirs régressifs et gourmandises cinéphiles

J’aimerais donner à ce nouveau compte-rendu de lecture la légèreté d’un grain de maïs soufflé, et sautiller tranquillement, comme à mon habitude, d’une référence cinéphile à l’autre.

L’ouvrage auquel cet article est consacré se prête parfaitement à cet exercice, mais avant toute chose, je voulais revenir au point de départ.

POP !

Le point de départ est quelque chose que j’ai déjà eu l’occasion d’aborder sur ce site, sous des formes plus ou moins sérieuses.

Je reviens en général sur le choix du livre, sur la façon dont mon regard est happé dans une librairie par tel ou tel ouvrage, et sur les différents prétextes d’écriture que ce dernier me donne.

Pour certains livres, le prétexte est vite trouvé.

Un énième travail sur François Truffaut va me permettre de céder à mon plaisir de parler une fois de plus de Truffaut sur Cinephiledoc (voir l’article précédent – ou suivant – ou l’article de tel ou tel mois passé ou à venir).

Pour d’autres, l’accouchement est plus compliqué. Je sais que je veux écrire dessus, mais comment, c’est autre chose.

Alors je patiente, et j’avance dans ma lecture. Et puis, la plupart du temps, au détour d’une page, ça arrive. Reconstitution en temps réel de l’événement dans une conversation :

Je suis en pleine lecture de Ciné Pop-corn, qui se déguste comme un seau de pop-corn… 🍿 J’étais tranquillement sur mon canapé, et comme d’habitude, pop !

l’idée et la structure de l’article ont surgi à la page 90… 

Comme dirait Annie Cordy dans « Le crime est notre affaire », laissez un message après le Pop… Pop !

De ce que j’indique ici, on peut tirer plusieurs observations :

  1. Je suis en général effectivement plongée dans ma lecture quand l’idée globale de l’article m’apparaît, et que, pour ne pas la perdre, je me lève du canapé (ou en tout cas je pose le livre) pour noter rapidement sur mon bullet journal la structure du compte-rendu à venir. D’ailleurs, ceci est une note pour le prochain BuJo : laisser plus de place pour l’ébauche des articles, parce que là c’était un peu serré
  2. Tous les prétextes sont bons pour citer Mon petit doigt m’a dit et Le Crime est notre affaire dans une conversation… ici le message vocal d’Annie Cordy, et encore je ne suis pas allée jusqu’au léopard tacheté ! Comme dirait Boby Lapointe dans une de ses chansons, comprend qui peut !

Bref, au détour de la page 90, une épiphanie (« Épipha… quoi ? » référence à la version française de Hook, Steven Spielberg), je savais comment parler du livre de Philippe Lombard, cru 2023 n°1 : Ciné Pop-Corn : 1975-1995. Les vingt glorieuses de Hollywood.

Un livre comme un seau de Pop-corn

J’étais tentée lorsque j’ai écrit cette phrase d’écrire « seau » comme un « saut », c’était d’ailleurs ainsi que je l’avais épelé dans ma tête dans un premier temps, surtout parce que je ne savais pas comment désigner le contenant du pop-corn… pot ? gobelet ? pas le sachet qui est trop souple, pas la boîte qui est fermée, bref seau comme un seau et pas saut comme un saut.

L’ouvrage de Philippe Lombard publié en mars 2023 aux éditions Hugo Image serait donc l’occasion de plonger la main dans le seau de pop-corn et de piocher tel ou tel grain, en le faisant bien croustiller sous la dent.

Si l’on veut parodier Rimbaud, c’est un ouvrage qui se lit « littéralement et dans tous les sens ». Dans sa structure, on peut certes l’aborder chronologiquement comme le propose le titre avec cette période délimitée sur vingt ans : 1975-1995.

Mais l’on peut tout aussi bien ouvrir Ciné Pop-corn au hasard, et comme moi s’arrêter peut-être pas à la page 90, mais à la celle qui nous apprend comme la voix d’ET a été choisie, celle qui fait le compte du « F word » dans les films de cette période, la réplique culte d’un incontournable, ou le témoignage nostalgique (ou le plus souvent un peu plus vachard) d’un acteur ou d’un réalisateur. À moins que l’on ne veuille tester ses connaissances sur Retour vers le futur ou sur Rocky.

En effet, et là convoquons Forrest Gump, en version originale s’il vous plait :

Mama always said life was like a box of chocolates, you never know what you’re gonna get

L’ouvrage de Philippe Lombard ressemble à la vie dans Forrest Gump, on ne sait pas au fil des pages sur quel chocolat (ou plutôt sur quel pop-corn) on va tomber, même si passée la page 90, et même avant, on est confortablement assis dans notre fauteuil et paré pour la projection.

On y retrouvera donc pêle-mêle :

  • la réplique culte comme dans Les Dents de la mer « Il nous faudrait un plus gros bateau. »
  • Silence… on tourne sur les anecdotes de tournage
  • Ça balance pas mal, lorsqu’une star en stress post-traumatique se venge en interview sur son réalisateur, ou lorsqu’un réalisateur épuisé raconte les caprices de sa star
  • Yoda a dit : la voix de la sagesse généralement, qui révèle les secrets de fabrication ou est rétrospectivement prophétique

Ce sont les rubriques que l’on retrouve le plus souvent, mais il y en a d’autres tout aussi jubilatoires : les Quiz qui testent notre culture, les statistiques déjà mentionnés plus haut qui font le compte des femmes séduites par James Bond (trop) ou du F… word, les VF vs VO avec les bizarreries de la traduction française (Chewie qui devient Chico) ou encore des questionnements sur les titres et les slogans promotionnels choisis…

Pop culture

En parcourant l’ouvrage de Philippe Lombard, je me suis rendue compte d’ailleurs que ce que l’on désigne sous le terme de « Pop culture » et que les personnes de ma génération ont pu voir alors qu’ils étaient enfants ou adolescents, je n’ai pu le voir qu’entre ma vingtaine et ma trentaine…

Exception faite des films de Spielberg, qui faisaient l’unanimité à la maison, je n’ai pu voir la plupart de ces films que lorsque mes amis me les ont montrés dans des séances de rattrapage : Star Wars, Retour vers le futur, Blade Runner se sont ajoutés tardivement à mon panthéon cinéphile (et ne parlons pas de Rocky, que j’ai décidé de voir de ma propre initiative en 2021 et parce que je voulais me défouler à ce moment-là).

Au-delà de ces références, ce que m’a rappelé Ciné Pop-corn, ce sont finalement tous ces films qui vont faire partie de notre propre panthéon cinématographique personnel (j’insiste sur la redondance du propre et du personnel) et que l’on va vouloir voir et revoir, même si cet été j’ai appris avec un peu de perplexité que certaines personnes ne revoient jamais un film plus d’une fois…

Dans mon cas, il y aura (et ce n’est pas exhaustif) :

  • les déjà cités Mon petit doigt m’a dit et Le Crime est notre affaire,
  • La Nuit américaine de Truffaut,
  • Hook, de Steven Spielberg,
  • Cinema Paradiso et Le Cercle des poètes disparus (qui sont mes madeleines de Proust)
  • Leçons de séduction de Barbra Streisand,
  • La Grande vadrouille et La Folie des grandeurs,
  • Astérix et Obélix Mission Cléopâtre,
  • Les Tontons flingueurs,
  • Imogène McCarthery,
  • Kaamelott,
  • et plus récemment Mamma Mia !

Je vais m’arrêter là, même si je me rends compte plus tard d’un oubli impardonnable, car la liste risque de s’allonger indéfiniment. Oui je vois, je revois et je revois encore sans me lasser ces films, et de nombreux autres, et c’est avec plaisir que le livre de Philippe Lombard m’a rappelé cette information.

Mais aussi, surtout et enfin, ce que cette lecture m’a apporté, c’est un questionnement tout en légèreté sur le pop-corn, et ce questionnement m’a conduite à sautiller d’un grain de maïs à un autre, à me promener d’un lien hypertexte à un autre pour une petite balade digestive.

Du Pop-corn au cinéma

J’aurais pu à nouveau me rappeler les anecdotes de tournage et l’excellente série de François Theurel alias le Fossoyeur de films, Film wars, sur les tournages apocalyptiques.

Mais après avoir vu un épisode de la saison 2 de Heartstopper, dans lequel Tao emmène Elle au cinéma voir Moonrise Kingdom et où les deux sont installés confortablement dans leurs fauteuils avec deux énormes seaux de pop-corn, deux plateaux repas et deux gobelets de soda, je me suis souvenue d’une autre vidéo du Fossoyeur de films, tout aussi jouissive :

Cette première vidéo m’a rappelée la non moins excellente série de Fabrice de Boni, Axel Lattuada et Marc de Boni : Une séance presque parfaite. Série dont je glisse ici l’épisode 1 :

Cela a poussé mes cogitations sur mais pourquoi les gens ils mangent des trucs au cinéma et non, ne fais pas ton asociale misanthrope et pourquoi le spectateur à côté de mon fauteuil va forcément faire du bruit…

et j’ai retrouvé la vidéo de Mélanie Toubeau sur sa chaîne, La Manie du cinéma, chaîne que j’ai découverte cette année :

Une amie m’avait offert une machine à pop-corn quand ma cinéphilie a commencé à s’exprimer pleinement (je crois même que c’était pour mon vingtième ou mon 25e anniversaire).

Je n’ai pas dû beaucoup l’utiliser, parce que je fais quand même partie, vous l’aurez compris, de ces intransigeants puristes qui veulent que tout le monde reste comme eux en apnée pendant les trois heures quatorze que dure Titanic (même si bon, dans ce cas là, pour l’apnée on repassera, et en plus l’eau est froide…).

Fun fact : cette intransigeance est valable au cinéma, lorsque je suis dans mon canapé à revoir un film vu de multiples fois, j’ai tendance à dire les répliques avant le personnage qui les prononce (ou en même temps).

Je terminerai donc sur une note plus positive qu’un autoportrait en spectatrice grincheuse, avec un autre souvenir suscité par la lecture du Ciné Pop-corn de Philippe Lombard (qui a depuis publié l’ouvrage Paris Pop Culture, plaçant définitivement 2023 comme l’année du « pop »), celle du jeu Pop-corn Garage, dont je glisse ici une capture d’écran :

Le but du jeu : retrouver sur l’image les 66 références cinématographiques. Vous voulez jouer ? C’est par ici :

https://popcorngarage.com/

Bon jeu, bonne séance de ciné et à très bientôt pour un nouvel article sur Cinephiledoc !

Celui par qui le scandale se projette

Lorsque j’ai commencé à feuilleter le livre qui m’intéresse dans cet article, c’est une scène de Cinema Paradiso qui m’est revenue en mémoire.

Flashback

L’une des premières scènes, au début du flashback.

Seul dans la salle de cinéma, le curé du village de Sicile fait projeter sur l’écran les films qui seront proposés aux spectateurs du cinéma.

À chaque scène tendancieuse, à chaque baiser sulfureux entre deux personnages, à chaque dévoilement érotique d’une forme féminine, ne serait-ce qu’entrevue, le même geste est répété d’une manière comique : le père Adelfio agite frénétiquement sa clochette avec réprobation et fait couper la scène par le projectionniste.

Caché derrière un rideau, Toto assiste à ce découpage systématique qui prive les spectateurs d’une partie du film.

Lui qui est le témoin des coulisses n’en est que amusé lorsqu’il observe les réactions de ses voisins de fauteuil une fois la projection lancée : sifflements, huées, et manifestations de désespoir, l’un d’eux commentant le fait que depuis tout le temps qu’il va au cinéma, « j’en n’ai jamais vu qui s’embrassent ».

Par Elena Green artist — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=85728347

Après l’incendie du cinéma, celui-ci est reconstruit grâce au millionnaire Spaccafico, et prend le nom de « Nuovo cinema paradiso ». Durant la projection organisée pour l’inauguration, la première scène de baiser non censurée est acclamée par les spectateurs, qui remercient le nouveau propriétaire, lequel se frotte les mains à la pensée de cette opportunité financière à venir, confirmée par la projection quelques années plus tard du film Et Dieu… créa la femme.

Mises en abyme et séries cinéphiles

Petit saut et allers-retours dans le temps puisque je profite de cette lecture, et de ces souvenirs qu’elle a suscités, pour en évoquer d’autres.

Cinema Paradiso reste encore aujourd’hui l’un de mes films préférés (avec La Nuit américaine), et s’il me permet d’aborder la thématique de la censure, il pourrait me permettre (ou m’a déjà permis) d’évoquer n’importe quel autre sujet, au choix : le cinéma en général, les histoires d’amour et d’amitié, l’Italie et la Sicile, Philippe Noiret, Jacques Perrin, les musiques d’Ennio Morricone, les affiches de cinéma et Autant en emporte le vent

Au moment où j’écris cet article, une série télévisée française sur Brigitte Bardot est diffusée, et j’y reviendrai dans un instant, puisque Bardot semble être devenue, un peu malgré moi et malgré elle, le fil conducteur de cet article.

J’ai eu plusieurs fois l’occasion d’y revenir : j’adore les mises en abyme.

C’est donc tout naturellement que je vais être attirée par Cinema Paradiso comme par La Nuit américaine (ou plus récemment par Once upon a time in Hollywood) et plus généralement par tout ce qui met en scène les coulisses de la création (artistique), que ce soit dans la peinture, la littérature, le cinéma ou les séries télévisées, au premier rang desquels en la matière je place :

  • The Newsroom : une série en trois saisons créée par Aaron Sorkin qui revient sur le quotidien d’une chaîne d’information en continu ;
  • Dix pour cent, qui reste pour moi l’une des meilleures séries télévisées françaises, avec la vie d’une agence artistique ;
  • Et tout en haut du podium à un niveau que je qualifierais de stratosphérique, la série Feud qui met en scène la rivalité de Bette Davis et Joan Crawford sur le tournage du film Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?

C’est donc à nouveau tout naturellement que la série Bardot aura titillé ma curiosité, ajoutant à cet intérêt pour la mise en abyme un intérêt pour l’histoire du cinéma, dont Bardot fait évidemment partie, et un intérêt pour la période historique évoquée par cette création.

Chapitre Bardot

Soyons honnête, je ne connais Bardot que de manière très rudimentaire, et même ce qui constitue les pièces maîtresses de son mythe, je ne les connais que par échos et par référence : les extraits projetés dans Cinema Paradiso et les évocations dans tel ou tel documentaires.

Je n’ai vu ni Et Dieu… créa la femme, ni Le Mépris, qui sont généralement les incontournables des cinéphiles en la matière. Le seul film que j’ai pu voir et revoir avec elle est Viva Maria ! avec Jeanne Moreau.

Finalement je connais mieux Bardot telle que l’a chantée et faite chanter Serge Gainsbourg, puisque pour moi elle reste indissociable de Bonnie and Clyde et Initials BB.

C’est tout de même avec curiosité que je me suis plongée dans la lecture du chapitre consacrée à Et Dieu… créa la femme, l’un des plus de 80 chapitres du l’ouvrage auquel s’intéresse cet article.

Pourquoi ça coupe ?

Il s’agit de l’ouvrage de Guillaume Evin, C’est un scandake ! Ces films qui ont choqué leur époque : de 1915 à nos jours, publié en mai 2022 chez Casa éditions.

Si je l’ai choisi, c’est pour deux raisons.

D’abord pour l’intérêt que l’on peut qualifier de professionnel qu’en tant que professeur documentaliste je porte au phénomène de censure.

En 2019, j’avais proposé une exposition thématique aux élèves sur les livres qui ont un jour été interdits (et sur les livres qui peuvent être interdits pour des raisons parfois surprenantes) :

Ensuite, en tant que cinéphile, pour la façon dont cette dernière s’est manifestée dans l’histoire du cinéma, notamment à travers le fameux Code Hays aux États-Unis :

  1. « Aucun film ne sera produit qui porterait atteinte aux valeurs morales des spectateurs. De la même manière la sympathie du spectateur ne doit jamais aller du côté du crime, des méfaits, du mal ou du péché ».
  2. « Des standards de vie corrects, soumis uniquement aux exigences du drame et du divertissement, doivent être montrés ».
  3. « La loi, naturelle ou humaine, ne sera pas ridiculisée et aucune sympathie ne sera accordée à ceux qui la violent »

mais surtout à travers la façon dont les cinéastes redoublaient de virtuosité et d’ingéniosité pour s’en affranchir ou le contourner, comme Hitchcock dans Les Enchaînés, La Main au collet ou La Mort aux trousses.

Pourquoi à un moment donné, pour tel ou tel film, il va y avoir un père Adelfio qui va agiter une clochette, et pourquoi quelques années plus tard, on se demandera, à la manière de Shakespeare, si tout cela n’était pas, finalement, beaucoup de bruit pour rien ?

C’est l’entreprise que propose de reconstituer Guillaume Evin dans son ouvrage : en se penchant sur un peu plus de 80 films, de Naissance d’une nation de Griffith (1915) à Grâce à Dieu de Ozon (2019), il étudie le contexte historique, politique, religieux et social qui fait que la sortie d’une oeuvre cinématographique va échauffer, voire enflammer les esprits, avant généralement un épilogue heureux, ou du moins apaisé qui voit le film reconnu, ou en tout cas accepté.

Le décryptage est passionnant, et l’on peut feuilleter le livre littéralement et dans tous les sens :

  • soit chronologiquement, ce qui permet en quelque sorte d’étudier l’évolution en parallèle du cinéma et de la société,
  • soit au hasard d’un film qui nous a marqué ou dont nous avons perçu, comme pour un séisme, les répliques de ce scandale qu’avait suscité sa sortie en salle… comme l’a fait pour moi la diffusion de la série Bardot, laquelle m’a donné envie de relire le chapitre dédié à Et Dieu… créa la femme.

Chaque chapitre s’ouvre de la même façon, et va mettre le lecteur / spectateur en appétit : le titre du film, son réalisateur et l’année de sa sortie. Puis un sous-titre qui donne très brièvement une clef de lecture, suivi d’un synopsis rappelant là aussi très succinctement l’intrigue.

Quelques exemples glanés au fil des pages :

  • Scarface, d’Howard Hawks (1932) : Les Borgia au temps de la prohibition
  • Le Corbeau, d’Henri-Georges Clouzot (1943) : Un volatile si encombrant : antifrançais sous Vichy, antipatriotique à la Libération
  • La Vie est belle, de Roberto Benigni (1998) : Peut-on rire avec la Shoah ?

Pour ne les avoir pas vus, ou pour qu’ils m’aient laissée indifférentes, je suis passée rapidement sur certains films, non sans en avoir retenu les arguments des censeurs : ces films choquant tel ou tel camp de tel ou tel conflit, ou les ligues de vertus de pour le regard porté sur un élément ou un autre de la religion…

Si d’autres m’ont intriguée ou amusée (de La Grande illusion à Tenue de soirée), le tour de force en revient très curieusement au film de Marcel Carné Drôle de drame, dont je n’aurai pas pu soupçonné qu’il ait pu prêter au scandale, et dont un détail, glané au cours de ma lecture, m’a donné l’envie immédiate de revoir le film :

L’image n’étant peut-être pas des plus parlantes, il faut que j’y ajoute une explication : cette page revient en détails sur ce qui a pu choquer dans le film Drôle de drame, et ce n’est pourtant pas ces informations qui ont mis ma lecture en pause.

En effet, dans ce film que je croyais connaître (pas forcément sur le bout des doigts), Guillaume Evin glissait quelque chose qui m’avait complètement échappé : le petit rôle de Jean Marais, une apparition des plus furtives qu’il m’a quand même fallu vérifier.

Et peut-être l’ai-je déjà dit un nombre incalculable de fois : ce qui fait d’un livre sur le cinéma, selon moi, un excellent livre sur le cinéma, ce n’est pas seulement de susciter chez le lecteur / spectateur le souvenir des scènes, et les allers-retours constants d’un film à l’autre ou d’une image à l’autre, c’est l’envie irrépressible de mettre la lecture en pause pour lancer le film.

Et cela, Guillaume Evin le réussit à la perfection dans C’est un scandale !


Voilà pour ce dernier article cinéphile de la période, avant le dernier article profdoc du mois de juin, et les hors-série de cet été. Belles lectures et beaux films à toutes et tous et à très bientôt sur Cinephiledoc !

La recette de la bonne humeur

Au moment où je commence à écrire cet article, nous sommes au lendemain du 27 janvier.

Oui j’ai décidément cette année une belle avance dans l’écriture de ces articles cinéphiles.

Si je rajoute que j’avais ce livre sur ma pile de lecture depuis le mois de décembre 2022, et que je l’ai également lu à cette période, cela peut donner une petite idée de mon rythme d’écriture de cette année.

Je n’ai pas eu de grandes difficultés, comme les années précédentes, à trouver ou à lire les ouvrages dont je souhaitais faire un compte-rendu, et j’aime bien profiter de quelques week-ends pluvieux ou grelottants pour écrire ces articles.

Pour celui-ci, le thermomètre est légèrement sous la barre des zéros degrés, mais il fait un grand soleil d’hiver par la fenêtre… de quoi avoir envie de se réchauffer avec un plat bien réconfortant.

Que mon article sorte au mois de mai ne change rien à la donne : le printemps aura fini peut-être par pointer le bout de son nez et d’autres recettes pourront aisément convenir.

Si je me suis décidée à écrire cet article juste après le 27 janvier, c’est parce que le livre qui était sur ma pile de lecture s’intitulait : En cuisine avec Louis de Funès, et parce que le 27 janvier dernier marquait les quarante ans de la disparition de cet acteur mythique.

C’est donc après avoir vu passer un certain nombre d’interviews, de reportages, d’extraits de films (et de films en totalité), d’images d’archives, que j’ai repris ce livre lu en décembre et me suis replongée dedans pour vous en donner un aperçu.

Les comédiens dans ma bibliothèque : état des lieux

J’ai sans doute eu déjà l’occasion d’en parler sur ce site – j’ai dû avoir trois ou quatre fois l’occasion d’évoquer Louis de Funès dans des articles qui lui étaient exclusivement consacrés.

C’est moins que Truffaut ou Romy Schneider, moins qu’Hitchcock ou Chaplin, mais cela reste pour le coup certainement l’acteur masculin dont j’ai parlé le plus – peut-être à égalité avec Lino Ventura.

C’est curieux d’ailleurs : ayant une certaine prédilection pour le cinéma hollywoodien, et me concentrant dans mes lectures soit sur des domaines transversaux, soit sur des figures de réalisateurs, je me rends compte que c’est finalement les comédiens français qui prédominent (et généralement toujours les mêmes : un panthéon féminin composé de Romy, Signoret et Girardot) dans ma bibliothèque, si l’on excepte deux figures : Audrey Hepburn et Marilyn Monroe.

Même les plus appréciés y sont moins à l’honneur : l’autobiographie de Lauren Bacall, deux livres sur Humphrey Bogart, deux sur Cary Grant, un livre sur Grace Kelly et un sur Greta Garbo…

Un comique à bonne maturation

Comme je le disais un peu plus haut, c’est donc Louis de Funès (avec Lino Ventura) qui a généralement eu les honneurs de ce site, ce qui m’a toujours paru quelque peu inattendu, étant donné le temps que j’ai mis à l’apprécier.

Mes parents lui préféraient toujours Bourvil et m’avaient appris à le trouver insupportable et gesticulant. C’est avec ce genre de préceptes que l’on construit d’abord sa cinéphilie puis qu’on la reconstruit avec un nouveau regard une fois que l’on a appris à aimer les choses par soi-même… Ainsi :

  • non, Vivien Leigh n’était pas forcément dans la vie en tout point conforme à Scarlett O’hara (même s’il est désormais avéré que son trouble bipolaire n’en faisait pas la personne la plus facile à vivre)
  • non, je ne déciderai pas de préférer Dewaere à Depardieu (quoique) ou Dorléac à Deneuve parce que les premiers ont eu le malheur de mourir tragiquement
  • oui, on peut apprécier De Funès autant que Bourvil parce que leur art comique repose sur des ressorts complètement différents et donc complémentaires

Au fur à mesure, le charme a fini par opérer, au gré des rediffusions régulières de ses films et de l’exposition organisée par la Cinémathèque qui lui rendait enfin l’hommage mérité.

Alors le nombre d’articles qui lui est consacré sur ce site, je ne sais plus… mais je suis sûre pour le coup d’avoir déjà parlé d’un compte Twitter que je suis avec assiduité et qui fait mes délices :

au même titre que le compte Twitter et le compte Instagram qui reprennent des images des films d’Yves Robert Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis… mais je m’égare une fois de plus !

J’échange régulièrement avec une amie quelques répliques de La Folie des grandeurs ou de La Grande vadrouille, qui viennent agrémenter nos conversations au milieu de citations de Kaamelott ou de quelques « Papuche » bien senties tirées de Moi moche et méchant.

Au palmarès de ces répliques : « Qu’est-ce que je vais devenir ? Je suis ministre, je ne sais rien faire » et « Non sire, pour une fois c’est pas moi, j’étais là, je priais. »

Un film de De Funès, c’est comme un bon petit plat… ça réchauffe.

Ynnis Éditions

On voit qu’avec la phrase précédente, je soigne mes transitions (ou pas). L’ouvrage qui m’intéresse aujourd’hui, En cuisine avec Louis de Funès, a été publié chez Ynnis Éditions en décembre 2022.

C’est un livre à six mains : comme on le découvre dès les premières pages : « Minh-Tri Vo aux fourneaux, Photographies mitonnées par Marion Saupin, Contextes concoctés par Eugénie Michel ».

J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer ici quelques-unes des publications d’Ynnis Éditions, des ouvrages qui retiennent souvent mon attention non seulement par leur thématique mais aussi par le soin apporté à leur mise en page.

Parmi mes préférés, on retrouve la collection « Hommages » dont voici en images quelques exemples :

un bon nombre de livres sur le cinéma d’animation japonais, l’ouvrage Voyage avec Chihiro de Marta Garcia Vilar dont j’ai parlé l’an dernier, et quelques livres de recettes.

La grande majorité de ces derniers concerne l’univers Ghibli ou le cinéma d’animation, avec parmi eux trois exceptions au moment où j’écris cet article :

Lorsque j’ai appris ces publications, j’étais déjà décidé à me procurer le livre consacré à Louis de Funès. Un manque d’attention m’a fait croire que le deuxième livre était consacré à Jurassic Park, et quand je me suis rendu compte de mon erreur, ce qui dans ma tête pouvait être un article sur les livres de cuisine en général s’est transformé en article sur Louis de Funès. Tant pis, ou tant mieux.

Si je peux garder une idée spécifique aux livres de cuisine que j’ai pu feuilleter ces derniers temps, c’est là encore le soin apporté à la mise en page, et que justifie les six mains associées à la conception : un cuisinier, un auteur qui va ici se pencher sur les « contextes » et un photographe qui va donner reproduire fidèlement les plats réalisés dans les films et donner envie au lecteur, à son tour, de passer aux fourneaux.

En cuisine avec Louis de Funès

L’ouvrage propose dix-neuf recettes. Dix-huit d’entre elles sont tirées des films cultes de Louis de Funès, à commencer par La Soupe aux choux et en terminant par un cheesecake qui apparaît dans Les Aventures de Rabbi Jacob.

La dernière recette est celle d’un des plats préférés de Louis de Funès : le canard à l’orange.

Chacune des recettes est introduite par une double-page de contexte qui revient sur la scène du film et le film en lui-même dont la recette est tirée.

Voici un exemple avec La Soupe aux choux :

Puis on passe à la recette en elle-même, sur plusieurs pages en fonction du degré de complexité de cette dernière :

Feuilleter ce livre procure un réel plaisir, car certains films avec Louis de Funès sont de véritables odes à la gourmandise. Évidemment on songe à L’aile ou la cuisse ou au Grand restaurant. Et l’on ne se restreint pas à la cuisine française, puisque sont évoquées la culture japonaise grâce à La Zizanie, ou les affres de la cuisine anglaise grâce aux Grandes vacances (sans toutefois qu’une recette du repas que subit Michonnet soit retenue).

De mon côté j’ai une tendresse toute particulière pour la mère supérieure dans La Grande Vadrouille qui sort à Big Moustache : « Vous aimez bien tout ce qui est bon ? eh bien c’est très mauvais ». Et je pense régulièrement à ces images d’archives de Louis de Funès, faisant l’éloge des produits de son jardin :

Après avoir évoqué Lino Ventura et sa cuisine (un peu plus gargantuesque) dans mon article de février, je poursuis cet itinéraire cinéphilo-gastronomique avec Louis de Funès.

L’ouvrage réussit à merveille le pari à la fois de nous donner envie de cuisiner et de revoir les films qui y sont évoqués.

Mon seul regret ? Que ne soit pas reproduite la recette du soufflé à la pomme de terre donnée à Herr Muller dans cette scène mythique du Grand restaurant :

car pour connaître cette scène quasiment par coeur, j’aurais adoré pouvoir la retrouver sous la forme d’une recette réalisable… peut-être à retrouver ailleurs ?

Espérant vous avoir mis de bonne humeur avec ces évocations cinéphiles et culinaires, je vous souhaite un excellent appétit et vous dis à très bientôt pour un nouvel article sur Cinephiledoc !

Trente, quarante, soixante

Nous passons notre temps à nous souvenir et à commémorer.

Lorsque j’ai commencé à envisager ce nouvel article cinéphile et son compte-rendu de lecture habituel, c’était en plein été, et deux constats me sont venus en tête.

Le premier, c’est qu’une nouvelle fois, je parlerai de Romy Schneider en septembre, fidèle à la chanson d’Hélène : « Ce soir, nous sommes septembre », sur laquelle j’ai eu plusieurs fois l’occasion de revenir.

Le second, je l’ai énoncé dès la première phrase de cet article.

En effet, lorsque l’on regarde certaines émissions télévisées, lorsque l’on feuillette la presse, ou même lorsque l’on consulte la page d’accueil de Wikipédia, il ne se passe pas un jour sans que l’on soit confronté, forcément, à ce qui s’est passé le même jour il y a un an, dix ans, cent ans…

Cet été, à quelques jours d’intervalles, ce sont trois de ces anniversaires qui sont venus se rappeler à moi.

Trente, quarante, soixante

Commençons par les deux extrémités, et gardons le milieu pour la fin.

  • Trente

Le premier de ces anniversaires pourrait paraître surprenant sur un site consacré principalement au cinéma, puisqu’il s’agit de la disparition, le 2 août 1992, de Michel Berger.

Au coeur de l’été, le 2 août, nous avons donc eu eu droit au lot habituel de reportages, de passants qui ânonnent des chansons de manière plus ou moins juste, et d’émissions hommages à l’artiste fauché en pleine gloire.

Ayant été bercée par les musiques de cette génération Berger et ayant écouté plus qu’à mon tour Starmania, Berger, Gall, Balavoine et Sanson, je n’ai alors pas été épargnée par l’envie moi aussi de réécouter La Groupie du pianiste ou Ella, elle l’a.

Par ailleurs, j’ai toujours trouvé un côté très cinématographique aux chansons de Michel Berger, et du coup, si je l’ajoute à cet article « célébrations », il ne fera pas figure d’intrus.

Quelques jours après, c’est un autre anniversaire que nous avons célébré.

  • Soixante

Le 5 août 1962 disparaissait Marilyn Monroe.

Le 5 août 2022 a donc vu son lot d’hommages, de passants croisés dans la rue qui évoquent la soirée d’anniversaire de John Fitzgerald Kennedy « Happy birthday Mr President » en lui associant le Poupoupidou de Certains l’aiment chaud.

Nous avons revu la robe blanche au dessus de la bouche de métro, et les reportages sont revenus à l’envi sur la comédienne incarnation du glamour, avec ses portraits réalisés par Andy Warhol, l’une des femmes les plus photographiées, et sur sa mort toujours sujet aux théories les plus fantasmées, à 36 ans.

Parmi les personnalités interrogées durant ces reportages, l’une des plus intéressantes reste Isabelle Danel, qui avait publié en 2012 (pour les cinquante ans de la disparition de la star, donc) un dictionnaire thématique : Marilyn Monroe de A à Z, un ouvrage qui, selon moi, reste la référence sur Marilyn.

Dans ces reportages, Isabelle Danel rappelait que Marilyn, au-delà de l’image du sex-symbol quelque peu écervelé, était aussi une femme passionnée de lectures et d’écritures, et qu’avaient été publiés pour la première fois en 2010 les Fragments :

des textes de Marilyn accompagnés de leurs fac-similés.

Si l’on veut poursuivre l’évocation de Marilyn, on se replongera dans sa filmographie (pour ma part, je reverrais bien Certains l’aiment chaud, qui reste mon préféré…), on relira le superbe Blonde, de James Carol Oates :

dont il me tarde de découvrir l’adaptation sur Netflix, et dont la sortie est prévue le 23 septembre…

  • Quarante

Nous avons passé les trente et les soixante en revue, arrêtons-nous maintenant sur les quarante.

En effet, le 29 mai 1982, une autre icône du cinéma disparaissait : Romy Schneider.

À nouveau, depuis le début de l’année, hommages et publications – certaines racoleuses, d’autres plus sérieuses – se sont succédés.

Les néophytes ont pu découvrir certains des films de Romy sur Netflix, la plateforme ayant mis en ligne pas moins de 8 films où elle apparait (vérification faite à la mi-août) : entre autres trois Claude Sautet, Les Choses de la vie, Max et les ferrailleurs et César et Rosalie, mais aussi Christine et La Piscine pour ne citer qu’eux.

Mais le plus bel hommage, c’est évidemment celui proposé par la Cinémathèque française, une exposition et une rétrospective qui ont été organisées entre le 16 mars et le 30 juillet 2022.

Exposition Romy Schneider – Cinémathèque française

Cette exposition, que j’ai découverte à ses tout derniers jours le 28 juillet, était magnifiquement orchestrée.

Jusqu’ici, il n’y a qu’une seule exposition proposée par la Cinémathèque qui m’a un petit peu déçue, celle proposée sur l’enfance au cinéma en 2017, qui était davantage une exposition d’ambiances – mais ce n’est que mon avis personnel.

Depuis, chacune des expositions proposées à laquelle j’ai pu me rendre n’a suscité chez moi que l’émerveillement, et celle consacrée à Romy Schneider n’a pas fait exception !

Retour en images et en quelques étapes…

La première rencontre que nous faisons à l’entrée de l’exposition est celle-ci, le regard de Romy Schneider, magnétique et hypnotique dans Les Choses de la vie, de Claude Sautet :

L’évocation est ensuite à la fois chronologique et thématique, associant les photographies, les extraits de films et d’archives, les ambiances, les objets et les costumes.

Période autrichienne avec Sissi (mais pas seulement) et pour l’occasion, un dais projetant des extraits des films et dans lequel on retrouve la fameuse perruque de 5 kilos que l’actrice devait supporter, un tableau en pied d’Elisabeth de Wittelsbach, une photo où Romy pose devant ce même tableau :

Période parisienne et la rencontre notamment avec Alain Delon, Coco Chanel et Luchino Visconti – qui lui fera ré-endosser le costume de l’impératrice dans son Ludwig :

L’exposition nous replonge ensuite dans les diverses aventures cinématographiques de Romy Schneider : les comédies américaines, la rencontre avec Orson Welles, le tournage interrompu de L’Enfer, d’Henri-Georges Clouzot, avant de revenir sur les retrouvailles avec Alain Delon dans La Piscine.

Les occasions manquées aussi, dont témoigne cette lettre de Truffaut, évoquant un projet avec Romy :

Suit la période Claude Sautet, où l’on retrouve les plans de travail hyper méticuleux du réalisateur, et les photographies issues de ses films, accompagnés du costume de Rosalie :

Les dernières parties de l’exposition sont consacrées aux différents projets « mémoriels » de la comédienne, et retrace cette volonté de travailler sur des films évoquant la seconde guerre mondiale (Le Train, Le Vieux fusil, La Passante du Sans-souci)

mais aussi de faire confiance à de jeunes réalisateurs, comme Andrzej Żuławski avec L’important c’est d’aimer, ou Francis Girod qui tourne Le Trio infernal et qu’elle retrouve en 1980 dans La Banquière (mon préféré) :

Enfin on retrouve à la fin de l’exposition une sélection de photographies, nous rappelant qu’avec Marilyn, Romy Schneider reste la comédienne dont le visage et la silhouette ont le plus impressionné la pellicule, qu’elle soit fixe ou en mouvement.

L’exposition proposait d’ailleurs une sélection en partenariat avec l’INA :

Un autre livre sur Romy Schneider

Sortie de cette exposition, comme toujours à la cinémathèque, l’arrêt à la librairie est un passage incontournable.

J’aurais pu, pour changer, me plonger dans le très bel ouvrage de Luc Larriba sur le tournage du film La Piscine, publié en février 2022 :

J’aurais pu tenter l’une ou l’autre des nouvelles biographies publiées cette année, ou rééditées en grand format, comme celle de David Lelait.

Mais ce que je voulais surtout, c’était pouvoir retrouver le cheminement de l’exposition, avec ses extraits d’interviews, ses citations, ses photographies, ses affiches et ses costumes.

Or, à la librairie de la Cinémathèque, le catalogue de l’exposition était introuvable, je ne l’ai retrouvé que quelques jours plus tard en librairie.

Il s’agit cependant d’un ouvrage magnifique, publié par Clémentine Deroudille, et doublement édité par la cinémathèque et Flammarion :

L’ouvrage revient en toute sobriété et élégance sur l’ensemble de l’exposition, le texte étant principalement composé d’interviews de Romy Schneider, d’extraits de ses journaux intimes et de ses lettres, ou de témoignages de ceux qui l’ont directement côtoyée.

Encore une fois, il s’agit donc d’un pari magistralement gagné par la Cinémathèque française, dont je guette avec impatience la prochaine exposition : « Top secret : cinéma et espionnage » qui sera proposée à partir d’octobre prochain !

Et même si le catalogue de l’exposition n’était pas disponible dans la librairie du 51 rue de Bercy, je n’ai pas pu résister à la tentation de rapporter de cette énième visite un petit souvenir : il s’agit de deux jeux de cartes réservés exclusivement aux cinéphiles, l’un reprenant les films d’Hitchcock, l’autre ceux de Charlie Chaplin.

Je vous en glisse ici un petit aperçu :

Ce que j’ai trouvé vraiment chouette avec ces deux jeux de cartes, c’est que contrairement à certains jeux de cartes thématiques que j’avais quand j’étais enfant, les images ne figurent pas seulement sur les figures (rois, dames, valets), mais bien sur la totalité des cartes, sur lesquelles on retrouve acteurs, scènes et affiches des films de Chaplin et d’Hitchcock.

Et cela ajoute à la panoplie d’objets et d’images dont j’ai pu parler dans mes deux hors-série de cet été, pour le prolonger un peu…

Voilà pour l’évocation de ces icônes du cinéma, au premier plan desquelles figure, comme à l’accoutumée en septembre, mélancolique et automnale, Romy Schneider, qui clôt l’article comme elle l’a ouvert, avec cette citation que je garde en mémoire :

Je vous souhaite un bon mois de septembre, et vous dis à très bientôt pour un nouvel article sur Cinephiledoc !

Hors-série 2 : dix images de cinéma qui sont chez moi

Comme à mon habitude, je vous propose deux hors-série estivaux sur ce blog.

Après un petit mois de déconnexion, voici le deuxième hors-série, qui sera tout aussi léger et, comme le promet le titre, tout aussi imagé que le premier.

Avec un peu de paresse, mais tout de même une pincée de réflexions, j’ai voulu vous partager dix images qui peuplent mon intérieur, et qui, pour certaines, m’accompagnent depuis un long moment.

Je ne vais pas forcément les présenter de manière chronologique, ni même faire une étude approfondie de leur composition, mais juste expliquer, en toute subjectivité, comment elles ont, elles aussi, construit ma cinéphilie.

Portraits en solo

  • Les Lumières de la ville

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours connu cette photographie de Charlot, descendant les escaliers dans Les Lumières de la ville.

Elle est d’une assez bonne taille (environ 90×75 cm) et elle était à l’origine accrochée dans la maison familiale sur un pallier donnant sur ma chambre et sur celle de mes parents.

Mon père était un fan de Chaplin, et quand j’étais petite, il m’invitait chaque soir à dire « Bonne nuit » à Charlot avant d’aller me coucher.

Malgré toute l’affection que j’ai eue depuis pour Charlot, le fait de lui dire « Bonne nuit » me terrifiait, j’étais persuadée que le bonhomme allait descendre durant la nuit de son affiche pour venir jouer les vampires dans ma chambre…

Depuis, évidemment, j’ai vu et revu les films de Chaplin, j’ai ajouté d’autres images des Temps modernes et du Kid et du Cirque à cette affiche, qui s’est déplacée plusieurs fois, que j’ai fait ré-encadrer et qui est désormais dans mon salon.

  • La Nuit américaine

Par comparaison à celle de Charlot, cette photographie de Truffaut paraît minuscule : elle est dans un cadre en bois posé sur l’une de mes bibliothèques (elle figure juste à côté du clap mentionné dans l’article précédent).

On reconnaît qu’il s’agit d’une photographie de tournage de La Nuit américaine, non seulement à la veste de cuir portée par le personnage de Ferrand dans le film, mais aussi, étant donné la façon dont la photo est découpée, à l’oreille droite de Nathalie Baye qui figure à gauche de Truffaut – et qui joue le rôle de la scripte Joëlle dans le film.

C’est aussi l’une des seules photographies que j’ai imprimée directement et que j’ai encadrée de manière quelque peu artisanale, et figurant ainsi à côté d’autres dont je parlerai un peu plus loin, elle me fait aussi l’effet d’une de ces photographies qui figurent dans la chapelle de Julien Davenne dans La Chambre verte

  • Bogie

Justement, pas très loin de Truffaut, on retrouve cette photographie d’Humphrey Bogart dans un beau cadre noir…

Cette photo m’a été offerte par mon père. Bogart, comme Marilyn Monroe ou Audrey Hepburn, faisait partie (et fait peut-être toujours partie) des acteurs qui sont le plus facile à trouver dans des magasins de décoration.

Vous voulez un décor d’intérieur de cinéma ? Vous trouverez forcément Marilyn et sa robe blanche dans Sept ans de réflexion (ou bien-sûr la série d’Andy Warhol), Audrey Hepburn et son fume-cigarettes dans Diamants sur canapé, et Bogart en évocation incontournable du film noir.

Couples mythiques

  • Bogie and The Look

Sur la même bibliothèque, entre Bogart et Truffaut, il y a cette photographie d’Humphrey Bogart et Lauren Bacall issue du Grand sommeil.

Le Grand sommeil est le deuxième film qui les réunit, après Le Port de l’angoisse, et avant Les Passagers de la nuit et Key Largo.

J’ai découvert le couple Bacall / Bogart peu après avoir vu La Nuit américaine, Howard Hawks faisant partie des cinéastes auxquels Truffaut rend hommage dans son film. Cherchant donc méthodiquement à construire ma culture cinématographique, j’ai découvert Le Port de l’angoisse dans l’un des cinémas parisiens qui a l’époque projetait les grands classiques, l’Action écoles.

Je suis allée ensuite farfouiller plusieurs fois dans la librairie Cinédoc qui était située passage Jouffroy à Paris, à côté du musée Grévin, et qui proposait, outre des ouvrages et des revues sur le cinéma, quantité d’affiches, photos de tournage et cartes postales… d’où provient entre autres cette photo du Grand sommeil.

  • La Belle et la Bête

C’est dans cette même librairie que j’avais trouvé nombre d’affiches de films, la plupart des affiches néerlandaises (je ne sais pas pourquoi). Je ne les ai pas toutes conservées, mais l’une de mes préférées reste cette affiche du film de Cocteau, avec Jean Marais et Josette Day, que j’ai fait depuis ré-encadrer.

On y retrouve la fameuse rose issue du conte – et que réutilisera Disney – et si je fais une entorse à ce que j’ai indiqué en introduction et m’intéresse brièvement à la composition, on retrouve sur cette affiche un élément fréquent, avec l’homme qui littéralement surplombe / domine la femme, cette dernière en posture de fragilité ou d’évanouissement, dans une position qui donnerait un torticolis à tout être humain normalement constitué…

  • Gone with the wind

Même composition pour cette affiche d’Autant en emporte le vent, qu’une amie m’avait offert dans une taille absolument gigantesque (si l’on mesure avec les images précédentes, je dirais que l’affiche faisait au moins deux Charlot et demi, soit environ 2m X 1,5m).

Pour les besoins de la photo, j’ai quelque peu tronqué la partie droite de l’affiche et le nom d’une des comédiennes, Olivia de Havilland, qui incarne cependant mon personnage préféré, avec celui de Clark Gable.

La version « géante » de cette affiche a d’abord trôné dans l’une de mes chambres d’étudiantes – il n’y avait quasiment pas de place pour autre chose. Puis dans l’une des pièces de mon appartement. Enfin, pour être un peu plus raisonnable sans forcément y renoncer, je lui ai trouvé une version « miniature » et j’ai roulé et rangé la grande soeur dans un placard.

  • It’s a wonderful life

Pour cette dernière image de couple, j’ai choisi cette affiche du film de Frank Capra, en français La Vie est belle.

J’ai toujours trouvé l’argument de ce film incroyable : un homme au bord du suicide reçoit la visite d’un ange qui lui fait découvrir ce qu’aurait été son environnement proche s’il n’avait pas existé, lui redonnant ainsi goût à la vie.

Sur ma photo vous pouvez voir en reflet comme cette affiche fait pendant à l’affiche de Charlot.

Je n’ai pas revu ce film depuis longtemps, mais je me souviens que dans un épisode de Friends, Monica le conseille à Phoebe, et l’affiche, il me semble, apparaît également dans le décor.

Ce serait d’ailleurs intéressant que quelqu’un se penche sur les références cinématographiques dans les séries télévisées, en particulier dans Friends, qui en abonde (la chambre de Joey étant, entre autres, tapissée d’affiches de cinéma).

Deux hommes, une femme

Attention, rien de tendancieux dans cette formulation. Il y a simplement chez moi, encadrées de manière rigoureusement similaire, deux photographies de cinéma.

  • Jules et Jim

La première est issue du film Jules et Jim, avec la fameuse course de Jeanne Moreau, Oskar Werner et Henri Serre sur le pont.

  • Fenêtre sur cour

La seconde est une photographie de tournage de Fenêtre sur cour où figurent James Stewart, Grace Kelly et Alfred Hitchcock.

Retour aux sources

Enfin pour la dernière des dix images, je vous propose un petit retour aux origines du cinéma :

avec cette affiche du Voyage dans la Lune de Georges Méliès. J’avais trouvé celle-ci lors d’une de mes nombreuses visites à la Cinémathèque, ce qui me donne une transition toute trouvée avec le prochain article cinéphile, dans lequel je reviendrai, entre autres, sur ma dernière visite à la Cinémathèque française.

D’ici là je vous souhaite une excellente fin d’été et je vous dis à très bientôt sur Cinephiledoc !

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