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2024 : Palmarès de lecture

Pour ce dernier article cinéphile de 2024, je reprends la bonne habitude du palmarès de lecture.

Contrairement aux années précédentes, cet article n’a pas été préparé avec beaucoup d’avance, et je n’ai pas non plus en brouillon les prochains articles consacrés au cinéma.

Je n’ai d’ailleurs pas non plus anticipé sur la rédaction de mon article de janvier consacré au bullet journal, et j’ai toujours en attente un article sur l’intelligence artificielle qui attend depuis des mois que mon cerveau accepte de redémarrer sur la question.

Forcé à ralentir, il a délaissé les lectures professionnelles qu’il avait engagées depuis juin 2023, et je serais bien en peine d’évoquer le dernier ouvrage dont j’avais commencé la lecture, l’ayant arrêté en cours de route et n’ayant pas pris la peine de le poursuivre.

Mes articles cinéphiles et mon palmarès diffèrent cependant en deux points des palmarès des deux années précédentes.

Le premier point, c’est qu’on n’y trouve pas cette année d’ouvrage consacré directement à François Truffaut, ce qui ne lasse pas de me surprendre puisque cela faisait quarante ans cette année que ce dernier nous avait quitté.

Le second point, c’est que pour certains articles, j’ai pris l’habitude de mentionner plusieurs ouvrages, ce qui me permet d’en faire figurer d’autant plus dans ce palmarès.

Cependant, dans sa structure, cet article ne dérogera pas à ses habitudes et s’articulera en trois temps :

  • la présentation du palmarès
  • le palmarès 2023
  • bilan et projets

Présentation du palmarès

Comme chaque année depuis 2013, je finis le mois de décembre ou commence le mois de janvier par un palmarès de lecture de l’année passée.

Je vous glisse ici les liens des éditions précédentes :

Pour 2024, mes lectures ont commencé en novembre 2023, et j’ai réussi à terminer ces lectures et la rédaction des articles tout début novembre (le 1er du mois pour une publication directement dans la foulée).

Lorsque je me replonge dans mes lectures de l’année, qu’elles soit professionnelles, cinéphiles ou plaisir (même si ces frontières sont toujours poreuses), le recul me permet de constater à quel point elles illustrent ce que j’expérimentais et ressentais au fil des mois, aussi bien à nouveau dans la sphère professionnelle ou privée.

Ainsi, sur la quarantaine d’ouvrages lus cette année on retrouve :

  • en janvier, deux lectures plaisir et une lecture professionnelle (3)
  • en février, une lecture cinéphile et une lecture plaisir (2)
  • en mars, trois lectures plaisir, deux lectures cinéphiles et une lecture professionnelle (6)
  • en avril, deux lectures professionnelles et deux lecture plaisir (4)
  • en mai, une lecture plaisir et une lecture cinéphile (2)
  • en juin, une lecture plaisir (1)
  • en juillet, une lecture cinéphile et trois lectures plaisir (4)
  • en août, une lecture cinéphile et trois lectures plaisir (4)
  • en septembre, cinq lectures plaisir (5)
  • en octobre, trois lectures cinéphiles et cinq lectures plaisir (8)
  • en novembre, trois lectures plaisir (3)
  • en décembre, pour l’instant au moment où cet article est publié, une lecture plaisir en cours (1)

Concernant mes lectures cinéphiles, en voici un petit bilan :

  • Nouvelle vague, roman, Patrick Roegiers (lu en novembre 2023)
  • Cinéma : Vers des mondes imaginaires, Christophe Lemaire (lu en février 2024)
  • Ça retourne, Philippe Lombard (lu en mars 2024)
  • Les Guerres de Lucas, Renaud Roche et Laurent Hopman (lu en mars 2024)
  • Histoire de la science-fiction, James Cameron (lu en mai 2024) en ayant feuilleté en parallèle Technoir : L’Art de James Cameron, catalogue de l’exposition qui lui était consacrée à la Cinémathèque française
  • Le Journal d’Alan Rickman (lu en juillet 2024)
  • Souvenirs en pagaille, Pascal Thomas (lu en août 2024)
  • Charlie Chaplin, Guillaume Evin (lu en octobre 2024)
  • Les Dossiers du Coroner : autopsies des morts cultes au cinéma, Mike Zonnenberg et Fabio Soares (lu en octobre 2024)
  • Paris Pop Culture, Philippe Lombard (lu en octobre 2024)

Palmarès 2024

Chaque année, j’essaye de regrouper ces quelques lectures en catégories plus ou moins signifiantes. Cette année je distingue trois catégories, pour les dix lectures cinéphiles mentionnées ci-dessus : témoignages et souvenirs, science-fiction, et itinéraires cinéphiles.

J’ai eu quelques hésitations au moment de dresser ces différentes catégories : regrouper le cinéma de science-fiction, certes, mais pourquoi ne pas faire une catégorie réalisateurs pour distinguer Chaplin, Lucas, Cameron et Pascal Thomas ? Que faire du Journal d’Alan Rickman, qui se distinguait tout de même des autres lectures ? Où placer cette année les travaux de Philippe Lombard ? Et si je faisais quatre catégories ?

J’en suis finalement revenue à mon idée originelle.

Témoignages et souvenirs

Dans cette catégorie, je regroupe quatre ouvrages qui m’ont fait voyager dans des univers cinématographiques et personnels vertigineux, et qui m’ont fait découvrir ou redécouvrir des individus et des personnalités fascinantes.

Une fois encore, j’ai hésité : séparer cinéma français et international ? acteurs et réalisateurs ?

Les ouvrages que j’ai rassemblés sous cette catégorie sont les suivants :

  • Nouvelle vague, roman, Patrick Roegiers chez Grasset (2023)
  • Le Journal d’Alan Rickman, chez Hachette Heroes (2024)
  • Souvenirs en pagaille, de Pascal Thomas chez Séguier (2024)
  • Charlie Chaplin, Guillaume Evin, chez Casa éditions (2023)

Ma préférence, bien que ma lecture soit beaucoup plus lointaine, va au roman de Patrick Roegiers qui m’a permis de vivre cette si agréable suspension consentie d’incrédulité qu’on savoure aussi bien dans les livres comme au cinéma, et que j’ai à nouveau pu goûter dans mes lectures plaisir les plus récentes, comme la saga des Déracinés de Catherine Bardon, ou Le Rêve du guépard de Miguel Bonnefoy.

Science-fiction

Pour cette catégorie, l’hésitation ne s’est pas posée dans la sélection des ouvrages mais dans le choix final de l’ouvrage.

J’y regroupe trois de mes lectures :

  • Cinéma : Vers des mondes imaginaires, Christophe Lemaire (2024)
  • Les Guerres de Lucas, Renaud Roche et Laurent Hopman, aux éditions Deman (2023)
  • Histoire de la science-fiction, James Cameron, Manabooks (2019)

Les ouvrages de Christophe Lemaire et de James Cameron ont eu de commun qu’ils m’ont tous deux permis de conjuguer au moment de mes lectures mes appétences professionnelles sur l’intelligence artificielle et des univers cinématographiques qui m’avaient depuis longtemps fascinée.

Cinéma : Vers des mondes imaginaires m’a même permis de réfléchir à la façon d’interroger différents outils d’intelligence artificielle générative et des services humains de questions / réponses.

Cependant, si je me focalise sur mon ressenti de lecture et sur l’effet coup de coeur, c’est la bande-dessinée Les Guerres de Lucas qui remporte mon suffrage, puisqu’elle a constitué une véritable claque et qu’elle demeure l’un de mes plus beaux souvenirs de cette année.

Itinéraires cinéphiles

La dernière catégorie me permet, un peu artificiellement justement, de regrouper trois ouvrages qui proposent une exploration thématique du cinéma :

  • Ça retourne, Philippe Lombard chez La Tengo éditions (2023)
  • Les Dossiers du Coroner : autopsies des morts cultes au cinéma, Mike Zonnenberg et Fabio Soares chez Gründ (2021)
  • Paris Pop Culture, Philippe Lombard chez Parigramme (2023)

De la même manière que l’ouvrage de Christophe Lemaire m’avait permis de bidouiller des outils d’intelligence artificielle générative sur la représentation de l’IA au cinéma, je retiens pour cette catégorie le Ça retourne de Philippe Lombard, qui m’a permis une récréation salutaire à concocter des mèmes tout en parlant de suites et de remakes, et ça, c’était vachement bien (comme dirait Bref).

Bilan et projets

Voilà pour ce palmarès et ces lectures cinéphiles de 2024, qui ont tout de même été assez variées.

Concernant mes lectures et mes petites expériences ludiques prévues en 2024, je compte bien continuer sur ma lancée, et j’ai déjà en tête une petite récréation pour le mois de février.

Pour la suite, j’ai aussi en tête une pièce de théâtre, un roman, un ou deux Lombard et un livre que j’ai aperçu sur l’univers d’une série télévisées qui fait partie de mes préférées.

J’en profite pour saluer ces pépites de lectures plaisir que j’ai eues cette année et qui, si elles ne parlaient pas directement de cinéma, pouvaient l’évoquer indirectement ou faire même rêver ou espérer une adaptation : la saga des Cazalet d’Elizabeth Jane Howard, Les Déracinés de Catherine Bardon ou encore une fois Le Rêve du Guépard de Miguel Bonnefoy.

Concernant mes lectures professionnelles, j’ai pour projet d’y revenir à plus ou moins long terme, le Nexus de Yuval Noah Harari ayant retenu quelque peu mon attention.

Voilà pour ces lectures, ces projets et ces envies.

Vous les retrouverez dès février 2025, après le traditionnel article de janvier sur le bullet journal.

D’ici là, je vous souhaite à nouveau de très belles fêtes de fin d’année, et je vous mitonne pour très prochainement le dernier article #profdoc de 2024.

À très bientôt sur #Cinephiledoc !

Lectures ciné sous un plaid

Pour ce dernier article cinéphile de 2024, j’ai décidé de revenir sur trois ouvrages qui attendaient patiemment sur ma pile de lecture depuis cet été.

Cela permettra peut-être à quelques-uns d’entre vous de glaner des idées de cadeaux, et, de mon côté, de ne pas avoir à choisir entre ce livre-ci ou ce livre-là.

Chacun de ces ouvrages ont cependant une caractéristique commune : ce sont des valeurs sûres, qu’il s’agisse de leur auteur, de leur éditeur ou de leur thématique, et cela me permettra de digresser à loisir, et à partir de l’ouvrage en question, de revenir sur quelques pépites sur lesquelles j’ai déjà craqué ou auxquelles il est difficile de résister…

J’ai profité des vacances de la Toussaint (et de la météo qui n’était pas vraiment à la fête) pour faire descendre ma pile de lecture et pour la mettre à jour, alternant à un rythme un peu plus soutenu que d’habitude les publications récentes, les romans que l’on m’avait offerts et ces trois ouvrages cinéphiles.

Ambiance Halloween

J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer le premier ouvrage dans mon précédent compte-rendu de lecture.

Il s’agit d’un livre qu’on m’a prêté en juin dernier, et que j’avais commencé, pour finalement le laisser provisoirement de côté, pour me plonger dans le journal d’Alan Rickman et dans les mémoires de Pascal Thomas.

Je ne comptais pas forcément lui consacrer un article, sa publication remontant à trois ans, mais le livre était toujours sur mes étagères, et je me disais qu’il allait bien falloir le lire et le rendre à son propriétaire…

Ce livre, c’est celui-ci :

Les Dossiers du Coroner : Autopsies des morts cultes du cinéma, de Fabio Soares et Mark Sonnenberg, a été publié en 2021 aux éditions Gründ.

J’en ai dit quelques mots en passant dans l’article du mois d’octobre, mais la qualité de cet ouvrage (et la qualité des vidéos de la chaîne YouTube qui lui est associée) m’a conduite à penser qu’il mérite largement mieux.

Pour déterrer les films cultes, en particulier les nanars, mais pas seulement (puisque l’une des meilleures de ses vidéos est celle consacrée au Nom de la rose), je connaissais l’excellent François Theurel, et sa chaîne Le Fossoyeur de films.

J’avais d’ailleurs adoré aussi son livre T’as vu le plan ? et sa série des vidéos dédiées aux tournages cauchemardesques, Film wars. Et je ne vais jamais au cinéma sans avoir en tête son Manuel du savoir-vivre du spectateur, qu’on devrait faire visionner systématiquement aux accros à leur smartphone et aux mangeurs de popcorn.

La chaîne Chronik Fiction permet de s’intéresser à un autre métier indispensable à une bonne ambiance cinéphile d’Halloween, après celui du Fossoyeur, celui du Coroner.

L’ouvrage de 2021 qui lui est consacré revient sur l’ensemble des vidéos réalisées sur Chronik Fiction et mettant en scène ce personnage.

Après une préface rédigée par le comédien qui l’incarne, l’excellent Stefan Godin (dont un commentaire sous l’une des vidéos juge qu’il porte aussi bien la moustache que Tom Selleck), les auteurs évoquent dans une introduction sur les morts les plus mémorables du cinéma.

Ils reviennent ensuite sur la genèse du projet et les coulisses de tournage des vidéos, le travail colossal (et invisible pour le spectateur) mis en oeuvre pour parvenir à ce dosage méticuleux : décors, costumes, écriture et comédiens.

L’ouvrage retranscrit ensuite fidèlement chacune des vidéos, encadrée par une explication préliminaire sur le choix du film et ensuite par un décryptage de la réalisation de la vidéo et sa réception sur YouTube, depuis le premier épisode de la saison 1 (Battle royale) jusqu’à l’épisode inédit de la saison 2 (Akira).

Chaque mort est illustrée d’un dossier du coroner qui donne d’autant plus envie de retourner voir les vidéos de la chaîne, mais aussi de revoir le film dans son intégralité.

Mes épisodes préférés (et mes chapitres préférés du coup) sont les suivants : Le Roi Lion, Thelma & Louise – qui sort clairement du lot – Star Wars, et évidemment celui sur Psychose. Quoi, encore Hitchcock ? Quoi, encore quelque chose à dire sur Psychose ? Et bien oui, ils ont trouvé.

Et rien de tel qu’une belle mort au cinéma (fidèle à la formule « On peut rater sa vie, mais pas sa mort ») pour passer un bon Halloween.

Un parfum d’enfance

Le deuxième ouvrage que j’ai lu pendant les dernières vacances contrastait visuellement quelque peu avec l’ouvrage du Coroner.

Cela m’avait d’ailleurs frappée d’enchainer ces deux lectures : la première proposant une couverture principalement noire avec le titre et le personnage se détachant partiellement en blanc dessus, la deuxième à la couverture blanche avec le titre et la silhouette se détachant en noir.

Cet ouvrage, c’est celui de Guillaume Evin publié chez Casa éditions en octobre 2023 : Charlie Chaplin.

C’est d’ailleurs ce qui m’avait séduite lorsque j’avais vu cet ouvrage pour la première fois : la façon dont le visage de Charlot se détachait par ses traits si reconnaissables sur la couverture blanche, et dont sa silhouette tout aussi reconnaissable formait les lettres de son prénom et de son nom de famille.

De Guillaume Evin, auteur prolifique sur le cinéma, j’avais déjà lu un certain nombre de livres : le plus ancien que j’ai eu entre les mains est l’excellent L’Histoire fait son cinéma publié en 2013, auquel on peut associer le plus récent Les 101 meilleurs films historiques (2023, Casa éditions).

L’auteur est également un spécialiste de James Bond, avec une dizaine d’ouvrages consacrés à l’agent 007. Mon préféré est Bons baisers du monde, sorti en 2020 chez Dunod.

Le dernier ouvrage (et le plus récent) dont j’ai pu parler sur ce site est C’est un scandale !, publié en 2022 également chez Casa.

Je n’avais pas forcément prévu d’acquérir un énième ouvrage sur Charlie Chaplin, ma bibliothèque étant assez largement fournie sur la question, depuis son autobiographie (en français et en anglais) jusqu’à l’ouvrage de Jeffrey Vance et au délicieux À table avec Chaplin, de Claire Dixsaut, qui m’a toujours enchantée et me renvoie comme d’habitude à son excellent site, CinéMiam.

L’ouvrage de Guillaume Evin est agréable, il propose à celles et ceux qui découvriraient Chaplin une belle porte d’entrée dans son univers, avec une introduction présentant l’homme et l’artiste, un portfolio et un rappel de sa filmographie. Quant à ceux qui connaissent déjà leur Chaplin jusqu’au bout des ongles, le livre n’est qu’un prétexte supplémentaire à revoir les films.

Guillaume Evin m’a donné également envie de me replonger dans un livre d’un de mes éditeurs de prédilection en matière de cinéma.

Il s’agit encore une fois des éditions Taschen. En effet, en cette période propice à offrir de beaux livres, il est difficile de résister aux éditions Taschen (surtout quand elles apparaissent régulièrement dans mon fil Instagram…).

Alors certes, il faut bien arriver à résister à ce magnifique LIFE. Hollywood, qui vous coûtera 200 euros…

Rien que de voir ce coffret, j’en ai des fourmis dans les mains… mais non, j’attendrai une version plus économique, qui finira bien par sortir.

De la même manière, Les Archives Charlie Chaplin de Paul Duncan ont commencé par sortir en grand format, avant d’être publiées dans un format plus accessibles :

Et elles restent tout aussi magnifiques. Tout espoir est donc permis.

Paris sous le sapin ?

Terminons cette petite liste de Noël avant mon traditionnel palmarès de lecture par un incontournable, tout aussi prolifique (voire plus) que l’auteur précédemment cité.

Cela faisait un petit moment (ah ben non en fait, seulement depuis mars dernier) que je n’avais pas évoqué les ouvrages de Philippe Lombard.

Comme généralement je suis sage (en tout cas j’essaye), j’ai la chance de recevoir un avant-goût de Noël ou de mon anniversaire dans ma boîte aux lettres assez régulièrement.

Cependant, l’un des derniers publiés n’est pas exclusivement consacré au cinéma, et me permet là encore une digression fort bienvenue pour vous proposer des pistes de cadeaux qui ne se limitent pas aux Lombard productions.

Dans cette promenade euphorisante publiée en octobre 2023 aux éditions Parigramme, l’auteur fait également la part belle aux événements (expositions, installations) qui ont marqué la capitale, aux concerts, à la chanson, mais aussi, comme de bien entendu, au cinéma :

Cela me permet de rappeler que pour les amoureux de la capitale (ou pour ceux qui simplement veulent la découvrir ou la faire découvrir autrement), rien de tel qu’un ouvrage des éditions Parigramme.

Je dois en avoir un bon stock dans ma bibliothèque, si l’on compte ceux que l’on doit à Philippe Lombard – mon chouchou étant, vous ne serez pas surpris, Le Paris de François Truffaut – mais aussi le magnifique Paris de Claude Sautet proposé par Hélène Rochette.

J’en ai également quelques autres, celui consacré à Gainsbourg, et de plus petits et plus littéraires, même si curieusement Le Paris de Marcel Proust manque encore à ma collection…

Il y en a de plus insolites et inattendus aussi, comme celui consacré aux maisons closes, un étonnant Paris fantômes qui permettra de prolonger encore une fois Halloween ou celui consacré aux chats de Paris, Paris chats : Cats in the city, et pour tout type de promeneur, de celui qui veut parcourir les égouts à celui qui préfère regarder le ciel.

Comme le rappelle très justement le slogan des éditions Parigramme : tout Paris est à lire, et effectivement, il y en a pour tous les goûts sur le site internet de cette maison d’édition, dont on peut aussi retrouver la plupart des titres à la librairie La Mouette rieuse, au 17 bis rue Pavée à Paris, où l’on peut également prendre un goûter, et qui est à deux pas du Musée Carnavalet, consacré à l’histoire de Paris.

Une belle balade en perspective…

En attendant d’autres promenades, je termine ici ce dernier compte-rendu de lecture de 2024, et vous donne rendez-vous très prochainement pour un nouvel article sur Cinéphiledoc.

Le livre de cinéma que j’ai le plus attendu

Voici un titre quelque peu pompeux mais absolument pas usurpé ni exagéré pour ce nouvel article.

Les habitués de ce blog se demanderont de quoi il s’agit :

un énième livre de Philippe Lombard (presque) ? un énième livre sur François Truffaut (presque aussi) ? Une encyclopédie sur Kaamelott ? Un panorama image par image du cinéma d’Hitchcock ?

Pépites, attentes et surprises

Il y a quelques semaines, j’ai profité de la fin de l’été pour étudier à nouveau ma bibliothèque, où toujours les livres des éditions Taschen, les Lombard et quelques pépites figurent en belle place.

Parmi mes chouchous – tiens, comment écrit-on chouchou au pluriel : comme les choux avec un x ou simplement avec un s – j’en citerai trois : Hollywood : La Cité des femmes, d’Antoine Sire, Les Plus grand films que vous ne verrez jamais, de Simon Braund, et 5e avenue, 5h du matin, de Sam Wasson.

Je me souviens guetter à chaque date anniversaire les trouvailles permettant de mettre Truffaut à l’honneur, et il y en a eu encore de très belles ces dernières années, j’en veux pour preuve la publication des correspondances avec Helen Scott ou entre Truffaut et des écrivains.

Mais plus généralement maintenant je cède à la surprise : je sais qu’un ouvrage de Philippe Lombard va parfois m’entrainer hors de ma zone de confort, vers un cinéma que je ne connais pas toujours – et je lui sais gré de ces belles découvertes.

Je vais davantage être attirée par l’effet de surprise que constitue un roman ou une bande-dessinée évoquant l’univers du cinéma (comme Les Guerres de Lucas) plutôt qu’une énième filmographie d’un réalisateur que j’apprécie – exceptions faites de mon trio de tête : Truffaut, Hitchcock, Chaplin.

Le cinéma va aussi surgir au moment où je ne l’attends pas forcément :

  • dans une discussion sur les morts au cinéma, ce qui donne lieu à la découverte de la chaîne Chronik Fiction (excellente) et du non moins excellent ouvrage Les Dossiers du Coroner : Autopsies des morts cultes du cinéma, de Fabio Soares et Mark Sonnenberg, publié en 2021. Si le livre m’était tombé entre les mains plus tôt, soyez assurés que j’en aurais parlé de manière plus détaillée…

  • dans un ouvrage collectif de Nota Bene sur Les Samouraïs, où je n’attends pas le dernier chapitre pour avoir envie de voir ou revoir toute la filmographie d’Akira Kurosawa.

Mais tout cela ne me donne pas encore le livre de cinéma que j’ai le plus attendu.

It’s been 84 years

Pour le coup c’est quelque peu exagéré, mais si je considère l’attente ressentie, on est sur quelque chose d’équivalent à ce que dit le personnage de Rose dans Titanic.

Si je consens à être un peu plus réaliste, je dirais que cela fait une bonne dizaine d’années que j’attends les souvenirs de Pascal Thomas.

J’en veux pour preuve cet échange sur Twitter avec Philippe Lombard, dont j’ai gardé la trace et qui remonte à 2020 (seulement quatre ans me direz-vous) mais qui donne une idée de l’impatience grandissante qui était alors la mienne :

Je suivais alors fébrilement le site des éditions Séguier et la page du site de la Fnac sur laquelle la publication de l’ouvrage avait été annoncée.

Dans cet échange de quelques minutes avec Philippe Lombard qui, je l’espère, ne me tiendra pas rigueur de l’avoir exhumé, je déplore en 2020 d’attendre « toujours » la sortie de ces souvenirs prévue en 2031.

J’en profite alors en direct pour faire un tour sur le site commercial, et là je découvre que cette sortie est à nouveau décalée à 2039. Imaginez mon étonnement. Attendre un livre pendant 19 ans !

Fort heureusement, je n’ai pas eu à attendre ni 2039, ni 2031, puisque ce livre de souvenirs est finalement sorti en janvier dernier. Et c’est ce retournement de situation qui m’a prise au dépourvu.

Les voies de l’édition semblent aussi impénétrables et insondables que les mystères de la poste déplorés par la mère de Bertrand Morane dans L’Homme qui aimait les femmes (comprendra qui le veut ce clin d’oeil truffaldien).

Ne vois-tu rien venir ?

C’est donc au détour d’un rayon d’une de mes librairies habituelles que je suis tombée par hasard sur le livre de Pascal Thomas, le même jour que le journal d’Alan Rickman.

J’avais depuis longtemps cessé d’aller scruter le site des éditions Séguier et j’avais supprimé de mes favoris la page promettant la publication pour 2031, non tiens 2039, non tiens 2050.

De Pascal Thomas je m’étais figuré des soucis de santé, ou des projets auxquels il accordait davantage d’importance, ou des éventuels désaccords avec cette maison d’édition, et qui pouvaient expliquer ces délais successifs.

J’avais donc remisé cette histoire de Mémoires dans un coin de ma tête, ce qui se défendait d’autant plus que je n’étais pas une inconditionnelle forcenée de sa filmographie.

Après tout, je ne connaissais pas grand chose de Pascal Thomas… et pas tant de films que ça. Alors pourquoi, me direz-vous, avoir attendu tant de temps et pourquoi avoir accueilli avec un plaisir comparable aux madeleines de Proust ce petit clin d’oeil du hasard, celui d’avoir mis sous mes yeux l’ouvrage enfin publié ?

D’un extrême à l’autre

Les films de Pascal Thomas que je me rappelle avoir vus appartiennent à deux catégories.

Il y a ceux que je n’ai vus qu’une seule fois, et qui cependant m’ont marquée, soit par leur titre, soit par leur rythme :

  • Pleure pas la bouche pleine (je me souviens que mes parents me l’avaient fait voir quand j’étais enfant, et je n’ai que ce seul souvenir) ;
  • Celles qu’on n’a pas eues : j’ai adoré ce film, et pourtant je ne l’ai jamais revu depuis. J’en restitue ici le propos : dans un compartiment de train, des hommes racontent leurs déboires en amour. J’ai dû le voir peu après L’Homme qui aimait les femmes de Truffaut, et j’ai dû sans doute lui voir un certain cousinage qui me faisait le considérer avec tendresse et humour…
  • La Dilettante : parce que Catherine Frot. C’est certainement la raison qui m’a poussée à le voir, mais il n’a jamais figuré pour autant dans ma bibliothèque, curieusement. Et pourtant, cela lui va si bien !
  • Mercredi folle journée ! : j’ai dû le voir, la chose est certaine et entendue, car le résumé m’est familier, mais je n’en ai pas davantage de souvenirs.

Et dans la deuxième catégorie, je range ceux que je vois et que je revois sans m’en lasser jusqu’à les connaître par coeur, et ils sont au nombre de trois :

  • Mon petit doigt m’a dit
  • L’Heure zéro 
  • Le Crime est notre affaire

Ces trois films sont des adaptations de romans d’Agatha Christie. Il y en a un quatrième que je n’ai pas mentionné : Associés contre le crime.

Je ne l’ai vu qu’une fois à sa sortie au cinéma, et il n’a pas suscité chez moi le même enthousiasme que les trois autres – j’ai donc décidé de ne le faire figurer ni parmi les premiers de la liste, ni évidemment parmi les seconds.

Mon petit doigt m’a dit, Le Crime est notre affaire, et dans une moindre mesure L’Heure zéro, font partie de mes films « doudous ».

Je suis capable d’en réciter bon nombre de répliques et j’en savoure les moindres détails, qu’il s’agisse de Catherine Frot chantant « Je crois entendre encore caché sous les palmiers sa voix tendre et sonore comme un chant de ramiers », d’André Dussolier « Je suis le colonel Raquette », d’Annie Cordy « Laissez un message après le pop… POP ! » ou bien cette phrase chantonnée par François Morel dans L’Heure zéro : « Sherlock Holmes, Jules Maigret, Miss Marple, Hercule Poirot, Columbo, Columbo… »

Il faut vous dire aussi que j’ai pu assister de loin au tournage de certaines scènes de L’Heure zéro, au lycée Michelet de Vanves, alors que j’y étudiais en prépa.

Je me souviens d’avoir croisé des figurants en uniforme d’école, d’avoir aperçu les camions de l’équipe, et d’ailleurs qu’au moment où je devais plancher comme tous les mercredis après-midi sur un devoir sur table de cinq heures, notre enseignante de lettres s’était de son côté enorgueillie d’avoir pu échanger quelques mots avant François Morel, ce qui me fait encore ressentir une petite pointe de jalousie…

Plus tard, au ministère, je partageais mon bureau avec Sandrine, une inconditionnelle comme moi de Mon petit doigt m’a dit et du Crime est notre affaire, et il ne se passait pas un mercredi (folle journée) sans que nous nous lancions des répliques des deux films depuis derrière nos ordinateurs.

Pour toutes ces raisons, j’ai guetté, j’ai espéré, j’ai attendu le livre de Pascal Thomas.

Un dilettante ? Non, un Antoine Doinel des mémoires cinéphiles

C’est donc en janvier 2024 que j’ai pu enfin avoir les Souvenirs en pagaille de Pascal Thomas entre les mains, et j’ai cependant différé ma lecture jusqu’au mois de juillet.

Que dire de cette lecture ? Qu’elle porte bien son titre, c’est le moins qu’on puisse dire. Qu’elle ressemble à son auteur, avec ces chapitres en pointillés, qui évoquent par touches plus qu’ils ne décrivent. J’ai compris pourquoi cette publication a pris autant de temps, tant la plume de Pascal Thomas semble rêveuse, distraite, légère voire capricieuse.

Je n’y ai certes pas retrouvé une autobiographie du berceau à aujourd’hui, et si j’ai été quelque peu désarçonnée (oserais-je dire déçue ?) de ne pas avoir un compte-rendu heure par heure (zéro) du tournage du Crime est notre affaire, mon petit doigt en a, à cette lecture, récolté des indices…

J’y ai entraperçu le cinéaste facétieux de mes films fétiches, et si je ne garderai pas forcément un souvenir exhaustif de cette rencontre, j’y ai glané quelques pépites :

Mais je vais faire comme Yves Mirande qui, dans ses souvenirs, à chaque fois qu’il avait le sentiment d’être trop long, notait « Cela va me prendre trop de temps, je préfère réserver ça au prochain volume de mes souvenirs. » Volume qui, bien sûr, n’a jamais vu le jour… En ce qui me concerne, nous verrons bien.

Le lecteur est prévenu, rendez-vous en 2050… ou pas.

Dans une page intitulée « Sur les tournages de Truffaut »

Beaucoup plus tard, Truffaut m’a dédicacé son livre sur Antoine Doinel : « À Pascal Thomas, Doinel journaliste. »

La dernière évoque une période de sa vie à réaliser des films publicitaires :

Après avoir tourné un film pour Tampax, je propose comme slogan : « Tampax, un nom qu’on trouve sur toutes les lèvres. »

Nous avons perdu le client !

Cela donne une idée assez juste du caractère du bonhomme, potache et avec l’oeil qui pétille, et qui ne fait les choses que lorsque l’envie lui en prend.

Et encore une fois, on peut comprendre qu’il ait fallu attendre aussi longtemps, mais si le meilleur livre ressemble à son auteur, cela en valait finalement la peine.

Été anglais

Contrairement à mon habitude depuis plusieurs années, je n’ai pas fait de hors-séries estivaux cet été.

Ce n’est pourtant pas les idées qui me manquaient, j’en avais quelques-unes en tête, et je me disais que je trouverais bien à un moment donné, à la faveur d’une journée pluvieuse, la motivation pour me remettre à écrire.

Nous sommes bien un samedi pluvieux au moment où j’écris ces lignes, mais ce sont les premières lignes de mon article cinéphile de septembre, au moment où j’essaye tout doucement de remettre le cerveau en marche, après plusieurs semaines de déconnexion salutaire.

Histoire de prolonger un peu mon été, et non pour correspondre à la météo (puisque c’est tout autant un cliché de dire qu’il ne fait pas beau en Angleterre que de dire qu’il ne fait pas beau en Bretagne), je vous propose un petit itinéraire anglais dans cet article, tout en digressions et en étapes, ponctué de lectures et de films.

J’en profiterai pour l’illustrer avec quelques photos prises cet été, qui pourront peut-être plaire tout autant aux amateurs de littérature, de cinéma, qu’aux profs docs.

L’élégance à l’anglaise : Alan Rickman

Pour entamer mes lectures cinéphiles et plaisirs de l’été, je me suis plongée dans ce que je considérais comme un pavé : le Journal d’Alan Rickman, publié en janvier 2024 aux éditions Hachette Heroes dans sa traduction française et préfacé par Emma Thompson.

Cette publication en français m’a interpellée : quel acteur étranger – ou à la carrière internationale – est suffisamment populaire pour qu’une maison d’édition décide de proposer une traduction française de ses journaux intimes ?

En revenant à cette question, trois icônes me viennent en tête : Marilyn Monroe et ses Fragments, Romy Schneider et son Journal d’une vie (mais est-il encore disponible ?) et Carrie Fisher et son Journal d’une princesse.

Il n’est pas toujours fréquent de voir publiées des autobiographies ou des biographies de stars internationales. Alors comment expliquer le choix des éditions Hachette Heroes, sinon en s’attardant sur les mots de la quatrième de couverture : Love Actually, Piège de cristal, et évidemment Harry Potter.

Lorsque j’avais été stoppée net dans ma déambulation dans les rayons de ma librairie à la vue de ce livre, j’ai immédiatement ressenti un mélange de joie et d’impatience. Oui, c’était justice de trouver un livre sur Alan Rickman ou d’Alan Rickman. Et oui, il fallait que je le lise.

Pas seulement pour Harry Potter, pas seulement pour Piège de cristal, et pas seulement pour Love Actually. Mais aussi pour Robin des bois : Prince des voleurs, pour Galaxy Quest, pour Dogma, pour Le Parfum, pour Raison et sentiments, pour Sweeney Todd, pour Alice au pays des merveilles

Et aussi pour la façon hypnotique dont Alan Rickman lit les sonnets de Shakespeare, pour sa voix, et enfin pour tout ce que je ne connaissais pas de lui, tout ce que je n’avais fait que lire et apercevoir de loin, sa carrière au théâtre, son élégance et son érudition. Parce qu’Alan Rickman reste l’un de mes acteurs préférés.

Ce qui m’a ensuite interpelée, c’est très prosaïquement la taille de l’ouvrage. J’ai été impressionnée par la constance et la discipline avec laquelle Alan Rickman a tenu ses journaux et du coup, par le volume qu’ils constituent. Je me suis donnée l’été pour lire cet ouvrage, convaincue que j’y passerai une bonne partie de mon temps.

J’ai lu ce livre en moins d’une semaine.

J’ai eu l’impression d’y retrouver la voix d’Alan Rickman, cette voix dont il dit :

J’ai l’impression de n’avoir jamais utilisé ma voix naturelle, que ce son que je produis, que les gens imitent et qui me déprime constamment, n’a rien à voir avec moi.

C’est cela qui rend son écriture aussi touchante, non seulement cette vague tristesse, mais cette simplicité, cette humilité, sa délicatesse, son humour, cette exigence vis-à-vis de lui-même mais aussi des autres, et surtout sa capacité à s’émerveiller.

Célébrissime pour son rôle dans Harry Potter, Alan Rickman persiste à s’enchanter de déguster tel ou tel plat, de participer à une soirée où il croisera untel et untel, à être sollicité pour les discours d’obsèques de ses amis, à rapporter le coup de fil de JK Rowling qui lui indique comment jouer Severus Rogue dès le premier Harry Potter, ou à relater certains traits de caractère de ses comparses et certaines anecdotes de tournage.

J’ai dévoré ce livre sans forcément prendre en notes le moindre élément mais j’ai relevé quelques pages et cette citation :

J’aimerais que ces bars lounge ne soient pas si entièrement dédiés aux ennuyeux & ennuyés. Il pourrait y avoir une porte marquée « Réservé aux Excentriques et Zinzins. »

Mon seul regret, c’est de n’avoir qu’un maigre aperçu, avec le cahier central, de ce que pouvait donner le texte manuscrit, Alan Rickman étant également un fabuleux dessinateur (je reproduis ici les images mises à disposition sur le site des éditions Hachette) :

Chronologiquement, les dernières pages sont douloureuses à lire, puisqu’on assiste à sa maladie, et elles sont suivies de pages très touchantes sous la plume de son épouse Rima Horton, puis d’extraits de journaux de jeunesse.

Cette lecture m’a évidemment donné envie de revoir une bonne partie de la filmographie d’Alan Rickman. J’ai revu Love Actually et Raison et sentiments, et avant mon séjour anglais, j’étais prête à revoir l’intégralité de la saga Harry Potter.

Quand je vais en Angleterre, Harry Potter n’est jamais loin de mon esprit. Bien-sûr, j’ai appris depuis plusieurs années à dissocier l’autrice et son oeuvre.

Je serais bien incapable de retirer les livres et les films de mes bibliothèques, et je garde chez moi quelques éléments de décoration qui appartiennent à cet univers. Je ne les regarde jamais sans une pointe de tristesse et de déception, mais je ne suis pas prête à renoncer à une partie de mon enfance parce que cette femme que j’ai un temps admirée a désormais les mêmes discours qu’Elon Musk…

Itinéraire anglais, entre littérature et cinéma

À l’image de la traduction française du premier volume de la Saga des Cazalet, d’Elizabeth Jane Howard, je pourrais mettre au pluriel l’été du titre de cet article. Je vous recommande d’ailleurs cette superbe saga en cinq volumes, se déroulant juste avant la seconde guerre mondiale pour le premier d’entre eux.

C’est la deuxième fois en trois ans que je choisis l’Angleterre comme destination estivale.

En 2022, j’avais passé quelques jours à Londres au mois d’août et j’étais justement allée voir une exposition consacrée aux décors et aux accessoires de l’univers Harry Potter. Cette année, j’ai juste aperçu de loin l’entrée surpeuplée de la boutique de la voie 9 3/4 à la gare de King’s Cross.

  • Lectures en anglais, aller et retour

Dans mes bagages, j’avais pris la bonne résolution de n’emmener que des livres en anglais sur ma liseuse.

Outre quelques livres de Philippa Gregory (que je n’ai pas encore lu et qui risque de donner un peu de fil à retordre à l’amatrice de l’histoire anglaise que je suis) j’ai emmené avec moi le conseil de lecture d’une collègue d’anglais, The Rain before it falls, de Jonathan Coe, et un ouvrage que j’avais aperçu au CDI avant de partir en vacances : The Paris Bookseller, de Kerri Maher.

Le premier est un roman retraçant l’histoire de la vie d’une femme à travers une succession de photographies, le second raconte l’histoire de la fondatrice de la librairie Shakespeare and Company à Paris.

Leurs thématiques et la finesse de leur écriture m’ont quelque peu fait oublier mes désillusions quant à une certaine JK mentionnée plus haut, ce qui a été parachevé à la fin de mon séjour par la visite de la British Library, j’y reviendrai plus bas…

  • Les terres d’Agatha Christie

De Torquay à Greenway, j’ai savouré pendant quinze jours d’être immergée dans l’univers d’Agatha Christie.

À Torquay, sa ville natale, j’ai pu apercevoir quelques lieux de tournage de certains épisodes d’Hercule Poirot, et j’ai aussi visité le musée de Torquay, qui consacre une salle entière à la romancière et à ses détectives. On y voit notamment l’un des costumes d’Hercule Poirot et la reconstitution des décors de son bureau.

À la gare de Kingswear, en face de Dartmouth, part un train à vapeur qui relie Kingswear à Paignton.

Sur le quai on peut voir une affiche où figure Hercule Poirot.

Mais le lieu principalement dédié à Agatha Christie au coeur du Devon, c’est évidemment sa maison, Greenway, que j’ai eu la chance de visiter.

Greenway est accessible via le train (mais c’est compliqué) et via le ferry (mais c’est compliqué aussi). Le plus simple est de s’y rendre en voiture, et d’y passer une demi-journée, voire la journée entière.

La maison donne sur la rivière Dart, avec une vue magnifique. Le jardin est fabuleux. On peut aussi visiter la Boathouse en contrebas, qui sert de décor à l’une des enquêtes d’Hercule Poirot (Dead mans folly – Poirot joue le jeu). Et la bibliothèque vaut clairement le détour aussi, avec ses fresques aux murs.

  • Détour à la British Library

De retour à Londres, il me restait une matinée entière, un dimanche, à quelques pas de Saint Pancras, avant de reprendre l’Eurostar.

Je n’étais jamais allée à la British Library, que j’imaginais moins accessible, et surtout fermée le dimanche. J’ai donc profité de cette dernière matinée pour y déambuler.

Le lieu en lui-même est des plus impressionnants, mais le visiteur peut aussi découvrir les « trésors » de la bibliothèque : la Magna Carta, des textes religieux d’une belle diversité, des manuscrits qui vont d’Oscar Wilde aux Monty Python en passant par Mozart et les Beatles, et des éditions originales des pièces de Shakespeare.

Début août, au moment où j’y étais, il y avait enfin dans cette salle une petite sélection correspondant à l’exposition suivante : « Queer lives in Literature », rappelant les différentes occurrences des questionnements LGBTQ+ dans la littérature au fil des siècles.

Le lieu est magnifique et j’espère y retourner à une autre occasion – et un autre jour de la semaine – pour en découvrir les autres étages et espaces.

D’ici là, je vous souhaite à toutes et tous bon courage pour la reprise et pour ce mois de septembre, et vous donne rendez-vous très bientôt pour un nouvel article sur Cinéphiledoc !

D’une exposition à l’autre : en immersion cinéphile

Depuis août 2023, j’ai eu l’occasion de visiter des expositions qui rendaient hommage à différents univers cinématographiques, qui ont finalement constitué un fil conducteur dans mon année.

Je profite de cet article du mois de juin pour revenir sur ces belles expositions (les deux premières ne sont plus accessibles, mais on peut voir – et revoir – la dernière jusqu’en janvier prochain !), et pour évoquer deux ouvrages.

Août 2023 : Exposition Titanic, Porte de Versailles

Je suis allée admirer cette première exposition l’été dernier avec une amie, durant nos sorties parisiennes.

Pour l’occasion, le ticket d’entrée nous permettait de nous mettre dans la peau d’un des passagers du Titanic.

Certes, l’exposition revenait de manière tout à fait historique et scientifique sur le naufrage, et à quelques mois de l’accident du sous-marin Titan, survenu en juin 2023, visiter cette exposition était d’autant plus impressionnant.

Mais depuis 1997, lorsque l’on parle du Titanic, on pense immanquablement au film de James Cameron, et l’exposition ne faisait pas l’impasse dessus.

Je suis revenue très brièvement sur cette exposition en décembre dernier, ce nouvel article me donne l’occasion d’en proposer un nouvel aperçu.

Évidemment, suite à cette exposition, je n’ai pas pu m’empêcher de rouvrir les ouvrages que j’avais chez moi sur le Titanic, et que j’avais collecté à diverses occasions. J’avais 11 ans quand le film est sorti, et je me souviens encore du retentissement qu’il avait eu.

Je m’étais plongée dans des documentaires (un ouvrage magnifique qui à l’époque proposait des plans de coupes du paquebot) et dans des romans, dont Les Enfants du Titanic, d’Elisabeth Navratil, qui revient sur l’histoire de son père et de son oncle, rescapés du Titanic.

Aux alentours du centième anniversaire du naufrage, d’autres ouvrages ont été publiés, et ma curiosité s’est réveillée, entretenue par les premiers épisodes de Downton Abbey.

Février 2024 : Objectif Mer : l’océan filmé, Musée de la marine

En février dernier, une amie m’a proposé d’aller visiter avec sa fille l’exposition « Objectif Mer : l’océan filmé » au Musée de la marine.

Je ne connaissais pas le Musée de la marine, et cette exposition temporaire (qui s’est tenue jusqu’en mai dernier), était l’occasion de le découvrir.

Le lieu est absolument à couper le souffle, et l’exposition était magnifique – l’affiche était elle aussi magnifique d’ailleurs, et il était regrettable qu’on ne puisse pas en avoir un exemplaire à la boutique du musée.

Des plaques de lanterne magique qui évoquent la mer à Pirates des Caraïbes, elle dressait un panorama très impressionnant, qui venait constamment titiller la mémoire du cinéphile.

Parmi eux, Le Monde aquatique de Wes Anderson, et un de mes films préférés : Master and Commander, de Peter Weir.

Mais bien-sûr, une fois encore, qui dit filmer l’océan dit filmer le Titanic, et l’un des clous de l’exposition, c’était cela :

Même si, au moment où je publie cet article, l’exposition est terminée, n’hésitez pas à aller faire un tour au Musée de la marine, rien que pour voir les maquettes de bateau, les instruments de navigation, les reconstitutions et les gigantesques figures de proue, ça vaut le détour !

Avril 2024 : L’Art de James Cameron, Cinémathèque française

Enfin, la dernière exposition (au moment où j’écris cet article) que j’ai pu visiter quasiment dès son installation est celle consacrée au cinéma de James Cameron à la Cinémathèque française.

Et à nouveau, cette fois-ci ce n’est pas « Qui dit Titanic, dit forcément James Cameron » mais « Qui dit James Cameron, dit forcément Titanic ». La boucle était bouclée.

Encore une fois, j’ai été bluffée par les trouvailles de la Cinémathèque qui orchestre toujours (enfin presque toujours, je me souviens ne pas avoir été emballée par son exposition sur l’enfance au cinéma, mais ça doit remonter à un petit moment) admirablement l’hommage à un univers cinématographique.

Lorsque l’on entre dans l’exposition, on est accueilli par une vidéo de James Cameron qui nous invite à une plongée dans son imaginaire. Il faut dire que ce dernier est des plus foisonnants, et que l’exposition pourrait en convaincre même le plus réfractaire… d’ailleurs, moi qui y allait plus pour Terminator, Alien et Titanic, j’en suis ressortie en me disant que oui, je reverrais bien aussi Avatar.

Et si je parle de plongée, c’est à juste titre. Déjà parce que l’homme est un artiste, et que le spectateur de l’exposition est confronté à un bel ensemble de son oeuvre picturale, des dessins aux story-boards qui impressionnent par leur méticulosité.

Ensuite, parce que l’on retrouve dans cet imaginaire différents univers qui ne cessent de fasciner :

  • l’exploration de l’espace, notamment avec Alien ;
  • l’exploration des profondeurs (qui est une autre sorte d’espace) avec Abyss et avec Titanic ;
  • l’exploration de l’humain – déformé, transformé, augmenté, notamment avec la série Dark Angel (bon sang je ne me souvenais plus que James Cameron avait réalisé Dark Angel) mais évidemment aussi avec Terminator

Si je récapitule, je suis donc venue à cette exposition en ayant surtout ça en tête :

Je me suis ensuite retrouvée à être hypnotisée par ça :

Et pour finir, ce qui a achevé de me happer (et je n’en finis pas d’être constamment ramenée à l’intelligence artificielle cette année quoi que je fasse), c’est ça :

Je me suis également plongée, du coup, en sortant de l’exposition, dans la lecture de son catalogue, qui fait la part belle à tous les croquis et dessins de James Cameron :

Pour être plus précis, il s’agit d’un ouvrage publié initialement en anglais en 2021. On y retrouve les influences de James Cameron et l’ensemble des croquis, dessins, affiches, storyboards présentés dans l’exposition de la Cinémathèque.

Mais pour en revenir à ces histoires d’intelligence artificielle, et comme je déplorais en février dernier n’avoir pas forcément sous la main des ouvrages qui traitent de l’intelligence artificielle au cinéma, je me suis souvenue d’un ouvrage publié en 2019 : Histoire de la science-fiction, et dont l’auteur n’est autre que James Cameron.

Cet ouvrage n’est pas une histoire de la science-fiction à proprement parler. Il s’agit davantage d’un voyage de passionnés, proposant un itinéraire choisi, avec des étapes clés. Et l’éclairage donné est presqu’exclusivement américain, tant en ce qui concerne la littérature que le cinéma.

Ce qui rend en revanche l’ouvrage passionnant, ce sont deux choses. La première, c’est de reprendre en illustrations certaines des oeuvres de James Cameron, on peut donc considérer ce livre comme une très bonne introduction à l’exposition ou comme un très bon effet d’annonce.

La seconde, c’est la composition en elle-même de l’ouvrage.

Il s’ouvre sur une introduction de James Cameron, et sur la liste de ses films et de ses livres de science-fiction préférés. Suit une préface de Randall Frakes, ami de longue date de Cameron, et un entretien avec ce dernier.

Histoire de la science-fiction est ensuite construit en 6 parties qui s’articulent elles-mêmes en deux temps à chaque fois :

  • un focus thématique sur un aspect de l’univers de science-fiction, décortiqué par un spécialiste de la question : vies extraterrestres, dans l’espace lointain, les voyages dans le temps, les monstres, dystopies, machines intelligentes

  • un entretien de James Cameron avec un poids lourd du cinéma de science-fiction s’étant particulièrement illustré dans l’aspect concerné : Steven Spielberg pour les vies extraterrestres, George Lucas pour l’espace, Christopher Nolan pour les voyages temporels, Guillermo Del Toro pour les monstres, Ridley Scott pour les dystopies, et Arnold Schwarzenegger pour les machines intelligentes

Chaque focus thématique remet l’aspect en perspective, à travers la littérature de science-fiction et le cinéma, et en donnent des éléments fondamentaux, qui reviennent parfois périodiquement en échos dans les autres chapitres : on y retrouvera ainsi le rôle fondamental de 2001 : l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, ou du roman de H.G. Wells, La Guerre des mondes.

Chaque entretien offre la confrontation de deux univers d’artistes et de deux créateurs, et rappelle ainsi que lorsque deux interlocuteurs ont un regard passionné sur leur art, les réponses peuvent être plus courtes que les questions, comme c’était déjà le cas pour les entretiens Hitchcock / Truffaut.

D’ailleurs la comparaison ne s’arrête pas là : si les entretiens entre Alfred Hitchcock et François Truffaut ont d’abord été enregistrés sur magnétophone, les entretiens entre James Cameron et ses comparses étaient à l’origine une série documentaire, dont j’ai tenté de retrouver la trace (elle semble actuellement disponible sur Amazon Prime, et je pense ne pas tarder à la regarder, puisque les extraits que j’ai pu trouver montrent que les conversations sont ponctuées de scènes de films, ce qui doit rendre le tout particulièrement immersif !).

Il n’y a pas un chapitre moins réussi qu’un autre. L’ensemble est captivant, et encore une fois, les accélérations récentes de l’intelligence artificielle donnent un relief particulier à certains échanges :

  • Christopher Nolan qui implique des scientifiques dans chacun de ses projets et qui demande à James Cameron s’il a rencontré Elon Musk,
  • l’exploration spatiale et les questionnements autour du réchauffement climatique,
  • les dystopies qui nous promènent de Metropolis à Matrix,
  • les différentes incarnations de robots et d’humanoïdes au cinéma, avec des évocations qui vont de Blade Runner à Westworld, en passant par Alien,
  • et surtout la conversation savoureuse avec Schwarzenegger, une nouvelle fois sur les applications de l’intelligence artificielle et leurs répercussions dans le domaine militaire ou économique.

Cela m’a d’ailleurs rappelé un autre ouvrage dont j’ai déjà eu l’occasion de reparler dans mon article du mois de mai : le Terminator publié par les éditions Akileos dans la collection BFI : les classiques du cinéma, et dont j’avais fait le compte-rendu dans un article de mars 2020 consacré aux robots aux cinéma.

Comme quoi, moi qui râlait encore il y a deux mois sur le trop peu de littérature cinéphile consacrée à la question de l’intelligence artificielle au cinéma, il me suffisait de faire un retour aux sources et aux origines, à savoir de me replonger dans le cinéma (et l’oeuvre) de James Cameron, et de prendre conscience aussi que ma marotte sur l’intelligence artificielle ne date pas d’hier, mais qu’elle s’est auto-alimentée d’elle-même, avec en 2023 un livre que j’aurais pu lire bien plus tôt si j’en avais pris la peine.

Je rajoute d’ailleurs ici la réponse d’Eurêkoi à ma question sur l’intelligence artificielle comme thème traité au cinéma :

Réponse Eurêkoi cinéma : IA

Reste à me plonger dans cette série documentaire de James Cameron pour continuer à nourrir visuellement cette marotte, à voir et à revoir les films mentionnés dans ce magnifique ouvrage de James Cameron, et à guetter les livres qui ne manqueront pas de sortir sur la question !

D’ici là je vous souhaite de beaux rêves cinéphiles sans trop d’apocalypses et vous donne rendez-vous très vite pour un nouvel article sur Cinéphiledoc !

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