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Dimension visuelle de Facebook

Aujourd’hui, pas de cinéma, et ce n’est pas non plus l’un des hors-séries promis pour cet été, mais simplement une petite réflexion personnelle, qui m’a été soufflée par l’une de mes amies sur Facebook. Cette réflexion, que j’ai intitulée « Dimension visuelle de Facebook » vient aussi d’une habitude tenace chez moi : Facebook est l’un des premiers sites auxquels je me connecte le matin, et l’un des derniers dont je me déconnecte le soir. C’est dire si je suis sensible à ses effets visuels…

Un échantillon de dépendance numérique

On peut aborder Facebook sous différents angles, de diverses façons – l’année où j’ai passé le CAPES de documentation était d’ailleurs celle durant laquelle est sorti au cinéma The Social network, film que je recommande à ceux qui ne l’auraient pas vu :

  • Réseau social avec la mise en question de la gestion des données personnelles et, justement, de la sociabilité de l’internaute ;
  • Partage et mutualisation de l’information ;
  • Veille de l’actualité. De quelle manière y’a-t-il une particularité « Facebook » dans le suivi de l’actualité (sélection de l’information par l’internaute) ?
  • Profilage des publicités en fonction du sexe et de l’âge de l’abonné (bandeau de droite) ;
  • Ou encore, question qui se pose de manière plus générale sur l’ensemble des sites internet, droit à l’image et droit de l’image.

Ce qui m’intéresse – et cela, complètement en amateur – ce sont les effets visuels de Facebook. Les stimuli, ce qui attire l’oeil lorsqu’on se connecte. Au-delà de la prédominance bleue, une fois que je me retrouve sur la page d’accueil, les premières choses que je regarde, ce sont :

Capture d’écran 2013-06-26 à 10.02.42

  1. les notifications, messages et demandes d’ajout en haut à gauche – en rouge, un chiffre. Le rouge capte directement l’attention.
  2. le bandeau de gauche : y’a-t-il de nouvelles infos sur lesquelles cliquer ? Nouveaux messages, informations classées par listes et par groupes auxquels je suis abonnée.
  3. le fil central d’actualité. Qu’est-ce qui s’est passé depuis les cinq dernières minutes où j’étais dans la cuisine / dans la salle de bain / le dos tourné, et qui serait miraculeusement apparu entre temps ?
  4. la traque des petits points verts. Qui est connecté en même temps que moi ?

Capture d’écran 2013-06-26 à 10.02.51

La lecture visuelle de Facebook n’est pas plus originale, et pas moins, que celle de n’importe quel site Internet. Une lecture d’informations de gauche à droite et de haut en bas. En revanche, dans le cas de la lecture d’images, cela peut donner parfois des petites choses intéressantes.

Je ne m’avancerai pas à faire de grandes théories sur le conditionnement du regard par le réseau social, ou sur la comparaison d’une image lue sur un site de presse en ligne ou sur Facebook, même si je suis convaincue que ce serait passionnant. Je me contenterai d’évoquer un petit cas particulier.

Photographie et réseau social

Hier, je me suis connectée sur Facebook. Après la traque aux petits points rouges, la première chose qui m’a attiré l’oeil, c’est une photo publiée par une amie. Cette amie, passionnée de photographie, publie une fois par semaine (et parfois plus souvent) ses productions. Vous pouvez retrouver différents exemples de son travail sur son espace Flickr.

Sandrine aime les petites choses, les contrastes entre ombres et lumières, les instantanés qu’elle capture, les moments fugitifs. J’adore les photos qu’elle a prises cet hiver, de flocons et de glaces ; ses images d’insectes en gros plan, de nervures de feuilles d’arbre…

Chaque semaine, elle publie une photo en relation avec un thème choisi par l’administrateur d’un groupe Facebook dont elle est membre. Cette semaine, le thème était : « Faire deviner une odeur ».

Capture d’écran 2013-06-25 à 22.04.18

La photo était à ce moment-là la première information affichée dans le fil d’actualité, et la lumière a tout de suite attiré mon attention. Il s’agit d’un mouvement pris sur le vif, celui de la flamme et de la fumée – Sandrine m’a expliqué qu’il s’agissait d’une photo réalisée avec un retardateur et en mode rafale.

La lumière s’étale sur la main qui tient l’allumette, se propage. On a l’impression d’une flamme en suspension dans l’air, d’une goutte de lumière qui vivrait par elle-même, presque générée par la personne qui se tient à l’arrière-plan.

Retour aux origines

Ce qui rend la lecture de cette image particulière, c’est que, pour une fois, il faudrait la lire de droite à gauche pour suivre le mouvement. Et cependant, lorsqu’elle apparaît sur la page d’accueil de Facebook, notre oeil va de gauche à droite et de haut en bas, et il suit un mouvement anté-chronologique.

La photo se déplie progressivement, à mesure que nous faisons glisser les informations et voilà le sentiment qui s’en dégage : celui d’un retour en arrière. La conséquence (la flamme) avant la cause (utiliser une allumette) ; la lumière avant le mouvement qui l’a suscitée. L’être avant le devenir.

Une fois ce premier mouvement du regard achevé, une fois qu’on a lu, à l’envers, cette photo, l’oeil peut alors reconstituer le véritable mouvement logique, il peut le revivre, et replacer à l’endroit la cause et la conséquence.

Sandrine Leroy

Sandrine Leroy

Tout cela pour dire quoi ? Avec une simple photo, j’ai eu l’impression de revoir ces mouvements avant / arrière d’un cinéma au ralenti ou d’un magnétoscope en accéléré (pour les nostalgiques). J’ai eu le sentiment d’un flashback et d’une accélération du mouvement simultanés. J’ai senti qu’on m’offrait plus qu’un moment, qu’un instantané incroyablement fugitif : dans la fraction de seconde où mon regard est allé de gauche à droite, puis revenu de droite à gauche, j’ai participé au processus de création. J’ai moi-même suscité ce mouvement et fait de cette photo ce que son auteur voulait qu’elle soit, un instant étiré, une « minute affranchie de l’ordre du temps », et que l’on pourrait revivre à l’infini.

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  1. C’est marrant, j’ai aussi eu un temps de blocage devant cette photo tellement je l’ai trouvé belle dans son côté éphémère (oui c’est un peu cliché cette formulation mais la photo m’a réellement touchée ! et surtout elle est venue contraster avec le bleu très simple et très marketing de l’interface de FB en rajoutant une flamme authentique sur un réseau qui manque parfois d’âme !). Très chouette article !

  2. Elle est magnifique cette photo! J’aime beaucoup ton article, mais bon sang Juliette, t’as pas adblock? Vire moi ces pubs vite fait…

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