Pour ce compte-rendu de lecture du mois de mars, j’avais pensé à deux angles d’attaque différents, que je vais finalement croiser.
En effet, je vais profiter de l’ouvrage qui m’intéresse aujourd’hui pour faire un petit point sur ma fréquentation et mes habitudes de la plateforme qui donne son titre à cet article.
Productrice ou consommatrice ?
Si je me penche sur les usages que je fais des réseaux sociaux sur lesquels je suis inscrite, je peux constater à chaque fois la même tendance : je m’inscris, je consomme, je produis, puis j’apprends à prendre de la distance, je redeviens spectatrice et je ne publie ou ne consulte que de manière très irrégulière…
Excepté Copains d’avant, ma première inscription sur un réseau social remonte à 2008 avec Facebook, je me suis ensuite inscrite sur Twitter en 2012, à peu près à la même époque j’ai commencé à consulter des vidéos sur YouTube et mon premier post sur Instagram remonte à 2019.
Mon pic d’utilisation de Facebook remonte certainement à avant mon inscription sur Twitter, et si je continue à me connecter au moins une fois par jour, je ne poste plus grand chose, contrairement à Instagram que je lui préfère désormais, pour un usage exclusivement personnel, et où je ne poste que des photos de repas, de livres et de visites touristiques principalement.
Concernant Twitter, c’est encore celui (malgré Elon Musk) que j’utilise le plus pour ma veille, puisque j’anime ou co-anime d’une manière plus ou moins suivie 4 comptes Twitter.
J’avais créé un compte sur Mastodon qui a vu son nombre d’abonnés frémir en octobre 2022, mais j’avoue ne pas y mettre les pieds, et je serais bien en peine d’en saisir à nouveau le fonctionnement si je devais m’y replonger.
Néanmoins mon usage de Twitter est beaucoup moins compulsif qu’à une époque où j’y étais complètement accro…
Enfin concernant YouTube, j’ai commencé en 2012 par regarder les vidéos du Joueur du grenier (alors que je n’étais pas du tout gameuse) avec une préférence pour ses hors-série, je regardais des vidéos de vulgarisation qui touchaient à des domaines très divers, et j’ai brièvement publié des vidéos entre 2014 et 2016.
Sur YouTube, comme sur les autres réseaux, j’ai commencé par tâtonner avant de trouver les vidéos et les chaînes que j’allais suivre avec assiduité, principalement des chaînes d’histoire, ce qui reste encore aujourd’hui les vidéos que je regarde le plus, et non des vidéos sur le cinéma comme on aurait pu s’y attendre.
YouTube cinéphile
Pendant très longtemps, les vidéos que je guettais dès leur sortie sur le cinéma étaient celles du Fossoyeur de films et celles de Blow Up, de la chaîne Arte, qui fait toujours mes délices à l’heure actuelle, et qui n’est pas sans rapport avec le livre qui m’intéresse aujourd’hui.
Il s’agissait vraiment très spécifiquement des deux chaînes ciné que je ne loupais pour rien au monde.
Les autres chaînes cinéma ne captaient pas aussi radicalement mon attention, je pouvais regarder quelques vidéos sans forcément en devenir une fidèle habituée.
D’autres chaînes dont la finalité première n’était pas forcément le cinéma l’abordaient cependant dans quelques vidéos pour mon plus grand plaisir, comme deux chaînes que je continue encore à suivre, celle de Nota Bene (histoire) et celle de Gastronogeek (cuisine).
De temps en temps, je tombais aussi sur quelques pépites isolées d’une chaîne YouTube trouvée au hasard, je guettais les vidéos suivantes, pour finalement découvrir qu’il faudrait savourer la rareté, voire se contenter des vidéos existantes quand elles sont toujours en ligne (c’est le cas de la chaîne de Ginger Force, celle de Fabien Campaner ou celle de Mr Meeea).
Comme tout abonné qui se respecte, j’ai de temps à autre accueilli avec plaisir les autres initiatives et travaux des YouTubeurs auxquels j’étais le plus attachée. Concernant le cinéma, c’est donc tout naturellement que T’as vu le plan ? de François Theurel figure dans ma bibliothèque.
On connaît les vidéos, on achète le livre. Concernant ma lecture de ce mois-ci, c’est cependant l’inverse qui s’est produit.
Le livre qui fait découvrir la chaîne
Lorsque j’ai terminé le livre dont je vais parler dans un instant, j’avais deux idées sur la façon dont je pourrais en parler.
La première, vous venez de la lire, c’était de questionner mon rapport à la plateforme de vidéos en ligne YouTube, et de voir dans quelle mesure le cinéma avait sa place dans mes abonnements à des chaînes… une place toute relative, comme vous avez pu le constater.
La seconde, c’était de faire en sorte d’écrire cet article pour le mois de mars, où j’ai souvent envie de mettre des femmes à l’honneur, qu’il s’agisse des autrices qui ont écrit les livres dont je parle, ou des actrices, réalisatrices, scénaristes auxquelles vont être consacrés mes articles.
Ce n’est pas forcément systématique : pour rédiger l’article de mars 2022, je me suis replongée dans les articles des mois de mars antérieurs, et je ne m’étais tenue à cette discipline (le terme est peut-être un peu trop fort) que deux fois sur les cinq dernières années… l’an dernier pour la BD de Catel et Bocquet consacrée à Alice Guy, et en 2018 avec l’article « Femmes au cinéma« .
Bref, j’avais tout de même envie d’en faire un nouveau rituel, et de m’efforcer sur Cinephiledoc de parler de livres écrits par des femmes ou consacrés à des femmes au mois de mars, et l’on verra l’an prochain si je m’y tiens.
D’autant que ce fameux livre qui tarde encore à arriver représentait pour moi un champ que je n’avais encore exploré : celui des YouTubeuses qui parlent de cinéma.
Je l’ai dit un peu plus tôt, parmi les YouTubeuses que je suivais, il n’y avait que Ginger Force (dont les vidéos ne sont désormais malheureusement plus disponibles en ligne) pour parler de cinéma.
Récemment, je n’avais pas pris la peine d’essayer de découvrir de nouvelles chaînes, même s’il est vrai que de nombreuses chaînes que j’avais plaisir à suivre ont depuis un moment déjà cessé leurs activités ou se sont tournées vers d’autres activités et d’autres formats… comme la cultissime Parlons peu, mais parlons ! des non moins fabuleuses Maud Bettina Marie et Juliette Tresanini.
C’est donc en fréquentant une librairie et non en naviguant sur YouTube que j’ai découvert le livre (et la chaîne) de Mélanie Toubeau.
T’as la Ref ? … et bien non !
En furetant dans le rayon cinéma de cette librairie, je suis tombée sur cet ouvrage, publié chez Hors collection en octobre 2022 : T’as la Ref ? : Un film peut en cacher un autre, de Mélanie Toubeau.
Après l’avoir pris en photo et posté sur Instagram au moment de ma lecture, c’est une amie qui m’a clairement fait comprendre que, si j’avais généralement les ref évoquées dans le livre, je n’avais pas la principale, et je ne connaissais absolument pas la chaîne de Mélanie Toubeau, La Manie du cinéma, ignorance que je me suis empressée de combler entretemps.
J’ai donc fait pendant quelques jours des allers-retours très sympathiques entre son ouvrage et sa chaîne, et ça ne faisait que rendre encore plus savoureux les allers-retours entre les films qu’elle évoquait et leurs sources d’inspiration.
Car c’est bien de cela qu’il est question dans son livre : les références entre les films, et les citations. Comment Blade Runner de Ridley Scott fait référence à Metropolis de Fritz Lang, comment Chicken Run propose une réécriture de La Grande évasion, comment La La Land rend hommage à Chantons sous la pluie, ou encore comment George Lucas est un fan absolu d’Akira Kurosawa.
Avec la chaîne YouTube et le livre de Mélanie Toubeau, on passe de l’agaçant « attends mais ça je l’ai déjà vu quelque part et je l’ai sur le bout de la langue » à l’inévitable « bon sang mais c’est bien sûr ».
J’ai retrouvé dans ce livre et dans cette chaîne le même petit bonheur des associations d’idées que j’affectionne dans Blow Up, où je scrute chaque semaine les films qui parlent de cheveux, d’escaliers ou de bowling… à la différence que l’association ne se fait plus en sautant d’un film à l’autre mais bien par les échos à l’intérieur d’un film.
Dans T’as la Ref ?, Mélanie Toubeau dissèque ainsi 40 films, leurs sources d’inspiration et les films qu’ils ont à leur tour inspirés, allant même jusqu’à glisser les épisodes des Simpsons où ces films apparaissent (Jurassic Park, Matrix, The Shining).
L’ouvrage est sacrément bien illustré avec affiches et plans, et donne pleinement à voir les jeux de miroirs entre deux films, voire plus.
À intervalles (presque) réguliers, elle glisse quelques pages consacrées aux références cinématographiques : la référence ou le plagiat, les clichés au cinéma, le cri de Wilhelm, les affiches du Festival de Cannes. Elle propose même deux petits jeux dans le livre que je ne spoilerai pas ici.
Lorsque l’on referme le livre, il nous reste deux petits regrets, l’un purement matériel – sur certaines pages partiellement imprimées en noir, l’encre blanche est illisible (petit défaut d’impression, qui pourra être corrigé, je l’espère, lors des rééditions éventuelles) – et l’un de lecteur : celui d’avoir fini le livre.
Mon livre rangé, je suis donc retournée sur YouTube pour voir les vidéos que je n’avais pas encore regardées, et j’ai lancé un film… histoire la prochaine fois d’avoir la ref…