Je publie cet article #profdoc avec un peu d’avance, pour équilibrer avec l’article du mois prochain…
Avant de reprendre ce traditionnel article mensuel, j’aimerais commencer cette nouvelle année scolaire par quelques petites réflexions, d’ordre personnel et professionnel, mais sans aucune ambition.
La vie numérique de M…
En effet, avant de parler de mon nouvel établissement et de mon nouveau CDI, j’aimerais m’attarder sur ce phénomène actuel qui consiste à rejeter et à diaboliser le numérique, en partant d’une personne de mon entourage.
M… ne supporte pas le numérique. Si je prends le risque de parler de lui aujourd’hui, c’est bien parce que je sais qu’il ne mettra pas les pieds sur ce blog.
M… a aujourd’hui la soixantaine, il est fonctionnaire au sein de l’éducation nationale, et utilise a minima le numérique dans sa vie professionnelle : il envoie des mails, en reçoit, et, il me semble, maîtrise parfaitement les éléments d’une suite bureautique.
Pourtant, dès qu’il sort de ce cadre professionnel, M… fuit tout contact avec le numérique. Il a un téléphone portable qu’il n’allume que lorsqu’il prend la voiture pour de longs trajets, il ignore ce que sont des SMS ou des MMS, il n’est pas sur les réseaux sociaux. Il faut dire qu’il habite dans une zone mal desservie par internet…
Autour de lui, ses amis, parfois bien plus âgés, échangent des photos sur leur smartphone, sont sur Facebook, et font des achats en ligne.
Régulièrement, M… m’appelle pour me demander de passer une commande, s’indigne des « gamins » toujours sur leurs portables, ne comprend pas pourquoi la banque, EDF, ou le moindre prestataire de service lui demande son adresse mail, ou est exaspéré par ses copains branchés qui essayent de le convertir au numérique.
Sur le plan numérique, tout nous oppose, M… et moi : pour moi, la moindre démarche administrative se fait en ligne, j’y prend mes rendez-vous chez le médecin, j’y consulte mes comptes, j’y remplis ma déclaration de revenus.
J’ai du mal à rester éloignée d’un outil numérique, ordinateur, tablette ou smartphone, je consulte le trafic sur le RER, les dernières actualités, la météo, les embouteillages sur la N104, les dernières infos sur Twitter… et je m’exaspère de la moindre absence de wifi.
M… est un membre de ma famille mais il est loin d’être un cas isolé. Combien de collègues ai-je rencontré, qui refusent tel ou tel projet impliquant un soupçon de numérique parce que « ça prend trop de temps » ou « c’est trop compliqué », ces collègues qui préfèrent encore un affichage papier en salle des profs ou un mot dans leur casier, parce que leur boite mail académique déborde de courrier non lu…
À Ludovia, université numérique, le maire de la ville d’Ax-les-Thermes nous vantait telle ou telle zone de la ville où il n’y avait pas encore de wifi, et nous suggérait de venir nous y ressourcer. Les 3/4 de la salle avaient tablettes, ordis, ou portables à la main.
À la rentrée, on a beaucoup parlé d’un ouvrage dénonçant les méfaits du numérique dans l’éducation. Il était cependant assez comique de voir que les auteurs de ce livre en faisant la promo avec un compte dédié sur Twitter, comme si des végétariens mangeaient de la viande pour se convaincre de ne pas en manger…
Régulièrement, je tombe sur des articles de presse qui évoquent, chez certains, cette peur et ce rejet du numérique, et des innovations technologiques en général.
Et après tout, qui suis-je pour juger ?
Il y a des enseignants formidables qui se passent de numérique, qui s’impliquent et multiplient les projets sans avoir besoin, comme moi, d’être accro à leur smartphone.
Et il y a ceux, dont je fais partie, qui continueront à faire du numérique parce que cela leur convient et parce qu’ils pensent que cela est nécessaire aux élèves pour évoluer dans le monde qui nous entoure.
Il y a des élèves qui sont, malgré l’étiquette « digital natives » qu’on leur colle, bien moins à l’aise avec le numérique qu’on ne se l’était imaginé (j’en ai fait l’expérience en collège).
Il y a ceux aussi qui d’emblée nous dépassent par leur aisance devant un écran – comme cet élève de quatrième l’an dernier, qui apprenait à coder au CDI.
J’aime le numérique dans tout ce qu’il représente d’accès au savoir, à l’information, dans tout ce qu’il facilite en matière de vie quotidienne et de communication, j’aime tout cet éventail de personnes qu’il me fait rencontrer, néophytes ou convertis, observateurs ou acteurs, et je suis consciente de ses dérives et de ses excès.
Même si je l’utilise quotidiennement et si je cherche à impulser des actions qui forment au numérique et qui s’appuient sur ses outils, je ne chercherai jamais à l’imposer professionnellement à quelqu’un…
J’ai simplement du mal avec toutes les personnes qui me tiennent le discours du bout de bois et du « c’était mieux avant ».
Voilà pour ces quelques cogitations personnelles, qui n’ont pas d’autre prétention que de poser à plat ce que je gamberge dans ma petite tête, et dont, j’espère, vous excuserez la platitude.
J’en profite tout de même pour vous renvoyer, si le cœur vous en dit, à la lecture de quelques articles, où sont intervenus sur le sujet notamment Anne Cordier ou Nicolas Le Luherne…
Entrons désormais dans le vif du sujet de cet article.
Nouveau CDI, nouvel établissement
Entre l’année dernière et cette année, je fais le grand écart : je passe d’un collège de moins de 300 élèves à un lycée de plus de 1000 élèves. Je passe d’un petit couloir où il suffisait de faire 2 mètres pour être soit à la vie scolaire, soit en salle des professeurs, soit à l’administration, à un labyrinthe qui exige de moi une bien plus grande activité physique. Je passe d’une trentaine d’enseignants à environ 120 profs, je passe d’un poste seul à un double poste (avec deux autres personnes en appui)…
Les contrastes sont nombreux et saisissants. Mais pour ceux qui suivent ce blog depuis quasiment sa naissance, ils savent que finalement, ce lycée et ce CDI ne sont pas nouveaux pour moi… En effet, c’est dans ce lycée que j’ai fait mes premières armes. Je ne me retrouve donc pas complètement en terra incognita, j’ai le dépaysement et la nouveauté sans être désorientée, ce qui est, pour le coup, assez confortable.
Bien-sûr, en quatre ans, ce CDI a évolué, et j’ai dû me réhabituer, aussi, à ne plus être seule à la barre. Je commence d’ailleurs à apprécier certains aspects du double poste, sur lesquels je reviendrai…
Voici donc d’abord à quoi ressemble, visuellement, ce CDI :
Plus grand qu’au collège, mais pas immense non plus. Moins d’ordinateurs que je n’en avais au collège, mais une mezzanine avec vidéoprojecteur.
Concernant le fonds, le CDI dispose de 40 abonnements, et les documentaires sont classés en Dewey. Le fonds est en cours de rénovation, certains rayons ont bien besoin d’être rafraîchis et la tâche est titanesque. Voici donc pourquoi j’apprécie le double poste : une répartition de la gestion des rayons ainsi que des abonnements.
Cette année, je m’occupe des Généralités (000), de la Philosophie (100), de la Religion (200), des Arts (miam du cinéma) – 700 – et d’une partie de la Littérature (sauf littérature étrangère) – 800.
Je suis déjà parvenue, durant ce premier mois, à harmoniser les cotes du rayon 000 et du rayon 200. J’ai jeté un coup d’œil au rayon 100, qui a subi un bon désherbage l’an passé, et j’ai trouvé de belles petites perles dans le rayon 800.
En ce qui concerne les fictions, nous faisons rayons communs. Mais le fonds reste encore relativement peu attrayant, et vieillot. J’ai souvent l’impression de faire de l’archéologie documentaire, à enlever au cutter de vieilles cotes manuscrites maintenues par du scotch jauni (avec parfois plusieurs couches, à passer au carbone 14), et à découvrir la date du premier emprunt (1977) d’une édition des Mythologies de Roland Barthes ou de feuilleter Les Héroïnes de Corneille, édition de 1924, dont je ne sais si un jour il a jamais été emprunté…
Autant dire qu’il y a de quoi du boulot !
Néanmoins, sur ce CDI partagé, voici ce que j’ai réussi à faire en septembre :
Séances
- Accueil des secondes
Pour l’instant, je n’ai vu qu’une classe de seconde. Il y en a 11 en tout.
Cette séance d’une heure s’est déroulée en 3 temps : une présentation du CDI et de ses espaces, des conditions de prêts, des équipes, etc., un jeu de piste en équipe de 2 à 3 élèves, avec les petits papiers présentés ci-dessous.
À chaque fois qu’une des équipes rapporte un papier rempli, elle récupère un autre papier, jusqu’à épuisement du stock. Cela permet aux élèves de se familiariser rapidement, et de manière amusante, avec les différents espaces du CDI.
Durant le 3e temps, ma collègue d’histoire-géo présentait à une moitié de la classe des revues spécialisées, pendant que j’aidais l’autre moitié dans leurs recherches en EMC.
- TPE
Du fait de nos emplois du temps, les TPE sont répartis entre ma collègue et moi. J’ai une classe de S, une de ES et une de L. Pour l’instant j’ai vu les S et les ES, à qui j’ai fait cette présentation en première séance :
https://magic.piktochart.com/output/15864748-memo-tpe
Puis à qui j’ai fait ces deux présentations en deuxième séance :
- une piqûre de rappel sur la recherche dans e-sidoc et sur Google : http://www.genial.ly/57d110948391ed20741fd02e/tpe-rechercher-linfo
- une rapide présentation d’outils pour optimiser son travail : http://www.genial.ly/57d1200a4b1ab20d24d626f2/tpe-des-outils-pour-travailler
Les présentations sont accessibles directement sur le réseau pédagogique de l’établissement, et j’ai déjà quelques groupes convertis au mur collaboratif.
Je n’ai pas vu les L, qui me posent régulièrement des lapins.
- Projets à venir
J’ai déjà quelques séances de formation à la recherche programmées avec les secondes, mais pas seulement.
J’ai pu discuter avec quelques collègues et commencer à réfléchir à deux projets en particulier : un en STMG sur la veille, et un en première ES, normalement, sur le numérique, et en particulier sur l’usage des réseaux sociaux dans le cadre de la campagne présidentielle à venir. Je vous tiendrai au courant au fur à mesure que ces projets se construiront.
Pour les ateliers et autres clubs, je n’ai pas encore d’idées précises, si ce n’est un atelier jeux, qui, sans empiéter sur le foyer, permettrait aux élèves de découvrir chaque semaine un nouveau jeu…
Communication
Pour l’instant, encore, je suis en pleines cogitations, mais j’ai réussi à mettre en place quelques petites choses.
- Lettre de présentation
Même si j’étais déjà connue de certains collègues, j’ai tenu à me présenter à nouveau : voici donc le mail que j’ai envoyé, quelques jours après la rentrée :
Bonjour à tous,Je me permets de vous adresser ce message afin de me présenter à vous à nouveau.
Ancienne professeure documentaliste stagiaire au lycée Einstein, j’ai travaillé pendant 4 ans au collège Jean Mermoz de Savigny-sur-Orge avant de revenir cette année parmi vous en tant que titulaire, avec beaucoup de bonheur.
Ceux qui me connaissent déjà savent qu’il me tient particulièrement à cœur de travailler avec vous et d’expérimenter de nouvelles choses.
Les thématiques qui m’intéressent sont entre autres les usages pédagogiques et l’identité numériques, la publication en ligne, le cinéma et la littérature. Mais je n’exclue aucun autre thème de travail et serai toujours heureuse et impatiente de travailler avec vous, quoi qu’il arrive !Je profite également de ce message pour mettre à votre disposition une infographie que j’avais proposé aux enseignants de mon collège l’an dernier (ne vous formalisez donc pas d’y trouver mentionné le nom de mon ancien établissement), et que j’espère pouvoir enrichir durant l’année :
https://magic.piktochart.com/output/10741612-boite-a-outils-du-cdiN’hésitez pas à venir me trouver ou à m’envoyer un petit message ! Je suis également légèrement accro à la caféine durant les périodes scolaires, en particulier au moment de démarrer la journée…
Bonne fin de semaine et au plaisir de vous retrouver !
Juliette FILIOLProfesseure documentaliste@JFiliol
- L’E-instant CDI
J’ai voulu reprendre, en l’adaptant au contexte, à l’existant (une lettre hebdomadaire de la proviseur adjointe) et au public, la lettre de diffusion que je faisais au collège. J’ai donc repris une formule hebdomadaire, en la centrant davantage sur culture, éducation et numérique.
https://magic.piktochart.com/output/15886286-e-instant-cdi
Pour le nom de cette lettre, il fait référence au nom de l’établissement, le lycée Albert Einstein, « E-instant » commençant comme Einstein, et au numérique avec le E du début.
- Agenda en ligne
Une première, inspirée des pratiques de certains collègues, j’ai décidé, pour faciliter mon organisation, de mettre à disposition des collègues mon agenda. Cela est aussi motivé par le fait qu’avec le double poste, j’ai souvent des demi-journées, ça me permet de m’y retrouver.
Animations du CDI
J’ai pu reprendre mes expos thématiques, la première sur les Journées européennes du patrimoine.
Cependant, le règlement intérieur du lycée et le règlement du CDI étant relativement stricts, j’ai dû adapter mes expos augmentées. Voici donc l’affiche que j’ai placée sur la porte du CDI.
https://magic.piktochart.com/output/15864356-expos-augmentees-lycee
Chacune des expos est « annoncée et prolongée » en dehors du CDI.
https://magic.piktochart.com/output/16006085-expo-augmentee-jep
Voilà ce que ça donne pour les Journées du patrimoine.
Et c’est tout pour l’instant. Je reste en ébullition et en attente des autres choses à impulser, à reprendre, et à mettre en place. D’ici là, vous retrouverez très bientôt le prochain article cinéphile, avant l’article doc du mois d’octobre…
À bientôt !