Bonjour à tous.

Revoici les hors-série de l’été de Cinephiledoc. Après les sujets de 2013 (rétrospective du cinéma, romans consacrés au cinéma, enfants de stars qui évoquent leurs parents, chansons sur le cinéma) et les sujets de 2014 (les relations du cinéma avec les autres disciplines artistiques et culturelles), j’ai décidé cette année de vous proposer 4 articles consacrés chacun au cinéma d’un pays ou d’une culture.

J’en profite pour m’excuser par avance de mettre la plupart du temps la bande-annonce originale, car même lorsque je ne parle pas la langue, je préfère entendre la langue d’origine d’un film plutôt que sa version doublée.

HORS-SÉRIE

Dans chacun des articles, je proposerai un certain nombre de références principales : livres et sites internet, ainsi que d’autres références secondaires et pouvant avoir déjà été abordées dans d’autres articles (vidéos, classements…). Enfin, à chaque fin d’article, je donnerai trois suggestions de films sur le sujet.

Cinéma espagnol

Petite confidence : je propose tout autant ces hors-série pour vous donner envie de voir des films que pour enrichir ma propre culture cinéphile. Cette année, j’avais envie d’en découvrir un peu plus sur les productions cinématographiques d’autres pays et d’autres régions du monde.

Je manque parfois de temps pour m’y consacrer comme je le souhaiterais, mais dans ces moments-là, les livres dont je vais vous parler sont de bons alliés, à la fois pour voyager dans une autre culture, et pour découvrir, au hasard des pages, de nouveaux films.

Je commence donc par le cinéma espagnol – ou plus exactement par le cinéma hispanique et latino-américain, puisque ce début d’été me donne envie de chansons, de soleil, d’entendre Penelope Cruz ou Marisa Paredes faire chanter leur langue, et de voir Carmen Maura préparer un gaspacho…

Le livre que j’ai choisi pour ce hors-série a été publié en 2011 aux éditions Gremese, par Antxon Salvador. Il s’agit du Cinéma espagnol : 250 films incontournables de la cinématographie hispanique et latino-américaine, du cinéma sonore à nos jours.

L’auteur, espagnol lui-même, et spécialiste du cinéma, a réuni autour de lui une dizaine de collaborateurs, également tous hispaniques et spécialistes du cinéma.

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Comme le sous-titre le laisse entendre, il s’agit d’un parcours chronologique de cette culture cinématographique, qui s’ouvre sur un film de 1933, La mujer del puerto, et se clôt avec un film d’animation de 2011, Chico & Rita.

Dans ce livre, pas de dissertation, pas d’histoire détaillée du cinéma espagnol, pas de récit de ses relations avec l’Histoire – avec un grand H – des pays dont il provient. Une double-page de présentation suffit, et rappelle à la fois l’ambition et la modestie du projet :

Composer une liste de films est aussi passionnant que frustrant : personne ne sera jamais totalement d’accord avec les titres proposés ici. Chaque cinéphile a sa propre liste. Et chacun des membres de l’équipe de rédaction a dû renoncer à l’un de ses films préférés parce que nous avons décidé de nous imposer une limite de 250 titres.

Ensuite, le lecteur part pour ce voyage de 250 étapes à travers l’histoire et la géographie du cinéma hispanique. À chaque film est consacrée une demi-page (ou une double-page au maximum) – ce qui rappelle un peu l’organisation éditoriale des livres sur les 1001 films, 1001 livres, 1001 œuvres…

Chaque fiche présente : le titre (et sa traduction), le réalisateur, l’année, le pays d’origine, la durée, une rapide fiche technique, les interprètes principaux, l’accueil critique et public, ainsi qu’un résumé et une rapide analyse. Le tout est illustré d’affiches et de photographies, et l’ensemble est bien construit et d’une lecture agréable.

On y retrouve évidemment Luis Buñuel, Carlos Saura, ainsi que ceux qui me sont les plus familiers : Pedro Almodóvar, Guillermo del Toro, Alfonso Cuarón et Alejandro González Iñárritu.

Tout en couleurs, comme un Almodóvar

En effet, lorsque l’on me parle de cinéma espagnol, le premier nom qui me vient à l’esprit, le premier que j’ai appris à prononcer, avant Buñuel, avant Carlos Saura, c’est celui d’Almodóvar.

Je me souviens encore de ma première confrontation avec Talons aiguilles, une Marisa Paredes bouleversante, une Victoria Abril agaçante et attachante (elle sera d’ailleurs attachée dans Attache-moi !), un homme travesti chantant avec la voix de Luz Casal dans une cave

des couleurs, des bijoux, des femmes, des aveux à la télévision, des déguisements, des tailleurs Chanel et, bien-sûr, des talons aiguilles.

J’ai ensuite vu Tout sur ma mère, qui reste à ce jour un de mes préférés, en particulier pour sa scène d’ouverture, avec une lecture de la préface de Musique pour caméléons, de Truman Capote. Je n’ai pas retrouvé cette scène en vidéo, ce sera donc la bande-annonce :

Enfin, il y en a un que j’aime tout particulièrement d’Almodóvar, c’est Volver, dont j’ai glissé un extrait plus haut, parce que j’adore toutes ces femmes qui tentent de survivre ensemble :

Pour prolonger cette évocation d’Almodóvar, et pour ceux qui souhaiteraient poursuivre le voyage dans son univers, je vous recommande l’ouvrage publié aux éditions des Cahiers du cinéma, Conversations avec Pedro Almodóvar, par Frédéric Strauss. Comme d’habitude les Cahiers du cinéma proposent un livre d’une qualité rare et qui rend justice au cinéma haut en couleur du réalisateur.

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Pour finir, replongez-vous dans le monde musical d’Almodóvar, avec cette vidéo proposée par Blow Up :

Deux ovnis du cinéma hispaniques

Ce qui m’a frappé dans le livre cité plus haut, c’est d’y retrouver deux cinéastes que je connaissais pour leurs œuvres les plus récentes, ayant toutes les deux remporté un énorme succès international. Il s’agit d’Alfonso Cuarón, pour Gravity, mais que nous avions déjà vu aux commandes du 3e volet des aventures d’Harry Potter (que je considère pour ma part comme le plus réussi) et d’Alejandro González Iñárritu, auteur du sensationnel Birdman :

Je ne m’attarderai pas plus là-dessus. Je rêve seulement de voir l’un de ces deux ovnis (ou le 3e, Guillermo del Toro) réaliser un jour l’adaptation des romans de Zafón, je suis persuadée que le résultat serait grandiose. Peut-être faudrait-il souffler l’idée à l’auteur de Marina et de L’Ombre du vent, lui-même étant scénariste à Hollywood…

Passons aux ressources en ligne que j’ai pu dénicher…

Sites, listes et classements en tout genre

Le site le plus sérieux que j’ai pu trouver sur le sujet reste celui-ci : http://www.cinespagne.com/

Il propose non seulement toute l’actualité du cinéma espagnol, des portraits, des interviews, mais aussi des dossiers sur des sujets variés, allant de la bisexualité masculine à l’image de la famille dans ce cinéma.

Vous avez évidemment l’article de Wikipédia, mais ce dernier n’est qu’une ébauche : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cin%C3%A9ma_espagnol

Évidemment encore, les analyses du Ciné-club de Caen sur le sujet : http://www.cineclubdecaen.com/analyse/cinemaespagnol.htm

Enfin, une liste de films espagnol sur Vodkaster : http://www.vodkaster.com/listes-de-films/le-meilleur-du-cinema-espagnol/720916

Retrouvons, pour finir, et en attendant une autre destination, la sélection des 3 films promises.

Trois films

  • Le premier d’entre eux risque de choquer, il ne s’agit pas d’un film espagnol, et il ne s’agit pas non plus d’un réalisateur espagnol… d’espagnol, il n’y a que le titre, le décor et l’ambiance, ce qui est déjà beaucoup.

En effet, L’Auberge espagnole de Cédric Klapisch, est l’un des films qui m’a le plus permis de découvrir la culture espagnole et Barcelone, et il est, de loin, le meilleur des trois films réalisés par Klapisch, avec cette bande de jeunes comédiens en perpétuel mouvement. Si Les Poupées russes a tout d’une suite des plus sympathiques, le 3ème, dont j’ai même oublié le nom – et je ne ferai pas l’effort de le rechercher – n’a été pour moi qu’une suite de déceptions.

Il y a dans L’Auberge espagnole une fraîcheur, une énergie et un enthousiasme inégalés par les autres films de cette saga.

  • Le second film que je vous propose, c’est le film d’Almodóvar que je préfère, La Fleur de mon secret, avec Marisa Paredes, dans le rôle d’un écrivain sentimental qui rêve d’écrire autre chose, et qui est empêtrée, elle-même, dans des histoires de cœur quelque peu compliquées…

Rien de niais ni de fleur bleue là-dedans, juste une émotion à vif qui vous tient tout au long du film. C’est beau et simple.

  • Enfin, le 3e ne surprendra personne, j’ai évoqué son réalisateur un peu plus haut, il s’agit de ce conte étrange et bouleversant de Guillermo del Toro, Le Labyrinthe de Pan :

Voilà pour ce premier hors-série, à très bientôt pour le suivant !