Pour cet été, je vous propose sur Cinephiledoc deux hors-série en écho avec les articles qui seront proposés sur LudoDOC : en effet, nous avons décidé, avec mes comparses Béatrice, Bénédicte, Fabienne et Sophie, de publier sur LudoDOC nos projets de lectures de cet été (nos PAL).

Vous retrouverez donc ici les ouvrages que je compte lire durant l’été. Sur Cinephiledoc, j’ai décidé de vous proposer cet été une petite sélection des livres que j’ai lus durant l’année scolaire 2020-2021 et qui m’ont particulièrement marquée.

Cet article est un peu à la manière de la présentation que je propose à mes collègues, mes « Conseils de lectures de la #profdoc », mais je donnerai ici à ces conseils un tour un peu plus personnel et plus sélectif.

Ce petit tour d’horizon sera l’occasion de quelques clins d’œil amicaux, car la plupart de mes coups de cœur de cette année m’ont été recommandés par des profs docs et des paddocks que j’affectionne.

Les conseils estivaux de Bénédicte

Parmi les profs docs que je côtoie, il y a quelques profs docs de l’académie de Montpellier, bibliovores narbonnais et carcassonnais toujours à l’affut de belles expériences de lectures.

Je dois l’été dernier à Bénédicte certaines de mes plus belles découvertes, avec des textes souvent assez courts mais dont la qualité d’écriture m’a régulièrement laissée sans voix… Parmi ses nombreux conseils, j’en retiendrai deux :

  • l’évocation de Romain Gary par François Henri Désérable dans Un certain M. Piekielny :

« »Quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire : au n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny… »
Quand il fit la promesse à ce M. Piekielny, son voisin, qui ressemblait à « une souris triste », Roman Kacew était enfant. Devenu adulte, résistant, diplomate, écrivain sous le nom de Romain Gary, il s’en est toujours acquitté : « Des estrades de l’ONU à l’Ambassade de Londres, du Palais Fédéral de Berne à l’Élysée, devant Charles de Gaulle et Vichinsky, devant les hauts dignitaires et les bâtisseurs pour mille ans, je n’ai jamais manqué de mentionner l’existence du petit homme », raconte-t-il dans La promesse de l’aube, son autobiographie romancée.
Un jour de mai, des hasards m’ont jeté devant le n° 16 de la rue Grande-Pohulanka. J’ai décidé, ce jour-là, de partir à la recherche d’un certain M. Piekielny.»

  • les textes fulgurants d’Alessandro Baricco, Novecento : pianiste et Soie, qui m’ont donné envie de tout découvrir de cet auteur :

Né lors d’une traversée, Novecento, à trente ans, n’a jamais mis le pied à terre. Naviguant sans répit sur l’Atlantique, il passe sa vie les mains posées sur les quatre-vingt-huit touches noires et blanches d’un piano, à composer une musique étrange et magnifique, qui n’appartient qu’à lui : la musique de l’Océan dont l’écho se répand dans tous les ports.

Des facéties d’auteurs pour s’évader

Je triche un peu dans ce second regroupement, car je dois à nouveau la lecture suivante à Bénédicte, mais il s’agit de trois ouvrages pleins d’originalité, de drôleries et d’inventions.

  • le livre qui rend hommage aux livres mis au pilon : Le Liseur du 6h27, de Jean-Paul Didierlaurent (ou comment ne pas aimer un livre dont le nom du héros est une contrepèterie…)

Employé discret, Guylain Vignolles travaille au pilon, au service d’une redoutable broyeuse de livres invendus, la Zerstor 500. Il mène une existence maussade mais chaque matin en allant travailler, il lit aux passagers du RER de 6h27 les feuillets sauvés la veille des dents de fer de la machine …

  • un hommage savoureux, irrésistible et attendri aux polars et aux films noirs avec Lino Ventura, Mamie Luger de Benoit Philippon, un conseil de lecture de Johann Jambu, collègue profdoc dans l’académie de Dijon : Johann, un grand merci pour la crise de fou-rire ininterrompue d’un bout à l’autre de cette pépite !

Six heures du matin, Berthe, cent deux ans, canarde l’escouade de flics qui a pris d’assaut sa chaumière auvergnate. Huit heures, l’inspecteur Ventura entame la garde à vue la plus ahurissante de sa carrière. La grand-mère au Luger passe aux aveux et le récit de sa vie est un feu d’artifice. Il y est question de meurtriers en cavale, de veuve noire et de nazi enterré dans sa cave. Alors aveux, confession ou règlement de comptes ? Ventura ne sait pas à quel jeu de dupes joue la vieille édentée, mais il sent qu’il va falloir creuser. Et pas qu’un peu.

  • et à propos de polar, voici l’ouvrage que j’ai réussi à faire le plus circuler parmi les paddocks lecteurs du lycée : une aventure facétieuse organisée par Romain Puértolas : La Police des fleurs, des arbres et des forêts 

Durant la canicule de 1961, un officier de policier est envoyé en mission dans un petit village reculé. Il doit enquêter sur la mort de Joël, 16 ans dont le corps a été retrouvé découpé en morceaux dans une usine à confiture…

Les conseils de lectures des paddocks du lycée (1)

Cette année, j’ai eu le bonheur de voir qu’un petit réseau de profs lecteurs s’organisait au lycée et commençait à s’échanger quelques ouvrages… nous avions d’ailleurs évoqué l’idée d’organiser des cafés littéraires, qui se sont déroulés deux fois à distance.

C’était aussi la première année qu’en plus d’emprunter régulièrement des livres au CDI, certains (ou pour être plus exactes certaines) m’en ramenaient pour me les prêter : j’ai donc pu découvrir quelques pépites, que je vous partage ici en partie dans ce premier hors-série, et dont vous découvrirez le reste le mois prochain !

  • les fresques historiques de Stéphanie : Dans la main du diable d’Anne-Marie Garat, La Part de l’aube et Le Soleil sous la soie (mon préféré) d’Éric Marchal 

Stéphanie est arrivée au lycée en 2019. Elle a fait partie avec Antonella (vous retrouverez Antonella plus bas) des personnes qui adoraient L’Amie prodigieuse d’Elena Ferrante, que je n’avais pas lu. Juste avant le confinement, je suis venue apporter à Stéphanie le tome IV de la saga jusque dans sa salle, et piquée par la curiosité, j’ai emprunté les trois premiers tomes.

C’était le début d’un échange de conseils de lecture, principalement via Whatsapp. Commencé avec Ferrante, nous avons poursuivi avec Bernard Minier, que je lui ai recommandé principalement avec l’argument suivant « Tu en connais beaucoup toi des flics latinistes ? » (Stéphanie a en charge l’enseignement du latin au lycée). Depuis, elle m’a dépassée dans la lecture des aventures de Servaz, dont elle me parle régulièrement.

En novembre 2020, Stéphanie est venue au CDI avec plusieurs conseils de lecture sous le coude, principalement des fresques historiques (mais pas que) : le Garat et les deux Marchal évoqués plus haut. Pour l’instant, c’est Le Soleil sous la soie qui emporte mes suffrages :

À l’aube du XVIIIe siècle, un des plus petits États d’Europe, le duché de Lorraine, se relève de l’occupation française, dans l’espoir de connaître une génération de paix. Nicolas Déruet est chirurgien ambulant. Emprisonné à la suite d’une opération durant laquelle le patient est décédé, il est obligé de s’exiler dans les armées de la coalition en guerre contre les Turcs. De retour à Nancy, il développera son art à l’hôpital Saint-Charles et n’aura de cesse de laver son honneur.

  • l’escapade dépaysante d’Antonella : Tout le bleu du ciel de Mélissa Da Costa 

Antonella est notre collègue d’italien au lycée. Elle lit les ouvrages de Ferrante et d’Erri de Luca (entre autres) évidemment en VO, mais il lui arrive aussi de venir les emprunter dans leur traduction française.

Elle aime les polars et le dépaysement, elle avait notamment beaucoup aimé Le Bourreau de Gaudi, d’Aro Sainz de la Maza, que j’avais lu sur les conseils d’une ancienne collègue de lettres. Elle aussi est convertie à Bernard Minier.

En janvier, Antonella est venue au CDI me déposer Tout le bleu du ciel de Mélissa Da Costa.

Petitesannonces.fr : Jeune homme de 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.
Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence.

C’est sur cette aventure insolite, qui m’a conduit aux abords de l’environnement familier des copains du sud (profs docs de l’académie de Montpellier, la boucle est bouclée) que je vous laisse pour ce premier hors-série, en vous souhaitant à nouveau un bel été, au plaisir de vous retrouver pour de nouveaux conseils de lectures au mois d’août.

N’hésitez pas à partager vos conseils de lectures en commentaires et à très bientôt sur Cinephiledoc !