Comme à mon habitude, je vous propose deux hors-série estivaux sur ce blog.

Après un petit mois de déconnexion, voici le deuxième hors-série, qui sera tout aussi léger et, comme le promet le titre, tout aussi imagé que le premier.

Avec un peu de paresse, mais tout de même une pincée de réflexions, j’ai voulu vous partager dix images qui peuplent mon intérieur, et qui, pour certaines, m’accompagnent depuis un long moment.

Je ne vais pas forcément les présenter de manière chronologique, ni même faire une étude approfondie de leur composition, mais juste expliquer, en toute subjectivité, comment elles ont, elles aussi, construit ma cinéphilie.

Portraits en solo

  • Les Lumières de la ville

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours connu cette photographie de Charlot, descendant les escaliers dans Les Lumières de la ville.

Elle est d’une assez bonne taille (environ 90×75 cm) et elle était à l’origine accrochée dans la maison familiale sur un pallier donnant sur ma chambre et sur celle de mes parents.

Mon père était un fan de Chaplin, et quand j’étais petite, il m’invitait chaque soir à dire « Bonne nuit » à Charlot avant d’aller me coucher.

Malgré toute l’affection que j’ai eue depuis pour Charlot, le fait de lui dire « Bonne nuit » me terrifiait, j’étais persuadée que le bonhomme allait descendre durant la nuit de son affiche pour venir jouer les vampires dans ma chambre…

Depuis, évidemment, j’ai vu et revu les films de Chaplin, j’ai ajouté d’autres images des Temps modernes et du Kid et du Cirque à cette affiche, qui s’est déplacée plusieurs fois, que j’ai fait ré-encadrer et qui est désormais dans mon salon.

  • La Nuit américaine

Par comparaison à celle de Charlot, cette photographie de Truffaut paraît minuscule : elle est dans un cadre en bois posé sur l’une de mes bibliothèques (elle figure juste à côté du clap mentionné dans l’article précédent).

On reconnaît qu’il s’agit d’une photographie de tournage de La Nuit américaine, non seulement à la veste de cuir portée par le personnage de Ferrand dans le film, mais aussi, étant donné la façon dont la photo est découpée, à l’oreille droite de Nathalie Baye qui figure à gauche de Truffaut – et qui joue le rôle de la scripte Joëlle dans le film.

C’est aussi l’une des seules photographies que j’ai imprimée directement et que j’ai encadrée de manière quelque peu artisanale, et figurant ainsi à côté d’autres dont je parlerai un peu plus loin, elle me fait aussi l’effet d’une de ces photographies qui figurent dans la chapelle de Julien Davenne dans La Chambre verte

  • Bogie

Justement, pas très loin de Truffaut, on retrouve cette photographie d’Humphrey Bogart dans un beau cadre noir…

Cette photo m’a été offerte par mon père. Bogart, comme Marilyn Monroe ou Audrey Hepburn, faisait partie (et fait peut-être toujours partie) des acteurs qui sont le plus facile à trouver dans des magasins de décoration.

Vous voulez un décor d’intérieur de cinéma ? Vous trouverez forcément Marilyn et sa robe blanche dans Sept ans de réflexion (ou bien-sûr la série d’Andy Warhol), Audrey Hepburn et son fume-cigarettes dans Diamants sur canapé, et Bogart en évocation incontournable du film noir.

Couples mythiques

  • Bogie and The Look

Sur la même bibliothèque, entre Bogart et Truffaut, il y a cette photographie d’Humphrey Bogart et Lauren Bacall issue du Grand sommeil.

Le Grand sommeil est le deuxième film qui les réunit, après Le Port de l’angoisse, et avant Les Passagers de la nuit et Key Largo.

J’ai découvert le couple Bacall / Bogart peu après avoir vu La Nuit américaine, Howard Hawks faisant partie des cinéastes auxquels Truffaut rend hommage dans son film. Cherchant donc méthodiquement à construire ma culture cinématographique, j’ai découvert Le Port de l’angoisse dans l’un des cinémas parisiens qui a l’époque projetait les grands classiques, l’Action écoles.

Je suis allée ensuite farfouiller plusieurs fois dans la librairie Cinédoc qui était située passage Jouffroy à Paris, à côté du musée Grévin, et qui proposait, outre des ouvrages et des revues sur le cinéma, quantité d’affiches, photos de tournage et cartes postales… d’où provient entre autres cette photo du Grand sommeil.

  • La Belle et la Bête

C’est dans cette même librairie que j’avais trouvé nombre d’affiches de films, la plupart des affiches néerlandaises (je ne sais pas pourquoi). Je ne les ai pas toutes conservées, mais l’une de mes préférées reste cette affiche du film de Cocteau, avec Jean Marais et Josette Day, que j’ai fait depuis ré-encadrer.

On y retrouve la fameuse rose issue du conte – et que réutilisera Disney – et si je fais une entorse à ce que j’ai indiqué en introduction et m’intéresse brièvement à la composition, on retrouve sur cette affiche un élément fréquent, avec l’homme qui littéralement surplombe / domine la femme, cette dernière en posture de fragilité ou d’évanouissement, dans une position qui donnerait un torticolis à tout être humain normalement constitué…

  • Gone with the wind

Même composition pour cette affiche d’Autant en emporte le vent, qu’une amie m’avait offert dans une taille absolument gigantesque (si l’on mesure avec les images précédentes, je dirais que l’affiche faisait au moins deux Charlot et demi, soit environ 2m X 1,5m).

Pour les besoins de la photo, j’ai quelque peu tronqué la partie droite de l’affiche et le nom d’une des comédiennes, Olivia de Havilland, qui incarne cependant mon personnage préféré, avec celui de Clark Gable.

La version « géante » de cette affiche a d’abord trôné dans l’une de mes chambres d’étudiantes – il n’y avait quasiment pas de place pour autre chose. Puis dans l’une des pièces de mon appartement. Enfin, pour être un peu plus raisonnable sans forcément y renoncer, je lui ai trouvé une version « miniature » et j’ai roulé et rangé la grande soeur dans un placard.

  • It’s a wonderful life

Pour cette dernière image de couple, j’ai choisi cette affiche du film de Frank Capra, en français La Vie est belle.

J’ai toujours trouvé l’argument de ce film incroyable : un homme au bord du suicide reçoit la visite d’un ange qui lui fait découvrir ce qu’aurait été son environnement proche s’il n’avait pas existé, lui redonnant ainsi goût à la vie.

Sur ma photo vous pouvez voir en reflet comme cette affiche fait pendant à l’affiche de Charlot.

Je n’ai pas revu ce film depuis longtemps, mais je me souviens que dans un épisode de Friends, Monica le conseille à Phoebe, et l’affiche, il me semble, apparaît également dans le décor.

Ce serait d’ailleurs intéressant que quelqu’un se penche sur les références cinématographiques dans les séries télévisées, en particulier dans Friends, qui en abonde (la chambre de Joey étant, entre autres, tapissée d’affiches de cinéma).

Deux hommes, une femme

Attention, rien de tendancieux dans cette formulation. Il y a simplement chez moi, encadrées de manière rigoureusement similaire, deux photographies de cinéma.

  • Jules et Jim

La première est issue du film Jules et Jim, avec la fameuse course de Jeanne Moreau, Oskar Werner et Henri Serre sur le pont.

  • Fenêtre sur cour

La seconde est une photographie de tournage de Fenêtre sur cour où figurent James Stewart, Grace Kelly et Alfred Hitchcock.

Retour aux sources

Enfin pour la dernière des dix images, je vous propose un petit retour aux origines du cinéma :

avec cette affiche du Voyage dans la Lune de Georges Méliès. J’avais trouvé celle-ci lors d’une de mes nombreuses visites à la Cinémathèque, ce qui me donne une transition toute trouvée avec le prochain article cinéphile, dans lequel je reviendrai, entre autres, sur ma dernière visite à la Cinémathèque française.

D’ici là je vous souhaite une excellente fin d’été et je vous dis à très bientôt sur Cinephiledoc !