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Blog pour cinéphiles et profs docs

Mois : octobre 2023

Notes de lecture sur l’intelligence artificielle (épisode 4)

Pour ce quatrième (et peut-être dernier) épisode de mes notes de lecture sur l’intelligence artificielle, j’ai choisi des ouvrages et des articles qui permettent de susciter le débat sur la question.

En effet, les lectures que j’ai retenues peuvent être mobilisées dans des disciplines principalement associées aux sciences humaines : enseignement moral et civique, philosophie, HLP…

Je précise qu’il s’agit là potentiellement du dernier épisode, car je pense pour l’instant avoir à titre personnel fait le tour de la question, même si je n’exclus pas de prendre à nouveau des notes sur des ouvrages ou des articles qui attireraient mon attention et proposeraient un éclairage d’actualité sur le sujet (je pense en particulier aux ouvrages publiés très récemment sur ChatGPT).

Mais d’ici là, je m’octroie une petite pause sur l’intelligence artificielle (sauf pour avancer dans mes conceptions de séances) et vais plancher sur d’autres lectures scientifiques.

Dans cet épisode :

  1. un aperçu de deux ouvrages que j’ai parcouru et qui abordent la question d’un point de vue philosophique et social : Les Robots font-ils l’amour ? et Des Robots et des hommes
  2. revue de presse avec les numéros 1700 du Courrier international et 432 du Un
  3. sélection de ressources

Les Robots font-ils l’amour : Le transhumanisme en 12 questions, de Laurent Alexandre et Jean-Michel Besnier

Cet ouvrage, publié en 2016, figurait déjà depuis un certain temps dans le rayon philosophie du CDI, et déjà à l’époque, le titre avait retenu mon attention, en me rappelant celui du roman de Philip K. Dick Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, porté à l’écran sous le titre Blade Runner.

Contrairement à mes notes de lecture précédentes, je ne vais pas tenter de faire un résumé de chaque chapitre, le titre étant suffisamment parlant. Je vais me contenter de relever ce qui m’a intéressée dans cet ouvrage et de quelle manière il peut permettre de nourrir un débat sur la question.

L’ouvrage prend la forme d’une discussion (relativement animée) entre les deux auteurs, Laurent Alexandre, médecin et entrepreneur, et Jean-Michel Besnier, philosophe, et cette discussion s’articule autour des 12 questions du sous-titre :

  1. Faut-il améliorer l’espèce humaine ? (implants, détection de la trisomie 21)
  2. L’humanité doit-elle changer sa reproduction ? (fécondation in vitro, manipulations génétiques)
  3. La technologie peut-elle tout réparer ? (thérapie, implants, rôle et déontologie d’un médecin supplanté par les technologies)
  4. Demain, tous cyborgs ? (le chapitre revient sur les craintes soulevées à l’époque par Elon Musk autour de l’intelligence artificielle, et sur la question du libre arbitre au sein d’un corps livré à la technique)
  5. Peut-on faire l’amour avec un robot ? (évocation du film Her, cybersexualité)
  6. Est-il désirable de vivre 1000 ans ? : la lecture de ce chapitre m’a rappelé le roman Tous les hommes sont mortels de Simone de Beauvoir
  7. Le transhumanisme est-il un eugénisme ? (est-il légitime d’utiliser toutes les possibilités de transformation offertes par la science ? rappel du mythe de la singularité, c’est-à-dire le moment où l’esprit humain est dépassé par l’intelligence artificielle)
  8. L’intelligence artificielle va-t-elle tuer l’homme ? (retour sur la lettre ouverte sur l’intelligence artificielle signée en 2015 entre autres par Stephen Hawking, Bill Gates, Elon Musk…) *
  9. Quels sont les enjeux économiques ? (retour sur l’implication des géants du numériques, en particulier Google, le lien entre Big data et IA)
  10. Faut-il légiférer ? (de quelle manière encadrer législativement et de manière éthique les innovations technologiques ? quelles interventions de l’état – ou inter-étatiques – possibles ? nécessaire évolution de l’école)
  11. Doit-on craindre un « meilleur des mondes » ? (risques totalitaires du transhumanisme ou renouveau démocratique ? proposition d’un serment d’Hippocrate pour les scientifiques spécialistes des NBIC)
  12. Jusqu’où pousser la recherche ? (le transhumanisme comme nouvelle religion)

J’ai indiqué par un * les chapitres sur lesquels je me suis davantage attardée. Le chapitre 8 fait un rapide historique de l’intelligence artificielle, sur la définition de l’intelligence, sur la difficulté de l’école à s’adapter aux problématiques actuelles de l’IA, sur les risques de l’intelligence artificielle pour l’emploi, sur la distinction entre IA faible et IA forte et sur la loi de Moore.

Mon avis sur l’ouvrage

Le caractère souvent décomplexé de la conversation m’a parfois quelque peu désarçonnée, mais j’ai trouvé la structure très fluide et intéressante, et avec un recul sur ces différentes questions, je pense qu’elles peuvent être reprises presqu’à l’identique dans le cadre de débats menés en classe avec les élèves.


Des robots et des hommes : Mythes, fantasmes et réalités, de Laurence Devillers

Là encore, il s’agit d’une publication sur la question qui remonte à quelques années (2017).

L’ouvrage s’ouvre par une fiction « LILY, ma robote assistante de santé » où l’auteur imagine un futur désormais proche, en 2025, avec des robots compagnons de vie ayant trois niveaux d’adaptation : le niveau 1 sans adaptation, le niveau 2 où le robot peut apprendre certaines tâches, et le niveau 3 où il s’adapte aux habitudes de l’humain.

L’auteure propose des allers-retours entre cette fiction et les avancées de la robotique et de l’intelligence artificielle au moment où cet ouvrage est publié ainsi que les questionnements qu’elles soulevaient : les agents conversationnels, les capacités propres à l’homme et celles propres aux robots, le traitement des données personnelles.

Dans son avant-propos, Laurence Devillers évoque déjà les expériences menées avec les robots japonais Pepper et Paro (et l’utilisation de ce dernier dans l’accompagnement des personnes âgées), des robots Keepon et Nao pour les enfants souffrant de troubles du spectre autistique.

Principalement, elle pose la question de l’intégration des robots sociaux dans notre vie quotidienne, avec les problématiques de la morale, de l’éthique, de l’empathie, du respect de la vie privée. Elle indique 4 leviers à prendre en compte :

  • éduquer à l’éthique des robots
  • expliciter des règles de bonne conduite à coder sur le robot
  • mettre en oeuvre des outils pour vérifier le respect de ces règles
  • adopter une règlementation juridique en cas de non respect

en s’appuyant sur les lois de la robotique d’Asimov.

L’ouvrage se décline ensuite en deux parties.

Dans la première partie « Les robots : science-fiction, mythes et fantasmes », l’auteure revient aux origines littéraires et cinématographiques de la robotique :

  • Frankenstein ou le Prométhée moderne, de Mary Shelley
  • le mot ROBOT qui trouve son origine chez Karel Capek
  • et évidemment Asimov pour la littérature

Concernant les mythes et fantasmes cinématographiques, elle les fait remonter à Prométhée, Pygmalion, à Faust et au Golem, aux questionnements philosophiques de Descartes (qui dissocie corps et esprit) et aux différences culturelles de perception des robots entre l’Occident et le Japon.

S’ensuivent les références cinématographiques de Metropolis, 2001, Star Wars, A.I., WALL-E., Her, et les séries Real Humans et Westworld, qui posent d’un point de vue fictionnel les problématiques soulevées dans l’avant-propos.

Dans le troisième chapitre de cette première partie « L’intelligence des machines : halte aux fantasmes ! », l’auteure revient sur la définition de l’intelligence et fait un rappel historique de ce que recouvre l’intelligence artificielle (Turing, modes d’apprentissage, hivers de l’IA, recherches menées par les GAFAM et transhumanisme, mythe de la singularité et lettre ouverte de 2015 alertant sur les dangers de l’IA).

Quelques points de réflexion :

  • Tay, l’intelligence artificielle de Microsoft entraîné par les utilisateurs à tenir des propos racistes et antiféministes
  • les failles de la technologie de reconnaissance faciale de Google Photos
  • citation mentionnée de Gérard Berry, informaticien et professeur au Collège de France

L’homme est lent, peu rigoureux et très intuitif. L’ordinateur est super rapide, très rigoureux et complètement con.

L’auteure rappelle l’urgence d’aller au-delà du test de Turing pour prendre en compte les nouvelles capacités de l’I.A.

Dans la deuxième partie « Les robots : aujourd’hui et demain », l’auteure s’intéresse à ce qui lie robotique, intelligence artificielle et problématiques sociales et morales.

Dans le chapitre « Qu’est-ce qu’un robot social ? », elle évoque les fonctionnalités les plus récentes des robots, avec les dimensions développées : autonomie, apprentissage et empathie.

Elle définit selon différents critère la robotique sociale : le robot perçoit ce qui l’entoure, peut apprendre et interagir avec nous, et ces différents enjeux dans les chapitres suivants :

  • un robot doit-il le plus possible ressembler à un humain ? va-t-on faire plus confiance à un robot humanoïde ?
  • un robot peut-il manifester de l’empathie ou en susciter ? qu’est-ce qui distingue l’homme du robot dans l’expression des émotions ? une machine peut-elle apprendre à détecter les émotions et adapter sa réponse en conséquence ?
  • comment intégrer aux innovations technologiques la morale et le respect de la vie privée et des données personnelles ?

Pour illustrer cette dernière question, l’auteure cite la nouvelle de John McCarthy, Le Robot et le bébé, où le robot doit déroger à une première règle de fonctionnement pour respecter la deuxième.

Elle soulève également la question de la responsabilité en matière d’intelligence artificielle : qui est responsable entre le concepteur du programme, l’ingénieur, l’opérateur et l’utilisateur ?

Règles et responsabilités interviennent dans les champs suivants :

  1. sécurité civile,
  2. opérations militaires,
  3. voitures autonomes (Moral Machine)

Concernant les relations que les humains peuvent avoir avec un robot social, l’auteure rappelle le rôle chez l’enfant du doudou comme objet transitionnel (note personnelle : ce que constitue déjà le smartphone pour un certain nombre de personnes – voir nomophobie) avec les risques que cela induit : addiction, confusion, repli sur soi.

Les deux derniers chapitres évoquent les peurs suscitées par les robots (piratage, surveillance, risques économiques) et la nécessité d’éviter les deux écueils que sont les craintes irrationnelles et le trop plein de confiance, ce qui amène naturellement à l’épilogue de l’ouvrage, une proposition de onze commandements pour les applications sociales de la robotique, où figurent en premier lieu les données privées et le droit à l’oubli.

Mon avis sur l’ouvrage

Parmi les ouvrages traitant de la question de l’intelligence artificielle par le biais des sciences humaines et en particulier de la philosophie, des émotions et de la morale, cet ouvrage est le plus intéressant que j’ai pu lire jusqu’ici.

La porte d’entrée de la fiction, avec les robots compagnons et les allers-retours avec les questionnements actuels sont assez vertigineux et captivants, surtout lorsqu’on lit aujourd’hui cet ouvrage publié en 2017.

Il complète de manière plus posée le premier ouvrage, et permet d’assoir les arguments qui pourraient survenir dans un débat sur l’intelligence artificielle en classe.


Revue de presse

Pour cette revue de presse, j’ai décidé de ne pas trop détaillé le contenu des périodiques concernés et de me concentrer sur ce que j’ai pu trouver de plus récent – hors quotidiens, sur les aspects sociaux, philosophiques et artistiques de l’intelligence artificielle. J’ai donc retenu deux documents :

Naomi Klein : « Les IA organisent le plus grand pillage de l’histoire de l’humanité ». Courrier international n°1700, 01/06/2023, p.44-45

Dans cette tribune publiée dans The Guardian, Naomi Klein revient sur les « hallucinations » autour des dernières innovations de l’intelligence artificielle et fait se confronter certaines utopies (utiliser l’IA pour prendre des décisions, pour transformer le monde du travail, pour améliorer l’accès à l’information) et leurs revers (consommations, crise climatique, dérives politiques et économiques.

L’IA va-t-elle nous remplacer ?. Le 1 n°432, 01/02/2023, p.1-6

Dans le numéro de cette revue hebdomadaire, j’ai retenu :

  • les Repères en page 5 « Rêves prométhéens » qui proposent une chronologie littéraire et cinématographique de l’IA.
  • dans le Zoom en page 6 « À quand un ChatGPT français ? », Isabelle Ryl évoque le supercalculateur Jean-Zay et le modèle de langage Bloom, un modèle de langage ouvert, responsable et explicable.
  • dans « L’art au temps de l’intelligence artificielle » Marion Carré revient sur les questionnements récents (et qui font écho à la grève des scénaristes et des acteurs à Hollywood) : l’IA peut-elle être artiste ? quels risques dans l’uniformisation des goûts ? quels sont les droits concernant une oeuvre générée par l’intelligence artificielle ?
  • enfin dans son enquête « Le défi de l’éducation », Manon Paulic revient sur la nécessite de repenser l’enseignement : évalue-t-on la capacité des élèves à emmagasiner et restituer des connaissances ou son raisonnement critique et sa créativité ?

Ce dernier débat me renvoie à l’opposition entre les sophistes et Socrate dans les dialogues platoniciens… et ouvre sur l’une de mes prochaines lectures, que j’évoque dans la partie Ressources.

Ressources

J’avais songé à l’origine faire le compte-rendu dans cette note d’un troisième ouvrage : Data-Philosophie de Sonia Bressler, en y abordant uniquement ce qui a trait à l’intelligence artificielle, mais l’ouvrage opte visiblement pour un questionnement plus large et qui m’intéresse, j’en ferai donc le compte-rendu dans un article ultérieur.

Octobre 2023 : séances et animations du CDI

Pour ce deuxième article de l’année scolaire 2023-2024, je reviendrai plus en détails sur les activités professionnelles menées entre le 27 septembre et le 20 octobre.

Dans l’article du mois de septembre, je suis surtout revenue sur les actions de communication et les sélections thématiques proposées.

Ce mois-ci, je vais davantage aborder les séances pédagogiques menées, en particulier les visites des élèves de secondes.

Séances et actions pédagogiques

Dans un premier temps, voici les séances menées entre le 28 septembre et le 20 octobre :

  • visites de seconde : nous avons cette année 14 classes, que nous accueillons en demi-groupe. Nous avons terminé ces séances le 19 octobre avec la dernière classe.
  • EMC (seconde) : une collègue m’a sollicitée pour suivre ses élèves dans le cadre de recherche au CDI. Sont prévues trois séances au CDI et une séance de présentation orale.
  • visites des 1STMG : l’an dernier nous avions accueilli 6 groupes des 4 classes de 1STMG, pour l’instant nous avons vu trois groupes.
  • EMC (première) : deux classes travaillent sur le thème du lien social en s’appuyant sur les ressources du CDI, avec les mêmes modalités d’organisation que les classes de seconde en EMC.
  • EMC (TSTMG) : je travaille en collaboration avec un collègue avec cette classe sur les controverses scientifiques.
  • spécialité HGGSP (terminale) : deux groupes sont venus pour commencer des recherches dans le cadre de la préparation du grand oral
Identité visuelle des séances pédagogiques

Je l’avais indiqué dans l’article du mois de septembre, j’ai commencé à retravailler la manière dont je conçois mes scénarios pédagogiques et mes fiches d’activités à destination des élèves cet été.

L’idée à l’origine me venait de deux collègues (et amies) professeures documentalistes en collège avec qui j’ai l’habitude d’échanger : Camille Sapina qui est dans l’académie de Bordeaux et Floriane Sallé, avec qui j’ai travaillé un an et qui est presque ma voisine, puisqu’elle exerce dans un collège à Étampes.

Les deux ont dernièrement utilisé soit pour des voyages scolaires, soit au quotidien au sein du CDI une mascotte : Marcus le lapin qui part en voyage avec les élèves latinistes pour Camille, Guigui le perroquet pour Floriane. Je me suis aussi souvenu de la mascotte de la classe médias de Lionel Vighier il y a quelques années.

Vous me direz, une mascotte au lycée, est-ce vraiment pertinent ? Et je me posais la même question…

Mais j’ai voulu aller plus loin dans ma réflexion, et comme j’étais en train de reprendre mes séances en SNT pour leur donner plus de cohérence, je me suis dit qu’il faudrait faire correspondre une version numérique dans le rendu visuel de la séance – certains collègues utilisent bien un avatar – à une mascotte physique que les élèves retrouveraient au CDI.

En gros, il s’agirait d’un rituel d’enseignement mis en place avec les élèves qui leur permettrait d’identifier directement les séances qu’ils font soit au CDI, soit avec la professeure documentaliste.

Cette version numérique de la mascotte pourrait apparaître sur les fiches élèves à deux occasions :

  • soit pour rappeler les objectifs de la séance
  • soit pour solliciter la parole des élèves au lieu de la mienne (littéralement, remplacer les moments où je jacte de manière descendante par une interaction avec eux)

J’ai commencé à réaliser les fiches élèves de mes séances avec Canva, et j’ai trouvé dans un premier temps la version numérique de cette mascotte, que j’ai baptisée Chat Bla-bla.

Il ne me restait plus qu’à lui trouver un équivalent physique, en deux exemplaires sur les conseils de plusieurs personnes (parce que les doudous il les faut en double), et cet équivalent physique a dépassé mes espérances (et mes intentions) lorsque je l’ai présentée à une amie qui se reconnaitra et qui m’a dit :

Il est arc en ciel 🌈 cha-bla-bla ! J’adore ! Et les yeux vairons pour lutter contre les discriminations … et des oreilles avec des paillettes : un peu trans !

Je n’avais pas réfléchi jusque-là, je l’avais juste choisi pour son côté un peu original et anticonformiste en mode « soyez vous-mêmes », et grâce à cette amie j’en faisais aussi un compagnon de l’apaisement du climat scolaire et du bien-être des élèves !

Et du coup concrètement, comment ça se passe ?

Voici Chat Bla-bla avant son installation au CDI.

Il est arrivé au CDI peu après la rentrée, et a été assez rapidement remarqué par certains habitués (dont l’une régulièrement l’appelle juste Bla-bla). Il n’est là que quand je suis au CDI, il rentre avec moi le week-end, et il vient avec moi lorsque je pars pour des activités extérieures à l’établissement.

Il m’accompagne donc en formation, et il a eu droit à son premier post sur le compte Instagram du CDI le 29 septembre dernier.

J’en profitais pour présenter sa version numérique (moins colorée) aux élèves :

Outre cette identité visuelle qui fera partie intégrante désormais de mes séances pédagogiques, j’ai repensé l’organisation de la visite de mes classes de seconde en essayant de renforcer les notions à retenir à l’intérieur des temps ludiques de la séance.

Visites du CDI : l’enrobage de l’escape game

L’an dernier, j’avais inauguré pour la première fois ce nouvel escape game « La quête du savoir » où je souhaitais que les élèves découvrent le CDI de manière ludique en étant par équipes, et en utilisant à la fois des ressources papier et numériques.

J’avais tout de même l’impression de beaucoup trop parler au début et de les noyer d’informations, et aussi qu’ils participaient à cet escape game sans forcément en retenir grand chose (mon objectif principal étant de les faire revenir au CDI).

J’ai donc tâcher de travailler sur ces deux impressions, et j’ai produit pour chaque équipe une fiche supplémentaire recto-verso. Sur le recto, un rappel des objectifs, de l’activité de l’escape game et des trois équipes :

Sur le verso, des questions propres à l’équipe mais également sur le fonctionnement du CDI. Voici un exemple avec l’équipe des archivistes :

À la fin de la séance, j’ouvre un Digiscreen où j’utilise :

  • la fonction de tirage au sort qui me permet de demander à l’une des trois équipes de répondre
  • le dé qui détermine de façon totalement aléatoire combien de points vaut la question

Une fois la séance lancée, je n’y pense pas forcément, mais je rajoute un nombre de points aléatoires à l’équipe qui trouve en premier Chat Blabla sur le bureau…

J’aurai l’occasion de revenir un peu plus tard dans l’année sur les modifications apportées aux autres séances menées et sur les conceptions de nouveaux scénarios.

J’en profite aussi pour ajouter ici un post Instagram publié fin septembre et expliquant aux élèves pourquoi le CDI est souvent réservé à des classes :

Valorisation du fonds

Dans cette rubrique, j’indique à la fois la réorganisation des espaces (et la mise à jour de la réflexion sur cet aménagement), les sélections thématiques et les animations proposées.

Réflexion sur l’organisation des espaces

Fin septembre, Roman a eu l’idée de réorganiser le coin lecture pour qu’il soit plus aéré et plus agréable pour les élèves, et pour mieux mettre en valeur également le rayon Généralités et le rayon Langues.

Voilà le résultat en images :

J’ai posté le visuel dans la foulée sur Instagram avec un petit sondage, et ce nouvel aménagement a fait la quasi unanimité (moins une voix) :

Cela m’a aussi permis de mettre à jour une présentation sur l’aménagement des espaces que je propose aux étudiants de Master 2 de Montpellier :

Sélections thématiques

Voici les sélections thématiques proposées entre le 27 septembre et le 20 octobre.

  • toujours installée : la sélection sur la Coupe du Monde de rugby
  • sélection : journée mondiale de la non-violence

Affiche réalisée sur Canva

Sélection proposée du 2 au 12 octobre.

  • sélection Fête de la science

Présentation cliquable réalisée sur Genial.ly

Sélection mise à disposition le 6 octobre, avec un article publié le même jour sur le blog du CDI.

  • sélection Octobre rose

Affiche réalisée sur Canva

Sélection proposée du 6 au 17 octobre, et inspirée par les actions de différents profs docs, dont Corentine qui est au lycée Michelet d’Arpajon.

  • nouveautés documentaires

Affiche réalisée sur Canva

Sélection proposée à partir du 12 octobre.

  • nouveautés fictions + sélection arc-en-ciel

Parmi ces nouveautés, il y avait beaucoup de sélections faites par des élèves, ce qui m’a permis de les valoriser sur le compte Instagram du CDI :

J’ai ensuite proposé une sélection arc-en-ciel en m’appuyant sur leurs recommandations :

Cette sélection a été installée le 13 octobre au CDI :

  • puzzle collaboratif

Suite à la demande d’une élève de terminale, j’ai attendu que la quasi totalité des classes de seconde ait visité le CDI pour lui faire choisir le premier puzzle collaboratif de l’année.

Il a été installé le 16 octobre, avec le défi un peu ambitieux de le terminer le vendredi des vacances :

Communication

Ce mois-ci, les actions de communication m’ont permis de valoriser des actions sur le compte Instagram du CDI, qui poursuit sa lancée. Je n’en ai pas pour autant délaissé les autres canaux de communication…

Bulletin de veille E-INSTANT CDI

Concernant ce bulletin de veille que j’essaye d’envoyer à peu près régulièrement aux enseignants, je l’ai mis à jour tout début octobre, mais les aléas du numérique au lycée (et plus généralement en région Ile de France) et de l’ENT ne m’ont pas permis de l’envoyer immédiatement. Je ne l’ai donc envoyé que le 17 octobre sur l’ENT.

Blog du CDI

Durant cette période, j’ai publié les articles suivants :

  • 30 septembre : la présentation de la sélection sur la non violence
  • 2 octobre : un Zoom Actu sur les conflits, les migrations et le droit d’asile

  • 6 octobre : la présentation sur la Fête de la science et la sélection Octobre rose
  • 12 octobre : les nouveautés documentaires et la sélection arc-en-ciel
  • 16 octobre : le partage d’une affiche d’information sur les ateliers « apprendre à apprendre » proposés par des collègues
Blog sur l’orientation

J’ai publié deux articles le 6 octobre : l’un sur le salon Post-bac, l’autre présentant la newsletter du CIO.

Blog sur les ressources numériques

Pour ce blog à destination des enseignants, je n’ai ce mois-ci publié aucun article. J’avais prévu de présenter l’abonnement via le Mediacentre à la version en ligne du Monde, auquel le lycée est abonné… je me suis fait couper l’herbe sous le pied par un collègue qui a donné l’information sur le groupe Whatsapp de la salle des profs…

Compte Instagram du CDI

Le compte Instagram du CDI arrive quasiment à 100 abonnés au bout de son mois et demi d’existence, je suis donc ravie !

J’essaye d’y poster au moins 2 publications par semaine et de les mettre en story pour qu’elles soient plus visibles, et j’alterne les photos postées directement et les publications sur lesquelles je vais prendre un peu plus de temps pour soigner le visuel…

J’ai pu ainsi poster directement le carton de la commande reçue fin septembre, les nouveautés, les ouvrages prêtés en consultation sur place par un collègue d’histoire-géo, et de temps en temps je reprends la série des « Le saviez-vous ? » sur Canva et j’y ajoute une nouvelle page :

La semaine avant les vacances, le compte était un peu plus actif, puisque je prévenais les élèves de l’absence de Roman, parti en voyage scolaire en Angleterre :

Je tentais de stimuler ce compte pour qu’il atteigne ses 100 premiers abonnés :

et je partageais la suite des aventures de Chat Bla-bla :

Activités de gestion

Ce mois-ci les activités de gestion se sont concentrées sur

  1. le traitement des deux commandes arrivées fin septembre,
  2. la préparation de deux autres commandes transmises à l’intendance mi octobre
  3. et pour moi le suivi de l’attribution des licences numériques dans le médiacentre

Autres activités

Enfin j’en termine comme à mon habitude par les autres activités professionnelles de la période, et avec la mini-rubrique des mercredis studieux.

Réunions, stages, déplacements
  • 2 octobre : formation de formateurs à Marly-Le-Roi sur les modalités d’organisation de la formation continue dans l’académie de Versailles…
  • 5 octobre : le deuxième cours pour les étudiants de Master 2 de l’université de Montpellier, en collaboration avec mon ancienne proviseure, sur l’arrivée dans un établissement et sur son fonctionnement
  • 18 octobre : le troisième cours sur le projet d’établissement et la politique documentaire
Les mercredis studieux

Comme je l’avais annoncé au mois de juin et de juillet, j’ai arrêté en fin d’année scolaire dernière la mission que j’exerçais depuis 8 ans tous les mercredis auprès de la Direction du Numérique pour l’Éducation.

Voici donc un petit aperçu de ce à quoi j’occupe désormais mon temps le mercredi, puisque j’arrive à m’y tenir et à avoir des journées de travail assez fournies…

  • 27 septembre : le matin, attribution des licences numériques. Le midi, récréatif : déjeuner avec mon ex-binôme de la DNE au 122. L’après-midi, lecture de deux chapitres d’un ouvrage sur l’intelligence artificielle pour les prochaines notes de lecture.
  • 4 octobre : finalisation de la préparation du cours de M2 du lendemain, préparation du cours des TSTMG du lendemain sur les controverses scientifiques, lectures des ouvrages et des articles sur l’intelligence artificielle.
  • 11 octobre : préparation du cours de M2 du 18 octobre, mise à jour du déroulé de cours (sur l’année) et du contenu du cours du 18 en fonction des besoins des étudiants. Travail sur la compétence « Partager et publier » de PIX. Réalisation du parcours d’auto-positionnement de PIX+édu

  • 18 octobre : le 3e cours des M2, la finalisation de cet article, l’envoi de mails, la suite de mes lectures sur les data et ma lecture en retard du numéro d’InterCDI sur la photographie de presse

Voilà pour ces activités du mois d’octobre, je m’arrête pour cet article et publierai pendant les vacances l’épisode 4 de mes notes de lecture sur l’intelligence artificielle.

D’ici là, je vous souhaite à toutes et tous de bonnes vacances et vous dis à très bientôt sur Cinephiledoc !

D’une Helen(e) à l’autre, en passant par Fanny et Alma

Au moment où je commence la rédaction de cet article, je pose sur mon temps libre mes lectures pour visionner en boucle deux documentaires de la chaîne YouTube Arte Cinéma (et j’en profite jusqu’au bout avant qu’ils ne soient plus disponibles, et je suis sur le point de me renseigner pour continuer à les regarder).

Les documentaires Arte cinéma sont des bijoux

Ces deux documentaires, ce sont :

Mon mois d’octobre (voire mon mois de novembre parfois, c’est comme la semaine de la presse, ça ne dure jamais qu’une semaine) est souvent – toujours, généralement, immanquablement – truffaldien.

Mon mois de février souvent aussi, mais c’est régulièrement à l’automne que je lis Truffaut, que je pense Truffaut et que je revois Truffaut.

Visionner en boucle ces deux documentaires a prolongé l’une des deux lectures qui font l’objet de cet article.

Quant à l’autre, elle m’a simplement donné l’inspiration pour son titre, mais évidemment je n’y reviendrai que plus loin, tout à mon plaisir de digresser dans un premier temps sur Fanny et sur Alma, Helen viendra après.

Fanny Ardant et moi

Concernant Fanny Ardant : Naissance d’une passion, je l’ai découvert un vendredi soir sur YouTube, ayant laissé passer une soirée consacrée à Fanny Ardant et diffusée sur Arte au mois de septembre.

J’emprunte à Vincent Delerm le titre de sa chanson, qui était contemporaine, en 2002 de ma découverte du cinéma de Truffaut et donc de Fanny Ardant. Je l’avais certes aperçue dans d’autres films, mais c’est avec Truffaut que j’ai appris à aimer son jeu, sa silhouette et sa voix.

J’avais réussi à me procurer à l’époque Les Dames de la côte en cassette vidéo, et j’étais parvenue à aller la voir au théâtre Edouard VII jouer Sarah avec Robert Hirsch (il va sans dire que je l’avais trouvée magnifique en Sarah Bernhardt), puis La Maladie de la mort au théâtre de la Madeleine.

Je l’ai adorée dans 8 Femmes, mais je ne suis pas non plus une inconditionnelle qui scrute aujourd’hui la moindre de ses apparitions.

En revanche, ce documentaire qui explore Fanny Ardant à travers François Truffaut, et qui est ponctuée de phrases envoûtantes – « J’aime ceux que j’agace, parce que je me dis que j’arriverai peut-être à les convaincre », je l’ai regardé comme si je cherchais à en imprimer la moindre inflexion de voix en moi.

Dans l’ombre d’Hitchcock : Alma et Hitch

Après mon troisième visionnage du documentaire sur Fanny Ardant, la lecture automatique sur YouTube m’a proposé de revoir un documentaire que j’avais vu un peu plus tôt au mois de septembre, et qui fait partie selon moi de certains indispensables pour mieux appréhender le cinéma d’Hitchcock.

Pour comprendre Hitchcock, il y a évidemment une littérature assez imposante, des ouvrages absolument passionnants comme les entretiens Hitchcock / Truffaut,  le Dictionnaire Hitchcock de Laurent Bourdon, ou encore le Hitchcock de Patrick Brion.

Côté documentaires et films, il y a :

  • le film Hitchcock avec Anthony Hopkins et Helen Mirren, qui revient sur le tournage de Psychose
  • l’excellent documentaire 78/52 qui fait l’analyse de la scène de la douche dans le même Psychose
  • le documentaire Hitchcock / Truffaut réalisé en 2015
  • et ce documentaire Dans l’ombre d’Hitchcock… mais cette liste est loin d’être exhaustive, et j’adore également une vidéo YouTube qui montrait toutes les apparitions d’Hitchcock dans ses films (il en existe d’ailleurs plusieurs, en voici un exemple)

Dans le documentaire consacré plus spécifiquement au couple Alma et Hitch, on entend évidemment la voix de Truffaut, enregistrée durant les fameux entretiens avec la collaboration précieuse d’Helen Scott.

Helen Scott est la deuxième Helen du titre de mon article, mais si elle arrive en deuxième, c’est tout de même à elle que je dois le déclic qui m’a fait réaliser que je parlerai d’elle (et d’une autre Helen) pour ce compte-rendu de lecture du mois d’octobre.

Have you heard… of Helene Hanff ?

Ma rencontre avec la première Helene remonte à mai 2023, et nous nous serions rencontrées avant, puisque son nom d’auteur figurait dans ma liste de lecture depuis l’été 2022.

J’avais lu à l’époque L’Infini dans un roseau, d’Irène Vallejo.

Dans ce livre foisonnant qui revient sur l’invention du livre et des bibliothèques, tout en proposant un itinéraire de lectrice, l’auteur évoquait au détour d’une page (et en note de bas de page) un autre texte, qui avait immédiatement retenu mon attention : 84, Charing Cross Road, de Helene Hanff.

J’ai ajouté ce livre dans ma liseuse, mais je ne l’ai ouvert qu’au mois de mai suivant, et j’ai eu un tel coup de foudre pour ce texte, dévoré en moins de deux heures, que je l’ai immédiatement commandé à ma librairie en 5 exemplaires, en en laissant un au passage à ma libraire qui ne le connaissait pas.

Je me suis fait l’effet d’être une lectrice qui n’aurait pas démérité aux yeux du lecteur François Truffaut, qui était lui aussi capable d’acheter les livres qu’il aimait en plusieurs exemplaires pour les offrir à son entourage.

Dans ce texte fulgurant, lumineux, drôle et touchant, Helene Hanff, une New-Yorkaise fauchée, entretient une correspondance avec Frank Doel, un libraire londonien.

Je dois à Laura Truffaut d’avoir appris que ce texte avait été porté à l’écran avec Anne Bancroft et Anthony Hopkins, et voir ce film était encore dans ma to do list, jusqu’au 1er octobre, où j’ai sauté le pas, l’ayant trouvé sur Amazon Prime.

Cette adaptation, où Anne Bancroft est parfaite, m’a fait me souvenir d’un film que j’avais adoré la seule et unique fois où j’ai pu le voir dans un cycle Sidney Lumet à la cinémathèque : À la recherche de Garbo. On connaît généralement Anne Bancroft pour son rôle de Mrs Robinson dans Le Lauréat, mais elle est à la fois drôlissime et touchante (en tout cas dans mon souvenir) dans ce film et dans le rôle d’Helene Hanff.

Dans cette adaptation, j’ai aussi découvert Judi Dench, et cela m’a fait tout drôle de la voir dans des rôles avant celui de M. dans James Bond.

Reverrai-je un jour le film de Sidney Lumet ? Je l’espère !

Dans tous les cas, Helene Hanff est une correspondante irrésistible, extravagante, qui s’enflamme et se révolte, tantôt attachante, tantôt agaçante.

J’ai rangé ce livre dans l’écrin des favoris de ma bibliothèque, et lorsque j’ai abordé ma seconde lecture (et ma seconde Helen), la première Helene m’est revenue en mémoire.

Les deux Helen(e) n’ont cessé de se mélanger et de s’alimenter l’une l’autre dans mon esprit, et c’est en empruntant le titre du roman photo d’Hitchcock, « Have you heard ? » que j’évoque la première, quand c’est la même manie d’entretenir une correspondance qui a fait surgir la seconde.

Les Helen sont des épistolières redoutables

La seconde, c’est Helen Scott.

Helen Scott, les admirateurs de François Truffaut la connaissent bien. C’est elle qui accueille Truffaut à New York en pleine promotion des Quatre cents coups.

Elle participe à l’aventure des entretiens avec Hitchcock, permettant la publication simultanée en anglais et en français. Elle assiste au tournage de Fahrenheit 451, et elle s’installe à Paris à la fin des années 60.

Suite à leur rencontre en 1960, Helen Scott et François Truffaut commencent à correspondre, et si ses lettres sont bien plus nombreuses (et bien plus longues) que celles de Helen Hanff, elle y fait montre de tout autant d’exubérance et d’humour.

Cette relation amicale et fusionnelle, Serge Toubiana l’avait merveilleusement racontée en 2020, avec L’Amie américaine publié aux éditions Stock.

Cette fois, pour le plus grand bonheur des cinéphiles, ce qu’il nous offre, c’est la correspondance entre le « petit Truffe » et la « grande Scottie » entre 1960 et 1965.

Évidemment, comme pour chaque ouvrage s’intéressant à Truffaut (et dans une moindre mesure à Hitchcock), je n’ai pas pu résister et je l’ai immédiatement ajouté à ma bibliothèque.

Sa lecture cet été a fait mes délices.

Dans sa préface, Serge Toubiana rappelle qu’à plusieurs lettres écrites par semaine par Helen, Truffaut ne répond qu’une lettre tous les deux ou trois mois… elle est exigeante, ses lettres débordent d’anecdotes, d’esprit et d’affection.

Lire une correspondance n’est pas toujours quelque chose d’aisé, en tout cas de mon point de vue. Il faut au-delà de la relation entre les correspondants, que le lecteur puisse créer une certaine connivence avec eux, pour avoir envie d’entrer dans cette relation.

Cette connivence, même subjective et acquise de mon point de vue, est immédiate lorsqu’on lit les lettres échangées entre Helen Scott et François Truffaut.

Côté Truffaut, on assiste (en coulisses) à la maturation de son oeuvre durant cette période, qu’il s’agisse de ses films comme des entretiens avec Hitchcock et la préparation de Fahrenheit 451.

Côté Helen, on est tour à tour amusé et ému par cette femme pleine de tendresse et d’esprit, qui tourne ses lettres avec virtuosité. En témoignent ces quelques pages qui m’ont frappée…

Un poème en réponse à celui envoyé par Truffaut :

Un dialogue avec elle-même :

Ou bien un dialogue imaginaire avec François Truffaut :

Excessive et attendrissante, c’est avec cette citation qu’elle m’a définitivement bouleversée :

L’amour maternel est possessif et inquiet, l’amour sexuel – n’en parlons pas ! Alors que la relation que j’ai avec vous est complètement rassurante et de tout repos. Il y a plus de hauts que de bas, et il n’y a jamais de crises. Si je ne suis pas aimée, dans le sens généralement accepté, je joue, en tout cas, un rôle dans votre vie. Et ce qui est bien plus important, je trouve en vous l’objet idéal d’une affection qui a été bafouée dans mon enfance ainsi que dans ma vie sentimentale.

À la fin de l’ouvrage figurent une note sur l’édition expliquant les choix opérés dans la retranscription de cette correspondance, et une notice biographique sur Helen Scott, à laquelle on préférera de beaucoup lire, relire et relire encore L’Amie américaine.

Elle se termine néanmoins sur une phrase qu’on ne lit pas sans sentir une certaine émotion monter au coeur en même temps qu’une larme monter aux yeux :

François Truffaut est mort le 21 octobre 1984, à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine. Helen Scott est morte trois ans plus tard, dans la nuit du 20 octobre 1987. Lui avait 52 ans. Elle en avait 72.

Et lorsque l’on finit sur cette phrase, on est tenté de reprendre le livre à son commencement (comme j’ai repris les images cinéphiles des documentaires Arte) pour suivre à nouveau leurs voix.

Je renvoie pour la énième fois et comme une boucle à cette citation de Fanny Ardant :

On ne rencontre jamais quelqu’un qu’on a aimé impunément. Aimer quelqu’un, ce n’est pas forcément le voir ou le toucher, c’est d’avoir changé quelque chose de soi, pas parce qu’on a abandonné, mais parce qu’on a été impressionnée au sens fort du terme – imprégnée – par des façons de penser, par des façons d’agir, par des façons de raisonner, qui fait qu’on ne sera plus jamais la même. Alors la véritable impression, c’est ce qui fait que comme sur un tableau, la couleur ne peut plus changer.

Et je laisse ces silhouettes féminines imprégner la pellicule : Helene Hanff, Helen Scott, Alma Hitchcock, Fanny Ardant.

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