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Mois : janvier 2014

Janvier 2014 : séances et animations du CDI

L’article consacré aux projets du mois de janvier au CDI a un peu tardé. En effet, je voulais rassembler toutes les activités en un seul article.

Séances d’initiation à la recherche

En collaboration avec un collègue d’histoire géographie, je poursuis les séances d’initiation à la recherche avec les classes de sixième : après les fictions, les documentaires, et l’évaluation de la recherche sur Internet, la quatrième séance était consacrée à la composition d’un article de Wikipédia.

En effet, lorsque j’ai consacré la troisième séance à la comparaison de deux pages Internet, un article de Wikipédia et la page d’un site spécialisé, tous deux sur le héros Ulysse, j’ai organisé à la fin de l’heure un petit débat : quelle page choisissez-vous à la fin pour vos recherches et pourquoi ?

Malgré un article beaucoup plus long et un vocabulaire beaucoup plus complexe, la majorité des élèves choisissent Wikipédia, même s’ils reconnaissent qu’ils ne liront pas l’intégralité de l’article. Sur l’ensemble d’une classe, il y aura environ :

  • 3 élèves qui choisiront la page du site spécialisé, parce que cette dernière raconte l’histoire d’Ulysse, qu’ils veulent connaître en entier ;
  • 18 à 20 élèves qui garderont l’article de Wikipédia, dont ils essaieront de repérer les infos essentielles.

Suivant l’exemple d’un collègue et ami, j’ai donc dit aux élèves que leurs méthodes de recherche témoignaient de deux types de profils d’info-lettrés :

  • les premiers qui se plongent dans une histoire d’un bout à l’autre auront un profil de « rat de bibliothèque », à la Hermione Granger ;
  • les seconds, qui collecteront les indices dans une page Internet, auront un profil de « détective » à la Sherlock Holmes.

Pour la quatrième séance d’initiation à la recherche, les élèves devaient préparer des exposés consacrés aux savants grecs (Aristote, Archimède, Thalès, Hippocrate, etc.) et aux lieux du savoir de la civilisation grecque (Pergame et la bibliothèque d’Alexandrie).

Durant une heure, ils devaient donc étudier la composition de l’article de Wikipédia consacré à leur sujet de recherche : adresse URL de l’article, collecte de l’information, résumé de l’information collectée, étude de la forme de l’article (légende des photos, bibliographie, articles connexes et portails thématiques). Pour cela, ils avaient à leur disposition :

Pour poursuivre ces séances d’initiation à la recherche, je souhaiterais travailler avec les élèves sur Google maps, puis sur les réseaux sociaux, même si je ne sais pas encore quelle forme cela prendrait.

Animations et concours

Pour le mois de janvier, deux expositions et un concours sont organisés au CDI. Pour célébrer 2014, j’ai eu l’idée de mettre en place une exposition où seraient présentés – ouvrages documentaires à l’appui – tous les événements s’étant déroulés chaque année finissant par 14, avec, entre autre :

  • 14 : mort de l’empereur Auguste (ouvrages sur l’antiquité romaine) ;
  • 814 : mort de Charlemagne, 1214 : naissance de Saint Louis, 1314 : mort de Philippe Le Bel (ouvrages sur le Moyen-âge) ;
  • 1814 : premier exil de Napoléon (ouvrages sur Napoléon et sur les grandes batailles historiques) ;
  • 1914 : début de la première guerre mondiale (bandes dessinées, témoignages et documentaires)

Expo 2014

L’avantage de cette exposition est qu’elle peut être recyclée tous les ans en ayant tout de même à chaque fois des choses différentes à présenter : l’année prochaine, j’aurai certainement des ouvrages sur François Ier (Marignan), Louis XIV (1715) et Napoléon (1815) à présenter.

Expo journée amitié franco allemande

La seconde exposition est celle réalisée à l’occasion de la journée de l’amitié franco-allemande, en collaboration avec mon collègue d’allemand, et assortie d’un concours sur la culture allemande – questions de culture et patrimoine pour mon collègue (avec du vocabulaire) et question de musique, peinture, cinéma, entre autres, et disponible ci-dessous.

Concours journée de l’amitié franco allemande

Pour certaines questions, les élèves obtiennent des points bonus s’ils n’utilisent pas Internet.

Se repérer et comprendre le fonctionnement du CDI

En prolongement des premières séances de la liaison CM2-6e et pour enrichir le « guide de survie » du CDI, j’ai passé un temps certain à réaliser un plan en 3D du CDI, auquel sera assortie une Foire aux questions, répondant aux questions les plus souvent posées au CDI.

Pour réaliser ce plan, j’ai utilisé le logiciel en ligne Kozikaza, après avoir peiné à essayer de comprendre comment fonctionnait Google Sketchup. Même si je n’ai pas réussi à symboliser l’ensemble du mobilier d’un CDI (bacs à BD, kiosque à périodiques et kiosque ONISEP, ordinateurs), le résultat était plutôt satisfaisant, lorsque la connexion internet l’était également. Voilà ce que ça donne, en ligne.

J’ai ensuite effectué une capture d’écran, puis j’ai modifié l’image avec Paint, pour ajouter des légendes. Et voici le résultat final, obtenu après des heures de dur effort (si si !) :

Plan du CDI

Enfin, en ce qui concerne la Foire aux questions, voici le document réalisé : Foire aux questions CDI

Il recense les questions les plus souvent posées par les élèves.

Voici le dernier article consacré aux ouvrages parus en 2013, et, comme annoncé dans l’article précédent, l’ouvrage auquel je me suis intéressée n’est pas à la portée de toutes les bourses.

J’avais déjà mentionné un livre sur la science-fiction, qui portait exclusivement sur les séries télévisées, et je souhaitais dernièrement approfondir mes connaissances sur le sujet. J’hésitais entre deux ouvrages : L’univers de la science-fiction… et au-delà (sous titré La SF par la chaîne SyFy) de Michel Mallory, aux éditions Rizzoli Flammarion, et paru en septembre 2012, et celui que j’ai finalement reçu en cadeau à Noël, à savoir : 100 ans et plus de cinéma fantastique et de science-fiction.

Il s’agit d’un ouvrage dirigé par Jean-Pierre Andrevon, auteur lui-même de science-fiction, et notamment du roman Les Hommes-machines contre Gandahar, adapté en film d’animation sous le titre de Gandahar, un superbe dessin animé, d’une magnifique poésie (les dialogues de la version américaine sont d’ailleurs signés Isaac Asimov, autre incontournable de l’univers SF).

Plus que le titre et au-delà…

100 ans et plus de cinéma fantastique et de science-fiction – titre auquel on devrait dès à présent trouver une abréviation : je propose, à défaut d’un 100AEPCFSF, de m’arrêter aux 100 ans et plus… – est paru en novembre 2013 aux éditions Rouge profond (collection Raccords), que j’ai déjà mentionnées dans deux articles consacrés, l’un à la représentation cinématographique des Etats-Unis, l’autre à celle des vampires au cinéma, et à chaque fois à certains aspects de ce même cinéma de genre, à savoir le cinéma fantastique et / ou de science-fiction.

100-ans-et-plus-de-cinema-fantastique-et-de-science-fiction

Pour en revenir au titre, on peut dire qu’il est représentatif de l’ouvrage lui-même : il propose un tour d’horizon le plus exhaustif possible de la question. C’est d’ailleurs curieux de voir que mes deux choix de livres entre lesquels j’hésitais à l’origine comportaient pratiquement la même tournure : L’univers de la science-fiction… ET AU-DELÀ / 100 ans ET PLUS

D’un côté, explorer l’aspect spatial de la science-fiction, d’autres univers, le voyage intergalactique ; de l’autre, évoquer l’aspect temporel et ne jamais se borner à l’époque présente, mais au contraire, envisager l’avenir et voir le cinéma fantastique et de science-fiction comme un formidable voyage temporel. Et évidemment, toujours prétendre, peut-être pas à l’exhaustivité, mais en tout cas revendiquer une ambition encyclopédique.

Un concentré de culture SF

La forme de l’ouvrage réconciliera passionnés de SF et simples amateurs désirant se forger une culture – à condition d’y mettre le prix. Cependant, hors de question d’emporter le « bébé » dans les transports en commun ou sur une île déserte : cette somme pèse son poids et fait plus de 1080 pages ! L’une des questions qui me taraudent en ce moment est de savoir où je vais bien pouvoir le ranger…

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Avant de l’ouvrir, assurez-vous donc que vous êtes bien installés, et vous pourrez ainsi vous plonger dans un ouvrage foisonnant, approfondi et superbement illustré, et dont l’introduction « en guise de mode d’emploi », nous précise :

D’abord, pourquoi cet ouvrage ? Parce qu’il n’existe pas, à l’heure actuelle en France – et qu’il n’a JAMAIS été publié – un essai recensant, de la manière la plus complète possible, les films fantastiques et de science-fiction depuis l’origine du cinéma. Cet ouvrage comporte, outre les « entrées » consacrées aux réalisateurs, acteurs et techniciens, personnages emblématiques et thèmes, catégories, genres et sous-genres, environ quatre mille notices critiques sur des films.

Cette somme est donc classée par ordre alphabétique – un dictionnaire encyclopédique, comme l’ouvrage auquel était consacré l’article précédent : on y retrouve films (et pas seulement les plus mémorables du genre, mais tout ce qui touche, de près ou de loin, au genre fantastique et SF), réalisateurs, acteurs, et analyses thématiques de personnages et d’aspects cinématographiques (musique, vampires, westerns, films d’animation, etc.) Petit florilège :

  • A comme Avatar ;
  • B comme Bradbury Ray ;
  • C comme Le Chat dans le cinéma fantastique ;
  • D comme Dracula ;
  • E comme Effets spéciaux ;
  • F comme Frankenstein ;
  • G comme Gilliam Terry ;
  • H comme Harry Potter ;
  • I comme Indiana Jones et sa saga ;
  • J comme Jackson Peter ;
  • K comme Karloff Boris ;
  • L comme Loups-garous et autres lycanthropes ;
  • M comme Matrix et Metropolis ;
  • N comme Nolan Christopher ;
  • O comme Oz et son monde magique ;
  • P comme Princesse Mononoké ;
  • Q comme Qui veut la peau de Roger Rabbit ? ;
  • R comme Rains Claude ;
  • S comme Du serial aux séries ;
  • T comme Terminator ;
  • U comme Une nuit en enfer ;
  • V comme Vampires ;
  • W comme Western et fantastique ;
  • X comme X-Men ;
  • Z comme Zombies.

Comme vous pouvez le constater, et étant donné que j’ai essayé d’alterner noms, titres et thématiques, il y en a pour tous les goûts, toutes les générations et sur tous les sujets !

De l’adaptation à la pratique de lecture

L’un des articles qui m’a attiré l’œil s’intitule : « Adaptons, adaptons, il en restera toujours quelque chose… » Il est consacré aux livres de science-fiction adaptés au cinéma, et, pour cela, remonte aux sources mêmes du genre – Jules Verne, Wells et Georges Méliès, pour explorer la fidélité ou la liberté prise face aux textes littéraires. Divers articles étudierons ensuite les différents auteurs de science-fiction, de Bradbury à Stephen King, en passant par Conan Doyle. Mais la phrase finale interpelle :

Que d’alléchants projets venus du livre soient encore d’actualité ne nous les rend que plus précieux…

Bien que cela vienne après une critique quelque peu douce-amère des adaptations de comics, de jeux vidéos et d’heroic fantasy (parfois considérés à tort comme des mânes financières), on ne peut s’empêcher de penser à tout ce que cela a engendré durant les dernières années, depuis la magnifique saga du Seigneur des anneaux, les adaptations attendues chaque année d’Harry Potter, le plus contestable Hobbit en trois parties adapté d’un roman d’une centaine de pages, ou encore la très récente transposition à l’écran de la Stratégie Ender, d’Orson Scott Card.

Ray Bradbury

Et c’est ainsi que fonctionne chaque article : il évoque chez le lecteur le souvenir de tel ou tel autre film, de tel ou tel univers, qui donnera envie de tourner les pages encore et encore, pour aller à la rencontre des très attendus Christopher Lee, Batman, Hayao Miyasaki, Star Wars ou Tim Burton, et à celles plus improbables de Ghost, Alain Resnais ou Robbe-Grillet…

Les aléas de la critique

Chaque film – ou presque – est assorti d’une cotation : nul, à la rigueur, pas mal, bon, très bon, super bien ou classique ; et fait l’objet d’une critique. Le lecteur peut retrouver les indispensables, être parfois surpris dans le bon sens ou le mauvais sens, de l’avis porté sur un film.

J’ai ainsi été agréablement surprise de voir La Mort vous va si bien, film désopilant de Robert Zemeckis sorti en 1992, avec Meryl Streep et Bruce Willis, qualifié de « très bon » :

Les trois acteurs principaux en font des tonnes, ainsi de (…) Meryl Streep, bien-sûr, qui, après une chute dans un escalier qui en remontrerait à Martin Balsam chez Hitchcock, se retrouve si désarticulée qu’elle en a la tête à l’envers, ce qui lui fait dire, étonnée : « Je vois mon cul ! » Pas de temps mort, rire assuré. Ce qu’on appelle : un divertissement de qualité.

(Dans le même registre parodique, j’ai cependant été déçue de ne voir aucun article consacré à Dogma, farce décapante sur la religion)

Sources : Allociné

Sources : Allociné

À l’inverse, la critique de Paprika, film d’animation de Satoshi Kon, sorti en 2006, et entremêlant l’univers des rêves et la réalité – ce dont s’est inspiré Christopher Nolan pour son Inception, est des plus acerbes, et le film ne récolte qu’un « à la rigueur ».

Le choix inévitable d’une certaine concision

Chacun ses goûts, et on ne peut pas remettre en cause un auteur qui s’implique aussi passionnément que Jean-Pierre Andrevon, dans la somme que représente 100 ans et plus… même si l’on est parfois pris d’une petite déception, lorsque, au détour d’une page, et impatient de lire la notice consacrée à tel ou tel réalisateur, à Fritz Lang ou à Hitchcock, on ne tombe que sur ces quelques lignes :

Le cinéaste est trop connu, et son registre trop vaste pour valablement trouver sa place dans un dictionnaire consacré au seul fantastique. Certains de ses films se retrouvent néanmoins dans le corpus alphabétique. Pour mémoire* : Les Oiseaux, Psychose, Vertigo.

* dans le cas d’Hitchcock

Passé cette seconde de déception, on se range finalement à l’avis de l’auteur : même si l’article sur Fritz Lang ou sur Hitchcock est absent, l’ouvrage déjà conséquent aurait été insoulevable si Jean-Pierre Andrevon avait cédé à l’envie d’écrire tous les articles, qui auraient paru manquer de prime abord à son lecteur ingrat et capricieux.

Il faut en convenir, 100 ans et plus de cinéma fantastique et de science-fiction, c’est du lourd. Du très lourd.

Revivre la Nouvelle vague

Les fêtes de Noël – et toute autre occasion où je peux recevoir des cadeaux – me donnent l’opportunité d’obtenir des ouvrages dont les prix généralement m’arrêtent : ce premier article de 2014, ainsi que le prochain, seront donc consacrés à des publications récentes, mais n’étant pas, malheureusement, à la portée de toutes les bourses (surtout le prochain).

Ouvrages sur la Nouvelle vague

Le premier de ces ouvrages est consacré à un mouvement cinématographique que j’ai déjà eu l’occasion de mentionner brièvement, et qui a regroupé un certain nombre de cinéastes français – Godard, Truffaut, Chabrol, Rivette, Rohmer…

Les textes abondent sur ce mouvement, certains retraçant son émergence et ses sources d’inspiration, le foyer critique et journalistique qui l’a formé, comme La Cinéphilie d’Antoine de Baecque, d’autres se concentrant sur telle ou telle figure, sur son influence et sur son éloignement ou sa proximité relative, parfois contestée, avec la Nouvelle vague.

Portrait d’une jeunesse

Parmi ces ouvrages, on peut notamment retenir celui d’Antoine de Baecque : La Nouvelle vague, portrait d’une jeunesse, qui fait figure de référence en la matière.

Nouvelle vague portrait d'une jeunesse

Publié en 2009 aux éditions Flammarion pour célébrer les cinquante ans de la Nouvelle vague, l’ouvrage évoque ce mouvement comme l’éclosion d’une jeunesse qui s’inspire des traits mythiques de Belmondo et de Bardot : des jeunes réalisateurs qui filment des jeunes acteurs pour de jeunes spectateurs. Bref, un nouveau souffle.

En un peu plus de 120 pages, Antoine de Baecque, en historien scrupuleux, retrace le contexte dans lequel a émergé cette nouvelle vague, et la relie exclusivement à la jeunesse et à ses problématiques : mal-être des jeunes, rapport aux adultes, enfants prodiges… sous toutes les formes qu’elle prend dans les années cinquante (révoltes, conflits, enquêtes sociologiques, rapport à la cinéphilie et à la littérature, modes d’expression).

L’ouvrage est également magnifiquement illustré et propose une sélection de vingt films emblématiques de la Nouvelle vague : Le Beau Serge de Chabrol, Moi, un noir de Jean Rouch, Les Quatre cents coups de Truffaut, Les Cousins de Chabrol, Hiroshima mon amour de Resnais, L’eau à la bouche de Doniol-Valcroze, A bout de souffle de Godard, Les Bonnes femmes de Chabrol, Tirez sur le pianiste de Truffaut, Lola de Demy, Une femme est une femme de Godard,  Le Bel âge de Pierre Kast, Paris nous appartient de Rivette, Adieu Philippine de Jacques Rozier, Jules et Jim de Truffaut, Cléo de 5 à 7 de Varda, Le Signe du lion d’Eric Rohmer, Vivre sa vie et Le Petit soldat de Godard et Le Feu follet de Louis Malle.

Trois Chabrol, trois Truffaut, quatre Godard. Et avec ces vingt films, celui qui voudra découvrir la Nouvelle vague sera pourvu de l’indispensable, et pourra revivre le frémissement de toute une génération :

La force de la Nouvelle vague est en effet d’avoir imposé un imaginaire, une mythologie, un univers de gestes, d’apparences, de corps, d’objets, un univers que visite très rapidement la nostalgie. Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg déambulant sur les Champs-Elysées, Jean-Pierre Léaud fuyant son adolescence délinquante vers une plage de Normandie. Voici autant d’images, d’exempla, qui ont marqué une génération, et vieilliront avec elle, en elle, qui s’apparentent à des instantanés volés à l’esprit du temps et demeurent gravés sur les couvertures de livres, dans les citations et les références, sur les affiches ornant les chambres des enfants et des petits-enfants de la Nouvelle Vague.

La Nouvelle vague en dictionnaire

L’ouvrage qui m’a été offert à Noël est, quant à lui, un Dictionnaire de la Nouvelle vague. Contrairement aux autres dictionnaires que j’ai souvent croisés, celui-ci est l’oeuvre d’un seul auteur, Noël Simsolo, qui se distingue par sa production prolifique de romans et d’essais sur le cinéma. Son dictionnaire est paru en novembre 2013 aux éditions Flammarion, dans la collection Pop Culture.

dictionnaire nouvelle vague

Ce que j’apprécie avec les dictionnaires, les rétrospectives, et autres encyclopédies, je l’ai déjà évoqué : c’est la possibilité de butiner à l’intérieur, le droit – pour plagier Daniel Pennac – de sauter des pages, et de pouvoir poser le livre et de le reprendre à une page différente de celle où on l’avait laissé.

L’inconvénient, c’est que tous les dictionnaires ne sont pas forcément de même qualité – voir ici, ici ou encore ici – peuvent parfois dérouter dans leur forme et leur mise en page, et il est difficile d’en faire le tour et de donner sur eux un avis complet.

Généralement, les dictionnaires thématiques se concentrant sur tel ou tel aspect du cinéma – mouvement, réalisateur, acteur, genre – s’adressent davantage aux cinéphiles avertis, qui ont déjà une connaissance plus ou moins poussée de la question, alors que les dictionnaires généraux sur le cinéma vont tenter d’attirer les amateurs.

L’enthousiasme à portée de plume

Le Dictionnaire de la Nouvelle vague fait partie de la première catégorie. Il s’adresse aux lecteurs qui ont déjà vu les films de ce courant, qui en connaissent les principales figures, et qui veulent approfondir des connaissances ou retrouver les cinéastes et les œuvres qu’ils apprécient.

L’auteur ne s’adresse pas à eux comme s’il devait les convaincre : pour lui, ils sont déjà convaincus. De ce fait, son dictionnaire, même s’il est des plus exhaustifs, ressemble davantage aux « dictionnaires amoureux » – les articles et leur forme sont le choix d’un auteur en particulier – qu’à des dictionnaires classiques. C’est loin d’être un inconvénient, mais cela peut désarçonner de prime abord.

J’en veux pour preuve certaines fins d’articles sur des comédiens et comédiennes ou des cinéastes :

Ardant, Fanny « Fanny Ardant porte en elle une force littéraire, au meilleur sens du terme, et elle la cristallise en poésie noire »

Béart, Emmanuelle « Emmanuelle Béart est l’eau vive de la modernité. »

Huppert Isabelle « Son jeu dépouillé, mais tout en subtilité, fait d’elle la plus impressionnante comédienne française. »

Ce dictionnaire est porté par l’enthousiasme, avec notamment un article sur Catherine Deneuve qui se termine par un retentissant « Chapeau, Madame ! », et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.

Noël Simsolo parvient à nous communiquer cette passion qui semble l’habiter complètement, que ce soit pour les films, pour les personnalités – j’ai mentionné les acteurs et les réalisateurs, mais on retrouve aussi dans ce livre scénaristes, photographes, assistants, critiques et journalistes, auteurs, etc. – et pour les autres aspects de ce mouvement, dont il tente difficilement de faire le tour.

nouvelle-vague

L’un de ses partis pris est de ne donner, des comédiens et des réalisateurs, que la filmographie se rattachant à la Nouvelle vague – ainsi de l’incroyable filmographie d’Yves Montand, ne retiendra-t-il que sept films, dont le dernier Jacques Demy, Trois places pour le 26.

Certains films ont droit à un résumé et une analyse complète, tandis que d’autres n’apparaissent que dans la filmographie du réalisateur. De Truffaut on retrouve bien entendu Les Quatre cents coups, élément fondateur de la Nouvelle vague, Jules et Jim ou encore La Chambre verte, même si celui-ci fait partie des derniers films du réalisateur, mais pas d’article sur La Peau douce ou sur La Nuit américaine.

Mais là encore, ce sont des choix de l’auteur, et sa bienveillance et son enthousiasme envers chacune des figures ou des films sur lesquels il s’arrête rendent l’ouvrage captivant. Prenons La Chambre verte, film de Truffaut adapté de nouvelles d’Henry James (L’autel des morts et La Bête dans la jungle) et racontant l’impossible deuil d’un homme envers les disparus qu’il a aimés :

L’illumination des visages et des décors ne vient que par la flamme des cierges,  aux limites du fantastique gothique. Logique, puisque c’est l’histoire d’un fantôme vivant à la recherche du feu surgissant des morts. Le résultat est magnifique. C’est l’essence de l’art de Truffaut quand il met bas le masque de l’autobiographie nostalgique et livre sa réalité secrète au sein d’une fiction romanesque venue d’un autre que lui.

Aléas de la forme

Bien écrit, bien mené, ce Dictionnaire de la Nouvelle vague ne cessera de séduire le lecteur…

… s’il parvient à surmonter le seul défaut du livre, à savoir la mise en page : lignes et mots serrés, absence de renvois entre les différents articles, aucune indication (type astérisque) sur un film ou une personnalité présents dans un article et qui pourraient faire eux-mêmes l’objet d’un autre article, et malgré les changements de police, le changement de propos (résumé, analyse, fiche technique ou filmographie) n’est pas assez mis en valeur.

Et l’absence totale d’iconographie : pour ma part, j’aurais aimé, même dans la forme du dictionnaire, retrouver quelques photos de tournage, ne serait-ce que des vignettes en noir et blanc, de Truffaut, Godard, Chabrol et autres, même si bien souvent, ce genre de travaux n’est pas illustré.

Ce sont des détails, certes, mais qui gâche un peu ce bel objet. Passé cet obstacle formel, le cinéphile averti trouvera son compte dans ce dictionnaire, qu’il complétera avec l’ouvrage d’Antoine de Baecque mentionné plus haut.

Promenade de A à Z :

  • A comme A bout de souffle ;
  • B comme Bazin André ;
  • C comme Cahiers du cinéma ;
  • D comme Delerue Georges ;
  • E comme Et Dieu créa la femme ;
  • F comme Films du carrosse ;
  • G comme Gruault Jean ;
  • H comme Hiroshima mon amour ; 
  • I comme Influences ;
  • J comme Jules et Jim ;
  • K comme Kelly Gene ;
  • L comme Langlois Henri ;
  • M comme Malle Louis ;
  • N comme Nuit et brouillard ;
  • O comme Ogier Bulle ;
  • P comme Paris ;
  • Q comme Les Quatre cents coups ;
  • R comme Rivette Jacques ;
  • S comme Science-Fiction ;
  • T comme Trintignant Jean-Louis ;
  • V comme Varda Agnès ;
  • W comme Wiazemsky Anne ;
  • Z comme Zucca Pierre.

Et pour ceux qui souhaitent voir un film rendant hommage à cette époque et à cette frénésie créatrice qui porta le cinéma entre 1959 et 1968 (bien qu’Antoine de Baecque date la mort du mouvement en 1962), je vous recommande Innocents, un superbe film de Bertolucci avec Eva Green, Louis Garrel et Michaël Pitt sorti en 2003.

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