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Blog pour cinéphiles et profs docs

Mois : mai 2014

Mai 2014 : séances et animations du CDI

Voici un article un petit peu court, pour esquisser un bilan de certaines actions réalisées au CDI au mois de mai et début juin. J’en profiterai pour inclure quelques documents que j’ai préparés en vue de mon bilan d’activités de cette année 2013-2014. Cet article détaillant également les séances et animations du début du mois de juin, je le mettrai à jour au fur et à mesure.

Liaison CM2-6ème

J’ai déjà eu l’occasion de l’évoquer à plusieurs reprises, j’ai construit depuis cette année en collaboration avec les professeurs des écoles concernées (soit 2 écoles et 5 classes) un projet de liaison CM2 – Sixièmes. Les élèves de CM2 venaient une fois par période au CDI :

  • une séance de découverte en novembre / décembre sous forme d’ateliers ;
  • deux séances de recherche, également sous forme d’ateliers (usuels, documentaires, internet et atelier de création) en janvier / février et mars / avril ;
  • une dernière séance, de rencontre avec les sixièmes, et qui a eu lieu au mois de mai

Parallèlement à ce projet, les élèves de CM2 devaient créer des énigmes de mathématiques à destination des élèves de sixième, et vice versa. Lors de la dernière séance, j’avais donc pendant une heure un demi-groupe de CM2 et un demi-groupe de sixième, pendant qu’un collègue de mathématiques s’occupaient des deux autres demi-groupes (5 classes = 2h au CDI par classe).

Au CDI, pendant la première partie de l’heure, les élèves de sixième posaient des questions aux élèves de CM2 sur différents thèmes abordés durant l’année. Voici le détail de ces questions : Questions CM2. En vert, les questions CDI, en bleu « Géographie », en rose « Les avions », en jaune « Mermoz ».

A cette occasion, j’avais fabriqué une boîte, baptisée le « Mermoz quizz » et inspirée très librement du Trivial Pursuit.

Les élèves de sixième posaient à tour de rôle les questions, en annonçant à chaque fois le thème de la question. Les CM2, répartis en différentes équipes  devaient attendre la fin de la question pour répondre, sous peine de disqualification. L’équipe gagnante recevait des petits paquets de bonbons.

Durant la seconde partie de l’heure, après un bref échange entre les deux niveaux (questions sur le fonctionnement du collège et du CDI, présentation par les sixièmes des activités autorisées), les sixièmes devaient voter pour le logo du collège réalisé par les CM2 durant les séances 2 et 3.

Voici les logos qui ont été retenus pour l’école Saint-Exupéry :

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Voici ceux réalisés par l’école Kennedy :

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L’élève désigné par les votes recevait, lui aussi, un petit paquet de bonbons.

Généralement, les séances se sont très bien déroulées et ont été appréciées par les collègues professeurs des écoles. Le bilan de ce projet est globalement positif même si certaines petites choses seront à revoir l’an prochain – l’atelier géographie, trop complexe pour les élèves, et la conception de ce logo, qui nécessite pour les professeurs un temps de travail en classe.

Séances et animations de fin d’année

Comme l’année dernière, et profitant de leurs visites hebdomadaires au CDI, nous avons décidé, avec leur professeur référent, d’offrir un livre à chaque élève arrivé dans l’année dans la section UPE2A (anciennement classe d’accueil). Cela permet d’encourager la lecture du français et la venue au CDI de ces élèves que l’on tente de choyer malgré des conditions d’enseignement parfois difficiles.

Certains élèves ayant particulièrement emprunté cette année, j’ai également décidé d’instaurer un « prix des grands lecteurs« , récompensant les trois plus grands emprunteurs, l’une d’elles caracolant en tête avec plus d’une centaine d’emprunts dans l’année ! Cette dernière recevra un livre et un bon d’achat dans une grande enseigne culturelle, les deux autres élèves recevront un bon d’achat. Je vais également imprimer un diplôme à cette occasion, diplôme dont voici le modèle : Modèle diplôme.

Les autres animations proposées par le CDI au mois de mai et juin sont :

  • une exposition des nouveautés du mois de mai ;
  • une sélection thématique d’ouvrages de géographie – puisque c’est un rayon que j’ai restauré cette année et que tous mes guides sont arrivés avec ma dernière commande ;
  • je prévois, bien évidemment, une exposition sur le débarquement de Normandie, et peut-être aussi une exposition en prévision de la fête de la musique

En ce qui concerne les séances pédagogiques, outre la liaison CM2-6E, je participe à :

  • un défi lecture avec l’ensemble des classes de sixième, sur 2h pour chaque classe, avec comme supports les documentaires et un Jog que j’avais réalisé l’an dernier ;
  • un projet en collaboration avec une collègue d’histoire autour de la réalisation d’une carte heuristique sur le dix-neuvième siècle (régimes politiques, personnages, événements et définitions) avec l’ensemble des classes de quatrième ;
  • un travail que j’avais présenté dans un précédent article, à destination des troisièmes, sur l’argumentaire du journal télévisé ;
  • l’évaluation de l’épreuve d’histoire des arts des élèves de troisième – avec organisation de deux sessions d’oraux blancs, qui n’ont visiblement pas eu beaucoup de succès

Durant cette année 2013-2014, j’ai participé à très peu de sorties, hormis une visite de l’exposition « Moi, Auguste » au Grand Palais avec des troisièmes latinistes, et une visite du Château de Versailles, prévue courant juin, avec une classe de cinquième.

Joyeusetés administratives…

La fin d’année approchant, c’est bientôt l’heure du bilan d’activités, avec graphiques, statistiques et autres petits bonheurs mathématiques. Pour la première fois, cette année, je présente ce bilan au conseil d’administration. Tout au long de l’année, afin de le préparer, j’ai préparé différents documents qui peuvent surprendre de la part de la littéraire patentée que je suis, et que je complète au fur et à mesure !

La version proposée est la plus récente : j’actualise certains documents chaque jour, certains chaque semaine, d’autres chaque mois. Dans l’ordre :

Mon bilan d’activité est, comme on peut l’imaginer, assez conséquent – quinze pages, dont je propose ici la version la plus récente également : Bilan d’activités 2013 2014.

Evidemment, n’étant pas d’un naturel sadique, ce n’est pas cette version hyper-calorique que je présente à l’ensemble des membres du conseil d’administration (je la communique juste à mon chef d’établissement et l’utilise comme support). J’ai préparé, pour l’occasion, une version allégée sous forme d’infographie :

Infographie bilan d’activités

Voilà pour les infos administratives et tout ce qui me permet de faire ma cuisine au CDI…

Leur vie est un roman

Cet article thématique sera consacré à trois publications : une ancienne, qui remonte à 1964 et dont j’ai déjà eu l’occasion de parler, et deux publications récentes, avril et mai 2014. Pourquoi les réunir ?

Parce qu’elles ont un certain nombre de points communs, peut-être même trop pour tous les énumérer, à commencer par celui qui donne son titre à cet article : une vie et une oeuvre qui se lisent comme des romans.

Années du cinéma

Cette année pour le cinéma est riche en célébrations et anniversaires de toutes sortes. Dans un précédent article, j’ai évoqué l’exposition Langlois qui commémore le centième anniversaire de sa naissance. Cela fait également cent ans que Charlot a vu le jour, ce qui a donné lieu à des publications, des émissions, des diffusions et des rééditions de ses films.

La publication de 1964 – 50 ans cette année – est son autobiographie, Histoire de ma vie (My autobiography), dans laquelle Chaplin raconte son enfance anglaise, ses premières années dans le Hollywood triomphant du cinéma muet, les début du parlant, les crises, les guerres, les conflits, le maccarthysme, les femmes, et l’exil.

histoire de ma vie chaplin

La vie de Chaplin commence comme un roman de Dickens, et, à vrai dire, se poursuit comme tel. Le lecteur suit Chaplin enfant, dans les quartiers miséreux de Londres, dans les théâtres où il fait, à cinq ans, sa première apparition sur scène, à l’asile des pauvres, jusqu’à ce jour où, à quatorze ans, il est contraint d’accompagner sa mère, devenue folle, dans un hôpital psychiatrique.

Sources : http://www.paperblog.fr/7067530/charlot-100-ans-et-toujours-aussi-vivant/

Sources : http://www.paperblog.fr/7067530/charlot-100-ans-et-toujours-aussi-vivant/

S’ensuivent des temps précaires, faits de métiers différents, jusqu’au retour au théâtre, puis l’engagement dans la troupe de Fred Karno, et, enfin, la rencontre de Mack Sennett à Hollywood et la création de Charlot :

Je ne savais absolument pas comment je devais me maquiller. Ma tenue de reporter ne me plaisait pas. Mais, sur le chemin du vestiaire, je me dis que j’allais mettre un pantalon trop large, de grandes chaussures et agrémenter le tout d’une canne et d’un melon. Je voulais que tout fût en contradiction : le pantalon exagérément large, l’habit étroit, le chapeau trop petit et les chaussures énormes. Je me demandais si je devais avoir l’air jeune ou vieux, mais, me souvenant que Sennett m’avait cru plus âgé, je m’ajoutai une petite moustache qui, me semblait-il, me donnerait quelques années de plus sans dissimuler mon expression.

Il serait vain d’énumérer toutes les rencontres, tous les événements rapportés par Chaplin dans son autobiographie, qui constitue une véritable bible pour les cinéphiles, mais également pour les historiens du vingtième siècle.

On y retrouve en effet les ombres de la première et de la seconde guerres mondiales, de la guerre froide, les silhouettes de Einstein, Cocteau, Gandhi, Roosevelt, Eisenstein ; et on y croise stars du muet – que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer : Arbuckle, Fairbanks, Pickford – et du parlant – dont Paulette Goddard qui sera sa troisième femme, ainsi que la gamine des Temps modernes et Hannah dans Le Dictateur.

Sources : http://lalanterne.canalblog.com/archives/2008/02/17/7986878.html

Sources : http://lalanterne.canalblog.com/archives/2008/02/17/7986878.html

Indéniablement, l’une de mes citations préférées reste celle où Chaplin évoque Hitler, bien des années avant Le Dictateur et son discours si humaniste :

Le visage était terriblement comique : une mauvaise imitation de moi, avec sa ridicule moustache, ses cheveux mal coiffés qui pendaient en mèches dégoûtantes, sa petite bouche mince. Je n’arrivais pas à prendre Hitler au sérieux. Chaque carte postale le montrait dans une attitude différente. Sur l’une, il haranguait les foules, ses mains crispées comme des serres, sur une autre, il avait un bras levé et l’autre abaissé, comme un joueur de cricket qui s’apprête à frapper, sur une troisième, les mains jointes devant lui, il semblait soulever un haltère imaginaire. Le salut hitlérien, avec la main renversée sur l’épaule, la paume vers le ciel, me donna l’envie de poser dessus un plateau de vaisselle sale.

Car c’est bel et bien ce qui reste, au-delà du Chaplin comédien et du Chaplin metteur en scène, lorsque l’on referme cette autobiographie, un Chaplin humaniste, capable de s’indigner ou de s’enthousiasmer, sans retenue, sans tiédeur et sans prudence, aussi bien dans sa vie que dans ses films.

C’est ce que retient Enrico Giacovelli lorsqu’il compare Chaplin et Keaton dans son ouvrage sur le Cinéma comique américain, mais c’est également ce que Keaton lui-même dit de Chaplin dans son autobiographie, lorsqu’il évoque les affres de Chaplin avec la politique.

Cependant, ce que retient Keaton de Charlot, ce n’est pas son universalité, au contraire, mais sa marginalité – ou plutôt il retient la marginalité du vagabond, tout en s’émerveillant de l’universalité de l’amour que le public ressent pour ce dernier :

Je suis toujours étonné quand les gens parlent des ressemblances entre les personnages que Charlie et moi avons interprété à l’écran. Pour moi, il y a toujours une différence fondamentale ; le vagabond Charlot était un marginal avec une mentalité de marginal. Sympathique mais prêt à voler à la moindre occasion. Mon petit personnage était travailleur et honnête.

Redécouvrir Keaton…

Cette autobiographie a été rééditée en avril 2014 aux éditions Capricci. Elle a pour titre : La Mécanique du rire : Autobiographie d’un génie comique. Elle se lit, elle, comme un roman de Mark Twain – l’enfance buissonnière et saltimbanque – ou de Fitzgerald – la folie et les frasques de Hollywood dans les années 20 et 30.

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Elle s’ouvre ainsi :

« L’Homme qui ne rit jamais », « Visage de marbre », « Tête de buis », « Figure de cire », « Frigo » et même « Masque tragique », voilà comment on m’a toujours surnommé (…).

On pourra dire ce qu’on veut, dans un sens ou dans l’autre, mais ce visage impassible constitua ma marque de fabrique durant soixante années de carrière.

Bien-sûr, ce qui m’a intéressée, et ce qui est éclairant, c’est de comparer cette autobiographie et celle de Chaplin, qui traduisent une manière assez différente de se confronter au cinéma et au monde. Comme je l’ai noté plus haut, la comparaison est d’ailleurs faite par Keaton lui-même.

Mais ce qui frappe, c’est l’enfance saltimbanque qu’ils partagent – la misère en moins pour Keaton. Chaplin et lui sont les deux enfants prodiges du théâtre, puis du cinéma muet, Keaton jouant sur scène avec ses parents, un numéro assez étonnant qui a fait hurler – et ferait hurler encore aujourd’hui – les défenseurs de la protection de l’enfance :

C’est à cette époque que notre numéro gagna la réputation d’être le plus violent du music-hall. Cela résultait d’une série d’expériences curieuses que Pop se livra sur ma personne. Il commença par me porter sur scène et me laisser tomber sur le plancher. Ensuite, il se mit à essuyer le sol avec moi comme balai. Comme je ne manifestais aucun signe de mécontentement, il prit l’habitude de me lancer d’un bout à l’autre de la scène, puis au fond des coulisses, pour finir par me balancer dans la fosse d’orchestre, où j’atterrissais dans la grosse caisse.

En revanche, on a l’impression, à lire la rencontre entre Chaplin et le cinéma, que pour lui, le cinéma est une évidence. Cette rencontre coïncide presque immédiatement avec la création de Charlot. Pour Keaton, c’est davantage une surprise et une révélation qui provoquera en lui un émerveillement naïf.

Sources : http://www.cinemapassion.com/fiche-Buster-Keaton-9872.php

Sources : http://www.cinemapassion.com/fiche-Buster-Keaton-9872.php

La caméra ne connaissait aucune limite. Sa scène, c’était le monde entier. Si on voulait pour décor une ville, un désert, l’océan, la Perse ou les montagnes Rocheuses, il suffisait d’y emporter sa caméra. (…)

Dès le début, je sus que je ferais du cinéma. (p.108-109)

Au-delà de ça, nul besoin de comparer, de chercher un artiste et un artisan, un humaniste et un individualiste. Le lecteur est face à deux personnages de roman, dont l’un cherche à s’inscrire peut-être davantage dans le monde et, comme dirait Giacovelli, à parler aux cœurs des hommes – de l’art à l’humanité, en somme – et l’autre à s’adresser à notre intelligence et  à survivre.

L’œil noir du mystère

L’autre publication récente à laquelle est consacré cet article, ce n’est pas un ouvrage, mais le hors-série d’un périodique (ce qui est une première pour ce blog). En effet, le dernier numéro hors-série du Monde, Une vie, une oeuvre, de mai-juin 2014, a pour principal sujet François Truffaut, et est très justement sous-titré « Le roman du cinéma ».

Source : Le Monde

Source : Le Monde

Ces hors-série du Monde sont généralement des publications de qualité, qui ont le mérite de s’adresser tout aussi bien à des amateurs qui souhaitent découvrir une personnalité – j’avais déjà pu lire les numéros sur Simone de Beauvoir ou sur Camus – et à des spécialistes, qui, s’ils ne découvrent pas le sujet, prennent en tout cas plaisir à le retrouver.

Et que retrouve-t-on dans cet hors-série sur Truffaut, l’année des 30 ans de sa disparition ? Un avant-propos court et efficace, « Le mystère intime », qui esquisse un Truffaut tout en pudeur, un portrait, une chronologie, quelques textes choisis de Truffaut (que le cinéphile averti aura déjà rencontrés dans Le Plaisir des yeux ou Les films de ma vie), un portfolio, un lexique et des références. Voilà pour le terrain connu du fervent truffaldien.

François Truffaut

Une fois ravivé le kaléidoscope du souvenir visuel et des répliques, il se risquera dans les autres parties de ce hors-série : un entretien avec Serge Toubiana, directeur général de la Cinémathèque française, les débats suscités par le cinéma de Truffaut, et les hommages que lui ont rendus ses pairs, partenaires et admirateurs.

Bien entendu, on n’échappe pas aux jeux de mots, témoignant d’une virtuosité journalistique qui laisse parfois quelque peu perplexe. Ainsi, le portrait de Truffaut par Jean-Luc Douin, journaliste et auteur de plusieurs ouvrages sur le cinéma, est intitulé « L’homme qui aimait les flammes ». A cette petite pirouette gracieuse, j’ai préféré pourtant la référence au Dernier métro glissée par Serge Toubiana au cours de son entretien :

Pendant longtemps, on a considéré Truffaut comme un cinéaste gentil, qui s’interrogeait sur l’enfance, les rapports entre hommes et femmes. C’est très réducteur. Ce que je vois surtout dans les films de Truffaut, c’est l’ombre de la mort. A chaque fois, il pointe les oiseaux rapaces qui planent au-dessus de nous et menacent l’harmonie, l’amour.

Certes, j’ai apprécié de retrouver les textes lus et relus sur Chaplin, sur Hitchcock, « Vive la vedette ! », j’ai parcouru les hommages rendus par Deneuve, Depardieu, Jeanne Moreau, Steven Spielberg, Milos Forman à celui qui les a filmés ou influencés. Mais c’est cette esquisse d’un personnage mystérieux qui a retenu mon attention :

Il y avait de longs silences. il vous regardait, vous cherchait, vous sondait. Son regard était très beau, mais extrêmement noir. Il fallait lui parler, non pas pour meubler la conversation, mais pour formuler une idée, un point de vue. L’échange, s’il prenait, devenait passionnant. En fait, Truffaut n’avait qu’une passion, le cinéma. Non seulement il était timide, mais cette timidité vous intimidait aussi. Il créait un lien intense, mais avec de longs silences. (…)

Il avait impérativement besoin de mettre tout le monde à distance pour ne pas être prisonnier d’une relation trop familière ou se retrouver coincé dans des cérémonies contraignantes. Truffaut, on ne le tutoyait pas, on le vouvoyait. La franche camaraderie était impensable. C’était un personnage extrêmement séduisant, mais profondément mystérieux, voire romanesque…

Un personnage de roman, qui se crée et qui s’écrit, qui se filme et qui se vit.

Et c’est ce romanesque, cette vie qui nourrit constamment l’oeuvre, et réciproquement, qu’ont de commun, au-delà du génie, ces totalités humaines que sont Chaplin, Keaton et Truffaut.

Cinephiledoc… deux ans déjà !

Aujourd’hui, cela fait deux ans jour pour jour que ce blog a vu le jour… et voilà une phrase d’accroche pleine de jours (un de plus !).

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C’est donc le moment de chanter faire un petit point sur le pire et le meilleur de ce qui s’est produit sur ce blog entre 2013 et 2014. Commençons par des chiffres :

Les articles

En deux ans, Cinephiledoc a vu paraître 177 articles. Depuis l’année dernière :

  • 10 portaient, de près ou de loin, sur l’information documentation, pratiques de recherches, de lecture et identité numérique ;
  • 24 étaient consacrés à la rubrique « bibliothèque cinéphile » et proposaient des comptes-rendus de lecture de livres sur le cinéma, aussi bien biographies que monographies, voire même, comme désormais on a tendance à les mélanger dans les grandes chaînes culturelles, jeux de culture générale et cinéphile ;
  • 13 articles rapportaient le quotidien de professeur documentaliste – séances, animations, projets divers et variés et joyeusetés administratives ;
  • 7 de ces articles étaient des petits billets d’humeur ou autres petits avis sur des films et des personnalités ;
  • enfin, durant l’été, Cinephiledoc a publié 6 « hors-série » pour vous proposer quelques lectures de vacances.

Au total, 60 articles éclectiques qui se sont fait la part belle dans ce beau fourre-tout de blog ! Et on arriverait à un compte rond de 5 articles par mois, si j’étais assidue… Mais il est vrai que j’ai dû considérablement ralentir mon rythme de l’année passée (2 articles par semaine), malgré un pic en septembre 2013 où j’ai publié pas moins de 11 articles.

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Désormais, je me contente d’un rendement plus modeste, pour lequel j’alterne deux articles dédiés à la « bibliothèque cinéphile » et un consacré au quotidien mensuel du CDI.

Petit point comm’

Malgré ma présence sur les réseaux sociaux, Cinephiledoc reste un blog modeste, que Camilleuh a comparé à un canapé confortable dans un commentaire qui a suscité beaucoup de vagues… (mais je reviendrai là-dessus plus tard).

cinephiledoc 2 ans

Il dispose néanmoins :

  • d’une page Facebook (40 abonnés à ce jour) ;
  • d’un compte Twitter où se mêlent allègrement cinéphiles, docs et paddocks (578 tweets postés et 268 abonnés).

Les profs docs peuvent le retrouver sur la Profdocosphère, et il est mentionné sur quelques blogs de coupines, rédactrices chevronnées et fameuses blogueuses.

Pour le pire…

En un an, ce blog a connu quelques mésaventures.

Souhaitant parler librement de l’interprétation des publications sur les réseaux sociaux, je me suis retrouvée à me défendre contre des petites piques sur Facebook… ce qui m’a permis de rebondir et d’évoquer la difficulté à faire de l’humour devant un écran d’ordinateur.

Très récemment, j’ai eu l’honneur de recevoir, dans le flot des commentaires d’un article, mon premier troll, très courtois au demeurant – le point Godwin n’a absolument pas été atteint – et j’ai pu constater que même les ouvrages innocemment consacrés au cinéma pouvaient susciter un débat enflammé.

Ceci me permet de rappeler une petite règle de vie : je n’applique aucune censure à mes commentateurs, je n’oblige personne à être en accord avec les ouvrages que je propose, du moment qu’on a l’honnêteté intellectuelle de comprendre que mes critiques ne sont pas un compte-rendu exhaustif du livre et que le meilleur moyen de parler d’un livre, reste étonnamment de le lire !

Par contre, j’apprécie toujours de rediscuter d’un film, d’un réalisateur, ou d’un genre cinématographique et de lire les réflexions que ces derniers suscitent.

… et pour le meilleur !

Mais Cinephiledoc a aussi connu de très belles choses en l’espace d’un an, parmi lesquelles :

  • quelques auteurs satisfaits des comptes-rendus que je faisais, modestement, de leur ouvrage, et qui se sont manifestés dans les commentaires, parfois, ou sur Facebook, ou sur Twitter ;
  • la mention de Petite Noisette sur son blog-o-noisettes – en tant que prof doc, ça fait plaisir ! ;
  • un pic de fréquentation parfois pour un article de cinéma, plus souvent pour un article professionnel, comme ce jour où j’ai eu 250 personnes qui sont venues voir si le canapé était confortable… (pour comprendre la blague du canapé, c’est par ici)

Et cette année encore, même si, ça y est, des rubriques segmentent les sujets (ils sont beaux mes onglets !), il y a eu quelques premières :

Les premiers hors-séries de l’été

En effet, bien que j’ai promis de temps en temps des petits comptes-rendus thématiques sur un sujet ou un autre, je n’ai pas souvent eu le temps de le faire.

L’été dernier, j’ai réussi à publier 6 hors-séries : rétrospective du cinéma, romans consacrés au cinéma (en 2 parties), enfants de célébrités qui évoquent leurs parents (2 parties) et le cinéma en chansons.

Cette année, je vous prépare à nouveau une série de comptes-rendus qui aborderont le cinéma de différentes manières – j’annoncerai cela avant l’été. Et cet automne, je publierai également une série d’articles sur le même thème.

Echanges de bons procédés

Moins fréquents que l’année passée, il y a tout de même eu quelques échanges d’articles entre Cinephiledoc et d’autres blogs, que ce soit avec Rainbow Berlin (un article sur le cinéma allemand contre des recettes pour gérer sa visibilité sur Internet), ou avec Foutaises (échanges d’articles sur Boby Lapointe et sur les actrices minaudantes).

Tout récemment, j’ai eu la chance de poster mon premier article bilingue, grâce à l’aide précieuse de Laura, qui a bien voulu se charger de sa traduction.

Et j’ai toujours quelques personnes pour me suggérer des idées d’articles, même si je n’ai pas toujours le temps de m’y consacrer immédiatement.

Un palmarès comme les grands !

Enfin, suite à l’apparition de la rubrique « bibliothèque cinéphile » en février 2013, Cinephiledoc a pu publier en décembre son premier palmarès de lecture, encore une occasion de rappeler quelques bons moments, qui suscitent parfois l’étonnement : oui, j’achète beaucoup de livres sur le cinéma, oui je ne sais plus où les mettre, non je ne m’en lasse pas !

Médaille

Vivement le palmarès 2014 !

Et vivement d’autres lectures, d’autres projets, d’autres séances, d’autres découvertes, et d’autres échanges ! À très vite et merci à tous !

Pour la peine on va quand même chanter :

C’est l’anniversaire dans tous les recoins, c’est presque tout les ans qu’on a l’anniversaire. Grâce à cet anni… c’est la joie c’est pratique, c’est au moins un principe à retenir pour faire la frite… c’est huuuum lalalalala. Cette année c’est bien, l’anniversaire tombe à pic !

Panorama d’une époque : vie de château, mode et cinéma

Voici le premier article bilingue de Cinephiledoc, un article à quatre mains, très gentiment traduit par Laura, française vivant aux Etats-Unis, et tout autant passionnée de littérature et de cinéma que je le suis.

Pourquoi cet article bilingue ?

Au mois de décembre, j’ai envoyé à Laura l’un des meilleurs livres que j’avais lus cette année là, L’Écrit au cinéma, et courant janvier, j’ai eu la joie de trouver dans ma boîte aux lettres un livre paru récemment en langue anglaise, et qui n’a pour l’instant pas encore été traduit en français. Il s’agit de A story lately told, que l’on peut traduire littéralement Une histoire tardivement racontée, d’Anjelica Huston.

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J’ai déjà eu l’occasion de parler d’ouvrages publiés pour l’instant uniquement en anglais : In my father’s shadow, de Chris Welles Feder, et un livre consacré au tournage de Psychose, Alfred Hitchcock and the making of Psycho, par Stephen Rebello. Généralement, j’essaye d’aborder rapidement ces ouvrages, en dépit de leurs qualités, le fait qu’ils ne soient pas traduits pouvant malheureusement dissuader les lecteurs éventuels.

J’ai donc décidé de prendre le contrepied de cette habitude pour mieux mettre en valeur ces mémoires d’Anjelica Huston, mannequin et comédienne cosmopolite, ayant vécu en Irlande, à Londres, à New York et à Paris. Si ces mémoires nous font voyager, c’est leur rendre justice, ce me semble, que d’en faire la critique en plusieurs langues.

 Dans l’ombre du père

Lorsque Laura m’a envoyé ce livre, elle m’a indiquée qu’il me permettrait de compléter mon étagère de bibliothèque consacrée aux fils et aux filles de metteurs en scène et de comédiens, étagère que j’ai pu considérablement enrichir l’été dernier, pour la rédaction de deux articles sur ces enfants de célébrités qui ont, tôt ou tard, écrit sur leurs parents. C’est d’ailleurs à cette occasion que j’avais découvert les mémoires de Chris Welles.

John et Anjelica Huston Source : Wikipédia

John et Anjelica Huston
Source : Wikipédia

Pour Anjelica Huston, il ne s’agit pas seulement d’une ombre paternelle. Ce qu’elle retrace – brièvement, car le livre ne porte pas uniquement sur cela – c’est en quelque sorte, un siècle de cinéma, à travers la figure du père, John Huston, réalisateur entre autres de Key Largo, The African queen et des Désaxés, et celle de Walter Huston, le grand-père, lui-même comédien. C’est donc une dynastie cinématographique que l’on entrevoit sous sa plume :

Papa restait seul. Un pin solitaire. Je crois qu’il y avait certains endroits où mon père ne serait allé avec personne d’autre. Il avait ses démons. Il pouvait être charmant et passionnant, charmeur et séducteur. Mais si jamais il vous avait dans son collimateur, attention à vous.

Qu’on entrevoit seulement. Car finalement, ce n’est pas tant le père réalisateur ou le grand-père comédien qu’Anjelica Huston va mettre en lumière. Bien sûr, de temps à autre, le lecteur va retrouver quelques anecdotes, des histoires de tournages, des rencontres avec telle ou telle célébrité de l’époque, qui fréquentait le clan Huston. Et quelle galerie de portrait ! Mais tout cela, on le voit à travers les yeux d’une enfant, dans une profusion d’instantanés qui passent d’une ville à l’autre, d’une époque à une autre, sans forcément avoir le besoin de dater l’instant.

Anjelica Huston ne s’encombre pas d’expressions telles que « Cela s’est passé en 19… », « Tel jour à telle heure ». Elle s’excuse d’ailleurs à la fin de ces mémoires de possibles inconsistances, erreurs ou oublis qu’on pourrait trouver dans son livre. Mais c’est justement ce qui en fait le charme. Elle semble respirer ses souvenirs comme autant de parfums, et qu’importe qu’elle les date ou non avec précision.

D’avant-hier à après-demain

Dans ce flot continu de souvenirs, Anjelica Huston remonte aux années avant sa naissance, et la suite de ces mémoires est annoncée, en version originale, pour automne 2014. Mais l’impression majeure que l’on ressent, à cette lecture, c’est le passage d’un monde d’hier – l’enfance en Irlande dans les années 50, à grandir dans un manoir, dans des pièces luxueusement décorées, avec des serviteurs, et dans un cadre permanent de soirées et de chasse à cour – au monde moderne, Londres et New York, entre autres, dans les années 60 et 70.

On a l’impression de feuilleter un album photo qui se colorise progressivement, et où chaque chapitre est l’échantillon d’une époque. Il n’y a qu’à lire ces quelques lignes :

C’était l’époque des Chemins de la haute ville, de Darling, Blow-up d’Antonioni, de Georgy Girl, de The Servant, de La Fille aux yeux verts, de Privilege, et des cinéastes de la Nouvelle vague – Jean-Luc Godard, François Truffaut, Éric Rohmer, Louis Malle, Claude Chabrol (…)

Les femmes de cette époque étaient des beautés originales, croisées dans des fêtes, des boîtes de nuits, dans la rue à Kings’road, vêtues de bonnets faits au crochet, de visons vintage des années vingt, de mousseline transparente. (…)

Des actrices extraordinaires faisaient irruption sur la scène : Maggie Smith, Sarah Miles, Susanna York, Vanessa Redgrave et sa sœur Lynn. Les beautés françaises – Delphine Seyrig, Catherine Deneuve, Anna Karina.

Et finalement, de ces multitudes d’échantillons de parfums différents et si personnels, que nous offre Anjelica Huston, dont on suit les pas d’enfants, d’écolière buissonnière, d’apprentie comédienne, de mannequin tentant de faire carrière, bien avant son Oscar pour L’Honneur des Prizi, et ses succès publics en incarnant Morticia dans La Famille Addams, de ces instantanés cosmopolites, le lecteur parvient à découvrir un panorama entier du cinéma et de la culture. Une excellente mise en appétit pour le second tome.

Les citations du livre ont été traduites en français par Laura

Panorama of an Era

Why write a bilingual article, you ask?

Back in December, I sent Laura one of the best books I had read during the past year, Writing in Cinema ; in mid-January, I had the pleasure of finding in my mailbox a book that had recently been published in English, and which has not yet been translated into French : A Story Lately Told, by Anjelica Huston.

From Allociné

From Allociné

I have already had the opportunity to discuss books available exclusively in English for the time being : Chris Welles Feder’s In My Father’s Shadow, as well as a book devoted to the filming of Psycho, Alfred Hitchcock and the Making of Psycho, by Stephen Rebello. I usually try to cover those books briefly, as the lack of an available translation might discourage potential readers.

So I decided to do just the opposite here in order to showcase this memoir written byAnjelica Huston, cosmopolitan model and actress, who has lived in Ireland, in London, New York and Paris. Since the memoir sends us on a journey, it seems only fair after all to review it in several languages.

In her father’s shadow

When Laura sent me the book, she pointed out that it would be an addition to my shelf of books devoted to the children of actors and film-directors, a shelf that has grown significantly since last summer, when I wrote two articles about those children who, sooner or later, embark on writing about their parents. It was precisely at that time that I had stumbled upon Chris Welles’s book.

John Huston From Wikipedia

John Huston
From Wikipedia

In the case of Anjelica Huston, her father’s shadow is not the only one. What she sketches – briefly, as this is not the only focus of her book, is more or less one century of cinema, through the personality of her father, John Huston, director of Key Largo, The African Queen and of the Misfits, among others, and that of her grandfather, actor Walter Huston. Thus we get to glance at a true film dynasty through her writing :

Dad stood alone. He was a lonesome pine. I think there were places that my father wouldn’t go with anyone. He had demons. He could be charming and captivating, seductive and charismatic, but if he had it in for you, watch out.

Only a glance, though, for the father evoked by Anjelica Huston is not so much the director father or the actor grandfather. Naturally, from time to time, the reader encounters a few anecdotes, stories from film-sets, encounters with such and such celebrities of the time who frequented the Huston clan. And what a portrait gallery they make up ! But we see all this through the eyes of a child, in a profusion of snapshots that jump from one city to another, from one time period to another, without her feeling compelled to date the moment in question.

Anjelica Huston doesn’t bother with expressions such as “It happened in 19.., at this or that time and place.” In fact, at the end of her autobiography, she apologizes for potential inconsistencies, mistakes or omissions that may have occurred in the book. But that is precisely where its charm emanates. She seems to be exhaling memories as though they were fragrances, never mind how precisely she places them in time.

From the day before yesterday to the day after tomorrow

In this continuous flow of memories, Anjelica Huston goes all the way back to the years preceding her birth, and a follow-up to this memoir is being announced for publication in English in the Fall of 2014. But the main impression that one gets from reading is the passing of yesterday’s world – her childhood in Ireland in the 1950’s, growing up in a manor, inside luxuriously restored rooms, surrounded with servants, in a constant background of receptions and hunting parties – and then the modern world of London and New York, among others, in the Sixties and Seventies.

It feels as though we were leafing through a photo album which gains color progressively, and in which each chapter offers a sample of a different era. To wit, the following lines :

These were the days of Room at the Top, Darling, Antonioni’s Blow-Up, Georgy Girl, The Servant, Girl with the Green Eyes, Privilege, and the Nouvelle Vague filmmakers – Jean-Luc Godard, François Truffaut, Eric Rohmer, Louis Malle, Claude Chabrol. (…)

The women of this time were singular beauties, at parties, clubs, walking down the Kings Road, wearing crochet caps, mink from the twenties, and see-through chiffon. (…)

There were fantastic actresses breaking out the scene, like Maggie Smith, Sarah Miles, Susanna York, Vanessa Redgrave and her sister, Lynn. The French beauties – Delphine Seyrig, Catherine Deneuve, Anna Karina.

Eventually, from all those many different and intimate fragrances offered by Anjelica Huston, as we follow her footsteps first as a child, then as a schoolgirlplaying hooky, as an acting student, then as a model working to build a career, long before her Oscar for Prizzi’s Honor and her popular stardom as the character of Morticia in the Addams Family – from those cosmopolitan snapshots, the reader discovers a full panorama of cinema and culture. An excellent teaser for the second volume to follow.

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