Après le cinéma hispanique et le cinéma asiatique, voici le 3ème hors-série de l’été de Cinephiledoc, consacré au cinéma américain.
HORS-SÉRIE
C’est un cinéma dont je parle déjà abondamment sur ce blog, puisque les livres que je choisis ou les films que je mentionne sont, à tort ou à raison, en grande majorité issus de l’industrie cinématographique américaine. J’ai donc eu l’occasion sur Cinephiledoc d’aborder un certain nombre de réalisateurs, et d’évoquer cet univers dans différents articles, dont je ferai un bref rappel ci-dessous :
- un article consacré aux scandales d’Hollywood : https://cinephiledoc.wordpress.com/2013/04/17/dans-les-coulisses-dhollywood-cote-stars/
- un article sur les conseils donnés aux futures stars, scénaristes et réalisateurs, soit-disant par le pire réalisateur de l’histoire du cinéma, Ed Wood : https://cinephiledoc.wordpress.com/2013/04/22/le-hollywood-des-anonymes-ou-presque/
- un voyage au cœur du cinéma via une rêverie photographique : https://cinephiledoc.wordpress.com/2013/11/24/itineraire-cinematographique-aux-etats-unis/
- une analyse de la psychologie sociale du cinéma américain post 11 septembre : https://cinephiledoc.wordpress.com/2014/04/11/psychologie-sociale-du-cinema-americain/
- ou encore un article sur des entretiens avec des réalisateurs : https://cinephiledoc.wordpress.com/2014/06/12/les-realisateurs-ont-la-parole/
Cinéma américain
Mon premier contact avec le cinéma américain a été, comme pour beaucoup d’enfants, avec le cinéma de Walt Disney, qui continue à occuper une grande place dans ma DVDthèque, rayon animation, aux côtés de Miyazaki. Mais le premier film américain qui m’a évoqué l’Amérique reste celui d’un transfuge de Disney, Don Bluth, avec son Fievel et le nouveau monde (An American Tail) :
Une autre histoire que j’adorais étant petite, c’était celle de Natty Gann, l’histoire – sorte de Croc-blanc au féminin – d’une petite fille, dans les États-Unis de 1920-1930 qui s’enfuie de Chicago à la recherche de son père, parti travailler à Seattle :
Et évidemment je ne peux pas ne pas mentionner Charlot, dont la pâleur, l’allure fantomatique et la mélancolie m’émouvaient autant qu’elles m’effrayaient et dont Le Cirque reste, à ce jour, mon préféré :
Une somme sur le cinéma américain
Évidemment, sur le cinéma américain, les références ne manquent pas. Étudiante, j’avais lu un très bon livre qui peut servir d’introduction à ceux qui voudraient découvrir ce sujet pour un prix tout à fait modique : Histoire du cinéma américain, de Brigitte Gauthier, publié par Hachette éducation dans la collection Fondamentaux.
Pour ceux qui veulent y mettre davantage – je ne me suis pas encore décidée à sauter le pas – les livres qui font référence sont ceux de Bertrand Tavernier : 50 ans de cinéma américain et Amis américains.
Pour ma part, c’est le titre d’un livre sur le sujet qui m’a intriguée, et qui m’a poussée à le choisir, lui, aux dépens des autres.
Voyage mystique au cœur du cinéma
Ce livre, c’est À la porte du paradis, de Michael Henry Wilson, sous-titré « Cent ans de cinéma américain, Cinquante-huit cinéastes » et paru en 2014 aux éditions Armand Colin.
En un peu plus de 600 pages, l’auteur, cinéaste, scénariste et historien du cinéma, nous propose un parcours illustré en noir et blanc. En ouvrant le livre, on se dit que ce parcours ne sera pas très différent des dictionnaires et rétrospectives du cinéma que l’on feuillette habituellement, avec sa construction chronologique et son découpage où chaque chapitre est consacré à un réalisateur en particulier.
Puis, passée la préface de Martin Scorsese, qui évoque, en citant Truffaut et Fahrenheit 451, le fait que derrière chaque œuvre, il y a un homme, on découvre, avec l’introduction de Michael Henry Wilson, que son titre, « à la porte du paradis », prend tout son sens.
Ce qu’il va reconstituer, dans sa traversée de ces 100 ans de cinéma américain, depuis Griffith jusqu’à David Lynch, en passant par Capra, Kubrick ou Coppola, c’est la vision du monde que portent en eux ces 58 réalisateurs, parfois pleine d’optimisme, mais beaucoup plus souvent submergée par la mélancolie et le désenchantement.
En effet, ce que représentent ces metteurs en scène dans leurs films, c’est le paradis perdu, la lutte des personnages pour trouver un sens à leur vie, la manière dont ils se débattent dans un enfer extérieur – la ville, les autres, la perte de l’innocence, de la foi, de leur humanité propre (et leur éventuelle reconquête) – ou intérieur.
Voilà le propos de l’auteur, et il l’illustre, non pas en analysant de manière exhaustive chaque cinéaste américain et chaque film de son œuvre, mais en portant son regard sur un ou deux films (quelquefois plus) qui témoignent de l’homme derrière l’œuvre, dans sa filmographie.
Les étapes de son parcours sont ainsi des plus personnelles – dans sa conclusion, il évoque le fait d’avoir dû laisser de côté des géants tels que Chaplin, John Huston, Billy Wilder ou encore Orson Welles – et chacune de ces étapes regroupe une dizaine, parfois un peu moins, de réalisateurs : les magiciens, les aventuriers, les maestros et virtuoses, les contrebandiers, les désillusionnés, les iconoclastes, et les arpenteurs de l’imaginaire.
Qu’ils aient assisté à la naissance du cinéma, qu’ils se soient servis des films qu’on leur imposait de faire pour s’exprimer, ou qu’ils aient témoigné des tumultes intérieurs de l’âme humaine, Michael Henry Wilson donne de chaque cinéaste le portrait mystique d’un être humain au contact de son art et du monde.
L’ensemble de cette gigantesque architecture, protéiforme, monstrueuse, est finalement, pour le lecteur qui s’y plonge avec curiosité et angoisse, d’une beauté à couper le souffle.
Je vous recommande tout particulièrement le portrait de Buster Keaton, pantin et démiurge, celui d’Howard Hawks, avec son diptyque La Rivière rouge / La Captive aux yeux clairs, l’évocation du tournage du Sylvia Scarlett de George Cukor, celles de l’œuvre de Joseph Mankiewicz, de Sydney Pollack ou de Coppola, celle de Bob Fosse et de son film All that jazz !, celle de Terrence Malick et de son Nouveau monde, ou encore l’exploration croisée de Full metal jacket et de Eyes wide shut, de Kubrick. Je ponctue moi-même ce compte-rendu de lecture de quelques-uns de ces films.
Tous des voyeurs !
Brièvement je reviendrai sur l’analyse croisée que l’auteur fait des deux films d’Hitchcock, Fenêtre sur cour et Vertigo. Ayant consacré au moins 3 articles au cinéma d’Hitchcock sur ce blog, et ne ratant jamais une occasion pour le mentionner, j’ai particulièrement apprécié l’analyse de Michael Henry Wilson, en partie parce qu’elle s’intéressait à mon film préféré, à savoir le premier cité.
Il y étudie les deux personnages incarnés par James Stewart, le premier, voyeur par divertissement, pour échapper à l’ennui et à l’immobilisme forcé d’une jambe dans le plâtre, le second, voyeur par désespoir, à la recherche obsédante et nécrophile d’un fantôme.
Il fait de Jeff, héros immobile de Fenêtre sur cour, un naïf orgueilleux qui fonde toute sa puissance sur sa relative invisibilité, et de Scottie, un Pygmalion s’ingéniant à recréer sa femme idéale, et un éternel Orphée, abandonnant sa Perséphone à la malédiction inévitable et vertigineuse d’une chute aux enfers. Deux pantins aux mains d’un réalisateur voyeur par excellence qui s’amuse de son propre spectateur, terrifié et heureux de l’être, et voyeur par gourmandise.
Voilà pour ce compte-rendu de lecture, passons maintenant à notre petite sélection de sites…
Sites, articles et classements
- Sites et articles
Bien qu’il n’ait pas été mis à jour récemment, j’ai trouvé un site sur le cinéma hollywoodien des années 30, 40 et 50, proposant des biographies de stars et des galeries de photos : http://cinemaclassic.free.fr/
Fidèle à lui-même, le Ciné-club de Caen propose des articles sur le sujet, l’un consacré au cinéma américain, l’autre donnant une liste chronologique de réalisateurs et de films américains, le tout disponible à cette adresse : http://www.cineclubdecaen.com/analyse/cinemaamericain.htm
En dehors de ces deux références, je n’ai pas trouvé (ou n’ai pas suffisamment cherché) de sites consacrés exclusivement à ce sujet.
- Sur Wikipédia
Wikipédia propose un article sur le cinéma américain : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cin%C3%A9ma_am%C3%A9ricain
ainsi qu’un portail thématique : https://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Cin%C3%A9ma_am%C3%A9ricain
- Classements en tous genres
J’ai eu plus de chances avec les classements, puisqu’il y a les classements publiés par l’American Film Institute :
- AFI’s 100 Years…100 Movies, un classement des 100 meilleurs films américains de l’histoire du cinéma datant de 2007 : https://fr.wikipedia.org/wiki/AFI%27s_100_Years…100_Movies
- AFI’s 100 Years… 100 Heroes and Villains, un classement des héros et méchants datant de 2003 : https://fr.wikipedia.org/wiki/AFI%27s_100_Years…_100_Heroes_and_Villains
- AFI’s 100 ans… 100 acteurs de légendes, de 1999 : https://fr.wikipedia.org/wiki/AFI%27s_100_Years…100_Stars
un classement publié par le site Sens critique : http://www.senscritique.com/top/resultats/Les_meilleurs_films_americains_USA/432717
et enfin, un classement récemment publié par la BBC : http://www.konbini.com/fr/entertainment-2/top-100-meilleurs-films-americains-bbc/
- Vidéos
Pour finir sur quelques vidéos, je ne me lasse pas de celles publiées par Blow Up sur YouTube, et qui font des petites biographies ou filmographies d’acteurs ou de réalisateurs sous deux formats : les Bio express et les C’est quoi ? Un exemple de chaque ci-dessous :
Une Bio express de Francis Ford Coppola
Un C’est quoi… Orson Welles ?
J’y ajoute pour finir cette petite vidéo du Fossoyeur de films, consacré aux seconds couteaux américains :
Pour terminer, voici comme prévu la sélection de 3 films américains à voir ou à revoir…
Trois chemins vers l’ouest
Cette fois-ci, je n’ai pas trouvé – et / ou pas cherché – de films sur l’Amérique proposés par un œil extérieur. Mes trois choix m’ont directement été inspiré par l’ouvrage de Michael Henry Wilson, par les films qu’il y mentionnaient ou par ceux qu’il me donnait envie de revoir…
- En lisant son chapitre sur Ernst Lubitsch, j’ai eu envie de revoir Ninotchka, avec Greta Garbo, mais aussi et surtout Le Ciel peut attendre, avec Gene Tierney, l’un des premiers films que j’avais vu dans certains de ces petits cinémas parisiens du quartier latin, l’Action Christine, l’Action école, ou le Grand Action, et qui proposent régulièrement des rétrospectives, pour les cinéphiles… Ce film raconte l’histoire d’un incorrigible séducteur qui arrive en enfer, persuadé d’y avoir sa place, et raconte au diable sa vie tumultueuse.
- En lisant son chapitre consacré à Joseph Mankiewicz, j’ai eu envie de revoir La Comtesse aux pieds nus, mais surtout Eve, qui m’a fait découvrir Bette Davis, qui reste l’une de mes comédiennes préférées, même si je ne suis pas encore venue à bout de son incroyable filmographie :
- Enfin, j’ai eu du mal à me décider pour ce troisième film, j’ai hésité entre Sunset Boulevard de Billy Wilder, des films avec Katharine Hepburn et Spencer Tracy, avec Bogart et Bacall, un Sidney Lumet méconnu, émouvant et désopilant, que je rêve de revoir, Garbo Talks (À la recherche de Garbo), Le Lauréat de Mike Nichols qui a révélé Dustin Hoffmann… Je me suis finalement décidée pour un autre souvenir de séance au quartier latin, une comédie de Howard Hawks avec Katharine Hepburn et Cary Grant, L’Impossible Monsieur Bébé :
Voilà pour ce 3e hors-série… à très vite pour le dernier de cet été !