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Mois : novembre 2016

Novembre 2016 : séances et animations du CDI

Pour patienter jusqu’aux vacances, voici un petit compte-rendu des activités que j’ai menées au CDI durant le mois de novembre.

Un mois de novembre bien occupé, avec l’arrivée des dernières commandes de l’année. En effet, le libraire habituel du CDI ayant fait faillite en fin d’année scolaire dernière, il a fallu renvoyer les commandes à un nouveau libraire, qui a tout livré d’un seul coup, principalement des renouvellements du fonds en philosophie et en fictions, mais aussi quelques nouveautés, des annales, et de quoi rafraîchir le rayon 800, dont j’avais déjà parlé le mois dernier.

Cependant, le traitement des commandes n’a pas empêché un certain nombre de séances, et quelques surprises…

Séances

  • Formation à la recherche – secondes

Jusqu’ici, j’ai vu 4 classes de secondes, avec lesquelles j’ai pu travailler de manière plus ou moins approfondie, avec le déroulé de séance suivant :

  1. Présentation du portail e-sidoc et formation à la recherche, avec comme support, le Genial.ly que j’ai partagé le mois dernier.
  2. Questionnaire en ligne sur le portail e-sidoc en lien avec une thématique de lettres (pour l’un des collègues, le classicisme, pour l’autre, le siècle des Lumières)
  3. Réalisation par les élèves d’un mur collaboratif (Padlet) sur la thématique de lettres, à partir de documents trouvés sur le portail ou sur Internet.
  4. Sondage sur les pratiques informationnelles des élèves.

En fonction de la réussite (ou non) de ces différentes séances, j’ajoute les documents produits.

Séance 1 : avec les 2nde5

C’était la première séance, avec 2 demi-groupes. Les élèves ont eu droit à la présentation du portail, puis ils ont répondu au questionnaire (thème de lettres : le classicisme), et certains d’entre eux ont pu répondre au sondage sur les pratiques informationnelles, disponible ci-dessous :

Je n’avais pas encore eu l’idée de la réalisation du mur collaboratif, donc ils n’ont pas pu le faire.

Séance 2 : avec les 2nde3

Échec total de la séance : j’étais dans une salle où le câblage avait été modifié, et les ordinateurs mis sur le réseau administratif. Impossible de se connecter sur quelque session élève que ce soit. Vidéoprojecteur en panne. Séance reportée à une date ultérieure encore inconnue.

Séance 3 : avec les 2nde 6

Les élèves ont eu droit à la présentation du portail, ont répondu au questionnaire avec comme thème le siècle des Lumières (voir Google Form ci-dessous).

Le 1er groupe a commencé à travailler sur le mur collaboratif, avec quelques ressources postées. Cependant les navigateurs n’étaient pas à jour : cela faisait bugger Padlet.  Pas de contribution possible pour le 2e groupe. On fait remplir à quelques élèves le sondage.

Séance 4 : avec les 2nde7

Séance idyllique : les deux groupes sont au taquet, ils finissent le questionnaire assez rapidement, puis enchaînent avec le padlet (un par demi-groupe). Pas le temps pour le sondage, pas grave : avec ma collègue, nous sommes tellement ravies du résultat, que nous ne doutons pas de travailler à nouveau avec cette classe.

Padlet Groupe 1 :

https://padlet.com/jfiliol_pro/2nde7gpe1

Padlet Groupe 2 :

https://padlet.com/jfiliol_pro/2nde7gpe2

  • TPE 1ES : formation à la citation des sources et affaire Wikipédia

Début novembre, j’ai intégré sur le portail e-sidoc du lycée le générateur de citation de sources proposé par Fenêtre sur. J’en ai proposé pour proposer aux enseignants de TPE de faire un petit point aux élèves sur la bibliographie / sitographie.

Je n’ai pas pu voir les élèves de S, pour cause de conseils de classe, mais j’ai réussi à faire le point avec les élèves de ES : utilisation de l’icône « Citer ce document » pour les références se trouvant sur e-sidoc, utilisation du générateur pour les ressources extérieures au portail.

J’en étais à la partie « on ne dit pas juste qu’on a utilisé Wikipédia, on cite les différents articles de Wikipédia, et c’est facile, il suffit de cliquer sur « Citer cette page ». Je clique, et là j’atterris sur l’écran suivant :

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Après quelques recherches avec l’aide documentaliste, nous avons découvert que des élèves du lycée s’amusent à modifier des articles, l’adresse IP du lycée est donc bloquée pour vandalisme sur notre encyclopédie collaborative préférée. S’en sont suivis échanges avec les administrateurs de Wikipédia (par mails et sur le salon Educatice), discussion avec la proviseure adjointe du lycée, et j’ai fini par envoyer ce mail à l’ensemble des enseignants (je coupe et j’anonyme le mail à certains endroits) :

Bonsoir à tous,

Je me permets de vous adresser quelques petits cogitations personnelles, suite à un petit couac arrivé au CDI cette semaine.

Alors que j’étais en séance de TPE avec S… et les 1ES1, et que je leur faisait un bref rappel sur la citation des sources et la bibliographie – un générateur de citation de sources est désormais à la disposition des élèves directement sur esidoc – j’ai voulu montrer aux élèves qu’il était très facile de citer un article de Wikipédia.

Qu’elle ne fut pas ma surprise de constater que l’adresse IP du lycée était bloquée par Wikipédia, l’encyclopédie collaborative ayant été victime de la part de certains de nos élèves de modifications abusives (ce qu’ils considèrent comme du vandalisme). Nous avons enquêté avec A… : entre autres, un article sur la Jungle de Calais avec du contenu supprimé et signé James Bond…

Les élèves étaient donc dans l’impossibilité de citer un article jusqu’en juillet 2017.

Suite à ce blocage, j’ai contacté les administrateurs de Wikipédia, je les ai également rencontrés mercredi sur le salon Educatice à Paris.

Vous pouvez être franchement hostiles à Wikipédia, ou relativement neutres à son égard, mais on ne peut nier les partenariats noués par cette dernière avec des institutions culturelles ou universitaires, et les efforts faits par les modérateurs afin d’améliorer sans cesse la qualité des articles (ce que prouve bien le blocage du lycée).

J’invite donc ceux qui le souhaitent à rappeler aux élèves que Wikipédia est un outil de recherche bénévolement mis à leur disposition, et qui, certes ne se suffit pas à lui seul, doit être complété par d’autres sources, mais que la citoyenneté numérique la plus élémentaire exige de respecter.

Et pour les éventuels intéressés, les membres de Wikimédia proposent des actions de sensibilisation et de formation aux ressources de Wikipédia, je suis tout à fait disposée à reprendre contact avec eux.

L’affaire a fait beaucoup rire (surtout la partie sur James Bond) et a permis d’échanger avec un certain nombre de collègues – la plupart ravis de l’existence de Wikipédia. L’adresse IP du lycée reste bloquée, mais cela n’empêche absolument pas de créer un compte (ce que l’un des administrateurs a fait pour moi) afin de surveiller les activités de l’adresse IP, et éventuellement de contribuer. Quant au fait que les élèves étaient dans l’impossibilité de citer un article, les administrateurs de Wikipédia m’ont indiqué qu’il s’agissait d’un bug, et que la fonctionnalité serait débloquée à compter du 30 novembre.
  • EMC en Première STMG : travail sur l’identité

Depuis début novembre, je travaille avec une collègue d’histoire-géographie et sa classe de Première STMG en demi-groupe sur le thème de l’identité.

Dans un premier temps, les élèves devaient poser à leurs parents des questions sur leurs origines, ils devaient ensuite, à partir des réponses obtenues, donner une forme littéraire à ce récit : lettre, conte, carnet de voyages… illustrés avec dessins, images, arbres généalogiques.

J’ai proposé à la collègue de poursuivre ce projet en faisant travailler les élèves sur la réalisation d’un schéma heuristique, ce que nous ferons les prochaines semaines. J’en dirai donc plus au mois de décembre.

  • EMC en Première L : débat « médias et démocratie »

Avec un autre collègue d’histoire-géographie, nous avons pour projet depuis un moment de travailler ensemble soit sur les médias, soit sur le numérique, j’ai donc sauté sur l’occasion lorsqu’il m’a annoncé qu’il organisait un débat avec ses élèves de Première L (une heure en demi-groupe) sur le sujet suivant : « La pluralité des médias est-elle un risque pour la démocratie ? ».

Les élèves avaient déjà fait des recherches préparatoires, et travaillé sur des documents la veille du débat. Ils devaient prendre des notes pendant ce débat afin de rendre une synthèse le lendemain.

J’ai moi aussi pris des notes, depuis l’annonce du sujet, que mon collègue s’est chargé d’introduire en en définissant les termes, jusqu’aux interventions des élèves et les différents points abordés :

En quoi la pluralité des médias est un signe de vitalité démocratique ? Les journalistes doivent-ils dire la vérité ou exprimer leurs opinions ? Quelle influence ont-il sur l’opinion publique ? Quelle est la place des réseaux sociaux dans la circulation des (fausses) informations ? Quelle est la différence entre un chroniqueur et un journaliste ? Quel est le rôle des médias dans le respect de la vie privée d’autrui ? Quelle est la fonction d’une presse satirique ? Les journalistes doivent-ils être neutres ou transmettre des valeurs ?

J’ai beaucoup apprécié ce débat, avec des élèves qui avaient pour la plupart une réflexion poussée, tout en restant très personnelle, sur la question.

Voilà pour les séances du mois.

Expositions et animations

Bien que les présentoirs du CDI soient en ce moment surchargés par les nouveautés et le renouvellement du fonds (voir ci-dessous – photo à venir),

j’ai réussi à proposer aux élèves, juste avant le résultat des élections américaines, une exposition sur les États-Unis, avec à nouveau deux affiches, la version classique :

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et la version augmentée :

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Voici l’exposition mise à disposition des élèves au CDI :

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Fin novembre, cette exposition a cédé sa place à une exposition sur la journée mondiale de prévention du SIDA, organisée par ma collègue.

Quant à moi, j’ai commencé à réfléchir aux animations à proposer aux élèves pour les faire patienter jusqu’aux vacances, et là encore, j’en dirai plus dans l’article de décembre.

Gestion, réunions, formations, salons et réflexions professionnelles

J’avais indiqué que je consacrerai une partie de cet article à un peu de cogitation professionnelle le mois dernier, mais il est déjà bien assez long, je garde donc cette idée pour plus tard et j’ajoute juste ci-dessous les quelques activités autres que séances et animations faites durant ce mois-ci :

  • évidemment j’ai consacré un temps certain au catalogage et à la mise à disposition des nouveautés, en particulier pour le rayon philosophie (dont je suis en charge) et pour les rayons littérature et fictions, qui sont partagés.
  • j’ai commencé à m’occuper du questionnaire GIDEC-GECRI qui permet aux enseignants de recevoir des spécimens de manuels scolaires en fin d’année.
  • pas de réunions ni de formations ce mois-ci. Notre proviseur est partie pour devenir directrice académique adjointe de Haute-Savoie, elle n’est toujours pas remplacée, cela a décalé le premier conseil pédagogique de l’année. J’ai pas mal échangé avec mon collègue référent numérique sur différentes applications éducatives à utiliser en classe (dont Prisma, qui permet de retoucher des photos artistiquement). Nous avons également beaucoup échangé sur l’équipement de la mezzanine en ordinateurs et sur le besoin d’une dotation en tablettes, sur laquelle il faut que nous travaillions…
  • deux réunions prévues le mois prochain.
  • pour finir, j’étais à Educatice le mercredi 16 novembre, ce qui m’a permis, entre autre, et comme je l’ai indiqué plus haut, de rencontrer les personnes travaillant pour Wikimédia, et d’avoir de nouvelles idées d’initiatives et de projets à proposer au lycée.

À suivre au mois de décembre.

Souvenirs de films, souvenirs d'enfances

Dans mes articles cinéphiles, j’évoque souvent certains de mes souvenirs cinématographiques les plus marquants. Il n’est pas rare que je commence un article par « La première fois que j’ai vu tel ou tel film… » ou par « L’un de mes plus beaux souvenirs cinématographiques reste… »

On se souvient souvent d’un film comme d’une rencontre, que ce soit un vrai coup de foudre, un rendez-vous manqué ou une aversion immédiate. Je préfère généralement parler des rendez-vous manqués, auxquels il arrive bien souvent qu’on laisse une seconde chance, ou des coups de foudre, quasiment jamais des aversions…

Témoigner de mes souvenirs cinéphiles me permet de me remémorer certaines scènes, de ponctuer le film d’émotions et de susciter, à la lecture des livres que je parcours, les plus belles scènes à mes yeux, dans un perpétuel aller-retour.

Cet article ne fera pas exception.

J’y évoquerai deux lectures, qui n’ont de commun que le cinéma, et les souvenirs, les miens, et ceux d’un autre. Car je ne suis pas la seule à accorder une telle importance aux souvenirs de films, loin de là.

Premier souvenir

« Un jour mes parents se rendirent à Tunis, la capitale, et m’emmenèrent avec eux voir La strada. Ce devait être en 1956, j’avais donc sept ans. Le film a provoqué en moi une peur incroyable et suscité une répulsion profonde. Tout dans le film m’effrayait. Aussi bien les visages que les corps des comédiens, leurs gesticulations et leur promiscuité. De même le décor, l’Italie pauvre, en noir et blanc, misérable. Si bien que j’ai vu le film sans le voir, par intermittence, les yeux souvent fermés ou baissés. »

C’est par ces quelques lignes que s’ouvrent Les Fantômes du souvenir, de Serge Toubiana, publiés chez Grasset en octobre 2016. Et ces lignes sont l’une des deux raisons qui m’a immédiatement convaincue de lire la suite. La seconde raison, je la donnerai un peu plus tard.

Un souvenir d’enfance, un souvenir de film, le premier film donc. La Strada. On ne peut pas vraiment parler d’un coup de foudre… Lorsque j’ai lu ces quelques lignes, je me suis souvenue moi aussi de ma première Strada : vers quinze ou seize ans, avec mon père, à la télévision : « Tu vas voir, Fellini, c’est magnifique ! » Je ne crois pas avoir été aussi emballée, pas plus par La Strada que par La Dolce vita… mon Fellini à moi reste Fellini Roma, et je n’ai jamais réussi, encore, à revoir La Strada.

Mais revenons à ce livre et à son auteur, Serge Toubiana. Critique de cinéma, il a été rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, directeur de la Cinémathèque française entre 2003 et 2016, et il reste pour moi le co-auteur d’une magnifique biographie de François Truffaut, avec Antoine de Baecque.

Quant à ses Fantômes du souvenir, il est simple, beau, on y fait de belles rencontres (Truffaut, évidemment, Godard, inévitablement, Coppola, Isabelle Huppert…), on y assiste à des événements cinéphiles (anniversaire des Cahiers du cinéma, expositions à la Cinémathèque, projections…), on y observe d’abord la formation d’un cinéphile, puis les coulisses d’une revue, et les coulisses d’une institution.

On y suit des projets tels que la préparation d’un documentaire sur Truffaut, ou la découverte, dans les locaux des Films du carrosse, des bandes sur lesquelles étaient enregistrés les fameux entretiens Hitchcock / Truffaut. On y voit défiler le cinéma en perpétuels allers-retours, présent et passé se côtoient : Henri Langlois et nouvelle Cinémathèque, parcours de cinéastes, portraits d’hier et d’aujourd’hui.

Page après page de cet itinéraire dont on prolonge sans cesse la lecture, dont on diffère sans cesse le moment de le reposer, ce qui m’a le plus frappé, c’est une extraordinaire bienveillance. Hormis La Strada, moins aversion que rendez-vous manqué, et qui fait plus figure d’électrochoc ou de souvenir proustien, Serge Toubiana ne semble retenir que les belles rencontres, les expériences enrichissantes et les émotions.

Et chez cet amoureux de cinéma, vous ne trouverez ni hostilité, ni élitisme, juste (et presqu’exclusivement) les bons souvenirs.

Souvenir d’une rencontre

Je venais d’achever mon Master 1 de Littérature française, et mon directeur de recherche, Jean-François Louette, m’avait enjoint de trouver un sujet de mémoire pour ma deuxième année.

J’avais réussi à le convaincre que mon sujet, tout cinéphile qu’il était (l’influence de Proust dans le cinéma de Truffaut), pouvait tout à fait faire l’objet d’un mémoire de littérature.

Cet été-là, en 2008, Serge Toubiana intervenait à la radio, je ne me souviens plus à quelle fréquence, pour évoquer les entretiens Hitchcock / Truffaut, et l’on m’avait soufflé l’idée de le contacter. J’ai donc pris mon courage à deux mains et j’ai laissé un commentaire sur le blog qu’il tenait, en tant que directeur de la Cinémathèque française. J’ai eu très vite la surprise de recevoir une réponse, m’invitant à le rencontrer.

Cela peut paraître dérisoire à une personne extérieure, mais entrer dans les bureaux de la Cinémathèque française, patienter dans une salle à côté de personnes qui s’interpellent, demandant si « on n’a pas des nouvelles de Deneuve », s’assoir dans un bureau rempli de livres et de DVD et donnant sur la Seine, et parler de Truffaut avec Serge Toubiana, cela a de quoi impressionner, et avoir toujours envie de remercier, même 8 ans après.

Voilà pour la deuxième raison qui m’a poussée à lire ce livre, où j’ai reconnu à chaque page cette disponibilité et cet indéfectible amour du cinéma, à l’image de la description qu’il fait du réalisateur Wim Wenders à la fin d’un chapitre :

Jamais froid ni intimidant, toujours amical et généreux. Il transmettait mieux que quiconque à cette époque, l’amour du cinéma, l’ancien et le nouveau. Et d’où qu’il vienne.

Et passé ce souvenir, j’en reviens aux souvenirs !

Premiers souvenirs

En relisant la première phrase de Serge Toubiana, je me suis demandée quel film pourrait m’avoir marquée enfant autant que La strada avait pu le marquer.

Évidemment, des films marquants, il y en a eu, aussi bien des Chaplin que des films d’animation, avec, pour mes souvenirs les plus anciens, une prédilection pour les Don Bluth (Fievel, Brisby et le secret de Nimh, Le Petit dinosaure).

Mais il y en a peut-être trois dont le souvenir n’a été ni effacé, ni déformé : Le Roi et l’oiseau, auquel j’avais déjà consacré un article, Cinema Paradiso, dont j’ai parlé à plusieurs reprises, et Barry Lyndon.

Et c’est justement à Barry Lyndon que je pensais au moment où j’ai ouvert Les Fantômes du souvenir, parce qu’au même moment je parcourais Les Archives Stanley Kubrick, publiées généreusement fin 2016 par les éditions Taschen.

Pourquoi généreusement ? Parce que ces archives, comme celles de Chaplin ou plus récemment de Walt Disney, ont été d’abord éditées dans un format « extra large » et à un prix nettement moins abordable… J’espère donc que cette initiative Kubrick sera suivie d’autres, qui mettront à la portée du cinéphile ces superbes documents.

Dans ces archives, on retrouve évidemment une analyse détaillée des films et de la carrière de Kubrick, ainsi que des projets avortés, (le fameux Napoléon dont je ne cesse de vous rabattre les oreilles). Et une large place est laissée à la photographie, ce qui m’a donné envie de revoir Barry Lyndon.

Barry Lyndon

Barry Lyndon… pour moi à l’origine deux cassettes vidéos, première et seconde partie, en français, avec la voix inoubliable du narrateur, Jean-Claude Brialy.

Une histoire en costumes, magnifique, avec des décors somptueux, et des personnages auxquels, petite, je ne comprenais pas grand chose : un garçon un peu niais du fin fonds de l’Irlande, amoureux déçu, qui s’en va jouer au petit soldat, qui change d’uniforme, qui devient joueur, puis qui se marie…

Et puis il y avait cette musique, que j’écoutais en boucle sur cassette audio, et en alternance à mon panthéon musical avec le Let’s dance de David Bowie et le Non homologué de Jean-Jacques Goldman. Une musique incroyable qui vous arrive dans la tronche dès les premières minutes et qui ne vous lâche plus…

Aujourd’hui, Barry Lyndon a pris pour moi une autre mesure.

Il y a toujours la musique, cette scène d’ouverture fascinante, ce narrateur à l’ironie et à la voix envoûtantes :

Je peux difficilement choisir parmi mes scènes préférées, celle des Grenadiers anglais ? celle de la désertion vers la Prusse ? celle du jeu éclairé à la chandelle ? Je reprendrai juste celle de la bataille :

Avec le temps, j’ai compris que je ne parviendrai jamais à ressentir de sympathie pour les personnages : Barry est un amoureux déçu, qui a perdu toutes ses illusions et qui devient une crapule qu’on souhaite tout de même voir arriver à ses fins.

Quasiment tous les autres personnages sont lâches, hypocrites, menteurs, et même les bons laissent indifférents, comme lorsqu’on lit les Liaisons dangereuses, et qu’on se surprend à préférer la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont, tout odieux et machiavéliques qu’ils soient, face à la niaiserie et à la candeur de tous les autres.

J’ai appris à apprécier la composition des scènes, la magnifique photographie, et le soin accordé à chaque détail.

Toujours maintenant, j’ai plaisir à voir et revoir Barry Lyndon, il reste mon Kubrick indétrônable… et après de longues recherches, des années de disette où elle n’était plus disponible, j’ai enfin remis la main sur la bande originale, qui reprend sa place dans mon atmosphère musicale.

Et pourtant, il y aura certainement des articles à venir où j’évoquerai des souvenirs cinématographiques qui m’auront marquée tout autant que Barry Lyndon.

Mais je repense à cet article de François Truffaut sur Isabelle Adjani :

Je dis parfois à Isabelle Adjani : « Notre vie est un mur, chaque film est une pierre. » Elle me fait toujours la même réponse : « Ce n’est pas vrai, chaque film est le mur. »

À très bientôt !

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