Pour ce premier compte-rendu de lecture de rentrée, j’ai décidé de vous parler de deux de mes lectures de vacances, ainsi que de quelques autres livres que j’avais déjà évoqués.
Histoire, Moyen-Âge, cinéma et idées de lecture
Les habitués de mes articles savent que j’apprécie depuis longtemps les films et séries historiques. Voici un petit retour sur quelques lectures :
- L’histoire fait son cinéma en 100 films
L’histoire fait son cinéma en 100 films, de Guillaume Evin, est paru en avril 2013, aux éditions de la Martinière, et est préfacé par le réalisateur Costa-Gavras, auteur d’un certain nombre de films historiques, tels que Z, L’Aveu ou encore, plus récemment, Amen.
- Napoléon : l’épopée en 1000 films
Hervé Dumont a consacré en 2015 à Napoléon Ier un splendide pavé, paru aux éditions Ides et Calendes, Napoléon : l’épopée en 1000 films, et préfacé par Jean Tulard.
Il est également l’auteur de la merveilleuse encyclopédie en ligne du film historique : c’est un trésor ! Si histoire et cinéma vous passionnent, ne tardez plus : allez y flâner !
Enfin il a publié en octobre, dans la même veine que l’ouvrage sur Napoléon, un ouvrage sur Les Chevaliers de la Table Ronde à l’écran, aux éditions Tredaniel, un ouvrage que j’ai eu toutes les peines du monde à résister à acheter.
- Le Moyen âge au cinéma
Le très beau livre de François Amy de la Bretèque, Le Moyen-âge au cinéma, revient notamment sur le film Les Vikings, avec Kirk Douglas, mais aussi sur l’un de mes films scandinaves préférés : Le Septième sceau de Bergman.
- Dominer le monde : les séries historiques anglo-saxonnes
Dominer le monde : les séries historiques anglo-saxonnes, de Ioanis Deroide est paru en 2017 aux éditions Vendémiaire, une de mes maisons d’édition préférées, ce qui se confirme encore aujourd’hui avec cet article, puisqu’il est l’occasion d’aborder de nouveau une de leurs publications.
À présent, passons à ces deux lectures qui ont en commun séries télévisées et Moyen Âge.
Kaamelott, la qualité à la française
Lorsque je me désespère devant les fleurons des séries françaises et devant leur incroyable qualité scénaristique – mon ironie est-elle palpable ? – des choses aussi informes que Plus belle la vie et Un si grand soleil très récemment, je me raccroche à quelques contre-exemples : Un village français, Dix pour cent, Le Bureau des légendes…
Et puis je me souviens que Kaamelott existe.
S’il y a bien un ovni télévisuel dont on peut s’enorgueillir, c’est Kaamelott.
Et encore, on a beau jeu de s’enorgueillir de quelque chose dont on n’est absolument pas responsable et dont cependant, on continue imperturbablement à guetter la suite…
Et pour comprendre l’importance de cette série, il suffit de lire cet article publié en juillet dans The Independent :
Kaamelott est une série dont je ne me lasse absolument pas, que je peux revoir à tout moment, que je connais pratiquement par coeur, dont j’utilise au moins 2 gifs par jour.
Enfin, c’est avec fierté que je garde en favori sur mon ordinateur un générateur de citations de Kaamelott, à utiliser en toute circonstance :
https://kaamelott-soundboard.2ec0b4.fr
Kaamelott et les éditions Vendémiaire
En 2014 est paru aux éditions Vendémiaire un premier ouvrage « scientifique » se penchant sur Kaamelott : Kaamelott ou la quête du savoir, de Nicolas Truffinet.
Régulièrement cette maison d’édition surprend par des publications de qualité, dernièrement un Dictionnaire de fantasy, paru en octobre 2018 sous la direction d’Anne Besson.
En avril 2018, cette fois-ci, c’est Kaamelott : Un livre d’histoire, qui est paru, sous la direction de Florian Besson et Justine Breton.
Ce livre des plus réjouissants est issu d’un colloque organisé en mars 2017 à l’université Paris Sorbonne – en lisant ce livre, je me suis souvenue d’avoir effectivement vu passer dans ma veille l’annonce de ce colloque et j’avais bien regretté de ne pas pouvoir y assister…
Chaque chapitre est l’oeuvre d’un ou de plusieurs auteurs, chacun d’entre eux est présenté à la fin : on y retrouve naturellement des historiens mais aussi des chercheurs en littérature, en sociologie, en musique, en sciences de l’information et de la communication, ou encore en histoire de l’art.
Après une introduction et une première partie consacrée au langage (qui traite aussi bien de la construction narrative de Kaamelott, du burlesque, de la parole, de la figure héroïque, de la parodie, du vocabulaire des chercheurs, du bestiaire ou de la représentation du monde), on plonge directement dans la représentation de la société et des personnages arthuriens.
On y retrouve des analyses du pouvoir, de la justice, de la royauté, de la magie et des dragons.
Survient ensuite la troisième partie – la plus réussie selon moi : « Mélanges des temps ». On y retrouve une analyse en trois parties de la représentation de l’empire romain dans la série, des chapitres sur les vikings, sur les jeux, puis mes chapitres préférés :
- « Festins à la cour du roi Arthur »
- « Arts et artistes à la cour du roi Arthur »
- « Quand les chevaliers se mettent à chanter »
- et enfin, « Kaamelott et les mondes de la fantasy », un chapitre écrit par David Peyron, auteur il y a quelques années d’un superbe ouvrage consacré à la Culture Geek.
Bref, l’ouvrage est un indispensable pour tout fan de Kaamelott et qui aimerait bien « être considéré en tant que tel ».
Game of Thrones, de l’histoire universelle à l’histoire médiévale
L’an dernier, un auteur, Cédric Delaunay, professeur agrégé d’histoire à Tours, s’est attelé aux influences historiques de George R R Martin et a publié Game of Thrones : de l’Histoire à la série, en septembre 2018, chez Nouveau monde éditions.
J’ai eu l’occasion de revenir plusieurs fois sur la qualité de cet ouvrage, l’un des premiers à se pencher sur ce qui m’intéressait tout particulièrement dans cette série.
En 2019, Cédric Delaunay a d’ailleurs collaboré avec le YouTubeur Nota Bene et proposé une série de vidéos revenant sur les aspects historiques de Game of Thrones, au moment où la huitième saison de la série était diffusée.
Et c’est également à ce moment là qu’est paru la traduction d’un livre fabuleux qui allait approfondir à merveille l’ouvrage de Cédric Delaunay.
Ou pour ressortir ma casquette de prof doc voilà l’angle qui peut être pris : on pourrait classer le premier ouvrage, paru en septembre 2018 dans le rayon 907-909 de la bibliothèque (étude historique, histoire universelle).
L’ouvrage paru en mai 2019 dans sa traduction française et qui nous intéresse aujourd’hui sera lui rangé dans le rayon 909.1 (si l’on décide de le laisser dans la partie histoire universelle) ou bien 940.1 si l’on décide de se concentrer sur un angle de vue exclusivement européen. C’est vous qui voyez.
Game of Thrones et le Moyen Âge
Bref, ce livre, c’est celui de Carolyne Larrington, Winter is coming : les racines médiévales de Game of Thrones.
Dire que l’on pourrait le classer dans le rayon Histoire n’est pas tout à fait exact. Certes, le livre est fidèle à son sous-titre, et il vous embarque dans les racines médiévales de Game of Thrones dès les premières lignes et les premières pages, qui évoquent, comme on peut s’y attendre, la Guerre des deux roses.
Mais prolongez quelque peu la lecture, et relisez la courte biographie de l’auteur sur la quatrième de couverture : « spécialiste des contes et légendes, de la tradition arthurienne et des sagas nordiques ».
Vous déciderez alors peut-être de replacer le livre dans le rayon 800, en 830.1 éventuellement.
Lorsque l’on parcourt ce texte, ce ne sont pas les références historiques qui prédominent, même s’y côtoient les croisades, la Guerre de cent ans, Venise, ou encore la civilisation mongole et Gengis Khan.
Ce dont l’auteure aime le plus nous parler – et ce qu’on apprend le plus à apprécier au fil des pages, ce sont les valeurs et les représentations propres à la société occidentale médiévale, et bien entendu la littérature.
On y croise des mythes nordiques et germanique, Odin et Thor, Siegfried, une foule de figures arthuriennes, la Chanson de Roland, et la référence de prédilection de l’auteure : Geoffroy Chaucer et ses Contes de Canterbury.
Enfin, elle revient sur bon nombre d’aspects historiques et sociaux qui ont inspiré Game of Thrones : citons pêle-mêle la lèpre et la peste, les mercenaires et les eunuques, les religions, le mur d’Hadrien, les révoltes d’esclaves, ainsi qu’une formidable partie consacrée au jeu d’échecs.
Le livre de Cédric Delaunay se lisait comme un guide de voyage à travers les pays et les époques. Le livre de Carolyne Larrington se lit comme un roman dans le roman de George R R Martin.
Les deux sont indispensables à quiconque souhaite approfondir la connaissance de son Monde connu.
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