Pour le titre de ce compte-rendu de lecture du mois de novembre, je pastiche un article que François Truffaut avait publié en 1983 « Un ami, deux Broca », consacré au merveilleux réalisateur du Bossu ou de Tendre poulet.

C’est sur Twitter que j’ai trouvé les références du livre qui m’intéresse ce mois-ci, sur un compte que je trouve irrésistible : @justdefunes

De Funès fait partie des personnes qui me font rire, au même titre que les personnages de Kaamelott et des planches de Gaston Lagaffe. C’est pourquoi j’ai dans mes favoris un générateur de citations de Kaamelott et dans mes abonnements Twitter le compte @justdefunes et @Franquin_Cie

C’est aussi pour Sandrine, copine #profdoc, que je publie cet article, avec laquelle j’ai régulièrement des fous-rires et des clin d’oeil lorsqu’à un mot ou une phrase nous associons immédiatement toutes les deux une réplique de De Funès :

« But alors you are French ? », « Elle ment… elle ment en allemand », « Je suis ministre, je ne sais rien faire », « Non sire, pour une fois, ce n’est pas moi, j’étais là, je priais », « Je suis zinzin, je suis zinzin », « Yes my Lord. Yes my Lord. Yes my Lord. But I beg your pardon my Lord. In my opinion, I am sure, mais alors I am tout à fait sure que c’est un coup de Fantomas. »

Aimer De Funès

Mon éducation cinéphile s’est faite à coup de clivages, qui se sont généralement réconciliés, mais pas toujours.

Il fallait choisir qui aimer : Scarlett O’Hara ou Melanie Hamilton, Buster Keaton ou Charlie Chaplin, Deneuve ou Dorléac, Dewaere ou Depardieu, Bourvil ou De Funès.

Tous ces clivages, je les ai balayés plus tard quand j’ai compris que ce que l’on prenait à l’écran ou dans la vie pour des rivalités n’était vraiment pas avéré.

Donc j’apprécie autant l’impertinence de Scarlett que la douceur de Melanie et j’aime autant l’humour lunaire de Bourvil (et sa gravité dans Le Cercle rouge) que la folie hargneuse de De Funès.

Il n’y a que Truffaut qui pour moi sera toujours d’une supériorité stratosphérique face à Godard.

J’ai dû voir un nombre incalculable de fois La Grande Vadrouille, peut-être un peu moins Le Corniaud, autant de fois La Folie des Grandeurs, la série des Gendarmes fait partie de mes « plaisirs coupables » (au même titre que Les anges gardiens, avec Clavier et Depardieu), j’adore Rabbi JacobLe Grand restaurant, Les Grandes vacances, La Zizanie et La Soupe aux choux.

Bref, après avoir tenté, plus d’une fois, de mettre à distance ce petit personnage tout en grimaces, hargneux et antipathique, j’ai fini par reconnaître qu’il m’était impossible de ne pas l’aimer.

Avant sur Cinéphiledoc

Cela ne date d’ailleurs pas d’aujourd’hui, puisqu’en septembre 2012 j’avais trouvé un superbe dictionnaire, Louis De Funès de A à Z, de Bertrand Dicale, aux éditions Tana, que je m’étais empressée d’ajouter à ma bibliothèque.

Voici l’article que j’avais rédigé un peu plus tard, en mars 2013 :

Dictionnaires thématiques

Je n’avais écrit que quelques lignes, puisque dans la même collection avait aussi été publié un dictionnaire Marilyn Monroe.

Il n’empêche que tout amoureux de De Funès devrait avoir ce dictionnaire, superbement illustré, dans sa bibliothèque.

En 2016, à l’occasion des 50 ans de la Grande Vadrouille, j’ai réitéré la chose, puisqu’un ouvrage sur les coulisses du tournage avait été réédité :

50 ans et pas une ride

Et je ne résiste pas à la tentation de poser ici une petite sélection :

De Funès, 2019 et 2020

Avec le livre déniché sur Twitter, et avec quelques informations supplémentaires, si vous aussi vous êtes amateurs de De Funès, voici plusieurs occasions de le retrouver en 2019 et en 2020.

Ce livre, Louis de Funès, de Clémentine Deroudille, est en fait un catalogue d’exposition. Il a été publié à l’occasion de l’inauguration du musée Louis de Funès à Saint-Raphaël, inauguré en juillet 2019, donc tout récemment.

J’ignorais totalement l’existence d’un tel musée, je suis donc ravie qu’avec Chaplin World, il y ait un autre lieu qui mette un génie du comique à l’honneur.

Le site internet du musée est d’ailleurs quelque peu compliqué à trouver :

http://museedefunes.fr/

Néanmoins, Sandrine, note sur tes tablettes, voici encore un lieu où nous devons aller !

En attendant, l’ouvrage de Clémentine Deroudille sera des plus agréables à découvrir : une organisation chronologique, avec pour chaque chapitre une petite introduction biographique de une à deux pages, énormément de photographies, d’affiches, la présentation illustrée des principaux films, le tout ponctué de répliques de films ou de réactions de Louis de Funès (extraits d’interviews, notes dans des carnets).

C’est un admirable condensé, en près de 200 pages, de Louis de Funès, et qui est préfacé, j’ai oublié de le signaler, par la petite fille du comédien.

Avant, pendant ou après une visite du musée, il peut se savourer durant les 1h30 de vol d’un Paris-Nice, ou pendant l’équivalent en train (mais à compléter avec des films) qui dure environ 7h, d’après mes informations.

Et si comme moi vous ne bougez pas très souvent de la région parisienne, vous pouvez patienter jusqu’en avril 2020, date à laquelle la Cinémathèque française consacre une grande exposition à Louis De Funès, exposition qui a quelque peu enflammé les débats cinéphiles, comme en témoigne cet article du Figaro :

https://www.lefigaro.fr/cinema/2019/03/19/03002-20190319ARTFIG00137-la-retrospective-louis-de-funes-a-la-cinematheque-ne-fait-pas-rire-tout-le-monde.php

Ce débat m’a toutefois permis de découvrir cette lettre de Truffaut à Gérard Oury, où le premier indique au second avoir beaucoup aimé Le Corniaud :

Et il m’a aussi rappelé cet avis, toujours de Truffaut, selon qui, en substance, il est beaucoup plus difficile d’être De Funès que Bourvil, puisqu’il est plus difficile de faire rire en étant antipathique qu’en étant sympathique.

Là encore, je n’essaye pas de faire un choix entre Bourvil et De Funès, mais je me souviens toujours de manière émue, de la façon dont De Funès explique, très simplement, que tourner Rabbi Jacob lui a permis de se « nettoyer l’âme », cette interview à l’occasion du Corniaud :

et, un peu plus hors-sujet (mais pas tellement parce que cela fait partie du personnage) de cette vidéo sur son parc biologique :

Il reste donc les films, et ces quelques vidéos d’archives, et le livre de Clémentine Déroudille, et le dictionnaire de Bertrand Dicale, pour patienter jusqu’à l’exposition de la Cinémathèque :

https://www.cinematheque.fr/

Sandrine, des disponibilités en avril 2020 ?

Bonnes lectures, bons fous-rires et à bientôt sur Cinéphiledoc !