Pour ce deuxième hors-série de l’été, je poursuis mes conseils de lecture avec une petite sélection des livres que j’ai lus durant l’année scolaire 2020-2021 et qui m’ont particulièrement marquée.

Cet article est un peu à la manière de la présentation que je propose à mes collègues, mes « Conseils de lectures de la #profdoc », mais je donnerai ici à ces conseils un tour un peu plus personnel et plus sélectif.

Le mois dernier, j’avais abordé des lectures suggérées par Bénédicte, comparse de #LudoDOC, trois ouvrages plutôt facétieux avec des univers d’auteurs bien particuliers (Jean-Paul Didierlaurent, Benoit Philippon et Romain Puértolas) et deux ouvrages prêtés par des copains copines du lycée.

Pour cet article, je vais à nouveau aborder les choses en trois parties : d’autres suggestions de lecture par les copains copines du lycée, trois ouvrages qui m’ont été conseillés par la même personne qui est depuis longtemps ma principale source en matière de lecture, et mon univers d’auteur / auteur coup de coeur de l’année.

Les conseils de lectures des paddocks du lycée (2)

Cette année, j’ai eu le bonheur de voir qu’un petit réseau de profs lecteurs s’organisait au lycée et commençait à s’échanger quelques ouvrages… nous avions d’ailleurs évoqué l’idée d’organiser des cafés littéraires, qui se sont déroulés deux fois à distance.

C’était aussi la première année qu’en plus d’emprunter régulièrement des livres au CDI, certains (ou pour être plus exactes certaines) m’en ramenaient pour me les prêter : j’ai donc pu découvrir quelques pépites, que vous avez pu découvrir en partie dans mon premier hors-série, et dont voici la suite !

  • Sophie : ça passe ou ça casse

Sophie est une collègue d’espagnol, lectrice assidue. Elle aime principalement les polars mais elle n’est pas hostile à l’idée de découvrir d’autres pistes de lectures. Régulièrement, elle vient au CDI « Alors, t’as quoi de neuf ? ».

Parfois, je me dis « Ça, je suis sûre que ça va lui plaire ». Pendant trois ans, je me suis magnifiquement gourée. Immanquablement, Sophie rapportait les livres « j’ai pas réussi, je ne suis pas rentrée dedans, ça m’a pas parlé, ça m’est tombé des mains… » mais je ne me décourageais pas.

Un jour, je lui ai suggéré d’emprunter Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon de Jean-Paul Dubois. Le déclic. Puis, il y a eu La Police des fleurs, des arbres et des forêts, de Romain Puértolas, qu’elle a triomphalement ramené en salle des profs en le conseillant à tout le monde. Mission accomplie !

Quelques semaines plus tard, Sophie est venue au CDI pour me prêter Par un matin d’automne de Robert Goddard, une quête familiale à l’anglaise que je n’ai pas pu lâcher !

Fin des années 1990. Leonora Galloway entreprend un voyage en France avec sa fille Penelope. Toutes deux ont décidé de se rendre à Thiepval, près d’Amiens, au mémorial franco-britannique des soldats décédés durant la bataille de la Somme. Le père de Leonora est tombé au combat durant la Première Guerre mondiale, mais la date de sa mort gravée sur les murs du mémorial, le 30 avril 1916, pose problème. Leonora est en effet née près d’un an plus tard.

  • L’idée fixe de Sandrine : tu as lu des Tracy Chevalier ?

Depuis que je suis au lycée, je discute pas mal lectures, films et séries télévisées avec Sandrine, professeure d’anglais. Fan comme moi de Downton Abbey (ça rapproche) et d’ambiances à l’anglaise, elle revenait assez régulièrement à la même question : « Tracy Chevalier, tu connais ? »

Non, je ne connaissais pas. Et j’avoue que j’avais un petit a priori négatif bien ridicule envers une romancière qui s’appelait Tracy. Je m’imaginais très bêtement des romans sentimentaux, ou ce que ma copine Catherine appelle affectueusement des « cucuteries » (et autant j’adore regarder des cucuteries, autant j’ai plus de mal à les lire… comme le Victoria de Daisy Goodwyn, qui ne m’avait pas du tout emballé).

Bref, à un moment Sandrine est parvenue à ses fins : j’ai cédé. Je ne sais plus pourquoi, j’ai commencé par Prodigieuses créatures, et ça a été une révélation !

Dans les années 1810, à Lyme Regis, sur la côte du Dorset battue par les vents, Mary Anning découvre ses premiers fossiles et se passionne pour ces « prodigieuses créatures » dont l’existence remet en question toutes les théories sur la création du monde. Très vite, la jeune fille issue d’un milieu modeste se heurte aux préjugés de la communauté scientifique, exclusivement composée d’hommes, qui la cantonne dans un rôle de figuration.
Mary Anning trouve heureusement en Elizabeth Philpot une alliée inattendue. Cette vieille fille intelligente et acerbe, fascinée par les fossiles, l’accompagne dans ses explorations. Si leur amitié se double peu à peu d’une rivalité, elle reste, face à l’hostilité générale, leur meilleure arme.

Depuis, j’ai lu La Jeune fille à la perle, La Vierge en bleu et La Dame à la licorne, mais pour l’instant, Prodigieuses créatures reste mon préféré.

Il me reste quelques conseils de lecture de copains du lycée qui sont encore sur ma pile à lire :

  • Christophe m’a conseillé Zéro de Denis Guedj il y a quelques temps
  • Carla nous a parlé avec enthousiasme de Confiteor, de Raume Cabré en salle des profs pendant l’année
  • et Sandrine, après Tracy Chevalier, m’a recommandé La Cuisinière, de Mary Beth Keane

Où je cherche un titre qui fasse proverbe

Indépendamment de tous les conseils que je glane ici et ailleurs, des copains copines profs docs ou paddocks, sur Twitter ou en salle des profs, mais aussi – mon petit rituel irrégulier auquel je reviens de temps à autre – les recommandations d’Olivia de Lamberterie pour Télématin – ma source principale de lecture reste ma marraine, Mimi.

Je crois avoir déjà parlé de Mimi sur ce blog, déjà pour des conseils de lecture, et je suis convaincue qu’un proverbe adéquat pourrait s’appliquer à ses conseils, du type « Si c’est un conseil Mimi, tu le lis »… c’est ce que j’ai trouvé de mieux pour l’instant.

Je ne dis pas qu’à chaque lecture je tombe sur des révélations exceptionnelles (cela n’arrive que les 3/4 du temps), mais généralement ce sont de belles expériences, et des choses que je n’aurais pas forcément lues de manière spontanée. Voici donc trois conseils Mimi.

  • La Saga des Cazalet, tome 1 : Étés anglais. Un pur bonheur pour la fan d’Angleterre que je suis, et je me suis retenue de dévorer toute la saga d’une traite, justement pour en garder un peu sous le coude !

Juillet 1937. À Home Place, au cœur du Sussex, jardiniers, femmes de chambre et cuisinière sont sur le pont. La Duche orchestre le ballet des domestiques avant l’arrivée de ses trois fils, Hugh, Edward et Rupert Cazalet, en chemin depuis Londres avec épouses, enfants et gouvernantes. Où dormira Clary, adolescente mal dans sa peau en plein conflit avec sa belle-mère ? Quelle robe portera Villy, ancienne ballerine désormais mère au foyer ? Polly, terrorisée à l’idée qu’une guerre éclate, s’entendra-t-elle avec sa cousine Louise qui rêve de devenir actrice ? Rachel, la seule fille de la Duche, trouvera-t-elle un moment pour ouvrir la précieuse lettre de son amie Sid ?

  • Debout payé, de Gauz : une claque magistrale ! Une écriture fabuleuse et une histoire vers laquelle, je dois le dire, je ne serais pas allée spontanément…

Debout-payé est le roman d’Ossiri, étudiant ivoirien devenu vigile après avoir atterri sans papiers à Paris en 1990. C’est un chant en l’honneur d’une famille, d’une mère et de la communauté africaine avec ses travers, ses souffrances et ses différences. C’est l’histoire politique d’un immigré et de son regard sur notre pays, à travers l’évolution du métier de vigile, de la Françafrique jusqu’à l’après 11-Septembre. C’est enfin le recueil des choses vues et entendues par l’auteur lorsqu’il travaillait au Camaïeu de Bastille et au Sephora des Champs-Élysées.

  • Tu seras un homme mon fils, de Pierre Assouline : un texte bouleversant qui évoque aussi l’écriture, et comme j’aime beaucoup les mises en abîme, forcément je n’ai pu qu’y être sensible !

À la veille de la Première Guerre mondiale, Louis Lambert, jeune professeur de Lettres dans un lycée parisien, rencontre par hasard dans le sud de la France son auteur favori : Rudyard Kipling, le romancier adulé du Livre de la Jungle. Kipling est alors le plus célèbre écrivain de l’empire britannique, prix Nobel de littérature, mais surtout l’auteur du fameux poème « If… », que les Français connaîtront bientôt sous le titre « Tu seras un homme, mon fils ». Louis Lambert, qui rêve depuis des années d’en donner lui-même la traduction idéale, tente d’obtenir l’autorisation de l’auteur qu’il admire. Une amitié inattendue va naître entre les deux hommes, vite assombrie par la disparition de John, le fils de Kipling, qui meurt au combat dans les tranchées.

Coup de cœur pour un auteur

Chaque année j’ai l’impression de découvrir un auteur dont je vais retenir le nom pour qu’il puisse m’accompagner pendant un certain temps, je le retrouverai à intervalles réguliers, surtout si une fois passé le premier ouvrage que j’aurai lu de lui je ne suis pas déçue par le deuxième…

Le signe décisif de cette découverte, c’est que soit après avoir emprunté les ouvrages, soit après les avoir lus sur liseuse, je décide quand même de les acheter pour les ajouter à ma bibliothèque.

L’an dernier, j’avais découvert comme ça la Trilogie de Wielstadt de Pierre Pevel, qui m’a donné envie d’explorer toutes les autres œuvres de cet auteur.

Cette année, c’est à nouveau à Mimi que je dois ma révélation, avec Deux hommes de bien d’Arturo Pérez Reverte, un bijou d’écriture et d’érudition, un roman total !

Coup de théâtre dans le Madrid de la fin du XVIIIe : l’Académie royale vote l’acquisition de l’Encyclopédie, malgré la censure. Immédiatement, la bibliothèque don Hermogenes Molina et l’Amiral don Pedro Zarate sont dépêchés à Paris pour y dénicher les précieux volumes. Mais ils ignorent qu’un espion est à leurs trousses, prêt à tout pour faire échouer leur mission…

L’auteur a transformé l’essai pour moi avec la découverte du Capitaine Alatriste. C’est décidé, il continuera à m’accompagner !

J’espère que ces conseils de lecture vous auront plu, je vous souhaite une belle fin d’été, et je vous dis à très bientôt sur Cinéphiledoc !