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Mois : février 2022

Février 2022 : séances et animations du CDI

Après un mois de décembre très axé sur le jeu, et un mois de janvier placé sous le signe de la lecture, voici un article présentant les actions menées pendant le très court mois de février.

Il s’appuie sur les événements très numériques du mois : journée de la protection des données, journée sans smartphone, Safer Internet Day, journée sans Facebook.

Séances et actions pédagogiques

Voici un petit point rapide sur les séances menées ce mois-ci, entre le 31 janvier et le 18 février.

  • séances en EMC en seconde : pour le projet autour des réfugiés avec une classe de seconde et ma collègue d’histoire-géo, nous avons poursuivi les séances début février avec la réalisation d’une revue de presse. Voici pour rappel la fiche élève qui leur était proposée (sur le modèle des documents proposés précédemment par ma collègue) :

Activité 5 EMC 2nde1

Les élèves ont eu trois séances d’une heure par demi-groupe. Nous devons évaluer leurs productions pendant les vacances.

  • séances hybrides : Escape Game Olympe de Gouges / Informations sur l’orientation. J’en avais déjà parlé au mois de novembre : une collègue de lettres m’avait sollicitée pour impliquer ses élèves de 1STMG dans la lecture de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

En février, j’ai fait à nouveau ces séances, tantôt avec une collègue d’histoire, tantôt avec une collègue de lettres. La collègue d’histoire m’avait demandé de faire en fin de séance un petit point à ses élèves sur les ressources en orientation…

Pour leur présenter ces ressources j’ai utilisé le support suivant :

  • enseignement scientifique en terminale : explorer les champs d’application de l’intelligence artificielle.

Avec Christophe, mon collègue de maths avec lequel nous avions déjà travaillé l’an dernier, nous avons repris la séance menée sur l’intelligence artificielle.

À partir d’un corpus de documents, les élèves explorent le champ d’application de l’intelligence artificielle de leur choix : voiture autonome, diagnostics médicaux, marketing, aide à la recherche, robots domestiques, intelligence artificielle et images.

Pendant 20 minutes, par groupes de quatre, ils doivent analyser le potentiel et les limites de ce champ d’application, puis faire une restitution à l’oral de cinq minutes. Un élève fait l’introduction, un deuxième présente les avantages, un troisième les limites, le dernier fait la conclusion. Ils peuvent s’aider d’un pad ouvert sur l’ENT pour lister leurs arguments.

Pour ces séances, j’ai repris et adapté le support proposé l’an dernier et j’ai actualisé les corpus de documents (voiture autonome, diagnostics et aide à la recherche) en concertation avec Christophe :

Seance IA _ Corpus de documents_complet

SNT : un début de refonte des séances proposées

Après les séances de découverte du CDI, les séances en EMC et les projets autour de la lecture entre autres, cette période de l’année voit le retour (encore un peu timide) des séances en SNT.

J’expliquerai dans l’article du mois de mars pourquoi le questionnement est vif autour de la SNT, et j’indique simplement ici les évolutions des séances proposées depuis 2020.

En effet, j’ai pour habitude de traiter avec certaines classes la thématique de programme dédiée aux réseaux sociaux. En 2020, que ce soit en présentiel ou à distance, j’avais pu intervenir avec 8 classes sur 12. En 2021, le nombre est descendu à 2 classes. Cette année, on remonterait a priori au moins à quatre classes.

  • Réseaux sociaux en SNT

La séquence alterne les apports de contenus et les travaux réalisés en autonomie par les élèves, de manière individuelle ou en groupe, et s’organise depuis 3 ans de la façon suivante :

  1. une présentation sur les réseaux sociaux transmise aux élèves
  2. un sondage / questionnaire sur leurs pratiques qui a d’abord été réalisé sur wooclap, puis via un Google Form. Cette année j’ai basculé ce sondage sur Quizinière
  3. la réalisation par les élèves d’une carte mentale de leur identité numérique
  4. la présentation en groupe par les élèves d’un réseau social (cette année tiré au sort via l’outil Digiscreen) déposée sur Pearltrees
  5. une thématique de travail choisie par les élèves : désinformation ou cyberviolence, avec là encore un questionnaire à remplir, des ressources à consulter et une affiche de sensibilisation à réaliser

En fonction du temps dont je dispose, j’ai également commencé à moduler les séances et à proposer les activités 1 à 3, suivies d’un escape game réalisé cette année et recouvrant, entre autres, les thématiques des activités 3 à 5.

  • Zone blanche : escape game

J’avais envie de faire évoluer mes séances en y ajoutant cet aspect ludique (inspiré d’un escape game proposé par Audrey Démonière-Rouvel sur l’identité numérique).

Le scénario est le suivant : durant un voyage, les joueurs se retrouvent en zone blanche, sans aucune connexion internet, et doivent résoudre des énigmes pour récupérer une vieille carte routière et sortir de la zone blanche.

Quatre zones sont à explorer successivement :

  1. l’antre du métavers, avec trois énigmes (chaque réponse trouvée est un élément de définition du mot à récupérer pour débloquer la zone 2 en cliquant sur le morceau de circuit imprimé)
  2. temps de connexion dépassé, avec deux énigmes (même procédé, cliquer sur la montre pour accéder à la zone 3)
  3. et ton empreinte, elle est carbone ? avec deux énigmes et des activités bonus (si l’on clique sur le circuit imprimé et qu’on a juste un message qui s’affiche, se dire qu’une puce peut en cacher une autre)
  4. trolls et autres fake news : deux énigmes.

Pour cette dernière zone, j’ai réalisé un vrai / faux et pour l’énigme concernant les trolls, je me suis grandement inspirée de l’harcèlomètre réalisé par A.Schmit et très relayé notamment sur Twitter.

Il faut ensuite récupérer les 4 premières lettres des quatre mots trouvés sur chaque zone pour sortir de la zone blanche.

Valorisation du fonds et animation du CDI

Comme le mois de février était relativement court, et tout de même assez rythmé, nous n’avons pas eu le temps de désinstaller les expositions de janvier, et d’en programmer d’autres de conséquence.

Cependant, arrivés à la dernière semaine avant les vacances, devant les commandes qui arrivaient et les anciennes commandes qui n’avaient toujours pas été exposées, il a fallu décharger les chariots derrière le bureau…

  • Sélection Technologies, curiosités et sports (J)

J’ai donc repris, de manière un peu artificielle, le modèle utilisé le mois dernier pour les nouveautés Histoire / Société :

Voici cette sélection :

  • Après le mois de la bande-dessinée… les nouveautés mangas (R)

Une nouvelle sélection a été proposée par Roman.

Les élèves ayant fini le puzzle Astérix, nous avons installé un puzzle Pokémon prêté par une collègue de maths la dernière semaine avant les vacances :

  • Sélection réalisée avec les dons reçus selon un regroupement quelque peu artificiel… (J)

Pour alléger le chariot derrière le bureau, j’ai remplacé la sélection proposée par Amie le mois dernier par une sélection « D’Eriador en Orient », qui regroupe des ouvrages poches en fantasy, des contes et des récits se déroulant notamment en Chine, en Inde et au Japon.

J’ai réalisé le visuel de manière expéditive :

  • Sélection « Le monde en cartes » (J)

De manière beaucoup plus soignée, j’ai été davantage satisfaite du visuel réalisé autour des nouveautés et d’une sélection de ressources en géographie / cartographie / géopolitique et voyages.

J’ai travaillé sur Canva pour les affiches qui seront ensuite publiées sur le blog du CDI :

Cette sélection remplace celle proposée au mois de janvier sur les prix littéraires et a été installée le 17 février :

  • Projet : coin zen et do it yourself au CDI (J)

Ce mois-ci j’ai commencé à réfléchir à la façon dont on pourrait élargir les activités du CDI, en repensant également une partie du fonds mis à disposition.

Cette réflexion m’a été inspirée par plusieurs éléments : un contexte quelque peu tendu au lycée (blocus, bagarres, déclenchement d’incendies…), des élèves qui apprécient de plus en plus les activités proposées (jeux, puzzles collaboratifs) sans que jamais ça ne nuise aux autres activités plus « calmes », enfin l’observation d’élèves qui viennent simplement pour trouver une sorte de cocon pour se poser, dormir, ou faire des activités manuelles (dessin, crochet).

J’ai donc décidé de solliciter l’administration et les collègues pour amorcer un réaménagement de l’espace lecture (avec l’ajout de deux poufs) et pour proposer l’initiative suivante :

J’ai complété cette initiative par une commande d’ouvrages, que nous n’avons pour l’instant pas encore reçue. Je vous tiendrai au courant de l’avancée de ce projet et de son organisation.

Travaux de gestion et d’organisation du fonds

Durant cette période, nous avons effectué les tâches de gestion suivantes sur lesquelles je reviens rapidement :

  • catalogage de fictions principalement issues de dons ;
  • réception de deux commandes : l’une dédiée à l’enrichissement du fonds BD et mangas, l’autre actualisant certains rayons documentaires ;
  • mise à disposition des brochures sur l’orientation et affichage

Communication : pour les élèves (et pour le lycée en général)

  • Articles publiés sur le blog du CDI

Durant cette période, voici les articles proposés aux élèves : une revue de presse publiée le 27 janvier, un ZOOM Actu sur les tensions entre Ukraine et Russie :

une revue de presse le 3 février, un ZOOM Actu sur les jeux olympiques d’hiver le 4 février, puis une nouvelle revue de presse le 10 février.

Enfin la présentation des nouveautés (voir plus haut) en documentaires le 14 février.

  • Site du lycée : actions de janvier

Comme je l’avais indiqué, le site du lycée a fait l’objet d’une refonte ces derniers mois et j’envoie chaque mois le compte-rendu des actions proposées le mois écoulé.

Pour janvier, voici la synthèse des actions réalisées :

Communication : pour l’équipe éducative

  • E-INSTANT CDI : focus février

Pour le mois de janvier, j’ai modifié la page d’accueil de l’E-INSTANT :

Les actions tournant principalement autour du numérique et des données personnelles ce mois-ci, j’ai consacré le focus à ces questions :

Autres activités (réunions, stages, déplacements, publications)

Voici les autres activités menées au lycée ou à l’extérieur durant cette période (du 31 janvier au 18 février) – elles ont été considérablement réduites étant donnée l’annulation des formations :

  • une réunion TraAM à distance le 2 février
  • une formation de formateurs le 15 février (réunion d’une heure en visio)
  • la réunion préparant la correction des épreuves d’admissibilité du CAPES interne le 16 février
  • une réunion consacrée au printemps des poètes le 17 février

Je n’ai pas pris le temps d’avancer sur les prochains articles de #LudoDOC, dont un nouvel épisode de l’histoire numérique de la documentation, j’espère pouvoir m’y consacrer prochainement.

D’ici là je vous souhaite de très bonnes vacances pour les chanceux qui en profitent encore, bon courage pour la reprise aux autres, et vous dis à très bientôt pour un nouvel article sur Cinephiledoc !

Tout le monde veut être Cary Grant…

Pour ce premier compte-rendu de lecture de 2022, j’ai décidé de reprendre une structure déjà éprouvée sur ce site : un acteur / un cinéaste / un ou des films.

C’est cette forme que j’ai utilisée pour mon article cinéphile de septembre dernier, avec Romy Schneider et Claude Sautet, mais aussi l’article de mai 2021 où j’évoquais Sean Connery et l’univers James Bond.

Cette structure, je ne la trouve pas forcément naturellement, et je ne l’utilise pas systématiquement.

Écrire l’article

Pour certains articles, la forme est intuitive, je vais pouvoir les préparer longtemps à l’avance, utiliser le prétexte d’une date anniversaire, d’un événement, d’un déclic (c’est ce qui sera le cas pour le prochain article du mois de mars, que j’ai déjà bien en tête).

Pour d’autres, même après avoir lu le livre auquel est consacré le plus gros de l’article, je rame. Je cogite, je tourne les idées dans ma tête, je me demande comment fournir au compte-rendu de lecture proprement dit l’écrin de l’article.

En effet, pour moi, il ne s’agit pas (seulement) de faire un compte-rendu exhaustif de ma lecture. Il s’agit de convoquer tout un contexte cinéphile pour l’accompagner.

Je laisse le livre à proximité – c’est aussi la raison pour laquelle j’évite d’utiliser des versions numériques de ce livre – pour pouvoir le feuilleter à nouveau. Je le reprends, je tourne autour, j’en feuillette d’autres, je procrastine et je grogne.

Et puis, généralement, je trouve enfin l’idée par hasard, l’idée qui donnera à l’article son fil conducteur, en tous les cas pour moi.

À l’origine, feuilleter le catalogue Gallimard

Revenons en arrière, à ce qui m’a poussé à choisir l’ouvrage que j’évoquerai dans un instant.

Je feuilletais les brochures que publie régulièrement la maison d’édition Gallimard, et qu’elle envoie aux établissements scolaires, pour indiquer les nouvelles sorties. Généralement, j’y glane quelques idées d’achats pour le CDI, mais pas la majorité, loin de là.

Au milieu des romans, dans la brochure que je tenais entre les mains, je trouve ce titre : Être Cary Grant, de Martine Reid, publié en avril 2021. Pas dans les pages consacrées aux essais, mais au milieu des romans.

Je vois la couverture, avec le visage familier et sa fossette. Je fais appel à ma mémoire et je fouille dans mes rayonnages… mis à part La Vie que tu t’étais imaginée de Nelly Allard, je n’ai pas souvenir d’avoir lu beaucoup de romans publiés chez Gallimard et consacré à un acteur.

Flammarion, avec sa pépite sur Greta Garbo, Un renoncement, de René de Ceccatty, me semble plus coutumier du fait.

Va donc pour Être Cary Grant.

Replonger dans des souvenirs cinéphiles

Cary Grant fait partie des acteurs que j’ai côtoyés au moment où je commençais à construire, tout doucement, mon univers cinématographique, de manière consciente. Je ne parle pas des premiers films vus étant enfant, mais de ceux que j’ai progressivement choisis.

Vers 15-16 ans donc, après le déclic « Truffaut », j’ai commencé à regarder les cycles du Cinéma de minuit, enregistrés sur cassettes. J’ai aussi choisi, pendant les vacances scolaires, quelques films à aller voir dans les cinémas parisiens (Grand action, Action école, Action Christine et le Championnet).

Ces choix s’appuyaient alors sur ce que je considérais comme une bible : les Chroniques du cinéma

C’est avec ce livre que je découvrais le parcours de Lauren Bacall et d’Humphrey Bogart, de Bette Davis, de Katharine Hepburn et de Spencer Tracy, de Vivien Leigh, de Grace Kelly.

J’ai donc pu découvrir dans les cinémas parisiens L’Impossible Mr Bébé, qui réunit Katharine Hepburn et Cary Grant, puis plus tard, en DVD ou à la télévision : La Dame du vendredi, Sylvia Scarlett, Indiscrétions, Elle et lui ou encore Charade, beaucoup plus tard.

Je retrouvais aussi l’image lisse et très bien mise en scène de Cary Grant dans un ouvrage acheté à l’époque :

Cary Grant : les images d’une vie, de Yann-Brice Dherbier, publié en 2009 chez YB Editions, une maison d’éditions qui proposait au lecteur pour différentes stars hollywoodiennes ces « images d’une vie », sous un format particulièrement soigné.

Retour au présent

C’est en ayant ces souvenirs en tête que j’avais posé le livre de Martine Reid sur ma bibliothèque, à l’été 2021. Il était en bonne place sur ma pile de lecture, mais je retardais le moment de venir à sa rencontre.

Puis, en novembre dernier, je tombe sur un documentaire Arte, disponible en replay jusqu’au 11 février 2022 : Cary Grant, de l’autre côté du miroirqui donne la part belle à cette citation émouvante de l’acteur : « Tout le monde voudrait être Cary Grant. Moi aussi, je veux être Cary Grant ! »

J’y découvre de nouvelles facettes du personnage : l’enfance, les mariages successifs, la psychothérapie sous LSD…

J’ai envie de confronter à ce documentaire le roman biographique de Martine Reid. Je me plonge donc dans cette lecture.

Quatrième de couverture

La quatrième de couverture de Être Cary Grant part de cette même citation, si troublante :

« Tout le monde veut être Cary Grant. Même moi, je veux être Cary Grant. »

Des comédies romantiques de l’âge d’or du cinéma américain aux chefs-d’œuvre d’Alfred Hitchcock, Cary Grant (1904-1986) demeure l’une des stars d’Hollywood les plus célèbres au monde.
Gentleman flegmatique, séducteur caustique, il a réussi grâce à un physique exceptionnel à incarner « l’homme idéal », fantasme de millions de spectatrices et spectateurs. Derrière cette belle image de cinéma se cache pourtant un être tourmenté, dont toute l’existence est fondée sur le leurre.

Sur cette quatrième de couverture, le mot leurre est en italique. C’est ce résumé qui a retenu mon attention, et qui m’a donné envie d’aller plus loin : Cary Grant n’y est pas seulement une star hollywoodienne, ou un être complexe comme le présente le documentaire produit par Arte.

C’est un personnage de roman à part entière, une incarnation qu’il a méticuleusement construite lui-même, avec des fêlures que l’on entrevoit à intervalles plus ou moins réguliers.

C’est tout cela que veut nous faire ressentir Martine Reid, en choisissant comme titre non pas simplement Cary Grant, mais Être Cary Grant.

L’homme dont on va entendre l’histoire a deux noms. Ceux-ci désignent dans le temps deux vies qui n’ont pas grand-chose à voir l’une avec l’autre. Du fait de ces deux noms, tout est irrémédiablement double chez lui : il est né deux fois, dans deux lieux distincts ; il est mort deux fois aussi, mais de façon assez dissemblable, la première mort, on va le voir, apparaissant aussi interminable que la deuxième est soudaine.

Cette construction opérée par les studios de cinéma et par l’acteur lui-même s’est faite au détriment d’un nom, Archibald Leach, d’une enfance et d’un milieu, d’une sexualité et d’une identité. Pour parvenir à incarner Cary Grant, il faut se débarrasser des oripeaux Archie Leach, quitte à les voir resurgir par inadvertance.

Non seulement, Martine Reid réussit à faire de Cary Grant ce personnage de roman qu’il était déjà de son vivant, mais elle réussit aussi à nous restituer admirablement l’ambiance du Hollywood de ces années-là, la période d’activité de l’acteur s’étalant de 1932 à 1966.

L’ouvrage ne s’ouvre pas, comme on pourrait le croire, par la citation que je viens d’en extraire. Il s’ouvre avec une scène beaucoup plus familière pour le lecteur et le spectateur : il s’ouvre sur La Mort aux trousses.

Spectateur d’Hitchcock : James Stewart ou Cary Grant ?

Parmi les films que j’ai cités plus haut de la filmographie de Cary Grant, il y en a que j’ai volontairement omis.

Si je voulais consacrer cet article à l’acteur hollywoodien, c’est aussi pour le prétexte qu’il me donnait de parler à nouveau du cinéma d’Alfred Hitchcock, que j’évoque déjà assez régulièrement sur ce site, pour parler de ses intrigues, de ses actrices fétiches, de ses storyboards, de sa cuisine, de ses itinéraires… mais pas encore de ses acteurs.

Cary Grant est à égalité avec James Stewart dans le cinéma d’Hitchcock. Et pour moi il ne s’agit pas de dire si l’un est meilleur que l’autre.

  • James Stewart : période hitchcockienne 1948-1958. Quatre films : La Corde, Fenêtre sur cour, L’Homme qui en savait trop, Sueurs froides.
  • Cary Grant : période hitchcockienne 1941-1959. Quatre films : Soupçons, Les Enchaînés, La Main au collet, La Mort aux trousses.

Ce que l’on peut comparer, ce sont les personnages qu’ils incarnent.

Concernant James Stewart, nous sommes spectateurs avec lui. Nous observons, nous sommes voyeurs de l’action, nous assistons à l’intrigue, nous la voyons se construire sous ses yeux comme sous les nôtres. Nous avons le vertige avec lui.

Concernant Cary Grant, notre rôle est moins celui d’un voyeur que d’un témoin, voire d’un complice. Nous partageons l’action.

C’est du moins ce que je ressens, à titre personnel, lorsque je revois les films d’Hitchcock avec ces deux acteurs.

Et qu’ai-je fait sitôt ma lecture de la biographie de Martine Reid achevée ? Évidemment, j’ai revu La Mort aux trousses.

Revoir La Mort aux trousses

Il y a deux films d’Hitchcock que j’ai vus et revus et que je connais jusqu’au bout des ongles. Fenêtre sur cour et La Mort aux trousses.

Lorsque je les revois, je cède soit à l’envie du huis-clos, soit à l’envie du voyage.

Pour le deuxième, ce sont les mêmes images qui me reviennent en tête :

  1. un générique qui dessine peu à peu les immeubles new-yorkais et Hitchcock qui rate son bus
  2. une soirée et une course-poursuite alcoolisées avec Cary Grant qui finit au poste de police de Glen Cove
  3. Jessie Royce Landis en mère tellement insupportable « Alors messieurs, vous voulez vraiment tuer mon grand garçon ? »
  4. une visite aux Nations Unies
  5. un repas sans dessert avec Eva Marie Saint mais avec une truite un peu trop saumonée dans le Chicago Express
  6. la fameuse scène avec l’avion qui prend le contrepied de tous les rendez-vous cinématographiques (de jour, au milieu de nulle part, au soleil)
  7. la main de James Mason sur le cou d’Eva Marie Saint à la soirée d’enchères
  8. le mont Rushmore et le pistolet chargé à blanc (avec le petit garçon à l’arrière-plan qui se bouche les oreilles)
  9. la maison de James Mason, inspirée de Frank Lloyd Wright
  10. la poursuite sur le mont Rushmore et la scène finale

Mais si vous voulez voir ou revoir La Mort aux trousses, c’est tout de même Blow Up qui en propose le meilleur visionnage en accéléré :

Bref, l’ouvrage de Martine Reid m’a permis de revoir La Mort aux trousses (en vitesse normale), m’a fait rouvrir L’Amérique évanouie de Sébastien Clerget – qui nous fait propose quelques itinéraires cinématographiques à travers les États-Unis – et La Sauce était presque parfaite, un superbe recueil de recettes hitchcockiennes.

De quoi donner envie, sinon d’être Cary Grant, du moins de lire Être Cary Grant, non ?

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