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Blog pour cinéphiles et profs docs

Mois : mai 2022

Mai 2022 : séances et animations du CDI

Après un mois d’avril raccourci par les vacances, voici un compte-rendu des activités du mois de mai, celui-ci ayant été lui aussi assez calme, du fait du passage des épreuves de spécialités au lycée et du pont de l’ascension.

Même involontairement, nous nous sentons au CDI tout doucement glisser jusqu’à l’été, ce qui ne nous pousse pas à l’hyperactivité, et lorsque la technique s’en mêle, ça n’aide pas non plus…

Voici pour commencer, un petit journal de bord de cette période :

Journal de bord du mois de mai

Lundi 9 mai : arrivée au CDI avec entrain et motivation, prête à en découdre avec cette dernière période de l’année, et avec en tête toutes les tâches à effectuer ! Il a fallu réussir aussi à comprendre l’organisation des deux journées de révision pour les terminales, et de la semaine en général… pas simple.

Évidemment, une reprise ne serait pas une reprise sans coupure internet pour tout le lycée, ce qui ampute d’une bonne partie des activités prévues. Le coup de grâce : à 15h30 un livreur arrive au CDI avec 7 cartons de spécimens…

Mardi 10 mai : pour secourir les profs docs qui avaient cette fois pensé à prendre leur ordi et à faire un partage de connexion, internet est rétabli à 10h45. Tête dans le guidon, on rattrape les activités prévues la veille.

Les élèves de premières spécialité arts plastiques viennent installer une exposition de leurs travaux au CDI.

Mercredi 11 et jeudi 12 mai : épreuves de spécialités pour les terminales. C’est très (trop) calme. Heureusement, le jeudi matin, était organisé une réunion entre les élèves des CVC (conseils de vie collégienne) alentours et du CVL. Des choupinous de troisième viennent ainsi s’enthousiasmer sur ce qu’ils trouvent au CDI, on croise les doigts pour les retrouver l’année prochaine !

Vendredi 13 mai : 3h de séances en EMC (voir plus bas). Je profite des allers-retours au CDI pour m’étonner de ne recevoir qu’en pointillés certains quotidiens dont le renouvellement d’abonnement a pourtant bien été fait (énigme encore non résolue à l’heure actuelle).

Lundi 16 mai : 4h de séances en HGGSP (voir plus bas). On profite de l’après-midi pour installer dans le hall une exposition des travaux réalisés par les élèves de 2nde1 sur les réfugiés avec ma collègue d’histoire-géo. Début de rédaction du bilan d’activités.

Mardi 17 mai : journée spéciale bilan d’activités. Des stats (beurk), des chiffres (gloups) et des noeuds au cerveau – décidément les équations de recherche, j’aime pas ça. Heureusement j’ai trouvé un chouette modèle genial.ly pour la version « sexy » du bilan.

Jeudi 19 mai : 2h de séances en HGGSP (voir plus bas) je me rends compte que j’ai zappé de préparer mon organisation de cette séance, parce que la première version menée le lundi juste avant ne me satisfaisait pas. En plus, l’exposition en EMC installée le lundi a dû être déplacée, parce que l’atelier théâtre a besoin du hall pour ses représentations… il faut trouver une solution pour garder une visibilité.

L’atelier théâtre squatte la réserve du CDI qui sert de vestiaire, deux représentations prévues, dont l’une le soir à 19h. La journée commencée à 9h termine à 21h30.

Vendredi 20 mai : 1h de séance en EMC (voir plus bas). Je suis sur le point d’installer les deux dernières heures d’HGGSP de la semaine quand je me rends compte que la collègue a pris ce jour-là sa demi-journée de correction du bac.

La semaine commence à être longue, d’autant que l’atelier théâtre fait sa dernière représentation et quitte le CDI à 17h30… bon j’en ai profité pour terminer la version sexy du bilan d’activités, et pour plancher sur une présentation consacrée aux collaborations interdisciplinaires.

Samedi 21 mai : je retourne exceptionnellement au lycée pour aider ma collègue d’EMC à installer en salle de conférence un jeu sérieux sur les réfugiés auxquels les élèves de 2nde1 participe le lundi suivant pendant 4h.

Lundi 23 mai : 4h de jeu sérieux avec les secondes, 2h d’enseignement scientifique (voir plus bas) et on finit la journée avec le conseil pédagogique.

Mardi 24 mai : journée calme, j’en profite pour publier cet article. Le lendemain, c’est sortie à Roland Garros avec une classe de seconde, et le pont de l’ascension va permettre de souffler un peu !

Séances et actions pédagogiques

Voici un petit point rapide sur les séances menées ce mois-ci, entre le 9 et le 23 mai.

  • De la SNT en EMC : comme je l’avais précédemment indiqué, nous abordons avec Roman l’axe thématique de SNT « Réseaux sociaux » en EMC avec deux classes (en plus de deux autres classes avec lesquelles nous faisons bien de la SNT en SNT).

Comme je l’indiquais le mois dernier, nous avons fait tirer au sort un réseau social pour que les élèves en fassent la carte d’identité. Les 3h de séances que nous avons co-animées avec ma collègue d’EMC étaient consacrée à la présentation par les élèves de ces réseaux sociaux. Mention spéciale aux élèves qui ont présenté Wechat.

  • séances en EMC en seconde : pour le projet autour des réfugiés avec une classe de seconde, nous avons poursuivi les séances avec une séance au mois de mai.

Il s’agit des séances de finalisation des travaux, ces derniers ayant été rassemblés pour être exposés dans le hall du lycée.

  • HGGSP première : axe « S’informer ». Pour cette séance de deux heures co-animée avec une collègue d’HGGSP, j’ai repris la trame de la séance proposée l’année dernière.

Cette séance introductive était construite de la manière suivante :

  • les élèves devaient choisir un atelier avec des activités à mener (7 ateliers leurs étaient proposés : l’agence France Presse, le fact-checking, l’emballement médiatique, 2 ateliers sur le traitement d’une information, les lanceurs d’alertes et les théories du complot)

Pour cette année, j’ai mixé les ateliers 1 et 2, qui sont complémentaires, et j’ai mis à jour les événements proposés pour les ateliers sur le traitement de l’information.

  • une fois les activités réalisées, un rapporteur est désigné pour chaque groupe pour présenter l’atelier aux autres groupes (mais l’ensemble du groupe peut également présenter le résultat de ses recherches à la classe)
  • les données collectées permettent un débat en fin de séance sur les avantages et les inconvénients de l’information à l’heure d’internet

Par manque de temps, le débat n’a pas pu être organisé cette année. 

Je vous partage ci-dessous le modèle de la collection pearltrees mis à disposition des élèves :

  • HGGSP terminale : cyberespace. À la demande de mes collègues, j’ai construit une séance qui leur permettait d’introduire le chapitre consacré au cyberespace en terminale.

Voilà ce que j’ai imaginé : traiter la question sous le prisme de l’actualité, et du conflit entre la Russie et l’Ukraine.

La séance de deux heures s’articule donc en trois temps : dans un premier temps, nous visionnons la vidéo du Dessous des cartes sur la géopolitique des réseaux sociaux.

Dans un second temps, je remets aux élèves un corpus de documents (version papier et numérique) qu’ils doivent se répartir et décortiquer, ce qui permet d’ouvrir ensuite sur un dernier temps de reprise, où l’on tente de répondre à la question suivante : « En quoi le conflit entre la Russie et l’Ukraine est-il révélateur des enjeux géopolitiques du cyberespace ? »

J’ai sélectionné pour cette séance 13 ressources. Pour la première séance, nous avions constitué des groupes de 4 élèves, chaque groupe avait à consulter les 13 documents… ce qui était des plus ambitieux.

Pour la deuxième séance, j’ai choisi de répartir les documents entre les groupes, ce qui permet aux élèves de traiter leur sélection de documents de manière plus approfondie.

Voici ce que peut donner la reprise :

Comme je l’ai indiqué plus haut, j’avais également deux séances en enseignement scientifique prévues durant cette période, je présenterai ces séances dans l’article du mois de juin.

Animation du CDI

Ce mois-ci, en lieu et place des habituelles sélections thématiques et valorisations du fonds, étaient à l’honneur différents travaux d’élèves, ce qui me permet également de présenter les travaux exposés dans le hall du lycée.

  • Affiches réalisées par les élèves germanistes de seconde et de première

Ces affiches nous ont été proposées par la collègue d’allemand, et ont remplacé la précédente exposition des travaux des élèves latinistes.

  • Hall du lycée : exposition des travaux des élèves de 2nde1 sur les réfugiés

Cette exposition, comme je l’ai indiqué plus haut, a connu quelques péripéties et déplacements.

  • « Du lisible au visible », l’exposition des élèves de première, spécialité arts plastiques

Pour cette exposition, nous avons mis à disposition des élèves les différentes tables de présentation du CDI, et ils ont choisi eux-mêmes la façon dont disposer leurs oeuvres.

Ces travaux ont beaucoup impressionné par leur originalité et leur force évocatrice, et je vous laisse les découvrir ci-dessous :

Ils ont été l’occasion pour moi de continuer à explorer les différents canaux de communication que j’avais à ma disposition au lycée, sur quoi je vais maintenant brièvement revenir.

Circuit d’une information au lycée

Cette petite digression reprend des éléments que j’évoque d’habitude dans la partie « Communication » de mes articles.

Les habituelles revues de presse et Zoom Actu à destination des élèves ayant été quelque peu mises en sommeil ce mois-ci (tout comme l’E-INSTANT CDI à destination des enseignants), c’est l’occasion pour moi de revenir sur la façon dont je jongle désormais entre deux outils (voire plus) : le blog du CDI et le site du lycée.

  • Arrêt des prêts / retour des documents

Comme chaque année, nous arrêtons les prêts environ 3 semaines avant la fin des cours, dates choisies en concertation avec la direction.

Cette année, la communication s’est faite via une notification de la proviseure sur Pronote, un billet sur le blog du CDI sur l’ENT, un article sur le site du lycée et par voie d’affichage.

Ce sont donc l’ensemble des canaux de communication du lycée qui ont été utilisés.

  • Exposition des élèves d’arts plastiques

À l’origine, j’avais publié un article sur le site du lycée le surlendemain de l’installation de l’exposition.

J’ai ensuite enrichi cet article d’autres photos, puis, après avoir échangé avec ma collègue d’arts plastiques, nous avons voulu communiquer aux élèves les réactions suscitées par leurs travaux.

J’ai donc publié un article sur le blog du CDI afin que les enseignants et les élèves ayant vu l’exposition fassent part de leur avis.

J’ai ensuite rajouté à l’article sur le site les réactions recueillies sur le blog. Pour valoriser au mieux les travaux, j’ai ajouté un diaporama à cet article.

Ce dernier est inséré dans une rubrique que j’ai proposée à ma direction « Nos élèves ont du talent », dans laquelle j’espère ajouter des exemples d’initiatives individuelles et collectives d’élèves à valoriser.

  • Exposition sur les réfugiés

Cette fois-ci, ce sont les pérégrinations de cette exposition qui m’ont incitée à user de mes droits sur le site pour publier un nouvel article, ce que je n’avais pas à l’origine prévu de faire.

  • Communication des professeurs documentalistes et du CDI

Comme je l’ai indiqué dans de précédents articles, si j’utilise principalement le blog du CDI pour communiquer sur nos actions, j’ai également quelques publications qui vont être relayées sur le site dans la rubrique CDI :

  1. les informations générales (présentation de l’équipe, du lieu, des actions menées)
  2. les informations régulières (celle proposée à la refonte du site : « Ce mois-ci au CDI », à retrouver plus bas pour le mois d’avril)
  3. les informations ponctuelles (événements, projets, informations importantes à un instant T de l’année : arrêt des prêts, bilan d’activités).

Par allers-retours, ces différentes publications se nourrissent les unes des autres et interagissent entre elles. La publication « Ce mois-ci au CDI » permet de recenser les actions dans le bilan d’activités, qui sera à son tour publié sur le site.

Voilà pour ces quelques réflexions sur la communication.

Autres activités (réunions, stages, déplacements, publications)

J’en termine avec les autres activités menées au lycée ou à l’extérieur durant cette période (du 9 au 23 mai) :

  • 12 mai : accueil des élèves CVC / CVL (voir journal de bord plus haut)
  • 18 mai : réunion à distance des référentes TraAM en documentation
  • 23 mai : un conseil pédagogique sur l’organisation de la fin de l’année

Je vous souhaite une très bonne fin du mois de mai, un très bon pont de l’ascension et vous dis à très bientôt pour un nouvel article sur Cinephiledoc !

Le cinéphile adore les rumeurs

Pour ce nouveau compte-rendu de lecture, j’aimerais emprunter des chemins aussi hasardeux et aussi aléatoires qu’une rumeur, et avant d’en arriver au fait, c’est-à-dire au livre qui m’a conduit à écrire cet article, j’aimerais faire étape ici et là en vous proposant des itinéraires cinématographiques et télévisuels inattendus.

Chuchoter à l’oreille

En guise de point de départ de cette excursion, je vais revenir pour la énième fois à l’une des vidéos les plus réussies, à mon sens, de la chaîne Blow Up d’Arte : « Have you heard ? », vidéo que j’ai découverte il y a quelques années par hasard, et dont j’ai pu me servir dans des séances sur la désinformation avec des élèves :

Mais au-delà de l’utilisation professionnelle que j’ai faite de cette vidéo, ce qui m’a amusée, c’est de voir combien ce mécanisme de la rumeur (que j’avais à l’époque tenté de retranscrire sous forme d’infographie) se retrouvait dans un certain nombre de scénarios de films.

Sans chercher l’exhaustivité, quatre exemples plus ou moins récents me sont venus à l’esprit.

  • Lettres anonymes et faits divers

On peut naturellement penser au Corbeau d’Henri-Georges Clouzot, sorti en 1943. L’intrigue est ainsi conçue :

Dans une petite ville de province, un certain nombre de citoyens reçoivent des lettres anonymes qui contiennent des informations diffamatoires, en particulier en ce qui concerne un des médecins de la ville, le docteur Germain, soupçonné par l’auteur des lettres — qui les signe d’un mystérieux « Le Corbeau » — de pratiquer des avortements clandestins.

Le fait que le film s’appuie sur un fait divers bien réel, remontant à l’époque à une vingtaine d’année, et que le scénario fasse son miel de la pratique des lettres anonymes dans le contexte de l’Occupation, donne un sel bien particulier à cette intrigue.

  • Sur une fausse piste ?

Le deuxième exemple, un peu plus récent, qui m’est venu, ne tient pas tant à l’intrigue du film qu’à son titre : Mon petit doigt m’a dit…, de Pascal Thomas, sorti en 2005.

Il s’agit d’une adaptation du roman homonyme d’Agatha Christie, qui met en scène un couple de détectives incarné par Catherine Frot et André Dussolier (dans le roman, Tommy et Tuppence Beresford, dans le film Bélisaire et Prudence).

Le point de départ de l’enquête est la rencontre de Prudence avec une vieille dame dans une maison de retraite qui lui parle d’une enfant emmurée dans une cheminée…

J’ai vu ce film un nombre incalculable de fois et en connaît par coeur la plupart des répliques.

  • Les dîners qui tournent mal

Rumeurs et non-dits se retrouvent souvent dans les réunions familiales et les dîners, au point qu’Hitchcock (encore lui) ait utilisé quasiment au sens propre l’expression du squelette dans le placard dans l’un de ses films : La Corde.

Dans ce huis-clos oppressant, deux amis étranglent un de leur camarades de classe, puis préparent un dîner auquel sont conviés le soir même, sur le lieu du crime, la famille de la victime. Le cadavre est placé dans un coffre sur lequel est servi le buffet.

Moins macabres, les intrigues du Prénom (sorti en 2012) et du Jeu (sorti en 2018) utilisent les ressorts de la fausse nouvelle et des non-dits pour faire sortir un certain nombre de squelettes du placard.

Regarder par le trou de la serrure

Non content d’adorer les rumeurs, le spectateur est un voyeur, qui prend plaisir à espionner et à regarder ce qui se passe chez les autres par le trou de la serrure.

L’exemple le plus évident qui met le spectateur dans cette position parfois inconfortablement assumée est à nouveau l’oeuvre de sir Alfred, Fenêtre sur cour, sorti en 1954.

Jeff est un photographe qui, à la suite d’un accident, se retrouve en fauteuil roulant et passe son temps à observer ses voisins, dont un qu’il commence à soupçonner de meurtre.

Non seulement nous sommes spectateurs de l’histoire de Jeff, mais par son intermédiaire, nous savourons son propre voyeurisme.

On pourrait énumérer longtemps les films et les épisodes de séries télévisées qui se sont inspirés de Fenêtre sur cour.

Il y en a cependant qui m’a procuré la même impression à la fois de plaisir et de malaise ces dernières années.

Il s’agit du film de François Ozon sorti en 2012, Dans la maison, avec Fabrice Luchini et Ernst Umhauer.

Claude, un élève brillant, doué et manipulateur du lycée Gustave Flaubert, à tendance pervers narcissique, provoque l’enthousiasme de son professeur de français à qui il fait part de ses écrits voyeuristes, qu’il rédige au détriment d’un camarade de classe.

Avec Dans la maison, François Ozon nous met dans la posture de Fabrice Luchini, nous sommes les victimes consentantes de ce manège orchestré par Claude, et nous nous repaissons de l’histoire qu’il tisse pour nous, et tant pis pour les conséquences, réelles ou inventées.

Si cet exemple issu du cinéma d’Ozon est le plus flagrant selon moi, je n’en oublie pas une autre de ses oeuvres, Swimming Pool, sorti en 2003, qui manie avec tout autant de virtuosité la confusion entre l’intrigue du film et ce qui ressort de l’imagination des personnages.

Trouver le coupable

Nouvelle étape de mon itinéraire, tout aussi jubilatoire pour le spectateur, mais aussi plus facilement assumée, celle qui suit la découverte du cadavre.

Côté séries télévisées (et même côté films), j’ai déjà eu l’occasion de revenir abondamment sur les adaptations d’Agatha Christie, ayant vu à peu près l’intégralité des épisodes d’Hercule Poirot, et de ses diverses incarnations sous les traits de David Suchet, d’Albert Finney, de Peter Ustinov et de Kenneth Branagh – même si ma préférence va toujours au premier.

Si je suis moins amatrice de Miss Marple (et de ses différentes incarnations – sauf peut-être Angela Lansbury dans Le Miroir se brisa), il y a une série que j’adorerais revoir, et je céderai certainement un jour à la tentation d’acheter les DVD. Cette série, c’est Arabesque (Murder, she wrote) avec la même Angela Lansbury.

Je la regardais petite à la télévision chez ma grand-mère, et j’étais fascinée par ce personnage d’auteure de romans policiers qui enquête.

J’ai repensé assez récemment à cette série, et je dois ce souvenir, ainsi qu’une autre conséquence, au YouTubeur Damien Duvot, alias MrMeeea, qui avouait dans l’une de ses vidéos adorer la série Columbo.

Il a fallu que ce dernier fasse quelques analyses des premiers épisodes pour que je plonge tête baissée dans le binge watching de toute la série, disponible sur une plateforme de streaming qui s’occupe aussi de livraisons…

En en discutant avec une amie, je me suis également rendue compte que j’appréciais des personnalités aussi différentes que Columbo et Hercule Poirot, l’un se vantant continuellement de ses petites cellules grises, l’autre étant méprisé par le meurtrier jusqu’à ce que…, mais qui parviennent tous deux au même résultat : faire perdre sa superbe à un coupable qui croyait pourtant s’en tirer.

Bien évidemment, le plaisir à savourer Hercule Poirot n’est pas le même que celui qu’on a devant Columbo, et l’on peut y voir à nouveau la distinction que fait Hitchcock entre le suspense et la surprise.

Avec Hercule Poirot, nous ne connaissons l’identité du coupable que lorsqu’il nous la révèle à la fin de l’épisode. Avec Columbo, nous savons dès le début qui est le meurtrier, la question étant de savoir comment Columbo va le démasquer.

Dans le premier cas, nous sommes placés dans la posture du capitaine Hastings, ou du docteur Watson si nous décidons de changer d’univers, nous sommes le fidèle partenaire.

Dans le second, nous sommes Columbo lui-même.

Suivre l’enquête / mener l’enquête

À partir de ces deux postures : Hercule Poirot ou Columbo, j’en arrive à ma dernière étape et – enfin – à ma lecture du mois de mai.

Et c’est là que l’ami Philippe Lombard pousse un soupir de soulagement : enfin on y vient.

Enfin presque…

Ce que j’aime aussi dans le cinéma, c’est ce qui regroupe tous ces fils : rumeurs, observation (voire plus), traque, et enquête, et si possible, me demander durant tout le film s’il raconte une histoire vraie ou s’il est complètement inventé.

Dans le second cas, l’un de mes films préférés est Garde à vue, de Claude Miller, où Lino Ventura « cuisine » Michel Serrault, qu’il soupçonne du meurtre de deux fillettes.

Dans le premier cas, ce sont tous les films inspirés de faits divers, qu’il s’agisse d’une recension complète des événements ou de quelques allusions habilement glissées ici ou là – petites annonces, enquêtes, filatures…

C’est à ces faits divers, généralement macabres, que Philippe Lombard donne la part belle dans l’un de ses derniers ouvrages : Ça s’est tourné près de chez vous ! Une histoire des faits divers du cinéma français, publié comme à l’accoutumée aux éditions La Tengo en novembre 2021.

La galerie de portraits qu’il nous propose fait quelque peu froid dans le dos… on a l’impression d’une visite chez Madame Tussauds ou dans une maison hantée : tueurs en série, scènes de crimes, auteurs de casses mémorables et ennemis publics numéros 1 chacun leur tour… il n’y a bien que dans le dernier chapitre que l’on côtoie des personnages un peu plus fréquentables, et encore, ce n’est pas si sûr que ça !

Chacune de ces figures, au-delà des histoires qu’elles portent – meurtres, braquages, affaires louches et règlements de comptes – renvoie à un univers cinématographique que le lecteur peut allègrement convoquer.

À titre personnel, il me suffit de voir une évocation des soeurs Papin pour avoir envie de me replonger dans la lecture des Bonnes de Jean Genet ou pour avoir envie d’éplucher toute la presse disponible sur le site Retronews de la BnF.

De la même manière, tel ou tel tueur en série va irrémédiablement appeler chez moi le souvenir de Lacenaire dans Les Enfants du Paradis, et cette réplique culte, où transparait l’orgueil du personnage :

Quand j’étais enfant, j’étais déjà plus lucide, plus intelligent que les autres… « Ils » ne me l’ont pas pardonné, ils voulaient que je sois comme eux, que je dise comme eux. Levez la tête Pierre-François… regardez-moi… baissez les yeux… Et ils m’ont meublé l’esprit de force, avec des livres… de vieux livres… Tant de poussière dans une tête d’enfant ? Belle jeunesse, vraiment ! Ma mère, ma digne mère, qui préférait mon imbécile de frère et mon directeur de conscience qui me répétait sans cesse : « Vous êtes trop fier, Pierre-François, il faut rentrer en vous-même ! » Alors je suis rentré en moi-même… je n’ai jamais pu en sortir ! Les imprudents ! Me laisser tout seul avec moi-même… et ils me défendaient les mauvaises fréquentations…

Quant au seul nom de Landru, il évoque pour moi Barbe bleue, mais surtout le film de Chaplin Monsieur Verdoux, que j’adore :

C’est sur cette dernière évocation que je vous invite, une nouvelle fois, à lire ou relire les différents ouvrages de Philippe Lombard, et en particulier ce cru 2021, qui a été particulièrement riche !

La preuve :

La couverture de Ça s’est tourné près de chez vous – qui rappelle les deux précédents ouvrages également sortis chez La Tengo (Ça tourne mal / Ça tourne mal à Hollywood) me donne d’ailleurs l’espoir qu’un Ça s’est tourné près de chez vous à Hollywood pourrait peut-être être concocté ?

Oui ? Non ? Bientôt ? En tout cas, je guette le prochain !

Bonne(s) lecture(s) à toutes et tous et à très bientôt sur Cinephiledoc !

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