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Il lui suffit de deux mois pour être omniprésente. En deux mois, j’ai eu le temps d’aller trois fois au cinéma et, à chaque fois, c’était pour retrouver Catherine Frot. D’abord, début août, pour Bowling. Une comédie fraîche, légère, sur fond de question sociale : la fermeture d’un service de maternité dans un hôpital perdu en Bretagne. Un petit film qui n’a l’air de rien, sans prétention, mais qui permet de passer une agréable soirée.

Ensuite, fin août, j’ai pu retrouver le duo André Dussolier / Catherine Frot, sous la direction de Pascal Thomas, dans le troisième volet des aventures de Prudence et Bélisaire Beresford, Associés contre le crime. On se doute que le réalisateur aime tellement ses comédiens, et les personnages qu’ils incarnent, qu’il n’a pas pu résister à les réunir une nouvelle fois à l’écran. Le résultat, c’est un soufflé qui est retombé. Une mayonnaise ratée. L’histoire s’essouffle, les seconds rôles sont de qualités inégales. Alors que les deux premiers volets, Mon petit doigt m’a dit et Le crime est notre affaire, étaient des petits bijoux d’humour et de dépaysement, on peine à trouver son bonheur avec ces Associés. Alors que certaines répliques me restaient en tête – « Imagine comme ce serait palpitant d’entendre cogner à la porte, d’aller ouvrir, et de voir un mort entrer en titubant » – rien ne me reste de ce troisième volet, sinon une certaine tristesse mêlée de déception.

Heureusement, hier soir, j’ai pu retrouver la grande Catherine dans une comédie à sa mesure, en cuisinière de l’Elysée, qui vous met l’eau à la bouche sans jamais vous écoeurer. Les Saveurs du palais sont à l’image de Catherine Frot : une cuisine pleine de simplicité, qui jamais ne bourre l’estomac ni ne laisse sur sa faim. Une cuisine secrète, et dont on garde longtemps les saveurs en mémoire.

Catherine Frot aime nous parler des choses simples, proches de nous, familières, en leur donnant un charme féérique. Pour moi, elle est sans doute la meilleure comédienne française actuelle, et pourtant, lorsque l’on va voir l’un de ses films, on a l’impression de retrouver une amie qui se serait absentée, mais avec laquelle on reprend la conversation interrompue, comme si de rien n’était.

Elle excelle tout autant dans la fantaisie que dans la gravité mélancolique. À ceux qui n’y ont pas encore goûté, je conseille Un air de famille, La Dilettante, Odette Toulemonde, Les soeurs fâchées, Sept ans de mariage, Le Vilain, Le Passager de l’été, les deux Pascal Thomas mentionnés plus haut, Imogène Mc Carthery, La Tourneuse de pages, L’Empreinte de l’ange et ses films les plus récents.

… si possible dans l’ordre chronologique, car Catherine Frot est comme le bon vin, elle s’améliore avec le temps, gagne en saveur et en profondeur…