Voici le premier hors-série de l’été de Cinephiledoc. Je l’ai annoncé et promis : quels sont les fondamentaux qui présentent le cinéma et son histoire ? Quels ouvrages offrent un aperçu du septième art dans toute sa splendeur ? Pour les amateurs et les spécialistes, pour les néophytes et les chevronnés, quelques petits conseils de lecture…
Les bibles du cinéma
D’abord une petite liste de ce que j’ai pu trouver, non exhaustive :
- les dictionnaires « du cinéma », « des films », des « acteurs », des « réalisateurs ». Je n’ai pas voulu me concentrer dessus, vous verrez un peu plus bas les ouvrages que j’ai privilégiés. Néanmoins, voici quelques références, plus ou moins récentes : le Dictionnaire du cinéma de Jacques Lourcelles fait office de référence ultime, même s’il date un peu ; Jean Tulard a publié un certain nombre d’ouvrages sous la forme du dictionnaire, dont un Dictionnaire amoureux du cinéma, bien que certaines entrées fassent polémique, visiblement ; enfin, le plus récent que j’ai trouvé est un Petit Larousse des films, avec notice et résumé, et parfois analyse pour les films les plus connus.
- les histoires du cinéma et les tours d’horizon chronologiques. On y retrouve aussi bien L’histoire du cinéma pour les nuls, des ouvrages qui se ressemblent tous un peu (Tout sur le cinéma chez Flammarion, Cinéma : la grande histoire du septième art chez Larousse ou encore une Histoire du cinéma chez la National geographic society), que la Chronique du cinéma, plus ancienne, avec une écriture journalistique et événementielle).
- les « essentiels » et les rétrospectives plus ou moins subjectives. Les films à voir avant de mourir, les cinéastes à ne pas rater, les acteurs inoubliables. Dans le lot, une petite sélection : les 1001 films à voir avant de mourir, 501 réalisateurs, 100 classiques du septième art chez Taschen, ou encore Tout feu tout flamme aux éditions des Cahiers du cinéma.
Voilà pour ce que vous pouvez trouver, si vous voulez avoir un (grand) aperçu du cinéma, le plus souvent organisé soit par ordre alphabétique, soit par ordre chronologique avec parfois des « focus » thématiques. J’ai laissé de côté les essais et des ouvrages plus modestes (même si, par exemple, on peut trouver quelques pépites sur le sujet dans la collection Découverte chez Gallimard) et je me suis concentrée sur la catégorie « beaux livres » – vous ne pourrez pas les emporter dans votre sac de plage, pour ça j’ai un autre hors-série de prévu !
À présent, un petit point sur ceux qui ont retenu mon attention.
L’histoire du cinéma
J’ai choisi Cinéma : la grande histoire du 7e art, un ouvrage dirigé par Laurent Delmas et Jean-Claude Lamy et publié chez Larousse en mai 2011. Pour plusieurs raisons : d’abord parce que c’est un bel objet, infiniment plus agréable à consulter que L’Histoire du cinéma pour les nuls, parce que son prix est abordable (ce qui est loin d’être négligeable, pour les personnes qui d’un seul coup veulent s’intéresser au sujet, mais qui n’ont pas pour autant envie de se ruiner), et parce qu’il est bien fait, tout simplement.
La mise en page est claire, l’ouvrage est très bien illustré. Il ne néglige aucun continent, aucun aspect du cinéma (dessins animés, blockbusters, biopics, etc.). Petit point prof doc, pour les collègues, et pour l’avoir vécu, il marche très bien en lycée.
Comme son titre l’annonce, il propose une organisation chronologique, avec une structure très claire : cinéma muet, âge d’or des studios, entre rêves et réalités, nouvelles vagues et cinémas du monde entier. Entre chaque partie, une frise chronologique met en parallèle histoire et cinéma.
Enfin, dans cette organisation chronologique, chaque page propose de s’arrêter sur un thème, une technique ou une personnalité en particulier. Comme thèmes ou techniques, vous avez par exemple les grands films d’aventures, « De Frankenstein à King Kong », les couples immortels, le cinéma en 3D. Comme personnalité, on retrouve aussi bien Méliès que Kubrick, en passant par Chaplin, Dietrich, Fritz Lang, Monroe, ou encore Bergman.
Bref, un livre pratique pour les amateurs, et agréable pour les spécialistes.
100, 501, 1001… je croyais que nous partions 500 pour arriver 3000 ?
Les âmes charitables ne s’arrêteront pas à mon effort de blague littéraire…
J’ai un faible pour ces livres « essentiels ». J’aime particulièrement les 1001 films à voir avant de mourir, un pavé bien illustré publié aux éditions Omnibus, avec une page ou une double-page par film, depuis le Voyage dans la lune de Méliès jusqu’à… mon édition à moi s’arrête à Bienvenue chez les ch’tis (2008). C’est l’un des rares inconvénients des rétrospectives, tous supports confondus (dictionnaires, encyclopédies, « bibles » plus ou moins exhaustives) : à un moment, elles s’arrêtent. Il n’en reste pas moins que ces 1001 films proposent une « filmothèque idéale » (dixit la quatrième de couverture) et je me souviens m’être amusée, après l’avoir acquis, à cocher chaque film que j’avais déjà vu dans cette liste.
J’ai donc tout naturellement consulté, également, l’ouvrage consacré aux 501 réalisateurs. Il présente les mêmes avantages (et le même inconvénient). S’y ajoute une petite spécificité dans l’organisation : les réalisateurs sont classés par date de naissance. C’est quelque peu déconcertant au début : si vous cherchez un réalisateur d’un certain âge ayant commencé ou poursuivi tardivement sa carrière, vous le trouverez bien avant un petit jeune qui fait des films au même moment. Je n’ai pas d’organisation idéale à proposer, et finalement, le lecteur peut s’y faire, s’il n’est pas trop obtus.
Enfin, parmi les « essentiels » du cinéma, on trouve les 100 classiques du 7ème art de Taschen, un très beau coffret en deux volumes (organisation chronologique : 1er volume 1915-1959, 2nd volume 1960-2000). Une très belle mise en page, sur fond noir, avec photographies du film, résumé, analyse et citations. Chaque période est introduite par une petite présentation. Le premier volume s’ouvre sur La Naissance d’une Nation de Griffith (1915) et le second se referme sur Tigre et dragon de Ang Lee (2000). J’ajouterai simplement que pour l’objet proposé, là encore le prix est des plus abordables !
Le petit dernier…
Il est tout récent (octobre 2012) et se concentre sur le cinéma français. Il fait partie des rétrospectives subjectives que j’ai mentionnées plus haut. Tout feu tout flamme : une traversée du cinéma français avec Olivier Barrot, aux éditions des Cahiers du cinéma. Là encore un très beau livre.
Vous y retrouverez les figures légendaires, les lieux et les techniques, et les films incontournables du cinéma français – même si, bien-sûr, c’est l’auteur qui décide ! On démarre avec les Frères Lumières, french touch oblige, et l’on va s’arrêter un peu partout, puisque ce livre est une sorte de cocktail qui mêlerait un peu tout du cinéma français, tous nos souvenirs, tout ce que notre mémoire visuelle aurait pu retenir de ce patrimoine culturel et divertissant. Quelques exemples au sommaire : studios et décors, chanson et cinéma, le mythe Gabin, Les Enfants du Paradis, la cinéphilie, les revues de cinéma, la Nouvelle vague, Catherine Deneuve, la troupe du Splendid, Canal Plus…
L’inconvénient : le bébé pèse son poids ! À poser sur une table / le bureau / le lit avant consultation. L’avantage : c’est beau, tout simplement.
Vous croyiez que c’était fini ?
Pour clôturer ce premier hors-série de l’été, une dernière précision : j’ai choisi volontairement de ne pas m’attarder sur les dictionnaires ou encyclopédies mentionnés plus haut. Comme j’ai déjà pu le dire dans de précédents articles, la forme du dictionnaire a ses avantages et ses inconvénients elle aussi. Pour ceux qui voudraient tout de même se plonger dans l’univers du cinéma cet été tout en restant geeks et connectés, voici quelques liens cinéphiles :
- Allociné ;
- IMDb (Internet Movie Database), en anglais ;
- la Base de données française du cinéma sur Internet ;
- Cinéfiches ;
- le site de la Bibliothèque du Film ;
- le ciné-club de Caen (films d’art et essai) ;
- et tout un tas de gens sympas à suivre et que vous pouvez retrouver dans la rubrique Abonnements de Cinephiledoc sur Twitter, parce que ce serait un peu trop long à lister !
Foutaises
J’ai pas compris la blague littéraire… 🙁
juliettefiliol
Shame on you ! Shame on you ! Bon, je tente un petit repêchage : dans quelle pièce partons-nous 500 pour arriver 3000 quelque-part ? Tes classiques, Eva, tes classiques !!!
Foutaises
Haaaaa je trouve pas bon sang… Un truc avec autant de gens c’est forcément Hugo, non ? Ou Racine, ou Corneille, ou Rostand ??
juliettefiliol
Je suis atterrée. Bon y’a le bon auteur dans ta liste, c’est déjà ça, mais tout de même. J’hésite sur la peine à infliger : lire un Marc Lévy ? écrire un éloge de Musso ? non c’est tout de même un peu dur. Tu te contenteras de relire la tirade du Cid, de Corneille, où se trouvent les vers suivants, acte IV scène 3 :
« Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort,
Nous vîmes trois mille en arrivant au port »
Foutaises
Bon tu vois, j’ai quand même un bon flair, j’avais pressenti Corneille ! Eh oui je suis dévoilée…je n’ai pas lu tous les classiques…malgré ma formation j’ai peiné sur Le Cid, Le Père Goriot, Germinal et les Fables de La Fontaine…mais je suis incollable sur TOUT Du Bellay et Ronsard !
juliettefiliol
J’ai eu une indigestion de Ronsard après avoir lu Les Amours pendant tout un trimestre en khâgne. Depuis je ne pense plus être capable d’en réciter le moindre vers, à part peut-être « Mignonne… »