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Mois : juillet 2014

Hors-série 3-2014 : peinture et cinéma

Le troisième hors-série de l’été est consacré à l’inspiration que suscite la peinture chez les réalisateurs et, dans une très moindre mesure, à l’influence du cinéma sur la peinture.

HORS-SÉRIE

Lorsque l’on regarde un film, on est plus ou moins sensible à ce qui se passe sur l’écran : portrait ou paysage, nature morte, composition d’un tableau vivant, zoom, ralenti, décors, couleurs, et tous ces éléments pour lesquels un vocabulaire technique élaboré est requis.

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Certes, on ne sera pas toujours sensible à la même composition du « tableau », suivant le genre de films qu’on affectionne le plus : les uns apprécieront les explosions, les vitres qui se brisent, le choc des combats, les cascades audacieuses, les autres la solitude d’un personnage face à lui-même, le bruissement des arbres d’une forêt, ou la menace insidieuse que propose un motel au bord d’une route, ou un palace isolé par l’hiver…

Maison Bates Psychose

Maison Bates Psychose

L’érudit y retrouvera l’influence de tel ou tel peintre, la prédominance de telle ou telle couleur ou l’hommage à telle ou telle oeuvre.

Entrecroisement d’influences…

Tout en lisant la référence que je vous proposerai aujourd’hui, et tout en préparant cet article, je n’ai pas pu m’empêcher de repenser à toutes sortes de films ou de scènes dont le souvenir reste pour moi principalement « visuel », pas seulement parce qu’il s’agit de cinéma, et que l’impression première est celle suscitée par l’écran, mais parce que ces films, ou ces scènes, m’ont bel et bien marquée par leur composition…

Évidemment, la première image qui me vient, ce sont celles de dessins animés. Lorsque je regarde un Disney ou un Miyazaki, ce n’est pas forcément les personnages qui m’intéressent : je pense aux images de Fantasia sur la musique de Stravinsky ou de Beethoven, aux forêts de Bambi, à la savane du Roi Lion, je pense aux paysages de Princesse Mononoké, à l’incroyable Château dans le ciel, et aux décors du Voyage de Chihiro.

Sources : http://magic-museum.com/miyazaki.htm

Sources : http://magic-museum.com/miyazaki.htm

Je pense au portrait du roi, bien peu flatteur, dans Le Roi et l’oiseau, aux paysages surréalistes de Gandahar, et au New York évoqué par Don Bluth dans Fievel et le nouveau monde.

Les films dont je garde principalement le décor en mémoire vont de Metropolis jusqu’au Seigneur des anneaux, en passant par Rebecca d’Hitchcock, L’Aigle à deux têtes de Cocteau, Citizen Kane de Welles, Autant en emporte le vent, Gatsby le magnifique (version de Coppola), Out of Africa, Le Docteur Jivago, Barry Lyndon (encore), Danse avec les loups ou encore Tigre et dragons ou Après la pluie, que j’ai mentionné dans l’article précédent

Cinéma et peinture

La plupart de ces films, à l’exclusion des films d’animation, sont mentionnés dans l’ouvrage qui nous intéresse aujourd’hui.

cinema et peinture

Ce livre, Cinéma et peinture, de Joëlle Moulin, est paru en octobre 2011 aux éditions Citadelles & Mazenod, maison principalement spécialisée dans l’édition de beaux livres d’arts. Et à tout point de vue, en ce qui concerne cet ouvrage, il s’agit d’un beau livre, à destination des amoureux de ces deux arts. Toutefois, dès son introduction, l’auteur prévient :

ll ne s’agit pas (…) ici d’une histoire des rapports de la peinture et du cinéma, mais d’une réflexion sur la présence de la peinture dans le cinéma ; présence évidente lorsque le film prend pour sujet la vie d’un artiste, moins immédiate lorsqu’elle relève de la connivence d’images (…). Si la référence picturale est donnée dans le premier cas, dans le second elle implique une part de subjectivité, voire d’intuition.

L’ouvrage ne prétend pas être exhaustif, il parcourt au contraire quelques univers d’artistes – peintres ou réalisateurs – et quelques-unes de ces heureuses rencontres qui se sont faites entre les deux, et que le spectateur, pourvu que son regard reconnaisse, soit amateur d’art, peut saisir ou non.

Joëlle Moulin étudie en premier partie de son livre trois films consacrés au peintre Van Gogh : l’un de Minnelli avec Kirk Douglas, l’autre de Pialat avec Jacques Dutronc, le troisième de Kurosawa, chacun intégrant cet univers d’artiste à son propre univers, et à sa manière.

Inspirations picturales

Puis elle s’aventure chez différents cinéastes dont chacun s’est inspiré – pour un film ou pour toute sa filmographie – d’un courant artistique ou d’un artiste en particulier. Renoir pour Renoir, évidemment, Gainsborough pour le Barry Lyndon de Kubrick (encore et toujours) :

Kubrick s’est inspiré de Thomas Gainsborough, puisant chez le portraitiste l’élégance et la délicatesse des tenues. Le double portrait de Mr. et Mrs. William Hallett (1785) est un des modèles pour Barry Lyndon/Ryan O’Neal et son épouse Lady Lyndon/Marisa Berenson. Le visage lisse de Barry, fermé et peu disert sous son masque blanc et ses cheveux poudrés, et les patrons des habits, la finesse diaphane des étoffes sont directement décalqués sur le portrait peint, de même que l’attitude compassée et la pédanterie détachée du monde qui s’accordent au fatalisme de leur destin.

Sources : toutlecine.com

Sources : toutlecine.com

Mais aussi la peinture allemande, certes pour les réalisateurs allemands, mais aussi pour des réalisateurs hollywoodiens tels que Fleming, Welles, ou encore Hitchcock :

La clarté lunaire (encore à la Friedrich), qui a permis d’apercevoir un Tara non démoli à la fin de la guerre, dévoile chez Hitchcock le manoir de Manderley lors du prologue de Rebecca (1940). Manderley a été ravagé par un incendie et ses trous béants évoquent le Château en ruine (1847) de Böcklin, « une coquille vide », constate en voix off la narratrice, un lieu hanté. La métaphore convient également au palais de Xanadu saturé d’épaisses nappes de brouillard dans Citizen Kane (1941) d’Orson Welles. Peint sur verre sous l’égide du décorateur Perry Ferguson et toujours situé en arrière-plan, le palais ressemble à la lointaine citadelle du Chevalier, la Mort et le Diable de Dürer.

Sources : wikipédia

Sources : wikipédia

Par la suite, Joëlle Moulin aborde d’autres thématiques tout aussi captivantes : les tableaux au cinéma (on y retrouve le fameux tableau de Caroline de Winter dans Rebecca, qui va attirer tant d’ennuis à la narratrice, mais également participer à la résolution de l’intrigue), l’influence d’Edward Hopper chez plusieurs cinéastes, dont toujours Hitchcock, les modèles chers aux cinéastes (aussi bien moraux que physiques), la représentation de la modernité, l’autoportrait, ou encore 2 exemples de cinéastes peintres.

Pourquoi lire ce livre ?

D’abord parce que, malgré son incroyable érudition – qui va questionner une référence, puis une autre, puis encore une autre, et fonctionner par associations d’idées artistiques, littéraires et cinématographiques – l’auteur n’abandonne jamais son lecteur.

Ensuite, parce qu’il s’agit avant tout d’un livre d’art, magnifique, avec des reproductions de tableaux et des photographies de films en pleines pages et que le lecteur peut toujours associer un tableau à un film.

Enfin, parce que le cinéphile averti va retrouver à cette lecture tout un foisonnement d’images : la maison de Psychose inspirée par Edward Hopper, les westerns et la représentation de l’ouest américain, les grandes stars de Hollywood, de Clint Eastwood à Meryl Streep, et les apparitions de Chaplin, d’Hitchcock, de Welles, entre autres, dans leurs propres films.

Apparition d'Hitchcock dans Les Oiseaux

Apparition d’Hitchcock dans Les Oiseaux

Qu’il soit féru de peinture ou de cinéma, ou des deux, le lecteur pourra compléter cette lecture par ces quelques ouvrages :

  • Le Décor au cinéma, de Jean-Pierre Berthomé, aux éditions des Cahiers du cinéma, 2003.
  • L’Amérique évanouie, de Sébastien Clerget, paru en novembre 2013 aux éditions Rouge profond, et ayant fait l’objet d’un précédent article.
  • Affiches de cinéma, de Dominique Besson, aux éditions Citadelles & Mazenod (comme Cinéma et peinture) et paru en 2012.
  • Et toujours chez le même éditeur, et à venir, (une sortie que j’attend avec impatience, quoique son prix me refroidisse quelque peu… gloups !!!) : L’art du cinéma de Jean-Michel Frodon, à paraître en septembre 2014.

Et sur Internet ?

Comme d’habitude, on retrouve sur le site du Ciné-Club de Caen un dossier assez complet qui s’intéresse aux relations cinéma/peinture, peinture/cinéma. Le dossier renvoie également à d’autres pages du site, qui se penchent plus précisément sur :

Le site Cadrage.net propose également un dossier sur le sujet : peinture et cinéma, cinéma et peinture, avec un article d’Alexandre Tylski « Cinéma et peinture : Dans le sens des toiles », publié en 2001, avec à la fin une filmographie et une bibliographie.

Enfin on trouve sur Wikipédia un article, malheureusement encore à l’état d’ébauche, et ne citant pas suffisamment ses sources, sur le Peintre au cinéma. Néanmoins la filmographie proposée est très riche.

Voir également cette vidéo proposée par Arte :

 3 suggestions de films à savourer visuellement

Comme d’habitude, je vais essayer de ne mentionner que des films qui n’ont pas encore été évoqués tout le long de cet article.

  • Le Château ambulant de Hayao Miyazaki. Il reste ma première découverte du cinéma d’animation japonais et j’ai toujours admiré les incroyables structures de ce château, les paysages ruraux et urbains proposés par Miyazaki. À noter que c’est aussi une des choses que j’ai aimé dans son dernier film, Le Vent se lève, si triste et si contemplatif…
Sources : http://magic-museum.com/miyazaki.htm

Sources : http://magic-museum.com/miyazaki.htm

  • Sur la route de Madison, de Clint Eastwood, avec non seulement les paysages américains mais cette manière magnifique de filmer Meryl Streep, et de se filmer lui-même.
Roseman Bridge Source : Wikipédia Auteur : Lance Larsen

Roseman Bridge
Source : Wikipédia
Auteur : Lance Larsen

  • Le dernier film de Ken Loach, que j’ai beaucoup aimé, Jimmy’s Hall, et qui permet de découvrir quelques paysages de l’Irlande, au gré des conflits du héros avec les conservateurs et l’église catholique irlandaise.

Des séries comme des peintures

  • les téléfilms de la BBC ayant adapté Jane Austen, dont notamment l’adaptation d’Orgueil et préjugés avec Colin Firth (pas tout à fait série mais disponible en coffret).
  • la reconstitution de l’Amérique des années 50 dans Mad men, et de l’Angleterre des années 1910 dans Downton Abbey.
  • à nouveau, la série The Borgias, avec Jeremy Irons, déjà évoquée dans l’article précédent, et dont le générique est une merveille inspirée des tableaux de la Renaissance.
  • et je ne parle pas de Game of thrones, dont l’une des qualités, parmi tant d’autres, est celle des décors et des costumes…

Bonne dégustation visuelle et à bientôt !

Hors-série 2-2014 : histoire et cinéma

Voici déjà le deuxième hors-série de l’été, qui se penche, cette fois-ci, sur les relations entre histoire et cinéma. J’ai déjà eu l’occasion sur ce blog d’évoquer des films et des séries télévisées abordant des sujets historiques, de près ou de loin.

N’étant pas historienne, je ne peux malheureusement pas établir le degré de fidélité d’une reconstitution, ou savoir que les pierres de tel ou tel château ne colle pas forcément avec l’époque qu’elles sont censées représenter.

Ce que je voudrais traduire ici, grâce aux références convoquées, ce n’est pas tant l’histoire comme une science, mais de quelle manière la grande histoire se présente aux cinéphiles comme une merveilleuse histoire, une illusion fantastique, à l’image des projections qu’ont pu susciter les ancêtres du cinéma que sont les lanternes magiques.

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Je me souviens encore des quelques mots prononcés par le narrateur au début de Fanfan la Tulipe, film de Christian-Jaque avec Gérard Philipe, pas pour ce qu’ils ont d’incroyablement chauvin, mais uniquement pour les images qu’ils évoquent :

Il était une fois un pays charmant qui s’appelait la France. Regardez-la par le petit bout de la lorgnette, c’est elle en plein XVIIIe siècle. Alors on vivait heureux, les femmes étaient faciles et les hommes se livraient à leur plaisir favori : la guerre — le seul divertissement des rois où les peuples aient leur part.

Si j’aime autant l’histoire, le cinéma y est pour beaucoup. Et ce que j’aime au cinéma, ce sont (mais pas seulement, bien entendu) les films historiques.

HORS-SERIE

Parmi ces films historiques, il y a un bon nombre d’oeuvres consacrées à l’Antiquité, oeuvres récentes ou non, de Ben-Hur à Gladiator, des films sur le Moyen-âge, tels que Kingdom of heaven, sur la Renaissance, sur Louis XIV, sur l’histoire anglaise (surtout l’ère élisabéthaine), sur le siècle des Lumières (Beaumarchais l’insolent, Barry Lyndon), sur Napoléon, sur l’ère victorienne, sur la première guerre mondiale, et ce jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.

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N’étant pas une passionnée d’histoire contemporaine, je m’arrête généralement en 1945, même s’il peut y avoir des exceptions, comme ce film italien de six heures, Nos meilleures années, consacré à l’histoire de l’Italie entre 1966 et 2004, et qui suit une famille tout au long de cette période.

Généralement, si je regarde un film historique, en dehors de ce qu’il peut m’apprendre, ce n’est pas pour retrouver une réalité trop proche, mais au contraire, pour plonger dans des époques lointaines.

Histoire et cinéma

Le livre que j’ai retenu pour ce hors-série satisfera autant ceux qui veulent, comme moi, partir à la découverte d’autres époques, que ceux qui ne souhaitent pas trop s’éloigner.

L'histoire fait son cinéma

L’histoire fait son cinéma en 100 films, de Guillaume Evin, est paru l’année dernière, en avril 2013, aux éditions de la Martinière, et est préfacé par le réalisateur Costa-Gavras, président de la Cinémathèque française, mais également auteur d’un certain nombre de films historiques, tels que Z, L’Aveu ou encore, plus récemment, Amen.

L’ouvrage est sous-titré : « De la Guerre du feu à Démineurs ». Et c’est donc une chronologie quasi impeccable et scrupuleuse que va suivre l’auteur.

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Cent films, suivant les périodes, c’est trop peu ou c’est trop : le Japon des samouraïs en un film, la France de Louis XIV en un film, Napoléon en quatre films (dont deux versions de Guerre et Paix, l’une américaine, l’autre russe). Fort heureusement, la seconde guerre mondiale, et toute sa complexité, fait l’objet de plusieurs sous-parties : montée du nazisme, Résistance, collaboration, déportation et génocide, espionnage, débarquement… Mais le choix a dû être rude !

L’ouvrage est, par ailleurs, très agréable à feuilleter, et à lire. Il n’est jamais jargonnant, et est à la portée aussi bien d’un public d’experts que d’amateurs. Il n’y a rien à redire à ce livre, exceptée une toute petite chose, qui va sembler en contradiction avec ce que je disais plus haut.

L’auteur ne confronte pas une réalité historique et son interprétation cinématographique. Certes, il donne quelques détails sur la période reconstituée, mais il s’intéresse visiblement aux choses dans leur ensemble : film, tournage, anecdotes, et histoire. Il veut être le plus exhaustif possible sur le sujet, ou plutôt sur ses 100 sujets choisis – et bien-sûr c’est compréhensible : qui pourrait faire l’analyse complète d’un film, puis de 99 autres dans un seul ouvrage ?

Et pourtant, même si je ne peux pas toujours prêter attention à un détail historique, c’est bien ce détail historique qui m’a un peu manqué, qui m’a laissée sur ma faim, cette petite révélation qui m’aurait permis de me dire « Ah oui, bien-sûr, dans tel film ça colle, dans tel autre, ça ne colle pas. » Là encore, je pinaille, car cet ouvrage est vraiment magnifique et suscite chez son lecteur, malgré tout, un superbe voyage dans le temps…

Quelques étapes du voyage

La vie privée...

À défaut de cerner exactement la personnalité du personnage historique, le réalisateur reprend au fond la mythologie de la reine vierge, celle qui a réussi à forger sa propre icône au cours d’un règne long de plus de quarante-quatre ans (…). La clé psychologique de la figure jouée par Bette Davis ? Un être écartelé, comme Garbo dans La Reine Christine, face à un dilemme entre femme privée et reine publique.

  • Barry Lyndon, film de 1975 réalisé par Stanley Kubrick avec Ryan O’Neal et Marisa Berenson :

Si l’action de Barry Lyndon s’ancre en principe entre la guerre de Sept Ans (1756-1763) et l’année 1789, il ne s’agit pas à proprement parler d’un film sur l’Histoire. (…) Lors de la bataille de Minden en août 1759 entre Français d’un côté et Anglais et Prussiens de l’autre, Kubrick se concentre ainsi sur l’aspect esthétique de l’affrontement entre uniformes bleu et blanc d’un côté et rouges de l’autre, avec son lot de fumées, de tambours et de drapeaux au vent, et non sur sa dimension historique. Ne confiait-il pas qu’il avait voulu restituer le XVIIIe siècle « tel qu’il se voyait lui-même », c’est-à-dire raffiné, spirituel et cultivé alors qu’il était aussi et surtout injuste, cruel et laid ?

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Si Autant en emporte le vent fascine, ce n’est assurément pas pour sa fidélité historique. Dans cette superproduction archétypique de l’âge d’or des studios, les esclaves noirs sont forcément épanouis et dévoués, l’organisation clandestine d’auto-défense que rejoint Ashley Wilkes – une analogie avec le Ku Klux Klan – est présentée sous son meilleur jour tout comme les confédérés, contrairement aux yankees de l’Union, dépeints comme des soudards et des brutes sanguinaires. On n’y croise aucun protagoniste majeur de l’affrontement Nord-Sud, ni Lee, ni Jackson, ni Grant. Le film s’apparente au fond à un film de guerre sans batailles, avec le spectacle de la mort (…) mais sans la gloire épique d’une vaste reconstitution.

Voilà pour ces quelques exemples, parmi tant d’autres que proposent cet ouvrage. À présent, quelques bonnes adresses pour compléter.

Poursuivre le voyage…

Le site (ou plutôt la page) qui a retenu mon attention et qui confronte très justement cinéma et histoire, c’est une page du site « La Boîte verte », qui propose 120 personnages historiques et les acteurs qui les ont incarnés.

Les personnages sont classés par ordre alphabétique, et tous les domaines sont représentés : du personnage religieux au politique, en passant par l’écrivain, l’artiste et le scientifique. On est frappé de voir combien d’incarnations ont pu avoir certains d’entre eux, et on y retrouve aussi bien Beethoven que Tony Blair, Albert Einstein ou Elvis Presley.

Une façon amusante d’appréhender l’histoire par l’intermédiaire du cinéma :

personnage-historique-acteur-tv-cinema-007

Autre référence, le dossier très complet proposé par le Ciné-club de Caen : « Cinéma et histoire« , et qui, à l’instar de l’ouvrage de Guillaume Evin, offre une approche chronologique, et une sélection de films par période historique – parfois précédée d’une brève analyse (voir entre autres les rubriques « Moyen-âge », « Ancien régime » ou encore « La première guerre mondiale au cinéma ».

Pour compléter ces références, voici une petite sélection d’articles et de sites internet qui s’interrogent sur les relations entre histoire et cinéma :

Pour finir un petit échantillon de films et de séries…

3 films à voir ou à revoir

  • Après la pluie, film de 1999 réalisé par Takashi Koizumi d’après un scénario écrit par Akira Kurosawa, et dont je dois à un collègue la découverte récente. Le film nous plonge dans l’histoire captivante d’un samouraï sans maître, dans le Japon du XVIIIe siècle. Les personnages et les comédiens sont magnifiques, ainsi que la musique et les paysages. L’accord parfait !

après la pluie

  • Master and Commander, film de 2003 réalisé par Peter Weir. Sur fond de guerres napoléoniennes, la poursuite d’un vaisseau français par un capitaine anglais, incarné par Russell Crowe, et son équipage. On y retrouve la vie des marins, du simple mousse au capitaine, à bord d’un vaisseau militaire – batailles, punitions, mutilations, évocation de Nelson et prémices du naturalisme moderne lors d’une escale aux Galapagos.

master and commander

  • Le Discours d’un roi, film de 2010 réalisé par Tom Hooper, avec une pléiade d’acteurs britanniques magnifiques. L’histoire du futur George VI, incarné par Colin Firth, et de son combat contre le bégaiement, aidé d’un orthophoniste peu commun, Lionel Logue, joué par Geoffrey Rush.

le discours d'un roi

3 séries historiques

  • Rome, série en 2 saisons retraçant l’avènement au pouvoir d’Octave, futur empereur Auguste, depuis la fin de la Guerre des Gaule, sous les yeux de deux personnages fictifs : un centurion, Lucius Vorenus, et un légionnaire, Titus Pullo. Reconstitution magistrale !
  • The Borgias, série en 3 saisons, canadienne, hongroise et irlandaise (à ne pas confondre avec la série franco-allemande produite par Canal +), qui nous plonge dans l’Italie des Borgias, famille d’origine espagnole, dont le père, Rodrigo, incarné par Jeremy Irons, parvient à être élu Pape sous le nom d’Alexandre VI.
  • Boardwalk Empire, série produite par HBO et le réalisateur Martin Scorsese et Mark Wahlberg, se déroulant dans l’Amérique de la Prohibition, avec des personnages tels que Lucky Luciano ou Al Capone, dans les décors de New York, Chicago et Atlantic City.

Épilogue

On ne peut oublier que le cinéma, fruit de cultures différentes, tout autant fabrique des mythes, des civilisations et des événements historiques qu’il en est le témoin. Pour ne citer que deux exemples, Griffith, Disney, Ford, Capra, Spielberg, Lucas, ont construit l’Amérique tout autant qu’ils l’ont représentée, et les cinéastes de la Nouvelle vague ont jeté les premières bases de Mai 68 en prenant la défense d’Henri Langlois durant l’Affaire Langlois de février 68.

L’histoire du cinéma fait partie de l’Histoire. Ceci n’est qu’une petite aparté sans originalité pour clore cet hors-série sur quelques images, cette fois-ci de l’histoire du cinéma…

Hors-série 1-2014 : sciences et cinéma

Bonjour à tous.

Comme annoncé dans le précédent article, voici le premier des hors-série de l’été de Cinephiledoc. Cet été, les hors-série seront consacrés aux relations du cinéma avec les autres disciplines artistiques et culturelles.

HORS-SÉRIE

Dans chacun des articles, je proposerai deux références principales : un livre et un site internet, ainsi que d’autres références secondaires et pouvant avoir déjà été abordées dans d’autres articles. Enfin, à chaque fin d’article, je donnerai trois suggestions de films sur le sujet.

Sciences et cinéma

Avoir une formation littéraire n’empêche pas nécessairement d’être fasciné par la représentation des sciences dans les arts, au contraire, et ce, quelles que soient les sciences impliquées : la cartographie – une représentation des mondes réels ou imaginaires – les mathématiques, la physique, l’informatique.

BlakeMortimerPiege

C’est peut-être d’ailleurs parce qu’ils donnent une représentation visuelle de la science que le littéraire chevronné va se tourner vers des modes d’expression tels que la bande-dessinée – ah, les inventions de Tournesol et les théories incroyables de Blake et Mortimer – les séries télévisées (suivre les aléas de l’adaptation à l’intelligence sociale de Sheldon Cooper dans The Big bang theory), et surtout les films.

Voir des scientifiques à l’écran faire des découvertes majeures ou griffonner à la craie des équations qui nous restent bien-sûr très obscures – tout comme certainement aux comédiens qui les incarnent – donnent l’impression, et peut-être seulement l’impression, de toucher du doigt les mystères de la science.

Et quoi de mieux qu’un ouvrage édité par Universcience pour les éclaircir ?

Sciences et univers imaginaires

La référence que je vous propose aujourd’hui est Sciences et science-fiction, ouvrage collectif publié en octobre 2010 aux éditions de la Martinière et Universcience. Il s’agissait du catalogue de l’exposition présentée à la Cité des sciences « Science et fiction, aventures croisées ».

sciences et science fiction

Bien que centré sur le genre de la science-fiction, ce livre propose un voyage thématique au coeur de différents espaces scientifiques, littéraires et cinématographiques. Comme l’indique Bruno Racine dans l’une des préfaces :

Nourrie d’imaginaire scientifique au sens large, la science-fiction part à la rencontre des « futuribles » – des futurs possibles – pour mieux nous renvoyer à notre humanité. (…)

La science-fiction envahit aussi le grand écran dès les début du cinéma, et renforce par là sa présence dans les collections nationales grâce aux spectaculaires affiches de films. Les grands classiques comme Metropolis de Fritz Lang, Le Jour où la Terre s’arrêta de Robert Wise ou La Machine à explorer le temps de George Pal sont là pour attester que les images qu’elle engendre ne cessent d’exercer leur pouvoir d’attraction.

Quels sont les petits plus de cet ouvrage ?

  • d’abord sa structure. Comme je l’ai dit, il propose différentes thématiques que le lecteur ne va pas forcément aborder de manière linéaire. Il peut prendre le livre par un bout, le laisser de côté, et le rouvrir à un tout autre chapitre. Trois parties principales : « L’espace-temps », « L’homme » et « Les machines ». Au sein de ces trois parties, on retrouve entre autres le voyage dans le temps, les dystopies, les extraterrestres, les vaisseaux spatiaux ou encore les robots.
  • ensuite son iconographie, extrêmement riche : gravures anciennes, couvertures de livres, affiches et images de films, et respectant également l’organisation thématique de l’ouvrage (des planches entières sont consacrées aux villes, aux robots ou aux vaisseaux spatiaux). Un vrai régal visuel !
  • son incroyable érudition. L’ouvrage est rédigé par des spécialistes qui sont soit des scientifiques, chercheurs entre autres au CEA* ou au CNRS, soit des auteurs ayant travaillé sur la science-fiction ou ayant eux-mêmes publié des livres de SF. Tous les sujets sont traités sous un angle non seulement scientifique, mais également philosophique et plongent au coeur de l’histoire de la pensée humaine, comme en témoigne notamment le chapitre consacré aux mondes imaginaires, « De l’utopie à l’uchronie : petite cartographie des mondes meilleurs ».
  • enfin, le petit plus de l’ouvrage que j’ai apprécié, c’est en annexe, une chronologie mêlant découvertes scientifiques, publications d’ouvrages et sorties de films.

Les petits points faibles, parce qu’il faut bien pinailler…

  • la science-fiction étant avant toute chose un genre littéraire, l’ouvrage se concentre principalement sur les références de la science-fiction (Wells, Asimov, Philip K Dick), n’accordant au cinéma qu’une valeur trop souvent illustrative – l’iconographie abonde d’affiches de films, d’images de Metropolis, Matrix, Star Wars ou Avatar. Vous me direz que c’est bien normal, puisque les films sont souvent les adaptations d’ouvrages de SF… mais tout de même, j’ai trop rarement savouré dans ce très bel ouvrage des analyses de cette sorte :

Dans Metropolis, la figure du robot s’inscrit en fait dans une tradition littéraire. Le « Machinenmensch » de Fritz Lang tire son apparence et sa fonction de l’Hadaly de l’Ève future de Villiers de L’Isle-Adam. Cette armure étincelante qui peut prendre forme humaine est une projection anthropomorphe du procédé de la photographie argentique. Quant à la fausse Maria, elle hérite du caractère monstrueux et du destin funeste de la créature de Frankenstein de Mary Shelley. Les robots au cinéma sont une famille aux profils et tempéraments fort différents mais qui empruntent et recombinent les éléments des mêmes archétypes : il y a le monstre qui échappe au contrôle de son créateur et en révèle l’ « hubris » (démesure), le serviteur dévoué qui suscite son amour ou son asservissement et la marionnette pleine d’aspiration à l’humanité.

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  • enfin, l’autre petit bémol tient au titre lui-même de l’ouvrage : sciences et science-fiction, et non pas sciences et fiction ou sciences et cinéma… mais cela reste secondaires par rapport aux qualités indéniables de ce livre.

D’ailleurs, si vous souhaitez compléter la lecture de Sciences et science-fiction par d’autres textes consacrés à la science-fiction, vous pouvez aller consulter les autres articles de Cinephiledoc sur ce sujet :

Et si les relations entre science-fiction et sciences vous intéressent, je vous recommande les conférences de Roland Lehoucq, chercheur au CEA, dont voici un petit exemple :

Et la science au cinéma, dans tout ça ?

Si, davantage encore que la science-fiction, c’est la science proprement dite qui vous intéresse, et sa manière d’apparaître au cinéma, je vous recommande deux sites internet.

Le premier est Sciences au cinéma : Quand le cinéma parle de sciences. Il propose de très nombreux articles sur des films, des séries télévisées ou des thématiques (voir justement la rubrique « Thématique » avec notamment les articles consacrés à « La vie des scientifiques sur (grand) écran »).

J’ai découvert ce blog juste après avoir vu le film Un homme d’exception, avec Russell Crowe, sur la vie du mathématicien John Nash et sur son travail sur la théorie des jeux. L’auteur du blog a également publié des articles sur les relations entre Harry Potter et la génétique, et plus récemment, sur la série Real humans.

Le deuxième site est Maths et tiques, qui consacre une page aux maths dans le cinéma. On y retrouve bien-sûr Un homme d’exception, mais aussi le film Pi ou encore Will Hunting.

Source : Allociné

Source : Allociné

Pour finir avec cette petite sélection de sites internet, voici justement quelques articles et vidéos qui se sont penchés sur la représentation d’internet au cinéma – autrement dit, souvent, sur comment des forcenés à lunettes parviennent à changer le monde en tapant frénétiquement sur un clavier d’ordinateur des codes qui demeurent obscurs aux êtres humains lambda – le code ayant remplacé l’équation à la craie dans ce qui rend la science glamour et mystérieuse au cinéma…

Evidemment pour chacune des sciences – mathématiques, physique, informatique, Wikipédia y va de ses petites catégories : Mathématiques au cinéma, Cinéma et espace, Informatique et cinéma.

Voilà pour cette petite sitographie, bien plus riche que prévue initialement… j’essaierai de faire de même dans les hors-séries à venir.

3 films à voir sur les sciences au cinéma

Pour finir, comme promis, une sélection de films évoquant les sciences au cinéma (avec un petit plus à la fin – je triche avec le chiffre 3). J’ai choisi trois films qui n’ont pas été du tout abordé dans cet article.

  • d’abord un souvenir d’enfance, le film Les Palmes de Monsieur Schutz de Claude Pinoteau, retraçant l’arrivée à Paris de Marie Curie, sa rencontre avec Pierre Curie et leurs découvertes du Polonium et du Radium.
  • ensuite, une comédie romantique (et oui : vous imaginez comme c’est glamour, mignon et sexy les maths ? en particulier les nombres premiers ?). Leçons de séduction, un film de Barbra Streisand AVEC Barbra Streisand et Jeff Bridges. Ou comment une prof de littérature célibataire met le grappin sur un prof de maths brillant mais coincé.
  • enfin, parlons un peu d’informatique, de codes et de réseaux sociaux, pour revoir le fabuleux The Social Network qui suit les traces de Mark Zuckerberg dans la création de Facebook.

Enfin, (et cette fois-ci un vrai enfin, parce que, oui, j’ai triché), la série qui représente selon moi le mieux la science, ou plutôt le fonctionnement de l’intellect, c’est, à consommer sans modération, Sherlock, série britannique produite par la BBC et replaçant les aventures de Sherlock Holmes dans le Londres actuel.

Bonnes lectures, bons films, bonnes cogitations et à très bientôt pour le 2e hors-série !

Juin 2014 : séances et animations du CDI

Avant de passer aux hors-séries de cet été, qui seront exclusivement cinéphiles, voici un petit article consacré aux dernières activités du CDI avant les vacances.

Comme j’avais déjà annoncé et présenté pas mal de choses dans l’article de mai, cet article sera relativement court.

Joyeusetés administratives, suite et fin !

En effet, fin mai et début juin, j’avais déjà à portée de main une partie des documents me permettant de construire mon bilan d’activités, et pour ceux qui restaient incomplets, j’avais juste à les remplir au fur et à mesure. Dans l’article de mai, vous retrouverez donc :

  • les principales statistiques de fréquentation du CDI ;
  • les séances et animations du CDI durant l’année ;
  • le bilan d’activités et l’infographie du CDI

Afin de remettre ce bilan à mon chef d’établissement et de le présenter au dernier conseil d’administration – qui s’est tenu le jeudi 3 juillet – j’ai depuis complété ces différents documents et je n’en ai remis que la version définitive.

Journée portes-ouvertes

Les temps forts de cette fin d’année – hormis les remises de manuels scolaires, le récolement et l’inventaire, et la présentation du bilan d’activités – ont été la journée portes-ouvertes du collège.

Durant cette journée (mardi 1er juillet), les élèves restant au collège ont pu observer les expositions des différents ateliers et projets organisés durant l’année. Le soir, de 17h à 19h, les parents qui le souhaitaient pouvaient à leur tour venir voir les travaux de leurs enfants (chorale, danse, théâtre, classe CHAP,…).

Avec 2 élèves de l’atelier journal et mon collègue CPE, j’ai donc mis en place au CDI une exposition présentant les activités durant l’année de l’atelier journal.

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Cette exposition était hybride : sur les ordinateurs les élèves (et leurs parents) avaient accès au blog du Mermoz News – avec la totalité des articles publiés – et sur les tables étaient présentés des panneaux d’exposition qui faisaient une sélection thématique des meilleurs articles.

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Pour rappel : le blog est disponible ici.

Ateliers ENT

Pour moi, l’autre temps fort de cette fin d’année, c’est l’animation auprès de mes collègues de trois ateliers ENT – Environnement Numérique de Travail – qui sera déployé dans notre collège à la rentrée, et dont je suis l’une des référentes.

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J’ai donc présenté à des petits groupes (2 à 10 enseignants), sur trois heures, ce nouvel outil, en essayant de rendre cette présentation la plus attractive et la plus intuitive possible.

Evidemment, il a fallu jouer avec la connexion internet aléatoire et avec la prise en main, qui est toujours fastidieuse : une première connexion avec un identifiant et un mot de passe, l’établissement d’un nouveau mot de passe, l’enregistrement d’un mail de récupération et d’une question secrète, puis une nouvelle connexion avec le nouveau mot de passe. Tout un poème !

Passée cette étape, j’ai pu présenter les différents espaces et usages de cet ENT, avec une petite notice d’utilisation conçue spécialement pour cette occasion. En voici le détail sous format PDF :

Notice utilisation ENT profs

Les collègues m’ont paru généralement bienveillants et curieux face à ce nouvel outil – malgré les craintes que suscitent toujours la nouveauté – et j’espère pouvoir les aider au quotidien à le maîtriser…

Voilà pour ces derniers jours au CDI.

Je vous dis à très vite pour les hors-séries de l’été. D’ici là, bullez bien !

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