Pour écrire ce nouvel article cinéphile, j’ai eu un peu de mal à mettre le pied à l’étrier.

D’habitude, j’ai toujours un peu d’avance dans ces comptes-rendus, je m’arrange pour qu’à chaque vacance, les deux articles suivants soient prêts.

Il faut dire aussi que mes lectures sont elles aussi généralement en avance, ce qui n’est cette fois-ci pas le cas… j’ai fini le livre qu’abordera cet article il y a environ deux semaines, et pourtant cela faisait bien deux mois qu’il était en évidence sur l’une de mes étagères…

Je profite donc d’un dimanche particulièrement pluvieux et venteux, qui incite bien plus à la paresse qu’au mouvement, pour rattraper mon retard et sortir cet article, comme prévu, le vendredi suivant.

Revoir des films, retourner au cinéma

Avec ce compte-rendu du mois d’octobre, et avec l’annonce de plusieurs sorties en salle qui sont des plus alléchantes – Dune, le dernier James Bond malgré Léa Seydoux, Matrix IV – j’ai retrouvé l’envie d’aller au cinéma et de voir de nouveaux films.

En effet, si l’on fait exception du premier volet de Kaamelott, qui était vraiment un impératif pour moi, je n’étais pas retournée au cinéma depuis la sortie du Joker avec Joaquin Phoenix.

Comme beaucoup, je me suis réfugiée durant toute cette période dans le visionnage en streaming ou dans le revisionnage de ce que j’avais sur mes étagères… avec, je l’ai dit, au mois de septembre, une bonne rétrospective de Claude Sautet et de Jean-Paul Belmondo.

Généralement mes lectures cinéphiles me donnent envie, quand le livre gagne son pari, de voir ou de revoir des films, d’enrichir ma culture cinématographique, d’approfondir un univers.

Le plaisir de la découverte

Ma bibliothèque étant bien garnie, il m’arrive souvent d’être en panne d’inspiration dans mes choix de lecture.

Je vais donc de plus en plus me tourner vers ce que je n’ai pas déjà, même s’il peut y avoir des coups de coeur et des exceptions – un énième livre sur Truffaut, Hitchcock ou Chaplin trouvera toujours sa place sur l’étagère.

Mais ces derniers temps, ce que j’ai recherché, ce sont les ouvrages qui me décodent les univers de réalisateurs plus récents, et que j’ai découverts plus tardivement, raison pour laquelle j’ai autant apprécié le livre de Philippe Lombard sur Quentin Tarantino.

C’est aussi pour cela que je considérerai avec davantage de curiosité un livre sur Wes Anderson, sur les sœurs Wachowski,  sur David Fincher ou sur Christopher Nolan.

En ce qui concerne les trois derniers univers mentionnés, ils ne font pas partie à l’origine de ce que j’avais l’habitude de regarder. Ces dernières années m’ont permis d’élargir mes horizons cinématographiques et de découvrir des œuvres vers lesquelles je ne serais pas allée naturellement…

Palmarès des nouveaux horizons

Dans ces découvertes je retiens principalement :

  1. l’univers des sœurs Wachowski cité précédemment (de Matrix à Sense 8 en passant par Cloud Atlas)
  2. les films de survie spatiale (je range dedans Gravity, Seul sur Mars et Interstellar)
  3. Seven sisters, que j’avais adoré, avec un gros coup de coeur pour Noomi Rapace
  4. La Forme de l’eau de Guillermo Del Toro
  5. les films de Christopher Nolan, du coup Interstellar apparaît à deux endroits…

Il y a évidemment bien d’autres films que j’ai vus ces dernières années (et je ne compte pas les séries), mais je ne garde ici que ceux qui m’ont véritablement sortie de ma zone de confort et qui ont constitué pour moi des claques aussi bien narratives que visuelles.

J’ai vu et revu Matrix, j’ai été bluffée par la beauté foisonnante de Sense 8. Pour les films spatiaux, qui ont parfois tendance à m’ennuyer, c’est le visuel et l’humour que je retiens avec Seul sur Mars, même si Interstellar joue dans plusieurs catégories (comme Jessica Chastain d’ailleurs)…

Seven sisters m’a subjuguée pour son jeu sur les différentes identités, La Forme de l’eau pour la beauté fascinante de son histoire. Quant à Nolan, il se suffit à lui-même.

Et comme d’habitude, quand quelque chose m’interpelle ou m’intrigue, j’aime me le rappeler ou qu’on me l’explique.

Décrypter Christopher Nolan

Qu’on me l’explique ou que du moins on tente de me l’expliquer, que je parvienne à en saisir certaines aspérités.

C’est ce que s’attache à faire l’auteur du petit ouvrage que je vais brièvement évoquer maintenant, Timothée Gérardin.

Son Christopher Nolan : La possibilité d’un monde a été publié une première fois en 2018 et est ressorti en avril dernier, pour inclure Tenet à son corpus.

Je n’ai pas encore vu tous les films de Nolan, et même si je les avais tous vus, ce n’est pas un premier visionnage de ceux qui me manquent qui me permettrait de les appréhender correctement.

J’ai cependant vu une bonne dizaine de fois (si ce n’est plus) les autres, à savoir : la trilogie  The Dark Knight, Inception et Interstellar.

À l’heure où j’écris cet article, Tenet est toujours sur mon étagère, à attendre patiemment que je me décide à le regarder…

J’ai donc ouvert l’ouvrage de Timothée Gérardin avec beaucoup de curiosité et un peu d’appréhension, mais j’ai vite été embarquée dans ce labyrinthe captivant que constitue l’univers de Nolan, et c’est une phrase au milieu des autres qui a fini d’emporter mon adhésion :

On retrouve ici le plaisir double des films de Nolan, qu’on voit une première fois pour les croire, et une seconde fois pour les comprendre.

À en juger par le nombre d’articles et de théories publiés à la sortie d’Inception, puis à celle d’Interstellar, ce dont se souvient comme moi l’auteur du livre, la seconde fois ne suffira jamais…

Et c’est tant mieux !

Sauf pour Tenet qui fait partie de ma période creuse au cinéma, quand je sais qu’un film est de Nolan, cela est suffisant pour me décider à le voir (comme avant lorsqu’il s’agissait de Ridley Scott, mais il y a eu trop de loupés et c’est un autre débat).

Nolan me procure ce sentiment d’évasion et cette envie compulsive de comprendre son univers, tout en me poussant à aller plus loin.

Je n’ai compris les trois temporalités de Dunkerque qu’au milieu du film et c’est ce qui a fini de me convaincre que j’avais affaire à un génie.

L’ouvrage de Timothée Gérardin me conforte dans cette idée parfaitement impartiale…, d’une manière concise et efficace :

  • un prologue présentant le parcours de Nolan
  • 3 parties sur les différents aspects de son cinéma : « Le labyrinthe des subjectivités », « Le maître des illusions », « Humains après tout »
  • un épilogue ouvrant sur les expérimentations à venir

Cet épilogue présente Nolan comme à contre-courant de cinéastes que j’ai cités précédemment, comme Fincher ou les Wachowski, et surtout « à contre-courant des blockbusters récents ».

Il est certain que si je regardais avant avec plaisir les anciens X-Men, les « fabriques du héros » qu’ont été les premiers volets des Captain America ou de Iron Man, les facéties parodiques d’un Deadpool, les aventures de Spiderman version Andrew Garfield, les tribulations bien rythmées des Gardiens de la galaxie, c’est maintenant avec lassitude que je vois sortir chaque poussée tentaculaire de l’univers Marvel…

… et si je continue à leur trouver un petit plaisir régressif ou à savourer le fait de déconnecter mon cerveau en les regardant, ils ne me stimuleront et n’aiguiseront ma curiosité jamais autant que le prochain Christopher Nolan.

Je profiterai des prochaines vacances pour voir enfin Tenet, et lire le livre qui fera l’objet du prochain compte-rendu de lecture.

D’ici là, je vous dis à très bientôt sur Cinephiledoc !