Afin de se réchauffer sous un plaid en buvant du thé, et afin de poursuivre un itinéraire dans nos imaginaires cinéphiles déjà amorcé avec Harry Potter, je vous propose pour le dernier article de cette année 2022 avant le traditionnel palmarès, un petit voyage dans l’univers des studios Ghibli.
D’ailleurs, je ne l’ai pas fait exprès, mais je publie cet article quelques jours à peine après l’ouverture du parc Ghibli au Japon !
Il me semble avoir déjà abordé cet univers, à travers des publications proposées par les éditions Ynnis, une maison d’édition qui s’est spécialisé dans les hommages (c’est même le titre d’une de leurs collections) visuels aux dessins animés en général et aux studios Ghibli en particulier.
J’avais lu ce petit ouvrage ci-dessus, qui figure toujours dans ma bibliothèque, et qui constituait véritablement ce que peut être un hommage à Ghibli : riche en images et en couleurs.
L’idée de cet article m’est venue de deux impressions qui me viennent à chaque nouveau visionnage d’un film de Miyazaki :
- être émerveillée par les visuels
- avoir faim à chaque scène qui présente de la nourriture
et c’est la lecture de deux ouvrages qui n’a fait que conforter ces impressions.
Petits bonheurs à voir
Ma collection de films comporte une étagère entière de films d’animation, qui déborde même sur une deuxième.
On y retrouve les Disney jusqu’à La Reine des neiges, avec quelques exceptions notables (Rebelle, Raiponce, La Princesse et la grenouille, ainsi que les suites que généralement je n’ai pas envie de voir, comme la suite du Roi Lion, les volets suivants d’Aladdin…)
Figurent des adaptations d’Astérix, quelques séries animées comme Il était une fois les découvreurs, des films des studios Pixar, des réalisations de Don Bluth que je regardais enfant (Fievel, Brisby, Le Petit dinosaure…), des productions françaises comme Le Roi et l’oiseau et Gandahar. Et une quinzaine de films des studios Ghibli, de Miyazaki mais pas seulement.
Parmi ces derniers, ceux que je revois le plus régulièrement sont Mon voisin Totoro, Porco Rosso, Le Voyage de Chihiro, et mon préféré de loin : Le Château ambulant.
Ce n’est pourtant pas à celui-ci que se consacre l’ouvrage qui m’a intéressée, à nouveau une publication des éditions Ynnis.
Il s’agit de Voyage avec Chihiro, de Marta Garcia Villar, publié en version originale en 2017, et en 2022 pour sa traduction française dans la présente édition.
Que soit écrit sur la couverture du livre au dessus du titre « Ma petite bibliothèque Ghibli » laisse espérer que de prochaines publications seront consacrées aux autres films des studios – vous avez compris que je guette celle sur Le Château ambulant.
Cependant l’ouvrage est en lui-même une petite bibliothèque, une petite encyclopédie à lui tout seul, puisqu’il s’attache à faire le tour, à dresser un panorama complet, visuel et particulièrement érudit, du Voyage de Chihiro.
La passion de l’auteure pour le film est en effet particulièrement palpable.
Au sommaire, et de manière non exhaustive, on retrouve :
- une présentation de l’équipe (quasi) complète aux commandes du film,
- le contexte de création du film avec un rappel des événements mondiaux contemporain de sa sortie, et toute l’épopée de sa création, depuis la situation des studios en 2001 jusqu’à la post-production,
- une présentation des différents personnages du film,
- un panorama des aspects culturels avec les thématiques présentes, ainsi qu’un chapitre entier sur le folklore japonais,
- une analyse des aspects techniques : animation numérique, décors, son, musique, influences esthétiques et littéraires (entre autres),
- des clefs de lecture pour comprendre Le Voyage de Chihiro,
- les échos de Chihiro dans les autres films des studios Ghibli (et réciproquement),
- des entretiens et des témoignages,
- un aperçu du merchandising et des objets promotionnels vendus ou distribués à la sortie du film
Le tout est très riche, très dense, abondamment illustré, comme peut l’être une table bien garnie dans un film des studios.
Cela m’a rappelé la façon très généreuse dont les studios mettent à disposition de manière totalement gratuite les images issues de leur film…
La chose avait été soulignée et évoquée lorsqu’ils en avaient pris l’initiative en 2020, ce qui permet de retrouver les images qu’on a vues et revues de ces films, et de pouvoir illustrer un tel article comme il se doit !
L’ouvrage de Marta Garcia Villar me l’a rappelé indirectement, et m’a irrémédiablement donné envie de revoir Le Voyage de Chihiro (ainsi que plusieurs autres films des studios et en particulier de Miyazaki)… mais elle m’a aussi rappelé l’autre élément auquel je ne résistais jamais dans ces films : la nourriture.
Petits bonheurs à déguster
Cette question est souvent abordée par les amateurs des studios Ghibli, il n’y a qu’à voir le nombre de vidéos sur YouTube se demandant pourquoi la nourriture a l’air aussi appétissante et comment reproduire les plats qui y sont préparés.
Là encore, je ne résiste pas à montrer le plus alléchant, non seulement dans Le Voyage de Chihiro :
et ce n’est pas étonnant que les parents de Chihiro cèdent à la tentation, je n’aurais moi-même pas pu y résister…
mais aussi dans Le Château ambulant :
où des oeufs au bacon m’ont rarement autant mise en appétit, ce que le personnage de Marco rend bien communicatif :
Il n’y a qu’à voir la façon dont le lard brille, dont les oeufs reluisent, dont le jaune coule dans l’assiette, pour en avoir directement l’eau à la bouche.
Pour tenter de reproduire ces univers culinaires quasiment à la perfection, il n’y a pas mieux que Gastronogeek.
Les différents ouvrages de Thibaud Villanova commencent à faire une sacrément belle collection, lorsqu’on commence à les accumuler, et cela même si l’on n’est pas un virtuose de la cuisine. Je reproduis ici telle quelle sa bibliographie sur Wikipédia, en ne notant que les ouvrages qui figurent dans ma bibliothèque :
- Gastronogeek, de Thibaud Villanova, Paris, Hachette Cuisine, .
- Gastronogeek – Le Livre des potions, de Thibaud Villanova et Stéphanie Simbo, Paris, Hachette Heroes, .
- Gastronogeek – 37 recettes inspirées des séries cultes, de Thibaud Villanova et Mathilde Bourge, Paris, Hachette Heroes, .
- Les banquets d’Astérix, de Thibaud Villanova et Nicolas Lobbestael, Paris, Hachette Heroes, .
- Gastronogeek spécial dessins animés, de Thibaud Villanova, Paris, Hachette Heroes, .
- Gastronogeek recettes végétariennes, de Thibaud Villanova, Paris, Hachette Heroes, .
- La cuisine dans Ghibli, de Thibaud Villanova et Nicolas Lobbestaël, Paris, Hachette Heroes, .
Je n’achète pas tout systématiquement, en revanche l’un de ceux qui manque à ma mini-collection et que je me garde éventuellement comme craquage à venir est l’ouvrage co-écrit avec Benjamin Brillaud, alias Nota Bene : Cuisiner l’Histoire, de Thibaud Villanova et Benjamin Brillaud, Paris, Hachette Heroes, .
J’ai beau ne pas cuisiner régulièrement – ou plus exactement ne pas me lancer chaque jour un nouveau défi culinaire à réaliser – c’est à Thibaud Villanova que je dois ma recette préférée de donburi, une recette d’okonomiyaki et surtout un émerveillement régulier devant les vidéos de recettes qu’il poste sur YouTube ainsi que devant certaines pages de ses livres.
Son ouvrage La Cuisine dans Ghibli publié en juin 2022 ne fait pas exception.
Comme d’habitude avec les livres de Thibaud Villanova, globalement et visuellement, ça en jette. Si les films de Ghibli donnent faim, les livres de recettes filent carrément la fringale du siècle.
Si je fais un petit parallèle entre une scène de film (celle des parents en train de se baffrer dans Chihiro) :
ce qui déjà est assez insoutenable, voilà ce que cela donne dans le livre :
Une merveille !
Et encore, ma fameuse scène avec les oeufs au plat du Château ambulant m’apparait du coup sous cette forme :
et suscite immédiatement chez moi l’envie d’aller mettre une poêle sur ma plaque à induction.
Après la présentation des recettes toutes plus alléchantes les unes que les autres, vient une partie consacrée aux astuces pour la préparation des légumes, des nouilles.
On retrouve aussi, pour notre immersion dans la culture japonaise, un glossaire des termes culinaires, des recettes de bouillons, des astuces pour la cuisson du riz (ce qui me rappelle que je ne suis jamais parvenue à faire un riz à sushi satisfaisant, ce qui reste une vraie frustration pour moi), des conseils en terme d’assaisonnement.
Le livre refermé, comme tous les livres de la collection Gastronogeek, on se retrouve comme l’âne de Buridan qui hésite entre voir des films de Miyazaki ou cuisiner des recettes Ghibli, ou alors l’inverse, ou peut-être les deux à la suite, ou peut-être les deux simultanément.
En tout cas, c’est sûr, la prochaine fois que je regarde le Château ambulant, c’est en mangeant des oeufs au bacon.
D’ici là, je vous souhaite de bonnes dégustations, visuelles et culinaires, et vous dis à très bientôt sur Cinephiledoc !
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