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Étiquette : Harry Potter

Été anglais

Contrairement à mon habitude depuis plusieurs années, je n’ai pas fait de hors-séries estivaux cet été.

Ce n’est pourtant pas les idées qui me manquaient, j’en avais quelques-unes en tête, et je me disais que je trouverais bien à un moment donné, à la faveur d’une journée pluvieuse, la motivation pour me remettre à écrire.

Nous sommes bien un samedi pluvieux au moment où j’écris ces lignes, mais ce sont les premières lignes de mon article cinéphile de septembre, au moment où j’essaye tout doucement de remettre le cerveau en marche, après plusieurs semaines de déconnexion salutaire.

Histoire de prolonger un peu mon été, et non pour correspondre à la météo (puisque c’est tout autant un cliché de dire qu’il ne fait pas beau en Angleterre que de dire qu’il ne fait pas beau en Bretagne), je vous propose un petit itinéraire anglais dans cet article, tout en digressions et en étapes, ponctué de lectures et de films.

J’en profiterai pour l’illustrer avec quelques photos prises cet été, qui pourront peut-être plaire tout autant aux amateurs de littérature, de cinéma, qu’aux profs docs.

L’élégance à l’anglaise : Alan Rickman

Pour entamer mes lectures cinéphiles et plaisirs de l’été, je me suis plongée dans ce que je considérais comme un pavé : le Journal d’Alan Rickman, publié en janvier 2024 aux éditions Hachette Heroes dans sa traduction française et préfacé par Emma Thompson.

Cette publication en français m’a interpellée : quel acteur étranger – ou à la carrière internationale – est suffisamment populaire pour qu’une maison d’édition décide de proposer une traduction française de ses journaux intimes ?

En revenant à cette question, trois icônes me viennent en tête : Marilyn Monroe et ses Fragments, Romy Schneider et son Journal d’une vie (mais est-il encore disponible ?) et Carrie Fisher et son Journal d’une princesse.

Il n’est pas toujours fréquent de voir publiées des autobiographies ou des biographies de stars internationales. Alors comment expliquer le choix des éditions Hachette Heroes, sinon en s’attardant sur les mots de la quatrième de couverture : Love Actually, Piège de cristal, et évidemment Harry Potter.

Lorsque j’avais été stoppée net dans ma déambulation dans les rayons de ma librairie à la vue de ce livre, j’ai immédiatement ressenti un mélange de joie et d’impatience. Oui, c’était justice de trouver un livre sur Alan Rickman ou d’Alan Rickman. Et oui, il fallait que je le lise.

Pas seulement pour Harry Potter, pas seulement pour Piège de cristal, et pas seulement pour Love Actually. Mais aussi pour Robin des bois : Prince des voleurs, pour Galaxy Quest, pour Dogma, pour Le Parfum, pour Raison et sentiments, pour Sweeney Todd, pour Alice au pays des merveilles

Et aussi pour la façon hypnotique dont Alan Rickman lit les sonnets de Shakespeare, pour sa voix, et enfin pour tout ce que je ne connaissais pas de lui, tout ce que je n’avais fait que lire et apercevoir de loin, sa carrière au théâtre, son élégance et son érudition. Parce qu’Alan Rickman reste l’un de mes acteurs préférés.

Ce qui m’a ensuite interpelée, c’est très prosaïquement la taille de l’ouvrage. J’ai été impressionnée par la constance et la discipline avec laquelle Alan Rickman a tenu ses journaux et du coup, par le volume qu’ils constituent. Je me suis donnée l’été pour lire cet ouvrage, convaincue que j’y passerai une bonne partie de mon temps.

J’ai lu ce livre en moins d’une semaine.

J’ai eu l’impression d’y retrouver la voix d’Alan Rickman, cette voix dont il dit :

J’ai l’impression de n’avoir jamais utilisé ma voix naturelle, que ce son que je produis, que les gens imitent et qui me déprime constamment, n’a rien à voir avec moi.

C’est cela qui rend son écriture aussi touchante, non seulement cette vague tristesse, mais cette simplicité, cette humilité, sa délicatesse, son humour, cette exigence vis-à-vis de lui-même mais aussi des autres, et surtout sa capacité à s’émerveiller.

Célébrissime pour son rôle dans Harry Potter, Alan Rickman persiste à s’enchanter de déguster tel ou tel plat, de participer à une soirée où il croisera untel et untel, à être sollicité pour les discours d’obsèques de ses amis, à rapporter le coup de fil de JK Rowling qui lui indique comment jouer Severus Rogue dès le premier Harry Potter, ou à relater certains traits de caractère de ses comparses et certaines anecdotes de tournage.

J’ai dévoré ce livre sans forcément prendre en notes le moindre élément mais j’ai relevé quelques pages et cette citation :

J’aimerais que ces bars lounge ne soient pas si entièrement dédiés aux ennuyeux & ennuyés. Il pourrait y avoir une porte marquée « Réservé aux Excentriques et Zinzins. »

Mon seul regret, c’est de n’avoir qu’un maigre aperçu, avec le cahier central, de ce que pouvait donner le texte manuscrit, Alan Rickman étant également un fabuleux dessinateur (je reproduis ici les images mises à disposition sur le site des éditions Hachette) :

Chronologiquement, les dernières pages sont douloureuses à lire, puisqu’on assiste à sa maladie, et elles sont suivies de pages très touchantes sous la plume de son épouse Rima Horton, puis d’extraits de journaux de jeunesse.

Cette lecture m’a évidemment donné envie de revoir une bonne partie de la filmographie d’Alan Rickman. J’ai revu Love Actually et Raison et sentiments, et avant mon séjour anglais, j’étais prête à revoir l’intégralité de la saga Harry Potter.

Quand je vais en Angleterre, Harry Potter n’est jamais loin de mon esprit. Bien-sûr, j’ai appris depuis plusieurs années à dissocier l’autrice et son oeuvre.

Je serais bien incapable de retirer les livres et les films de mes bibliothèques, et je garde chez moi quelques éléments de décoration qui appartiennent à cet univers. Je ne les regarde jamais sans une pointe de tristesse et de déception, mais je ne suis pas prête à renoncer à une partie de mon enfance parce que cette femme que j’ai un temps admirée a désormais les mêmes discours qu’Elon Musk…

Itinéraire anglais, entre littérature et cinéma

À l’image de la traduction française du premier volume de la Saga des Cazalet, d’Elizabeth Jane Howard, je pourrais mettre au pluriel l’été du titre de cet article. Je vous recommande d’ailleurs cette superbe saga en cinq volumes, se déroulant juste avant la seconde guerre mondiale pour le premier d’entre eux.

C’est la deuxième fois en trois ans que je choisis l’Angleterre comme destination estivale.

En 2022, j’avais passé quelques jours à Londres au mois d’août et j’étais justement allée voir une exposition consacrée aux décors et aux accessoires de l’univers Harry Potter. Cette année, j’ai juste aperçu de loin l’entrée surpeuplée de la boutique de la voie 9 3/4 à la gare de King’s Cross.

  • Lectures en anglais, aller et retour

Dans mes bagages, j’avais pris la bonne résolution de n’emmener que des livres en anglais sur ma liseuse.

Outre quelques livres de Philippa Gregory (que je n’ai pas encore lu et qui risque de donner un peu de fil à retordre à l’amatrice de l’histoire anglaise que je suis) j’ai emmené avec moi le conseil de lecture d’une collègue d’anglais, The Rain before it falls, de Jonathan Coe, et un ouvrage que j’avais aperçu au CDI avant de partir en vacances : The Paris Bookseller, de Kerri Maher.

Le premier est un roman retraçant l’histoire de la vie d’une femme à travers une succession de photographies, le second raconte l’histoire de la fondatrice de la librairie Shakespeare and Company à Paris.

Leurs thématiques et la finesse de leur écriture m’ont quelque peu fait oublier mes désillusions quant à une certaine JK mentionnée plus haut, ce qui a été parachevé à la fin de mon séjour par la visite de la British Library, j’y reviendrai plus bas…

  • Les terres d’Agatha Christie

De Torquay à Greenway, j’ai savouré pendant quinze jours d’être immergée dans l’univers d’Agatha Christie.

À Torquay, sa ville natale, j’ai pu apercevoir quelques lieux de tournage de certains épisodes d’Hercule Poirot, et j’ai aussi visité le musée de Torquay, qui consacre une salle entière à la romancière et à ses détectives. On y voit notamment l’un des costumes d’Hercule Poirot et la reconstitution des décors de son bureau.

À la gare de Kingswear, en face de Dartmouth, part un train à vapeur qui relie Kingswear à Paignton.

Sur le quai on peut voir une affiche où figure Hercule Poirot.

Mais le lieu principalement dédié à Agatha Christie au coeur du Devon, c’est évidemment sa maison, Greenway, que j’ai eu la chance de visiter.

Greenway est accessible via le train (mais c’est compliqué) et via le ferry (mais c’est compliqué aussi). Le plus simple est de s’y rendre en voiture, et d’y passer une demi-journée, voire la journée entière.

La maison donne sur la rivière Dart, avec une vue magnifique. Le jardin est fabuleux. On peut aussi visiter la Boathouse en contrebas, qui sert de décor à l’une des enquêtes d’Hercule Poirot (Dead mans folly – Poirot joue le jeu). Et la bibliothèque vaut clairement le détour aussi, avec ses fresques aux murs.

  • Détour à la British Library

De retour à Londres, il me restait une matinée entière, un dimanche, à quelques pas de Saint Pancras, avant de reprendre l’Eurostar.

Je n’étais jamais allée à la British Library, que j’imaginais moins accessible, et surtout fermée le dimanche. J’ai donc profité de cette dernière matinée pour y déambuler.

Le lieu en lui-même est des plus impressionnants, mais le visiteur peut aussi découvrir les « trésors » de la bibliothèque : la Magna Carta, des textes religieux d’une belle diversité, des manuscrits qui vont d’Oscar Wilde aux Monty Python en passant par Mozart et les Beatles, et des éditions originales des pièces de Shakespeare.

Début août, au moment où j’y étais, il y avait enfin dans cette salle une petite sélection correspondant à l’exposition suivante : « Queer lives in Literature », rappelant les différentes occurrences des questionnements LGBTQ+ dans la littérature au fil des siècles.

Le lieu est magnifique et j’espère y retourner à une autre occasion – et un autre jour de la semaine – pour en découvrir les autres étages et espaces.

D’ici là, je vous souhaite à toutes et tous bon courage pour la reprise et pour ce mois de septembre, et vous donne rendez-vous très bientôt pour un nouvel article sur Cinéphiledoc !

2022 : Palmarès de lecture

Le voici comme chaque année, fidèle au rendez-vous, le palmarès des lectures cinéphiles de 2022.

Dans ce palmarès de l’année, je retrouve des visages familiers que je continuerai à fréquenter en 2023, puisqu’ils s’invitent régulièrement dans ma boîte aux lettres – ici clin d’oeil appuyé à un hyperactif du livre cinéphile – ou que bim bam boum quelqu’un décide de publier un ouvrage sur Truffaut qui ne figure pas encore dans ma bibliothèque.

Mais ne nous précipitons pas !

Présentation du palmarès

Comme chaque année depuis 2013, je finis le mois de décembre ou commence le mois de janvier par un palmarès de lecture de l’année passée.

Je vous glisse ici les liens des éditions précédentes :

Comme chaque année lorsque j’ajoute cette succession de liens, je m’agace de voir le lien de l’année précédente figurer juste après les deux points… mais je sais que, comme d’habitude, je n’y changerai rien !

Pour 2022, mes lectures ont commencé relativement tôt, à la faveur de l’été et j’ai réussi à terminer ces lectures et la rédaction des articles au mois de septembre.

Cependant, contrairement à l’année dernière, je n’avais pas fini ces lectures en avance : j’ai terminé ma dernière lecture cinéphile fin octobre pour un article que je comptais publier début novembre.

Ce sont ces lectures cinéphiles qui ont primé sur toute mon activité de lecture cette année, puisque, par rapport à 2021, mon rythme de lecture s’est encore ralenti : je suis ainsi passée en 2020 de 6 à 12 livres par mois, à 3 à 6 livres en 2021 pour une année 2022 où, quand j’arrivais à lire un livre dans le mois, c’était généralement celui auquel je souhaitais consacrer un article.

Le bilan est assez catastrophique, avec une embellie estivale cependant. Janvier : deux lectures, février : deux lectures, mars : zéro, avril : trois lectures, mai : une lecture, juin : zéro,  juillet : une lecture, août : six lectures ! septembre : une lecture, octobre : une lecture… allez je ferai mieux l’an prochain !

Concernant mes lectures cinéphiles, en voici un petit bilan :

  • Être Cary Grant, Martine Reid (lu en 2021)
  • Alice Guy, Catel & Bocquet (lu en février 2022)
  • Ridley Scott : rétrospective, Ian Nathan (lu en avril 2022)
  • Ça s’est tourné près de chez vous, Philippe Lombard (lu en avril 2022)
  • La Leçon de cinéma, François Truffaut (lu en mai 2022)
  • Numéro deux, David Foenkinos (lu en août 2022)
  • Voyage avec Chihiro, Marta Garcia Villar (lu en septembre 2022)

La pause estivale était cette année la bienvenue, elle m’a permis de prendre un peu d’avance sur la fin de l’année, et de reprendre les bonnes habitudes qui consistent à profiter des vacances de la Toussaint et des journées courtes de novembre et décembre pour avancer mes lectures et écrire mes prochains articles.

Palmarès 2022

Chaque année, j’essaye de regrouper ces quelques lectures en catégories plus ou moins signifiantes. Comme l’an dernier, trois catégories peuvent se distinguer : réalisateurs / réalisatrices, acteurs… et un inclassable qui commence à être habitué à être inclassable.

Réalisateurs / réalisatrice

Et pour le coup je laisse la réalisatrice singulière au singulier.

Dans cette catégorie, je regroupe :

  • Alice Guy, Catel & Bocquet, éditions Casterman, septembre 2021
  • Ridley Scott : rétrospective, Ian Nathan, éditions Gründ, octobre 2021
  • La Leçon de cinéma, François Truffaut, éditions Denoël, novembre 2021
  • Voyage avec Chihiro, Marta Garcia Villar, Ynnis éditions, avril 2022

Vous vous attendiez peut-être à ce qu’une nouvelle fois, je choisisse l’ouvrage consacré au cinéma de François Truffaut, qui effectivement, a tenu toutes ses promesses pour moi en matière à la fois de qualité, de satisfaction intellectuelle et cinéphile, et d’émotions.

Mais j’ai été bluffée à ma lecture de cette biographie d’Alice Guy, autant parce qu’elle me permettait de découvrir la figure d’une pionnière du cinéma à travers la bande-dessinée que parce qu’il s’agissait d’un travail de documentation sur le sujet d’une érudition complète.

Acteurs

Cette catégorie est un peu plus artificielle, j’y regroupe :

  • Être Cary Grant, Martine Reid, éditions Gallimard, mai 2021
  • Numéro Deux, David Foenkinos, éditions Gallimard, janvier 2022

Outre le fait d’être consacrées tous les deux à l’expérience de l’acteur, qu’elle soit considérée comme réussie ou comme manquée, ces livres sont aussi tous les deux des romans – ou des biographies plus ou moins romancées – qui font la part belle à la quête de l’identité.

Si je retiens Numéro deux, dont la lecture est plus récente, c’est justement parce qu’il s’intéresse à un rendez-vous manqué, dont l’exploration m’a réellement marquée, parce que j’ai eu le sentiment d’en être complice.

La trajectoire de Martin Hill, le garçon auquel on a préféré Daniel Radcliffe pour jouer Harry Potter dans la saga des huit films du même nom, c’est avec virtuosité que David Foenkinos la déroule sous nos yeux.

Et que l’on soit partie prenante ou seulement spectateur de la Pottermania, cette quête identitaire ne peut pas laisser indifférent.

L’inclassable

Pour cette dernière catégorie, il l’aura compris avant d’arriver à cette phrase si jamais il avait commencé à lire cet article, puisqu’il se fraye régulièrement un chemin à la fois dans mes lectures et dans ce palmarès annuel.

Il s’agit de Ça s’est tourné près de chez vous ! Une histoire des faits divers du cinéma français, de Philippe Lombard, publié aux éditions La Tengo en novembre 2021.

Cette lecture m’a permis de rédiger un article qui me faisait aussi bien évoquer Hitchcock, Clouzot, Pascal Thomas, Le Prénom, François Ozon, Hercule Poirot, Arabesque et Columbo, Garde à vue, le théâtre de Jean Genet, Les Enfants du paradis et Chaplin.

Plus j’avance dans mes lectures et plus ma cinéphilie se construit, plus j’ai cette impression d’être envahie d’images et de les susciter, de les convoquer, aussi bien dans mes autres lectures et lorsque je vois de nouveaux films, que dans mes rencontres, où derrière une personne, j’aperçois un poème, une chanson, un personnage de cinéma et une citation littéraire ou cinématographique.

C’est aussi ce que je recherche lorsque je lis un ouvrage sur le cinéma : ce pouvoir évocateur des images, ce feu d’artifices d’échos et de résonances entre les oeuvres mais également en moi. Et c’est ce qu’a admirablement réussi Philippe Lombard dans son histoire des faits divers.

Je l’annonce donc d’ores et déjà, les petits derniers de Philippe Lombard feront l’objet de l’un des premiers articles de 2023, d’une part parce que j’en ai reçu deux dans ma boite aux lettres et que j’ai dévorés cet automne, d’autre part parce que… vous verrez bien !

Bilan et projets

Voilà pour ce palmarès et ces lectures cinéphiles de 2022, qui ont tout de même été assez variées.

En 2022, j’ai également proposé cet été deux hors-série, notamment sur des objets en lien avec le cinéma, si jamais vous voulez offrir un cadeau de Noël à un cinéphile, vous y trouverez peut-être quelques idées !

Concernant mes lectures de 2023, ma liste est déjà assez conséquente, d’autant plus que j’ai pris du retard sur mes autres lectures, et plus que jamais je fais mienne cette phrase que l’on entend en anglais « So many books, so little time »

Comme je l’ai indiqué plus haut, il y aura déjà deux Lombard dans la liste, mais aussi l’ouvrage d’une YouTubeuse que j’ai découvert cette année, et certainement encore un livre consacré à Truffaut.

Vous retrouverez aussi, comme l’an passé, quelques escapades pour découvrir les expositions de la cinémathèque ou d’autres lieux appréciés des cinéphiles.

D’ici là, je vous souhaite à nouveau de très belles fêtes de fin d’année, et je vous mitonne pour très prochainement le dernier article #profdoc de 2022.

À très bientôt sur #Cinephiledoc !

Sur les traces de Harry Potter

Pour cet article #lecture du mois d’octobre, je reviens sur quelques promenades littéraires et cinéphiles que j’ai faites durant cet été.

En effet, le livre dont je vais vous parler dans quelques instants a été le très heureux préambule d’une de mes escapades estivales, et je l’ai dévoré en une poignée d’heures.

Cela faisait un moment qu’on me le recommandait, et j’ai attendu la fin de l’année (scolaire) pour me décider à arrêter de passer devant dans les librairies sans l’acheter. Je ne l’ai absolument pas regretté.

Relations personnelles à une saga

J’avais 11 ans quand le premier tome de Harry Potter a été publié dans sa langue originelle.

Donc, si l’on se plonge directement dans l’histoire du sorcier le plus connu au monde, je pourrais affirmer de manière très péremptoire que Harry Potter et moi avons le même âge et avons grandi ensemble – évidemment comme l’ensemble d’une génération.

Nous n’avons pas grandi ensemble, nous avons (au début) grandi côte à côte. La Chambre des secrets a été publiée en 1998, Le Prisonnier d’Azkaban en 1999, et La Coupe de feu en 2000.

Quant aux traductions françaises, si l’on reprend du début, cela donne : 1998 pour le premier, 1999 pour le deuxième, 1999 pour le troisième et 2000 pour le quatrième. Le léger décalage a vite été rattrapé par la suite compte tenu du succès de la saga. Les trois derniers tomes sont sortis respectivement en 2003, 2005 et 2007.

Concernant les adaptations cinématographiques, j’énumère rapidement les 8 années concernées : 2001, 2002, 2004, 2005, 2007, 2009, 2010 et 2011.

Harry Potter et moi avons donc au début grandi côte à côte. Lorsque le premier tome est traduit en français, je n’y prête pas attention. Pas plus pour les trois suivants.

C’est en 2001 que je découvre Harry Potter, non pas avec l’adaptation au cinéma mais à la faveur d’un petit séjour à l’hôpital, durant lequel on m’offre le premier tome pour occuper mes journées. Évidemment, je réclame directement la suite. Et c’est ainsi que je plonge tête baissée dans l’univers de J.K. Rowling.

Nous ferons alors ensemble la suite du parcours : en 2003, je guette la traduction française du cinquième tome (qui restera mon préféré), puis en 2006 celle du sixième tome. En 2007, je ne peux pas supporter d’attendre 4 mois pour découvrir le septième tome dans sa traduction, je le lis directement en anglais.

Je guette les adaptations cinématographiques, je rajoute à ma bibliothèque les ouvrages qui accompagnent la saga… et j’ai un bon nombre de produits dérivés qui meublent mon quotidien (vous en trouverez quelques-uns ici), et qui vont du pins au porte-clefs en passant par la baguette d’Hermione.

Mon addiction, si elle ne s’embarrasse pas des polémiques qui ont depuis entouré J.K. Rowling et ses personnages, ne s’étend pas cependant à l’univers des Animaux fantastiques, dont je n’ai vu pour l’instant que les deux premiers volets, sans forcément ressentir le même attachement.

Bref, pour résumer, j’ai grandi finalement avec Harry Potter et j’aime son univers, qui demeure pour moi une sorte de « doudou » affectif.

Dans l’ombre de Harry Potter

J’en reviens donc à ce livre, devant lequel je suis passée et repassée plusieurs fois avant de me décider 1/ à l’acheter 2/ à le lire.

Il s’agit de Numéro deux, de David Foenkinos, publié chez Gallimard en février 2022. De Foenkinos, j’avais déjà lu Charlotte, La Tête de l’emploi et Le Mystère Henri Pick, dont j’avais adoré l’adaptation au cinéma avec Luchini et Camille Cottin.

Associant le nom de l’auteur et la quatrième de couverture, je me suis plongée dans ce roman, mêlant faits réels et éléments imaginés, avec beaucoup de curiosité.

C’est à cette quatrième de couverture que je laisse la parole ici :

« En 1999 débutait le casting pour trouver le jeune garçon qui allait interpréter Harry Potter et qui, par la même occasion, deviendrait mondialement célèbre.
Des centaines d’acteurs furent auditionnés. Finalement, il n’en resta plus que deux. Ce roman raconte l’histoire de celui qui n’a pas été choisi. »

Si l’on s’attarde sur le titre et la fin de ce petit résumé, cela revient à mettre en parallèle les deux destins : celui qui dans les romans (dans leur version originale) est appelé « the chosen one », ou l’élu, d’un côté, et de l’autre, cet ironiquement fameux « numéro deux » (the second one en anglais), « celui qui n’a pas été choisi ».

C’est ce parcours que David Foenkinos nous invite à suivre : celui du garçon qui a failli être Harry Potter, une histoire poignante, troublante, parfois pleine d’ironie et parfois glaçante.

À l’une des étapes du roman, il compare cette trajectoire à celle de Pete Best qui fut le premier batteur des Beatles avant d’être remplacé par Ringo Starr.

Pour ma part, le livre m’a surtout rappelé un film sorti en 2011 : Killing Bono :

À Dublin, Neil McCormick et son jeune frère Ivan montent le groupe de rock Shook Up, avec l’ambition de devenir le plus grand groupe de rock du monde. Au même moment, Paul Hewson, leur camarade de classe, chante dans son propre groupe qui vient lui aussi de se former. Neil, persuadé que le sien est bien meilleur, ne se doute pas encore que le groupe qui le concurrence va bientôt sortir de l’ombre sous le nom de U2, et que Paul Hewson deviendra une star planétaire sous celui de Bono.

Ce film évoquait, comme Numéro deux, toute la difficulté de se construire une identité quand on a constamment sous les yeux l’identité encombrante de ce qu’on aurait pu être.

La difficulté principale du héros, Martin Hill, elle tient aussi à la proportion démesurée que prend l’engouement des lecteurs et des spectateurs pour l’univers de Harry Potter : durant ces années où la sortie des livres et celle des films sont quasiment simultanées, le nom de Harry Potter est sur toutes les lèvres, et il est de plus en plus difficile d’y échapper, d’en être en quelque sorte déconnecté.

Ce phénomène se rapproche à mon sens de l’usage que l’on fait du numérique ou des réseaux sociaux : nous avons presque tous côtoyé dans notre entourage cette personne qui, se défendant d’avoir un smartphone, d’être inscrit sur tel ou tel réseau social, finit par sauter le pas sous l’influence d’autrui ou pour pouvoir effectuer des démarches de la vie courante.

Alors certes, on ne devient pas du jour au lendemain fan absolu de Harry Potter si (et ici j’opère un raccourci quelque peu facile) l’on n’est pas tombé dedans étant petit. Mais cet univers s’est frayé un tel chemin jusque dans nos vies quotidiennes que même une personne complètement étrangère sera amenée à l’avoir sous les yeux.

Harry Potter à Londres

C’est suite à cette lecture que je suis allée à Londres au mois d’août dernier.

Comme je connaissais déjà la ville, j’avais déjà pu voir certains lieux emblématiques de la saga :

  • évidemment la fameuse voie 9 ¾ à la gare de King’s Cross – désormais prise d’assaut et absolument inaccessible, avec le chariot de Harry Potter (juste à côté il y a la boutique officielle Harry Potter, où il faut jouer des coudes et se frayer un chemin pour savoir si oui ou non on se décidera à acheter un retourneur de temps, une écharpe Gryffondor ou un plateau d’échecs…)
  • le Millenium Bridge qui apparaît au début du 6e film, Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé, pour être détruit par les Mangemorts
  • Piccadilly Circus que l’on retrouve dans le 7e film, Les Reliques de la Mort (Partie 1), lorsque Harry, Ron et Hermione s’enfuient du mariage du frère de Ron suite à une attaque des Mangemorts. C’est à Piccadilly Circus que Hermione les fait réapparaître, plus précisément sur Shaftesbury Avenue et ses nombreux théâtres, où elle leur explique qu’elle allait souvent avec ses parents.

L’application Visit London (et sûrement énormément d’autres applications et sites internet) recense les activités et les lieux associés à Harry Potter lorsqu’on se rend à Londres. Voici celles que je garde éventuellement pour un prochain séjour :

  • les studios de la Warner Bros (auxquels il faut réserver une journée entière)
  • le zoo de Londres
  • des parcours thématiques organisés dans la ville
  • le spectacle « Harry Potter and the cursed child » au Palace Theatre (en deux parties de 2h30 chacune)…

Et voici celles que j’ai pu mener :

  • la visite du Leadenhall Market, ayant inspiré le chemin de Traverse, et dont vous avez un petit aperçu ci-dessous :

J’y suis allée un dimanche matin, l’endroit était désert, mais donnait malgré tout une idée de son charme et de son effervescence habituelle.

  • durant une de mes balades, je suis passée devant le Palace Theatre où se joue le spectacle mentionné plus haut

J’aurais pu réserver une place, mais j’avoue que la durée et le fait de devoir réserver forcément les deux parties le même jour (à 13h la première et à 18h la deuxième) m’a un peu freinée… je garde donc l’idée pour une prochaine fois.

Mais l’activité principale en lien avec l’univers de J.K. Rowling et à laquelle j’ai consacré du temps était :

  • The Harry Potter Photographic Exhibition au London Film Museum

Le London Film Museum est situé non loin de Leicester Square et de Covent Garden, c’est un musée qui organise des expositions temporaires (durant mon séjour sur Harry Potter, mais précédemment sur la saga James Bond).

On y accède en réservation un billet en ligne, et l’exposition est vraiment immersive, tout en se concentrant sur les tournages des films.

On y retrouve donc quelques éléments de décors, des photos de tournage, ainsi que des vidéos de témoignages (producteurs, acteurs, décorateurs…).

On peut se faire prendre en photo sur un balai devant un fond vert, voir la moto d’Hagrid, le registre de Gringotts, la robe de sorcier de Voldemort…

En fin de parcours, il y a évidemment un café où déguster de la biéraubeurre (mais je n’ai pas testé) et une boutique où l’on retrouvera les mêmes produits dérivés qu’à King’s Cross.

La visite dure environ 1h30 et vaut le détour pour les fans de la saga, et elle est une excellente invitation à revoir les films ou à relire les livres, preuve supplémentaire de l’impact de l’univers de Harry Potter dans notre imaginaire collectif.

C’est sur cet univers et sur cet imaginaire que je vous laisse, et vous dis à très bientôt pour un nouvel article – et un tout autre univers – sur Cinephiledoc !

Lectures de l'été 2016

Plutôt que de choisir un livre parmi d’autres pour cet article de rentrée, voici, comme le titre l’indique, une rapide rétrospective de mes lectures de l’été, achevées ou non.

Classiques du cinéma

Pour commencer, voici deux petits livres du même auteur, dans une collection très prometteuse, et tous deux publiés en mai 2016.

Il s’agit de Alien et Shining, de Roger Luckhurst, publiés chez Akileos pour l’édition française, dans la collection « BFI : les classiques du cinéma ». Le BFI, British Film Institute, chargé du développement et de la promotion du cinéma en Grande Bretagne, pourrait être considéré comme l’équivalent de notre CNC (Centre National de Cinématographie).

La collection revendique ainsi de présenter, interpréter et honorer « des films qui ont fait date dans l’histoire du cinéma mondial ».

Les deux ouvrages font moins de cent pages, sont une lecture des plus agréables, et relativement bien illustrés. Le premier est consacré au Alien de Ridley Scott, le second au Shining de Stanley Kubrick, deux références en matière de science-fiction pour l’un, et d’horreur pour l’autre.

L’auteur, professeur de littérature moderne, évoque les films depuis leur genèse jusqu’à la réaction personnelle qu’ils ont suscitée chez lui, en passant par l’accueil critique et public, ou encore son importance esthétique et l’innovation technique ou cinématographique que le film a représenté – et représente toujours.

Ainsi pour Alien, il revient notamment sur les rapports de ce film avec les autres œuvres de science-fiction, littéraires ou cinématographiques, qu’elles soient antérieures ou postérieures à sa sortie, l’élaboration de la créature, ou encore les suites, préquelles et franchises annexes du film.

Pour Shiningdont j’avais un souvenir plus vivace et dont j’ai, du coup, davantage apprécié l’étude, il explique sa place si particulière dans le cinéma d’horreur, dont Kubrick a cassé les codes, la relation entre le réalisateur et Stephen King, l’utilisation de la Steadicam, et suit de manière très chronologique le film, depuis les premières images surplombant les montagnes, jusqu’à la fameuse photographie de 1921 où le spectateur reconnaît Jack Torrance, voyageur d’un temps et d’un espace labyrinthique et circulaire.

Ces deux petites lectures – j’ai lu ces deux livres chacun en une journée – parviennent on ne peut mieux à donner envie au spectateur de revoir le film, et installent avec l’auteur une certaine complicité : c’est un spectateur qui nous parle, et bien que son propos soit argumenté, documenté et réfléchi, ce sont ses émotions et son histoire personnelle de cinéphile que nous partageons.

Pour les amateurs, vous trouverez dans la même collection, « BFI : les classiques du cinéma », un 3e ouvrage consacré au film Brazil, de Terry Gilliam. J’en aurais bien fait aussi la lecture et la critique, mais je n’aurais pas été aussi pertinente, n’ayant malheureusement jamais vu ce film.

Par contre, sont annoncés pour cet automne deux autres numéros : Le Parrain et Les Sept Samouraïs. À moins d’un retard de sortie, vous savez donc déjà de quoi je parlerai sur Cinéphiledoc au mois d’octobre !

Des retrouvailles attendues…

Vous vous souvenez de la première fois que vous avez ouvert le premier Harry Potter ? (je m’adresse évidemment à ceux qui ont lu les livres et ont vu les films…)

Moi oui. Je me souviens surtout du début de tapage que les livres faisaient, je me souviens de l’édition, Folio Junior, avec trois petits sorciers en robes noires, je me souviens que c’était ma cousine qui m’avait offert le premier, et que j’avais décidé de le lire pour m’occuper pendant un séjour à l’hôpital. Je me souviens que, immédiatement après, j’avais demandé à mes parents les tomes suivants (La Chambre des secrets, Le Prisonnier d’Azkaban et La Coupe de feu), qui étaient déjà sortis.

Puis je me souviens de la fébrilité avec laquelle j’attendais chaque nouveau livre et chaque sortie de film, jusqu’à ne plus pouvoir attendre les traductions et à lire le dernier directement en anglais. Je me souviens des autres petits livres, sur le Quidditch, sur les créatures magiques et Les Contes de Beedle le barde. Je me souviens de la dernière avant-première, du dernier opus en deux parties au cinéma, de ma tristesse à me dire que c’était désormais fini, d’une tristesse encore plus grande à l’annonce de la mort d’Alan Rickman…

Et puis, cet été, enfin, un nouvel Harry Potter ! Je n’en livrerai aucun détail, mais quel plaisir de retrouver ces personnages, certes dans un livre à la forme si particulière (une pièce de théâtre) et qui ne permet pas vraiment de plonger dans l’histoire.

Nous avions les romans pour apprendre à aimer et à reconnaître l’univers d’Harry Potter, de Poudlard, du chemin de Traverse, du ministère de la magie, de Godric’s Hollow…

Nous avons eu les films pour mettre des images sur cet univers. Heureusement, nous avons le souvenir des deux pour lire Harry Potter and the cursed child, avec pour moi l’espoir, peut-être, d’aller voir un jour la pièce de théâtre à Londres.

Retrouver Harry Potter dans ce livre, c’est comme retrouver pour un verre un ami longtemps perdu de vue : on veut à tout prix tout rattraper du temps qui nous a manqué, et c’est justement le temps – et le livre – qui passe trop vite et nous laisse sur notre faim…

Alors certes, ce n’est pas une lecture cinéphile que j’évoque ici, mais, comme pour le livre suivant, elle est tant liée au cinéma, à un univers cinématographique, qu’on ne peut pas la laisser de côté.

Aux origines de Star Wars

Voici un ouvrage que j’ai commencé avec beaucoup de plaisir, mais dont je n’ai pas encore eu le temps d’achever la lecture, ce livre faisant près de 500 pages et étant particulièrement dense.

Il y a quelques temps, je regardais une vidéo, je ne me souviens plus laquelle, sur YouTube (je vais tenter de la retrouver) – ou bien était-ce sur Arte ? je ne sais plus – sur la genèse de Star Wars.

Trouvé !

Dans ce documentaire, les personnes qui intervenaient évoquaient pour la plupart un livre comme l’une des sources d’inspiration de George Lucas. Ils en parlaient avec tant de conviction que j’ai immédiatement eu envie de le lire, car cet ouvrage ne me permettait pas seulement de remonter à la source de Star Wars, mais aussi de comprendre comment Harry Potter, Le Seigneur des anneaux, bien sûr Star Wars ou encore Le Trône de fer réinventent des mythes millénaires et ont une telle importance pour leurs lecteurs et spectateurs.

Trêve de suspense, cet ouvrage, c’est Le Héros aux mille et un visages de Joseph Campbell, publié pour la première fois en 1949. L’exemplaire dont je dispose a été publié en 2013 par les éditions J’ai Lu.

Certes, je n’ai pas fini cette lecture, qui convoque des mythes aussi bien antiques que modernes, mais j’ai pour l’instant suivi avec bonheur les pas de ce héros aux mille et un visages dans ses réponses à l’appel de l’aventure, et j’y ai reconnu aussi bien Gandalf qu’Obiwan Kenobi.

L’auteur passe agréablement d’une histoire à une autre, nous entraînant à sa suite et nous donnant à chaque page le témoignage de leur universalité.

Du côté des séries

Enfin, ma dernière lecture des vacances, et de ce début septembre, a été une lecture achevée, cette fois-ci, en deux jours. J’ai beaucoup entendu parler de cet ouvrage, j’en ai lu beaucoup de bien sur Twitter et dans des articles. Et comme les livres sur les séries sont encore trop rares à mon goût, je n’ai pas résisté à la tentation de me plonger dans celui-ci.

Il s’agit de Sex and the Séries : sexualités féminines, une révolution télévisuelle, un ouvrage d’Iris Brey publié chez Soap éditions en avril 2016.

L’auteur, journaliste et universitaire, revient sur la difficulté que la sexualité féminine a toujours eu à être représentée au cinéma, et sur la façon dont les séries américaines ont pu progressivement la mettre en mots et en images dans toute sa diversité.

Elle y aborde avec justesse, et de nombreux exemples à l’appui (de Buffy à Orange is the new black, en passant par Friends, Game of thrones, Masters of Sex, ou encore Girls), les stéréotypes sexuels féminins, les tabous, les pratiques sexuelles, le plaisir féminin, des questions plus graves comme le viol ou l’inceste, ou encore la représentation des sexualités queer dans les séries.

Elle y recense les progrès qui ont été faits, et ceux qui restent encore à accomplir, et porte sur l’ensemble de ces productions télévisées un regard, certes parfois critique, mais toujours optimiste et jamais moralisateur.

Voilà pour ces quelques livres qui m’ont fait passer un bel été, entre littérature, cinéma et séries, qui m’ont donné envie de voir encore de nouvelles choses et qui m’ont remémoré quelques souvenirs cinéphiles bien agréables.

J’espère que ces quelques comptes-rendus vous auront donné à vous aussi des envies de films et de lectures.

À bientôt !

L’obsession du collectionneur : fétichisme et produits dérivés

Le non-film, encore et toujours…

Comme j’ai déjà eu l’occasion de le mentionner, les ouvrages consacrés au cinéma font partie d’un domaine du savoir que l’on appelle le « non-film ». Le film est l’objet singulier, premier, ce qui fait l’essence et le but ultime du cinéma, ce qu’est le roman pour le romancier ou l’alexandrin pour le poète. Le « non-film », quant à lui, est l’objet « dérivé » du cinéma, mais dont on peut distinguer deux types :

  • L’archive. Sous ce nom je range tout ce qui participe à la fabrication du film, tout ce qui est « à côté » ou « pendant » : accessoires, matériel, décors, costumes, archives écrites (étapes du scénario, feuilles de travail, journal de tournage, notes de production) ou iconographiques (photos de plateaux) etc.
  • La mise en valeur. Il s’agit de tout ce qui se passe dès que le montage a été réalisé, de tout ce qui participe à la communication du film : les ouvrages consacrés au cinéma en font partie, au même titre que les affiches, objets, cartes postales, etc. C’est tout ce qui ressort de la post-production, et qui peut véritablement – et d’aucune manière péjorativement – être défini comme « produit dérivé ».

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Les premiers sont conservés, il faut être soit membre de l’équipe, soit personnel d’une cinémathèque, soit public d’un musée pour y avoir un accès plus ou moins privilégié. Les seconds peuvent être collectionnés, puis, dans une certaine mesure, devenir des objets de grande valeur, plus seulement aux yeux d’un individu, mais d’une mémoire collective.

Collectionnite…

Si les ouvrages sur le cinéma et les affiches m’ont toujours attirée, j’ai pendant longtemps été moins sensible aux autres objets. Je n’ai jamais couru après une parure de lit, un réveil ou une montre, des cahiers et des stylos rappelant tel ou tel univers. Pourtant, depuis quelques temps, je sens que je suis contaminée, au moins pour certains films ou certaines séries, par cette collectionnite aiguë. Je ne peux plus résister devant les sous-verres ou les serre-livres Game of thrones. Mais je ne suis pas encore assez atteinte pour acheter une peluche, un rideau de douche ou des moules à gâteau…

La tentation reste grande. Je me revendique de la génération Harry Potter. Selon moi, Harry Potter fait partie de nos mythologies actuelles, au même titre que la série Friends ou des Pokémons. La liste de nos mythologies cinématographiques ou télévisuelles serait trop longue, mais on peut aussi y voir Star Wars, Le Seigneur des anneaux ou Indiana Jones

Je ne vais pas digresser outre mesure, mais les livres sur l’univers littéraire ou cinématographique du Seigneur des anneaux (textes de Tolkien, dictionnaires et encyclopédies), du Trône de fer (intégrales de Georges Martin, ouvrages sur la série), ou de Harry Potter (les sept volumes, les autres textes de Jo Rowling et les ouvrages consacrés aux films) font partie de ce que je vais rechercher.

En ce qui concerne Harry Potter, j’ai donc :

  • les sept volumes de la saga en version française
  • les sept volumes en version originale
  • les trois ouvrages de Jo Rowling sur l’univers de Harry Potter : Quidditch through the ages, Fantastic beasts and where to find them et The Tales of Beedle the Bard
  • les huit films en DVD
  • un ouvrage sur les films avant que les Reliques de la mort sortent au cinéma

Le petit dernier, sur Harry Potter !

Et depuis trois semaines je suis l’heureuse propriétaire d’un énorme pavé consacré à l’univers cinématographique de Harry Potter : Harry Potter, des romans à l’écran, de Bob McGabe, paru en mars 2013 aux éditions Huginn & Muninn.

harry potter des romans à l'écran

Ce livre était déjà sorti en édition limitée, en novembre 2011, pour nous faire patienter entre la sortie du dernier film au cinéma et sa sortie en DVD. Il m’était passé sous le nez : je l’avais vu, le prix (plus de 70 euros) m’avait fait hésiter, et le temps que je retourne en magasin, il avait déjà disparu de la circulation. Le tirage limité : comment susciter le besoin et la frustration chez le consommateur !

Il faut donc déjà avoir envie d’y mettre le prix : plus de 70 euros, c’est une somme pour un livre. Mais le jeu en vaut la chandelle, surtout si vous êtes passionnés par cet univers. Le titre est un peu ambigu : on se dit qu’avec ça, tout, depuis la genèse dans un train de Manchester à Londres, jusqu’à la dernière sortie, va nous être dévoilé.

Mais ce livre se consacre exclusivement à la transformation de la matière première littéraire en produit cinématographique, quitte à parfois « casser un peu le mythe ». Vous saurez tout sur le casting, les costumes, les décors, les acteurs, les différents réalisateurs, bref sur tout ce qui a donné pellicule au papier !

La première partie porte sur l’histoire de la fabrication des huit films, depuis la décision de le porter à l’écran, jusqu’au clap de fin du dernier jour de tournage.

La seconde partie se concentre sur les différentes créations qui ont permis aux films d’exister : personnages (costumes, accessoires et maquillage), décors, créatures et accessoires.

Le tout est un résultat époustouflant avec ses double-pages qui s’ouvrent, les croquis et les dessins, les détails, et même la présentation, on ne peut plus soignée.

Au coeur du livre, un avant-goût…

Je ne vais pas faire un résumé de ces 500 et quelques pages. La partie sur les décors est une merveille visuelle ; celle sur les créatures est tout aussi belle, et c’est agréable de revoir l’évolution de certains personnages. Je vous donnerai juste pour finir quelques petits extraits de mes personnages, lieux et accessoires favoris :

  • Snape / Rogue incarné par Alan Rickman, vu par la costumière, et dont l’allure m’a toujours fait penser à celle des portraits de Liszt (en brun) :

« Personne n’est autant à l’aise avec une cape qu’Alan Rickman (…) Il entre dans une pièce, et la cape flotte parfaitement derrière lui. S’il doit, à un moment, tomber par terre, la cape sera exactement là où il le veut. »

J’arrête de faire ma groupie…

  • La salle sur demande :

« Dans Le Prince de Sang-Mêlé, la pièce devient un lieu dans lequel sont entreposés des objets, dont l’armoire à disparaître. (…) Un œil aiguisé remarquera des accessoires provenant des précédents volets de la saga, dont des pièces du jeu d’échecs version sorcier qui protégeaient la Pierre philosophale »

  • Chez Ollivander, dont les méthodes de classification m’ont toujours laissée perplexe, il a fallu dix-sept mille boîtes de baguettes magiques, avec toutes une étiquette et un logo :

« Imaginez un magasin, avec une arrière-boutique dont les murs de cinq mètres de haut sont couverts d’étagères, et équipés d’échelles mobiles de plus de trois mètres soixante. Il a fallu remplir tout ça. »

On apprend que Richard Harris (Dumbledore dans les deux premiers volets de la saga) croyait que la marionnette de Fumseck, réalisée avec tant de minutie, était un véritable oiseau, qu’il a fallu enquêter auprès de physiologistes et de vétérinaires pour savoir quelle allure donner à Buck l’hippogriffe, et que les Inferi sont inspirés à la fois des gravures de Gustave Doré, de représentations du Moyen-âge et de cadavres retrouvés dans l’eau.

On y côtoie la Pensine, les balais et les baguettes, le Retourneur de Temps et les différents Horcruxes. On comprend de quelle manière sont fabriqués les livres. Enfin on y retrouve la Coupe de feu, « ornée d’un motif gothique, à demi architectural, à demi organique », les fameuses reliques de la mort et le Vif d’or.

Un très bel objet, donc, que ce livre, indispensable à tout passionné, mais absolument intransportable si l’on est incapable de faire subir à son sac à main un sortilège d’extension indétectable… Accio Livre !

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