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Robots au cinéma

Ce deuxième compte-rendu de lecture cinéphile est consacré à un ouvrage paru en septembre 2019.

Je le garde sous le coude depuis la fin décembre (comme les articles publiés en janvier et en mars) et je ne l’ai pas publié avant car je souhaitais accorder la primeur à l’ouvrage de Philippe Lombard.

Ce petit livre de 70 pages me permet d’aborder une thématique que je ne crois pas avoir déjà traitée sur ce site, et qui servira d’introduction à mon compte-rendu.

Robots au cinéma

Pour préparer cet article, je me suis demandé, fidèle à mon habitude, si la chaîne Blow Up d’Arte n’aurait pas, par hasard, consacré une vidéo aux robots au cinéma.

J’ai donc commencé l’écriture de ce compte-rendu par une courte recherche sur internet : j’y ai trouvé un article des Inrockuptibles de 2014, accompagné de cette infographie très instructive :

J’ai trouvé aussi le podcast d’une émission de France Culture, « Une petite histoire des robots au cinéma« , publié à l’occasion d’une exposition du Grand Palais qui m’avait échappé, Artistes & Robots.

Après recherche, la vidéo si convoitée de Blow Up était facile à trouver :

J’ai aussi trouvé pléthore de vidéos et d’articles, parmi lesquels celui-ci, de Golem 13 : 100 ans de robots au cinéma en 2 minutes.

Voilà qui allait me donner un bon point de départ pour ce compte-rendu !

Des robots, des robots, des robots : petite sélection personnelle

Parmi toutes ces sources, j’ai cherché à retrouver des souvenirs de robots au cinéma, et j’ai décidé de faire une petite liste de ceux qui m’avaient particulièrement marqué et ce avec une question lancinante dont je n’ai pas la réponse : pourquoi les robots au cinéma, ça marque ?

Voici donc une petite sélection de mes souvenirs robotiques, sans ordre chronologique ou de préférence. J’associe au titre un résumé du film.

  • Metropolis, Fritz Lang (1927)

Ce n’est évidemment pas le premier film que j’ai vu, mais quand je pense à l’histoire du cinéma et que je pense « robot », c’est le premier auquel je pense.

En 2026, Metropolis est une ville dans une société dystopique divisée en un quartier haut, où vivent les familles intellectuelles dirigeantes, dans l’oisiveté, le luxe et le divertissement, et un quartier bas, où les travailleurs font fonctionner la ville et sont opprimés par la classe dirigeante. Un savant fou met au point un androïde à l’apparence féminine, qui exhortera les ouvriers à se rebeller contre le maître de la cité.

C’est surtout le fait de voir le robot à la Cinémathèque qui m’avait donné envie de voir le film la première fois, ça et le fait que le 12 février 2010, la nouvelle version restaurée, de 145 minutes, avait été projetée simultanément à Berlin et sur la chaîne Arte, accompagnée par sa partition musicale d’origine et exécutée en direct par l’orchestre symphonique de la Radio de Berlin. Cela faisait quelque chose de voir un film muet entièrement restauré et avec sa musique jouée en direct.

Au-delà de ça, c’est une histoire vraiment incroyable (surtout dans le contexte de l’époque) et qui, lorsque je l’ai découverte, m’a vraiment rappelé mon deuxième souvenir.

  • Le Roi et l’oiseau, Paul Grimault (1980)

Pour les résumés suivants, je vais être un peu plus succincte, d’autant que Le Roi et l’oiseau n’est pas le film le plus simple à raconter. C’est l’un de mes premiers souvenirs cinématographiques et, comme j’aurai l’occasion d’y revenir, l’un des films qui m’a « faite » en tant que cinéphile.

Disons simplement qu’il s’agit d’une réécriture du conte d’Andersen, La Bergère et le ramoneur, qu’on y trouve une ville haute et une ville basse comme dans Metropolis, mais aussi un oiseau, métaphore du poète, face au roi tyrannique contre qui même un robot, le plus fidèle serviteur, finit par se rebeller.

  • Gandahar, René Laloux (1987)

Poursuivons dans l’animation avec Gandahar, un curieux dessin animé français, que j’avais découvert dans la foulée du Roi et l’oiseau.

Sources : Allociné

Sur la planète Tridan, dans le pays de Gandahar, dirigé par la reine Ambisextra et le Conseil féminin, les humains vivent en harmonie avec la nature, qu’ils ont génétiquement reprogrammée pour subvenir à tous leur besoins. Un jour, des hommes de métal noir commencent à semer la terreur aux frontières de Gandahar, dévastant des villages entiers et progressant peu à peu vers la capitale, Jasper.

  • Le Château ambulant, Hayao Miyazaki (2004)

Terminons du côté de l’animation avec un robot beaucoup moins androïde que les autres, celui du Château ambulant de Miyazaki.

Là encore, je ne me risque pas à faire un résumé de l’intrigue, mais je reste émerveillée par ce château fait de bric et de broc, alimenté par Calcifer, le démon du feu.

  • Star Wars : Dark Vador – 3PO – R2D2 – BB8 (1977-2019)

Ici aussi, point de résumé. Pas de préférence non plus entre la respiration et la voix de James Earl Jones pour Dark Vador, le côté majordome anglais de 3PO, les sons et lumières de R2D2 et le petit dernier (je ne compte pas D-O dans l’épisode IX), BB8.

  • Westworld : série télévisée (2016)

Petite incursion dans l’univers des séries télévisées, cet ovni qu’est Westworld avec Anthony Hopkins dans la saison 1, dont il faudrait que je revois chacun des épisodes pour mieux savourer la suite…

Westworld est un parc d’attractions futuriste recréant différents univers, dont l’univers de l’Ouest américain (Far West) du 19e siècle. Il est peuplé d’androïdes, appelés « hôtes », réinitialisés à la fin de chaque boucle narrative. Les visiteurs, appelés « invités » peuvent y faire ce qu’ils veulent sans aucune conséquence. Mais à la suite d’une mise à jour du programme des androïdes, les dirigeants du parc devront faire face à plusieurs bugs dans leur comportement.

  • Terminator, James Cameron (1984)

Enfin j’en termine avec, non pas le plus récent ni celui que j’ai vu en dernier, mais celui auquel est consacré l’ouvrage dont je vais vous parler aujourd’hui.

Je ne pense pas avoir besoin de résumer Terminator (quoique, avec les suites et les différents paradoxes de la saga, cela prendrait plusieurs heures), je me contenterai de souligner que dans cette liste, c’est le seul avec Metropolis à vouloir se situer dans un futur humain et à donner une date presque similaire à ce futur : 2026 pour Metropolis, 2029 pour Terminator.

À chaque fois pour les deux films, un robot envoyé pour semer le trouble parmi les humains, l’un envoyé de 2026 en 2026 pour insuffler la révolte, l’autre envoyé de 2029 en 1984 pour tuer dans l’oeuf la révolte des humains sur les machines.

Après ce tour d’horizon, passons à notre livre.

Retour vers le futur du cinéma

Terminator, de Sean French, a été publié en septembre 2019 aux éditions Akileos, et il fait partie de l’une de mes collections fétiches, celle du British Film Institute, ou BFI : Les classiques du cinéma.

Ce petit volume de 70 pages consacré au premier volet de Terminator est particulièrement réussi. Le propos est agréable, accessible.

L’auteur, Sean French, nous invite à nous interroger sur ce qu’est un film culte. En effet, il remarque dans les premières pages de son livre que dans un dictionnaire de David Thomson, A Biographical dictionnary of Film, James Cameron suit directement la réalisatrice Jane Campion. Si cette dernière est considérée comme l’auteur d’un chef d’oeuvre avec La Leçon de piano, Cameron fait l’objet de beaucoup moins d’indulgence.

D’où la question : qu’est-ce qu’un film culte ? Comment un film devient culte ? Et Sean French d’expliquer, en quelques 70 pages pourquoi, justement, Terminator est un film culte.

Son propos est daté de 1996 (son ouvrage n’a été traduit en français qu’en 2019) et cela donne tout son sel au livre : l’auteur l’écrit à une époque où ne sont sortis que deux volets de la saga Terminator, et où James Cameron, tout réalisateur confirmé qu’il est (il a à son actif Aliens sorti en 1986) et tout marqué par cette saga qu’il puisse l’être, n’a pas encore réalisé Titanic, encore moins Avatar.

Avec ce petit livre Terminator, le lecteur se trouve donc presque enfermé dans une faille temporelle où certes, on est sûr de tenir avec ce film un film culte, mais où un après bien connu n’est pas encore advenu. Un chapitre est d’ailleurs consacré aux réactions d’un spectateur qui découvrirait Terminator scène par scène pour la première fois, histoire de rester enfermé confortablement dans cette bulle temporelle cinéphile…

Quant à James Cameron, qui réalise les deux premiers volets de Terminator, qui réalise Aliens, il me fait vraiment penser à son acolyte Ridley Scott – ces deux-là d’ailleurs s’entendent-ils pour tour à tour nous émerveiller et nous décevoir, et d’ailleurs s’entendent-ils tout court ?

Ils parviennent à merveille à bâtir un imaginaire cinématographique révolutionnaire qui nous construit en tant que cinéphiles tout autant qu’ils nous laissent sur notre faim/fin.

Imaginaires cinématographiques

James Cameron et Ridley Scott, ces deux compères-là ont bien fait pour ma cinéphilie, avec beaucoup de plus et quelques moins, même si je suis loin d’avoir épuisée leur filmographie…

J’ai découvert Ridley Scott avec Gladiator et Kingdom of Heaven, j’ai appris après qu’il était le réalisateur de Blade Runner et d’Alien (dont je n’ai vu que les trois premiers de la saga), je n’ai jamais vu Prometheus, j’ai adoré le polémique Robin des bois (parce que Russell Crowe et Cate Blanchett), j’ai boudé Exodus et j’ai retrouvé Ridley Scott avec Seul sur Mars.

Quant à James Cameron, j’avais 11 ans à la sortie de Titanic, donc pour moi, James Cameron c’est Titanic, ensuite Terminator puis Avatar.

Les films de ces deux réalisateurs font partie des films « qui m’ont faite », au même titre que Le Roi et l’oiseau, La Nuit américaine, Cinema Paradiso, Hook… et des dizaines d’autres auxquels je pourrais penser et que j’ai pu oublier, mais des films que l’on voit un nombre incalculable de fois jusqu’à connaître la moindre réplique par coeur.

Ils pourraient tout à fait figurer dans la série proposée par Netflix, et que je recommande aux abonnés : « The Movies That Made Us », une série qui revient, avec un générique irrésistible, sur les coulisses de quelques incontournables : Maman j’ai raté l’avion, Dirty Dancing, SOS Fantômes, Die Hard : Piège de cristal.

Une petite madeleine cinéphile, en somme. Allez-y voir si le coeur vous en dit !

https://www.netflix.com/fr/title/80990849

Bons souvenirs, et à bientôt sur Cinephiledoc !

Rêves, philosophie et cinéma

Pour ce compte-rendu d’octobre, j’ai décidé d’évoquer des territoires familiers et pourtant étranges, des sujets déjà abordés, effleurés, mais que je n’avais pas approfondis, et comme l’indique le titre, qui s’y prêtent tout à fait, à savoir le rêve et la philosophie (cette dernière de façon un peu moins poussée) au cinéma.

Reprendre une habitude

Le premier des territoires familiers que j’aborde n’est cependant ni celui du rêve, ni celui de la philosophie, mais un territoire éditorial : celui d’Akileos et de sa collection, BFI : Les classiques du cinéma.

Cette petite collection d’ouvrages, chacun consacré à un film, et qui compte à présent 16 volumes, a fait des émules depuis son apparition, avec le premier consacré à Alien en 2016, en passant par Shining, Le Parrain, Blade Runner, Rio Bravo (mon préféré), ou encore Star Wars.

Territoires familiers mais étranges – inquiétante étrangeté – chaque volume est l’oeuvre d’un auteur, avec son style et sa personnalité, ce qui donne des analyses parfois très factuelles, parfois très oniriques, sans qu’il y ait cependant de ma part de critique cachée pour les unes ou pour les autres.

J’ai donc commencé très studieusement cette collection en 2016, au fil des parutions et des traductions. Le dernier volume que j’avais ajouté à ma bibliothèque était celui consacré à L’Exorciste (volume 12). J’ai ensuite fait une petite pause, jusqu’à apercevoir la couverture du numéro 16, celui consacré à Matrix.

Voilà pour le titre : rêves, philosophie et cinéma.

Premiers souvenirs de Matrix

Avant d’évoquer ce fameux numéro 16, j’aimerais revenir quelques instants sur mes premiers souvenirs de Matrix, ce qui me permettra, comme à mon habitude, de passer allègrement du livre qui m’intéresse à quelques autres petits sujets.

Matrix est sorti au cinéma en 1999. J’avais 13 ans en 1999… c’est dire si j’étais en plein dans ma période Leonardo di Caprio, Titanic, etc (à trois ans près, je sais, mais j’ai l’admiration tenace).

C’est dire également si j’étais loin d’un cinéma comme Matrix. À vrai dire, j’étais encore loin d’un cinéma tout court, puisque mon intérêt pour le cinéma a commencé à dépasser les plans de Leonardo vers ma période lycée.

2000 : je commence une période Russell Crowe (Gladiator, tout ça, tout ça…) je suis encore dedans, même si le bonhomme me fait moins fantasmer à l’heure actuelle qu’en général romain ou qu’en capitaine blond dans Master and Commander.

2001 : combo Le Seigneur des anneaux, Harry Potter et Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain. Vous remarquez que je commence enfin à suivre l’actualité… et Matrix dans tout ça ? Patience.

Je saute quelques années, et j’atterris entre 2004-2006 où la première personne qui me parle de Matrix est mon prof de philo (celui de terminale ? celui de khâgne ? je ne sais plus).

Et ce qu’il me dit, c’est que Matrix est une parfaite relecture du mythe de la caverne de Platon. Vais-je voir le film pour autant, je ne sais plus, peut-être le premier…

Je me souviens que Matrix a fait partie pour moi d’un vaste plan de rattrapage culturel à partir de 2008, et où j’ai décidé de revoir les films de « ma génération » que je n’avais pas pu voir à leur sortie : y figuraient pêle-mêle Terminator, Star Wars, Retour vers le futur et, côté français, La Cité de la peur. J’avais du pain sur la planche !

Mais toujours m’est restée cette petite phrase entendue en cours de philo : Matrix comme relecture parfaite du mythe de la caverne de Platon. Comme quoi, il suffit d’une petite phrase apprise à l’école au bon moment et par la bonne personne pour vous donner envie d’en savoir plus.

C’est cette même petite phrase qui m’a poussée vers le volume 16 des éditions Akiléos. Je voulais retrouver Matrix.

Une vision personnelle

Comme je l’indiquais un peu plus haut, chaque volume de cette collection est l’oeuvre d’un auteur qui va proposer sa vision personnelle du film.

C’est donc Joshua Clover qui nous propose, dans ce volume 16, sa vision de Matrix, vision écrite en 2004 et traduite pour le lecteur français en février 2019.

Si j’insiste tant sur cette spécificité de l’auteur, c’est parce que le volume sur Rio Bravo (par exemple) ne va absolument pas être pensé comme celui sur Les Sept samouraïs et celui sur Blade Runner ne ressemblera en aucun point à celui sur Matrix, bien que j’ai tenté, avec ces quatre exemples, de rapprocher des films qui pourraient être, disons de connivences.

Qui est Joshua Clover ? Un auteur de poésie, nous dit la quatrième de couverture, professeur de poésie et de poétique à l’Université de Californie à Davis.

Sa lecture, même photographies issues du film à l’appui, ne ressemblera donc en aucun cas à une analyse plan par plan.

Rêver de Matrix, écrire sur Matrix

Après une introduction qui évoquent quelques exemples de films abordant la frontière entre illusion et réalité, Joshua Clover joue sur les aspects contradictoires de Matrix et organise cette lecture en quatre temps :

  1. Numérique positif
  2. Numérique négatif
  3. Spectacle positif
  4. Spectacle négatif

Le tout réfléchit à la façon dont l’aspect du film offre au spectateur une image en contradiction avec sa vision des choses. Matrix est une prouesse technique et un succès commercial qui remet en cause l’univers numérique et le bonheur factice qu’offre le divertissement…

Je résume à gros traits le propos de l’auteur, car je dois avouer que son écriture quelque peu vertigineuse (poétique), non dénuée d’ironie par endroit, m’a parfois quelque peu perdue. J’avais constamment le sentiment d’être d’accord avec lui (quoique) mais de ne pas l’être pour des raisons évidentes.

Pour simplifier, la façon dont Joshua Clover parle de Matrix, qu’elle soit politique, philosophique, économique, qu’elle aborde l’industrie cinématographique, la relation de l’être humain au travail, ou les progrès technologiques de la société, n’est en aucun cas inexacte, mais elle est sinueuse.

J’ai passé toute ma lecture à hocher la tête en gromelant « Oui bien-sûr, mais pourquoi ne pas le dire plus simplement ? »

Joshua Clover m’a donné envie de revoir Matrix, mais presque par esprit de contradiction. Il indique souvent que lire Matrix de manière philosophique, c’est rester à la surface.

Par esprit de contradiction, je décide de continuer à rêver de la relation entre illusion et réalité, parce que j’ai toujours affectionné la façon dont les soeurs Wachowski représentent le monde, le rêve, l’illusion, les sens et notre éveil à une nouvelle conscience, que ce soit dans Matrix ou dans Sense8.

Rêver, philosopher, temps et espace, passé et futur : tout en un

Il y a deux univers cinématographiques et télévisuelles qui me fascinent : celui des soeurs Wachowski, avec Matrix, Cloud Atlas et Sense8, et celui de Christopher Nolan avec Inception et Interstellar.

Deux manières, justement, d’embrasser l’univers, le réel et l’illusion, l’individu et l’universel, le temps et l’espace, le passé et le futur, avec le vertige à chaque fois que procurent leurs inventions visuelles : Matrix et sa matrice, Sense8 et ses différentes personnalités qui se rejoignent et se complètent, Inception et le labyrinthe du rêve, Interstellar et le tourbillon de l’espace-temps.

Deux univers, deux virtuosités uniques et dont j’attend impatiemment chaque nouvelle manifestation.

Pour conclure sur rêves et cinéma, je reprend quelques mots d’un article que j’avais publié en 2016, et qui était consacré aux rêves dans les séries télévisées :

Vertigo d’Hitchcock, les films de Buster Keaton et de Chaplin, Chantons sous la pluie (…) Brigadoon, curieux film où deux Américains découvrent un village qui n’existe qu’un jour par siècle… La Maison du Dr Edwardes d’Hitchcock, La Femme au portrait, un magnifique film de Fritz Lang (peut-être mon préféré à ce jour), (…) Matrix et surtout Inception, entre autres, tous ces films où le rêve est tour à tour trompe-l’œil et réalité alternative.

Voici les quelques films que j’y avais évoqués, et voici les deux vidéos que je leur avais associées : un top 10

et un numéro de Blow Up :

Et pour ceux qui veulent rester sur un terrain moins onirique, plus philosophique, voici quelques titres :

  • Cinéphilo, d’Olivier Pourriol
  • Philosophie en séries, de Thibaud de Saint-Maurice
  • Game of Thrones : une métaphysique des meurtres, de Marianne Chaillan
  • Harry Potter à l’école de la philosophie, de Marianne Chaillan

Avec tout cela, rêvez bien, philosophez bien, replongez-vous dans des films qui embrassent l’univers, et à bientôt sur Cinéphiledoc !

Hors-série 2 : Lady Agatha, du roman policier à la science-fiction

Pour ce second hors-série, j’ai décidé cet été de vous faire un très large (et non exhaustif) tour d’horizon consacré à Agatha Christie.

Pourquoi pas Christie ?

Pour parodier le titre français d’un de ses romans, Pourquoi pas Evans ?, voici quelques-unes des raisons qui m’ont poussée à écrire cet article, où il sera beaucoup questions de crimes (évidemment), de voyages, d’archéologie, de médecine, de maison, de héros, de films, de séries télévisées et… plus curieux, de science-fiction.

Mais n’allons pas trop vite ! Voici mes mobiles :

  1. cet article fait pendant à celui sur Daphné du Maurier, publié le mois dernier : je mets ainsi à l’honneur l’autre grande dame de la littérature anglaise du vingtième siècle – on pourrait objecter en me citant Virginia Woolf, mais je ne la connais pas aussi bien…
  2. vive la littérature anglaise, tout simplement
  3. comme l’indique mon teasing ci-dessus, cela me permet de vous faire découvrir ou redécouvrir tout un univers qui va des romans aux séries télévisées en passant par le cinéma, et j’en passe
  4. comme pour Daphné du Maurier, c’est l’occasion de visiter (virtuellement) quelques lieux, en attendant peut-être de les voir en vrai !

Commençons ce tour d’horizon par ce qu’on connaît le mieux d’Agatha Christie.

Les romans

J’ai encore le souvenir quand j’étais petite (enfin je devais être au collège) de mes premiers romans policiers d’Agatha Christie. Je revois d’abord un bon lot de livres, déniché dans une brocante, la plupart assez défraichis – ce qui est normal pour des livres d’occasion – et quasiment tous dans les éditions du Masque, vous savez ces couvertures jaunes si caractéristiques !

Ensuite, un peu plus tard, j’ai le souvenir d’une autre collection : Hachette avait sorti toute une sélection des oeuvres d’Agatha Christie, son nom s’étalant en gros tout en haut de la première de couverture, le titre en rouge, une illustration, et le tout sur fond noir. C’était le genre de collection qui sort dans les kiosques presse et qui vous entraine assez loin, lorsque vous décidez de la compléter…

De ce point de vue là, j’ai été relativement raisonnable (pour une fois) et je n’ai pris que les ouvrages soit qui étaient importants à mes yeux, soit que je souhaitais absolument découvrir.

Aussi bien compte-t-on dix petits nègres (ou dix petits indiens), aussi bien voici dix oeuvres d’Agatha Christie qui ont compté pour moi (et je vais faire un compte-à-rebours jusqu’à parvenir non pas à L’Heure zéro, mais au roman qui m’a laissé le souvenir le plus marquant) :

10. Le Miroir se brisa : avec Miss Marple et tout un univers cinématographique sur lequel je reviendrai ;

9. Le Vallon, avec Hercule Poirot. Je me souviens d’un bon nombre de fous-rires à sa lecture, notamment provoqués par le personnage de Gerda Christow ;

8. Un cadavre dans la bibliothèque, avec Miss Marple. Parce qu’une lectrice chevronnée et une future prof doc ne pouvait pas passer à côté d’un titre pareil.

7. Cinq petits cochons : avec Hercule Poirot. Je pense que c’est l’une des histoires les plus émouvantes parmi les romans policiers.

6. Le Meurtre de Roger Ackroyd : avec Hercule Poirot. L’un des premiers, et diablement bien ficelé.

5. Les Vacances d’Hercule Poirot. Parce qu’on finit par se dire que c’est tout de même incroyable qu’à chaque fois que ces détectives vont quelque part, ça tourne mal…

4. Mort sur le Nil. Et d’ailleurs, même en Égypte il se passe des trucs !

3. Le Noël d’Hercule Poirot. Et on ne peut même pas passer des fêtes de fin d’années tranquilles.

2. Dix petits nègres. Parce que c’est de la virtuosité pure et simple ! Un régal frissonnant du début à la fin, avec cette comptine qui tourne en boucle et que j’insère ici en version anglaise :

Ten little nigger boys went out to dine

One choked his little self, and then there were nine.

Nine little nigger boys sat up very late
One overslept himself, and then there were eight.

Eight little nigger boys traveling in Devon
One said he’d stay there, and then there were seven.

Seven little nigger boys chopping up sticks
One chopped himself in half, and then there were six.

Six little nigger boys playing with a hive
A bumble-bee stung one, and then there were five.

Five little nigger boys going in for law
One got in chancery, and then there were four.

Four little nigger boys going out to sea
A red herring swallowed one, and then there were three.

Three little nigger boys walking in the zoo
A big bear hugged one, and then there were two.

Two little nigger boys sitting in the sun
One got frizzled up, and then there was one.

One little nigger boys living all alone
He went and hanged himself and then there were none.

Et en premier, en tout premier, mon préféré, sans aucune surprise, celui que j’ai lu et relu : Le Crime de l’Orient-Express.

D’abord pour l’intrigue, après pour Poirot, ensuite pour ce dessin qui l’accompagnait et me fascinait :

et pour ses deux adaptations cinématographiques sur lesquelles je reviendrai.

Agatha Christie est surnommée « la reine du crime » et ce n’est vraiment pas un titre usurpé. J’ai apprécié ces intrigues et cette virtuosité qui n’est cependant pas restreinte à son domaine de prédilection, on va en reparler.

Agatha au cinéma et en séries TV

Parler des oeuvres d’Agatha Christie, c’est bien-sûr avoir en tête toute une galerie de personnages, à commencer par ses deux principaux : Hercule Poirot, ce petit belge moustachu et égocentrique, qui ne cesse de la ramener avec ses petites cellules grises, et Miss Marple, dont tout le monde se demande si elle ne pourrait pas se mêler de ses affaires.

Je pourrais presque dire que je connais mieux les adaptations que les romans originaux, même si je suis loin d’en avoir fait le tour.

Petite sélection chronologique :

Cinéma, saison 1

1945 : Dix petits Indiens (And Then There Were None), film américain réalisé par René Clair. Je n’ai vu ce film qu’une fois, il y a très longtemps, mais je trouvais l’idée de cette adaptation incroyable et il m’a marquée pour le seul souvenir d’avoir vu Judith Anderson (la Mrs Danvers de Rebecca, dont j’ai parlé le mois dernier) dans l’un des rôles.

1974 : Le Crime de l’Orient-Express de Sidney Lumet. De loin l’une de mes adaptations préférées avec un casting de rêve : Sean Connery, Lauren Bacall, Ingrid Bergman, Jean-Pierre Cassel, Anthony Perkins, John Gielgud et Albert Finney dans le rôle d’Hercule Poirot. On savoure Lauren Bacall en diva excentrique, Sean Connery en sanguin romantique et Ingrid Bergman en bigote insupportable. Albert Finney a un peu plus de mal à me convaincre mais c’est parce que j’ai trop l’habitude de David Suchet.

1978 et 1982 : Mort sur le Nil et Meurtre au soleil, les deux Poirot avec Peter Ustinov (même commentaire que pour Albert Finney). Même chose, casting soigné, mais pas forcément inoubliable.

1979 : Le Miroir se brisa : même chose, casting de rêve. Elizabeth Taylor, Kim Novak, Tony Curtis, et Angela Lansbury dans le rôle de Miss Marple. Ce qui m’avait amusée surtout, c’est justement Angela Lansbury, que je connaissais pour son rôle d’auteure de polars enquêtrice dans Arabesque (Murder, she wrote) : en gros une Agatha Christie qui résout des crimes !

Séries : intermède

1989-2013 !!! Le must du must : Hercule Poirot, avec David Suchet, qui a si bien incarné Hercule Poirot qu’il savait combien le détective belge prenait de sucres dans son thé. J’adore les personnages secondaires : Hastings, Japp, Miss Lemon, et je ne me lasse d’aucune rediffusion, même après l’avoir vu 50 fois.

2004-2013 : Miss Marple. J’ai un peu plus de mal, parce que j’accroche beaucoup moins avec ce personnage et j’ai une préférence pour sa deuxième « incarnation » (qui est en fait sa troisième, puisqu’avant la série sur Hercule Poirot, il y a eu une autre série, très prisée par les Britanniques, donnant vie à Miss Marple) : Julia McKenzie

2009-à maintenant : Les Petits meurtres d’Agatha Christie. Juste NON ! Jamais compris cette série, ni ce qu’elle pouvait apporter. J’esquive la moindre bande-annonce. Sans moi, merci, au revoir !

Cinéma, saison 2

2004 : Mon Petit doigt m’a dit, de Pascal Thomas. Formidable, avec Catherine Frot et André Dussolier qui incarnent Prudence et Bélisaire Beresford (Tommy et Tuppence chez Agatha). Quand j’ai découvert ce film, j’en ai profité pour lire le roman dont il était issu directement en anglais. Je connais le film par coeur, comme son petit frère d’ailleurs…

2008 : Le Crime est notre affaire. On prend les mêmes et on fait mieux. Très drôle, tout aussi fou, et aussi bien mémorisé (« Le léopard tacheté »). Par contre on oublie le dernier qui est complètement raté.

2007 : L’Heure zéro, de Pascal Thomas toujours. Je m’autorise ce petit écart chronologique pour ne pas séparer les deux films avec le duo Beresford. Petite tendresse pour ce film avec plein de bons acteurs et qui a été (pour quelques scènes) tourné au lycée Michelet de Vanves quand j’y faisais ma khâgne. J’y reconnais toujours la cour, les escaliers intérieurs, les couloirs et une salle de classe, avec le souvenir d’avoir croisé des jeunes filles en uniformes… mais pas longtemps, j’avais un devoir surveillé de 5h en français qui m’attendait (les joies de la prépa !)

2017 : Le Crime de l’Orient-Express de Kenneth Brannagh. L’heureuse surprise. Ayant adoré la version de 1974, je m’attendais à détester celle-ci. Finalement… ça passe.

Voilà pour ce tour d’horizon en images, mais je suis loin d’en avoir fini avec Agatha, poursuivons notre voyage.

Agatha par Agatha

Pour construire cet article, je me suis appuyée non seulement sur mes souvenirs de lecture des romans policiers de la reine du crime, mais aussi sur deux autres ouvrages.

Le premier est une évidence : qui mieux qu’Agatha Christie pour parler d’Agatha Christie ? Et pourtant la situation est plus complexe qu’il n’y paraît… même s’il s’agit d’une étape incontournable à tout amateur de cette auteure.

Une Autobiographie a été conçu et rédigé entre 1950 et 1965, publié pour la première fois en anglais en 1977, deux ans après le décès d’Agatha Christie, et elle n’a été publiée en France qu’en 2002, comme de juste aux éditions du Masque.

Sur la couverture de la réédition dans laquelle je l’ai lue – 1ère publication 2007, huitième réédition 2018 – on y voit la signature caractéristique (suivie du signe ®) et un portrait d’Agatha Christie datant, d’après la robe, des années 1920 ou 1930.

Sa lecture m’a fascinée, d’abord parce que, comme je le disais plus haut, son talent s’y révèle d’une manière incroyable. Cette autobiographie est une entreprise littéraire maîtrisée d’un bout à (presque) l’autre. La préface française prévient qu’elle est « prémédité[e] comme un meurtre ». Son parcours n’est pas exactement chronologique, elle n’y raconte que ce qu’elle choisit de raconter et prévient, d’emblée :

Je suis censée m’atteler à un roman policier, mais, succombant à la tentation naturelle de l’écrivain d’écrire tout sauf ce dont il est convenu, me voilà prise du désir inattendu de rédiger mon autobiographie.

On dévore ce texte de plus de 900 pages parce qu’on y découvre les personnalités multiples de la femme, les facettes innombrables de sa vie, et on y suit la construction d’un monument littéraire et textuel.

Le début a des accents proustiens dans cette construction kaléidoscopique, dans son amour des lieux passés et dans ses réflexions sur la mémoire :

Nous ne connaissons jamais le moi tout entier, mais nous avons parfois brièvement, par éclairs, une vision du vrai moi. Je crois pour ma part que nos souvenirs représentent ces moments qui, si insignifiants qu’ils puissent paraître, sont les plus révélateurs de notre personnalité profonde et de la réalité de ce que nous sommes.

Il nous restitue l’enfance heureuse à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième siècle, d’une petite fille qui s’invente déjà des histoires, se crée des personnages, parle parfois toute seule (habitude qu’elle gardera en tant qu’écrivain) et met un certain temps à toucher du doigt sa vocation littéraire.

Le lecteur suit ensuite l’évolution en tant que femme, et la progression de l’écrivain, les deux étant indubitablement liés : le premier mariage avec celui qui lui donnera – et laissera – son nom de famille, la première guerre mondiale, pendant laquelle elle officie en tant qu’infirmière puis assistante-chimiste dans la pharmacie d’un hôpital, ce qui lui donnera une connaissance précieuse sur les drogues et les poisons.

Elle restitue ensuite l’écriture du premier roman, La Mystérieuse affaire de Styles, dans lequel apparaît un personnage bien connu :

…je me décidai pour un détective belge. […] Il serait très méticuleux, très ordonné […]. Il serait très intelligent. Il ferait travailler ses petites cellules grises : c’était là une bonne phrase à retenir. […] Quoi qu’il en soit, Hercule Poirot sonnait bien…

La suite est peut-être moins haletante, on y retrouve des considérations sur la vie, des réflexions sur certains sujets, le surf (elle est l’une des premières anglaises à le pratiquer), la gourmandise, le divorce avec Archibald Christie, l’écriture toujours – elle revient en particulier sur l’apparition de Miss Marple, les pièces de théâtre qu’elle adore écrire et la rédaction des Dix Petits nègres -, les voyages, la rencontre avec son deuxième époux, Max Mallowan, l’archéologie, les fouilles, l’amour des lieux et des maisons, la seconde guerre mondiale (durant laquelle elle est préparatrice en pharmacie dans un hôpital de Londres), la vieillesse enfin.

Une autobiographie est une oeuvre qui permet de bien connaître son auteur, mais est-ce la meilleure manière ? Ce n’est pas si évident, l’écriture est exigeante, sélective et capricieuse. Car il y a au moins un événement de la vie d’Agatha Christie sur lequel elle ne s’attarde pas, et c’est aussi cette raison qui a déterminé ma deuxième lecture.

Apparition… disparition

Le 3 décembre 1926 survient donc l’événement, pour lequel on aurait pu utiliser un peu précocement le titre d’Hitchcock : A lady vanishes (Une femme disparaît).

Suite au décès de sa mère et à l’annonce de son mari, qui lui fait part de son intention de divorcer, Agatha Christie disparaît.

Le lendemain, la police retrouve sa voiture, abandonnée près de l’étang de Silent Pool. La presse britannique s’empare alors de l’affaire : suicide d’une femme délaissée, meurtre commandité par son époux ou coup de pub d’une romancière voulant renforcer le succès de ses livres ?

Elle est retrouvée douze jours plus tard dans le Swan Hydropathic Hotel, hôtel de la station balnéaire d’Harrogate, où elle s’était inscrite sous le nom de la maîtresse de son mari. Elle prétendra avoir perdu la mémoire et ne s’expliquera jamais sur cette disparition.

Pour ceux qui souhaitent en savoir plus, vous pouvez aller consulter les archives de presse présentes sur le site Retronews.

Pour ma part, c’est ce qui m’a incité à lire la biographie publiée très récemment par Marie-Hélène Baylac aux éditions Perrin.

La biographie d’Agatha

Cette biographie, qui a été publiée en avril 2019 aux éditions Perrin, ne se distingue pas tout à fait, dans ses premiers chapitres, de l’autobiographie.

Certes, l’une de ses originalités est de s’ouvrir avec l’annonce de la mort d’Hercule Poirot en 1975, un an avant celle d’Agatha Christie. En effet, autre détail amusant de la vie de la romancière, la mort de son personnage clef avait été annoncée dans les journaux :

Dans cette biographie, passées ces premières pages, on retrouve les premières décennies de la vie de la romancière, peut-être un peu mieux ordonnées que dans l’autobiographie – elle avait indiqué ne pas se fier à la chronologie – mais les deux ouvrages fonctionnent véritablement en échos.

Puis vient le chapitre de la disparition, et contrairement à Agatha qui l’élude en beauté, ne lui accordant pas un seul mot, Marie-Hélène Baylac lui consacre trois chapitres, le premier revenant sur la disparition en elle-même, le second sur la façon dont la romancière est réapparue, le troisième tentant, sinon d’expliquer, du moins de comprendre.

Les autres qualités de l’ouvrage sont de s’attarder aussi sur le « laboratoire » d’écriture d’Agatha Christie, dans un chapitre passionnant « La patronne cogite » mais aussi d’évoquer l’empire Agatha Christie et les dernières années de sa vie.

Pour revenir à cette histoire de disparition, il y a bien une explication logique, et tout à fait plausible…

Agatha en héroïne de Science-fiction

Dans le 7e épisode de la saison 4 de Doctor Who, le Docteur, incarné par David Tennant, et Donna Noble rencontrent Agatha Christie précisément le jour de sa disparition.

Ils mènent l’enquête avec elle sur une série de meurtres, dont l’auteur, univers de Doctor Who oblige, est de race extraterrestre.

Comme dans chaque épisode de Doctor Who, cette série télévisée qui fait date dans le paysage audiovisuel britannique, le spectateur se voit proposer un voyage spatio-temporel, et si l’intrigue est tout à fait délirante, les scénaristes s’amusent à convoquer les références à la période historique qu’ils évoquent, comme en témoigne cette liste trouvée sur l’article de Wikipédia consacré à l’épisode :

L’épisode est évidemment bourré de références aux romans d’Agatha Christie, et Russell T Davies et Gareth Roberts se sont amusés à insérer le plus possible de titres de ses romans dans les dialogues, mais ceux-ci ne sont évidemment visibles que si l’on connaît les titres originaux. On trouve donc les titres Why Didn’t They Ask Evans (Pourquoi pas Evans ?) ; Towards Zero (L’Heure Zéro) ; Un cadavre dans la bibliothèque ; The Secret Adversary (L’adversaire secret, renommé en français Mr Brown) ; N ou M ; Nemesis ; Le Chat et les Pigeons ; Dead Man’s Folly (« La folie du mort », renommé en français Poirot joue le jeu) ; Jeux de glaces ; Rendez-vous avec la mort ; Cartes sur table ; Sparkling Cyanide (Le Cyanure brillant, renommé en français Meurtre au champagne) ; La Nuit qui ne finit pas ; La Maison biscornue ; The Moving Finger (Le doigt tendu, renommé en français La Plume empoisonnée) ; Le Flux et le Reflux ; Death Comes as the End (La mort vient toujours à la fin renommé en français La mort n’est pas une fin) ; Le Crime de l’Orient-Express et The Murder at the Vicarage (Le Crime du Presbytère, renommé en français L’Affaire Protheroe).

Il y a de plus une scène coupée où le Docteur se fait appeler L’Homme au complet marron.

À cela il faut ajouter l’idée et le nom de Miss Marple suggérés par Donna, et l’utilisation par Agatha Christie de l’expression « utiliser ses petites cellules grises ».

À la fin de l’épisode, le Docteur montre à Donna un roman d’Agatha Christie Death in the Clouds (renommé en français La Mort dans les nuages) où on voit l’alien attaquer un avion sur la couverture.

Ce n’est pas mon épisode préféré de Doctor Who – je préfère évidemment Silence in the library, ainsi que tous les épisodes où apparaît le personnage de River Song (je vous laisse en apprendre davantage sur cette série si le coeur vous en dit) – mais je le revois tout de même toujours avec plaisir.

Et ce n’est pas la seule fois où Agatha Christie devient malgré elle une héroïne de science-fiction.

Dans l’un de mes livres de science-fiction préféré, Blitz, de Connie Willis, elle est présente à la fois comme référence et comme personnage.

Petit résumé de cette intrigue fabuleuse, et incroyablement bien écrite :

Oxford, 2060. L’Université retrouve son fourmillement d’antan et ses historiens sont sur le pied de guerre. Michael Davies se prépare pour étudier Pearl Harbor, Merope Ward quant à elle tente de survivre face à une horde d’enfants évacués tandis que Polly Churchill se prépare à entrer en plein cœur du Blitz. Car oui, désormais, être historien est un métier à haut risque. Être historien c’est aller observer l’histoire, littéralement… Tous trois projetés au début de la seconde guerre mondiale, l’un sur la côte, l’autre à Backbury et enfin la troisième au cœur de Londres, ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour observer l’histoire, ses héros, ses soldats, ses victimes aussi… Jusqu’à ce que le drame se produise : ils ne peuvent pas rentrer chez eux et restent bloqués en 1940…

Dans ce roman, on lit donc Agatha Christie – puisque c’est une période très prolifique de sa vie en tant qu’auteure – et on y croise Agatha Christie qui officie comme préparatrice de pharmacie au University College Hospital.

Cela me donnerait bien envie d’ailleurs de relire ce livre, ainsi que les autres romans de Connie Willis… mais nous arrivons presqu’au terme de notre voyage !

Jouer et se promener avec Agatha

Pour conclure ce qui va être l’un de mes plus longs articles depuis que ce blog existe, voici quelques références, quelques liens pour jouer, vous promener et vous amuser avec Agatha.

Pour commencer je ne résiste pas à l’envie de vous proposer ici le parcours Crime Scene que j’avais réalisé il y a deux ans avec Sandrine Duquenne, et où vous pouvez retrouver quelques infos sur Agatha Christie, Hercule Poirot, et autres références du roman policier :

J’ai parcouru le site officiel mentionné sur Wikipédia, c’est un site plutôt sympa où vagabonder…

https://www.agathachristie.com/

Enfin, pour se promener en vrai, on pourrait hésiter entre les différents lieux où ont vécu l’auteure et ses personnages (mais limitons-nous tout de même à l’Angleterre) : Londres, Torquay (bien que la maison d’enfance, Ashfield, a été détruite depuis longtemps), Greenway Estate et Wallingford.

By Rod Allday, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8397126

Un jour, c’est sûr, j’irai à Greenway. En attendant, je vous souhaite une belle fin d’été et vous dis à bientôt, sur Cinéphiledoc !

Promenade cinéphile d’automne

Avant de parler sur ce site (il faut que je m’habitue, même si l’en-tête reste toujours « blog ») de calendrier de l’avent, de stage, de formation à la recherche et de désinformation, voici une petite promenade parmi mes lectures cinéphiles de cet automne.

Cet article ne sera pas forcément très long, en effet je compte publier un dernier compte-rendu de lecture début décembre, consacré comme il se doit à Star Wars (puisque nous verrons une dernière fois sur grand écran une Carrie Fisher épargnée d’un double numérique…).

Collection BFI / Akileos : la suite

Durant une bonne partie du mois de novembre, j’ai poursuivi mes lectures de la collection du British Film Institute, traduite et publiée chez Akileos.

Après Rio Bravo, que j’avais adoré, et Retour vers le futur, qui m’a quelque peu laissée sur ma faim, je me suis plongée dans les deux livraisons suivantes (je garde celle consacrée à Star Wars pour mon mini compte-rendu de décembre, vous l’aurez compris…).

Ces deux livraisons étaient, dans le désordre (puisqu’elles sont numérotées 6 et 9 dans la collection) : Le Voyage de Chihiro, de Andrew Osmond et Blade Runner, de Scott Bukatman.

Les deux lectures, chacune à leur manière, m’ont emballée et m’ont plongée dans l’univers cinématographique de ces deux films, aussi différents soient-ils, à la perfection !

  • Le Voyage de Chihiro

Comme avant pu le faire plus succinctement l’ouvrage consacré aux studios Ghibli dont j’ai parlé plus tôt dans l’année, le petit livre d’Andrew Osmond revient sur la genèse du film, en s’attardant davantage sur les influences de Miyazaki.

Évidemment, cela n’enlève rien à la qualité du premier ouvrage, car il analysait chacun des films du studio, quand celui publié chez Akileos se concentre sur Chihiro.

Osmond alterne l’étude de certaines scènes du film (la fameuse scène dans le train), les influences de Miyazaki (dont Alice au pays des merveilles, Le Roi et l’oiseau…) la genèse du film, la production, les méthodes de travail du réalisateur et l’ambiance des studios, la réception du film enfin, une sorte de rêve éveillé quelque peu décousu, mais auquel le rêveur adhère tout même à chaque instant, en pleine connaissance de cause.

En effet, Osmond revient sur certaines incohérences du scénario, qui ont déconcerté les critiques à la sortie du film. Il n’en demeure pas moins que Chihiro reste un bijou, un morceau de rêve dans lequel j’ai eu envie de me replonger dès ma lecture achevée.

Ce n’est pas mon Miyazaki de prédilection. Je lui ai longtemps préféré Le Château ambulant, dont la copie en DVD a fini par souffrir à force d’être regardée, et dont j’adore les personnages secondaires : Navet et Calcifer. Et j’ai un faible pour Porco Rosso, que j’ai découvert à la sortie du dernier Miyazaki, Le Vent se lève.

Mais revenons-en à ce petit livre. Ce qui intéresse surtout Osmond, c’est le personnage de Chihiro à proprement parler, son évolution, d’une adolescente grincheuse et renfermée en aventurière.

L’évocation suit Chihiro pas à pas, et c’est aussi ce qui donne envie de revoir le film et son univers foisonnant, ses bains et ses chaufferies, ses repas gargantuesques, le vieux Kamaji et ses noiraudes, son sans-visage, les employés grenouilles, Bô, les trois têtes bondissantes, Yubaba et Haku…

Voilà pour cette première lecture.

  • Blade Runner

L’autre ouvrage publié en octobre / novembre par Akileos est Blade Runner, de Scott Bukatman.

Même plaisir à la lecture, même envie – pas encore réalisée cependant – de revoir le film (même si depuis, j’ai vu et apprécié la suite, Blade Runner 2049, réalisée par Denis Villeneuve.

L’analyse de Scott Bukatman m’a fait penser à un livre que j’ai eu l’occasion de découvrir il y a plusieurs années, et je me suis demandée d’ailleurs si l’auteur n’y avait pas participé…

Il s’agissait de La Ville au cinéma, une encyclopédie publiée par Les Cahiers du cinéma, sous la direction de Thierry Jousse et Thierry Paquot.

Pourquoi ai-je pensé cela, alors que finalement, ce n’était pas le cas ? Parce que Scott Bukatman accorde une grande place dans son analyse à la façon dont la ville est filmée dans Blade Runner.

Autre film, autre voyage… et dont les évocations entrainent le lecteur, au-delà d’une ville toute en contrastes, brumes, obscurités et lumières, vers d’autres lieux et d’autres lectures.

On y suit le tournage évidemment, on y retrouve Fritz Lang et son Metropolis comme l’une des sources d’inspiration, mais on s’attache aussi aux pas des réplicants, entre vie et illusion, à nouveau rêve et réalité, cinéma et vérité.

Pour ce mois de novembre, voici donc deux belles lectures et deux escapades dans des mondes mi-rêvés mi-cauchemardés.

Et si on parlait de Clouzot ?

Enfin ma dernière lecture de novembre n’en est pas une. Je ne l’ai même pas commencée. Il s’agirait presque de ce qu’on pourrait appeler une erreur de casting.

Cette fin d’année a été l’occasion de rendre hommage au cinéaste Henri-Georges Clouzot, disparu en 1977. Cela a donné lieu à des rétrospectives et des publications.

En tant que cinéaste, mais également par sa personnalité, Clouzot m’a toujours fascinée.

J’ai adoré les quelques films que j’ai pu voir de lui : Quai des orfèvres, Le Corbeau et surtout Les Diaboliques.

Je garde en mémoire cette anecdote d’une spectatrice parlant à Hitchcock, à peu près en ces termes :

« Depuis que j’ai vu Les Diaboliques, je ne peux plus prendre de bain. Maintenant que j’ai vu Psychose, je ne peux plus prendre de douche. Que me suggérez-vous ? »

Réponse sans appel d’Hitchcock : « Le nettoyage à sec. »

J’ai donc cherché parmi les publications récentes quelque chose qui me raconte à la fois la vie de Clouzot, et qui me donne un aperçu, avec une iconographie relativement riche, de sa filmographie.

Le livre que j’ai trouvé est certainement un excellent livre, Le Mystère Clouzot, publié par la Cinémathèque française. Mais les auteurs axent leur analyse de Clouzot autour d’un film que je n’ai pas vu, Le Mystère Picasso.

Je ne peux donc ni parler correctement du film, ni, à plus forte raison, parler correctement du livre.

Il faudra que je vois ce film ou que je trouve autre chose, sur Clouzot, à me mettre sous la dent.

En attendant, je vous souhaite un bon mois de décembre, je vous parlerai très prochainement de deux petits ouvrages très intéressants sur Star Wars, avant mon compte-rendu #profdoc de mes activités entre le 27 novembre et le 22 décembre.

À bientôt sur Cinephiledoc.com !

Mythes américains : westerns, Hollywood et Fifties

Mes deux lectures cinéphiles du mois d’octobre ont en commun d’être consacrées à deux films cultes américains et de représenter deux grands mythes américains : le western et l’Amérique des années cinquante.

Les films qu’elles évoquent, aussi différents qu’ils puissent être, rendent quant à eux hommage au cinéma hollywoodien, soit parce qu’ils ont été réalisés durant « l’âge d’or » d’Hollywood – et les premières images suffisent à nous embarquer dans cette période – soit parce qu’ils ne cessent d’y faire référence.

Western : entre désamour et coup de foudre

Ma première lecture n’était au départ pas très enthousiaste. L’ouvrage évoquait un genre qu’à la fois je maîtrise mal et pour lequel je n’ai pas une affection démesurée.

Par Bernard Gagnon — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6062220

À de rares exceptions près, je n’ai pas cherché à voir des westerns. Je n’ai pas vu La Chevauchée fantastique, je n’ai pas vu La Prisonnière du désert, je n’ai pas vu Le Train sifflera trois fois.

J’ai mis un temps certain avant de voir Le Bon, la brute et le truand, et Little Big Man. La seule exception notable pour moi, la seule incursion ancienne et durable dans l’univers du western, c’est Danse avec les loups, que j’adore.

C’est donc avec beaucoup de précaution et de scepticisme que j’ai commencé à lire l’ouvrage consacré à Rio Bravo par Robin Wood, et publié chez Akileos dans la collection BFI : Les Classiques du cinéma, en juillet 2017.

Vous me direz que j’ai mis quasiment 3 mois à dénicher cet ouvrage (ainsi que le deuxième de cet article) et à vous en parler. Mais une fois encore, ma veille en matière d’ouvrages sur le cinéma était quelque peu en pause, et je n’ai pas pu me ruer sur les nouveautés de cette collection, dont j’ai déjà parlé et dont je reparlerai plus bas.

J’ai donc commencé à lire…

Du livre au film, et Howard Hawks…

Deux éléments ont joué en la faveur de Rio Bravo : d’abord, l’écriture de Robin Wood. Ce petit livre d’une centaine de pages est incroyablement bien écrit. Même sans avoir vu le film, on a l’impression de le connaître et d’être plongé dans chacune des scènes que l’auteur nous décrit.

Robin Wood évoque son expérience personnelle de Rio Bravo, et replace ce film dans la filmographie d’Howard Hawks. Ayant vu Le Port de l’angoisse, auquel l’auteur compare régulièrement Rio Bravo, j’avais un élément familier auquel me raccrocher.

Voilà pour le premier élément.

Le second, c’est un collègue avec lequel j’ai parlé de ce petit livre, et à qui j’ai confié que non, je n’avais jamais vu Rio Bravo. Au terme d’une discussion où sont revenus Le Port de l’angoisse, les westerns, Hawks, les jambes de Angie Dickinson, Dean Martin et John Wayne, j’ai été convaincue de l’absolue nécessité (bon j’exagère, mais juste un petit peu) de voir Rio Bravo.

Et évidemment, je ne l’ai pas regretté. Non seulement le film m’a réconcilié avec le genre du western, mais j’ai été à la fois époustouflée par la prestation des acteurs, qu’il s’agisse des principaux et du duo John Wayne / Dean Martin, ou des seconds rôles (Angie Dickinson et Walter Brennan) mais j’ai été à nouveau emballée par l’histoire et embarquée par Hawks avec sa façon bien à lui de me faire aimer ses films.

Walter Brennan, c’est celui qui dans Le Port de l’angoisse, joue l’ami encombrant et jamais sobre de Bogart, ne cessant de demander autour de lui « Vous avez déjà marché sur une abeille morte ? ». John Wayne face à Angie Dickinson, c’est Bogart face à Bacall, qui lui dit que s’il veut quelque chose, tout ce qu’il a à faire c’est siffler…

Bref, grâce à Robin Wood, qui a su reconstituer parfaitement les scènes de Rio Bravo, et grâce à mon collègue, j’ai vu Rio Bravo, j’ai aimé Rio Bravo et j’ai eu du coup envie de revoir un western qui, depuis mon enfance, s’était logé au fin fond de ma mémoire.

Il s’agit de Bandolero !, un western sorti près de 10 ans après Rio Bravo, où, d’après mes souvenirs, James Stewart se déguisait en bourreau pour libérer ses camarades condamnés à être pendus. S’ensuivait une poursuite qui les conduisaient jusqu’au Mexique, en compagnie d’une femme qu’ils avaient kidnappé au passage.

Évidemment, les retrouvailles avec Bandolero ! ont rendu le film quelque peu plus consistant que les quelques lignes qui précèdent.

Et si parfois, après plusieurs années à idéaliser une oeuvre, on se rend compte qu’elle n’avait finalement rien d’extraordinaire, j’ai été rassurée de constater que pour moi, Bandolero ! gardait ce charme trépidant, même sans la virtuosité de Rio Bravo...

Retour vers le futur

La deuxième lecture de ce mois-ci, c’est un ouvrage d’Andrew Shail et Robin Stoate consacré au film Retour vers le futur et publié par Akileos également en juillet 2017, dans la même collection.

Retour de vers le futur fait partie des films que les gens de ma génération ont pu voir lorsqu’ils étaient soit enfants, soit adolescents, au même titre que Gremlins, les films de Spielberg, Forrest Gump, Terminator ou encore la saga Star Wars.

Ce sont des films que je n’ai pu voir que la vingtaine bien sonnée (vers 24-25 ans). À vingt ans, je connaissais mieux les films d’Hitchcock, de Truffaut et de Chaplin, et je n’avais jamais vu les films mentionnés ci-dessus.

Évidemment, j’ai pu par la suite rattraper mon retard, mais si je garde intacte l’émotion du premier Harry Potter au cinéma, je ne saurai jamais (ou seulement en discutant avec mes amis) ce qu’on peut ressentir quand on est ado et qu’on voit pour la première fois Retour vers le futur.

Malgré ce retard, j’ai pensé que l’ouvrage d’Andrew Shail et de Robin Stoate allait ressusciter en moi le charme conjugué des années 80 et des années 50, présentes toutes deux dans Retour vers le futur, et le comique, et la folie, et la fantaisie de Marty et de Doc.

Voilà sur quoi je suis tombée au lieu de ça :

« … la capacité qu’a Marty de perturber le temps désigne une curieuse accentuation post-moderne de l’expérience adolescente, qui nécessite une conscience encore plus appuyée du caractère changeant et non-euclidien d’un mode de vie occidental dépendant de la haute technologie »

Euh… what ? Accentuation quoi ? C’est quoi le caractère non-euclidien ? Vous pouvez répéter s’il vous plait, j’ai pas tout compris. Bref, voilà l’essentiel du problème de ce petit livre.

Ce dernier s’intéresse ensuite à la restitution des années 50 et à l’image qu’elle en véhicule. Une partie est aussi consacrée à la représentation de l’informatique (sans ordinateurs contrairement à d’autres films de la même époque tels que Wargames).

Il y a un très beau chapitre sur le temps, sur les voyages spatio-temporels au cinéma. Mais je n’ai pas trouvé l’explication du « caractère non-euclidien ». D’ailleurs, si quelqu’un peut m’expliquer…

S’il restitue bien l’ambiance, le contexte, les hommages du film aux années 50, le rythme frénétique du film, le tout est plombé au détour d’une phrase par cette bouillie jargonnante, qu’on ne retrouve absolument pas dans l’ouvrage de Robin Wood sur Rio Bravo.

Une petite collection qui promet

C’est la faiblesse (et pourtant la force) de cette petite collection de Akileos. Une collection, commencée l’an dernier avec Alien, Shining, Brazil, puis Le Parrain et Les Sept samouraïs.

Cette collection s’agrandit donc cette année de Retour vers le futur, Rio Bravo, Blade Runner (déjà sortis), Le voyage de Chihiro et Star Wars (encore à paraître, ou sur le point de l’être au moment où j’écris cet article).

À l’exception des deux premiers, sur Alien et Shining, oeuvres de Roger Luckhurst, chacun des ouvrages est écrit par un ou des auteurs différents.

C’est ce qui explique la diversité du style (et parfois même de la forme) de chacun d’entre eux. Un auteur pourra privilégier son expérience personnelle du film, analyser telle ou telle scène marquante, replacer le film dans son genre, un autre pourra privilégier une approche beaucoup plus distanciée, réflexive, se pencher sur des aspects sociologiques ou psychologiques…

Telle ou telle personne retiendra un volume en particulier, qui lui correspondra, un film culte parmi la petite dizaine que s’apprête à compter désormais cette collection. Certains préféreront l’analyse distanciée de Retour vers le futur, d’autres l’approche personnelle de Rio Bravo.

Il n’en demeure pas moins que, même si certains peuvent décevoir (et cela ne constitue pas pour autant de ma part une fin de non-recevoir), chaque élément de cette collection est une pépite.

Et j’en suis venue à les guetter comme on guette la prochaine saison de Narcos, de Stranger things ou de The Crown, car c’est aussi cette diversité qui me fait les apprécier.

Pour 11€ et quelques, j’y retrouve à chaque fois l’atmosphère d’un film, et j’ajoute à ma bibliothèque une filmographie idéale.

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