En parcourant les différentes rubriques d’un site Internet que je recommande aux cinéphiles amateurs de répliques cultes, aux butineurs de liens et aux cliqueurs en tous genres, Cinélog, j’ai retrouvé toutes les répliques qui s’impriment plus ou moins volontairement dans nos têtes.

Ma mémoire est tout à fait sélective : je retiens beaucoup mieux les répliques de cinéma, les paroles de chansons et les citations littéraires que les verbes irréguliers allemands, les champs du pavé ISBD et la différence entre métonymie et synecdoque. Après, tout est une question de préférence.

Lorsque quelqu’un se met à réciter « Aucun lien, fils unique », « Je suis le pape et j’attends ma sœur » ou encore « Prenez un chewing-gum Émile », on reconnaît à coup sûr le fan de La Cité de la peur, celui qui l’a vu quinze fois et qui est capable de rire d’une réplique avant même que la scène l’impliquant ait eu lieu. Lorsque un chevelu fondu de fantasy et d’art médiéval affirmera « Personne ne lancera un nain », « Vous ne passerez pas » ou « Je vous aurais suivi mon frère… mon capitaine… mon roi », on saura être en face d’un féru du Seigneur des anneaux. Et l’on suivra à la trace le jedi de Star Wars ou le scribe d’Astérix et Obélix, Mission Cléopâtre.

Personnellement, je suis capable de réciter tout le début de ce dernier film, depuis « Un ancien poème égyptien… » jusqu’à la « délicate Cléopâtre… ASSEZ ! » Le tout étant pour le moins exaspérant. Je peux réciter un certain nombre de répliques des films Mon petit doigt m’a dit et Le Crime est notre affaire… surtout celles de Catherine Frot – « le léopard tacheté », « ce que tu deviens popote », « quand tu auras fini de conjuguer le verbe sentir… »

J’aime la tirade d’Arletty dans Hôtel du Nord, les lamentations de Michel Simon et les exclamations de Louis Jouvet dans Drôle de Drame, les promenades et les murmures des Enfants du paradis et la parade amoureuse de Gabin et de Morgan dans Quai des brumes.

Enfin, j’ai une tendresse toute particulière pour les dialogues d’Audiard dans Les Tontons flingeurs, mes sentences préférées étant :

« Patricia mon petit, je voudrais pas te paraître vieux jeu ni encore moins grossier. L’homme de la pampa parfois rude reste toujours courtois, mais la vérité m’oblige à te le dire : ton Antoine commence à me les briser menu ! » et « Et c’est pour ça que je me permets d’intimer l’ordre à certains salisseurs de mémoire qu’ils feraient mieux de fermer leur claque-merde ! Ah ! »

Par contre, je déplore chaque jour de n’avoir jamais réussi à retenir l’intégralité de la tirade de présentation de V dans V pour Vendetta – et d’ailleurs, laquelle retenir, la version française ou la version originale ? – et la tirade d’Otis dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre.

Mais j’ai à mon actif un certain nombre de répliques des films de François Truffaut, dont ma préférée est très certainement celle de Valentina Cortese dans La Nuit américaine, que je sais reproduire en mettant même le ton :

« Cet acteur, toute sa vie il a rêvé de jouer Hamlet. Enfin il réussit à monter son spectacle. Mais il était tellement mauvais, tellement mauvais, que tous les soirs, il se faisait siffler. Alors un soir il en a eu assez. Il s’est arrêté en plein milieu du monologue « To be or not to be », il retourne son visage vers le public et il leur dit « I didn’t write that shit !  » C’est pas moi qui a écrit cette merde ! »