En cette fin d’année – de première année pour moi – les professeurs documentalistes autour de moi n’ont que le mot « inventaire » à la bouche :

  • Regard fatigué et rempli de fierté : « J’ai commencé l’inventaire. »
  • Regard paniqué et aux abois : « Vous avez commencé l’inventaire ? »
  • Regard mode liste de diffusion professionnelle : « CDIBLOP/GESTION : j’ai un souci avec mon inventaire !!!! »
  • Regard fuyant : « Je n’ai jamais fait d’inventaire…. où sont les clefs de ma TARDIS ? »

Au milieu de tous ces gens à l’équilibre mental plus ou moins fragile, j’ai conscience que l’inventaire est une mission incontournable… mais oui mais oui ! Lorsque l’on prépare le concours, l’inventaire est une des notions que l’on aborde, pour devenir presque aussi automatique que le bulletinage des périodiques et la sauvegarde des données. Si bien que se met en place l’équation suivante : fin d’année = inventaire.

On apprend que l’inventaire n’est pas simplement l’opération mystérieuse qui nous prive à certaines occasions de nos magasins favoris, que ce n’est pas seulement l’art de compter des cartons – même si le fait de compter occupe une place importante de cette opération.

Gaston Lagaffe© Franquin

On apprend aussi à distinguer le récolement, mot barbare qui désigne l’action de contrôler dans le rayonnage la présence physique du document, et l’inventaire qui est la liste de tous les documents de la base, présents ou absents.

Le récolement et l’inventaire en viennent à me rappeler certains textes de philosophie, et éveillent le vague souvenir de notion d’être et de non-être…

En effet : certains documents sont présents, d’autres existent mais sont absents du rayon (sortis, perdus, archivés, désherbés), d’autres encore sont indiqués comme présents mais ne sont pas sur les rayonnages (volés, déplacés). Et les documents absents continuent d’exister sur une liste ou dans une base mais n’existent plus physiquement.

L’inventaire est certainement l’un de ces travaux titanesques qui, vus du ciel, donnent l’impression d’allées et venues de fourmis et qu’on ne parvient pas à commencer avant d’en avoir choisi l’emplacement de la première pierre.