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Blog pour cinéphiles et profs docs

Mois : mai 2012 (Page 1 sur 3)

« Là où un oiseau passe, comme une dédicace »

C’est un extrait de la « Chanson d’Hélène » dans le film Les Choses de la vie, de Claude Sautet. Il est déjà difficile de parler de la beauté, il est presque impossible d’évoquer Romy Schneider. Mais lorsque je veux écrire un article sur Romy Schneider, je ne sais pas ce qui est le plus dur : le commencer ou réussir à ne pas tomber dans l’éloge systématique.

Je commence donc par les paroles de la « Chanson d’Hélène », parce que c’est la première chose à laquelle je pense quand j’entends parler de Romy Schneider. J’entends sa voix, qui n’est pratiquement qu’un souffle, et cette chanson. Et pour ne pas tomber dans l’admiration ébahie, je me souviens de ce qu’on disait d’elle : les femmes l’aiment sans la jalouser, et elle fascine les hommes sans qu’il n’y ait rien de vulgaire ni de graveleux dans cette fascination. Je crois que c’est d’ailleurs l’une des seules personnalités que l’on peut appeler par son prénom, avec un mélange de respect et d’affection. Cela fait trente ans que Romy a disparu.

Pour moi, nul n’est donc besoin de dire ce que tout le monde sait déjà : beauté, émotions, fragilité, tous les superlatifs et toutes les métaphores, pour désigner ce visage, ces yeux, cette voix et cette filmographie.

Je me contenterai d’évoquer les films de Romy qui m’ont le plus marquée. Mon préféré est sans doute La Banquière, où elle incarne Emma Eckhert, femme d’affaires des années 20 inspirée de Marthe Hanau. Elle y est tout à la fois exubérante et bouleversante. Elle est entourée de comédiens magnifiques : Jean-Claude Brialy, Jean-Louis Trintignant, Claude Brasseur, et l’inoubliable Marie-France Pisier. La Banquière, c’est une époque, et un superbe portrait.

Ceux de ses films que j’admire le plus, ensuite, ce sont ceux de Claude Sautet, avec, au premier plan, César et Rosalie, où elle est lumineuse. Evidemment, Les Choses de la vie, Max et les ferrailleurs, et Une histoire simple.

Deux intrigues « policières » que dans mon esprit, je rapproche, parce qu’elle y a la même sensualité et exerce sur ceux qui l’entoure, la même fascination : La Piscine et Les Innocents aux mains sales. Et puis sa présence fugitive dans Garde à vue.

Enfin, bien-sûr, Sissi, mais la Sissi de Visconti, dans Ludwig , le crépuscule des dieux. Une corneille noire, mélancolique et mystérieuse.

Au fond, je ne pourrai jamais choisir un film de Romy Schneider. Comme s’ils échappaient à toute fragmentation. Comme s’il s’agissait d’une totalité inaltérable et éternelle.

Fumeurs de Gitanes…

La série Mad Men est l’une des plus belles séries de ces dernières années, sur le plan esthétique et historique. L’atmosphère est feutrée, murmurante, tamisée. Tout y est soigné, les décors, les accessoires, les costumes. Mad Men évoque la vie des publicitaires de Madison avenue (les Mad Men) à la fin des années 1950. Tous ces hommes qui incarnent le rêve américain, l’American way of life, et la société de consommation. Un univers masculin, sûr de lui, sexiste, raciste et matérialiste.

Mad Men évoque parfaitement les héros d’Alfred Hitchcock et leurs compagnes blondes, distantes, « volcans recouverts de neige ». Rien que le début de la série, quand on la découvre : un milieu aisé, bourgeois, pour qui les femmes sont soit des épouses, soit des mères,  soit des secrétaires, qui bâtit au jour le jour l’empire américain à coup de slogans, avant de se retrouver au club et siroter des whiskys.

C’est exactement la situation initiale de La Mort aux trousses (North by Northwest). Roger Thornhill (Cary Grant) est un publicitaire new-yorkais sans histoire, aux costumes élégants, qui fréquente raisonnablement les bars d’hôtel et qui entretient de gentilles liaisons auxquelles il offre des boîtes de chocolats emballés dans du papier doré (pour qu’elles croient manger de l’or). Jusqu’à ce qu’il soit pris pour un agent du contre-espionnage, George Kaplan.

Mad Men, c’est La Mort aux trousses, le quiproquo en moins, et les cigarettes en plus. Mad Men restitue une époque où allumer une cigarette était encore synonyme de sensualité et de sex-appeal, et dont on n’a, dans La Mort aux trousses, qu’un bref aperçu, lorsque dans le train New-York – Chicago, Cary Grant allume la cigarette d’Eva Marie Saint. On regarde Mad Men, moins pour ce qui s’y passe que pour ce qui y est suggéré.

Mad Men me rappelle tous ces films des années 1940-1950. Films noirs avec femmes fatales et détectives blasés. Le générique du Grand Sommeil (The Big sleep) avec les silhouettes de Lauren Bacall et Humphrey Bogart, et leurs deux cigarettes dans un cendrier. Audrey Hepburn et son fume-cigarettes dans Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany’s). Bette Davis, sa gouaille, ses yeux fardés et sa sensibilité de star dans Eve. On allume une cigarette, pour entamer une agréable conversation, à la limite du duel ou de la censure. C’est l’instant de grâce. Toutes ces stars glamours des années 50, aux répliques cinglantes, à l’humour cynique et regardant la réalité en face, un rien désabusées. Humphrey Bogart ne surnommait-il pas ses cigarettes « les clous du cercueil » ?

© Collection AlloCiné / www.collectionchristophel.fr

Années 50, années 60, années 70. Dans La Nuit américaine (François Truffaut), l’accessoiriste allume des moitiés de cigarettes à l’acteur principal. Dans Vivement dimanche !, Fanny Ardant se grime en prostituée et fume une cigarette en faisant semblant d’attendre le client.

Et maintenant ? Les affiches montrant Gainsbourg en train de fumer dans le film de Joann Sfar avaient été censurées. On regarde Mad Men, mais l’on sait que les cigarettes des acteurs sont moins des provocations que des évocations, les créateurs ayant précisé qu’elles étaient sans nicotine. Au fond, cela me rappelle – et c’est curieux les associations d’idées que l’on peut avoir parfois – la réplique de Boromir dans Le Seigneur des anneaux :

« C’est une étrange fatalité que nous devions éprouver tant de peur et de doutes… pour une si petite chose… Une si petite chose… »

Tant de peur et de doutes pour une petite chose si séduisante et si dangereuse…

La nécessité de la plus-value

Travailler dans un CDI me donne parfois l’impression d’être une vendeuse sur un marché, qui essayerait d’attirer l’œil des passants sur des produits locaux : « Ils sont beaux mes outils, ils sont beaux. Demandez mes expos ! Tâtez-moi cette séquence pédagogique, elle est bonne, elle est fraîche, y’en aura pas pour tout le monde ! »

Dans un précédent article, je faisais des remarques sur l’âge variable du professeur documentaliste. Ce que j’ai constaté également, c’est l’énergie que demande ce métier, où il faut continuellement « vendre » son CDI et « se vendre », et prouver l’efficacité et la qualité – voire le sens – de notre travail.

Dans ses ouvrages La Science de l’information et Usages et usagers de l’information, Yves-François Le Coadic évoque, à l’ère du numérique, le changement de paradigme qui s’est opéré dans le milieu des bibliothèques et des centres de documentation : on est passé d’une approche « orientée professionnel » à une approche « orientée usager ».

Voilà, en quelque sorte, de quoi il s’agit : avant, il y avait des professionnels (bibliothécaires, documentalistes) auxquels l’usager venait demander un renseignement. L’usager, de sa propre initiative, posait une question, que le professionnel « traduisait » dans un langage documentaire, pour ensuite fournir la réponse et trouver le document recherché.

Désormais, le professionnel est mis en concurrence avec des outils et des usages extérieurs. Il est confronté à des usagers qui ont déjà une culture personnelle de l’information (numérique), ou justement à des « non-usagers », qu’il doit s’efforcer d’attirer.

Bien-sûr, il ne s’agit pas de réduire cette question à un simple clivage avant / après. J’utilise simplement l’expression de ce changement de paradigme pour montrer à quel point le professeur documentaliste se doit de construire une véritable politique de l’offre. C’est à mon sens pour cela que la communication sous toutes ses formes est primordiale dans ce métier, et qu’elle demande une énergie de chaque instant.

Tout dépend de l’établissement où l’on se trouve, et de son ambiance. La communication, c’est la discussion informelle en salle des profs autour de la machine à café, où l’on glane les informations sur les éventuels besoins, et où l’on propose. Ce sont les communications papier, l’affichage pour les professeurs et pour les élèves, sur les actions mises en place, mais qui la plupart ne sont pas lues, parce qu’elles se noient dans un océan de paperasse, et qu’elles doivent pâtir de toutes les causes humaines, fatigue, stress, inattention. C’est la réappropriation du plus grand nombre possible d’outils numériques à des fins de veille et d’échanges (portails netvibes, ENT, réseaux sociaux…). Enfin, c’est la capacité à dire « oui » une grande partie du temps :

 » Je peux venir avec un groupe d’élèves au CDI la semaine prochaine / dans une heure / dans dix minutes ?

– Oui. »

 » J’ai besoin de tels documents pour la semaine prochaine / dans une heure / dans dix minutes, tu peux me les trouver ?

– Oui. »

Au-delà de cette politique de l’offre, dans les échanges quotidiens avec les collègues et dans les projets que l’on mène avec eux, il faut instaurer une politique de plus-value. Dans le cadre de leurs programmes, ils sont tout à fait à même d’utiliser des outils de recherche et d’apprendre aux élèves à chercher. Il faut donc, pour chaque séquence, imaginer ce que nous, nous pouvons apporter. Deux exemples :

  • Un professeur d’histoire-géographie veut faire travailler ses élèves de seconde sur les grandes lois, dans le cadre de l’éducation civique, juridique et sociale. La collègue a déjà préparé une fiche, avec les adresses des sites où trouver l’information. Dans ce cadre-là, j’ai apporté une « plus-value » en faisant moi-même le travail des élèves sur la loi HADOPI. Cela me permet de leur donner un modèle du travail attendu, en partant de leurs pratiques et en leur démontrant que les lois s’inspirent justement de notre vie quotidienne.
  • Un professeur d’éco-gestion veut former ses élèves de première STG à la recherche documentaire, dans le cadre des programmes d’information-communication. Je lui présente les méthodes de classement des ouvrages, les différentes revues et les outils numériques du CDI, qu’elle s’approprie au point de produire son propre questionnaire pour les élèves. Je dois donc parvenir à proposer autre chose. Je choisis de créer, sur la base en ligne du CDI, un onglet rappelant comment s’informer sur l’actualité, avec le lien d’un portail netvibes proposant les flux de journaux et de magazines, français ou étrangers, et des sites de statistiques et d’informations économiques et sociales.

Exister, proposer, impulser, être visible, communiquer… ce sont les enjeux de ce métier. Ce blog n’est qu’un outil parmi d’autres, qui, à sa faible mesure, tente de répondre à ces enjeux.

Les chants désespérés…

En 2013 sortira au cinéma une nouvelle adaptation de Gatsby le Magnifique, le roman de Francis Scott Fitzgerald, près de quarante ans après celle mettant en scène Robert Redford et Mia Farrow. Une version magnifique à tout point de vue. Mais je suis convaincue, ayant en mémoire l’extraordinaire prestation de Leonardo di Caprio dans Aviator, que ce dernier saura parfaitement incarner cet Howard Hughes fictif qu’est Gatsby (la déchéance en moins).

© Collection AlloCiné / www.collectionchristophel.fr

Gatsby fait partie des héros désenchantés et désespérés, à la lisière du cynisme, pour lesquels j’ai toujours eu beaucoup d’affection. Je m’amuse à leur trouver des cousinages, des parentés, des descendances, au gré de mes expériences de lectrice et de spectatrice. Je pourrais d’ailleurs en tracer la chronologie littéraire et cinématographique, qui s’étendrait des années 1920 aux années 1960, mais que l’on serait libre de prolonger à volonté :

En 1925 paraît donc Gatsby le Magnifique, roman emblématique de la « Génération perdue » des années 1920. Ce qui frappe, en tout cas pour moi, c’est moins l’amour destructeur que voue Gatsby à Daisy, dans une atmosphère de frivolité et d’inconscience, que le mystère qu’il incarne. Celui d’un ovni, d’un être complètement déconnecté d’une époque qu’il ne comprend pas plus qu’elle ne le comprend lui-même. Celui d’un météore, à la réputation sulfureuse, recraché vivant par la première guerre mondiale et arrivé là on ne sait comment.

En 1927, Stefan Zweig publie La Confusion des sentiments. Bien que les sentiments y soient tout autant exacerbés, il semble que l’histoire pèse moins sur le destin des personnages, mais on y retrouve une atmosphère brumeuse, dérangeante et contrainte, mêlée cette fois-ci non de frivolité, mais d’une érudition raffinée et mélancolique.

Je saute dix ans… sans doute y’a-t-il d’autres témoignages de ces monstres littéraires.

Je parviens en 1937. Le Voyageur sans bagages, Jean Anouilh. Mêmes souvenirs de la première guerre mondiale. Même personnage recraché vivant par les tranchées : celui de Gaston, soldat amnésique réclamé par plusieurs familles et qui, plutôt que de subir un passé qu’il ne reconnaît plus comme le sien, choisit de s’en approprier un nouveau.

Et puis je retrouve, à la fin des années 30 et au début des années 40, une succession d’œuvres pour lesquelles on a pris l’habitude d’évoquer les héros presque comme des traits de caractères (le petit nom de cette figure de style, c’est l’antonomase), soit que l’œuvre porte elle-même leur nom, soit qu’elle s’efface derrière eux : Roquentin (La Nausée) , Gilles, Aurélien, Meursault (L’Étranger). Et pour chacun, la mélancolie, le cynisme, l’abandon, le désenchantement.

Il ne leur reste plus qu’à survivre à une deuxième guerre et à attendre l’arrivée de leurs descendants cinématographiques… les Michel Poiccard d’A bout de souffle, les Antoine Doinel des Quatre cents coups, les  Bertrand Morane, les Julien Davenne, les marginaux, les solitaires, les séducteurs et les enfants…

Le désordre harmonieux

La prédilection de certains documentalistes – je figure dans le lot – pour le classement pourrait s’expliquer par deux formes d’angoisse existentielle : un besoin absolu de maîtrise et un délire maniaque de rangement. Dans Penser / Classer, Georges Perec leur donne un aspect qui semble – semble seulement – plus apaisé :

« Toute bibliothèque répond à un double besoin, qui est souvent aussi une double manie : celle de conserver certaines choses (des livres) et celle de les ranger selon certaines manières. »

Il ajoute qu’il existe différentes façons de classer les livres : par auteurs, par thèmes, par couleurs, par tailles, par langues, mais que chacune de ces méthodes ne peut se suffire à elle-même. Le propriétaire d’une bibliothèque se voit contraint de combiner plusieurs systèmes de rangement.

Lorsque j’observe mes bibliothèques, je constate que je cumule des systèmes qui se développent au gré de mes caprices et qui sont soumis à la taille, hélas non extensible, de mes rayonnages et des bibliothèques :

  • les auteurs préférés ;
  • les livres sur la littérature ;
  • les livres en langue étrangère ;
  • une bibliothèque entière d’ouvrages sur le cinéma ;
  • une étagère d’histoire ;
  • les biographies de musiciens (avec les CD de musique classique) ;
  • les bandes dessinées ;
  • mélangés aux livres, les DVD, qui ont eux aussi leur classement propre : cinéma muet, Nouvelle vague, acteurs préférés, films historiques, films sur des écrivains réels ou fictifs, films adaptés de romans, cinéma américain, séries télévisées, et autres que je ne parviens pas à classer… J’avais même songé à un moment de grande fatigue, et sans doute par déformation professionnelle, à leur attribuer des gommettes de couleur !
  • un classement alphabétique pour des livres au format poche ;
  • les livres de cuisine dans la cuisine ;
  • les livres de « travail » (soulignés, surlignés, post-ités…) dans le bureau…

J’en oublie certainement, et cet édifice instable et capricieux est encore fragilisé par une autre angoisse : que faire quand il n’y a plus de place ? Je déplace, je camoufle, je superpose (à l’horizontal sur la verticale), plus rarement j’ajoute une rangée devant une autre…

Dans le cadre du CDI, la même problématique apparaît. Le besoin de maîtrise et le délire de rangement posent deux questions : comment organiser le monde, réduit aux quatre murs du CDI, et comment ajouter une pièce à un puzzle ? Il suffit d’avoir un esprit joueur, et quelque peu tordu, pour tenter d’y répondre :

  • L’organisation du monde, et dans une seconde mesure, des connaissances humaines, est le défi que se sont lancés les philosophes (depuis Aristote jusqu’à Diderot) et les écrivains (classement labyrinthique de la bibliothèque du Nom de la rose, ou absence totale de classement pour le cimetière des livres oubliés de L’ombre du vent), relayés par les chercheurs de bibliothéconomie et de sciences de l’information (Dewey, Otlet et Lafontaine, Ranganathan). Ce défi va jusqu’à envahir l’univers de Doctor Who (épisodes de « La fille du docteur » et de la « Bibliothèque des ombres », saison 4).

Dans les bibliothèques spécialisées sur le cinéma, que sont la Bibliothèque du Film et la Bibliothèque François Truffaut, les documentalistes créent un nouveau classement ou adaptent les classements préexistants à cet autre monde qu’est le septième art. L’organisation du monde se modifie, afin que tout gravite (histoire, techniques, société, idées) autour de l’univers cinématographique.

Réfléchir à la construction de ce monde revient à vouloir en permanence résoudre une énigme dont les indices se modifieraient d’eux-mêmes.

  • Le fait d’ajouter ne serait-ce qu’un livre à l’édifice déjà construit de la bibliothèque revient à ajouter une pièce à un puzzle dont les différents éléments n’ont ni la même taille, ni la même forme. Où vais-je placer ce livre afin qu’il ait sa place dans l’espace documentaire et pour les usagers ? Donner sa place à un livre, c’est, en quelque sorte, lui attribuer une identité propre faite d’éléments objectifs (taille, systèmes de classification, publics), d’éléments intermédiaires (un livre pouvant relever de plusieurs thématiques), et d’éléments subjectifs (choix d’acquisition et de mise en valeur, réception).

Le fait de décider de placer tel livre à tel endroit et non pas à tel autre est finalement l’affirmation d’une volonté de toute-puissance : qui décide de l’ordre des choses, aussi infimes soient-elles, participe à l’ordre de l’univers.

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