Il y a un mois est paru le dernier tome de la bande dessinée De Capes et de crocs, « De la Lune à la Terre ».

Quand on se plonge dans l’univers étourdissant de De Capes et de crocs, la première chose qui frappe, c’est la beauté de la couverture, les soins méticuleux qu’on lui apporte et tout ce qu’elle laisse suggérer. Une personne sceptique dirait : « Bel emballage, et après ? » Puis, on ouvre le premier volume, on tourne les premières pages, et l’on se laisse happer par l’histoire…

Nous sommes à Venise, au 17e siècle. Atmosphère d’illusions, de théâtre, de masques et d’intrigues. Deux gentilshommes  pleins de panache et d’esprit, Armand, un renard, et Don Lope, un loup, se lancent sur la piste du fabuleux trésor des îles Tangerines. Ils croisent sur leur route pirates et monstres marins, traitre sanguinaire et savant fou, caillou doué de sentiments, et Eusèbe, le lapin échappé des galères. Ils iront jusqu’à la Lune, où vivent les chimères, où les maisons se déplacent, où les duels se font en vers et où la monnaie est le poème.

De Capes et de crocs est une superbe fresque d’aventures, pleine de rebondissements. Elle me fait penser à un tableau monumental fourmillant de détails. Pour les amateurs de littérature, d’histoire et de cinéma, elle est aussi une promenade vertigineuse. Comme dans un labyrinthe des miroirs, on tente de reconnaître les reflets que l’on rencontre : on y côtoie les Fables de La Fontaine, la Commedia dell’arte, l’univers de Molière, l’ombre du masque de fer, le hollandais volant, la mythologie, les romans de Jules Verne. On y parle souvent en alexandrins, puisque c’est le meilleur moyen de se battre et de vivre. Et bien-sûr on y retrouve comme guide du premier au dernier volume Cyrano de Bergerac. Le Cyrano écrivain, voyageur imaginaire du 17e siècle, qui rêvait aux états et empires de la lune et du soleil. Et le Cyrano personnage de Rostand, virtuose de la rime et de l’épée, qui se disperse en échos dans chaque personnage de la bande-dessinée.

Emporté à toute allure de la première page à l’apothéose du tome final, une seule question subsiste : qu’allait faire Eusèbe dans ces galères ?