Depuis la rentrée, je suis affectée dans un petit collège de l’Essonne, ce qui change du tout au tout avec le poste que j’occupais l’année dernière (voir mon précédent article à ce sujet). Ce n’est pas seulement un changement de lieu, ce serait trop simple. Il s’agit également d’un changement de public et de posture.
Ce qui frappe surtout lorsque l’on rentre dans un CDI de collège – enfin, généralement – ce sont les couleurs. C’est dans ce cadre là, qui est à la fois un refuge, un lieu de vie et une salle de classe pas tout à fait comme les autres, qu’il faut rendre le savoir attrayant et forger des personnalités de lecteurs et, selon le terme cher à un collègue, d’infolettrés. Les couleurs sont primordiales, elles donnent envie, elles attirent le regard, elles font sourire. J’aime particulièrement les étiquettes de couleurs qui distinguent les livres sur la religion de ceux sur les sciences sociales, les sciences pures, les techniques ou encore l’histoire géo. J’aime les ronds rouges qui égayent les murs du CDI, le rendent vivant et chaleureux.
Bien-sûr, ce qui frappe aussi, c’est qu’il faut adapter son langage à des élèves plus jeunes. J’avais déjà été confrontée à cette situation l’année dernière. Chaque notion à transmettre doit être réévaluée et simplifiée, puis fondue dans une forme propre à éveiller la curiosité et l’intérêt. En lycée, pour présenter le CDI, on part du principe que les élèves sont déjà familiers du concept – ce qui n’est pourtant pas toujours le cas. On surestime leur capacité de « butinage ». Au collège, le concept est inconnu ou presque. Les plus chanceux ont bénéficié d’une visite du collège et du CDI avec leur classe de CM2. Voilà ce que j’ai donc élaboré pour les élèves de sixième :
Enfin, ce qui découle directement de ce nouveau public et de cette nouvelle posture, c’est le manque crucial de temps pour prendre du recul. Durant la journée, toute l’énergie est consacrée à l’accueil et à la gestion du groupe, à l’action immédiate. Lorsque l’on peut, à côté, se consacrer à autre chose, c’est pour s’appliquer aux tâches les moins « prenantes » intellectuellement : couvrir des livres, ouvrir le courrier, bulletiner des périodiques, à la rigueur répondre à des mails.
Toute l’action différée, tout ce qui se construit sur un plus ou moins long terme, elle se fera à des moments perdus, tôt le matin ou en fin de journée, ou quand les élèves auront déserté le CDI : commandes, veille documentaire, élaboration de projets, réflexion sur son action, quand on aura du moins le courage de s’y consacrer…
Camilleuh
Je réessaie de commenter! Ta fiche découverte est super! Je te piquerais l’idée des mots croisés! Et CDI aurait pu être décliné en « Centre Des Imbéciles », « Cabinet Dentaire Inclinable », « Conseil Décousu Intégral » ou « Cornet Dominicain Indigène », sauf s’il fallait que ça veuille dire quelque chose o/
juliettefiliol
Je vois bien là toutes les ressources de ton imagination ! Malheureusement, oui, il fallait que ça veuille dire quelque chose, ou que du moins, il y ait un vague lien, mince très mince, avec un semblant de réalité… il a donc fallu renoncer au Circuit Daltonien Imprimé et au Coucou Doudou Itinérant… quelle monotonie tout de même !
Camilleuh
Vraiment dommage pour le Coucou Doudou Itinérant, il était bien celui là!
juliettefiliol
J’avoue, il me plait bien aussi. Il a un petit côté « nostalgie de l’enfance » qui me rappelle la grande question : peut-on venir au CDI avec son oreiller ?