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Sur la base du volontariat

« Une bibliothèque que l’on ne range pas se dérange : c’est l’exemple que l’on m’a donné pour tenter de me faire comprendre ce qu’était l’entropie et je l’ai plusieurs fois vérifié expérimentalement.

Le désordre d’une bibliothèque n’est pas en soi une chose grave ; il est de l’ordre du « dans quel tiroir ai-je mis mes chaussettes ? » : on croit toujours que l’on saura d’instinct où l’on a mis tel ou tel livre ; et même si on ne le sait pas, il ne sera jamais difficile de parcourir rapidement tous les rayons. »

Ces quelques phrases se trouvent dans le Penser / Classer de Georges Perec. L’auteur poursuit en indiquant les différentes manières de ranger ses livres : classement alphabétique, classement par continents ou par pays, classement par couleur, classement par date d’acquisition ou de parution, par formats ou par genres, par grandes périodes littéraires, par langues, par priorités de lecture, par reliures ou par séries. 

Il arrive que l’on désigne la bibliothèque comme un organisme vivant, végétal ou animal, voire parfois comme un monstre qui déploie ses tentacules interminables dans toutes les directions du savoir.

Lorsque j’ai été en contact avec les élèves du collège, j’ai été frappée, certainement comme beaucoup avant moi, par la motivation qu’ils ont, pour les plus jeunes d’entre eux, à venir et à participer à la vie du CDI. L’un de ces petits groupes me fait un peu l’effet de ces jeunes plantes que l’on s’obstine à regarder pousser et s’épanouir. Il y a K., C., M. et H., tous élèves de sixième.

La première à être venue me voir, c’est K., qui s’ennuyait et voulait absolument m’aider. Je lui ai donc appris à couvrir des livres, d’abord en format poche, puis d’un format plus important. Il me restait en effet un petit nombre d’ouvrages neufs laissés par mon prédécesseur, à enregistrer, tamponner, étiqueter et couvrir. K. a ensuite cherché à motiver sa copine C., mais cette dernière a montré beaucoup moins d’entrain à la tâche. Par contre, celle chez qui couvrir les livres a suscité un enthousiasme qui ne s’est toujours pas démenti, c’est M. M. ne parle pas français, sauf quelques mots, parmi lesquels « Maîtresse », qu’elle aime utiliser avec moi. Elle aime dessiner, regarder les bandes-dessinées, observer les autres élèves, et couvrir les livres. Elle a même cherché, jusqu’à ce que je l’en empêche, à retrouver dans le CDI tous les livres qui n’étaient pas couverts. J’ai donc dû tenter de lui expliquer qu’il fallait garder du plastique pour les nouveaux ouvrages, qui allaient arriver incessamment sous peu, et qu’elle serait la première prévenue.

Du coup, j’ai bénéficié de plusieurs petites mains secourables, qui se sont retrouvés fort dépourvues quand de livres à couvrir il n’y eut plus… sur les conseils d’une camarade de formation, j’ai voulu leur confier une nouvelle mission : vérifier le bon ordre alphabétique des romans et des contes. Je leur ai expliqué le fonctionnement de la cote, avec la lettre indiquant le genre : R pour roman, C pour conte, et les trois premières lettres du nom de l’auteur. Puis j’ai laissé mes petits lutins se diriger vers les rayons. Cependant, en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « mutualisation », un cataclysme s’est abattu sur mes étagères de fictions : K. et H. avaient décidé que l’ordre alphabétique n’était pas aussi approprié que cela, et pourquoi ne pas, ma foi, ranger les livres par collections ? L’espace d’un instant, je me suis crue victime d’une de ces anecdotes des « Perles de libraires » ou du groupe « Je suis bibliothécaire acariâtre et j’assume » (deux de mes groupes de prédilection sur Facebook).

Après avoir défendu devant mes détracteurs l’ordre alphabétique, et après avoir passé plus d’une heure à tout ranger derrière eux – le résultat de leurs travaux me faisant penser au chaos laissé par des petites souris dans un gruyère – à me sentir comme le corbeau de la Fable, tout en pestant contre un ordre trop établi, après tout, je me suis consolée en fabriquant ce squelette de Pearltrees pour les élèves et en découvrant ce superbe blog consacré aux bibliothèques de cinéma : Notorious Bib.

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  1. Super le pearltrees! Je ne connaissais pas! En tout cas je suis désolée pour toi du rangement douteux.. C’est rarement plaisant de devoir reranger tous les ouvrages de fictions d’un CDI parce que les élèves se fichent comme de leur première couche de l’ordre alphabétique! Courage, tomber 7 fois, se relever 8, toussa toussa!

  2. J’hésitais entre le pearltrees et le symbaloo. Symbaloo c’est sympa aussi (voir http://www.symbaloo.com). En tout cas je ne voulais pas refaire un Netvibes comme au lycée : je trouve que le Netvibes est un très bon outil, pratique, complet, mais qui reste peu attrayant pour le collège…

  3. Ah la vache, je crois même que je préfère symbaloo! Très agréable comme présentation.

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