Voici donc cette deuxième partie, que j’avais largement annoncée, de mon compte-rendu de lecture sur Hitchcock. Le peu de temps séparant mes deux articles, je n’ai pas pu, évidemment, lire le livre de Stephen Rebello, Alfred Hitchcock & the making of Psycho, en entier. Je ne peux dire qu’un mot à son propos : il s’agit du récit très complet du projet Psychose dans la carrière de Hitchcock, depuis l’origine (les faits réels, puis le roman) jusqu’à l’aboutissement (réalisation, promotion et accueil critique et public).

Cette seconde partie sera donc consacrée à ce que je considère comme les « incontournables » – ou moins incontournables de la littérature hitchcockienne. Pour ce faire, je vais essayer de les présenter sous un angle cinématographique, en commençant par :

1°) Le grand classique :

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Il s’agit de la référence incontestable non seulement sur Hitchcock, mais sur le cinéma en général. C’est la Bible du cinéphile, le livre à emporter sur une île déserte. Il s’agit du Hitchbook, pour les intimes, du Hitchcock / Truffaut. C’est la retranscription des entretiens entre le jeune réalisateur de la Nouvelle vague et le maître du suspense, parue pour la première fois en 1966. Quand je parlais dans mon article précédent, d’une belle préface, je pensais inévitablement à celle de Truffaut dans cet ouvrage. J’en ai toujours adoré les derniers mots :

L’homme était mort, mais non le cinéaste, car ses films, réalisés avec un soin extraordinaire, une passion exclusive, une émotivité extrême masquée par une maîtrise technique rare, n’en finiraient pas de circuler, diffusés à travers le monde, rivalisant avec les productions nouvelles, défiant l’usure du temps, vérifiant l’image de Jean Cocteau parlant de Proust : « Son œuvre continuait à vivre comme les montres au poignet des soldats morts. »

Non seulement très agréable à lire, fourmillant d’anecdotes et de détails, cet ouvrage chronologique est aussi très bien illustré. Un véritable panorama cinématographique ET littéraire.

2°) La superproduction :

Il s’agit du Dictionnaire Hitchcock, de Laurent Bourdon, paru en 2008 aux éditions Larousse et préfacé par Claude Chabrol. J’aurai l’occasion de revenir sur la forme du dictionnaire, il y en a des bons et des moins bons. Ce qui me plaît dans celui-ci, c’est sa méticulosité. Il ne manque rien, strictement rien. Le plus petit détail de l’arrière plan de la plus courte scène du tout premier bout de pellicule de Hitchcock est passé au crible. C’est un pavé à couper le souffle.

On y retrouve tout Hitchcock, de A comme « Accessoires vestimentaires » (je triche, ce n’est pas tout à fait le premier article) à Z comme Zwerling. Vous voulez en savoir plus sur la comédienne incarnant Mrs Danvers dans Rebecca ou sur l’infirmière de Rear window (Fenêtre sur cour) ? Vous voulez savoir quels alcools sont servis dans tel ou tel film ? Quels sont les numéros qui apparaissent dans telle ou telle œuvre ou ce qu’est un MacGuffin ? Ce livre est fait pour vous ! (cependant plus accessible aux hitchcockiens avertis qu’aux débutants)…

3°) L’erreur de casting :

Un bel objet, Hitchcock : pièces à conviction, de Laurent Bouzereau, paru en 2010 aux éditions de la Martinière. J’ai acheté ce livre à sa sortie, attirée par toutes ses promesses : photographies inédites, documents rares, facs similés. Il est très agréable à feuilleter et à manipuler. Je le recommande à tous ceux qui ne connaissent pas très bien l’univers personnel et cinématographique de Hitchcock, c’est un bon ouvrage de vulgarisation. Cependant, pour les avertis, le contenu, peu approfondi, risque de décevoir un peu.

4°) Les coulisses gastronomiques :

La sauce était presque parfaite

En guise de dessert, je vous propose un superbe livre de recettes consacré au gourmand gourmet qu’était Hitchcock : La Sauce était presque parfaite, de Anne Martinetti, paru aux éditions des Cahiers du cinéma en 2008. L’ouvrage, longtemps introuvable, et visiblement de nouveau accessible, pour mon plus grand bonheur, regroupe non seulement les recettes favorites du maître, mais aussi celles des films. Recommandations particulières pour la truite saumonnée de North by northwest (La Mort aux trousses) et pour le « moelleux Kendall » au chocolat…

Avis aux amateurs !

En guise de digestif, je donne, comme à mon habitude, mes trois petits plaisirs hitchcockiens :

  • Rebecca, premier film hollywoodien de Hitchcock, un couple d’acteurs magnifiques, et une méchante envoûtante…
  • The Shadow of a doubt (L’Ombre d’un doute), parce que Joseph Cotten joue un oncle suspecté de meurtre vraiment très séduisant. Pour la scène à la bibliothèque, je renvoie à l’article pince sans rire de Notorious Bib.
  • Rear window (Fenêtre sur cour). De loin mon préféré. Une histoire de voyeurisme, qui nous fait affronter notre propre côté voyeur. Une merveille technique avec un duo de choc : James Stewart et Grace Kelly.