Certains d’entre vous l’ont peut-être remarqué en venant rendre une petite visite sur ce blog : depuis aujourd’hui, Cinephiledoc a une nouvelle bannière !
Thèmes suggérés et thèmes personnalisés
Et pas seulement une nouvelle bannière lambda, une bannière interchangeable, une bannière en kit IKEA à piocher dans les quelques suggestions aimablement données par WordPress.
Non, ceci, Mesdames et Messieurs, est une bannière personnalisée. Je répète : per-son-na-li-sée ! Rien qu’à moi ! Du boulot d’artisan ! Pas du meuble en kit.
Vous le sentez le moment où cet enthousiasme va devenir un poil gênant ? Le moment où vous aurez l’impression de m’entendre m’exclamer alors que vous ne faites que me lire ?
J’ai une nouvelle bannière, na-na-na-na-nère !
Bon allez j’arrête. Si si, promis, j’arrête ! Même si j’ai été tentée l’espace d’un instant de faire ma Dame du lac…
Merci Gribouilles !
Cette bannière est l’oeuvre de Gribouilles de doc, mentionnée dans le précédent article, durant lequel je la remerciais de m’avoir elle-même citée dans son dernier billet, et durant lequel, également, j’indiquais que j’aimerais bien avoir une bannière personnalisée pour Cinephiledoc (surtout depuis que j’ai vu mon ancien thème sur un blog de biologie ou autre…).
Et boum ! Deux jours après, j’avais une proposition « petite esquisse brouillonne avant récolement », qui avait déjà suscité chez moi un élan d’enthousiasme assez flippant pour mon entourage… un peu dans ce style :
Encore deux jours, et j’avais trois propositions définitives de bannières, parmi lesquelles il a bien fallu en choisir une :
un noir et blanc très sobre, qui obéit complètement au style de Gribouilles ;
une version en couleur avec une pellicule bien mise en avant ;
une troisième version que j’ai finalement retenue, et qui était un bon compromis entre la couleur et quelque chose d’épuré et de « nacré », comme l’a signalé une de mes amies.
Si vous voulez en juger par vous-mêmes :
Ce diaporama nécessite JavaScript.
Voilà, je voulais profiter de ce court article pour :
crier ma joie de manière immodérée
rendre hommage à Gribouilles, qui a mis sa signature en tout petit à droite, même que c’est trop la classe d’avoir une bannière estampillée Gribouilles de doc !
Il y a deux jours, j’ai eu la surprise de voir dans les commentaires d’un des derniers articles un petit message de Gribouilles de doc.
Qui est Gribouilles… ?
Gribouilles de doc est l’une des blogueuses doc que je préfère, et que j’ai déjà eu l’occasion de présenter, il y a un petit moment. En effet, elle porte habilement – et fièrement – les casquettes d’illustratrice et de prof doc, ce qui lui permet de croquer sur le vif le quotidien, parfois loufoque, des « dames » (et messieurs) du CDI.
Dans ce commentaire, Gribouilles de doc m’informait qu’elle avait choisi mon blog pour figurer parmi les 11 nommés pour les Liebster awards.
Ayant déjà eu l’occasion de participer à ces petits échanges de bons procédés entre blogueurs, qui permettent de découvrir ou de redécouvrir des publications talentueuses, j’ai bien entendu été très heureuse de ce choix. Cependant, j’ai craint de me répéter et je me suis vite demandée ce que j’allais bien pouvoir dire.
Croque-quotidien
Faire l’éloge de Gribouilles ? Alors ça c’était dans l’introduction – ceux qui ont l’habitude de fréquenter Cinephiledoc savent que je fais souvent des intros à rallonge, comme en témoigne notamment le dernier article.
J’aurais juste à ajouter que je trouve fabuleux le simple fait de croquer le quotidien en dessin, moi qui ne sait pas, mais alors pas du tout dessiner, même pas un arbre, même pas… en fait rien quoi.
Et j’en profite pour glisser au passage – si Gribouilles et d’autres dessinateurs talentueux lisent ce message – que je suis à la recherche d’une bannière personnelle et sympa (avec des livres et des pellicules de films) pour mon blog… on ne sait jamais !
Voilà, j’ai déjà pas mal digressé… passons aux petites choses que demande Gribouilles sur ces Liebster Awards.
Les 11 questions posées :
Le livre que vous êtes en train de lire ou le dernier que vous avez lu ?Celui du dernier article de Cinephiledoc, Une Renaissance américaine, de Michel Ciment.
Votre livre préféré ?Un seul ? ça c’est dur ! dernièrement j’ai beaucoup aimé Blitz, de Connie Willis, un bouquin de SF génial qui imagine un futur où les historiens devront réellement se rendre dans le passé pour étudier l’histoire. Captivant ! Quant à mon préféré, ça change… souvent.
Pourquoi avoir ouvert un blog ?Parce que j’adore écrire principalement.
Anonymat ou identité réelle ?Identité réelle mais contrôlée.
Préférez-vous le collège ou le lycée ?Je n’ai pas assez de recul pour le dire : je préfère la proximité au public du collège et les contenus travaillés du lycée (et aussi la maturité des lycéens, qui ne demandent pas à tout bout de champ si je préfère Justin Bieber ou les One direction).
Faites-vous réellement l’inventaire tous les ans ?Inventaire, non. Récolement, oui.
Comment vous est venue l’idée de devenir prof-doc ?J’ai vu de la lumière et je suis entrée…
D’après le quiz « Quel prof-doc êtes-vous ?« , quel est votre profil dominant ? Etes-vous d’accord ?Animateur culturel. J’avoue, ça colle bien. Mais bon c’est à égalité avec « Gestionnaire » et « Professeur ». Par contre, je suis déçue, mon côté geek ne transparaît qu’à 10%.
La réaction de votre interlocuteur la dernière fois que l’on vous a demandé votre profession ? « Ah tu es la dame qui dit chut. Et sinon à part être derrière un ordinateur toute la journée, tu fais quoi ? »
Avez-vous un chat ? des lunettes ? un chignon ?Non. Oui. Non.
La dernière fois que vous avez dit « chuuut! » ?Aujourd’hui, vers 14h30…
Les 11 choses sur moi
Je rêverais d’une bibliothèque extensible.
J’ai déjà fait un document où sont classés quasiment tous mes livres sur le cinéma selon un classement idéal que je ne pourrai jamais appliquer parce que je n’ai pas la place !
Surtout en ce moment, je suis capable de réciter des répliques entières de Kaamelott. Ça me contamine jusque dans les moindres conversations. Avec une amie nous avons d’ailleurs tenté d’établir des parallèles entre nos connaissances et les personnages de Kaamelott.
Je remercie le collègue qui m’a mis il y a un certain temps « Gentil dauphin triste » dans la tête pendant deux jours.
Mes amis surnomment mon collège « le collège fou fou fou ».
J’ai déjà mimé une bataille de sabres laser de Star Wars avec des rouleaux de filmolux vides.
J’ai aussi refait le « duel en vers » de Cyrano de Bergerac avec des rouleaux de filmolux vides « À la fin de l’envoi, je touche ».
Je surnomme les enfants que j’aime « mes petits chabichous ».
J’ai une collection de T-shirts marrants que je garde pour la fin de l’année – au moment où j’ai moins besoin de conserver ma crédibilité. Un T-shirt « Bazinga », un T-shirt de Moi moche et méchant et un T-shirt Idéfix entre autres.
Vous me direz que quelqu’un qui se bat avec des rouleaux de filmolux n’a plus beaucoup à craindre de sa crédibilité…
Et je vous répondrai comme Perceval, « C’est pas faux », mais pas parce que je n’ai pas compris le mot « crédibilité ». Sinon, psychologique, c’est tout ce qui se passe à la campagne, non ?
Aujourd’hui, cela fait deux ans jour pour jour que ce blog a vu le jour… et voilà une phrase d’accroche pleine de jours (un de plus !).
C’est donc le moment de chanter faire un petit point sur le pire et le meilleur de ce qui s’est produit sur ce blog entre 2013 et 2014. Commençons par des chiffres :
Les articles
En deux ans, Cinephiledoc a vu paraître 177 articles. Depuis l’année dernière :
10 portaient, de près ou de loin, sur l’information documentation, pratiques de recherches, de lecture et identité numérique ;
24 étaient consacrés à la rubrique « bibliothèque cinéphile » et proposaient des comptes-rendus de lecture de livres sur le cinéma, aussi bien biographies que monographies, voire même, comme désormais on a tendance à les mélanger dans les grandes chaînes culturelles, jeux de culture générale et cinéphile ;
7 de ces articles étaient des petits billets d’humeur ou autres petits avis sur des films et des personnalités ;
enfin, durant l’été, Cinephiledoc a publié 6 « hors-série » pour vous proposer quelques lectures de vacances.
Au total, 60 articles éclectiques qui se sont fait la part belle dans ce beau fourre-tout de blog ! Et on arriverait à un compte rond de 5 articles par mois, si j’étais assidue… Mais il est vrai que j’ai dû considérablement ralentir mon rythme de l’année passée (2 articles par semaine), malgré un pic en septembre 2013 où j’ai publié pas moins de 11 articles.
Désormais, je me contente d’un rendement plus modeste, pour lequel j’alterne deux articles dédiés à la « bibliothèque cinéphile » et un consacré au quotidien mensuel du CDI.
Petit point comm’
Malgré ma présence sur les réseaux sociaux, Cinephiledoc reste un blog modeste, que Camilleuh a comparé à un canapé confortable dans un commentaire qui a suscité beaucoup de vagues… (mais je reviendrai là-dessus plus tard).
Souhaitant parler librement de l’interprétation des publications sur les réseaux sociaux, je me suis retrouvée à me défendre contre des petites piques sur Facebook… ce qui m’a permis de rebondir et d’évoquer la difficulté à faire de l’humour devant un écran d’ordinateur.
Très récemment, j’ai eu l’honneur de recevoir, dans le flot des commentaires d’un article, mon premier troll, très courtois au demeurant – le point Godwin n’a absolument pas été atteint – et j’ai pu constater que même les ouvrages innocemment consacrés au cinéma pouvaient susciter un débat enflammé.
Ceci me permet de rappeler une petite règle de vie : je n’applique aucune censure à mes commentateurs, je n’oblige personne à être en accord avec les ouvrages que je propose, du moment qu’on a l’honnêteté intellectuelle de comprendre que mes critiques ne sont pas un compte-rendu exhaustif du livre et que le meilleur moyen de parler d’un livre, reste étonnamment de le lire !
Par contre, j’apprécie toujours de rediscuter d’un film, d’un réalisateur, ou d’un genre cinématographique et de lire les réflexions que ces derniers suscitent.
… et pour le meilleur !
Mais Cinephiledoc a aussi connu de très belles choses en l’espace d’un an, parmi lesquelles :
quelques auteurs satisfaits des comptes-rendus que je faisais, modestement, de leur ouvrage, et qui se sont manifestés dans les commentaires, parfois, ou sur Facebook, ou sur Twitter ;
la mention de Petite Noisette sur son blog-o-noisettes – en tant que prof doc, ça fait plaisir ! ;
un pic de fréquentation parfois pour un article de cinéma, plus souvent pour un article professionnel, comme ce jour où j’ai eu 250 personnes qui sont venues voir si le canapé était confortable… (pour comprendre la blague du canapé, c’est par ici)
Et cette année encore, même si, ça y est, des rubriques segmentent les sujets (ils sont beaux mes onglets !), il y a eu quelques premières :
Les premiers hors-séries de l’été
En effet, bien que j’ai promis de temps en temps des petits comptes-rendus thématiques sur un sujet ou un autre, je n’ai pas souvent eu le temps de le faire.
Cette année, je vous prépare à nouveau une série de comptes-rendus qui aborderont le cinéma de différentes manières – j’annoncerai cela avant l’été. Et cet automne, je publierai également une série d’articles sur le même thème.
Echanges de bons procédés
Moins fréquents que l’année passée, il y a tout de même eu quelques échanges d’articles entre Cinephiledoc et d’autres blogs, que ce soit avec Rainbow Berlin (un article sur le cinéma allemand contre des recettes pour gérer sa visibilité sur Internet), ou avec Foutaises (échanges d’articles sur Boby Lapointe et sur les actrices minaudantes).
Tout récemment, j’ai eu la chance de poster mon premier article bilingue, grâce à l’aide précieuse de Laura, qui a bien voulu se charger de sa traduction.
Et j’ai toujours quelques personnes pour me suggérer des idées d’articles, même si je n’ai pas toujours le temps de m’y consacrer immédiatement.
Un palmarès comme les grands !
Enfin, suite à l’apparition de la rubrique « bibliothèque cinéphile » en février 2013, Cinephiledoc a pu publier en décembre son premier palmarès de lecture, encore une occasion de rappeler quelques bons moments, qui suscitent parfois l’étonnement : oui, j’achète beaucoup de livres sur le cinéma, oui je ne sais plus où les mettre, non je ne m’en lasse pas !
Vivement le palmarès 2014 !
Et vivement d’autres lectures, d’autres projets, d’autres séances, d’autres découvertes, et d’autres échanges ! À très vite et merci à tous !
Pour la peine on va quand même chanter :
C’est l’anniversaire dans tous les recoins, c’est presque tout les ans qu’on a l’anniversaire. Grâce à cet anni… c’est la joie c’est pratique, c’est au moins un principe à retenir pour faire la frite… c’est huuuum lalalalala. Cette année c’est bien, l’anniversaire tombe à pic !
Suite à l’article que j’avais publié il y a un peu moins d’un mois sur l’interprétation d’une information sur Facebook, à partir d’une expérience personnelle, les réactions suscitées par cet article m’ont amenée à m’interroger, avec l’une des amies qui avaient participé directement à cette expérience, sur la place de la vérité sur Internet, et sur Internet comme source d’informations.
L’article d’aujourd’hui ne sera pas des plus originaux – cette question a suscité déjà de nombreuses publications, beaucoup plus étayées et approfondies que ce que je pourrais publier sur le sujet sur Cinephiledoc. Ce que je propose donc ici, c’est justement le cheminement de ma réflexion, relié directement aux sites Internet et aux articles qui en constituent les étapes.
L’humour et la vérité, de Rabelais au point Godwin
Je me souviens que, lorsque je faisais mes études, une de nos enseignantes nous faisait étudier Le Quart livre de Rabelais. Je ne saurais plus donner les détails de ces cours, mais ce qui m’est restée en mémoire, c’est qu’elle nous signalait l’humour de Rabelais, comme un humour qui paraîtrait déplacé de nos jours, au même titre qu’un humour d’il y a vingt ou trente ans. On ne peut plus rire des mêmes choses aujourd’hui, qu’il y a quelques années et, par conformisme ou par peur, on n’en est désormais réduit à marcher sur des oeufs.
Pantagruel dans Le Quart livre, illustré par Gustave Doré
La même chose intervient lorsque l’on utilise les réseaux sociaux, et cela pour deux choses :
d’une part, on se rend compte que toute vérité n’est pas bonne à dire, et qu’il faut, justement, sur ces réseaux sociaux, maintenir des « apparences sociales ou sociables » ;
d’autre part, l’usage du second degré, de l’ironie, ou d’un humour qui devrait se mesurer comme les ondes sismographiques ou l’intensité du vent, d’un peu déplacé à très déplacé, doit, lorsque l’on se revendique comme personne civilisée, s’accompagner d’une mention « troll », « lol », « mdr » et autres efforts de traduction qui rendent ce mode d’expression perceptible à ceux qui nous lisent.
Do not feed troll. Source : Wikipédia. Auteur : Sam Fentress
Que ce soit l’humour ou la vérité – et je ne rentrerai pas dans des définitions de la vérité qui ferait ressembler cet article à un cours de philo – ces deux modes d’expression sont tantôt édulcorés, affadis, tantôt complètement à vif.
Dans le premier cas, on évite de heurter la sensibilité des autres, en vertu d’une nétiquette non formulée – une sorte d’auto-censure. Dans le second, si jamais on manifeste une vérité ou une critique, ou si l’on pousse l’humour un peu trop loin – volontairement ou involontairement, en fonction du public qui nous lit, on glisse sur la pente fatale qui mène inévitablement de l’incompréhension jusqu’au point Godwin, si le site ne dispose pas de modérateurs vigilants.
Sarcasim mark : le symbole assumé de l’ironie sur Internet
Ainsi, comme je l’avais brièvement abordé dans l’article sur l’interprétation de l’information, l’expérience soit disant tentée par un internaute de dire toute la vérité – et cela jusqu’à l’insulte, sans souci des convenances ou de la sensibilité d’autrui, était forcément vouée à l’échec, car elle vérifiait l’idée bien connue de « dire tout haut ce que l’on pense tout bas ».
Cette expérience, si elle avait été vraie, aurait-elle eu le même impact ? Un véritable internaute, exaspéré par le consensus social qui nous pousse à forcément « aimer » le statut d’untel ou à ne pas réagir aux commentaires d’untel, aurait-il adopté la même virulence dans la critique ?
Il lui aurait fallu dans ce cas renoncer à tout un attirail de règles de comportements que l’on intègre inconsciemment lorsque l’on s’inscrit sur un réseau social, et du coup s’exposer à un inévitable ostracisme. Pour résumer rapidement : sur Facebook, tu aimes ou tu le quittes.
La vérité brute est tue, et l’humour assez mal accepté, puisqu’il y a quasiment autant de formes d’humour qu’il y a d’individus. Mon humour a peu de chance de ne blesser personne, et l’humour d’autrui peut à tout moment me heurter, que je n’y sois pas réceptive ou que je sois tout simplement mal disposée.
Splendeurs et misères du canular
Vrai ou faux, humour ou sérieux, peu importe de toute façon. Un article construit, fouillé, étayé de sources et d’arguments peut autant susciter la polémique qu’un fake. Il n’y a qu’à comparer les articles plus ou moins approfondis parus suite à la fameuse affaire du bijoutier de Marseille qui avait désarmé son braqueur – fait divers réel ayant suscité la polémique et des commentaires passionnés sur la meilleure façon de se faire justice – et cet article paru sur Darons.net, sur un bébé ayant été mis en garde à vue pour tapage nocturne. Les deux suscitent le même débordement enflammé.
Bon nombre d’internautes tombent têtes baissées dans le panneau – et même un internaute averti, voire un professionnel de l’information, peut, par négligence, ou par manque de temps, se faire avoir. Mais une fois son erreur constatée, grâce aux « A propos », « Qui sommes-nous ? » ou simplement grâce au sous-titre du site, son exploration d’internet n’en sera que plus riche, puisqu’il savourera d’autant plus l’information fausse en la sachant fausse.
Le Courrier des échos
Il trouvera notamment son bonheur sur :
Le Gorafi « Depuis 1826, toute l’information de sources contradictoires » ;
et pourra vérifier tout autre information sur HoaxBuster
Le Gorafi
Une source inépuisable de surinformation
Encore une fois, vraie ou fausse, cette information foisonnante concentrée sur Internet, et plus encore sur les réseaux sociaux, se substitue de plus en plus aux autres moyens de s’informer. En 2010, cinq journalistes ont participé à l’opération « Huis clos sur le Net » : enfermés pendant cinq jours avec seulement Facebook et Twitter pour s’informer. Et aujourd’hui, je n’ai pas besoin de regarder un match de foot alors que je peux en avoir un compte-rendu minute par minute sur Twitter.
J’ai accès à une information instantanée, mise à jour en temps réel, et que je peux contribuer à transmettre et à fabriquer. Je participe à son éternelle « rafraîchissement », et là encore, je suis confrontée aux réactions qu’elle suscite – enflammées, passionnées, polémiques, spontanées. A moi de faire le tri, et de prendre le recul nécessaire face à cette surinformation.
Le point culture : l’humour au 16e siècle, Rabelais et Montaigne, sur Fabula.org et la définition de Rabelaisien sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
Voici un petit article sans prétention, qui ne fera aucunement la promotion d’une liseuse quelle qu’elle soit – on peut se méprendre et considérer «chouette» comme adjectif. Certes, employer le terme «liseuse» au lieu de «lectrice» peut prêter à confusion. J’aurais pu, pour éviter cela, opter directement pour l’expression «chouette qui lit»… mais cela m’aurait privée d’une introduction.
Le sujet de cet article m’a été inspirée par Eva, dont je ne présente plus le blog… il explique à lui seul que les articles les plus facétieux publiés sur Cinephiledoc ait cette source d’inspiration. Il y a quelques semaines, donc, à la lecture de mon projet concernant la liaison CM2-6E, Eva avait soulevé un point qui avait retenu son attention, à savoir :
le fameux dessin de « la chouette qui lit » (…) je me demande en quelle mesure ce dessin de word a figuré au moins une fois sur TOUS les documents relatifs à un CDI ou à une bibliothèque
Pour ceux qui ignorent de quel dessin il s’agissait, le voici :
On peut aussi le trouver sous cette forme :
Je préfère mettre de côté le débat zoologique «Est-ce une chouette ? Est-ce un hibou ?», je laisse les experts en ornithologie trancher. Ce qui nous a davantage intéressées, Eva et moi, c’est l’idée selon laquelle la chouette qui lit est représentative de l’univers de la bibliothèque, du / de la bibliothécaire et du lecteur.
L’écueil de la vieille chouette
Laissons de côté les représentations de la bibliothécaire en «vieille chouette», chignon et lunettes complétant le costume – en ce qui concerne ces représentations, notamment cinématographiques, je vous renvoie une fois de plus vers l’excellent Notorious Bib, qui examine à la loupe de quelle façon sont rêvées ou cauchemardées les bibliothèques et les librairies dans les films – de L’Ombre d’un doute à Star Wars (à noter que même dans Star Wars, elle porte un chignon).
Sources : http://notoriousbib.wordpress.com/
Evidemment, c’est cette vision qu’ont bon nombre de lecteurs, ou de non-lecteurs, de la bibliothécaire, et que l’on redoute un jour, suivant que l’on est usager ou professionnel, de côtoyer ou de devenir. La bibliothécaire, plus harpie ou gorgone que muse, voilà l’écueil.
Représentations mythologiques et littéraires
Puisque nous sommes dans la mythologie et la littérature, restons-y, histoire de donner davantage de poids à cette «chouette liseuse» et d’expliquer son omniprésence dans le milieu des livres. En effet, pourquoi des bibliothécaires et des documentalistes voudraient continuer à utiliser cette image, en dépit des clichés qu’elle véhicule ? Pourquoi une «chouette liseuse» est-elle chouette ?
La chouette est l’animal privilégié d’Athéna, déesse grecque de la sagesse, et le symbole de la ville d’Athènes dans l’antiquité, qui figure jusqu’à aujourd’hui sur les pièces de monnaie. Homère attache à Athéna l’épithète de glaukopis («aux-yeux-de-chouette»), cette dernière pouvant partager avec son familier la capacité de voir dans le noir – noir de la nuit pour la chouette, noir de l’ignorance pour Athéna. Athéna, et par extension, son attribut, vont représenter l’éclat de la civilisation grecque, et de la civilisation en général.
Chouette ou hibou, c’est un symbole d’érudition et d’amour de la lecture, modèle repris jusque dans Merlin l’enchanteur. Détourné, certes, mais repris :
C’est cependant leur capacité à voir de le noir qui porte préjudice aux chouettes et aux hiboux, oiseaux nocturnes qui profitent de la cécité de leurs proies pour mieux les chasser. On y voit tantôt un symbole de mort, tantôt la source de diverses superstitions… pour ma part, j’ai toujours trouvé terriblement injuste le sort voué à ce qui est, selon moi, la plus belle des chouettes, l’effraie.
Sources : Peter Trimming, Wikipédia
Symbole de l’hérésie au Moyen-âge, elle était clouée sur les portes, soit disant pour protéger des orages et conjurer le mauvais sort. Elle figurait ainsi en bonne place parmi tout ce qui était, pour le contemporain, inexplicable, et du même coup, condamné – je vous recommande à ce titre la lecture de l’ouvrage de Jean Delumeau, La Peur en Occident.
Bien-sûr, la chouette et le hibou sont maintenant pratiquement dépourvus de tout cet attirail superstitieux – sauf peut-être auprès des personnes atteintes d’ornithophobie – comme la Guenièvre de Kaamelott – ou auprès des enfants encore influençables et apeurés. Certes, dans Harry Potter, les chouettes et les hiboux sont toujours associés à la sorcellerie – sorcellerie remise au goût du jour – mais sont dévolus à la distribution du courrier.
Considérations zoologiques, tout de même
J’ouvre ici une courte parenthèse sur certaines particularités physiques de la chouette, à savoir :
sa capacité à pivoter la tête à 270° ;
ses yeux qui lui offrent un champ de vision à 180°, certes pour une vision optimale de seulement 70° ;
son ouïe très développée
J’en conclus sommairement que ces trois caractéristiques ont pu être reprises et déformées chez la bibliothécaire pour des qualités telles que :
la vigilance en matière d’usages de la bibliothèque – rapportée à tort au rôle de surveillante, voire de gardienne ;
l’acuité visuelle qui découle de cette vigilance, et qui lui permet aussi bien de ranger le manga qui s’est retrouvé au milieu des documentaires sur les lézards, de dire à X d’arrêter de jouer à Angry Birds ou de consulter l’historique de recherche qu’Y a oublié de supprimer ;
la nécessité de maintenir un lieu relativement calme, ce que certains prendront pour une trop forte sensibilité au bruit
Au-delà de ces considérations physiques, il n’en demeure pas moins que la chouette reste, semble-t-il, un bon moyen de représenter le rapport au livre et à la culture, à moderniser cependant.
D’une représentation à l’autre, diffusion et circulation de l’information
De la chouette comme symbole de sagesse et unique détentrice du savoir – entendez la bibliothécaire à l’ancienne (ou si vous préférez, selon la formulation d’Yves-François Le Coadic, l’approche orientée professionnel) – il faut passer à la chouette comme moyen de circulation de l’information – le modèle Hedwige dans Harry Potter (approche orientée usager).
Transmission de l’information, capacité à retrouver le destinataire du courrier quel que soit l’endroit où il se trouve : voilà bien certaines des missions propres aux professionnels de la documentation, notamment la veille, qui consiste à mettre à disposition de l’usager l’actualité propre à un sujet donné.
Si la chouette n’est plus le seul volatile à occuper le champ de l’information et de la communication –
– elle reste tout de même représentative de la relation à l’usager. Et ça, c’est chouette.