Les Misérables au Vingtième Théâtre, c’est quelque chose. Quelque chose de frais, de neuf, de vivant, qui permet de passer une heure et demie très agréable.
Face aux Misérables, il y a peut-être deux types de personnes : celles qui, comme moi, ont lu et relu, connaissent certaines citations par coeur « Entre les barbares de la civilisation et les civilisés de la barbarie, nous choisirions les barbares… », « Les amis de l’ABC, parce que l’abaissé, c’est le peuple », « La Corse, une petite île qui a fait la France bien grande », ou encore « Paris est un total, Paris exprime le monde… » Celles qui reconnaissent les quartiers de Paris, justement, où se sont déroulés les évènements des Misérables, et celles qui en ont vu les adaptations plus ou moins heureuses au cinéma et à la télévision.
Et puis il y a celles que les deux volumes ont toujours rebutées, celles que la grandiloquence de Victor Hugo a peut-être heurtées, celles qui « n’accrochent » pas.
Et pourtant les deux catégories peuvent trouver leur compte à cette adaptation des Misérables au théâtre. La première, parce le spectacle respecte tout à fait l’esprit d’Hugo et y insuffle la vie et l’énergie, l’exploit étant aussi de respecter le roman fleuve en le faisant tenir en 1h30. La deuxième, justement parce qu’on ne s’ennuie pas une seconde.
La mise en scène de Manon Montel est simple, efficace, dynamique. J’y ai particulièrement aimé certaines scènes dansées et chantées (la chanson d’Eponine est superbe), dans un décor sobre. La plus belle audace, c’est de donner la parole du narrateur à Madame Thénardier, la seule femme « forte » du roman : la seule qui n’est ni soumise aux évènements, ni soumise à autrui. Avec sa gouaille, elle vient commenter les rencontres entre personnages et les étapes du récit. C’est le témoin ironique et « grande gueule » de l’action, le pendant naturel de l’émotion.
Quant aux comédiens, pas un ne déçoit. Certains d’entre eux vont jusqu’à incarner trois personnages, passant de l’un à l’autre sans accrocs, le metteur en scène se glissant tour à tour dans la peau de Fantine, d’Enjolras et de Cosette. Même comédien pour l’évêque et Marius (Léo Paget) ; même comédienne pour Madame Thénardier et Gavroche (Claire Faurot).
Le spectacle est joué tous les jeudis jusqu’au 6 décembre à 14h30 (certaines dates sont complètes) et le mardi 11 décembre à 20h. Pour plus d’informations, allez voir ici, ici et ici.