Depuis début janvier, j’ai remis en place au CDI un atelier qui, du temps de mon prédécesseur, marchait plutôt bien, parait-il. Il s’agit d’un atelier jeux. Dans un carton de la réserve, on trouve des jeux de dames, d’échecs, et d’autres qui me sont moins familiers et dont je n’ai pas encore réussi à percer le mystère, même en voyant les élèves habitués y jouer volontiers. La suggestion m’est venue d’un collègue, et même si au départ j’ai craint d’être quelque peu débordée, je me suis dit que je ne perdais pas grand chose à faire un essai.
Pour compléter les jeux déjà à disposition, je voulais en racheter quelques-uns. J’ai vite écarté mes jeux de prédilection : le Munchkin, le Buzz it, le Jenga et le Dobble sont sympa dans une soirée entre amis, mais déjà dans cette situation ils peuvent dégénérer, je n’imaginais donc que trop bien le résultat dans un CDI.
Le Munchkin est une parodie des jeux de rôle et de l’univers fantasy (entre autres Seigneur des anneaux). Chaque joueur dispose de cinq (ou six) cartes. Il incarne un personnage avec une race (elfe, nain, hobbit) et une classe (voleur, magicien, guerrier). Son objectif est de tuer le maximum de monstres pour gagner des trésors et changer de niveaux.
Le Buzz it est un jeu de questions plus ou moins tordues (des noms d’acteurs américains aux phrases à ne pas dire à un enterrement) : non seulement il est bruyant, mais il s’adapte à la personnalité, plus ou moins malsaine de ses joueurs, et à leur âge. Sur chaque carte, une question plus ou moins normale et une autre qui va du détail tordu aux allusions sexuelles. On ne choisira pas les mêmes questions si l’on joue avec un groupe de pré-trentenaires un peu éméchés ou si l’on fait une partie avec mamie et ses copines. Chacun répond à la question, il faut trouver une réponse durant le temps imparti, et le jeu peut vite partir en délire. Le premier qui ne répond pas à temps a perdu : il récupère le buzzer et pose la question suivante.
Le Dobble est un jeu de mémorisation, qui ressemble un peu au Jungle Speed, avec l’excitation que vous imaginez… A partir des mêmes cartes, le jeu se décline de différentes manières mais le principe reste le même : trouver le motif commun à deux cartes. Cela ressemble souvent à ça : « Fleur ! Trèfle ! Musique ! Fantôme ! Dauphin ! » Je ne me voyais pas gérer ça au CDI.
Enfin, Jenga, c’est cette fameuse tour en bois dont il faut prendre chacun des éléments sans trembler… gare à la chute. Même si je rêverais d’en avoir une géante, comme celle fabriquée par Léonard et Sheldon dans The Big bang theory, je ne crois pas que les écroulements répétés soient les bienvenus.
Grâce aux sous du foyer, j’ai donc racheté des jeux qui me semblaient un peu plus… tranquilles. Un Backgammon, un Carcassonne, un Can’t stop, un autre jeu d’échecs et deux jeux de Quarto. Mes souvenirs du backgammon sont assez anciens et pas encore remis à jour.
Par contre, j’aime beaucoup le Quarto, qui est une sorte de Puissance 4 combiné au morpion, mais en trois dimensions. Il se joue sur un plateau, avec des pièces noires et blanches, de formes et de tailles différentes. Le but du jeu est simple : aligner quatre pièces soit de même couleur, soit de même forme, de même taille, soit creuses, soit pleines. J’ai déjà deux élèves adeptes que j’ai réussis à convertir, et qui vont « évangéliser » leurs camarades au Quarto !
Quant aux échecs, j’ai commencé à y jouer l’année dernière, avec davantage d’enthousiasme que de concentration. Ils ont toujours exercé sur moi une fascination peuplée de souvenirs du Septième sceau, le film d’Ingmar Bergman, où un chevalier défie la mort aux échecs, de la nouvelle de Stefan Zweig, jusqu’au premier Harry Potter et ses pièces rendues vivantes. Je connais les principaux déplacements, et j’ai désormais un collègue qui, patiemment, tente de m’inculquer certains trucs, pendant que les élèves révisent les règles des dames « Non tu n’as pas le droit de reculer ! »
J’apprends à roquer, à ne pas m’accrocher inutilement à certaines pièces, et à réfléchir aux conséquences d’un déplacement… même s’il m’arrive tôt ou tard dans ce jeu d’avoir une baisse d’attention qui me fait faire des gaffes irrécupérables ! Mais bon, je persévère, je m’applique, et j’ai même gagné ma première partie hier ! Comme quoi, un miracle est possible.
En tout cas, même si l’atelier jeux marche bien d’ordinaire, il y a une chose avec laquelle il ne peut pas rivaliser, c’est une bataille de boules de neige dans la cour !