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Blog pour cinéphiles et profs docs

Mois : février 2013 (Page 1 sur 2)

Portraits d’élèves

À l’occasion de cette veille de vacances, et en attendant d’autres articles soit plus cinéphiles, soit davantage doc, une petite détente s’impose (au milieu des commandes à traiter et du deuxième numéro du journal du collège à faire paraître)…

Je l’avais déjà évoqué, j’aime tout ce qui est prétexte à la détente (professionnelle) : je suis assidûment les mises à jour du site Vie de merde, je suis abonnée aux Perles de libraires, au groupe « Je suis bibliothécaire acariâtre et j’aime ça » et aux Brèves de Profs docs sur Facebook. Il était naturel que l’initiative d’une collègue, VDD : Vie de doc, remporte toute mon adhésion, et je n’ai pas résisté, quelques jours après l’avoir découvert, à poster ma propre VDD.

Dans cette dernière, je présente deux élèves qui sont particulièrement présents au CDI : Shamallow et Droopy. Les surnommer Laurel et Hardy aurait été tout à fait envisageable, mais j’ai trouvé que pour Shamallow, la comparaison avec Hardy n’était tout de même pas très flatteuse. Ces deux-là forment cependant un duo de choc, qui rappellent forcément les duos comiques qui me viennent à l’esprit (lien magique et improbable avec mon précédent article) : le clown blanc et l’auguste, Laurel et Hardy bien-sûr, Bourvil et De Funès…

Droopy est celui qui a, le premier, attiré mon attention, alors que j’accompagnais les élèves de sa classe en sortie. Il aime beaucoup participer, et il aime que des choses se passent et arrivent vite. Si vous l’ignorez, si vous laissez un temps mort s’installer, si vous négligez quelque chose qui lui semble capital, inévitablement, le destin semble l’accabler. Mieux, vous représentez, à vous seul, le destin qui s’abat sur lui. Droopy, c’est comme ce personnage toujours poursuivi par un nuage, alors que tout autour de lui, le soleil brille. Donc, pour résumer, pour Droopy :

  • Je suis – le CDI est – toujours fermé(e). Et oui, c’est lui, mon plaignant principal. Et si je suis fermée, c’est bien évidemment par pure méchanceté et plaisir de persécution. Chaque jour il vient donc demander si JE suis ouverte à la récré ou à midi ;
  • Lorsque je commande des livres à un représentant qui vient me les montrer, et que les livres tardent à arriver, Droopy est persuadé que je me suis faite arnaquer. Il ne cessera, jusqu’à leur arrivée, de me demander, tous les jours, s’ils sont arrivés, jusqu’à ce que je lui dise que je ne me suis pas mise à les pondre (les livres) ;
  • Droopy participe activement aux ateliers du CDI mais voudra toujours que l’atelier jeux ait lieu le jour de l’atelier cinéma, que la boîte à idées fabriquée pour le journal soit remplie une heure après sa mise en service ou que les cartes de presse des journalistes en herbe, qu’il a attendues avec impatience, aient finalement plus de couleurs et soient plus voyantes. Bref, c’est un censeur impitoyable…

Shamallow est l’auguste. Jovial, rond comme une bille, et bon vivant – visiblement – il m’a déjà proposé de me corrompre en me donnant un bonbon si je le laissais manger le sien au CDI en toute impunité. C’est le négociateur. En bon compagnon de Droopy, il le tyrannise volontiers, et lorsque ce dernier me rend chèvre, il me dit : « Je peux le taper, Madame ? » Ma position de fonctionnaire éthique et responsable me pousse à refuser…

Ce qui m’amuse surtout avec Shamallow, c’est que, comme certains enfants, et contrairement à beaucoup d’autres, il s’exprime de manière parfois très recherchée (ce qui ne se ressent pourtant pas dans son orthographe). Il me rappelle, en moins exagéré, la fillette de L’élégance du hérissonou le garçon de Préparez vos mouchoirs :

  • Si je le menace, alors qu’il hésite longuement à entrer au CDI ou à rester dans la cour, de le « pendre par les oreilles à un arbre », il me répond sans se départir de son sérieux, et sans faire entendre son éclat de rire habituellement si sonore : « C’est de la discrimination, je vais appeler mon avocat » ;
  • Il y a quelques semaines, il s’était institué mon « assistant » et m’avait annoncé son intention de me succéder à mon départ, qui, jusqu’à preuve du contraire, n’est pourtant pas à l’ordre du jour. Si je n’y avais pas mis un frein, il était prêt à s’assoir à ma place, derrière mon bureau ;
  • Shamallow est un donateur qui a voulu enrichir de quelques Titeuf et de quelques Boule et Bill (tiens un autre duo !), le fond déjà conséquent en bande-dessinée du CDI, et je sens que si je tarde à les enregistrer dans la base, je vais subir son courroux !

Même si les vacances sont les bienvenues, ce duo de choc va peut-être un peu me manquer pendant ces quelques jours, où je vais, comme d’habitude, essayer de rattraper mon retard en lecture, films et séries télé !

Le comique hyperactif

Le 27 janvier dernier, était commémorée la disparition, il y a trente ans, de Louis de Funès.

À cette occasion, et depuis fin 2012, de nombreux ouvrages ont été publiés : les inévitables témoignages des enfants sur leur père disparu – Louis de Funès – Ne parlez pas trop de moi les enfants ! – les biographies (j’en ai repéré au moins trois différentes en librairie) et les études, les iconographies, les ouvrages thématiques (sur La Grande vadrouille, entre autres), et au moins deux dictionnaires : Le Dico fou de Louis de Funès et Louis de Funès de A à Z.

De Funès de A à Z

Parmi tout ce choix, j’ai choisi l’un des dictionnaires : Louis de Funès de A à Z, pour plusieurs raisons. D’abord, aucune des biographies ou études proposées ne me tentaient sur le sujet. Ensuite, je suis toujours un peu réticente face aux témoignages des enfants d’artistes, qui se décident par miracle à publier un témoignage à date fixe, et généralement anniversaire. Bien-sûr, il y a des exceptions, et comme promis, j’y reviendrai. Enfin, la couverture du Dico fou ne m’attirait pas du tout. Ce dernier fait partie de la collection d’ouvrages publiée par un éditeur BD, et le mélange des genres, en tout cas, celui-ci, BD et cinéma, dans ce cas précis, ne m’a pas séduit.

Bref, j’ai choisi un dictionnaire, parce que j’aime bien les dictionnaires thématiques, comme je l’ai déjà laissé entendre et, là encore, j’y reviendrai. Louis de Funès de A à Z, de Bertrand Dicale, est paru en septembre 2012, chez Tana éditions, un éditeur qui s’intéresse surtout aux livres coffrets et à la cuisine, mais chez qui on trouve aussi quelques pépites…

Louis de Funès est un comédien fait pour le dictionnaire : tout en gestes, en phrases cultes, en tics, en traits de caractères, et omniprésent dans notre culture. L’un de mes proches passait son temps à jouer à un jeu assez amusant : opposer les grandes figures. Il privilégiait forcément l’une pour mieux rejeter l’autre : Keaton contre Chaplin, Dewaere contre Depardieu, Dorléac contre Deneuve, et bien-sûr, Bourvil contre De Funès. Il opposait leur jeu, leur charisme, leur technique, et leur postérité…

J’ai passé beaucoup d’heures à choisir celui ou celle qu’il rejetait, juste pour le plaisir du débat. Il préférait Bourvil à De Funès, et j’ai souvent bataillé avec lui pour lui faire entendre que ces deux-là ne pouvaient pas être comparés : chacun sa technique, chacun sa personnalité de comique, et aussi indispensables l’un à l’autre que le clown blanc et l’auguste.

Je n’ai obtenu gain de cause qu’en citant, je crois, Truffaut, qui disait, je ne sais plus où, qu’il était beaucoup plus difficile d’être De Funès que Bourvil, parce qu’il est beaucoup plus difficile de faire rire en étant antipathique qu’en étant sympathique.

Mais revenons à nos gendarmes : ce dictionnaire. Il revendique, comme la plupart des dictionnaires thématiques, de faire le tour du savoir sur un sujet – par là même, ils sont davantage encyclopédies que dictionnaires. Ce qui m’attire, dans un dictionnaire, fait à la fois sa force et sa faiblesse, en particulier dans celui-là :

C’est la liberté de pouvoir choisir un article, puis un autre, de retourner au précédent, de sauter deux cents pages, de commencer par la dernière lettre si je veux, et de ne pas lire la première si je n’en ai pas envie. Ce dictionnaire s’ouvre avec A comme « Ah ! » pour se refermer sur Z comme La Zizanie.

Mais si je veux tout savoir du tournage du Corniaud, de la relation De Funès / Bourvil, et de la scène mémorable de la 2CV, il faut donc que j’aille d’abord à « Le Corniaud », que je passe par B comme « Bourvil », puis que j’aille voir à « Improvisation » pour enfin revenir à D comme « 2CV ». Ou alors, j’arrête de râler, et je vais m’acheter un livre estampillé « secrets de tournage du Corniaud ».

Autre petit bémol, les articles ne sont pas toujours des plus exhaustifs… lorsque l’on a un article sur un certain second rôle dans un film, on s’attend vraiment à quelque chose de complet, mais il n’y a ni les dates de naissances ou de décès, ni la filmographie (ou alors très rapidement) en dehors des collaborations avec De Funès. Je pense notamment à l’article sur Coluche. Cela est dû, selon moi, au fait que ce dictionnaire, contrairement à d’autres, n’est pas un ouvrage collectif réalisé par des spécialistes, mais plutôt l’ouvrage d’un passionné qui a fait de son mieux…

Bien-sûr, on prend beaucoup de plaisir à consulter et à lire cet ouvrage. On y apprend une foule de détails sur les grandes scènes de De Funès, sur sa vie, son parcours, ses partenaires et tout ce qui a contribué à rendre son personnage inoubliable : Ah, Box-Office, Chewing-gum, Deux chevaux, Espagne, Fou rire, Grimace, Hôtel du Globe, Il est l’or, Jardin, Langue anglaise, Mauvais sentiments, Nez, Orchestre, Public, Religieuse, Second rôle, Taille, Yeux, Zizanie.

Sur les dizaines de films dont on se souvient alors, j’en pose je ne sais combien et j’en retiens trois, comme d’habitude :

  • La Grande vadrouille, parce que c’est un monument national, et que, même si on l’a vu vingt fois à la télévision, on en rit encore (scènes favorites : l’orchestration par De Funès de Berlioz et le bain turc), et on l’achète même en DVD.
  • La Folie des grandeurs : une géniale réécriture du Ruy Blas de Victor Hugo par Gérard Oury, où rien est à jeter.
  • La Zizanie, parce que j’adore tout simplement la confrontation De Funès / Annie Girardot.

Hitchcock omniprésent, partie 2

Voici donc cette deuxième partie, que j’avais largement annoncée, de mon compte-rendu de lecture sur Hitchcock. Le peu de temps séparant mes deux articles, je n’ai pas pu, évidemment, lire le livre de Stephen Rebello, Alfred Hitchcock & the making of Psycho, en entier. Je ne peux dire qu’un mot à son propos : il s’agit du récit très complet du projet Psychose dans la carrière de Hitchcock, depuis l’origine (les faits réels, puis le roman) jusqu’à l’aboutissement (réalisation, promotion et accueil critique et public).

Cette seconde partie sera donc consacrée à ce que je considère comme les « incontournables » – ou moins incontournables de la littérature hitchcockienne. Pour ce faire, je vais essayer de les présenter sous un angle cinématographique, en commençant par :

1°) Le grand classique :

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Il s’agit de la référence incontestable non seulement sur Hitchcock, mais sur le cinéma en général. C’est la Bible du cinéphile, le livre à emporter sur une île déserte. Il s’agit du Hitchbook, pour les intimes, du Hitchcock / Truffaut. C’est la retranscription des entretiens entre le jeune réalisateur de la Nouvelle vague et le maître du suspense, parue pour la première fois en 1966. Quand je parlais dans mon article précédent, d’une belle préface, je pensais inévitablement à celle de Truffaut dans cet ouvrage. J’en ai toujours adoré les derniers mots :

L’homme était mort, mais non le cinéaste, car ses films, réalisés avec un soin extraordinaire, une passion exclusive, une émotivité extrême masquée par une maîtrise technique rare, n’en finiraient pas de circuler, diffusés à travers le monde, rivalisant avec les productions nouvelles, défiant l’usure du temps, vérifiant l’image de Jean Cocteau parlant de Proust : « Son œuvre continuait à vivre comme les montres au poignet des soldats morts. »

Non seulement très agréable à lire, fourmillant d’anecdotes et de détails, cet ouvrage chronologique est aussi très bien illustré. Un véritable panorama cinématographique ET littéraire.

2°) La superproduction :

Il s’agit du Dictionnaire Hitchcock, de Laurent Bourdon, paru en 2008 aux éditions Larousse et préfacé par Claude Chabrol. J’aurai l’occasion de revenir sur la forme du dictionnaire, il y en a des bons et des moins bons. Ce qui me plaît dans celui-ci, c’est sa méticulosité. Il ne manque rien, strictement rien. Le plus petit détail de l’arrière plan de la plus courte scène du tout premier bout de pellicule de Hitchcock est passé au crible. C’est un pavé à couper le souffle.

On y retrouve tout Hitchcock, de A comme « Accessoires vestimentaires » (je triche, ce n’est pas tout à fait le premier article) à Z comme Zwerling. Vous voulez en savoir plus sur la comédienne incarnant Mrs Danvers dans Rebecca ou sur l’infirmière de Rear window (Fenêtre sur cour) ? Vous voulez savoir quels alcools sont servis dans tel ou tel film ? Quels sont les numéros qui apparaissent dans telle ou telle œuvre ou ce qu’est un MacGuffin ? Ce livre est fait pour vous ! (cependant plus accessible aux hitchcockiens avertis qu’aux débutants)…

3°) L’erreur de casting :

Un bel objet, Hitchcock : pièces à conviction, de Laurent Bouzereau, paru en 2010 aux éditions de la Martinière. J’ai acheté ce livre à sa sortie, attirée par toutes ses promesses : photographies inédites, documents rares, facs similés. Il est très agréable à feuilleter et à manipuler. Je le recommande à tous ceux qui ne connaissent pas très bien l’univers personnel et cinématographique de Hitchcock, c’est un bon ouvrage de vulgarisation. Cependant, pour les avertis, le contenu, peu approfondi, risque de décevoir un peu.

4°) Les coulisses gastronomiques :

La sauce était presque parfaite

En guise de dessert, je vous propose un superbe livre de recettes consacré au gourmand gourmet qu’était Hitchcock : La Sauce était presque parfaite, de Anne Martinetti, paru aux éditions des Cahiers du cinéma en 2008. L’ouvrage, longtemps introuvable, et visiblement de nouveau accessible, pour mon plus grand bonheur, regroupe non seulement les recettes favorites du maître, mais aussi celles des films. Recommandations particulières pour la truite saumonnée de North by northwest (La Mort aux trousses) et pour le « moelleux Kendall » au chocolat…

Avis aux amateurs !

En guise de digestif, je donne, comme à mon habitude, mes trois petits plaisirs hitchcockiens :

  • Rebecca, premier film hollywoodien de Hitchcock, un couple d’acteurs magnifiques, et une méchante envoûtante…
  • The Shadow of a doubt (L’Ombre d’un doute), parce que Joseph Cotten joue un oncle suspecté de meurtre vraiment très séduisant. Pour la scène à la bibliothèque, je renvoie à l’article pince sans rire de Notorious Bib.
  • Rear window (Fenêtre sur cour). De loin mon préféré. Une histoire de voyeurisme, qui nous fait affronter notre propre côté voyeur. Une merveille technique avec un duo de choc : James Stewart et Grace Kelly.

Hitchcock omniprésent, partie 1

Comme je l’ai annoncé ici, et promis ici, voici enfin cet article de lectures cinéphiles en deux parties, consacré à Hitchcock.

Hier soir, en rentrant chez moi, j’ai trouvé un colis. À l’intérieur se trouvait un petit ouvrage d’environ deux cents pages, Alfred Hitchcock & the making of Psycho, de Stephen Rebello.

Alfred Hitchcock & the making of Psycho

Ce livre, publié pour la première fois en 1990, a été réédité en 2012, pour la simple et bonne raison qu’il a inspiré le film consacré à Hitchcock, sorti en France en février 2013. J’ai dû le commander en anglais, étant donné que je ne l’ai pas trouvé traduit en français, et bien-sûr, je n’ai pas encore eu le temps de me plonger dedans – peut-être pour la deuxième partie de cet article… D’ailleurs, même si j’ai une certaine aisance à la lecture en anglais, elle me prend beaucoup plus de temps qu’une lecture en français. Je ne donnerai donc du livre de Stephen Rebello qu’un aperçu succinct.

Je ne l’ai d’ailleurs pas acheté pour sa nouveauté, mais bel et bien parce que le film qui s’en est inspiré a suscité chez moi une véritable curiosité.

affiche-Hitchcock-2012-2

Hitchcock, de Sacha Gervasi, n’est pas un biopic. Il ne restitue pas l’ensemble de la vie et de la carrière du réalisateur. Hitchcock disait « Un film n’est pas une tranche de vie, c’est une tranche de gâteau ». Le film de Sacha Gervasi se concentre sur la tranche Psychose dans la carrière et la vie d’Hitchcock, depuis l’idée de faire le film à sa promotion et sa sortie en salles.

Que penser de ce film ? Pour parodier une réplique de Mon petit doigt m’a dit, « tellement parfait qu’on ne remarque pas ses très nombreux autres défauts » ? Il est cependant loin d’être parfait, mais on ne peut lui dénier beaucoup de choses :

  • le charme de son évocation et de ses reconstitutions. C’est soigné, méticuleux, et il faut l’avouer, à un film qui a Hitchcock pour personnage, c’est difficile de résister. Le film restitue une époque et une atmosphère, et évoque un film présent dans toutes les mémoires de cinéphiles qui se respectent.
  • l’excellence des interprètes. Rien que la tête d’affiche laisse sans voix, et quelle tête ! Quant à Helen Mirren qui incarne Alma Reville, il y a bien longtemps qu’elle n’a plus besoin de me convaincre, et que j’ai abandonné toute objectivité face à elle. Elle pourrait me dire : passez-moi le sel, je la trouverais bluffante…
  • la qualité des dialogues. C’est vif, enlevé, agréable, et parfois désopilant.

Passons aux défauts :

  • la tentation adultère d’Alma avec un bellâtre sur le retour… franchement, à quoi bon ?
  • l’interprétation psychanalytique à l’excès : les films de Hitchcock expliqués forcément par des pulsions sexuelles et meurtrières chez leur cinéaste ;
  • les délires hallucinatoires du psychopathe ayant inspiré Psychose, qui apparaît de temps à autre : c’était plus efficace dans Shining avec Nicholson.
  • Finalement, ce film sur Hitchcock fait passer un bon moment, mais n’a rien de hitchcockien dans son esprit.

Pour retrouver le sel et l’essence de ce qui fait Hitchcock, mieux vaut donc se plonger dans un livre sorti en novembre 2012 aux éditions Flammarion, Hitchcock par Hitchcock.

Hitchcock par Hitchcock

C’est un livre captivant, à l’exception de sa préface, que je déconseille formellement. J’ai eu beau la relire trois fois, il ne m’en reste rien, sinon le souvenir d’un amas de métaphores et de références décousues, d’une glose autour de citations d’Hitchcock. Elle rappelle exactement la façon dont Norman Bates dans Psychose s’approprie les vêtements de sa mère… sans atteindre la métamorphose finale. Et pourtant, les belles préfaces, ça existe, j’aurai l’occasion d’y revenir !

Au-delà de la préface, les textes rassemblés sont des entretiens, des courtes nouvelles, des conférences, des articles de presse et d’encyclopédies, publiés ou prononcés par Hitchcock entre 1919 et 1977. La plupart des thématiques abordées sont propres à la fabrication d’un film, depuis le choix du scénario jusqu’à l’accueil du film par le public.

Certains textes peuvent surprendre : le premier, Gaz hilarant, est une nouvelle très courte et assez amusante et qui nous fait comprendre tout de suite à quel individu nous avons affaire. La femme qui en sait trop, publié en 1956, est sans doute le plus inattendu parce qu’il s’agit d’un témoignage personnel, et assez troublant, d’Hitchcock sur sa femme Alma. Voudriez-vous connaître votre avenir ? paru en 1959, éclaire le travail du réalisateur sous un curieux angle théologique.

D’autres textes reprennent au fil des pages la plupart des éléments qui tiennent à coeur dans l’esprit hitchcockien :

  • la toute-puissance du cinéma comme art visuel. C’est un leitmotiv qui parcourt tous les articles : l’idée de faire du « pur cinéma », de privilégier l’image à la parole, et de reconnaître au cinéma muet cette supériorité d’être un art parfaitement visuel. C’est ce qu’on retrouve dans l’article – injonction Ferme les yeux et vois ! (1936), aussi bien que dans l’entretien Sur le style (1963).
  • la distinction entre suspense et surprise.
  • la nécessité de l’authenticité :

Le principe fondamental à respecter, c’est d’imiter autant que possible la vie réelle – particulièrement pour les histoires que j’utilise. Mon métier, c’est l’imagination. En d’autres termes, je ne m’occupe pas de représenter des tranches de vie. Mon travail de suspense provient de la création de cauchemars pour les spectateurs. Je joue avec les spectateurs. Je veux leur couper le souffle, les surprendre, les choquer (…) filmer de façon réaliste, faire que tout paraisse aussi réel que possible, parce que les effets eux-mêmes sont tout à fait bizarres en réalité. (p.346)

  • l’impératif, procurer du frisson au spectateur, de Florissants frissons (1936) à Pourquoi j’ai peur dans le noir (1960).
  • et l’humour, par-dessus tout, l’humour de Hitchcock, ici s’adressant à son auditoire, en fin de discours, lors d’un dîner :

On dit qu’un meurtre est commis à chaque minute, je ne veux donc pas vous faire perdre plus de temps.

Livre à déguster sans se priver, donc ! Quant à la seconde partie de mon article, elle viendra très vite, beaucoup plus vite que la première, mais d’ici-là…

Suspense !

Projets presse

Nouvelles

J’avais promis un article en deux parties de lectures cinéphiles, mais la force des choses fait que je dois le repousser de quelques jours… En gros, pas trop de temps pour lire et beaucoup de travail en cours.

Il y a quelques semaines, j’ai mentionné un projet vie scolaire / CDI que nous essayions de mettre en place, mon collègue CPE et moi-même. Il s’agissait de monter un club journal au collège, et j’avais lancé toute une campagne d’appel aux volontaires. En moins d’une semaine, nous avons récolté une quinzaine de noms d’élèves motivés : des sixièmes, des cinquièmes et quelques troisièmes. Comme j’anime déjà un atelier jeu et un atelier cinéma sur les temps de midi, trois jours par semaine, il ne restait plus que le vendredi de disponible.

Mais nous avons négligé un aspect de la question : la plupart des élèves volontaires étaient externes. Après deux vendredis où seul un des journalistes en herbe était présent, nous avons pris le taureau par les cornes et proposé un autre horaire, de 17h à 18h, le mardi. Nous avons organisé une réunion sur une récréation pour présenter le projet et refait une campagne d’affichage… qui met la pression :

club journal

Enfin, mardi soir (12 février), cinq de nos volontaires étaient présents. Première étape, proposer un titre, les différentes suggestions étant :

  • Mermoz tag
  • Mermoz times
  • Mermoz news
  • Mermoz nyan (miaou en japonais, suggestion d’une élève fan du Japon)
  • Mermoz ado
  • La gazette mermozienne (suggestion d’une collègue de français)
  • Le Mermozien

Nous avons pour l’instant choisi provisoirement le Mermoz news. Difficile d’installer les choses en une heure, surtout face à des élèves impatients, motivés et qui ont une idée à la seconde. Après avoir établi la fréquence de publication (une fois tous les quinze jours) et les rubriques (collège et hors collège – infos culturelles, mode, informatique, blagues et jeux, dessins), nos journalistes en herbe ne voulaient pas en démordre : il fallait un numéro spécial Saint Valentin – et dire que je pensais en avoir fini avec cette saint-là ! J’ai d’ailleurs déjà trouvé mes trois gagnants pour le concours organisé au CDI

De toute urgence, nous devions établir les rôles de chacun dans ce numéro pilote. J’ai créé en quelques clics une adresse mail réservée au club journal pour nos digital natives. Le soir même, nous recevions sur cette boîte les premiers articles de S., en sixième, volontaire pour la rubrique informatique, et qui n’a rien eu de plus pressé que de créer, au nom du journal, une page Facebook et un compte Twitter, ce qui a suscité une légère panique : il fallait calmer notre geek et freiner un peu sa communication débridée…

J’ai corrigé – en oubliant sans doute quelques fautes – et mon collègue CPE a tout mis en forme. Le résultat, sorti tout chaud de la photocopieuse vers 14h30 cet après-midi, le voici :

mermoz news pilote 1 2013

Evidemment, ce premier numéro était un test qui nous permettait de voir la motivation de l’équipe et de susciter des vocations parmi les autres élèves et parmi les volontaires qui, mardi soir, ont manqué le premier rendez-vous.

Dès cet après-midi, je m’attelais aux démarches administratives propres à tout journal scolaire :

Avant, pendant et après cette semaine de la presse, il risque donc d’y avoir du mouvement entre CDI et vie scolaire, et avec d’autres disciplines, mais j’aurai l’occasion d’y revenir un peu plus tard. En attendant, je dois fabriquer une boîte à idées pour les prochains numéros du Mermoz news.

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